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Critiques de Chahdortt Djavann (456)
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Les putes voilées n'iront jamais au Paradis !

Un achat d'impulsion... fortement influencé toutefois après avoir écouté l'auteure, Chahdortt Djavann, il y a une dizaine de jours à l'émission matinale "Thé ou café" où elle était invitée parallèlement à un autre invité, scientifique et féministe convaincu, Axel Kahn...



Un grand coup de poing avec cette dernière lecture spontanée , au titre des plus frappants !!!

Le premier écrit que je découvre de cette femme, d'origine iranienne, qui a déjà une douzaine de publications à son actif...dont plusieurs où elle décrit , dénonce le radicalisme, les excès islamistes...et les comportements indignes faits aux femmes !

Dévoré cet ouvrage entre roman et documentaire, qui prend "aux tripes"...par son sujet et son style cru et direct... qui épingle avec une force inouïe la tartufferie infinie des intégristes !!



"Je prends mon pied avec vos pères, vos frères, et vos maris. Ca vous choque ? Eh bien, c'est votre problème, bande d'hypocrites ! je ne vends pas mon corps. Je couche en échange d'argent. C'est un métier honnête et les gens en ont pour le fric. (...)

C'est drôle que, dans ce monde de putes où la corruption, le crime et la prostitution de tout genre gangrènent les sociétés, on s'en prenne à nous, ça en dit long sur la régression de notre époque. Ce n'est pas pour rien que , dès que les extrémistes islamistes s'emparent du pouvoir, ils s'en prennent tout de suite au plaisir en général, et au plaisir sexuel en

particulier. Comme les mollahs ici ou les Frères Musulmans en Egypte...

Ils ne supportent pas l'idée que leur mère ait écarté les jambes pour les fabriquer.Remarquez, elles auraient mieux fait de s'abstenir." (p. 79-80)



Il est question à travers ce texte bouleversant, à partir de faits malheureusement réels, de constats essentiels, qui font perdre à une communauté humaine toute dignité et respect envers elle-même: la misère affective, l'ignorance, l'intolérance religieuse , ainsi que le mépris et les maltraitances faites aux petites filles, aux femmes... sans omettre la maintenance sous terreur de toute une population... les premières victimes, et personnes sacrifiées se trouvant toujours être en première ligne les "Femmes".....



Un ouvrage inoubliable dont on ne ressort pas indemne !!

Aussitôt achevé, je me suis précipitée à ma médiathèque emprunter trois

autres livres de cette auteure... et j'ai débuté immédiatement un texte

publié en 2013, chez Fayard, "La dernière séance"...



Un livre des plus dérangeants qui, au-delà de la dénonciation des maltraitances faites par les intégristes et les mollahs aux iraniennes

depuis 1979...met à mal également tous les préjugés, comportements

déviants quant la sexualité est rejetée, transformée en péché, en une "chose" répugnante"... où le Féminin devient "unique objet de

persécution"... et ceci dans trop de pays et d'époques. !!!!..



Je vous demande "excuse" de finir ces impressions de lecture par un extrait abondant qui exprime au plus près ce que l'auteure a voulu transmettre dans ce texte mi-roman , mi-documentaire ..



"D'outre-tombe. Je vais nommer ces prostituées, assassinées dans l'anonymat, leur donner la parole pour qu'elles nous racontent leur histoire, leur vie, leur passé, leurs sentiments, leurs douleurs, leurs doutes, leurs souffrances, leurs révoltes, leurs joies aussi. Certaines ont été assassinées sans que nul ne déclare leur disparition, sans que nul ne réclame leur corps ou pleure leur mort. (...)

Ces femmes parleront avec une Liberté Totale, avec une Liberté Absolue. sans la moindre crainte, puisqu'elles n'ont rien à perdre, puisqu'elles ont déjà tout perdu: leur vie.

Assassinées, pendues ou lapidées. Je vais exhumer ces femmes et les faire exister dans votre imaginaire pour le malheur des ayatollahs, et écrire noir sur blanc qu'elles n'étaient pas des souillures, que leurs vies n'étaient pas condamnables, et que LEUR SANG N'ETAIT PAS SANS VALEUR. Qu'elles méritaient la vie et non pas la mort. Qu'elles n'étaient pas la honte de la société. Qu'elles n'étaient pas des coupables, mais des victimes assassinées. Des femmes mal nées, malmenées, mal loties, des femmes fortes, des femmes fragiles,vulnérables, sans défense, des femmes meurtries. Des écorchées vives d'une société hypocrite, corrompue, et surtout criminelle jusque dans sa pudibonderie.



Une société qui réprime, étouffe, pend, lapide, torture, assassine sous le voile. Je ne chercherai pas à les décrire ni comme des anges, ni comme des putains, ni comme des pures victimes. Mais comme des femmes. des Femmes Etonnantes. Et ce livre sera leur sanctuaire. Leur Mausolée. (p. 63-64)"



© Soazic Boucard- -@ 25 avril 2016

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Les putes voilées n'iront jamais au Paradis !

Toutes les femmes sont des putes sauf ma mère.. et bien même pas en Iran a partir du moment ou tu n'as pas un appendice dépassant quelques centimètres entre les jambes et bien tu es une pute... On pourrait penser que cette idée est valable pour le sexe masculin.. et bien même pas, toute la population le pense.



Ce roman te prend aux tripes. Il oscille entre fiction et réalité... mais cette dernière est bien là.

