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Critiques de David Le Bailly (181)
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L'Autre Rimbaud

°°° Rentrée littéraire #18 °°°



Bien sûr, il y a cette photographie iconique d'Arthur Rimbaud, prise en 1871, il a 17 ans, « l'enfant sublime », lorsqu'Etienne Carjat l'immortalise à jamais, le regard clair perdu au loin dans ses pensées. Et puis, il y en a une autre, très connu aussi, de Rimbaud en tenue de communiant, le regard franc et légèrement insolent. Cette photographie là, prise en 1866, a été grossièrement " retouchée" ou plutôt recadrée en 1910 pour ne faire apparaître que le seul Arthur, effaçant un bras qui était celui, initialement, de son frère aîné d'un an, Frédéric, effaçant la totalité du frère. Un frère maudit, déchu, renié, ostracisé de la légende rimbaldienne réécrite par sa mère puis sa soeur Isabelle aidée de son mari Patterne Berrichon.



Pourquoi avoir effacé ce frère, cet autre Rimbaud dont le poète a été si proche durant son enfance ? C'est ce mystère qu'entend lever David le Bailly dans ce récit passionnant et très documenté, oscillant de façon très fluide entre fiction et enquête, mais profondément romanesque dans sa construction.



De l'enquête, on retient toute la rigueur de l'auteur qui a ingéré une masse importante de documents sur la famille Rimbaud, pour en faire un rendu clair, net, aisé à assimiler pour le lecteur. Son récit est régulièrement émaillé de citations ou d'extraits de lettres, notamment une, absolument étonnante, où la terrible mère de Rimbaud écrit à un Verlaine au bord du suicide, des mots consolateurs.



C'est pour redonner visage, voix, chair et émotion à ce frère paria que la forme romanesque prend tout son sens et son ampleur, comme une réhabilitation profonde de l'injustice qu'il a subi de son vivant . Il faut dire que le portrait ici dressé de la famille Rimbaud tient du grand roman dix-neuvièmiste. Une mère, Vitalie Cuif, acariâtre, castratrice et dictatoriale, d'une méchanceté hargneuse telle qu'elle fit tout pour empêcher son fils aîné de se marier avec une femme jugé indigne du clan : il dut oser s'opposer à elle lors d'une longue bataille juridique qui se soldat par une victoire, l'arrêt Rimbaud vs Rimbaud. Une soeur, Isabelle, façonnée par la mère dans la haine de son frère aîné et dans l'idolâtrie du génial Arthur jusqu'aux mensonges et l'hypocrisie .



Arthur Rimbaud y apparait très loin des clichés positifs l'entourant : antipathique, embourgeoisé, prétentieux, bien loin du mythe : l'autre Rimbaud, c'est également lui, décrit sous sa face sombre. Bien sûr, on parvient à comprendre les ressorts qui ont poussé toute une famille à effacer un de leur membre faisant tâche avec sa femme paysanne et sa condition modeste de conducteur de coche ; et puis Frédéric était surtout celui qui pouvait contredire la légende rimbaldienne réécrite après la mort du poète à 37 ans.



L'auteur livre là une belle réflexion sur la mécanique des secrets de famille et offre une juste réhabilitation à cet inconnu au patronyme illustre.

Il s'appelait Frédéric. Frédéric Rimbaud.







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Hôtel de la Folie

°°° Rentrée littéraire 2023 #1 °°°



Le premier chapitre s'ouvre sur un terrible événement qui s'est déroulé le 7 décembre 1987 : une femme de quatre-vingt ans s'est suicidée en se jetant par la fenêtre de son appartement haussmannien, sous les yeux de son petit-fils de quatorze ans. le livre est une adresse de ce dernier à sa grand-mère adoré, plusieurs décennies après.



« C'est pour ça que je t'écris, pour que soit enfin consigné le récit de ta disparition. Cette lettre est ma déposition. La pièce principale d'un dossier criminel. »



Le texte est avant tout une enquête sur les secrets qui entourent l'intrigant et effrayant duo constitué par la grand-mère et sa fille, avec comme enjeux de découvrir pourquoi la fille vouait une haine sidérante à sa mère et pourquoi cette dernière a fini par se suicider, laissant son petit-fils seul avec une mère complètement folle et dangereuse. L'enquête à la Modiano sur les lieux du passé de la grand-mère, sur l'identité du grand-père, se mue en quête existentielle pour le narrateur qui hurle amour, colère, culpabilité, incompréhension et révolte, inexorablement.



