Citations de Colm Toibin (210)
"C'est ça., c'est ça, L'ignorance est le gage du bonheur.........
-- --Je suis sûre qu'ils sont très gentils.-
---Oh, oui, extrêmement gentils et subtils comme des planches".........
Il n'était pas habitué à ce qu'une femme exprime un avis divergeant du sien . S'il continuait de venir chez elle , sourit-elle intérieurement , il allait peut-être devoir apprendre à le supporter .
Heinrich et Mimi vinrent dîner, et Thomas sut d’emblée que Heinrich qualifierait Hitler de menace sérieuse. Des photos où on le voyait en train de haranguer une foule commençaient à paraître régulièrement dans de nombreux journaux.
« Le visage de cet homme a quelque chose d’offensant, dit Thomas.
— Sa personne tout entière, répliqua Mimi.
— L’argent a perdu toute valeur, dit Heinrich. Et ça, pour la plupart des gens, c’est inimaginable. N’importe quel individu capable de vociférer assez fort et de désigner un bouc émissaire sera écouté.
Les discours de Thomas à destination de l'Allemagne étaient produits et retransmis par la BBC. Au début, on lui demandait de rédiger simplement son discours qui était ensuite enregistré à Londres par un présentateur germanophone mais à présent, on l'enregistrait en train de prononcer son discours, lui -même, à Los Angeles, après quoi l'enregistrement était envoyé à New York puis transmis par téléphone et enregistré de nouveau à Londres où on le diffusait ensuite au micro.
" ON dirait de la magie, dit-il jà Katia. Mais ce n'en est pas. C'est le résultat de ces merveilleux mots anglais - organization, détermination."
"Un écrivain allemand vous parle, un écrivain dont l'œuvre et la personne ont été mises au ban par vos chefs. C'est pourquoi je suis heureux de saisir l'occasion que m'offre le service de radiodiffusion britannique de vous faire part, de temps à autre, de tout ce que je vois ici, en Amérique, ce grand pays livre où j'ai trouvé refuge".
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" C'est dans l'ordre des choses, disait-il. L'Allemagne n'est pas, par nature, hors du commun. Si elle est à présent encerclée d'ennemis, c'est uniquement de son propre fait. Et ses actes barbares contre la population juive l'ont placée au-delà de toute rédemption. Pour être sauvée, elle va devoir être vaincue."
Si l'occasion lui était offerte de dire un dernier mot sur l'esprit humain, il aimerait le faire sur un mode comique; il mettrait en fiction l'idée que les humains n'étaient pas fiables, qu'ils transformaient leur propre histoire au gré des circonstances, que leur vie était un effort continu, éreintant et amusant pour avoir l'air crédible. Tel était, lui semblait-il, le pur génie de l'humanité, et tout son drame.
- On ne sait jamais quel tour la vie va prendre . Parfois , on dirait qu'elle ne rime à rien du tout .
Au fil de la semaine , les clientes de couleur se firent de plus en plus nombreuses, et Eilis notait chaque fois le changement d'atmosphère qui s'opérait dans le magasin à leur entrée . Il s'instaurait soudain un silence , une tension - plus personne ne bougeait , semblait-il , tant que ces femmes étaient en mouvement , de peur de se retrouver face à elles ; les autres vendeuses s'affairaient , yeux baissés, ou regardaient furtivement vers le comptoir où étaient empilés les bas Red Fox avant de baisser à nouveau la tête .
Au fil de la semaine, les clientes de couleur, se firent de plus en plus nombreuses, et Eilis notait chaque fois le changement d'atmosphère qui s'opérait dans le magasin à leur entrée. Il s'instaurait soudain un silence, une tension - plus personne ne bougeait, semblait-il, tant que ces femmes étaient en mouvement, de peur de se retrouver face à elles...
... Il n'arrivait jamais qu'une femme de couleur entre seule dans le magasin. La plupart d'entre elles ne croisaient pas le regard d'Eilis et ne lui adressaient pas directement la parole.
Quand, exceptionnellement, elles s'adressaient à elle, c'étaient avec un ton de politesse si excessive qu'Eilis perdait contenance et devenait maladroite.
Au moment de quitter ses fils, Thomas sut qu’en se retournant, il les verrait tous les deux le suivre d’un regard froid. Il eut envie de répéter à Golo, qui avait maintenant trente-deux ans, cette remarque d’Elisabeth : passé trente ans, on n’avait plus le droit de blâmer ses parents pour quoi que ce soit.
L'Irlande est trop petite pour supporter les divisions .