Tu as envie de vomir en lisant ces pages. le dégoût et l'incompréhension s'installe. Comment peut-on traiter ces jeunes filles (qui sont loin d'être des femmes, comme ça) ? Comment peut-on accepter une once de cette logique masculine au nom d'une politique sans nom? Ces hommes qui ont tellement peur du pouvoir de ces femmes si elles se révoltaient un jour..qui se cachent derrière une fausse religion pour se trouver des excuses . Mais surtout comment certaines gamines de nos rues peuvent penser que leur avenir se situe là bas ?



Enfin bref un livre qui fait mal. Je crois que du début à la fin j'en avais la chait de poule de dégoût et d'horreur... de ne pouvoir rien faire sur le futur de ces femmes.

Je sais que ce livre ne changera pas grand chose à la donne dans ces pays ou la politique et la religion intégriste sont les maîtres.. mais si il pouvait seulement ouvrir les yeux a certaines ou même a certains ce serait déjà énorme.
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Les putes voilées n'iront jamais au Paradis !

01/09/16 : Première pensée après avoir refermé « les putes voilées n'iront jamais au paradis ! » de Chahdortt Djavann : ce livre est d'utilité publique ! Il devrait être lu au lycée ; on devrait inciter tous ces jeunes gens ou jeunes filles que le djihad fait rêver à le lire ; on devrait conspuer toutes les justifications de cet État-là – au nom de qui ? de quoi ? –, on devrait, on devrait, on devrait... Et cela changerait quelque chose ?

Dégoût, colère, incompréhension, rejet, condamnation, impuissance..., dans un premier temps tout se bouscule en moi. Une envie de crier et de coller certaines pages de ce livre sous les yeux de ceux et celles qui rêvent de cette société-là, de cet avenir-là, de cette loi-là : c'est ça que tu veux ? Pour toi, tes gosses ? Pour moi, pour nous ? de quel côté tu t'imagines ? Celui des baiseurs. Pas celui des baisé(e)s ?! Tu m'étonnes...

Parce que dans le pays où est née Chaddortt Djavann – comme dans beaucoup d'autres – ça ne compte pour rien la vie (l'avis) de la moitié de l'humanité, celle dont les organes entre les cuisses sont féminins. C'est rien que des putes ! On s'en fout ! Des moins que rien, des moins qu'un chien !

Comme le dit l'auteure dans une interview, ce n'est qu'un objet de tentation, « un trou », empaqueté dans une burqa, pour protéger les hommes d'une pulsion sexuelle qu'ils ne peuvent maîtriser : « le viol ou le voile » plutôt que « le contrôle de soi et le respect de l'autre ».



« Habiter un corps de femme, dans l'immense majorité des pays musulmans, est en soi une faute. Une culpabilité. Avoir un corps de femme vous coûte très cher, et vous en payer le prix toute votre vie. »

« ce n'est pas un être humain, c'est une pute, et l'islam dit que si après deux avertissements une pute n'arrête pas son activité, on peut la tuer. »

« ce n'est pas un assassinat, c'est du nettoyage »

« ce n'est pas un meurtre, c'est de la désinfection, de la purification. »

« lorsqu'un homme commet l'adultère, il déshonore non pas sa femme, mais un autre musulman, en lui volant, violant son bien : mère, soeur, femme fille ou nièce. »



Et cet empire de la drogue qui ruine toute cette jeunesse : hommes, femmes et même les enfants...

« ça arrange le régime que les jeunes sombres dans la drogue : comme ça, ils ne se révoltent pas contre le système. »

ça arrange… le viol, la drogue, la frustration sexuelle et toute cette violence qu'elle génère, le meurtre, l'asservissement… rien ne semble choquer, pas de contradictions ni d'incohérences relevées. Ce qui est odieux et condamnable : la liberté (des autres) !



« Mettre en mots les crimes, c'est le pire crime aux yeux des mollahs. »



02/09/16 : Sentir toute cette hargne et cette colère et se dire qu'il est trop tôt pour écrire sur ce livre, se dire que cracher tout ce que j'ai sur le coeur, c'est pas ce qui va inciter à le lire, c'est pas ce que j'ai envie d'écrire.



15/09/16 : Alors attendre une semaine pour rédiger ce billet. Puis deux. Et se rendre compte que rien ne retombe. Et puis se dire qu'il y a de saines colères. Et tant pis si certains veulent y voir autre chose, je ne vais pas édulcorer ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre.

Ne me parlez pas d'islamophobie, parce que je vous le dis tout net : cela n'a rien à voir ! Je ne souhaiterais pas vivre non plus chez les mormons ou dans d'autres contrées où le sort des femmes n'est pas plus enviable.

Alors arrêtons avec ce mot brandit plus souvent pour faire taire que pour aider à penser ou comprendre – si cela est possible – tant toute amorce de débat tourne vite en pugilat. Et si vous tenez vraiment aux étiquettes, alors dîtes-moi : Ne pas aimer l'égalité, la liberté, les femmes, la fraternité, la laïcité, les athées, les cerfs volants, la musique, les jupes, les talons aiguilles, les livres, la philosophie, les homosexuel(le)s, le théâtre, le cinéma, l'éducation, la science, le sexe, la recherche, la différence, le plaisir, la vie..., cela s'appelle comment ? Est-ce qu'il existe un mot pour toute cette haine ?



21/09/16 : Je reprends la plume sans rien ôter ni effacer de ce que j'ai écrit plus haut la semaine dernière, mais juste ajouter mon admiration pour ces femmes qui « osent » circuler à vélo aujourd'hui dans les rues iraniennes, pour ces hommes qui « osent » passer le voile et s'afficher avec sur FB, en protestation du sort réservé à leurs femmes, leurs soeurs, leurs filles et leurs mères…

C'est une goutte d'eau me direz-vous ? C'est un poing levé, je répondrais… un espoir.



