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Citations de Christian Gailly (152)


La fille se dit bon, attendons, songeant, puis regarde sa montre, se disant, si on n’arrive pas de bonne heure, on n’aura pas de place pour s’asseoir, puis de nouveau fait les cent pas. Elle n’aura pas le temps d’en faire cent. On n’en fait d’ailleurs jamais cent. Plus de cent, moins de cent, jamais cent, ça n’existe pas. À moins de le faire exprès mais dans ce cas-là on n’attend plus rien ni personne. Ou alors on délire, on espère faire venir ce qui ne vient pas, ou tarde à venir, ou à revenir.
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D’autant plus élu qu’il voyait bien que c’était raté. Un léger ratage en beauté nous émeut davantage. L’échec complet bouleverse.
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Simon n'en écoutait plus du tout, du jazz.
S'il avait eu un piano chez lui, il en aurait sûrement joué, du jazz, et, à un moment
donné, il en aurait eu assez, de jouer seul, il
aurait réclamé un bassiste, un batteur, sûrement et ça, Suzanne ne pouvait les lui procurer, alors il serait allé les chercher, là où ils sont, il aurait rejoint sa rythmique, son complément naturel, et sans doute aurait-il replongé dans ce mélange mortel, mortel pour lui et quelques autres comme lui: nuit, jazz, alcool, drogue, femme, jazz, nuit.
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Gérard Titus-Carmel à Christian Gailly, le 12 septembre 1993
  
  
  
  
Banni, exclus, exilé, chassé, l’impossible destin commun de la langue avec celle de l’autre, l’irritante et taraudante certitude du vide qu’elle nous promet, nous assigne à ce sort-là. Que dire sinon le chanter ? semblent nous enjoindre, de conserve ou de concert, les Müller, Schubert et autres Patzak.
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Christian Gailly à Gérard Titus-Carmel, le 15 juillet 1993
  
  
  
