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Critiques de Christoph Ransmayr (56)
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La montagne volante

Je suis assez étonné que ce livre soit passé presque inaperçu par la communauté Babelio

Il s’agit d’un très beau texte poétique, l’ écriture est originale et l’histoire onirique

L’histoire est celle de deux frères irlandais, très différents qui vont essayer d’atteindre le sommet de cette montagne volante

Celle-ci se trouve au Tibet Oriental

Les nomades kampas qui les accompagnent sont persuadés que cette montagne prendra son envol un jour. C’ est une montagne sacrée et aucun nomade n’aurait l’ idée d’aller au delà d’une certaine altitude , persuadé qu’il risquerait lui aussi de s’ envoler

Les deux frères sont très différents : l’ un est marin ,côté machiniste , a fait un peu d’escalade en Irlande

L’autre est programmeur informatique, alpiniste chevronné , tellement rationnel qu’il s’est aperçu que cette montagne n’apparaissait sur aucune carte connue

La fin tragique est connue dès le début et pourtant le récit est plein de suspense

Pam,le marin rencontrera Nyema , la nomade, qui lui raconte qu’il faut fixer des clous pour que la montagne reste bien arrimée à la Terre.Je vous laisse découvrir cette très belle légende

J’ai la chance de connaître un peu cette région et j’ai, tout de suite, été immergé dans l’aventure

Vous vous doutez bien qu’en de telles contrées, il ne s’agit pas seulement d’un récit d’aventure en montagne

Les Dieux, les croyances, la vie nomade , voilà le quotidien.Inutile d’en dire plus.

Un conte épique , mi récit d’alpinisme, mi récit initiatique

Si vous aimez le Tibet, vous serez emporté par ce beau livre de Christoph Ransmayr
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Cox ou la course du temps

Lu ce livre parce que des amis me l’avaient offert. Lu parce que ayant fait des études de chinois, j’étais intéressé par le rôle de l’empereur Qianlong dans ce récit.

Même si l’idée centrale présente un certain intérêt, la langue utilisée la syntaxe, les descriptions très alambiquées Massey au bout du compte. Merci quand même les amis.
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Cox ou la course du temps

Alister Cox, horloger orfèvre de génie, plébiscité en Angleterre où il gère plusieurs ateliers d’horlogerie se morfond après la mort de sa fille qu’il adorait, Abigail et le mutisme dans lequel est tombé sa femme, Faye, à la suite de cette perte.

Avec trois de ses contremaîtres, il part en Chine, au milieu du 18ème siècle, pour inventer une horloge universelle sur la commande de l’empereur du milieu. CR nous décrit cette aventure : l’installation des orfèvres anglais à Beijing, la toute-puissance de l’empereur, la soumission de la cour et du peuple, la capacité d’atteindre l’impossible comme la création d’une cité impériale d’été en Mongolie, à Jehol. Le raffinement de la cour impériale, la cruauté, la faculté de tout accorder au projet d’horloge universelle. Mais l’Auguste ne se prendrait pas ombrage de ce quelques humains aient conçu une horloge intemporelle ? Ne va-t-il pas les exécuter ? Cox prend le risque avec ruse mais in fine, l’empereur ne mettra pas l’horloge en route.

Un style magnifique, virtuose. Une réflexion sur le temps, une plongée dans la Chine impériale. Magnifique.

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Atlas d'un homme inquiet

 Les soixante-dix histoires qui composent l' Atlas d'un homme agité  de Christoph Ransmayr traversent indemnes le temps et l'histoire. Et jamais, pas une seule fois, elles ne prennent la forme d'un souvenir. L'écrivain, en effet, puise dans des vérités et des fragments ancestraux qui dilatent la dimension temporelle habituelle du voyage, le protégeant ainsi de sa conclusion définitive.

Et si l'ordre temporel s'annule dans son efficacité habituelle, c'est grâce à une évolution affective que Ransmayr parvient à obtenir une écriture harmonieuse, exempte de fêlures narratives.  La démarche dialoguée, savamment inscrite dans les récits, permet de donner du rythme, sinon écrasé par la brièveté des récits. Les étoiles, gardiennes de la fugacité mortelle, enluminures contemplées par l'écrivain autrichien dessinent les lignes de cet atlas personnel, retraçant les chemins parcourus et les personnages rencontrés.  Ce n'est pas un narcissisme autoréférentiel, Ransmayr est un voyageur solitaire invétéré, conscient qu'il ne peut trouver que dans les étoiles les fidèles gardiens de sa pensée.