Ce cri, je l'ai entendu, notamment dans les superbes pages consacrées à l'amour incandescent que se portaient la grand-mère et le petit-fils quand ils s'extirpaient de l'appartement avenue Montaigne pour fuir le huis-clos oppressant que leur fait vivre la mère. Mais j'ai été progressivement asphyxiée par la narration à la deuxième personne du singulier. Ce « tu » omniprésent, comme les innombrables questions écrites factuellement avec leur point d'interrogation saturent le texte, l'étouffent …



… au point que je ne savais si j'avais ma place dans ce dialogue d'outre-tombe entre le petit-fils éploré et sa grand-mère décédée, comme si cette introspection douloureuse – sans pour étant être voyeuriste - ne me concernait pas. D'autant que j'ai été dérangée par le flou de la frontière entre autobiographie et fiction. le livre est bien étiqueté « roman » mais on comprend assez vite ( ou on veut nous faire comprendre ? ) que l'auteur est ce petit-fils, que la grand-mère et la mère sont les siennes. Plusieurs photographies des trois personnages principaux sont créditées « collection privée de l'auteur ». J'ai finalement trop senti le nécessaire exutoire plutôt que l'oeuvre à proprement parlé.



Cette sensation de me sentir exclue du récit a nettement amenuisé mon intérêt, même si l'écriture avec les tripes et le coeur de David Le Bailly a la qualité et l'urgence pour faire vibrer les phrases et emporter le lecteur.



Lu dans le cadre d'une Masse critique Babelio

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Hôtel de la Folie

Rentrée littéraire 2023.



J’ai eu un peu de difficulté à m’immerger dans ce roman qui me permet de découvrir la plume de David Le Bailly. L’auteur excelle aussi dans la profession de journaliste.

Ce n’est pas facile, gênant, troublant de lire, dès les premières lignes, que Pià Nerina, la grand-mère de l’auteur, vient de se jeter par la fenêtre, depuis le sixième étage d’un immeuble, avenue Montaigne, près des Champs Elysées.

Ce suicide d’une femme de quatre-vingts ans alors que son petit-fils qui va avoir quatorze ans, est présent dans l’appartement, cela demande des explications, d’autant plus que la fille de Pià Nerina, la mère de David, est elle-même aussi présente, enfermée dans sa chambre.

Pour tenter de faire la lumière sur ce drame, essayer de comprendre, l’auteur se lance alors dans une véritable enquête policière. Il recherche des documents, se déplace même à Naples d’où est originaire Pià Nerina De Cecchi, sa grand-mère.

La vie de cette femme est très complexe, surtout ses fréquentations. Beaucoup d’hommes sont impliqués dans sa vie comme dans celle de sa fille, Victoria. Quelques photos éloquentes illustrent le récit et permettent de vérifier la beauté de ces deux femmes qui ont aimé, haï, profité de l’argent facile comme subi de graves soucis financiers.

Deux éléments importants doivent être dégagés de ce roman familial dévoilant une intimité très dérangeante. Il y a d’abord cet homme, dénommé Pyrrhus, qui a hérité de la fortune de son père en 1935. Industriel catalan, partisan de Franco, maire de la Grande Ville, comme l’auteur l’écrit, ce Pyrrhus est déterminant pour Pià Nerina.

L’autre élément qui pousse David Le Bailly à accentuer ses recherches, c’est l’incertitude sur l’identité de son père. Cela lui permet de mettre en évidence l’éducation de sa mère, éducation qui se révèle catastrophique, comme l’auteur le démontre très bien.

Enfin, il y a ce titre, Hôtel de la Folie, qui intrigue. Eh bien, c’est à Naples que se trouve la solution. Cette folie va bien plus loin que sa présence dans le titre mais elle caractérise cette mère qui n’en était pas à une entourloupe près, mentant sans vergogne, exploitant au maximum chaque homme rencontré pour le rejeter ensuite sans se poser la moindre question sur les dégâts causés à sa mère et à son fils.

Ce fils, écrivant Hôtel de la Folie, a poussé un émouvant, un bouleversant cri d’amour à sa grand-mère, se reprochant toujours cette phrase terrible prononcée par lui avant l’acte fatal : « je ne pourrai plus m’occuper de toi comme avant mémé ».

