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Critiques de Colm Toibin (328)
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Brooklyn

Colm Tóibín avait su nous envouter l'année dernière sur le blog avec le titre Le Testament de Marie, je suis heureuse de retrouver cet auteur incroyable avec un petit bijou de la littérature irlandaise qui a été récemment adapté au cinéma avec la jeune et prodigieusement douée Saoirse Ronan !



Brooklyn est une magnifique histoire sur l'identité et l'amour. J'ai été très émue par Eilis : un être tiraillé entre d'un côté son pays, sa famille et de l'autre une nouvelle vie, un nouveau monde. Si ce personnage a d'énormes difficultés a oublié tout ce qu'elle a laissé derrière elle, c'est lorsqu'elle arrive enfin à s'intégrer qu'elle doit repartir en Irlande. C'est un dilemme constant : ce livre repose sur un choix primordial, essentiel, vital.



Chaque lecteur penchera plus pour un camp, un homme plutôt que l'autre. Je ne vous gâcherai pas la surprise bien entendu... J'ai vraiment beaucoup aimé les personnages secondaires qui gravitaient autour de ce protagoniste central et tout particulièrement Tony ce jeune italien qui va permettre à notre héroïne de retrouver le sourire ! Il est terriblement touchant : amoureux, sincère... Un homme très attachant !



L'écriture de Tóibín est toujours aussi juste, belle : on rentre vraiment dans l'intimité de cette jeune femme et la traduction d'Anna Gibson rend parfaitement hommage à la douceur du style de cet auteur ! Je n'ai pu que tomber amoureuse de ce livre ! En effet même si le début met un peu de temps à démarrer et que la fin peut nous laisser sur notre faim, on reste accroché jusqu'au bout ! N'hésitez pas à aller voir le film ou à le prendre en DVD quand il sortira car le roman et son adaptation se complètent parfaitement ! De plus, la prestation de Saoirse Ronan est vraiment superbe !



En définitive, un livre très émouvant qui saura faire battre votre cœur au rythme de ceux de ses protagonistes !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Le Testament de Marie

Voilà un livre qui ne me tentait pas forcément en cette rentrée littéraire, mais finalement j'ai vite changé d'avis. Le Testament de Marie c'est le récit d'une mère qui nous raconte la crucifixion de son fils après quelques années écoulées. L'auteur donne ici la parole à Marie qui dans un long monologue nous raconte comment elle a vécu la perte de son fils. On se doute évidemment qu'il s'agit de Jéus bien que Marie ne prononce jamais dans ce monologue le prénom de son fils On le devine tout simplement grâce aux éléments qui nous mettent de suite sur la piste.

Marie est un personnage touchant, une vieille veuve. Elle se souvient de son fils tant aimé, et dont pourtant elle n'a pas compris tous les agissements. On partage sa douleur face à la perte de ce fils et à la dureté des événements.

La plume de Colm Toibin donne une forte intensité aux propos de cette mère qui pleure la perte de son fils. On sait tous ô combien la perte d'un enfant est difficile, et l'auteur nous retranscrit ce sentiment à la perfection. C'est un livre qui n'est pas forcément facile et qui a réussi à m'intéresser bien que le thème au départ ne m'enchantais pas tellement.

C'est un livre que je recommande y compris pour des personnes qui comme moi ne seraient pas attirées par des romans sur la religion.
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Le Testament de Marie

Ils sont deux à la surveiller, à l’interroger pour lui faire dire ce qu’elle n’a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnait pas, et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu’elle refuse. Seule, elle tente de s’opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger.



Mon avis :



Ce récit est avant tout celui d’une mère. Une mère qui a mis au monde un enfant, l’a chéri, soigné, aimé et ne le reconnait pas dans ce meneur d’hommes - ces égarés comme elle les appelle - qu’il est devenu ; adulé par certains, craint par d’autres. Elle ne voit en lui que son enfant, doux, peureux, respectueux et ne comprend pas le rôle qu’on lui attribue, qu’on veut lui faire jouer.



Quand le récit commence - un long monologue où elle confie ses sentiments, ses impressions –Marie a la visite de deux hommes qu’elle appellera « mes visiteurs ». On comprend que son fils est mort quelques mois auparavant. Que veulent ces deux hommes qui tentent de lui arracher ses souvenirs, le moindre mot, le moindre détail qu’elle aurait retenu ? En colère, Marie refuse de se plier à ce qu’ils semblent attendre. Elle racontera les choses dans toute leur atrocité. Voir mourir son enfant est une douleur indicible pour une mère. Elle n’a rien d’autre à dire que les faits bruts. Et dans un long cri d’amour elle nous parle de maternité, de famille, d’exil, d’Eglise et du supplice de son fils, son petit.



Après, entre autres, Dan Brown, Sarramago, Schmitt, Mélanie Chappuis... Colm Toibin prête une voix à Marie, mère du Christ, elle qui n’intervient qu’une fois dans les Evangiles, lors des Noces de Cana. Il tente de percer le silence d’une mère, d’approcher son humanité derrière la figure sacrée. Loin de l’image de la Mater dolorosa, des pietà, l’auteur nous montre une mère brisée par un fils qu’elle n’a pas compris, qui a laissé se bâtir une légende autour de lui et a pris des risques au nom d’une ère nouvelle dont elle ne voit pas la nécessité. Un fils qu’elle ne nomme plus d’ailleurs.



