Citations de D.H. Lawrence (603)
Beaucoup de choses ont leur raison d'être. Mais où est la raison d'être de la vie ? de l'amour ? Où, si l'on en arrive là, est la raison d'être d'un bouquet de violettes ? Il n'y en a pas. La vie et l'amour sont la vie et l'amour, un bouquet de violettes n'est qu'un bouquet de violettes et vouloir introduire là une idée, une raison d'être, c'est tout détruire. Vivez et laissez vivre, aimez et laissez aimer, laissez-vous fleurir et faner en suivant le cours naturel qui s'écoule, sans raison.
Il espérait pouvoir caresser sa joue blanche et douce, son visage étrangement apeuré. Il espérait pouvoir plonger les yeux dans ses grands yeux noirs et craintifs. Il espérait même pouvoir poser la main sur sa poitrine, et sentir ses seins tendus sous sa tunique.
Quand je trouve un homme ou une femme, intuitivement et instinctivement sûrs de quelque chose, je suis plein de respect. Mais comment respecter ces hommes de sciences ou ces artistes vantards ? L'intrusion d'un élément de vanité est une preuve certaine d'incertitude intuitive. Nul homme sûr, par son instinct et son intuition, ne se vante, même s'il défend ses croyances avec acharnement.
Et maintenant dans son cœur s'éveillait l'étrange émerveillement qu'elle avait de lui.
La passion surgit et retentit en lui, coup sur coup, comme le son d'une cloche de bronze, puissante, sans fêlure, indomptable. Ses genoux se durcirent comme le bronze, comme il se tenait penché sur le visage de Gudrun, dont les lèvres étaient entrouvertes et dont les yeux étaient dilatés par l'effroi d'une violence subie. Le menton de Gudrun paraissait dans sa main doux et soyeux. Il se sentit puissant comme l'hiver, ses mains étaient d'un métal vivant, invincible et qu'on ne pouvait ployer. Son cœur battait en lui comme une cloche.
Désir de printemps
Extrait 2
Je piétine les perce-neige, j’ai plaisir à fouler les jonquilles,
à détruire les froids narcisses ;
car j’en suis dégoûté, de leur sang pauvre
et de sa lenteur, de leur chair glacée, de leurs présages.
Il me faut la bonne sève vineuse, ardente, du printemps,
l’or, l’éclat inconcevable, la fine quintessence,
ténue comme d’un rayon, pourtant d’écrasante puissance,
forte comme l’ultime force équilibrant les mondes.
…
//Traduit de l’anglais par J.J. Mayoux
Il avait tant souffert que sa capacité de souffrir s’était quelque peu épuisée.
Je ne vois pas en quoi je fais plus de mal à une femme en couchant avec elle qu'en dansant avec elle,ou même en lui parlant de la pluie et du beau temps.C'est simplement un échange de sensations au lieu d'un échange d'idées.Alors pourquoi pas?
Il sentit avec une nausée se rouvrir la vieille blessure et il regarda à nouveau ce monde avec dégoût, redoutant les contacts avillissants.
Ne prenez rien pour pouvoir dire: je l'ai! Car vous ne pouvez rien posséder, pas même la paix.
Rien n'est possédable, l'or ni la terre ni l'amour, la vie ni la paix, ni même la peine ou la mort, ni même le salut.
De rien ne dites: C'est à moi.
