Un premier roman historique qui ne m’a pas du tout déplu, loin de là. J’ai eu la chance d’être tombée sur celui-ci qui, en plus d’être très intéressant est vraiment bien écrit. Pour finir je voulais partager avec vous un mot oublié de ce roman qui m’a énormément plu et je voulais donc vous en faire profiter.
Achatti : mot formé sur le modèle de « avachi ». Qui aime les douceurs, comme les chats. « On n’était pas achattis. »
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C'est un roman MAGISTRAL !
Je ne pensais pas pouvoir lire un livre comme celui-là en 2019.
Pour la faire courte : c'est inspiré de Zola mais avec une touche de XXIème siècle.
Le sujet d'abord : l'ascension sociale d'un modeste, très modeste paysans dans la France de XIXème siècle.
Jusque là rien de bien transcendant, ordinaire même…
Mais voilà il y a l'écriture et elle est magnifique ! Un mélange d'humour et de cynisme qui nous est parfaitement contemporain… Et ça marche.
Courrez l'acheter, empruntez-le ou, pour les plus malhonnêtes, volez-le mais lisez-le Absolument ; c'est sublime.
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La joyeuse
Courte nouvelle, la joyeuse nous plonge au sein d’un ébat amoureux assez intense et somme toute assez commun. Dans un style étoffé mais parfois trivial, chose nécessaire dès que l’on veut se plonger dans les plus infimes détails de ce genre d’activité. L’originalité repose dans le cadre tribal un peu mystérieux qui est donné à la nouvelle. Nous sommes directement plongés dans un rapport hors du temps et de l’espace. Le cadre est jeté dans les deux premières pages et nous sommes amenés à suivre la relation pour le moins assez "dense" entre les deux amants, relation caractérisée par un déchainement de passions qui s’expriment par les corps. Si ces corps s’expriment, il n’y a pas de relation spirituelle entre les deux protagonistes, ce qui donne à leur relation un côté sauvage mais pourtant bien humain à travers la sensualité qui se dégage des quelques pages qui constituent la nouvelle.
En une quinzaine de minutes, on a fini notre lecture, intéressante, intrigante, on a l’impression de lire un extrait qui donne envie d’en savoir plus.
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La Joyeuse est une courte nouvelle érotique, moins de 30 pages (illustrations comprises) que j’ai pris plaisir à lire deux fois. Les descriptions n’ont rien de vulgaires, c’est très bien écrit. On suit la découverte de la sexualité entre Shamat prostitué envoyée par le puissant Gilgamesh et Enkidu l’initié. Les dessins de Winfried Veit permettent d’aider le lecteur à visualiser les scènes et d’augmenter l’impact des scènes érotiques. Au fil des pages Enkidu se laisse littéralement guider par Shamat dont on ressent la très forte expérience et une grande assurance.
C’est une lecture idéale pour éveiller ses sens ou pour ceux qui aurait envie de s’initier à la lecture érotique.
Merci à Babelio et aux éditions le Réalgar pour m’avoir permis de découvrir ce livre.
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L'évolution d'un garçon au sourire "figé" et à la parole rare, sorti de son univers d'enfance par la grâce et le caprice de Marie-Antoinette (personnage inventé mais crédible : la reine adoptait des enfants pauvres) et dont le destin de rencontres en rencontres (notamment un Architecte philosophe) traverse la fin de la royauté (la construction d'une ferme au château de Versailles pour le plaisir de la reine), l'avènement d'une nation de citoyens, et la guerre terrible de l'armée révolutionnaire... Un roman d'apprentissage où le lecteur-la lectrice apprend aussi, au fil d'une écriture que j'ai beaucoup aimée : le choix des mots est "gourmand", on sent que ça compte autant que l'histoire (sans pour autant être "regardez comme j'ai plein de vocabulaire !"), et la manière dont celle-ci est composée (la fin demande un peu de souffle mais c'est très cohérent avec ce qui est raconté) donne une fluidité que je n'imaginais pas trouver, et une fin inquiétante jusqu'aux dernières lignes.
Enfin, les pages d'annexes sont pleine d'humour et très intéressantes quant aux choix de l'auteur et son travail pour lier fiction et historique.