22/09/16 : Et parce que toutes les colères retombent, je ne dirais plus qu'une chose : ce livre est bouleversant et magnifique, et cette fin... ce voeu de vie et d'espérance laissé par l'auteure, là où il n'y a pas d'issue favorable à espérer (je n'en dis pas plus, pour ne rien dévoiler) : c'est admirable ! Admirable de courage, d'esprit et de respect pour ces femmes si nombreuses, "putes" parfois par le seul fait d'être seules, par le seul fait d'être belles...

Lisez ce livre. Lisez-le ! Il est dur, dérangeant, incisif, extrême.

Et nécessaire...
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Les putes voilées n'iront jamais au Paradis !

Que personne ne se voile la face, en Iran, et dans bien d'autres pays, la femme est moins que rien, et bien que les hommes passent leur temps à acter sexuellement leur pouvoir, vis-à-vis des légitimes et des prostituées, ils se targuent ensuite de purifier le pays. Surtout les intégristes islamistes qui détournent les textes selon leur bon vouloir et leur mauvais pouvoir. Il faut éradiquer le mal, et on doit tuer en toute impunité tout ce qui de près ou de loin s'apparente à une prostituée, mais sans oublier de tirer un coup avant, tant qu'à faire. J'en deviens vulgaire de colère. Car ils voient des prostituées partout.



Les vraies en meurent, assassinées dans l'indifférence la plus totale, voire la joie de savoir que l'une d'elles n'est plus. Et les autres, les femmes qui ne monnayent rien, que leur reste-t-il sinon la peur ?



Malédiction de naître fille pour n'être rien au final qu'une fille mariée trop tôt, violée sans que ce soit le dit, puis terrorisée d'enfanter une fille, et ainsi de suite.



C'est sur un grand voile noir de tristesse que j'ai terminé ce livre fiction-documentaire, de révolte et de sentiment d'impuissance contre la toute-puissance.



La femme continuera donc d'être bafouée et violentée encore longtemps ? Existe-t-elle seulement dans certains pays ?



N'est-ce pas juste un fruit que l'on cueille trop tôt, et que l'on fait pourrir au lieu de le laisser mûrir, pour bien l'écraser ensuite ?



J'en ressens un goût amer, et je me dis que ce livre doit être lu, par le plus grand nombre.



Il me rappelle le livre de Marina Carrère d'Encausse, sur le même genre de sujets, « Une femme blessée », et j'en profite pour remettre le lien de la fondation SURGIR ci-dessous.



Entre les femmes tuées pour l'honneur, et celles au nom de la religion, bientôt il ne restera plus que des hommes là-bas.


Lien : http://www.surgir.ch/fr
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Les putes voilées n'iront jamais au Paradis !

Chez Chahdortt Djavann, c'est cash, pas la moindre envie d'adoucir son récit.

Un chat est chat (pour Hugo ce sera au féminin), le sexe, la prostitution, le sort des femmes réduites à vendre leur corps pour survivre, sont malmenées, torturées, assassinées. Comme des moins que rien !

Djavann nous décrit le quotidien de ces compatriotes jusqu'à la nausée. L'homme décide, soumet, écrase, humilie, assassine avec une parfaite sournoiserie. Avec aussi une hypocrisie abjecte.

Il décide, entend, voit ce qu'il veut !

Alors forcément, il faut accepter de se faire bousculer comme le fait l'auteur, mais si son livre nous met plus d'une fois, mal à l'aise, « Les putes voilées n'iront jamais au Paradis » est un mal nécessaire. Un cri de révolte dans un monde obscur, un monde de fou.
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La Muette

Pendue à quinze ans… pendue comme une paire de couilles, de celles qui manquent aux larbins du néant spirituel et intellectuel, qui caractérise si bien à travers les âges, tous les Vatican de la planète et dans le cas présent, celui des barbus d'aujourd'hui.



Pendue à quinze ans parce que femme. Pendue à quinze ans pour avoir été femme avant d'avoir vécu.

Fatemeh n'aura eu le temps de rien, un temps déjà trop long pour les gardiens de l'Ô dieux.

Un bout de vie, passé à Aimer sa tante, à tenter de la comprendre. Un bout de vie raconté du fond de sa cellule avant l'exécution.

Fatemeh n'est qu'une enfant témoin de la lâcheté, de la bêtise et de la bassesse des adultes. Une enfant culpabilisant de ne pas avoir pu modifier le destin de cette tante muette à la suite d'un traumatisme. Mutisme par choix, par résistance, par résignation, par un peu de tout ça à la foi.

Fatemeh va honorer le souvenir de la muette, morte d'avoir aimé, en prenant malgré elle sa place dans une histoire qui ne devrait être celle d'aucune femme. Un prolongement comme pour laver l'affront fait à l'Amour, jusque dans la mort.

Ainsi dieux con damne l'amour.

Insidieux le message ne l'est pas, il est clair. La mort plutôt que l'amor.



Ce livre est forcément poignant. L'écriture reste simple, sans pathos destiné à faire pleurer dans les chaumières, l'histoire se suffit à elle-même pour ça.

Alors pourquoi Chahdortt Djavann a-t-elle cru bon de mettre cette histoire en scène?

L'idée, une éditrice reçoit une lettre d'un journaliste iranien qui va lui envoyer le manuscrit de Fatemeh etc… et puis la fin avec la note du journaliste qui, et puis celle du traducteur du manuscrit et blablabla…

Pourquoi ces artifices qui n'amènent rien au livre bien au contraire. Pour faire croire à une histoire vraie? Il y a marqué roman donc il doit y avoir une autre explication qui m'échappe.