C'est avec cette touche d'éternité qu'il scelle presque toutes les histoires -

cette touche d'éternité que nous tentons tous de trouver dans chaque voyage.
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Cox ou la course du temps

Le grand empereur chinois Qiánlóng, l'homme le plus puissant de l'époque, invite le célèbre horloger anglais Alister Cox à sa cour à Beijıng. Il veut qu'il construise pour lui des instruments précieux et très raffinés qui sachent mesurer les différentes vitesses avec lesquelles s'écoule l'existence humaine, dans ses différents moments : le temps de l'enfance, de l'amour, du bonheur, de la maladie et de la mort. Et enfin, une montre capable de mesurer même l'éternité.

Sur le fond du splendide XVIIIe siècle chinois, Christoph Ransmayr raconte la rencontre de deux personnages historiques qui, en réalité, ne se sont jamais rencontrés. La puissance du récit donne un corps vivant à une réflexion suggestive sur le cours de la vie, dans un langage aussi élégant et précis que les délicats dispositifs qui marquent le temps.

  Maître Alister Cox a été invité, au nom du Fils du Ciel et Haut Empereur Qiánlóng, à se rendre à la cour de Beijıng et à loger -premier homme occidental - dans une Cité Interdite pour créer, selon les plans et les rêves du Souverain exalté, des œuvres inédites pour le suprême et le plus grand amateur et collectionneur de montres et d'automates".

Un très beau roman, dans - c'est la marque de Ransmayr - un monde qui nous est très peu connu...
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Le dernier des mondes

Ce roman de Chtistoph Ransmayr, part du bannissement d'Ovide au bord de la mer Noire en l'année 8 de notre ère. Publius Ovidius Naso était poète, très apprécié pour ses élégies, sa poésie érotique et ses Métamorphoses. Il a été exilé de Rome dans des circonstances mystérieuses, sans procès. A-t-il offensé l'empereur en couchant avec sa soeur ? Était-il impliqué dans une intrigue politique ratée ? Ou ses écrits érotiques ont-ils finalement forcé l'expulsion de la bonne société ? Il existe certainement suffisamment d'ambiguïté historique pour donner à Ransmayr toute la marge de manœuvre requise ici. Ransmayr décrit la recherche que Cotta (l'ami d'Ovide) aurait pu entreprendre lorsque la nouvelle de la mort du poète est arrivée à Rome. Cotta suit Ovide jusqu'à un avant-poste romain de la mer Noire, Tome (l'actuelle Constanza) - où il découvre Pythagore, le serviteur malade d'Ovide, et les vestiges du passé récent d'Ovide.

Ovide qui a laissé de son séjour dans ces contrées barbares un grand et splendide poème: les Tristes.

Des viticulteurs ont, forts de ce titre, donné à un vin - que je vous recommande si vous aimé les Tokajs hongrois - Lacrima lui Ovidiu.



Mermed
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La montagne volante

La Montagne volante, est un roman que Ransmayr, dans un aparté introductif, définit ainsi : 'constitué de lignes flottantes, c'est-à-dire de lignes de longueur inégale' (bien qu'il le différencie spécifiquement de la poésie). La forme peut être très libre, dépourvue de mètre et de rime, mais il y a certainement une sensation plus poétique dans la langue et un rythme dans les lignes : malgré toutes les protestations de Ransmayr, cela se lit (et, surtout, sonne) plus comme des vers que comme prose:

'Je suis mort

six mille huit cent quarante mètres d'altitude

le 4 mai de l'Année du Cheval.'



En fait, alors qu'il semble proche de la mort, le narrateur ne l'est;

son frère, avec qui il avait grimpé 'avait repoussé ma mort' -- et en fait c'est son frère qui est mort cette nuit-là.

La Montagne volante est l'histoire de deux frères qui voyagent au Tibet pour conquérir un sommet himalayen,le Phur-Ri.

L'issue, on la connait dés le début, pourtant, alors que cette conclusion plane sur le reste de l'histoire, le roman parvient à rester étonnamment plein de suspense.



Les deux frères ont grandi en Irlande, élevés par un père dur après que leur mère ait abandonné la famille, s'enfuyant avec un autre homme. Le narrateur, Pad, est devenu marin, passant la majeure partie de sa vie en mer.

Son frère, Liam, programmateur informatique qui s'est enrichi, est capable de s'offrir une retraite sur mesure sur la petite île aux chevaux - proche de la maison de leur enfance, y aménageant une maison très confortable - mais souvent coupée du continent (et Liam y reste seul résident à temps plein).

Liam a convaincu son frère de de s'associer à lui pour cette expédition soigneusement planifiée.