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Très originale l'idée de l'adoption d'un enfant trouvé par la Reine Marie Antoinette qui se désespère de ne pouvoir enfanter. Passionnée du destin hors norme de cette souveraine, j'ai particulièrement apprécié cette fiction qui mêle histoire et sentiments intimes au sein d'une cour exigeante où n'a de place que le paraître.
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Le carrosse royal, à son bord la reine Marie-Antoinette et son aéropage. Au bord du chemin, de pauvres gens qui saluent, se poussent, laissent passer entre crainte, habitude du respect, indifférence ou émerveillement. Et puis un petit garçon dans les bras de sa grand-mère. Que s'est-il passé ? l'enfant a-t-il tendu les bras vers cette apparition ? peu importe, les minutes suivantes, le revoilà embarqué, adopté, rapté en somme, câliné par la reine et ses dames qui sentent si bon, qui s'esclaffent devant sa si belle figure et son sourire qui lui barre tout le visage. C'est décidé, il s'appellera Martin Sourire, c'est ainsi et vivra auprès de la souveraine si triste de ne pouvoir enfanter, il sera choyé, mangera à sa faim, recevra des baisers royaux et ne manquera de rien, ni même d'éducation.
Conte de fée ? Ascenseur social extraordinaire vers un monde féerique ? Non, un autre livre s'écrit pour le désormais Martin, bien vite délaissé par la reine devenue enfin mère. Ballotté de bras en bras mais toujours à Versailles, casé comme vacher au Hameau de la Reine, pastiche édulcoré et idéalisé de la vie de ferme, écran de fumée face à la révolte qui gronde. Martin sera de celle-ci, s'enthousiasmera pour elle, et commettra même le pire, poussé par la machine folle des événements.
La plume riche, exigeante et lyrique de Christophe Chavassieux force l'admiration. Il signe là un époustouflant roman historique mais aussi un roman d'apprentissage sans concession d'un jeune homme en quête d'identité, pris dans les tourmentes de son époque.
Et comme il le fait souvent dans ses oeuvres, Christophe Chavassieux pousse le respect envers ses lecteurs, jusqu'à nous fournir des annexes, des notes riches d'explications très intéressantes.
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Avec cette lecture, c'est une fort belle découverte que je viens de faire grâce à Babelio et aux Éditions Phebus. Je les en remercie d'ailleurs. Dès les premières pages, je suis tombée sous le charme de l'écriture de Christian Chavassieux (auteur que je ne connaissais pas alors que finalement nous sommes presque voisins...). Quelle plume flamboyante ! le style qui mêle habilement le vocabulaire du XVIIIième siècle et l'argot de la rue donne au récit une vivacité surprenante qui balade le lecteur de la poésie bucolique au plus sordide réalisme. L'exaltation de l'auteur atteint son apogée dans des descriptions qui peuvent s'étendre sur plusieurs pages mais où, en aucun cas, l'ennui ne transperce. Je reste encore sous le choc de sa vision totalement hallucinante de Paris (chapitre 1, 2ième partie). Quant à la retranscription des cuisines d'un grand restaurant (d'autant plus indécente qu'à côté de cette débauche de plats, le peuple meurt de faim), elle met carrément l'eau à la bouche.
J'ai été également séduite par l'histoire de ce jeune orphelin enlevé des bras de sa grand-mère par la Reine Marie-Antoinette en mal d'enfants. La procédure est courante chez elle, l'adoption lui est facile. Conquise par le visage perpétuellement souriant de l'enfant, elle le baptise "Martin Sourire" et l'emmène à ses côtés à Versailles. Ayant enfin assuré sa propre descendance, voilà que la bonhomie de l'enfant la lasse. Martin se retrouve alors vacher près du Petit Trianon, dans la ferme que se fait construire Marie Antoinette où elle aime à se réfugier loin du protocole de la cour. Dans une deuxième partie du roman, à l'adolescence, Martin va enfin découvrir Paris et les coulisses de la Révolution qui se prépare avant d'y prendre part dans la dernière partie.
