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Citations de Colette Nys-Mazure (204)


Faut-il vraiment tout « comprendre » rationnellement pour prendre avec soi et faire siens les mots de la tribu, les mots de notre langue maternelle ?
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J’AI PASSIONNÉMENT REQUIS UN REFUGE, un antre, un abri où façonner ces poèmes, les lier, les relier. Je voulais me dérober aux rais de l’immédiat, m’éclipser, ignorer le chantier voisin, l’irruption du téléphone, les visites impromptues.
J’éloignerais les messages électroniques, tiendrais à distance les sollicitations provocantes. Je romprais avec l’horaire strict des heures vouées aux repas, au sommeil.

Une ère, une aire à moi, arrachées à la glu domestique, aux exigences importunes.
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Je lui ai dit que mes parents étaient vraiment morts,
même s'ils avaient l'air de dormir.
Et que mon frère et ma soeur étaient toujours dans mon coeur,
même si je ne vivais pas tous les jours avec eux.
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En retrouvant les innombrables lettres, livres et manuscrits, issus de tous les coins de francophonie et de correspondants entre quinze et quatre-vingt-quinze ans, envoyés à "La Croix" dans le sillage d'"Un été en poésie" que j'avais assuré en 2010, je mesure combien de personnes s'intéressent à la poésie et s'y essaient avec plus ou moins de bonheur. Je garde ce témoignage d'un vieux missionnaire en Côte d'Ivoire : "La poésie m'a accompagné toute ma vie, en forêt comme en savane où pourtant il n'y avait ni librairie ni bureau de poste pour renouveler mes livres. J'ai toujours gardé une heure, chaque jour, pour la lecture."
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Une pensée
est sur la mienne

comme le ciel sur un lac

ma pensée
est dans une autre
comme un lac

dans la main des montagnes.

(Werner Lambersy)
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Dans ta voix
des milliers de nuances
et la mémoire
colore les pavés gris

Une ville inconnue
et son dédale de regards.

Qui parle à présent?

Je suis le touriste
à la recherche d’ailleurs.
J’essaie tous les chemins,
je déchiffre les cartes.
Il ne sert à rien
de fuir le bonheur.

Dans un éclat de rire
le soleil m’éclabousse :
Je sais que tu penses à moi.

Jacques Mercier
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Entre visible
et invisible,
une seule syllabe à franchir,
nul espace à désherber,
pas de distance à distancer

Suffit l’autre regard,
toute prescience allumée.
exigence exaucée

Marie-José Viseur
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Octobre

Les nuages sont des quenouilles,
Les doigts du vent, légers et vifs,
Y filent la pluie où se mouillent
Nos chênes, nos hêtres, nos ifs.

La pluie est une grande trame
Se tendant du ciel jusqu’au sol,
En navettes, couleur de flamme,
Les feuilles y lancent leur vol.

Ainsi, le voile de l’automne,
Se tisse autour de la maison,
Étouffant entre ses plis jaunes
Le souvenir des floraisons.

Et tandis que l’heure s’écoule,
Fil à fil, moment par moment,
Sur le métier du temps s’enroulent
Nos jours d’octobre doucement.

(Marie Gevers)
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Arrière-été

Que je voudrais, ton bras appuyé sur le mien,
M’en aller lentement par un parc ancien!
Tu sourirais avec une exquise indolence;
Tes mots dits à mi-voix auraient, dans le silence,
La grave inflexion de ceux-là que jadis
Une âme virginale et tremblante m’a dits…
Nous irions pas à pas, savourant l’heure brève;
Après tant d’amoureux nous ferions le beau rêve
Dont les hommes toujours ont bercé leur ennui…
La nuit d’été viendrait, la tiède et calme nuit;
Et nos cœurs sentiraient devant son grand mystère,
À quel point, quand on aime. il est doux de se taire.

(Fernand Severin)
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Ma sœur aînée, Mélancolie,
Pourquoi m’avez-vous tant aimé?
Somme faite de votre vie,
J’ai songé trop, et vous pleuré.

Et pourtant nos âmes amies
Sous le ciel n’avaient souhaité,
Qu’en nos jours un peu d’harmonie,
Mélancolie, ma sœur aînée.

Or trop loin les terres promises,
Ma sœur d’hiver, ma sœur d’été,
Et les sachant parties remises
Qui les comptiez nos jours allés.