Bref, une lecture « difficile » qui marque.



N'en déplaise aux barbus de tous bords, que vivent les mélanges :





Ali et Lola.





Sur un la de Lully

Allah héla Ali.

Ali dans son élan

Alla tout haletant

Vers le lit de Lola.

Livide Ali est las

Là devant le lit vide

Appât de loup valide.

Sur le lit de Lola

Ali mit du lilas

Un lit las d'être là

Sans Ali et Lola.

Et sonne l'hallali

Aux yeux d'Ali on lit

Bien au delà de l'eau

Là haut dans un sanglot

Et l'autre rit sale eau

Loterie pour un lot

Un lot là qui le lie

A l'objet du délit.

Allah héla la lie

Quand son soleil pali

Divin n'aime pas l'eau.

L'eau là dans un halo

En tenue de gala

Pour Ali vint Lola.

Ce lien qui les uni

Va au delà du lit

Et l'amour est dans l'ère

Une chanson dans l'air

Sur un la de Lully

Lola aima Ali

Pendant des millénaires

Allah lalilalère…

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Et ces êtres sans pénis !

À l’instar de « Les putes voilées n’iront jamais au Paradis ! », qui proposait un voyage aux tréfonds de la prostitution iranienne, ce nouveau roman au titre provocateur dénonce une nouvelle fois la condition féminine et l’hypocrisie d’une société où il ne fait pas bon d’être né femme.



Née en Iran en 1967, arrêtée à l’âge de treize ans pour avoir manifesté contre les mollahs, puis exilée en France en 1993, Chahdortt Djavann s’inspire de faits divers et de sa propre histoire pour pointer du doigt la condition des femmes iraniennes. Au fil des chapitres, les différents portraits de femmes dressés par l’auteure franco-iranienne ont un point commun : Du port du voile au féminicide, en passant par les viols, les tortures et les attaques à l’acide…elles sont certes toutes victimes, mais également coupables (et donc condamnées) d’être nées sans pénis !



Outre ces destins de femmes qui basculent dans l’horreur, Chahdortt Djavann livre également des passages autobiographiques, confessant notamment cette culpabilité dont elle n’arrive pas à se débarrasser : celle d’être née fille alors que ses parents attendaient un garçon. Si l’auteure s’en veut visiblement d’être née sans pénis, elle écrit cependant avec ses tripes et avec tout son cœur. Du coup, c’est avec énormément de force, de sincérité et de conviction qu’elle partage d’une part toute sa révolte envers cet Etat islamique qui bafoue les droits des femmes, mais également tout son amour envers ce magnifique pays dont elle est originaire et qu’elle rêve de revoir dans toute sa splendeur, à l’image de ce final libérateur auquel on a tant envie de croire…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Bas les voiles !

Petit livre écrit en 2003.

Sans tabou, sans concession. C'est un appel à la réaction, un appel pour que chacun de nous réagisse face à la non-liberté de ces femmes, jeunes filles, et très jeunes filles et qu'elles ne soient plus des objets.

L'auteur a porté le voile durant 10 ans, elle explique de façon brute la responsabilité de chacun, musulman ou non, intellectuel ou non, français ou non. Elle n'épargne personne. Elle fait entendre sa voix.

Presque 20 ans après la parution de ce petit livret, rien n'a changé, au contraire, le constat est peut être encore plus amer...

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La Muette

Une journaliste française découvre un beau matin un manuscrit déposé dans sa boîte aux lettres.

Ecrit en persan sur un journal d'écolier, il relate les circonstances qui ont conduit Fatimeh, une jeune fille de 15 ans, à être condamnée à la pendaison.

Pour que quelqu'un un jour se souvienne et comprenne, Fatimeh a décidé d'écrire son histoire et celle de sa tante, "la muette", femme fascinante et indépendante, pendue elle aussi pour avoir osé croire en l'amour dans l'Iran des mollahs.



« J'ai quinze ans, je m'appelle Fatemeh, et je n'aime pas mon prénom. Dans notre quartier, tout le monde avait un surnom, le mien était «la nièce de la muette». La muette était ma tante paternelle. Je vais être pendue bientôt »



Un tout petit ouvrage à grande portée universelle.

Dans ce bref récit sous forme de journal intime, la romancière-essayiste d'origine iranienne dénonce de nouveau la condition des femmes dans les pays soumis au règne des mollahs et de la religion.

Sous le joug de traditions archaïques et machistes que renforcent encore davantage le manque d'éducation et la misère, la femme est totalement réifiée, dépersonnaliser, sans autre choix que celui de l'obéissance.

Celles qui osent braver les interdits récoltent bien souvent la mort !

Ecrit très sobrement, sans effet de style superflu, avec pour seul et puissant argument le thème révoltant de la mise à mort d’une adolescente, ce petit texte qui se lit en une poignée d’heures imprime un sentiment de révolte impuissante face à l’injustice affligeante dont ces femmes iraniennes sont les victimes.

Encore si tristement d'actualité !...
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Et ces êtres sans pénis !

Pas courant de voir un point d'exclamation dans un titre de livre. Ici, quand j'imagine cette exclamation dans la bouche de certains hommes, je ressens tout le mépris, la moquerie exprimés par ce signe de ponctuation, et je peux presque entendre le reste de la phrase : "mais à quoi ces êtres négligeables peuvent-ils donc bien servir ?"

