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Nino Frank (Traducteur)
EAN : 9782207254486
192 pages
Denoël (09/06/2005)
3.64/5   21 notes
Résumé :

Moscou, 1930 : la révolution s'embourgeoise - et lahaute société communiste s'amuse, avant le bain desang. En poste dans la capitale soviétique, Malaparte fréquente les soirées élégantes de la Nomenklatura : il y croise Boulgakov, Maïakovski désespéré, mais aussi la sœur de Trotski ou la danseuse étoile du Bolchoï, et bien sûr Staline, dont l'ombre plane déjà sur toutes les têtes...

La noblesse marxiste de l'URSS - société de parvenus - d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il y a un siècle, fin octobre 1922, le jeune journaliste Kurt-Erich Suckert participait à la Marche sur Rome de Mussolini. L'homme est mieux connu comme Curzio Malaparte (le contraire de "Bona-parte" ou mauvais côté), né le 9 juin 1898 en Toscane à Prato (près de Florence) de père allemand et mère italienne. Mort à Rome, 59 années plus tard, le 19 juillet 1957, il restera avant tout célèbre comme l'auteur de 2 best-sellers mondiaux : "Kaputt" en 1943 et "La peau" en 1949.

"Le Bal au Kremlin", paru en Français en 1985, est une des oeuvres laissées inachevées par l'auteur, qui, selon son traducteur Nino Frank, portée à son terme, "serait devenue une oeuvre aussi explosive" que les chefs-d'oeuvre cités.

Voyons voir si Frank a raison.

Le récit commence à Moscou, où l'auteur, la trentaine en 1928, s'est rendu dans son "enthousiasme juvénile" pour voir de près les héros de la révolution communiste d'octobre 1917.

Il s'y trouve plus précisément à une soirée à l'ambassade britannique en compagnie de Natalya Rozenel, l'épouse d'Anatoli Lounatchanski le commissaire du peuple à l'éducation, avec qui il discute si oui ou non l'oeuvre de Jean Giraudoux "pourrait éduquer les ouvriers" de l'URSS, tout en admirant Marina Semionova (1908-2010, morte 2 jours avant ses 102 ans), la Première danseuse du Grand Théâtre de l'Opéra de Moscou, qui cherche son amant, le diplomate bolchevique d'origine arménienne, Lev Karakhan (1889-1937), surnommé le Prince Noir.

C'est peu après, au Théâtre Bolchoï, où il voit Joseph Staline et le président de l'Union Soviétique, Mikhaïl Kalinine (1875-1946), qu'il apprend la disparition du bras droit de Lénine, Lev Kamenev, né Rosenfeld en 1883, le mari d'Olga Bronstein (la soeur de Trotski) et exécuté, grâce aux bons soins du tsar rouge, le 25 août 1936, à l'âge de 53 ans.

C'était l'époque où le trône au Kremlin d'Iossif Vissarionovitch Djougachvili, dit Staline (de "stal" ou acier) "était entouré par la nouvelle noblesse marxiste, par ce clan avide, féroce et dissolu de boyards communistes, de parvenus et de profiteurs de la révolution, de danseuses, de comédiennes, de merveilleuses prolétariennes qui avaient pris la place de l'aristocratie de l'ancien régime, et qui bientôt, après des procès terribles et mystérieux, tomberaient dans la cour de la Loubianka (siège du KGB et prison) sous le plomb des pelotons d'exécution. "

Je m'excuse auprès de mes ami-e-s Babelionautes pour cette plutôt longue citation (de la page 85), mais je pense qu'elle résume de façon splendide l'impression que la nomenclature bolchevique avait faite sur ce toujours jeune reporter qui venait cependant déjà de renier ses sympathies fascistes d'adolescent impatient.

Il est vrai aussi que, tout en restant prudent, je peux affirmer que la personnalité de l'auteur était loin d'être simple et me permets de vous renvoyer à son excellente biographie par Enzo R. Laforgia "Malaparte, scritore di guerra" de 2010 et le Cahier de l'Herne "Malaparte" de 2018.