Plus qu'un roman historique, c'est un roman d'apprentissage que nous livre Christian Chavassieux. Comme il le dit lui-même en postface, il se limite à effleurer cette période, en faisant côtoyer l'histoire de son personnage avec la grande Histoire.
J'ai aimé l'innocence, la naïveté de Martin. Il se contente de ce que le destin veut bien lui accorder, il ne se plaint pas de son sort, se rendant directement responsable de ce qui lui est arrivé (il ne fallait pas tendre les bras à la Reine lorsqu'elle est passée !). En apprenant de ceux qu'il côtoie, finalement il ne s'en tire pas si mal, il apprend notamment à lire. Politiquement, bien sûr, ses opinions ne sont pas très définies. Sa propre identité est confuse, comme l'est sa vision du monde. Malheureusement, c'est le sang versé au cours des guerres de Vendée auxquelles il va participer, qui signera la fin de son insouciance et transformera son beau sourire en rictus.
Ce roman où l'auteur mêle le produit de son imagination à des faits historiques réels (il démêle le vrai du faux dans la postface et y apporte quelques explications intéressantes) m'a beaucoup plu. Malgré quelques longueurs ressenties dans la troisième partie, j'accorde un 16/20 à Christian Chavassieux et j'espère découvrir prochainement ses autres récits.
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Du point de vue d'un gamin ramassé sur une route pour ces beaux yeux, nous voilà embarqués dans un monde clos auquel lui seul a accès : celui imaginé par la reine et aussi vu par ses yeux d'enfant qui grandit sans rien avoir vu, vécu, d'autre.
Fascinant et jamais ennuyant, puisque celle qui nous attire ici , #marieantoinette , il faut l'admettre, apparait pour s'évanouir bien vite de la vie du petit, mais fait des apparitions toujours, physique ou en pensées.
En découvrant les pavés d'écriture, sans ponctuations du moindre dialogue, j'ai craint d'être mangée par la densité. Mais les chapitres ne sont pas très longs et le style reste accessible, l'histoire calme certes, accroche bien l'attention, avec assez de descriptions pour illustrer de manière riche aussi bien le milieu où vit Martin que la société de courtisans qui gravitent autour, dans et au delà de Versailles.
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Merci à Babélio et aux éditions Phébus qui m'ont permis de découvrir Christian Chavassieux dans le cadre de cette Masse Critique.
1777-1794
Marie-Antoinette, mariée depuis sept ans au roi Louis XVI se languit d'enfant. Elle en adopte plusieurs qu'elle mignote avec amour. Elle leur donne un nouveau prénom, des vêtements princiers, une éducation de choix et des manières de cour. C'est ce qui arrive à un petit garçon de cinq ans, orphelin, qui devient la coqueluche des proches de la reine tant son visage aux commissures relevées semble constamment sourire. La reine l'appelle Martin Sourire. Adoration de part et d'autre. de courte durée pour Martin car en 1778, la reine devient mère et elle confie Martin à une domestique sans plus trop se soucier de lui. de main en main, le garçonnet finit vacher dans le ravissant hameau rousseauiste que Marie-Antoinette fait construire à deux pas du petit Trianon.
Lorsque la famille royale est emmenée à Paris en 1789, Martin la suit mais dans une autre direction. Il trouve un emploi dans le plus grand restaurant de l'époque, le Beauvilliers, et fait connaissance avec le peuple, brutal, miséreux et grondant, que la prise de la Bastille a conforté dans ses revendications. Plus tard, Martin devient l'homme de confiance de l'architecte Etienne-Louis Boullée. En 1790, empli de l'idéologie révolutionnaire, il entre dans la Garde nationale, puis devient volontaire et participe à la guerre de Vendée. Dans les rangs des colonnes infernales, le sang appelle le sang et l'idéalisme se transforme en assassinats répétés. Son retour au foyer sera compliqué.
Pas d'intrigues, pas de héros, pas d'identification. le personnage principal a été glissé dans cette partie de l'histoire de France pour permettre à l'auteur de s'épancher sur certains épisodes et personnages moins connus de cette époque troublée. L'idée est sympathique et plaide en faveur d'une recherche documentaire approfondie au détriment du roman.