La réponse de Chahdortt Djavann n'est pas tendre : dans son pays, l'Iran, pour les "hommes d'Allah", les femmes (puisque c'est bien d'elles qu'il est question) servent, au mieux, à faire des enfants et le ménage, au pire, d'objets sexuels jetables, violables, torturables et tuables à merci. "Tuez donc vos femmes, il n'y aura pas mort d'homme". Comme si ça ne suffisait pas, les femmes en Iran sont vues comme de si dangereuses tentatrices pour les hommes qu'il convient de les cacher sous des couches de voile et de vêtements amples (je ne comprendrai jamais ce paradoxe qui veut que le sexe dit "fort" faiblisse à la vue du moindre cheveu s'échappant d'un hidjab et soit aussitôt pris d'une irrésistible envie animale de coït. Mais soit).

Dans ce roman qui n'en est pas vraiment un, puisqu'il est à la fois témoignage et récit inspiré de faits réels, l'auteure commence par nous raconter sa "faute de naissance" qui marquera son destin, celle d'être née fille alors qu'on attendait d'elle qu'elle remplace le merveilleux frère décédé peu de temps auparavant. La voilà dotée d'une culpabilité ad vitam et d'une absence de pénis qui l'amènera des années plus tard à fuir son pays, et à écrire. Après nous avoir confessé son parcours (j'allais écrire "après s'être dévoilée", mais le jeu de mots est douteux), elle nous livre quatre récits, quatre destins de femmes qui basculent dramatiquement, pour un rien ou presque, pour avoir trop joué près d'une fontaine, pour avoir fui un mariage arrangé, enlevé son voile dans la rue ou avoir contredit son mari.



La condition – misérable, ignoble – des femmes en Iran est donc au centre de ce livre, qui est aussi une charge virulente (au vitriol, et ce n'est que justice – celles/ceux qui ont lu comprendront) contre le régime, l'Etat islamique des ayatollahs, qui bafoue allègrement les droits des femmes et de manière générale toutes les libertés fondamentales de tout qui oserait s'opposer à lui. Entre les lignes, on y lit tout l'amour d'une exilée pour son pays, celui d'avant 1979, avec son histoire, ses traditions, sa culture. On y apprend aussi son désarroi de déracinée qui ne se sent chez elle nulle part, "la désolation accablante qui [l']afflige" quand elle pense à ce qu'est devenu l'Iran, le "mélange de culpabilité congénitale et de rage impuissante qui [la] terrasse".

Ce sont précisément cette rage et cette tristesse qui font que l'auteure, dans un dernier chapitre, décide de s'affranchir de toutes les règles du roman et de revenir à la fiction pour terminer par un final fantasmé, utopique, tellement beau qu'on a envie d'y croire avec elle. Dans le silence assourdissant des gouvernements occidentaux, la littérature, l'écriture comme seules armes contre le totalitarisme, la fiction et l'imagination comme ultimes refuges contre l'obscurantisme religieux ?



La plume est sincère, la narration puissante, le texte marquant et nécessaire, et Chahdortt Djavann une femme (cet être sans pénis!) admirable d'audace et de lucidité.



En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.

#Etcesêtressanspénis #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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La Muette

Bêtement j'ai pensé ici à Kathrine Kressmann-Taylor qui avait construit "Inconnu à cette adresse" sur un vrai faux échange de courriers soulignant la montée insidieuse du nazisme au début des années 30.



Dans La muette, Chahdortt Djavann, elle, dénonce la condition des femmes dans l'Iran contemporain en s'appuyant sur un faux vrai manuscrit rédigé peu avant son exécution par une adolescente condamnée par les mollahs (c'est pas joyeux, j'aurais prévenu).



Epoques et contextes différents bien sûr, mais ces deux récits pourtant m'ont marquée tout pareil, par la même efficacité de l'intrigue et la même concision du propos rassemblées en un minimum de pages percutantes. De même évidemment ni l'un ni l'autre de ces textes ne respire l'allégresse, chacun à sa manière incarnant d'authentiques tragédies individuelles en un condensé romanesque, fictions militantes contre l'oppression des régimes totalitaires.



La muette est aussi un lumineux roman d'amours, amour maudit, amour pur d'une enfant pour sa tante, ardente allégorie de la liberté bafouée. Mais il est avant tout une chronique poignante et cruelle, à découvrir donc de préférence (rapport au moral) un jour de grand soleil.




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Les putes voilées n'iront jamais au Paradis !

Un titre fort pour un ouvrage entre fiction et document dénonçant les aberrations des systèmes islamiques radicaux envers les femmes.



Ce livre est un véritable coup de poing!



Ce livre, au titre fort, est une sorte d'essai politique, mélange de réalité et de fiction, dans lequel l'auteur dénonce le sort réservé aux femmes en Iran, pays où la prostitution est partout.



Chahdortt Djavann, romancière et essayiste franco-iranienne, a fui l'Iran de Khomeini pour trouver refuge en France pour avoir refusé à 13 ans de porter le voile. En juin 1980, elle est arrêtée devant son collège. Insultée, tabassée et emprisonnée, elle en sort défigurée avec deux côtes cassées. deux de ses meilleures amies sont exécutées.



Chahdortt Djavann part d'un fait divers réel : dans plusieurs grandes villes iraniennes, des prostituées sont retrouvées mortes, étranglées avec leur tchador. Dans ce pays où les mollahs rendent la justice, pour la plupart des gens les assassins de prostituées sont de bons musulmans, des éradicateurs de femmes au "sang sans valeur", des purificateurs. Nous sommes dans un pays où, selon l’islam, les femmes mariées qui se prostituent sont condamnées à la lapidation.