Sans doute ce roman choquera-t-il certains mais personnellement, je l’ai trouvé criant de vérité en ce qui concerne les sentiments d’une mère, une femme simple, qui voit son fils prendre des risques qui lui semblent insensés. Déchirée par une foule de sentiments, broyée par un destin qui la dépasse, cette Marie de chair et de sang m’a beaucoup touchée.



Je vous conseille vivement de découvrir ce livre et de vous faire votre propre avis.

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Brooklyn

L'Irlande est une terre de migrants. C'est le destin de l'une d'entre eux que l'on va suivre dans ce roman, entre Irlande et New York. Eillis, fille timide et dévouée à sa famille fait ses bagages, pour fuir le chômage, et s'en va gagner sa vie et découvrir un autre monde, au moment de la conquête des droits civiques par la communauté noire. Avec le travail, elle acquiert une réelle autonomie. De retour chez les siens, elle se rend compte de l'univers étouffant de principes et de conventions qu'elle ne comprend plus et qui fait le quotidien de ses proches. Un roman subtil sur les effets douloureux du déracinement, qui place notre héroïne dans un étrange entre deux, deux loyautés, et même deux amours, un sur chaque continent.
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Brooklyn

Un immense coup de coeur pour ce roman. Je découvre la prose enchanteresse de Colm Toibin, écrivain irlandais vivant entre Irlande et Etats-Unis. Autant dire que le déracinement est sans doute un sentiment qui l'a touché à un moment ou à un autre. J'ai été sidérée par la finesse psychologique dont il fait preuve, jusqu'à me demander comment c'était possible. Le lecteur vit vraiment ce que vit l'héroïne, la douce Eilis. Une héroïne au premier abord fragile, mais en fait dotée d'une force de caractère hors norme qui lui permet de survivre et surtout de faire des choix, et avant tout les siens.



Colm Toibin peint à merveille le tableau de l'Irlande des années 1950, celle d'une période pauvre où beaucoup sont obligés de s'exiler pour survivre - encore faut-il avoir l'argent pour partir. Il décrit un pays où l'on ne peut rien faire sans se sentir surveillé, jugé en permanence et surtout où la famille prend souvent des décisions à votre place. C'est le cas pour Eilis qui s'exile à contrecoeur par l'entremise d'un prêtre irlandais vivant aux Etats-Unis et qui s'est entetenu avec sa mère (ah ! la supprématie de l'Eglise à cette époque et son insupportable mainmise sur les destinées individuelles !). Le prétexte de cet exil c'est qu'elle n'a qu'un petit boulot chez l'épicière d'Enniscorthy, l'horrible Mademoiselle Kelly, qu'on a envie de claquer à longueur de pages. Donc quand Eilis accepte de partir, on la comprend fort bien, même si c'est davantage pour faire plaisir à sa mère que pour elle-même. Mais partir est aussi une chance, comme le fait comprendre Rose, 30 ans, la soeur aînée, qui, en laissant partir sa cadette, se "sacrifie" donc pour rester auprès de leur mère, veuve.



On subit avec l'héroïne la difficulté de la traversée de l'Atlantique en bateau :si vous n'avez jamais eu le mal de mer, là vous saurez !! Et l'on découvre l'invention de la "colocation" avant l'heure (si l'on peut dire) entre Irlandais de Brooklyn. Pas toujours facile de s'y faire une place. Heureusement que de beaux Italiens traînent dans le coin, en particulier un certain Tony, qui, malgré sa nationalité, a un physique qui peut le faire passer pour Irish... C'est bien pratique aussi pour faire taire les commérages !



J'ai repoussé longtemps les dernières pages qu'il me restait à lire. Car j'ai eu très peur de la décision que prendrait Eilis après son retour au pays pour une raison que l'on ne peut pas dévoiler.... Je dois avouer qu'elle m'a fait très peur cette petite devenue femme - et surtout elle-même.



Un très beau roman d'apprentissage, qui raconte à merveille le déracinement, le tiraillement entre deux vies, deux pays. Une prose enchanteresse et un beau roman d'amour aussi que je ne peux que chaudement vous recommander. On passe un excellent moment et on dit "encore" une fois le livre refermé. Monsieur Colm Toibin vous êtes un magicien !



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Le magicien

« Le Magicien » de Colm Tóibín... quelle surprise que cette lecture et quelle belle découverte ! C’est complètement par hasard que j’ai lu ce livre, en le tirant au sort dans ma liste d'envies. Je ne sais cependant pas par quel miracle il s’y était retrouvé étant donné que… Je n’avais jamais entendu parler de Thomas Mann !



Ce livre nous plonge dans l'univers de Thomas Mann donc, un écrivain allemand du XXe siècle (1875 – 1955) que je ne connaissais pas du tout. Mais cette biographie romancée nous offre bien plus qu'un simple portrait d'homme. Elle nous transporte à une époque charnière de l'histoire allemande, avant, entre les deux guerres mondiales, et après celles-ci. Et nous fait découvrir les tourments et les secrets d'un homme fascinant.



Thomas Mann a vécu une période tumultueuse, marquée par la montée en puissance du nazisme en Allemagne. Ce qui m'a particulièrement captivée, c'est le point de vue détaché avec lequel il traverse ces événements. Tóibín nous montre un homme qui finalement observe ça de façon lointaine, sans vraiment prendre de partie, ne se rendant pas compte des proportions que prend le mouvement. En principe, dans les romans, c’est tout blanc ou tout noir concernant cette période, ou nazi, ou résistant. Et j’ai trouvé ici que c’était une façon d’aborder l’histoire que l'on ne voit pas souvent, celle des Allemands "normaux", témoins silencieux de leur époque.



