Citations de Colette Nys-Mazure (204)
Il est des lieux où puiser force et vigueur : sur la colline de Taizé, à l'abbaye de Sylvanès, en Terre Sainte. Dans le licence, la prière, le partage primordial, l'espérance refleurit. S'éloigner, respirer, là où enfin nous avons saisi l'essentiel à ne plus jamais perdre de vue. Et cependant il faut lever le camp, repartir vers les jours sans lumière. Emporter un peu d'huile pour la lampe afin que résiste la mince flamme ; qu'elle illumine la maison de nos âmes et réchauffe ceux que sa danse de joie aimantera au détour de l'ombre.
L’artiste est poreux, il ressent les détresses même minuscules, et son intuition lui permet de deviner ce qui ne se dit pas ouvertement, et, lorsque aucun de ces talents ne suffit, il recourt à l’imagination, il invente.
Image vitale qui arrache à la torpeur, entraîne et ressuscite. Flamme sacrée. La musique porte le texte dans son mouvement de crescendo. Poésie et musique, indissociables comme au temps des troubadours.
Alanguie
C’est une femme lente, indolente sous le ciel, le bleu, l’ardeur du bleu. Un fruit de saveur ; pulpe soleilleuse. Une bouche mûre, cheveux d’herbe à faucher. Bras et jambes dans un feu de joie hâlée, fusante. Une femme abeille, de sucs alourdie. À lézarder sans fin dans le jour délirant. Une chair à étreindre. Languide, elle se dérobe.
Alanguie
C’est une femme lente, indolente sous le ciel, le bleu, l’ardeur du bleu. Un fruit de saveur ; pulpe soleilleuse. Une bouche mûre, cheveux d’herbe à faucher. Bras et jambes dans un feu de joie hâlée, fusante. Une femme abeille, de sucs alourdie. À lézarder sans fin dans le jour délirant. Une chair à étreindre. Languide, elle se dérobe.
Mots dits à soi, à l'autre, mots écrits.Ils viennent, furtifs, par à-coups,s'évadent et reparaissent, ombrageux.Les accueillerez-vous ? Lire, élargir, apprendre, écrire, partager.Dans les ateliers de lecture et d'écriture s'éveillent tant de flammes individuelles ! Brasier, perpétuellement alimenté.
Je vous écris de la patrie des textes.
Je vous écris en transit.
Je vous écris entre deux temps quotidiens.D'une gare, de ce lieu fugace, effervescent et bruyant.Les vies s'y jouent, s'y croisent et s'y échangent dans un fracas étourdissant.
J'aime la nouvelle(...), son incision dans le tissu du temps, sa force sans débordement, sa tenue inoubliable.J'aime dire à demi-mots, suggérer plutôt que décrire ou expliquer.Je souhaite que le lecteur perçoive derrière le premier plan visible d'autres plans esquissés.Dans les blancs vibre la vie secrète.
Donne-nous la paix Seigneur
Entre nous
Au coeur de nus
Aide-nous à devenir
Ouvriers de paix
Les musées, comme les bibliothèques ou les cafés, offrent aussi un remède à la solitude.
Ciels d’Ostende
Être seul sur le brise-lame
alors qu’au loin, le ciel s’affaisse,
se donne des airs d falaise où se décalquent des bateaux.
Être seul sur le brise-lame
quand le lointain change de robe,
quand les nuages se dérobent et la nuit sangle le rideau.
Être seul sur le brise-lame
où le soleil jamais ne sombre :
il est la lumière de l’ombre et le linceul du jour sur l’eau.
(Pierre Coran)
-Qui entendrait ?-
De toute manière, le soir, il faut réintégrer sa maison vide. Il lui arrive de plus en plus souvent de laisser une lampe allumée: quelqu'un guetterait son retour. (p.88)
-alors je prends un livre: j'en ai plusieurs, là, sur la table de chevet et, selon la nuit, je lis celui qui m'emmène au désert ou en Italie, chez un vieil homme à Paris ou dans la Bible; alors je vois avec d'autres yeux; je me calme. (p.109 / De quoi as-tu peur ?)
Elle n'écoute pas vraiment ce que je raconte et cela ne me déplaît pas car j'aime sa liberté, cette distance que je n'ai pas. Je n'arrête pas de faire attention à l'autre, de me faire du souci pour lui. je me répète en vain la boutade Lacan: "Si tu te mets à la place de l'autre, lui, où se met-il ?" (p.102)
Quel que soit l'âge, ce qui parle d'abord, c'est le temps accordé, la priorité reconnue. Qu'aimez-vous faire ensemble ? Faites-le vite avant que la situation ne se détériore. Nous ne disons pas suffisamment à nos proches combien nous tenons à eux, combien nous les apprécions. (...) A quoi bon faire des enfants si on ne leur montre pas la joie qu'ils nous donnent envers et contre tout ?
Dieu, ces femmes ! Comment ne pas être séduit, confondu ? La coulée blanche de la nuque entre l’encolure lâche et la chevelure souplement relevée ; le mince serpent du collier en or ; le profil captif. Ce qu’elles veulent bien nous dévoiler : la grâce de l’avant-bras, de la main. Des robes les vêtent d’un nuage. Dans la pièce sombre – son camaïeu de bruns et de verts – une floraison fragile à son degré de perfection. La lumière se concentre sur la peau de la nuque et du dos dans l’abandon diagonal du corps vers l’arrière. L’attention de la belle lectrice est pour l’album de mode. Tu peux peindre, je me dérobe, je fuis, légère : dentelle transparente de la manche.
[En parallèle du tableau Portrait d’Helen Gow d’Alexander Mann]
Je vous écris de la maison retrouvée, des aménagements nécessaires pour la dépendance. Je vous écris de l'épuisement qui repousse le courrier, le courriel, la liste des appels téléphoniques en souffrance ; lorsque chaque mouvement pèse son poids d'élancements. Je vous écris d'une joie lacérée d'inquiétudes.
Quelle lumière nous hèle dans la ténèbre
Aussitôt nous voici
avec notre quête haletante
nos essoufflements chroniques
nos sueurs
et notre espoir de rien
Un rien tout de même
une espérance espiègle
légère comme plume de chérubin
Les bras d'un Enfant s'offriraient
à l'horizon de notre course
Quel chant ressuscite notre élan
Avancer en vie t'intéresse.
Requiert ta vigilance.
Tu traques le neuf, l'inouï.
Tu souhaites rester coriace,
D'un bout à l'autre.
Tu crois en avoir fini.
Tu te penses arrivée.
Alors tu inaugures,
A chaque aube,
Un chemin inédit.