Dites simplement: C'est avec moi
« Si on pouvait seulement leur dire que vivre et dépenser ne sont pas la même chose ! Mais cela ne sert à rien. Si seulement on les avait élevés à sentir, au lieu de gagner et de dépenser, ils se tireraient très bien d’affaire avec vingt-cinq shillings. Si les hommes portaient des pantalons écarlates, comme je l’ai dit, ils ne penseraient pas tant à l’argent ; s’ils pouvaient danser et sauter et chanter et fanfaronner et être beaux, ils s’accommoderaient de très peu d’argent ; et s’ils savaient s’amuser eux-mêmes, et se laisser amuser par les femmes. Ils devraient apprendre à être nus et beaux, et à chanter en masse et à danser les anciennes danses de caractère, et à sculpter les tabourets sur lesquels ils s’assoient, et à broder leurs propres emblèmes. Alors, ils n’auraient plus besoin d’argent. Voilà le seul moyen de résoudre le problème industriel : enseigner au peuple à vivre, et à vivre en beauté, sans avoir besoin de dépenser de l’argent. Mais c’est impossible. Il n’y a plus aujourd’hui que des intelligences bornées. Tandis que la masse du peuple ne devrait même pas essayer de penser, parce qu’elle en est incapable. Elle devrait être vivante et fringante et n’adorer que le Grand Pan. Lui seul sera toujours le dieu de la masse. L’élite peut s’adonner, s’il lui plaît, à des cultes plus élevés. Mais que la masse reste à jamais païenne.
« Mais le mineurs ne sont pas païens, tant s’en faut. C’est un pauvre troupeau de demi-morts, morts à leurs femmes, morts à la vie. Les jeunes gens courent la prétentaine avec des filles sur des motocyclettes et dansent le jazz quand ils en ont l’occasion. Mais ils sont bien morts. Et il leur faut de l’argent. L’argent empoisonne ceux qui en ont et affame ceux qui n’en ont pas.
« Tout cela doit vous assomer. Mais je ne veux pas toujours parler de moi-même ; et je n’ai aucun évènement à raconter. Je n’aime pas trop penser à vous : cela ne sert qu’à nous embrouiller tous les deux. Mais il va sans dire que le but de ma vie, en ce moment, c’est que nous puissions, vous et moi, vivre ensemble. Au fond, j’ai peur. Je sens le diable dans l’air ; et il va tâcher de nous prendre. Ou peut-être est-ce plutôt Mammon, qui n’est pas autre chose, je crois, que la volonté collective des hommes qui veulent l’argent et haïssent la vie. (pp. 486-487)
Et maintenant, je ne puis même pas m'arrêter de vous écrire.
Mais nous sommes réunis déjà par une grande part de nous-mêmes. Il faut nous y tenir, et nous préparer à notre prochaine rencontre. John Thomas dit bonsoir à Lady Jane, le tête un peu penchée, mais le coeur plein d'espoir.
Nous vivons dans un âge essentiellement tragique; aussi refusons nous de la prendre au tragique. Le cataclysme est accompli; nous commençons à bâtir de nouveaux petits habitats, à fonder de nouveaux petits espoirs. C'est un travail assez dur : il n'y a plus maintenant de route aisée vers l'avenir : nous tournons les obstacles ou nous grimpons péniblement par-dessus. Il faut bien que nous vivions, malgré la chute de tant de cieux.
Telle était à peu près la situation de Constance Chatterley. La guerre avait fait écrouler les toits sur sa tête. Elle avait compris qu'il faut vivre et apprendre.
Nous sommes terriblement menteurs. Notre seul idée est de nous mentir à nous-mêmes.
A YELLOW leaf from the darkness
Hops like a frog before me.
Why should I start and stand still?
I was watching the woman that bore me
Stretched in the brindled darkness
Of the sick-room, rigid with will
To die: and the quick leaf tore me
Back to this rainy swill
Of leaves and lamps and traffic mingled before me.
Son goût pour la conversation avait dégénéré en passion convulsive pour le bavardage.
J'aime la femme que tu es.Je t'aime avec mes couilles et tout autant avec mon coeur.
Elle était totalement incapable de lui résister. De son coeur jaillissait le flux d'un immense désir de lui. Elle devait tout lui donner, tout.
Nous sommes ainsi faits. par un effort de volonté nous nous forçons à nier ce que nous savons par intuition. D'où la crainte ou l'appréhension qui rendent le coup dix fois plus violent quand il nous frappe.
Je ne crois pas à ce monde-ci, ni à l'argent, ni à l'avancement, ni à l'avenir de notre civilisation. si l'humanité a un avenir quelconque, il devra se produire un changement radical par rapport à l'état des choses actuel.