Citations de Chimamanda Ngozi Adichie (1001)
Americanah ! la taquinait Ranyinudo. Tu vois les choses avec des yeux américains. Mais leproblème est que tu n'es même pas une véritable Americanah. Si au moins tu avais un accent américain, nous pourrions tolérer que tu te plaignes !
« À l'université, j'ai connu une Africaine qui ressemblait beaucoup à ce médecin. Elle était originaire de l'Ouganda. Elle était merveilleuse, mais ne s'entendait pas avec l'Afro-américaine qui était dans notre classe. Elle n'avait pas tous ces problèmes. »
- Peut-être que lorsque le père de l'Afro-américaine était interdit de vote parce qu'il était noir, le père de l'Ougandaise se présentait au Parlement ou était étudiant à Oxford, dit Ifemelu.
Laura la regarda, fit mine d'être troublée : « Excuse-moi, y-a-t-il quelque chose qui m'aurait échappé? »
- Je pense seulement que c'est une comparaison simpliste. Vous devriez connaître un peu mieux l'Histoire.
Elles s'embrassèrent, s'étreignant longuement. Ranyinudo exhalait un parfum floral mêlé de fumée d'échappement et de transpiration ; elle sentait le Nigéria.
"Nous rions trop, avait dit sa mère un jour Peut-être devrions-nous moins rire et résoudre davantage nos problèmes."
Elle avait un large visage bronzé et bienveillant, le visage de quelqu'un qui ne supporte pas le conflit.
Il y avait quelque chose en lui de plus léger que l'amour-propre, mais de plus profond que l'insécurité, qu'il fallait constamment décaper, polir, faire briller.
Alexa, et les autres invités, peut-être même Georgina, comprenaient tous la fuite devant la guerre, devant la pauvreté qui broyait l'âme humaine, mais ils étaient incapable de comprendre le besoin d'échapper à la léthargie pesante du manque de choix.
"Pourquoi avais-tu besoin de faire ça ? Tes cheveux tressés étaient splendides. Et quand tu as défait tes tresses la dernière fois, et que tu les as laissés libres, ils étaient encore plus beaux, épais et naturels.
- Mes cheveux épais et naturels feraient leur effet si j'avais un entretien pour être chanteuse de jazz, mais il faut que j'aie l'air professionnel pour cet entretien, et professionnel signifie avoir les cheveux raides. S'ils devaient être bouclés, il faudrait que ce soit des boucles de Blanches, souples, ou au pire des anglaises, mais jamais des cheveux crépus.
- C'est complètement con que tu sois obligée de faire ça.
« Ça peut être une bonne chose, parfois, d’être rebelle, dit-elle. L’esprit de rébellion est comme la marijuana : ce n’est pas mauvais quand on l’utilise comme il faut. »
Il y avait quelque chose en lui de plus léger que l'amour- propre, mais de plus profond que l’insécurité, qu'il fallait constamment décaper, polir, faire briller.
Kimberly avait le sourire bienveillant des gens qui voyaient dans la "culture" l'univers inhabituel et coloré des gens de couleur, un mot qui devait toujours être accompagné de "riche". elle ne pensait pas que la Norvège ait une culture riche.
Pendant des mois l’atmosphère familiale ressembla à une vitre fêlée. chacun marchait sur la pointe des pieds autour de sa mère qui était devenue une étrangère, maigre , osseuse et sévère. Ifemelu s’inquiétait de la voir, un jour , simplement se briser et mourir.
Ne vous excusez jamais de travailler. Vous aimez ce que vous faites, et aimer ce que vous faites est un merveilleux cadeau à offrir à votre enfant.
Le pouvoir est la capacité non pas seulement de raconter l'histoire de quelqu'un d'autre, mais d'en faire l'histoire de référence de cette personne.
P.65
Et si, dans l'éducation que nous donnons à nos enfants, nous nous concentrions sur leurs aptitudes plutôt que sur leur sexe ? Sur leurs centres d'intérêt plutôt que sur leur sexe ?
P.41
Si nous faisons sans arrêt la même chose, cela devient normal. Si nous voyons sans arrêt la même chose, cela devient normal. Si les chefs de classe ne sont que des garçons, nous finissons par penser, même inconsciemment, que c'est inévitable. Si nous ne voyons que des hommes occuper les postes de chef d'entreprise, nous en venons à trouver "naturel" que les hommes soient les seuls à être chefs d'entreprise.
P.22
Il n'était pas retourné au Nigéria depuis des années et peut-être avait-il besoin du réconfort de ces groupes d'internautes, des petites remarques qui fusaient et explosaient en attaques personnelles, des insultes qui volaient de part et d'autre. Ifemelu en imaginait les auteurs, des Nigerians habitant de sinistres maisons en Amérique, leurs vies écrasées par le travail, économisant toute l'année afin de pouvoir passer une semaine au pays, en décembre, arriver avec des valises pleines de chaussures, de vêtements et de montres bon marché, et voir, dans le regard de leurs familles, une image exaltée d'eux-mêmes. Ensuite ils retourneraient en Amérique pour défendre sur Internet les mythologies de leur pays, car leur pays est maintenant un endroit indistinct entre ici et là-bas et, sur le Net au moins, ils pouvaient ignorer à quel point ils étaient devenus insignifiants.
Ginika, j'espère que tu sauras encore nous parler à ton retour, dit Priye. Quand elle reviendra, elle sera devenue une Americanah sérieuse comme Bisi, dit Ranyinudo. Elles s'esclaffèrent en entendant le mot "Americanah", prononcé avec jubilation, en traînant sur la quatrième syllabe, et à la pensée de Bisi, une fille de classe en dessous de la leur qui était revenue d'un court séjour en Amérique avec des manières affectées, feignant de ne plus comprendre le yoruba, bredouillant un r à chaque mot d'anglais.
Les différences biologiques entre garçons et filles sont incontestables, mais la société les exacerbe. Et c'est le point de départ du processus qui s'auto-alimente.
C'est alors qu'un de mes proches amis m'a fait remarquer que me présenter comme féministe était synonyme de haine des hommes. J'ai donc décidé d'être désormais une Féministe Africaine Heureuse qui ne déteste pas les hommes, qui aime mettre du brillant à lèvres et des talons hauts pour son plaisir, non pour séduire les hommes.
Trêve d'ironie, cela montre à quel point le terme féministe est chargé e connotations lourdes et négatives.
On déteste les hommes, on déteste les soutiens-gorges, on déteste la culture africaine, on estime que les femmes devraient toujours être aux manettes, on ne se maquille pas, on ne s'épile pas, on est toujours en colère, on n'a aucun sens de l'humour, on ne met pas de déodorant.