Les préparatifs sont longs et il y a des difficultés logistiques, notamment pour échapper aux autorités chinoises le cas échéant, mais Liam est minutieux, capable et déterminé :

Et dans l'ensemble, cela se déroulé comme il l'avait prévu



'Chacun de nos pas n'a servi qu'à ça

d'éliminer un point blanc de ses cartes.'



Les légendes autour du Phur-Ri et ce concept de montagnes volantes sont fascinantes,

' Ce nom

est une description de la réalité,

d'un événement visible, palpable.

Les habitants affirment avoir vu la montagne non amarrée flotter,

elle a disparu, oui elle s'est envolée

mais elle toujours revenue.'



Des histoires comme celle d'une montagne volante devaient être

transformées à l'intérieur de chaque esprit en quelque chose de nouveau et d'unique.

Chacun devait raconter sa propre histoire,

sa propre histoire, et ainsi en faire

quelque chose de distinctif et d'exceptionnel.



Les différences entre les deux frères, dans la personnalité et les attitudes, deviennent plus nettes au fur et à mesure de leur progression. Liam, déterminé à atteindre un objectif - qui s'impatiente et peut à peine se retenir une fois proche du but - reste une énigme pour Pad, qui est beaucoup plus facilement capable de s'impliquer dans le processus - de se sentir à maison parmi les habitants avec qui ils s'approchent lentement de la montagne.

La différence majeure est que Liam reste isolé, tandis que Pad tombe amoureux d'une jeune veuve les Nyema.

(Liam, lui est un homosexuel renfermé qui est incapable d'établir une relation sur son île-retraite, sachant que l'homosexualité ouverte rendrait la vie impossible dans le pays conservateur où il vit.)

C'est Liam qui va les entraîner dans l'ascension finale - certains qu'ils seront de retour en sécurité deux jours plus tard, même s'ils sont mis en gade par les habitants, dont beaucoup pensent que :

'quiconque a posé le pied sur la pointe d'une montagne volante

a couru le risque d'être jeté

hors du monde avant son temps

ou envoyé tournoyer dans l'espace.'



Malgré leur familiarité avec la région et la proximité de la montagne, les habitants la contournent prudemment.

Phur-Ri, cette montagne mystérieuse se montre aux deux frères :

'telle qu'en elle-même, seulement en fragments'

à mesure qu'ils s'en approchent.

Et, bien sûr, lnous savons ce qui leur arrivera sur la montagne.



La Montagne volante est un conte épique, une initiation.

Ce n'est pas seulement l'homme et/contre la montagne (et les éléments),

mais aussi une histoire de frères, de famille, d'Irlande et d'amour.

Aussi une histoire familiale et nationale - celle des départ.

Tout comme ces longues années que Pad a passé en mer, sans aller nulle part.

Nyema lui offre l'opportunité de s'installer et de construire une vie, et lui

'promet de revenir'

mais avant ce retour, le livre se termine quand il revient sur l'île de son frère, une île pour lui tout seul.



C'est un roman fort éloigné des platitudes boboisantes ,

un grand roman

dans lequel la nature emporte tout

et chacun.

Au-delà de l'écologie,

en plein panthéisme.
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Cox ou la course du temps

« Ô temps, suspends ton vol et vous, heures propices

Suspendez votre cours

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours !

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;

Il coule, et nous passons ! »

Ces vers d’Alphonse de Lamartine m’ont accompagnée tout au long de ma lecture, embarquée dans un voyage où le temps mesuré par les horloges sert aussi de repère à un homme endeuillé ainsi qu’à un empereur chinois de la dynastie Qing.

Nous sommes en 1753 : l’horloger et constructeur d’automates célèbre à travers le monde, Alister Cox, accompagné de trois assistants, fait voile vers l’Empire du Milieu afin de satisfaire les vœux exprimés par Qianlong, Fils du Ciel et Seigneur du Temps, de fabriquer rien de moins qu’une horloge éternelle, au mouvement perpétuel, libérée ainsi de toute intervention humaine.

Dès l’abord, ce roman captive par son écriture poétique et évocatrice, compliquée parfois par des constructions de phrases alambiquées, mais dès lors que l’on a commencé, une forte impression de voguer dans l’intemporel et de se poser dans une bulle hors du temps attend le lecteur. Enfin, c’est ce que nous avons ressenti mon mari et moi, sortis de cette lecture comme au réveil d’une nuit chargée de rêves.

Le rythme est lent, assurément, pour cette intrigue qui n’en est pas une. On dit souvent que l’important c’est le voyage et non la destination et c’est exactement ce qui s’apparente le plus à ce roman.