« Jusque-là, il s’était vu comme quelqu’un d’exceptionnel, raison pour laquelle il n’avait pas voulu se joindre à la cohorte des dissidents. La raison principale, cependant, était qu’il avait peur. »



Quant au style d'écriture de Tóibín, il est tout simplement envoûtant. Sa plume délicate et émouvante nous offre un répit bienvenu dans un monde souvent brutal. Les personnages, quant à eux, sont d'une profondeur et d'une nuance remarquables. Même sans connaître les Mann originaux, j'ai pu apprécier la manière dont l'auteur les a dépeints.



Ce livre, c'est bien plus qu'une simple biographie. C'est une plongée au cœur de l'Allemagne, de son histoire, de sa culture, de ses paysages. Une histoire qui révèle les bons comme les mauvais côtés de ce pays, au-delà des clichés et des préjugés. D'ailleurs, j'ai ajouté quelques titres de Thomas Mann à ma liste d'envies, histoire de prolonger cette immersion dans son univers.



En conclusion, « Le Magicien » est un véritable coup de cœur pour moi. Une lecture captivante, émouvante et enrichissante, qui mérite largement un 5/5. Une recommandation à toutes celles et ceux qui veulent découvrir un homme, sa famille et un pays dans toute leur complexité.
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Maison des rumeurs

le nouveau roman de Colm Tóibín a de quoi surprendre. Les contrées irlandaises paraissent bien loin dans cette réécriture férocement moderne du mythe grec de la malédiction des Atrides.

Une maison pleine de murmures et de rumeurs : mort, trahison et meurtre. Agamemnon est le roi de Mycènes, époux de Clytemnestre, et père d’Iphigénie, d’Electre, et d’Oreste. Après l’enlèvement d’Hélène, la femme de son frère Ménélas, Agamemnon décida de le venger. À la tête de l’expédition contre Troie, les bateaux de son armée furent bloqués dans leur avancée à cause du vent. Un devin déclara que seul le sacrifice d’Iphigénie pourrait apaiser les Dieux et apporter des vents favorables, cruciaux pour la victoire à Troie. Et c’est ainsi qu’Agamemnon décida d’assassiner sa fille.



« Parmi les dieux, plus aucun ne m’apporte son secours, plus aucun ne surveille mes actions ni ne connaît mes pensées. Je ne les invoque plus. Je vis seule avec la certitude que le temps des dieux est révolu. »



C’est le point de départ de ce roman dans lequel la mort est omniprésente : cette décision terrible d’assassiner sa propre fille au nom des Dieux et de la victoire guerrière. Le meurtre d’Iphigénie entraîne une série d’événements en cascade, signant l’implosion irrémédiable de la famille. Clytemnestre, Oreste, Électre, vont tour à tour prêter leur voix pour raconter leur histoire. Clytemnestre n’écoute que sa douleur et son désir de vengeance. Errant dans le palais en attendant la fin de la guerre, elle préparera avec son amant le complot qui lui permettra d’assouvir sa rage et poignardera Agamemnon à mort le soir même de son retour glorieux. Mais les alliances qu’elle aura liées pour atteindre son objectif se retourneront contre elle. Oreste, enlevé et demeuré en exil pendant des années, s’interroge sur les actes de ses parents, confus sur ses loyautés et sur le monde qui l’entoure. Et Électre enfin, l’invisible, toujours dans l’ombre de sa soeur, celle qui ne compte pas et à laquelle on ne prête pas attention. Hantée par les disparus et par l’acte de sa mère, elle attend son heure, s’esquive, se glisse, observe.



« Tout ce que j’avais, c’étaient mes fantômes et mes souvenirs. Ma volonté farouche ne signifiait rien et n’engendrerait jamais rien. »



Les passages sur Clytemnestre sont incontestablement les plus réussis, suscitant une empathie inattendue pour cette mère à l’agonie après le meurtre de sa fille. Électre se trouve également doté d’une épaisseur psychologique qui n’apparaissait pas dans les mythes : une intelligence, une délicatesse et une sensibilité poignante.

Oreste un peu fade. Il a toujours l’air perdu, indécis, attendant que quelqu’un lui dise ce qu’il est censé faire ou penser.

Deux femmes fortes qui se battent et obtiennent justice en dépit de leur condition d’infériorité et de soumission présumée.



« Un temps viendra où les ombres m’enseveliront, je le sais. En attendant, je suis éveillée, ou presque. »



Une famille sanguinaire, dont le raisonnement est froid, calculé, réfléchi.
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Nora Webster

Irlande. Fin des années 60. Nora est veuve. Son mari, professeur, vient de décéder. La voilà donc seule à élever ses deux filles et ses deux garçons. Sa tante Josie reste dans les parages et se propose de l'aider tout comme Jim, Una, Catherine et Margaret, les oncle et tantes des enfants.

Mais le quotidien n'est pas simple : Nora ne travaillait pas et va donc devoir se mettre en quête d'un emploi compatible avec sa vie de mère de famille. Elle va devoir enfin prendre des décisions seule alors que jusqu'à présent, elle ne faisait que suivre son mari.

Nora se retrouve seule à gérer les finances de la famille mais surtout ses émotions et celles des enfants. Petit à petit, elle trouve ses marques et prend quelques libertés : prendre des cours de chants, acheter un gramophone, aller chez le coiffeur....Pendant ce temps là, l'Irlande se fissure.