Je remercie Babelio et les éditions du Seuil qui m’ont permis de découvrir ce roman à la fois intimiste et sociétal.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Hôtel de la Folie

Un récit puissant , révoltant, bouleversant, une histoire autobiographique, qui mélange fiction et réalité J'ai ressenti plusieurs émotions au cours de ma lecture, L'auteur rend un émouvant hommage à sa grand mère, Pia portant le surnom de "Mémé". Pia est son premier grand d' amour, une femme qui l'a élevée, une femme avec qui il partage sa chambre, une femme qui est ancrée en lui, une relation forte, fusionnelle, une femme qui le protège de sa mère, lui qui est la prunelle de ses yeux, mère une fille , qui n’hésitera pas user de violence, sans aucun remord de battre sa mère de 80 ans, une femme envoûtée par la folie. David assistera , à 14 ans, au suicide de sa Mémé, qui se jette par la fenêtre. Un mal être qui va le suivre toute sa vie, il ne peut concevoir ce suicide ,lui qu'il lui avait dit, si tu fais un geste, si tu te donnes la mort je te suivrais. Là il se retrouve seul face à lui même, Ce récit pourrait être une sorte d’exécutoire , pour retrouver une vie sans cauchemar. Il décide de partir à la recherche de ses origines, Qui était vraiment Pia, cette italienne élevée , dans L’hôtel de la folie sans le sous ,un bâtiment délabré vétuste, qui décide de quitter l’Italie et qui vient vivre en France , qui devient une femme puissante, avec un patrimoine consistant, Il y a beaucoup de mystère, de non dits, de l'espoir , à la déception,. Qui était son mari? Qui est ce mystérieux Pyrrus qui gravite autour d'elle ? Était ce un mari, un amant qu'il l'entretenait? Une quête difficile, mais malgré les embûches qu'il rencontrera, des fausses adresses, des dates de naissances falsifiées, et bien d'autres mystère, l'auteur ne se décourage pas, Arrivera t-'il à trouver les réponses à ses questions, David est un personne qui dégage une immense empathie, il nous dévoile en toute humilité une partie de sa vie. Il use d'une plume sensible, éprouvante, entraînant une lecture captivante, sans voyeurisme, trop de pudeur en lui. Un récit très documenté , accompagné de photos, à l'appui qui nous permet de mieux comprendre la vie, la psychologie des personnages, de cette famille. Un titre mystérieux mais qui donne une ampleur intense à cette histoire,

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L'Autre Rimbaud

Un coup de coeur que cette enquête minutieuse de l'auteur concernant le grand sacrifié de la tribu Rimbaud : le grand frère du poète !

Mais quelle violence insensée contenue dans cette famille, et dans cette figure maternelle, ne supportant pas les hommes ; les combattant ; ses frères, comme son mari militaire, comme ses fils… Cet aîné a eu l'extrême mauvaise idée de se révolter contre Vitalie, en continuant de voir en cachette, son père, de se battre pour la femme qu'il aimait, et qu'il voulait épouser !



Ce « soit-disant raté » aura eu le courage de se révolter contre cette mère abusive et terrorisante ! Frédéric paiera sa « résistance » bien cher !! Et nous, lecteurs, nous nous attachons d'autant plus à cet homme ; nous aimerions tant que le destin change, se renverse à son avantage, enfin… !



L'auteur , un jour, en entendant Pierre Michon parler de ce frère du poète, ignoré de tous, rayé de la terre, sur lequel il souhaitait écrire (et finalement , n'y ayant pas réussi)…lui est venue l'envie de s'atteler à ce projet difficile. Cela lui a donné l'élan et l'envie pour entamer ce projet et cette enquête… Nous lui en sommes reconnaissants, car David le Bailly nous offre un récit poignant, doublement , car en sus de la narration sur l'existence massacrée , tuée et tue de Frédéric (qui portait par malchance, le prénom paternel !), il nous fait partager la progression de ses démarches auprès de possibles porteurs de mémoires (dans les descendants), ainsi que les résonances induites dans son propre parcours de fils auprès d'une mère, peu amène et aussi « despotique », autoritaire que la marâtre des frères Rimbaud.



J'apprends avec plaisir qu'un auteur que j'estime beaucoup n'aura pas « crié avec les loups » et contribué à ces mensonges ; il s'agit d'André Suarès…Ce pourquoi, je transcris l'extrait suivant qui en dit long sur la fabrication de la légende construite artificiellement autour du grand « Arthur Rimbaud »…qui en dit long aussi sur tous les comportements « pas très catholiques » des héritiers spirituels ( et financiers !!) des écrivains et artistes , après leur mort…!