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Cox ou la course du temps

Défi ABC 2020-2021

Quel ennui, mais quel ennui. Il m'aurait fallu une horloge à page, une qui va vite quand le livre m'embarque et une clepsydre ralentie pour ce roman. Car rien , mais rien, ne m'a accrochée. Un horloger anglais en Chine, désespéré de la mort de sa fille (c'est dit, redit, expliqué, appuyé, décrit, répété) chargé par l'empereur de Chine, despote sanguinaire, de construire les horloges les plus fabuleuses jamais imaginées, et clou de l'histoire, un mouvement perpétuel. ET s'ensuivent d'interminables descriptions de mouvements d'horloge, de composants rares et précieux, entremêlées de séances de tortures complaisamment détaillées. Alors non, non, un livre qui ne restera pas dans ma mémoire .
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Atlas d'un homme inquiet

70 mini histoires composent ce recueil. Chaque continent est illustré, par les différents endroits parcourus par l’auteur, ce qu’il a enregistré et compris de ce qui se passait sous ses yeux lors de ses pérégrinations autour du monde.

Le livre de chevet parfait pour rêver …
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La montagne volante

Le livre s'ouvre sur une "Note en marge" de l'auteur:

"Depuis que la plupart des poètes ont pris congé de la langue versifiée et recourent, à la place des vers, à des rythmes libres et à une phrase flottante articulée en strophes, le malentendu s'est fait jour ici et là, qui veut que tout texte constitué de phrases flottantes, donc de lignes d'inégale longueur, relève de la poésie. C'est faux.

La phrase flottante -- ou mieux: la phrase volante -- est libre et n'appartient pas aux poètes."



Cette forme, selon mon ressenti, permet à l'auteur d'imposer un certain rythme introspectif couplé à une grande légèreté de lecture. Certains découpages de strophe introduise également une forme d'étrangeté, en s'éloignant (volontairement ?) de la propension naturelle à les lire comme un chant, aidée par une ponctuation "libre". Voici pour la forme, exercice plutôt réussi.



J'adore les récits d'alpinisme; ici, ce n'en est pas vraiment un, même si les puristes pourront se régaler d'une grande force d'évocation, sans tomber dans le fantastique, même si l'auteur convoque habilement certaines légendes tibétaines, débarrassées du vernis de folklore pour le lecteur (mais pas de leur "pittoresque", un tour de force permis par des A/R entre les personnages -- même si l'ont restent du point de vue du narrateur en permanence -- et leurs visions différentes de l'environnement), couplées à l'enfance en Irlande des deux frères/héros, la figure du père, etc.



Lorsque je regarde le film d'une grande course himalayenne , j'ai tendance à passer directement au récit de l'ascension, la démarche sportive s'alliant souvent mal avec la traversée des cultures locales, leurs passages et images obligées de temples et de rencontres pas toujours spontanées. C'est dire la "performance" de l'auteur de retourner ce postulat, où l'on comprend très vite que l'important du livre se situe dans l'humain, tout en ne décevant pas celui venu pour les crampons/piolets.



Sa structure non-linéaire, dans l'histoire proche et plus lointaine, achève habilement cette lecture face au Rêve.



Un grand livre, qui se lit en quelques relais, sans chutes de pierres.
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Atlas d'un homme inquiet

Soixante dix courts textes, d'un voyageur inlassable, qui parcourt le globe, et qui partage avec ses lecteurs des moments captés au cours de ses voyages. Des moments brefs, des instantanés, en quelque sorte. Des moments brefs, dont certains peuvent sembler banals à première vue, mais à qui Christoph Ransmayr donne une densité, un arrière goût de spiritualité, qu'il interprète, qu'il analyse. Un vieil homme qui invective l'océan sur une plage brésilienne, un homme endormi surveillé par des enfants en Autriche, un pécheur malchanceux qui n'a pêché qu'un unique homard en Irlande...chacun d'entre nous a sans doute été confronté à des scènes semblables sans forcément y prêter beaucoup d'attention. Christoph Ransmayr en fait des instants essentiels. Son regard transforme l'anodin par l'intensité du regard qu'il porte aux êtres et aux contextes.



Il y a des moments plus intenses, comme cet avion militaire en Bolivie qui mitraille l'auteur et les deux personnes qui l'accompagnent. Le monde que traverse Christoph Ransmayr est d'ailleurs souvent violent, plein de dangers et de cruauté. Illuminé parfois par la grâce, comme lorsqu'il croise un homme qui calligraphie des poèmes avec de l'eau, destinés à s'évaporer aussitôt que finis. Mais la violence et la destruction sont plus fréquents que la sérénité, les traces et souvenirs de guerres sont partout présents, comme dans le mythe fondateur de la guerre de Troie, évoqué à plusieurs reprises.