Je trouve, par ailleurs, que ma citation répond parfaitement à ma question du début : Nino Frank a raison !
Il s'agit d'un ouvrage relativement court (de 179 pages), qui se lit très vite tout en étant fort instructif.
Il est passionnant d'observer ce monde tout à fait particulier de ces révolutionnaires victorieux à leurs débuts à travers les yeux d'un observateur sceptique et critique, qui ne mâche pas ses mots.

En prime, vous avez droit à des rencontres hautement littéraires avec Mikhaïl Boulgakov (1891-1940), l'auteur de l'inoubliable chef-d'oeuvre "Le Maître et Marguerite" de 1940 et avec le poète mémorable Vladimir Maïakovski, peu avant son suicide le 14 avril 1930, à l'âge de seulement 36 ans.
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Malaparte n'a jamais caché sa fascination pour les époques de transition, lorsqu'une nouvelle culture prend son envol dans les décombres de la précédente. Durant son séjour à Moscou en 1929, il pense logiquement être comblé : il va côtoyer des héros de la révolution d'octobre, des poètes prolétariens, s'imprégner de « puritanisme marxiste », découvrir une « anti-Europe » âpre et volontariste, fière de renier tout héritage. La déception sera à la hauteur de l'attente. Fréquentant les salons des ambassades et des hauts fonctionnaires, il n'y trouve que le désir forcené de singer les salons parisiens. Cette « aristocratie communiste », constituée non de héros mais d' « aventuriers » opportunistes, s'incline devant les valeurs les plus bourgeoises – beauté, prestige, ambition personnelle. Dans la bouche de ce petit monde mesquin, vulgaire et cynique, les idéaux révolutionnaires ne sont mentionnés qu'avec ironie.

Chroniqueur impitoyable, Malaparte décèle derrière ces sourires hautains et satisfaits une gigantesque terreur – Staline manoeuvre à l'arrière-plan, Kamenev est arrêté, et si tous feignent l'indifférence, tous savent au fond d'eux-mêmes qu'ils seront aussi rayés de la carte. C'est pourquoi ces dominants du moment ne sont finalement guère différents des derniers nobles du tsarisme qui viennent vendre pour quelques roubles leurs richesses intimes – un fauteuil doré, une culotte en dentelle – sur le Smolenski boulevard. Les uns s'enivrent de puissance éphémère alors que les autres sont irrémédiablement déchus et humiliés, mais tous sont écrasés par la « fatalité », condamnés à grimacer pour jouer un rôle qui ne leur correspond plus ou qui apparaît trop grand pour eux. Les portraits remplis de cruauté et de compassion se succèdent : la Semionova, danseuse adulée et solitaire, qui sourit dans le vide « comme si son sourire s'adressait à des fantômes », le vieux prince Lvov au manteau élimé et aux sautes d'humeur qui oscillent entre ridicule et orgueil, Lounatcharski, commissaire du peuple pour l'instruction publique, profondément affecté par le suicide de son protégé Maïakovski mais qui doit feindre la colère méprisante à l'égard du grand poète mort en présence de deux pseudos-écrivains – authentiques fanatiques du régime – parce que le suicide est un acte de sabotage politique...

Ce Bal au Kremlin est présenté dans la préface comme « un roman au sens proustien » qui se soucie du « corps social » plus que d'individualités – et de fait les réflexions sur la religion ou l'homme slave abondent. Il s'agit cependant de vues partielles au sein d'une oeuvre inachevée, chroniques commencées au lendemain de la deuxième guerre mondiale mais peu à peu éclipsées par la rédaction de la Peau. Une oeuvre inachevée donc, avec tout ce que cela implique de formules parfois énigmatiques (à quoi il faut ajouter, hélas, quelques coquilles dans la présente édition), de redites, d'alternances de longs développements et de propos à peine amorcés. le lecteur pourra également s'agacer de la façon dont Malaparte se donne presque systématiquement le beau rôle dans les dialogues et de la façon dont il traficote parfois la chronologie pour se rendre témoin de ce qu'il n'a pas vu, alors même qu'il nous avertit dans les premières lignes que « tout est authentique ».