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La vie de Nora Webster aurait pu être touchante mais il n'en fut rien : j'ai trouvé l'héroïne antipathique et je n'ai eu aucune empathie pour elle. Cela tient au fait qu'en permanence elle repousse toute main tendue à son encontre, critique celles et ceux qui pourraient lui venir en aide....Sa tante l'invite à un séjour en Espagne, elle y va mais n'en retire aucun plaisir et râle ; elle ne supporte pas quand quelqu'un de sa ville lui présente ses condoléances ou prend de ses nouvelles ; son fils bégaie : elle critique et refuse d'écouter sa famille qui lui dit qu'il serait bien de consulter un orthophoniste ; à un moment ses enfants lui disent qu'elle a fait le bon choix au sujet de quelque chose : la voilà qui dit que ça l'exaspère d'entendre cela. Tout semble lui casser les pieds, l'ennuyer..... 

Trop rarement au long du roman je l'ai vue heureuse, sourire ou manifester une quelconque parole d'encouragements ou de remerciement. Je n'ai même pas réussi à lui donner un visage. 

Bref, déçue. Seules les 20 dernières pages ont été un peu émouvantes.
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Nora Webster

Comment continuer à vivre lorsque l’on perd son pilier ?



Tout comme Brooklyn j’ai beaucoup aimé ce livre. Ici on suit Nora Webster, une femme de 46 ans, elle a 4 enfants et lorsqu’on la rencontre cela fait 6 mois qu’elle a perdu son mari. Nora vit à Enniscorthy en Irlande. On est dans la même ville que dans Brooklyn et c’est d’ailleurs la ville où est né l’auteur. On sent donc un attachement tout particulier à cette petite ville d’Irlande.

J’ai adoré ce livre, on déambule entre Enniscorthy, Dublin, Rosslare. J’ai vraiment passé un bon moment.



Cependant je ne pense pas que ce livre plaira à tout le monde. Ici on est dans le thème du deuil et de la reconstruction. Tout comme dans Brooklyn le rythme est lent, c’est un roman calme tourné vers l’exploration des sentiments et l’émancipation d’une femme. Il ne se passe pas grand-chose.

On suit Nora dans son quotidien et dans son deuil pendant tout le roman. L’histoire est très touchante, l’auteur montre à quel point le deuil peut être long et douloureux. On sent que Nora était très amoureuse de son mari, qu’il était tout pour elle.

Au début du livre Nora aimerait surtout qu’on la laisse tranquille, les habitants viennent la voir tous les soirs à tour de rôle présenter leurs condoléances mais on sent que ça l’agace et qu’elle aimerait juste une chose c’est qu’on la laisse seule dans ses pensées. Je l’ai sentie parfois déconnectée et distante même avec ses propres enfants.

Ce que j’aime dans les romans de Colm Toibin c’est qu’il parle de destin de femme sans les idéaliser, sans mettre de la guimauve partout. En effet Nora Webster n’est pas une femme parfaite. Elle n’est pas très affirmée et j’ai eu l’impression qu’elle n’osait pas toujours s’exprimer et dire ce qu’elle pensait. Ça fait qu’elle peut sembler énervante par certains côtés. Je dirais même aussi égoïste et froide par moments.

Mais ce qui ressort c’est que la mort de son mari et l’absence qu’il laisse est un véritable choc pour Nora, son monde s’est écroulé et elle doit à tout prix rebondir pour subvenir aux besoins de sa famille.

Elle devra faire des choix, vendre ou non sa maison de vacances, reprendre un emploi, tourner tout doucement la page de sa vie conjugale. Elle est désormais seule à la barre et c’est en ça que cette histoire m’a passionné ; Nora Webster représente un mélange d’émotions sincères, peine, colère, nostalgie et en même temps une notion du devoir et une volonté de faire vivre son foyer. Retourner au travail ne sera pas aisé, elle fera même les frais d’une supérieure frustrée qui passera ses nerfs sur elle et c’est une Nora Webster en plein burn out que nous suivrons à un moment donné !

Tout doucement elle s’affirmera et se reconstruira dans cette Irlande de fin des années 60, dans un contexte tendu entre catholiques et protestants, et avec les débuts de l’IRA.

J’ai aimé suivre cette femme dans son deuil et voir les étapes petit à petit qu’elle franchit pour garder la tête hors de l’eau.



Nora Webster est un roman magnifique, un beau portrait de femme qui s’affirmera au fil des pages, qui nous laisse entrevoir ses difficultés sans qu’on ne la prenne jamais en pitié. Une rencontre qui ne laisse pas indifférent et une plume tout en sensibilité. Je ne mets pas 5/5 (4,75/5) car j’ai trouvé certains passages un peu trop long.


Lien : http://marie-loves-books.blo..
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Brooklyn

Pas de grande envolée, pas un tableau noir de l'immigration Irlandaise. Un livre qui coule tout seul. Des moments de vie, des rencontres, des choix, des amours et des pertes
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Le Testament de Marie

Ce sont les derniers mots d’une mère. Mais pas n’importe laquelle. Le doute est de courte durée avec ce nouveau roman de Colm Tóibín puisque s’il ne la nomme jamais, le titre dévoile cet anonymat, ne laissant pas le lecteur dans l’expectative. Ce qui, soit dit en passant, est un peu dommage il me semble : certes le mystère est vite révélé, mais il aurait donné un petit goût supplémentaire au texte.



Ceci étant, le roman de l’Irlandais ne manque pas de saveurs, avec ce traitement original de son thème favori : le rapport mère/fils.Même sans être férue de religion, j’ai pu apprécié le procédé narratif (plus que l’histoire, que nous connaissons presque tous) et la poésie de sa langue. Tout au long de ces 120 pages, il laisse en effet la parole à la douleur d’une mère, qui pourrait être celle de toutes les mères orphelines de leurs enfants. Ce qui est déjà magnifique en soi.