Une cartographie de notre monde, personnelle et inspirée, dont l'écriture est en grande partie la marque de fabrique. Une véritable écriture d'écrivain, lyrique, poétique, qui décrit soigneusement, analyse, décortique, chaque petite scène, chaque personnage. Qui fait voir plus que ne le ferait une photo ou une petite vidéo. Peut-être d'ailleurs parce qu'elle ajoute des éléments qui ne sont pas complètement là, mais que l'auteur projette, qui viennent de son histoire, de sa vision du monde, de sa subjectivité, sa sensibilité. Chaque voyage est au final unique. Parce que l'oeil de chaque voyageur ne peut capter la même image, ni son esprit lui donner le même sens.
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Le dernier des mondes

Quand j’ai entamé la lecture du roman Le dernier des mondes, je m’attendais à un roman historique conventionnel, peut-être empreint d’un certain lyrisme. Après tout, on y traite du poète latin Ovide, banni de Rome et exilé sur la mer Noire. Tomes, un coin perdu à l’époque. Constanta, un port relativement important de Roumanie aujourd’hui. Eh bien, si cette partie de l’intrigue concorde, le reste à peu à voir. Le roman s’ouvre sur un certain Cotta, un de ses disciples romains, qui veut retrouver le célèbre poète et son manuscrit Les Métamorphoses (et peut-être une autre œuvre magistrale qu’il aurait pondu depuis son exil). Mais voilà que le pauvre homme bascule dans un univers tout autre. Et le lecteur avec lui. Non seulement il ne trouve pas Ovide mais erre dans Tomes comme K dans Le château. Il croise une quantité de personnages étranges, issus de la mythologie (Aracné, Écho, Jason, Orphée, etc.) ou de l’histoire (Pythagore) et dont les aventures reflètent celles des originaux. C’est à peine si Zeus lui-même ne descend pas parmi les mortels ! De plus, les repères spatio-temporels deviennent flous. Quand, après avoir vu les jetées en ruine d’Odessa et les docks brpulés de Sébastopol, les personnages se demandent s’ils vont boire le café chez le Turc, on peut se demander où et quand nous nous situons. Ce type de réalisme magique, il n’est pas mal. Peut-être que, si j’avais su d’emblée que Le dernier des mondes relevait de ce type d’œuvres, je l’aurais mieux apprécié. Mais je m’en suis rendu compte après un petit moment, alors que sa bizarrerie m’avait déjà laissé une drôle d’impression. Il faut dire que, avec un titre pareil, je m’attendais à un roman empreint de nostalgie, plus dans le genre des Mémoires d’Hadrien. Il faut dire que j’en savais l’auteur Christopher Ransmayr capable puisque j’avais lu préalablement un autre bouquin de ses bouquins, Atlas d’un homme inquiet, que j’avais adoré. Mais bon, ce n’est qu’un rendez-vous manqué. Il y en aura d’autres.
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Cox ou la course du temps

L’Anglais Alistair Cox était jusqu’alors le plus grand horloger et constructeur d’automates que le monde ait jamais connu. Mais c’est aujourd’hui un homme brisé : maître des horloges mais non pas maître du temps, il n’a pas su retenir la vie d’Abigaïl, sa fille chérie, décédée de la coqueluche à l’âge de cinq ans… et le temps depuis sa mort, deux ans auparavant, continue à s’écouler, ironique, inutile et indifférent, tandis que son épouse, une femme-enfant de trente ans sa cadette et désormais mutique, l’a rejeté et s’est enfermée dans sa solitude et son chagrin.



A l’autre bout du monde, en Chine, dans sa capitale de Beijing, l’Empereur despote Qianlong qui se fait appeler “le Très-Haut”, “Seigneur des Dix Mille Ans”, “Fils du Ciel et Seigneur du Temps” inflige sa toute-puissance capricieuse et cruelle à ses sujets. Comme beaucoup de despotes ivres d’eux-mêmes et de leur pouvoir, la finitude inévitable du temps humain et l’implacable écoulement des jours contrarient fortement Qianlong qui rêve, comme bien d’autres avant lui, d’un temps à sa mesure - et à sa démesure - rythmé, apprivoisé, dompté peut-être par l’horloge des horloges : le mécanisme miraculeux, prodigieux et surnaturel, capable de capturer la nature-même du temps, sa quintessence, de réguler son cours et d’ouvrir à son détenteur la porte d’une possible éternité.