On n'en retrouve pas moins toute la force et la subtilité de l'auteur de Kaputt, qui excelle à faire jaillir une poésie tout à tour mélancolique et lugubre de ces galeries de parvenus tremblants, de « ces visages de poulpes, humides et mous », de ce « pays étrange, le pays où la mort n'existe pas » officiellement. Au gré des errances, le ciel printanier de Moscou se métamorphose en verte prairie, prend des allures fantastiques d'un Chagall. Sous la plume de Malaparte, la réalité la plus sèche devient vacillante, à l'image de l'intrigant Karakhan, beau et mystérieux comme le diable, dont la couleur des yeux est « incertaine, tantôt gris, tantôt très sombres ». Autant d'incertitudes qui nimbent d'une douce amertume toutes ces silhouettes spectrales.
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D'un séjour à Moscou au printemps 1929, au moment même du début des grandes purges staliniennes qu'il semble prévoir de façon prophétique et approuver en son for intérieur, Malaparte tire le matériau qui, à l'état brut et inachevé, est reproduit dans cette oeuvre posthume qui date des années 1947-49. Accueilli, comme à son habitude, dans les hautes sphères mondaines et lettrées (Boulgakov, Maïakovski) soviétiques qu'il sait si bien croquer, il est frappé surtout par la naissance précoce d'une noblesse communiste de parvenus, éprise de luxe ostentatoire, de frivolité et d'occidentalisme, ayant déjà trahi la classe ouvrière révolutionnaire, et il nourrit des sentiments ambivalents envers la décadence de l'ancienne aristocratie tsariste.
Comme dans le meilleur Malaparte, sa plume tranchante saisit le grotesque et le tragique, suggère des réflexions fulgurantes dans des croquis rapides ou dans des descriptions longues, lentes et savoureuses, toujours nourries d'une grande culture littéraire. Comme dans le pire Malaparte, il fanfaronne parfois, comme sur l'épisode du suicide de Maïakovski dont il n'a pu être le témoin et encore moins n'aurait pu l'éviter, et il est capable de remplir des chapitres entiers de grosses sottises, tel celui qui porte le titre « La honte de la mort », qui se contredit avec panache dans son paragraphe final sur le mausolée de Lénine, ou celui sur le côté christique du bolchevisme – souffrir pour autrui –, intitulé « Une Pâque bolchevique » ; ou encore tel son anti-trotskisme et son anti-sémitisme qui pointent dans les dernières pages. Lorsque Malaparte écrit des sottises, qu'il ne peut naturellement pas démontrer de manière convaincante, il recourt à ce curieux procédé littéraire qui consiste à répéter quelques mots de son propos, en faisant des associations libres autour du champ sémantique de ceux-ci, histoire de voir si, à force, il tombe sur quelque chose de plausible... Les dialogues ainsi inventés sont aussi très percutants. le tour est si joliment mené, si surprenant, si visuel et parfois savant qu'on a presque envie d'y croire en guise d'hommage à la plume...
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Issu du chantier de " La Pelle" en 1946, il est devenu autonome en 1948.
Ce roman-chronique inachevé raille " l'aristocratie communiste" moscovite qui, en 1929, avait pris la place de l'aristocratie tsariste et serait bientôt engloutie par les procès staliniens.
Arrivé à Moscou avec la conviction de trouver au pouvoir une classe ouvrière remplie d'idéaux révolutionnaires et puritaine, Malaparte avait au contraire rencontré une noblesse marxiste singeant le monde occidental , plongée dans le vice et la corruption peu d'années après la mort de Lenine. Il en trace un insolent portrait :
Staline qui, chaque soir, depuis sa loge à l' Opéra scrute l'indicible grâce de la Semionova ;
l'énigmatique Karakhan, "le plus bel homme d'Europe";
les "beauties" de la haute société soviétique avec leurs amours, leurs intrigues, leurs scandales..."Les plus élégantes parmi les femmes étaient les actrices";
le blond et rosé Florinskij, chef du Protocole du Commissariat du Peuple pour les affaires étrangères et qui, maquillé et poudré, parcourt Moscou dans son landau vermoulu.
Tous les protagonistes de cette "chronique de cour", tous les membres de cette oligarchie corrompue apparaissent unis dans une terrible fatalité.
Ce n'est pas comme individus, mais comme corps social, gens du monde, que Malaparte en fait le portrait avec détachement. A la manière de Proust, dit-il.
Ce livre, longtemps secret ,(je crois), aurait pu constituer le troisième panneau de la grande fresque de la décadence de l'Europe, avec Kaputt en 1944 et La Pelle, en 49.
Maintenant, j'ai bouclé la trilogie.
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C'est un bal bien particulier auquel nous convie Malaparte : un bal au Kremlin. Un bal des débutants qui est celui de l'aristocratie marxiste émergeante qui ne rêve que d'égaler les fastes des capitales de l'Europe de l'ouest
Bien que récente cette élite marxiste est considérée par Curzio Malaparte comme déjà mort née et décadente et il va s'attacher a décrire sans état d'âme ce corps social parvenu en déliquescence