  
Je viens de réentendre, de réécouter. J’en sors, là. La chose me laisse sans voix. Une telle diversité dans les registres de l’expression de la douleur me contente et m’épuise. Me contente avec pleinement l’illusion du don. M’épuise parce qu’elle me prend tout. Alors comment faire ? Écrire en écoutant ? Impossible, la place est prise. Immédiatement après, comme je le fais, là, maintenant ? Non plus. C’est trop près. Il faut donc comme toujours parler d’autre chose. Se déplacer sensiblement. Comme pour examiner une question sans réponse. Y regarder de plus près mais de plus loin, de côté. Comme tu sais, à chaque fois, on s’aperçoit. La question sans réponse n’est pas une question. C’est une réponse. J’allais dire c’est déjà une réponse. C’est déjà ça.
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Il faut dire que deux absences de cette qualité là, au milieu d'une assemblée de prétendues présences, ça se voit.
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On ne peut même plus se faire engueuler par sa mère parce qu'on joue avec la porte du compartiment, il n'y a plus de compartiment. On ne peut plus lier connaissance, offrir une cigarette, une orange sortie d'un panier, ça me rappelle Maupassant, demander si la fumée dérange ou supporter la conversation des gens qui partagent le compartiment, il n'y a plus de compartiment .tout semble mêlé alors que tout est désolé. On nous rapproche comme on nous sépare, très vite, en sécurité.
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Je n'avais pas faim, j'avais trop bu, la suite arrive, me disait le maître d'hôtel mais je ne l'attendais pas, la suite, j'avais trop bu, je n'avais pas faim.
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Je la croyais anglaise, ou américaine, avec un nom pareil. Elle était danoise. Je la croyais juive, sépharade, ou ashkénaze, ou les deux à la fois, si c'est possible, par alliance, je ne sais pas, je n'y connais rien . Elle était protestante. Je la croyais mariée à un conservateur quelconque, d'un musée quelconque. Elle avait épousé un marin. Le capitaine de corvette Pierre-Yves de Kerguelen je la croyais heureuse en ménage. Elle était veuve. Je l'ai cru mort dans une bataille navale. Il se fit bêtement tué par un chalutier fraudeur qui refusait d'obtempérer. Pas vraiment blonde, châtain clair. Pas du tout charpentée, au contraire. Une petite bonne femme toute menue avec des lunettes de soleil et un chapeau de paille, un canotier, enfoncé jusqu'aux oreilles. En plein hiver. Elle OTA ses lunettes. Je m'attendis à rencontrer deux yeux petits et noir . ils étaient petits mais clairs
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Il rebondit sur les marches comme une balle qui vous échappe quand on est môme, c'est à cause de ses baskets à bulle, à niveau à bulle, à pompe, à air, comprimé, il les a achetées, non, on verra ça plus tard.
Une fois dehors, à l'air libre, au grand air, l'air de réfléchir, comme s'il se demandait où tout ça va le mener, il se passe la main sur le visage, partout, se frotte les joues, le front, le menton, comme quelqu'un de fatigué qui se frotte le visage, ça fait du bien de sentir une main sur son visage, même la sienne, c'est vrai quand on est grand au point de ne plus être un enfant plus personne ne vous touche le visage, c'est dommage, comme si, en plus de la fatigue, il voulait effacer quelque chose, peut-être son visage d'enfant, ou bien comme s'il voulait se rappeler qu'il a malgré tout un visage, celui de maintenant, avec un front, des joues, il sent sa barbe, se dit si je devais me présenter, remonte se raser.
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Elle n'avait pas besoin de lui, ni lui d'elle. Il ne s'agissait pas de besoin entre eux. Il s'agissait de rencontre. De rencontrer un lieu dans le visage de l'autre. Un lieu de repos pour le regard.
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Son maillot lui allait à merveille. Mieux que ça. Semblait fait pour elle. Mieux que ça. Avoir été fait, non pas pour elle mais sur elle. Peut-être même avec sa peau. Mais comme c'est impossible elle avait dû naitre comme ça, en maillot une pièce noir.
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Il m’arrive en hiver de ne plus tenir enfermé chez moi, été comme hiver. Et plutôt que de me mettre à tout casser, je sors faire quelques pas, juste le temps de prendre froid, que l’envie de rentrer me vienne, de me dire que je n’étais pas plus mal chez moi.
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J'avais deviné qu'elle était médecin, ça m'excitait, j'en étais sûr, j'avais envie de lui dire. Alors juste avant d'arriver à Metz, j'ai osé, je lui ai demandé. J'ai dit Madame excusez-moi, mais par hasard ne seriez-vous pas médecin ? Comme si on était médecin par hasard. Et elle. Elle a répondu oui, en effet, je le suis, pourquoi, vous ne vous sentez pas bien ?
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Vous n'auriez pas un marteau? me dit-elle. Elle avait chaud, les cheveux dans les yeux. Ses beaux gants blancs étaient plein de cambouis, ça lui donnait un air courageux, j'ai pensé ça, je ne sais pas pourquoi. elle n'avait pas hésité à les salir. C'est courageux.
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Un batteur fait toujours trop de bruit.
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Un club de jazz n'est pas un endroit pour parler, même de jazz, ou d'amour. On se tait, on écoute.
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Je n'aime plus le jazz, plus autant qu'avant, peut-être même plus du tout, en tout cas comme on doit l'aimer pour y passer sa vie.
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Tout ça avait un certain goût de liberté. Tout ça c'est à dire être ailleurs. Dans une autre odeur. A une autre heure. Dans un lieu nouveau qui occupe les yeux. Les fenêtres n'ont pas le même ciel.
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On parlait de ça toute la nuit. Il m' énervait, me dérangeait dans nos habitudes et ça me chagrinait, je dois l' avouer. Il s' échappait, m' échappait et je détestais ça. Sa sensibilité avait trouvé une autre voie et ça me contrariait. Je voulais qu' il soit un jazzman et rien d' autre.
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