Raison pour laquelle l’Empereur a invité Cox, le maître des horloges, à le rejoindre en ses terres lointaines, avec son associé - Joseph Merlin - et ses assistants ; raison pour laquelle ils ont traversé la moitié du monde afin de concevoir pour Qianlong, au péril de leurs vies, un fabuleux mécanisme horloger susceptible de moduler, sur la partition infinie du temps, des pulsations nouvelles et subtiles exprimant aussi bien le temps subjectif d’un enfant à l’orée de ses jours que celui d’un condamné à mort à quelques heures de son exécution… et, bien plus encore, de créer, dans le temps objectif, le mouvement perpétuel, “une horloge pour l’éternité”.



Dans le secret de la Cité interdite où d’innombrables horloges solaires, d’eau et de sable dictent chacun des actes de ses habitants ; dans ce “monde soumis à des règles immuables” où l’ordonnancement de chaque seconde revêt une importance extrême ; au cœur de cette enceinte qui est tout entière “comme une gigantesque horloge de pierre maintenue en mouvement non par une pendule mais par un cœur invisible” - Cox, aidé de ses assistants, saura-t-il satisfaire à l’extravagant caprice de l’Empereur et, dans le même temps, résister à la pulsion de nostalgie érotique que suscite en lui la concubine interdite et par là-même dangereuse de l’Auguste, une femme-enfant qui lui rappelle douloureusement son épouse et sa petite fille perdues ?



Avec "Cox ou la course du temps", Christoph Ransmayr nous propose un très beau conte philosophique, une méditation sur le temps, sa mesure et son impossible maîtrise, sur le pouvoir également, ses excès et ses limites, sur la solitude, la perte, la passion et la mort. Écrivain-voyageur, il nous entraîne dans la Chine du XVIIIe siècle, mêlant réalité et fiction pour dépeindre en une fresque somptueuse un univers exotique et dépaysant, un monde asiatique totalitaire aux mœurs cruelles, étranges et terrifiantes, et brosse le portrait d’un dictateur à la toute-puissance dérisoire que l’écoulement obstiné du temps réduira fatalement en poussière et celui d’un maître-artisan de génie au destin singulier, passionné par son art qui est aussi sa seule consolation.



L’excellent travail de traduction de Bernard Kreiss laisse par ailleurs deviner au lecteur francophone une écriture originale d’une grande beauté chez cet écrivain que je ne connaissais pas et qui est, paraît-il, l’une des plus grandes voix de la littérature autrichienne contemporaine. Une excellente découverte et assurément, pour moi, une belle lecture.



[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]

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Les effrois de la glace et des ténèbres

En quête de frisson polaire, j'ai trouvé dans un échange de babélionautes (merci à eux) la mention de ce livre dont je n'avais jamais entendu parler. Il s'agit d'une relation de l'expédition Payer-Weyprecht, aventurée dans l'Arctique, au-delà du Spitzberg et de la Nouvelle Zemble, entre le printemps 1872 et l'été 1874. En cette époque où les Européens découvrent et colonisent les dernières régions du monde qui leur échappent, l'objectif du voyage est double : trouver de nouvelles terres où planter le drapeau austro-hongrois et aller le plus loin possible vers le nord, à travers les glaces, avec l'espoir insensé d'être les premiers à atteindre le Pôle mythique.

C'est un livre absolument fascinant, qui tient haut-la-main toutes les promesses de son titre improbable. La forme, pourtant, est difficilement identifiable : le récit entremêle la fiction avec l'histoire des explorations polaires, cite de nombreux extraits des journaux tenus par les membres de l'expédition tout en ajoutant ici ou là des registres ou des documents plus techniques, ainsi que quelques splendides gravures d'époque. Un mystérieux narrateur, qui n'est autre que l'auteur à peine déguisé, parsème le tout de considérations philosophiques très personnelles où s'esquisse une réflexion sur le sens d'une telle quête d'absolu. Si les premières pages sont assez déroutantes, une extraordinaire magie opère peu à peu, très bien servie par une excellente traduction, et toutes les voix se répondent bientôt, souvent bouleversantes, pour offrir au lecteur une sorte de vision globalisante de cette histoire et des traces qui en subsistent. A la fin, il ne reste que le sifflement du vent et le désarroi d'un écrivain qui, lui non plus, n'est pas vraiment revenu de son voyage...

C'est tout simple : un de mes meilleurs livres de l'année.
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Cox ou la course du temps

Ce roman était chroniqué positivement par un magazine sur l'art. Je l'ai tout de suite commandé mais j'avoue être passé à côté du livre.