Il convoque les personnages historiques du moment et décrit le climat de peur et de suspicion des concernés avec en arrière plan les purges staliniennes incessantes Un bal de potins de la noblesse soviétiques de la roture qu'il croque à pleine dent et en rajoutant a satiété , épaississant le trait avec beaucoup de délectation.

Malaparte en émissaire faisant avec beaucoup de joyeuseté des remarques provocantes, des bons mots sur les choses les plus affreuses.

Il trouve souvent l'anecdote terriblement morbide qui va lui permettre de cancaner ou philosopher sur une personne ou sur un évènement


Malaparte dilettante un « peu tout » diplomate, écrivain, journaliste et surtout grand bouffon qu'il est difficile d'apprécier : quelle valeurs accorder à ses rodomontades théologico-politiques ?
Souvent des traits forcés avec toutefois beaucoup de justesse il arrive a soutirer tout le grotesque d'une situation et ne s'en prive pas
Un roman au sens proustien, nous dit-il, et donc des personnages ayant existé mais vus et revus dans le temps par lui-même et ça change tout !


Il s'interroge sur la vision des occidentaux et russes sur la mort : peur pour les uns et peur et honte pour les autres. Après c'est un discourt sur le christ: celui-ci est « inutile » lui répond Boulgakov
Après déambulations avec ce dernier dans Moscou il dépeint des scènes très expressionnistes où il croise des démons ricanants Ce qui fait un peu penser au maître et Marguerite : la proximité de Boulgakov sans doute.
Un marché aux puces peuplés de morts vivants et une scène très burlesque avec une culotte, une rencontre avec Maïakovski ,un couplet sur Trotski