Elle est souvent tombée la pluie
Quand nous écoutions les roseaux,
Chanter dans l’air ainsi qu’on prie,
Ma sœur si douce au bord de l’eau.

Ma sœur alors des jours d’automne,
Les yeux levés vers le ciel gris,
Qui attendiez, comme une aumône,
Des soleils morts le baiser luit,

Ma sœur, et qui m’aviez suivi,
Pourquoi m’aviez-vous tant aimé?
Sur le chemin où j’ai marché
Et pour n’y trouver que la nuit?

(Max Elskamp)
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Dans cet itinéraire, ce qui l'emporte, c'est l'expérience faite dès l'origine de la mort et de la résurrection, ce que je vivrai et mettrai en mots, ceux de la foi et de l'espérance, ceux de la résilience, ceux de la pédagogie.
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"Enterre" comme taire, terre, erre. Les vocables tracent leur chemin aveugle. On sera voué aux mots, on connaîtra leurs visages changeants, leur charge imprévisible. On découvre qu'ils donnent prise sur ce qui se dérobe, accable, terrifie ; qu'ils circulent entre les personnes désemparées, les relient.
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Tenter, par delà les zones désertiques, de toucher la Terre promise, de faire sienne la conviction de Maître Eckhart, le mystique flamand : "C'est chaque jour le jour de la plus grande fête, le jour de la fête de l'existence de Dieu."
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Je mets la dernière main à ce texte dans le TGV du soir. J'aime le train, le travail dans cette immobilité mouvante, le recueillement au milieu des autres. La journée a été solaire ; aux fenêtres filent les champs clairs qui ont engrangé la lumière, comme les pierres exposées au soleil gardent la chaleur ; ils rayonneront longtemps encore, alors même que monteront les ombres. De la même façon, le soleil de l'enfance, fût-il noir, n'en finit pas d'éclairer nos existences, de porter sur elles sa secrète splendeur. Demain, il renaîtra, neuf.
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Le détachement est malaisé pour l'enfant comme pour les parents : l'arrachement se fait de part et d'autre. Impressionnés par la force, l'élan de leur jeunesse, nous négligeons leur fragilité tout aussi réelle. De même que le mourant attend souvent la permission implicite de s'en aller - après une naissance, un diplôme, un évènement -, un être jeune espère la parole libératrice Pars d'ici, tu n'as plus besoin de moi, même si tu peux toujours compter sur moi.
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Ce diptyque mère-fille, chacune emportée dans son univers propre - train ou intrigue - nous interroge. Le voyage les arrache à elles-mêmes.
[Extrait du texte en parallèle de "Le Chemin de fer, gare Saint-Lazare" (1873) d'Edouard Manet]
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À tout âge se conjuguent étroitement jubilation et détresse, grâce d'exister et de rencontrer. Par définition, la grâce est de l'ordre du gratuit, du donné en plénitude : elle me semble essentielle pour habiter ce monde tel quil est et tel que nous le rêvons, l'espérons, œuvrons à le construire, l'écrire. Grâce de la renaissance obstinée, de la reconnaissance. Devenir un être de bénédiction, comme m'y incitait ma mère spirituelle. Aujourd'hui, je commence.
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lors d'une sieste dans la pâture que personne ne fauche, l'enfant écoute battre son cœur. Je suis vivant ! Comme cette terre, comme le nuage, comme...
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Le corps de cette amoureuse, cette mère, cette peintre, Stanislas Fumet, un ami des Hébuterne, l'a décrit : "Deux yeux d'un bleu de myosotis très clair, admirablement disposés sous les sourcils, paraissaient presque blancs. Le nez, long comme dans les figures byzantines, s'apparentait, dans l'infini d'une origine, au bec de cygne, mais proportionné au pur ovale d'un visage de vierge primitive (...) Les bras étaient grêles, les mains minuscules, les attaches fines ; l'ensemble, d'une beauté paradoxale, avait l'équilibre et la grâce d'une amphore."
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Tout près de nous, François Cheng, poète et calligraphe, ce sage né en Chine et fixé en France, définit l’âme comme « le désir d’être que nous avons depuis l’enfance ». Il se peut que notre aspiration essentielle se nourrisse de contes, fables et métaphores tout au long de la vie et pas seulement de nos premières années.

p. 156
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