Si les réflexions sur le temps m'ont intéressées le reste du livre ne m'a pas emporté et je suis restée de marbre devant Cox et ses construction mécaniques. Le livre m'a parut comme un long moment qu'il fallait accepter qu'il s'écoule.



Quel dommage.
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Cox ou la course du temps

Dans un premier temps j ai été très attirée par la couverture et le quatrième de couverture

Le thème du temps m'a intrigué.

par rapport aux critiques je pense être passé à coté e ce livre

je l ai terminé je voulais quand même savoir la fin

Je retiens essentiellement le pouvoir de cet empereur au multiples surnoms qui reflètent sa grandeur et son pouvoir.

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Atlas d'un homme inquiet

Cet Atlas d'un homme inquiet, disons que c'est un carnet de voyage, des évocations de différents souvenirs des pérégrinations de l'auteur autrichien Christoph Ransmayr. Il s'est promené sur tous les continents, même dans les endroits les plus sauvages, les plus isolés. Je dirais même surtout ceux-là. De l'immensité de l'Arctique russe aux îles éparses du Pacifique en passant par les sommets tibétains et la jungle brésilienne. Il a vu des paysages à en couper le souffle, il a croisé des animaux majestueux, il a rencontré des gens extraordinaires. Mais il ne faut pas confondre ses écrits avec un guide touristique, loin de là. On n'y découvre pas les meilleurs endroits à visiter, bien souvent les indications sont imprécises. Plutôt, ses écrits portent à la réflexion, au respect de la nature et de l'histoire, à la place de l'Homme dans l'univers, etc. Je lisais rarement plus d'une nouvelle ou deux à la fois, afin de m'en imprégner, d'en retirer un petit quelque chose, ne serait-ce qu'une vision du monde. Ainsi, ses voyages m'ont paru merveilleux et ils m'ont donné l'envie de suivre son exemple, de me lancer à l'aventure. Les chances que cela arrive réellement son minces mais c'est beau d'y rêver…



Dans ce cas, pourquoi se considère-t-il comme «un homme inquiet» ? Eh bien, être ainsi aux premières loges permet de constater d'abord les dégâts causés par l'Homme. Ransmayr a vu des hommes trouver plaisir à écraser un anaconda, à déboiser des forêts, à se faire la guerre. Mais, même au milieu du chaos et des conflits, on peut trouver un moment de répit, comme quand il se laisse voguer sur une rivière de l'Asie du Sud-Est. Et toutes les folies des hommes, parfois, ne servent que la nature à long terme car elle sait reprendre ses droits. Comme dans cette nouvelle où un des amis de l'auteur, vivant au Brésil, qui doit repousser continuellement l'avancée de la forêt brésilienne sur son pâturage. Je mise sur la nature.



Mais les déboires des hommes l'ont aussi touché. Par exemple, cette nouvelle où Ransmayr s'arrête dans une taverne dans le sud de la Grèce. Il s'y était arrêté souvent ces deux derniers mois, la vue panoramique sur la mer et les environs était époustouflante. Mais cette nuit-là, un tremblement de terre avait secoué la région et toutes les lumières des villages avoisinants de sont éteintes, comme s'ils avaient disparus, comme s'ils avaient été engloutis… Il ne restait plus que le reflet des étoiles dans la mer. Il y en a d'autres, comme cela.



Pendant ma lecture, régulièrement, j'avais le souffle coupé par la beauté des paysages décrits. Mais Ransmayr ne le fait pas à grands coups de descriptions, non ! Il sait mettre le doigt sur ce qui est vraiment important. Ainsi, j'arrivais sans peine à tout visualiser, et cela parfois à l'aide de seulement quelques mots et quelques impressions, souvent un détail qui, à lui seul, embrassait l'essentiel. Peut-être aussi la brièvement de chacune des nouvelles y aide, la plupart s'étirant sur cinq à dix pages. le lecteur n'a pas le temps de s'ennuyer, déjà on l'amène ailleurs, en de nouveaux lieux enchanteurs à découvrir. Et sur lesquels réfléchir. Décidément, cet Atlas d'un homme inquiet est un véritable voyage poétique, initiatique, et j'en recommande vivement la lecture.
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Cox ou la course du temps

Voilà un roman très particulier de par son intrigue et fort bien réussi ! Cet auteur autrichien nous conte l'histoire d"horlogers anglais attirés à la cour d'un Empereur de Chine au XVIIIème siècle, pour concevoir des horloges qui défient l'imagination humaine.

C'est extrêmement bien écrit et bien traduit, c'est donc un véritable plaisir de lecture. L'étiquette de la cour de cet empereur omnipotent qui peut décider de la vie ou de la mort de chacun de ses sujets est fort bien décrite.