Chahdortt Djavann nous parle des "tchadors clignotant" qui s'ouvrent furtivement à chaque coin de rue, "Elles portent le hijab le plus sévère et parviennent à se prostituer sans montrer la plus infime parcelle de leur corps. Du grand art !". En effet, dans ce pays, la prostitution est omniprésente, liée au chômage ou au trafic de drogue.



L'auteur choisit le prisme de la fiction avec Soudabeh et Zahra, deux gamines magnifiques, deux amies que la vie sépare, mais qui finiront dans le même enfer : celui de la prostitution.



Elle complète son récit avec des témoignages d'outre-tombe de dizaines de prostituées assassinées, de vrais-faux témoignages inspirés d’un documentaire réalisé suite aux meurtres en série.



L'auteur donne la parole à ces femmes et parle du désir des femmes, c'est puissant, érotique et tragique, chaque témoignage se termine de la même façon

Shahnaz

Naissance : 12 juillet 1981 à Ispahan

Lapidée le 25 septembre 2012 à Ispahan



Avec ce livre Chahdortt Djavann dénonce une immense hypocrisie : au pays des mollahs, de la morale rigoriste sans compromis, la prostitution est une institution nationale.

Le langage est cru, percutant, rempli de rage, on ressent la colère de Chahdortt Djavann à chaque page. La lecture en devient oppressante, dérangeante mais c'est la réalité qui est dérangeante.

Je ne peux que louer son courage, son talent et son roman inoubliable.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Big Daddy

Rody, gamin des rues, attire la sympathie de Big Daddy, caïd manipulateur, monstre pervers et violent. Il décide de le mettre sous sa protection. Mais un jour, Rody tue froidement Big Daddy et deux de ces acolytes. L'enquête bâclée, Rody prend le maximum. Mais si la culpabilité de Rody ne fait aucun doute, son avocate est persuadée que les circonstances atténuantes devrait alléger sa peine, Le jeune homme lui propose de lui raconter toute l'histoire si elle consent, elle aussi à dévoiler son histoire.

Voilà un polar plutôt musclé ou les âmes sensibles devront avoir le cœur bien accroché. Il faut dire que la vie du jeune Rody est des plus sombre. Témoin de meurtres sauvages et gratuits, de trafics en tout genre, de sexe tarifé, l'apprentissage du jeune garçon est une longue descente vers l'enfer.

Chahdortt Djaavann déroule les deux histoires avec un sens narratif très convaincant. On est très vite en empathie, pour ces personnages cabossés par la vie.

Ça se lit d'une traite, la violence humaine atteint son paroxysme dans certaines scènes terrifiantes. Force est de reconnaître que c'est sacrement efficace. Une belle découverte assurément.
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Bas les voiles !

"De treize à vingt-trois ans, j'ai été réprimée, condamnée à être musulmane, une soumise, et emprisonnée sous le noir du voile. De treize ans à vingt-trois ans. Et je ne laisserai personne dire que furent les plus belles années de ma vie." (p. 10, Folio, 2016).... En trois phrases, tout est énoncé , du sujet de révolte absolue de cette auteure iranienne, que je viens de découvrir avec un immense intérêt, avec "Les putes n'iront jamais au paradis "!





Un petit texte , rageur, submergé de colère et de tristesse... paru initialement il y a dix ans...et malheureusement ce que Chahdortt Djavann dénonce ne s'est arrangé en rien, semble même s'être exacerbé au fil des années... Elle s'insurge contre ce qu'elle a vécu intimement toute jeune , dans son propre pays,qu'est l'Iran...Ensuite ce qu'elle a pu observer et constater avec désolation du port du voile, dans son pays d'accueil, la France...

Elle exprime sa colère envers les abus exercés contre les femmes musulmanes, et par là-même, contre toutes les petites filles et jeunes femmes de la terre!



"Ce qu'on dérobe aux regards ne fait qu'attiser les regards. (...)

Le regard salace, le regard illicite, le regard aux aguets, le regard qui -pénètre- le voile. Et les filles réprimandées, car, malgré leur voile, leur corps dissimulé, elles ont attiré les regards illicites. (Folio, 2016, p.24)"



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Les putes voilées n'iront jamais au Paradis !

Un titre comme un crachat en pleine figure. Ou la zèbrure d'un coup de fouet sur une fustigée.



Iran, des corps de femmes assassinées sont retrouvés dans le caniveau. Des putes forcément.

Une gamine pré ado est violée par le premier venu. C'est elle la fautive bien sûr. Une pute de plus.



Témoignages de jeunes filles ou de femmes tuées pour le simplr fait d'exister ("mais non, on t'a dit qu'elles l'avaient cherché!"). Voilà ce que contient l'ouvrage plein de noire révolte, d'amertume et de colère de Chahdortt Djavanne.



Son style ne fait aucune concession à la bien-pensance. Pas de fard pour maquiller la réalité féminine en Iran. Qu'ils s'agissent des meurtres, des viols perpétrés par des inconnus ou dans le cadre sacro-saint du mariage. Feminicide aussi bien des corps que de l'intellect féminins. L'auteure défonce les murs aveugles à coups de plume-bulldozer.Et ça fait très mal...



Le livre est à l'image de son titre : impossible d'y rester indifférente. Impossible de le lire et de passer à autre chose comme si de rien n'était. Impossible de ne pas le lire le coeur étreint de commisération et de fureur face à l'inanité, au non-sens et à la barbarie d'un tel système de pensée.

Féroce, dérangeant, percutant et douloureux. Et terriblement nécessaire pour réveiller les esprits.
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Les putes voilées n'iront jamais au Paradis !