L’assurance des jumeaux Mann et leur côté blanc-bec faisaient l’objet de plaisanteries sans fin. Dans une bande dessinée, on voyait un jeune Klaus dire à son père : « Papa, on me dit que le fils d’un génie ne peut pas être un génie. Tu n’es donc pas un génie ! » Et Bertolt Brecht, qui n’appréciait guère Thomas, écrivit : « Le monde entier connaît Klaus Mann, le fils de Thomas Mann. Au fait, qui est Thomas Mann ?
— Les meilleures armes contre le fascisme, ce sont les armes. Les vraies. »
( Érika Mann)
Munich 1949
En entrant dans la salle du banquet ce soir là, il murmura à Georges (Motschan) ; "Nous allons être obligés de serrer des mains épaisses qui étaient poisseuses de sang voilà peu."
A Francfort, l'ambiance joviale et détendue l'avait choqué, sans plus. Ici, parce que c'était sa propre ville, il es fût profondément ébranlé. Dans ses rêves, il avait imaginé rencontrer une Allemagne où un diner tel que celui-ci, rassemblerait une génération nouvelle, inquiète et entièrement dévouée à la tâche de reconstruire la démocratie. Mais les gens présents dans cette salle étaient tous entre deux âges et trop bien nourris, en plus d'être parfaitement décontractés. Plus la consommation de vin et de bière s'intensifiait, plus les voix devenaient fortes et les rires excités. On servit un potage, suivi par un poisson ; il y eut plusieurs plats de viande dont du porc et du rôti de bœuf, il observa tous ces personnages qui détenaient, à présent, le pouvoir à Munich se servir copieusement de chaque plat.
Klaus [Mann] réussit à apprendre ce qui était arrivé à ses amis. Beaucoup avaient été torturés, certains assassinés. Il en vit d’autres, qui avaient collaboré avec le régime, accéder peu à peu à des postes d’influence. Les Allemands, écrivit-il à ses parents, ne comprenaient pas que leur calamité présente était la conséquence directe et inévitable de ce qu’ils avaient, collectivement, infligé au monde.
Elle avait cru qu'elle garderait toute sa vie, les mêmes amis, les mêmes voisins, les mêmes habitudes, les mêmes itinéraires.
Il leur fit répéter les premières mesures, encore et encore. D’un mouvement infime de sa baguette, il marquait l’instant précis de l’entrée de l’orchestre. Il voulait un son parfaitement unifié, net et tranchant.
C’était, songea Thomas, comme commencer un chapitre – supprimer des mots ou des phrases, recommencer à zéro, ajouter par-ci, retrancher par-là ; perfectionner l’ensemble peu à peu jusqu’au moment où, de jour ou de nuit, qu’il soit fatigué ou plein d’énergie, il n’y ait rien de plus qu’il puisse faire.
Elle laissait filer ces images le plus vite possible, en s'arrêtant dès que celles-ci effleuraient la vraie peur, le véritable effroi ou, pire encore, la notion qu'elle s'apprêtait à perdre ce monde à jamais, qu'elle ne vivrait plus jamais une journée ordinaire dans ce lieu ordinaire, que le reste de sa vie serait désormais une lutte contre l'inconnu.
Elle savait que Rose s'efforçait de lui trouver un emploi et, maintenant qu'elle étudiait la comptabilité, c'était Rose qui lui payait ses livres de classe. Mais elle savait également qu'il n'y avait pas, du moins pour le moment, du travail à Enniscorthy pour quiconque, quels que soient ses diplômes.
Il avait affirmé que le pouvoir de l'Eglise avait la préséance sur tous les autres , y compris la loi, la politique et les droits de l'homme . Pour les fidèles, avait-il dit , l'Eglise devait primer sur tout , non seulement en matière de religion mais pour tous les sujets quels qu'ils soient . Cela ne signifiait pas qu'elle était l'unique source de pouvoir ou que la loi ne devait pas être respectée , mais elle était le pouvoir premier .
- Si vous restez en Californie, ils vous haïront. Mais si vous revenez, ils vous haïront d'avoir passé tant de temps en Californie. Si vous ne rendez visite qu'aux villes de l'Ouest, ils vous traiteront de suppôt des Américains. Si vous allez à l'Est, ils vous traiteront de sympathisant communiste. Et tout le monde voudra vous faire visiter un lieu de pèlerinage, une prison, le site d'une atrocité quelconque. Personne ne sera content, sauf vous, et vous serez content pour la seule raison que vous pourrez bientôt retourner en Californie. La guerre est finie, mais elle projette une ombre demesurée, il y a beaucoup de ressentiment, et, le temps de votre séjour, ce ressentiment sera dirigé contre vous.