Mais l’auteur parvient à lui donner une coloration particulière supplémentaire, en relevant les interrogations de Marie sur les actes de son fils : elle veut sans cesse le protéger alors qu’il se met en avant, elle trouve qu’il s’enflamme pour peu de choses, elle le regarde se détacher peu à peu des autres hommes. « Et puis le temps avait créé l’homme des noces de Cana. L’homme qui ne me prêtait aucune attention, qui n’entendait personne. L’homme puissant qui semblait avoir perdu tout souvenir de ces années où il avait eu besoin de mon sein pour boire le lait, de ma main pour le guider, de ma voix pour l’apaiser et le conduire au bord du sommeil. »



C’est un peu comme si on regardait l’histoire du christianisme avec le prisme d’une mère qui tente de faire revenir son garnement dans le droit chemin. Et puis elle le regarde mourir. Et elle voit alors venir à elle tous ceux qui souhaitent qu’elle donne sa version (la même que la leur si possible) sur la vie de son fils, ou plutôt du Fils de Dieu.



En refermant ce roman je me suis sentie troublée, incapable de savoir si Colm Tóibín nous offre une critique en règle de l’histoire de Jésus, ou s’il veut en faire un simple visionnaire, un martyr, qui a été manipulé par son entourage – des fauteurs de trouble, mal élevés, comme les appellent sa mère. »Mon fils, lui ai-je dit, a réuni autour de lui une bande d’égarés qui n’étaient que des enfants comme lui, des hommes sans père, ou des hommes incapables de regarder une femme dans les yeux. »



En bref avec ce Testament de Marie – ou selon Marie – il nous plonge au cœur de la vie intérieur de la propre mère d’un homme qui s’est élevé au rang de mythe et a fondé une nouvelle ère.



Pour terminer, je vous laisse sur les propres mots de l’auteur, dans une interview en 2013 :



«C’est vrai que j’ai souvent écrit sur les relations mère-enfant une fois l’enfant est devenu adulte, reconnaît Tóibín. C’est une relation qui m’intéresse parce qu’elle est ambiguë, mais aussi parce qu’elle doit nécessairement évoluer, à mesure que l’enfant grandit, que la mère nourricière ne l’est plus… En plus, Marie a vécu à une époque de transition, où l’influence romaine s’insinue dans le quotidien en Galilée, où le pouvoir et le discours changent. Certains sont capables de s’adapter facilement à la situation, mais pas tous. Pas Marie. Marie est une survivante, avec tout ce que cela suppose. C’est pour cela que j’ai écrit ce texte à la première personne, au présent, avec des mots très courts, de peu de syllabes, c’est la parole d’une traumatisée, une parole plus saccadée, en pizzicato, brusque…»
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Brooklyn

Un beau roman d'une tristesse infinie, qui pose la question des choix que nous avons à faire et qui engagent toute une vie.

L'histoire de Eilis, très jeune irlandaise contrainte à l'exil aux Etats Unis pour trouver un travail est déchirante car Eilis vit le drame de tous les exilés et déracinés : après le mal du pays qui la mine, elle parvient non sans peine à faire son trou à Brooklyn, tout en restant une irlandaise. Lorsqu'un malheur la rappelle en Irlande, c'est pour découvrir que ses attaches américaines ont perdu leur réalité au contact de sa terre natale... Un récit empreint de la mélancolie qui a du étreindre tous les irlandais contraints à l'exil au cours des tristes années 50.
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Brooklyn

Eilis est une jeune irlandaise qui vit avec sa mère et sa soeur Rose à Enniscorthy. Son père est mort, ses frères sont partis travailler en Angleterre, il ne reste qu'elles pour s'occuper de leur mère. Rose est la seule à ramener un peu d'argent tandis que Eilis peine à trouver du travail. Jusqu'au jour où le père Flood, pasteur irlandais vivant à Brooklin aux Etats-unis, prend en main le destin de la jeune fille. Sans qu'elle comprenne bien comment, Eilis se retrouve envoyée aux Etats-unis, par sa mère et sa soeur qui lui espèrent un meilleur avenir en dépit du sacrifice de la séparation.

Eilis se retrouve employée comme vendeuse dans un magasin de vêtements et vit dans une petite pension de famille. La vie n'est pas très drôle, se partageant entre le travail et ses cours du soir en comptabilité. Sa seule distraction : les bals de la paroisse où se pressent les jeunes gens. Elle y rencontrera Tony, un jeune italien très amoureux.

Un évènement vient pourtant tout bouleverser et peut-être remettre en cause l'avenir qui lui était tracé...



Nous sommes dans les années 50 et la vie n'est pas simple pour les jeunes filles d'alors. Le chômage est important, les perspectives d'avenir peu reluisantes. Nombreux sont ceux qui passent les frontières irlandaises pour aller chercher fortune plus loin. Les moeurs et le statut de la femme ne sont pas encore franchement libérés. Le départ d'Eilis pour l'Amérique est vu comme une chance.

Son intégration ne se fait pas sans heurts. Tout en découvrant un nouvel espace de liberté, la jeune femme a le mal du pays. Son travail est peu épanouissant et ses colocataires un peu grinçantes.



A travers l'histoire de cet exil volontaire, l'auteur nous fait le portrait de toute une époque : misère, immigration, développement économique, communauté noire qui prend de l'importance, ...