Avec Malaparte il est difficile de démêler le vrai et le faux mais on peut dire qu'il sait faire grimacer et grincer tous ces personnages. Il n'est pas facile à suivre dans ses raisonnements On est un peu dépité par le sens peu clair et mystique de son bal au Kremlin et plutôt hermétique qui par certains coté ressemble plus à une comédie de bal des vampires
Pas grand-chose à voir avec Kaputt ni la peau
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critiques presse (1)
Actualitte
14 octobre 2013
Ce que l'on appréciera avant tout, c'est la clarté du chroniqueur qui n'y va jamais par quatre chemins. Il parle ainsi de la société de Moscou comme d'un « miroir qui singe la société européenne mais qui est dominée par la peur. » Bref, il ne cache jamais son mépris, toujours brillant, pour l'aristocratie rouge.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
« Dans cette rue, sous ces arbres verts, sous le ciel haut et blanc de Moscou, parsemé de taches de rousseur ainsi que l'épiderme d'une femme blonde, face à ce paysage de monastères antiques et de palais gigantesques en ciment et en verre, la langue française, sur leurs lèvres, paraissait ancienne et étrangère, avec ce son de langue morte que l'oreille d'un lecteur moderne perçoit dans le français des personnages de Guerre et paix. […] Toute la malveillance, le soupçon, la rancune, la méfiance, l'envie, la cruauté sénile que cette langue exprimait sur leurs lèvres donnait à ce français des accents d'une antiquité poignante et infiniment belle, une dignité de langage inhumain, incorporel, désintéressé, d'une abstraction et d'une transparence merveilleuses, plein de cette grécité alexandrine, lasse et douce, que l'on sent sur les lèvre d'André Chénier, dans les vers de la Jeune Captive, ce Proust d'un Côté de Guermantes dont la grâce mélancolique conservait, comme un dernier souvenir, le goût altier de la mort. » (pp. 97-98)
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J'ai toujours en en horreur les sociétés de parvenus, le mauvais goût, la fausse splendeur des bijoux dans la lumière de l'après-midi, m'ont toujours fait sursauter de dégoût. Et voilà que, arrivé de Paris pour connaître de près une société prolétarienne, je me voyais en présence d'une société de parvenus, d'une aristocratie communiste qui répétait à Moscou les élégances de la place Pereire et du XVIIe arrondissement, tout en visant surtout Auteuil et le XVIe, plutôt que le faubourg Saint-Germain.
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« Sur les trottoirs du Smolenski boulevard, tous les dimanches matin, les survivants de l'ancienne noblesse de Moscou se réunissaient, tous les gentils et misérables spectres de l'aristocratie tsariste, pour offrir aux diplomates étrangers, aux enrichis de la révolution, aux "nepmen", aux profiteurs du communisme (il y en avait là aussi, de même qu'il y en a chez nous), à la nouvelle noblesse marxiste, aux épouses, aux filles, aux maîtresses des nouveaux boyards rouges, leurs pauvres trésors : la dernière tabatière, la dernière bague, la dernière icône, et des médaillons d'argent, des peignes édentés, des châles décousus et déteints, des gants usés, des poignards cosaques, de vieilles chaussures, de petites chaînes d'or et des bracelets, des porcelaines russes et allemandes, d'anciens cimeterres tatares, des livres français aux reliures armoriées, de vieux et dramatiques bibis du temps d'Anna Karénine, gonflés de plumes, comiques, naïfs et dépaysés. » (p. 87)
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« […] mais Staline n'appartenait point à la noblesse communiste. Staline était Bonaparte après le 18 Brumaire, il était le maître, le dictateur, et la noblesse communiste lui était opposée, de même que la classe des parvenus du Directoire était opposée à Bonaparte. Seulement, chez tous ces aristocrates russes, chez toute cette noblesse communiste, on sentait un mépris qui n'était point social mais idéologique. Du point de vue social, le snobisme était en fait le ressort secret de toutes les actions mondaines de cette société très puissante et déjà corrompue, qui avait vécu jusqu'à la veille dans la misère, dans le soupçon, dans la précarité de la vie clandestine ou de l'émigration, et qui, brusquement, allait coucher dans les lits des grandes dames de la noblesse tsariste, s'asseoir dans les fauteuils dorés des hauts fonctionnaires de la Russie tsariste, exercer les mêmes fonctions qui avaient été exercées par les nobles tsaristes. Chacun de ces aristocrates rouges cherchait à imiter les belles manières occidentales : les femmes les manières de Paris, les hommes celles de Londres ou, moins nombreux, celles de Berlin ou de New York. » (pp. 21-22)
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La noblesse marxiste ne tolère pas que l'on parle d'elle, de ses affaires, de ses destins. Elle exige le silence autour d'elle. Aux écrivains soviétiques, elle impose leurs sujets, et ces sujets obligatoires sont la vie des masses prolétariennes, la lutte pour la construction du socialisme, l'éloge de l'état, le conformisme le plus étroit, le plus absolu, le plus aveugle.
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Vidéo de Curzio Malaparte
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