Finalement, c'est aussi une réflexion assez profonde sur le temps qui passe, sur les instants fugitifs trop vite envolés, sur la course contre la mort et la recherche du mouvement perpétuel ou de la vie éternelle...

De beaux sujets de réflexion qui nous interpellent tous : de l'Empereur de Chine à l'horloger anglais en passant par le lecteur contemporain.
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Cox ou la course du temps

Le plus célèbre constructeur d'horloges et d'automates du monde occidental , Alistair Cox, en provenance de Londres, maître de neuf - cents micro- mécaniciens, bijoutiers, joailliers, orfèvres et ciseleurs, sous le coup d'un deuil douloureux : --------il a perdu sa petite- fìlle Abigaïl, morte de la coqueluche,nous sommes au XVIII° siècle --------, sa femme, la toute jeune Faye est devenue muette-------- aborde la Terre Chinoise par une agréable journée d'automne, sur l'eau lisse du Qiantang.

Il a effectué la moitiè du tour de la TERRE à la voile, navigué à contre - courant jusqu'à Beijing pour répondre à la commande, aprés maints hésitations : d'une série d'Horloges, de l'Empereur Qianlong: "l'Auguste"qui n'aimait que le jaune .

Il se faisait appeler "Seigneur des Dix Mille Ans" , "Le Seigneur des Horizons", "Très Haut ", "Auguste "( 1711_ 1799) ........

Qianlong 4eme Empereur de la dynastie Qing : ses désirs et ses pensées ètaient indéchiffrables , inaccessibles , même à ses intimes, ses conseillers, il eut 3000 concubines et 41 épouses .

Sa puissance était telle qu'il pouvait décider de la vie et de la mort sans qu'aucune objection jamais ne le retienne .

Il énucléait , condamnait chacun d'un simple signe.......le parfait , omnipotent despote.

Il pouvait tuer ou faire tuer Cox et ses compagnons Jacob MERLIN, inventeur de mouvements d'horlogerie incroyables, Aram Lockwood,orfèvre, père de deux fils, Badler Bradshaw , père de trois filles , mécanicien .

Dans cette Chine du XVIII° siècle, notre despote Qialong régne sur une cour résignée à ses frasques et à sa démesure.

Son dernier caprice et commande à Cox est une série d'horloges conçues pour mesurer les variations de la course du temps: le temps fuyant, rampant ou suspendu d'une vie humaine, selon qu'il est ressenti par un enfant , un condamné à mort ou des amants ........

Venu de la lointaine Londres, Cox saura t- il exaucer les désirs de Qialong et freiner la course des heures ?

Cox , le plus célèbre des horlogers occidentaux de l'époque et ses compagnons de travail limaient , découpaient , polissaient sans désemparer pour construire " un bateau d'argent " ou l'horloge à braise " , "l'Horloge Intemporelle ", la quintessence du temps , dans le Pavillon aux Quatre Passerelles.

Ils pouvaient utiliser , sans mesure , au coeur de la cité interdite, sous les ordres du traducteur Joseph Kiang , diamants , or blanc , acajou, platine en barres, argent , plomb, saphir , grenats et rubis ;ils circulaient en palanquins ou chaises à porteurs ou à pied , parfois dans la neige Cette cité interdite ressemblait à une ruche ....je n'en dirai pas plus .......

En grand voyageur ou "voyeur" éclairé et cultivé l'auteur autrichien , comme sur une toile de maître délicieusement ouvragée , très travaillée , nous entraîne loin de l'Europe et loin dans le temps . Il explore --------Cela dépend de nous -------"les instants de notre vie reliés les uns aux autres comme les maillons d'une même chaîne ".........

Ce roman historique est somptueux , à l'aide d'une langue incroyablement élégante , enchanteresse et imagée,un conte philosophique pertinent, une méditation érudite sur la fugacité du temps et sa fragilité : " Qu'il rampe , s'arrête , s'envole où nous subjugue par l'une ou l'autre de ses innombrables variations de vitesse ........"

Un ouvrage singulier et virtuose sur l'instantanéité et l'illusion d'en triompher par l'art et la création !

Emprunté à la médiathéque grâce à l'élégance de la 1ère de couverture

" Nul autre que le SEIGNEUR DU TEMPS. , ètait- il écrit dans le mode d'emploi scellé , n'était qualifié pour mettre en mouvement le présent mécanisme. Car la vie dont cette machine devait battre la mesure jusqu'à l'extinction des étoiles n'était pas la vie d'un mortel mais celle d'un dieu".
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