Les choses se passent différemment selon que l'on soit en Amérique ou en Irlande. On pourrait presque y voir un portrait croisé de ces 2 pays. Alors que l'Amérique prend son envol économique, l'Irlande semble encore englué dans ses traditions et sa misère.



Tout le roman se fait autour d'Eilis. Le récit donne une description très minutieuse de ces faits et gestes, de son arrivée, de son emploi du temps. Une précision qui rend, hélas, le texte quelque peu ennuyeux. Il ne se passe rien de notable dans la vie de notre irlandaise, tout est très long et monotone. Eilis semble faire tout ce qu'on attend d'elle et peu de choses viennent pimenter sa vie toute tracée.

Et c'est là où le bât blesse pour moi... J'ai trouvé l'héroine insupportable...

Loin d'être à l'image d'une jeune femme qui prend en main son destin, Ellis se veut le parfait modèle d'existence de la bonne et gentille femme, celle qui travaille mais pas trop, celle qui soutiendra son mari et lui fera de beaux bébés. Même si parfois, elle se permet quelques aspirations plus personnelles, elle s'en tient finalement à ce qu'on attend d'elle. Ses questionnements, s'ils sont évoqués, ne sont pas assez détaillés et approfondis, eux, pour le coup

Sans dévoiler la fin, je dois même dire que j'ai excécré la façon dont elle se fait manipuler par sa famille et ses proches. La chute du récit est à son image : elle laisse l'impression d'une femme qui n'assume pas ses choix et reste dans l'incertitude de ce qu'elle veut réellement.



Bref, sans avoir détesté, ce fut une déception donc... et je semble être la seule fausse note pour le moment...
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Le magicien

L'auteur choisi de montrer Thomas Mann sous toutes ses facettes, de le faire descendre du piedestal presque mythique sur lequel il est perché dans l'esprit du lecteur. Le Grand Ecrivain, le Prix Nobel de Littérature. Il n'en est pas moins humain. J'avoue qu'au début,  je me demandais si Colm Toibin en voulait à Thomas Mann pour dresser le portrait d'un homme aussi peu sympathique. Très collet monté,  hautain, sûr de sa valeur, condescendant presque.  Et frustré par des pulsions non assouvies.

C'est une narration chronologique, qui commence à Lubeck en 1891 et se termine dans ce même lieu, dans les années 1950, où l'écrivain malade revient avant de mourir.  Thomas grandit dans un coin d'Allemagne à l'esprit étriqué,  Julia, sa mère est brésilienne. Elle épouse à 17 ans  le sénateur Mann. Ce mariage fait jaser les esprits de l'Eglise réformée... Elle a 5 enfants,  dont 2 deviendront écrivains, des écrivains diamétralement opposés : Heinrich (qui tient de l'excentricité de sa mère) et Thomas (plutôt de son père). Prémisses d'une future famille pas comme les autres ? Heinrich est un rêveur  idéaliste et rebelle ; Thomas un conservateur droit dans ses bottes. La famille que va fonder Thomas est un peu à cette image.  Il épouse  une femme riche. C'est bien pratique car il a été infoutu de tenir un boulot,  comme le commun des mortels. Faut dire qu'une entreprise d'assurance incendie n'a rien de palplitant !!  Il s'y ennuie et c'est là qu'il commence à composer des poèmes, d'écrire une nouvelle,  d'avoir des ambitions littéraires. Il finit par se faire virer. Mais il écrit  Les Buddenbrook. Thomas a une haute idée de la nation allemande. Il est très partriote. Il déteste la France.  Il épouse Katia  Pringsheim au début du XXe siècle, issue d'une famille juive non pratiquante. Ils partent à Munich . De leur union naîtra plusieurs enfants,  dont les "presque" jumeaux,  Erika et Klauss, leurs aînés.  La famille est riche, vit très confortablement pendant que la vie devient plus compliquée pour la plupart de leurs compatriotes.  On connaît la suite de l'Histoire...



Colm Toibin montre au départ un homme figé, qui ne veut pas prendre parti par des écrits politiques, de peur que cela nuise à sa réputation et à son oeuvre. Bien qu'il pense le plus grand mal des nazis. C'est contraint et forcé,  poussé par les autres qu'il commence à prendre parti, alors qu'il a quitté l'Allemagne. Il est rattrapé par l'Histoire malgré lui. Réfugié aux États-unis,  connu, Prix Nobel de littérature,  le pouvoir en place lui demande des discours. Allemand, il est mal vu par les citoyens américains qui mettent tous les Allemands dans le même sac : c'est à cause d'eux que les États-unis vont devoir s'engager dans la guerre. Il est condamné dans son propre pays. Il se retrouve pris en étau, même après la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec la montée de la guerre froide et le démantèlement de l'Allemagne. 

Si au début du roman,  Thomas Mann n'est pas très sympathique,  on referme le livre avec le souvenir d'un homme émouvant, épris de beauté  et seul.



C'est une oeuvre dense mais passionnante, qui se lit très facilement.  On en sort aussi plus instruit. 

Je vous conseille vivement ce roman. Pour moi un coup de coeur.

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Le magicien

Colm Toíbin choisit la fiction pour se glisser dans l’esprit de Thomas Mann, l'écrivain au destin cosmopolite, qui a écrit obliquement sur le désir homosexuel sans le reconnaître publiquement.