La construction du hameau de la reine et l'ambiance active qui règne dans ce village miniature n'ont plus de secret pour le lecteur. La vie dans les cuisines du Beauvilliers fait immanquablement penser au Ratatouille de Pixar, tandis que l'oeuvre visionnaire et fascinante de l'architecte Boullée se lit passionnément à travers ses projets et dessins soigneusement conservés aujourd'hui à la Bibliothèque nationale. Le chapitre consacré à l'action sanglante des colonnes infernales du général Huché à La Gaubretière, les paragraphes relatifs aux protagonistes de la Terreur ainsi que les pages commentant les supplices librement consentis des convulsionnaires, mettent du piment dans cette lecture agréable qui, faute de consistance dans les caractères des personnages, ne laissera cependant pas de souvenir durable.
Puisque Martin est un enfant volé, il semblerait logique qu'il cherche à retrouver ses origines, ses frères et soeurs mais il se contente d'une consultation chez un tarologue véreux. Dommage.
L'écriture est extrêmement soignée et renforcée par l'utilisation de vocabulaire de l'époque. Mention spéciale pour les annexes fort intéressantes qui témoignent de cet esprit de recherche et d'analyse de l'auteur : une chronologie simple mais efficace, un glossaire des mots anciens, une biographie significative de tous les personnages mis en scène et, surtout, une bibliographie annotée et commentée que, pour ma part, je ne me souviens pas avoir vue chez un autre auteur.
Nul doute que je me donnerai une autre chance de mieux connaître Christian Chavassieux.
2,5/5
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malgré tout l'intérêt que je porte à Marie-Antoinette et son histoire fastidieuse, je n'ai pas réussi à accrocher à l'écriture de l'auteur. Peut-être le mauvais moment pour lire ? Tout de même, un bon point pour ma part : la couverture que je trouve exquise
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Je suis assez désappointée par ce roman.
D’un côté, j’ai apprécié les descriptions de la vie au Trianon de Marie-Antoinette, puis les détails de la vie parisienne pendant la révolution. On sent que l’auteur a fait des recherches historiques concernant la vie des citoyens de cette époque. J’ai beaucoup apprécié ce côté, d’autant plus qu’il y a de nombreuses annexes nous donnant des informations complémentaires concernant le vocabulaire de l’époque et les personnalités historiques présentes dans le roman.
J’ai aimé découvrir la révolution du point de vue des citoyens, du peuple, car je ne connais cette période quasiment que du côté de Marie-Antoinette. Dans cette histoire, la reine ne sert qu’à introduire le personnage de Martin en début de roman, puis n’apparait plus par la suite.
Ce qui m’a gêné dans ma lecture c’est le personnage principal de Martin. Je n’ai pas réussi à le comprendre et à avoir de l’empathie pour lui. Je l’ai trouvé plat, il se laisse porter sans avoir d’avis sur les évènements, et ne parle que très rarement. Je pensais vibrer du côté des révolutionnaires, mais j’en suis venue à tous les détester et à pleurer la chute de Marie-Antoinette, cette reine que j’admire.
La dernière partie du roman m’a complètement dégouté, les scènes de guerre de Vendée sont ignobles, et m’ont fait perdre le peu d’empathie pour Martin que j’avais.
En résumé, une belle fresque historique de la révolution française vue du côté des citoyens, mais un personnage trop plat et peu attachant.
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J' ai beaucoup aimé ce roman.
Je trouve que la plume y est magistrale. Le héros est tout à tour touchant et repoussant, terriblement humain. Ma galerie des personnages qui gravite autour de lui est intéressante et sonne juste, ce sont des humains, pas des clichés.
Ce roman dresse un portrait sans concession d'une époque très mouvementée souvent présentée sans trop de nuances. Ici, j' en ai trouvé.
C'est aussi un roman plein de tendresse, de délicatesse, puis d' horreurs, de terreur, le tout dépeint avec justesse et finesse.