Je vous préviens d’emblée : je ne sais pas comment chroniquer ce roman en gardant la tête froide. Je pourrais essayer une chronique factuelle, basée sur un résumé clinique du roman ; je pourrais tout autant me laisser emporter par ma colère, ma rage, mon incompréhension totale face à la bêtise des hommes ; je pourrais également ne pas le chroniquer. D’ailleurs j’ai hésité. Et puis les récents scandales liés au harcèlement sexuel dont le Tout Hollywood était conscient, la non-qualification en viol par le tribunal de Pontoise d’une relation forcée entre une enfant de 11 ans et un homme de 28 ans, me poussent à écrire sur Les Putes voilées n'iront jamais au paradis. Qu’on soit en France en 2017 ou en Iran depuis les années 70 et la révolution islamique, la femme est une marchandise, une pute, oui n’ayons pas peur des mots, Chahdortt Djavann n’a aucun scrupule à utiliser ce terme auquel de nombreux hommes, à travers le monde, se réfèrent en voyant une femme.



Chadhortt Djavann donne la voix à toutes ces femmes iraniennes qui de force ou par choix, vendent leur corps au plus offrant et en sont mortes. Des femmes assassinées par deux fois : moralement proscrites et bannies de la société puis massacrées par des illuminés, des fanatiques, des hypocrites convaincus que cette engeance du diable mérite la mort. Des jeunes filles, des femmes mariées, des veuves, des femmes sexuellement libérées, qui pour payer la dose de leurs époux, pères et frères, qui pour nourrir leurs enfants, qui pour s’assumer financièrement, doivent faire le trottoir. Dans un pays comme l’Iran où l’amour charnel est proscrit, jamais commerce du sexe n’aura été plus florissant. Elle est pas belle l’hypocrisie de ces hommes qui crachent sur la gueule de ces femmes après avoir tiré leur coup !  



Les Putes voilées n'iront jamais au paradis est un roman dur et cru qui vous pète à la figure dès les premières lignes. Pas de chichi ni de fioritures, pas le temps pour la tiédeur et les faux-semblants. C’est ce que j’ai tellement apprécié dans le parti pris de Chahdortt Djavann.



Merci, 1000 fois merci pour ce courage littéraire.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Comment peut-on être français ?

Comment peut-on être français ?

Difficile en effet quand on débarque à paris à 25 ans, seule, sans parler la langue.

D’abord c’est l’éblouissement, arpenter Paris de long en large, s’émerveiller des lieux, de la liberté des gens, de la profusion des marchandises dans les magasins…….

Puis des phases d’abattement devant les difficultés de la langue, devant la galère à trouver un emploi, devant la solitude.

Mais Roxane est courageuse, volontaire, obstinée.

Avec acharnement, elle apprivoise la grammaire, se plonge dans les dictionnaires.

Avec la série des Lagarde et Michard, elle explore la littérature française et découvre entre autre Montesquieu avec qui elle va entretenir une correspondance posthume.

Ne disait-il pas dans les Lettres persanes : « Comment être persan ? »

Son héroïne ne se nommait-elle pas Roxane aussi ?

Elle lui parle de son amour pour la littérature française, de religion, de son enfance, de sa vie en Iran, l’absence totale de liberté, l’attente d’un ailleurs, ce « là-bas » qu’elle imagine depuis l’enfance.

‘C’est aussi passionnant quand elle parle de Paris que de l’Iran, que de littérature

Et son amitié avec Montesquieu au-delà des siècles est tellement évidente.

Vraiment, j’ai adoré Roxane dans laquelle entre certainement une grande partie de la vie de l’auteur.

Cette Roxane enthousiaste, persévérante, sensible, lucide, forte mais fragile à la fois.

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Big Daddy

Considéré comme irrécupérable par la justice américaine

Rudy, un latino de 13 ans est condamné à perpet' pour un triple meurtre.

Son avocate dépitée à l'annonce du verdict

ne croit pas en sa totale culpabilité.

De ses visites régulières en prison

vont naître une complicité

et un livre de témoignage

écrit avec leurs tripes...



Avec Big Daddy, Chahdortt Djavann

plonge dans une colère noire

en dénonçant la justice expéditive américaine

et les conditions d'emprisonnement des mineurs dans les geôles

et file dans la dentelle noire

en décortiquant  les rapports de domination qui ont lié Rudy avec son mentor Big Daddy,

un gros caid charismatique et psychopathe,

sorte de père de substitution qui l'a initié aux rudiments du métier.

Ruddy doué va vite trouver  sa place et se révéler à son tour implacable.

Après le déluge d'une rare violence ...

une longue accalmie en prison avec l'avocate

qui  va le prendre sous son aile bienveillante

lui apprendre à lire et  à écrire son histoire,

et à partager leurs fêlures..

Un livre sous haute tension psychologique !

Malgré une fin pour la moins expéditive,

ce roman noir bien ficelé prend aux tripes

Big Daddy...Daddy hard !

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Les putes voilées n'iront jamais au Paradis !

Ce livre est une claque cinglante qui laisse meurtri(e), révolté(e). Ce livre est plus qu'un roman. Il est comme un documentaire, le film d'une réalité brutale. Et cette réalité, on la croirait sortie d'un autre âge, mais elle se passe aujourd'hui.



En Iran, lorsque vous naissez fille déjà vous ne vous appartenez plus. Vous n'êtes rien. Juste une déception. Même pour votre mère.

A dix ans vous êtes bonne pour être mariée de force et violée sans ménagement par votre mari qui a trois fois votre âge.

A 12 ans quand vous devenez pubère, vous enfantez une première fois. Déjà.