Cette ambitieuse et prenante biographie romancée suit son personnage sur les deux tableaux, privé et public, le déclin de l’Allemagne et les tribulations de ses six enfants, alors que Thomas Mann s’efforce de s’isoler pour travailler. (Frédéric Roussel, Libération)
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Brooklyn

Charlotte Parlotte propose chaque mois un titre à lire dans le cadre de son club de lecture. C’est avec plaisir que j’ai découvert le résultat des votes du mois de juin : pour la thématique du triangle amoureux, nous allions lire Brooklyn de Colm Toibin ! Peut-être avez-vous vu l’adaptation avec Saoirse Ronan sortie en 2016 ?

J’ai découvert la plume de l’auteur il y a à peine quelques mois grâce à son livre Nora Webster, qui m’a convaincue sans me clouer sur ma chaise. Je dirais que le résultat est le même avec Brooklyn (livre et film) : j’ai apprécié, j’ai passé un bon moment mais ça ne sera pas une révolution dans ma vie.



C’est l’histoire d’Eilis, une jeune irlandaise des années 50, qui a la chance d’être pistonnée pour un travail à Brooklyn (à New York, aux États-Unis donc). Effacée derrière une sœur aînée qu’elle adore et adule, c’est une jeune femme discrète qui ne fait pas de vagues. Elle quitte sa petite ville natale, son pays, sa famille, sa culture… direction le rêve américain.

Là-bas, elle peut écrire une nouvelle page et même être une autre personne. Elle s’affirme, travaille, étudie, sort… elle découvre le quotidien de la jeunesse américaine ; mais sa vie d’avant se rappelle à son bon souvenir. Il est difficile de choisir, Eilis oscille constamment entre les deux : une Irlande conservatrice et rassurante ou une Amérique moderne où tout est possible.



Eilis est une jeune héroïne désinvolte et un peu passive. Elle ne prend jamais vraiment de décision franche, elle se laisse bercer par les événements et finit donc par faire ses choix par dépit plutôt que par conviction, à commencer par ce départ aux États-Unis qu’elle subit bien plus qu’elle ne le choisit.

Elle s’adaptera à la situation et s’en accommodera même plutôt très bien, s’affirmant petit à petit mais malgré tout, elle m’a paru assez fade jusqu’au bout. J’ai cependant été assez sensible à son mal du pays alors qu’elle est loin du chez-elle qu’elle a toujours connu, de l’autre côté de l’Atlantique. J’ai accepté son désarroi et ses émotions mais on ne peut pas dire que c’est une figure inspirante (en tout cas pour moi).



Je m’attendais à un texte exigeant mais non, pas du tout, c’est très fluide et imagé. C’était déjà le cas avec Nora Webster, Colm Toibin sait raconter son histoire et offre des portraits de personnages convaincants, sans fioritures. Il raconte le quotidien et les états d’âme ; c’est authentique et efficace, le voyage fonctionne.

Je garderai longtemps en tête les scènes de la traversée en bateau alors qu’Eilis a le mal de mer mais qu’elle n’a pas accès à la salle de bain qu’elle partage avec la cabine d’à-côté. Le cauchemar. J’avais la nausée en lisant les mots de Colm Toibin, c’est dire si ses descriptions sont efficaces !



Nous avons donc lu ce livre pour le club de lecture dont la thématique était “triangle amoureux”. Si vous avez vu le film, vous saurez de quoi il s’agit. Si vous souhaitez lire le roman, sachez que cet aspect de l’histoire arrive très très très tardivement (à peine dans les 50 dernières pages je pense) et n’est pas très développé.

Tant mieux à vrai dire car ce n’est pas un élément que j’apprécie particulièrement même s’il a son importance ici car incarne le choix que doit faire Eilis : ses origines irlandaises ou sa nouvelle identité américaine.



Brooklyn c’est le roman de l’exil, du mal du pays et du passage à l’âge adulte. Bien que la plus grande partie de l’intrigue se déroule aux États-Unis, on sent que l’Irlande n’est jamais loin de l’héroïne. C’est souvent ce qui ressort des témoignages de ceux appartenant à la diaspora irlandaise : ils partent loin mais le petit pays ne les quitte jamais vraiment.
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Brooklyn

Je n'avais jamais entendu parler de ce livre avant d'en lire des avis assez différents. Certaines personnes semblaient adorer et d'autres disaient que c'était un bouquin très ennuyeux. J'avais donc très envie de me faire ma propre opinion. J'ai donc profité d'une lecture commune pour me plonger enfin dans cette histoire que j'avais envie de découvrir mais dans laquelle je ne parvenais pas à me plonger seule ...



Enniscorthy, sud-est de l’Irlande, années 1950. Comme de nombreux jeunes de sa génération, Eilis Lacey, diplôme de comptabilité en poche, ne parvient pas à trouver du travail. Par l’entremise d’un prêtre, sa sœur Rose obtient pour elle un emploi aux États-Unis. En poussant sa jeune sœur à partir, Rose se sacrifie : elle sera seule désormais pour s’occuper de leur mère veuve et aura peu de chance de se marier. Terrorisée à l’idée de quitter le cocon familial, mais contrainte de se plier à la décision de Rose, Eilis quitte l’Irlande. À Brooklyn, elle loue une chambre dans une pension de famille irlandaise et commence son existence américaine sous la surveillance insistante de la logeuse et des autres locataires.



C'est une bien jolie découverte que j'ai fait en me lançant dans cette lecture. Je regrette même de ne pas l'avoir lu plus tôt. Nous découvrons la vie assez monotone de Eilis qui vit dans une petite ville irlandaise. J'avoue que j'ai eu un peu de mal avec ce personnage (qui est pourtant le personnage principal de notre histoire) que j'ai trouvé bien fade. Elle m'a un peu agacée parce qu'elle est très molle, elle semble subir les événements et ne prendre jamais aucune décision.