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Martin Sourire est d'abord un caprice, de ceux auxquels on cède sans broncher puisque c'est celui de la reine de France. La voilà donc qui s'éprend d'un enfant, trouvé sur la route, l'emmène avec elle, le décrotte, lui assure un savoir rudimentaire – qu'il fera fructifier en silence car c'est un taiseux – et…s'en lasse parce que son rictus perpétuel, doublé de son mutisme, la dérange.
Martin, abandonné par sa royale fée, va devoir commencer à vivre par ses propres moyens, se débrouiller dans le sillage de ce Versailles hors-sol, où tout n'est que décor illusoire, à commencer par cette nouvelle lubie royale, un hameau, auquel il sera associé, regardant parfois, avec envie et appréhension, la vraie vie du dehors à travers les grilles du château.
Déjà, dans le parc, il éprouvera la dure inégalité du monde en assistant à la pendaison d'un braconnier devant son fils. La misère n'a pas sa place dans cette monarchie finissante, à l'aube de quelque chose d'irrésistible et de plus grand que les individualités d'Ancien Régime. Une tempête comme la France en connut peu.
Martin va alors quitter ce monde factice de Versailles et entrer dans le Paris réel, y plonger même, comme un Rastignac, en moins ambitieux. Dans la place, il creusera tout de même son trou, entre les cuisines d'un grand restaurant et le service d'un architecte méconnu et fort cultivé. Puis il fera son devoir, consciencieusement comme pour tout, s'engagera de plain-pied dans la Révolution : la noble et la moins noble. La Révolution est une créature bicéphale, avec une bonne et une mauvaise tête. Cette dernière, il la connaîtra bien, l'alimentera en personne dans les colonnes infernales envoyées mâter la Vendée, une « guerre souillée » comme il la désignera.
La Vendée, dans le roman, ce sont quelques dizaines de pages d'un monologue intérieur cru et démaquillé du moindre effet de style. On ne met pas les formes pour raconter la crasse humaine : « Tiens, je vais t'en brasser, t'en enrager t'en enfourner tant que tu veux ; alors les cris et les larmes des autres, les prières des femmes et les pleurs des petits, qu'est-ce que tu crois, on s'en fout ça glisse dessus, c'est pour la juste cause de la patrie, on perce des corps qui prient, un soupir, amen, on se dit c'est pour ceux-là et voilà, c'est fini, on veut juste plus entendre un cri parce qu'on a autre chose à faire. »
Dit autrement, c'est : « Tuez-les tous, la République reconnaîtra les siens ! »
Ces pages sur la Vendée, sans doute les meilleures du roman, sont un spasme qui rappelle Céline et Giono, quand ils racontaient une autre guerre.
Martin Sourire illustre cette époque comme les Rougon-Macquart, le Second Empire. Quelle audacieuse comparaison avec Zola, vont bramer certains ! Ils n'auront sans doute pas lu le livre, dont le dossier en fin de volume prouve, si besoin était, que Chavassieux maîtrise son sujet. Mais ça, tout le monde en est capable, lire et archiver des faits. Par contre, ce que tout le monde ne sait pas faire c'est écrire un texte d'une telle envergure.
La vie volée de Martin Sourire réussit par ailleurs ce tour de force d'être dense, soutenu et : parfaitement lisible ! Jamais trop ni pas assez : visuel – une scène me fait d'ailleurs penser à la fin du film de Carné, Les Enfants du Paradis – et olfactif – voir les odeurs de Paris, on croirait le Parfum, de Süskind ! –; contemplatif et nerveux ; raisonné et halluciné ; ciselé ici et délié là ; etc.
Pour ce qui est du fond, Chavassieux, autant le dire, s'est aventuré dans un bourbier du roman national français, le creuset de toutes les passions qui embaument et empuantissent encore notre époque, c'est selon. Comment s'en sort-il ? Avec beaucoup d'équilibre.
Ce roman n'aurait donc pas à rougir si on le mettait en vis-à-vis d'Au revoir là-haut de Lemaître par exemple, car il a su impeccablement capter des événements dont la densité, en un temps très court, est sans doute unique dans l'Histoire de France.
En un mot, merci ci-devant ou citoyen Chavassieux, puisque votre roman ne penche ni pour les uns ni pour les autres !
(Merci aux éditions Phébus et à Babelio)
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