Votre vie n'est que misère...

Non, survie.



Le rigorisme de l'islam intégriste est proportionnel à l'impunité et au mépris accordé aux femmes. A ces sous-hommes qui ne valent que la moitié d'un homme. Derrière leur tchador certaines sont obligées de se prostituer... et s'il vient un criminel pour les assassiner les unes après les autres, il est glorifié comme un brave qui délivre tous ces bons musulmans de ces souillures qui écartent les cuisses.

Mais quelles impostures que ces hommes "à la morale irréprochable" friands de prostitution, obsédés par le sexe. Leur sexe comme un poignard cruel pour ces femmes, ces jeunes-filles, ces enfants...

Et ces prostituées, ces putes voilées qui n'iront jamais au paradis, finiront fouettées et pendues.



Chahdortt Djavann se fait leur porte-voix avec ce texte aussi dur qu'une lapidation de la morale, du cœur et de l'âme. Un cri de révolte qu'on a envie de pousser en même temps qu'elle !
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Les putes voilées n'iront jamais au Paradis !

Comment ne pas être horripilée par une telle lecture, comment ne pas frémir, comment ne pas réagir, comment ne pas avoir envie de crier, d'exprimer sa colère ?

Quelle hypocrisie ! Quelle honte !

Des lois édictées pour rendre la vie des femmes impossibles, pour les condamner sous prétexte quelles sont des femmes ...

Nausées, horripilations, écœurements...

Une lecture douloureuse, ô combien douloureuse.

Merci Chahdortt Djavann pour vos mots crus, vrais, touchants.

Hypocrisie de l'islam.

Quel bel hommage vous rendez à ces femmes belles, intelligentes, courageuses, des femmes qui ont connu de terribles destins, parce qu'elles étaient femmes, simplement femmes.

Destins réels, palpables, injustes, effroyables, scandaleusement réels.



« D'outre-tombe. Je vais nommer ces prostituées, assassinées dans l'anonymat, leur donner la parole pour qu'elles nous racontent leur histoire, leur vie, leur passé, leurs sentiments, leurs douleurs, leurs doutes, leurs souffrances, leurs révoltes, leurs joies aussi. Certaines ont été assassinées sans que nul ne déclare leur disparition, sans que nul ne réclame leur corps ou pleure leur mort. [...]Ces femmes parleront avec une Liberté Totale, avec une Liberté Absolue. sans la moindre crainte, puisqu'elles n'ont rien à perdre, puisqu'elles ont déjà tout perdu: leur vie.Assassinées, pendues ou lapidées. Je vais exhumer ces femmes et les faire exister dans votre imaginaire pour le malheur des ayatollahs, et écrire noir sur blanc qu'elles n'étaient pas des souillures, que leurs vies n'étaient pas condamnables, et que LEUR SANG N’ÉTAIT PAS SANS VALEUR. Qu'elles méritaient la vie et non pas la mort. Qu'elles n'étaient pas la honte de la société. Qu'elles n'étaient pas des coupables, mais des victimes assassinées. Des femmes mal nées, malmenées, mal loties, des femmes fortes, des femmes fragiles,vulnérables, sans défense, des femmes meurtries. Des écorchées vives d'une société hypocrite, corrompue, et surtout criminelle jusque dans sa pudibonderie.Une société qui réprime, étouffe, pend, lapide, torture, assassine sous le voile. Je ne chercherai pas à les décrire ni comme des anges, ni comme des putains, ni comme des pures victimes. Mais comme des femmes. des Femmes Étonnantes. Et ce livre sera leur sanctuaire. Leur Mausolée. »



Putain de merde, comment est-ce possible ?

Comment accepter de tels actes, sanctionnant le fait de naître fille, comment peuvent-ils abuser de corps aussi jeunes, comment peuvent-ils prêcher et pêcher dans un même temps ? Aucune gloire. Rien. Les mollahs, les ayatollahs ... comment pouvez-vous prêcher, alors que vous êtes pécheurs vous-mêmes ?

Engagée une nouvelle fois dans mes propos ; je ne peux que me sentir meurtrie par ce que j'ai lu, par ces histoires de femmes qui n'avaient rien à se reprocher, qui aspiraient à vivre, à survivre, à ressentir, à vibrer, à aimer.

Un livre dur, un livre éblouissant, un livre qui mobilise.

Le paradis leur est dû. La moindre des choses...



« Je prends mon pied avec vos pères, vos frères, et vos maris. Ça vous choque ? Eh bien, c'est votre problème, bande d'hypocrites ! je ne vends pas mon corps. Je couche en échange d'argent. C'est un métier honnête et les gens en ont pour le fric. [...]C'est drôle que, dans ce monde de putes où la corruption, le crime et la prostitution de tout genre gangrènent les sociétés, on s'en prenne à nous, ça en dit long sur la régression de notre époque. Ce n'est pas pour rien que , dès que les extrémistes islamistes s'emparent du pouvoir, ils s'en prennent tout de suite au plaisir en général, et au plaisir sexuel en particulier. Comme les mollahs ici ou les Frères Musulmans en Egypte...Ils ne supportent pas l'idée que leur mère ait écarté les jambes pour les fabriquer.Remarquez, elles auraient mieux fait de s'abstenir. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Pratiqué dans les guinguettes et les bastringues entre 1825 et 1830 comme une parenthèse de défoulement bruyante que s'accordait les hommes pendant l'exécution d'un quadrille, cette danse est à l'origine du cancan. Les femmes bravant les interdits décident de se l'approprier en lui apportant la touche endiablée qui lui manquait, on parle du : (😼 + 🐎)

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