Et pourtant, j'ai adoré la suivre dans ces pérégrinations qui la mènent de son Irlande natale à un New York que je n'ai pas forcément reconnu. Mais j'ai beaucoup aimé découvrir cette Amérique des années 50 et surtout le quartier de Brooklyn où j'aime tant me promener. C'est une vie simple dans laquelle il ne se passe pas grand chose finalement, une vie faite de petits plaisirs tous bêtes dans laquelle on se sent bien.



La plume de l'auteur est très sympa, elle aussi est simple et pourtant, je n'ai pas vu les pages se tourner. Je me suis laissée embarquer auprès d'Eilis et ses amis. J'ai ri, j'ai pleuré et j'ai tremblé avec elle. C'est une jolie tranche de vie qui nous est proposé. Je vais essayer de me procurer le film car j'aimerai bien voir comment ce livre a été adapté au cinéma.



Un agréable moment que je vous invite à découvrir à votre tour ...
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Nora Webster

Irlande, années 1960.

Nora Webster a la quarantaine et est veuve depuis peu. Elle doit élever quatre enfants. N'ayant pas beaucoup d'argent, elle va se résoudre à vendre leur maison à la mer et reprendre un travail de secrétariat.

Elle va surtout apprendre à vivre seule, à décider par elle-même, à ne pas tenir compte du qu'en dira-t'on.

C'est un beau portrait d'une femme qui essaie de s'émanciper dans une société ou les voisins et la famille jugent et commentent toutes ses actions, un monde où la religion est très présente.

L'auteur attache beaucoup d'importance aux détails du quotidien, par exemple Nora va décider de se teindre les cheveux et elle a peur de la réaction des gens, elle va prendre des cours de chant mais n'ose pas s'acheter une chaine hifi. Il y a un côté un peu démodé dans ce roman, ses petits combats nous semblent dépassés.

Il y a aussi des longueurs, je dois dire. Pas mal mais sans plus.



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Nora Webster

Autant j'étais passée à travers de "Brooklyn" sur une jeune femme quittant l’Irlande pour les Etats-Unis (d’ailleurs dans les toutes premières, Eilis est mentionnée dans une conversation car l'action se déroule dans la même petite ville), autant ici je me suis attachée au personnage de Nora Webster.



Fin des Année 60, Irlande. Maurice, le mari de Nora vient de mourir. Ses voisins et sa famille sont très présents mais elle étouffe sous l'apitoiement et la compassion. Mère de quatre enfants, femme au foyer et dans une situation financière tendue, elle doit faire des sacrifices et travailler. Nora vivait à travers Maurice, elle n’avait jamais d’opinion tranchée ou ne prenait jamais part aux conversations liées à la politique. Même si désormais elle doit gérer tout toute seule, Nora ne baisse jamais les bras. Et au fil des mois, elle devient petit à petit une nouvelle femme .



Elle ose s’imposer, prendre des initiatives et assume ses responsabilités. A plus de quarante-cinq ans, Nora prend des cours de chant et se passionne pour la musique classique. Ses enfants ou sa famille ne comprennent pas toujours ses choix mais elle mène à bien ses décisions. Veiller sur ses garçons qui éprouvent des difficultés depuis la mort de leur père tandis que l’une des ainées s’entiche de politique, faire son propre deuil : quelquefois elles se sent bien seule (ce qui est normal) mais elle reprend toujours le dessus. Et surtout, Nora découvre et apprécie la liberté dont elle dispose et tant pis pour les mauvais langues. En fond, il y a les événements politiques de l’époque (les affrontements en Irlande du Nord) et la place des femmes en Irlande à la fin des années 60 et début des années 70.



Un beau portait de femme très juste où Tom Toibin s'attache aux instants du quotidien, aux ressentis profonds de son héroïne (et bonus, il y a des scènes qui m'ont fait rire aux éclats). J’ai beaucoup aimé Nora et je me suis sentie proche d'elle tout au long de ce roman.
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Brooklyn

On suit Eilis (c’est joli comme prénom), une jeune irlandaise qui a dû mal à trouver un emploi en Irlande. Elle travaille le dimanche dans une épicerie pour aider sa mère et par l’entremise de sa soeur et d’un prêtre américain, Eilis va s’en aller vivre à Brooklyn. Malgré la peur de l’inconu, Eilis va trouver un travail de vendeuse, reprendre ses études à l’université pour avoir un diplôme américain en comptabilité et même trouver l’amour. Malheureusement un événement va arriver et Eilis devra rentrer en Irlande.



C’est un roman qui se lit assez facilement et qui est plaisant dans l’ensemble. Eilis nous fait part de ses doutes, de ses envies et c’est un roman d’apprentissage plutôt sympathique. Cependant, Eilis n’est pas un personnage des plus attachants. Je l’ai trouvé très indécise et ingrate envers les personnes qui l’entourent. Concernant l’histoire d’amour, j’ai trouvé qu’elle n’était pas franche envers Tony parce que ses actions ne reflètent pas ce qu’elle pense et qu’elle s’embarquait dans des galères impossibles. Cela m’a fait de la peine pour Tony. J’ai également trouvé que les personnages secondaires n’étaient pas des plus travaillés, ce qui est dommage car il y avait des esquisses intéressantes.



Pour conclure, c’est un roman d’apprentissage plutôt sympathique et qui se laisse lire, mais qui n’est pas le coup de coeur absolu auquel je m’attendais. Eilis ne m’a pas convaincu ce qui est dommage puisque nous sommes avec elle du début à la fin.
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