« En exergue



Pourquoi n'y a--t-il jamais un mot du frère Frédéric qui, à un an près, est du même âge que Rimbaud ? Ce frère passe pour avoir été un coureur de femmes, un homme qui aime la vie, un mauvais sujet comme on dit entre bigotes. de lui, je ne sais rien du tout. Peut-être était-il seulement une tête légère, un irrégulier, un outlaw de province, après tout, une ébauche ridicule de son frère. Mais il a vécu. Il est sans doute mort. Puisque l'on parle de la sainte mère et des saintes soeurs, il faut parler du frère mauvais sujet: il a beaucoup d'intérêt pour nous s'il n'en a pas pour la famille. --André Suarès »



De ce texte, le cadet, Arthur, ne ressort pas grandi, bien au contraire !



« Ou peut-être ont-ils peur de ce qu'il peut raconter, de ce qu'il sait, et il en sait beaucoup, bien plus qu'eux. A Arthur, il a été uni comme personne ne le fut par la suite, uni comme on l'est à un jumeau. Elevés ensemble, partageant la même chambre, les mêmes jeux, les mêmes punitions, les mêmes révoltes contre la mère. Arthur, sûr de lui, secret, méfiant; Frédéric, affable, franc, dévoué. Longtemps, le second fut le seul public du premier (...) « (p. 21)



Une lecture « secouante » ,fort instructive à tous points de vue…J'ai fortement apprécié le style et la très forte empathie de David le Bailly pour son personnage, Frédéric…à qui il aura donné , grâce à ce livre, pour une fois, une place de choix,et « la parole »…enfin !!



Un supplément de compliment pour la couverture fort réussie, très largement représentative, symbolique de cette histoire tragique , ainsi que pour les choix toujours passionnants de cette maison d'édition (qui porte bien son nom), « L'Iconoclaste » !!

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L'Autre Rimbaud

Bonsoir chers amis, une question comme cela me vient ce soir à l'esprit, au bord du crépuscule, où J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques : connaissez-vous Rimbaud ?

- Rimbaud ? Bien sûr, quelle question ?

- Certes, mais quel Rimbaud connaissez-vous ?

- Rimbaud, le seul, l'unique, le poète... Arthur Rimbaud !

- Ah oui je vois... Mais je vous parlais de l'autre Rimbaud, son frère, Frédéric, ainé d'un an. L'inconnu.

- ... ?

- Bon je vois. Alors je vais vous en parler car moi non plus je ne connaissais pas le fin mot de cette histoire avant de découvrir cette passionnante biographie romanesque proposée par David le Bailly...

L'autre Rimbaud, c'est justement l'inconnu qui figure à l'âge d'enfant sur une photo au côté de son frère au moment de leur communion. Ils s'appellent Frédéric et Arthur. Un an seulement les sépare. D'ailleurs, peu de choses les sépare encore, ils sont complices sur bien des terrains, à commencer par la peur de leur mère et presque la haine à son égard, l'envie de fuir ensemble son autorité matriarcale, une mère déjà castratrice, mais aussi l'amour des fugues alentours.

Ah ! Cette fameuse photo !... Rien que l'histoire de cette photo, retouchée plusieurs fois par la famille pour qu'elle entre dans le cadre idéal de l'image parfaite, qu'elle corresponde à ce que la famille prône comme valeurs.

L'autre, dès lors, n'existe plus.

" C'est bien vous l'autre Rimbaud ? le frère du poète ? "

Tandis que je descends les fleuves impassibles, je suis entré dans ce livre comme dans une enquête policière. Je savais déjà qu'Arthur Rimbaud avait seulement existé entre l'âge de quatorze et de dix-huit ans en tant que poète, qu'il avait renié plus tard ce parcours d'artiste, lors de son expérience africaine dans son engagement dans les affaires commerciales. Je savais qu'il n'avait publié de son vivant qu'une seule oeuvre, et laquelle ! Une saison en enfer... Sa célébrité en tant que poète vint longtemps après sa mort...

Voilà pour le décor...

Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais. Je suis entré en terre inconnue lorsqu'il s'est agi de poser le doigt sur l'autre, celui qui reste toujours dans l'ombre, le poids d'un frère ou d'une sœur célèbre, que devient l'autre alors. C'est le propos de David Le Bailly, au ton parfois personnel que j'ai trouvé juste, sensible, qui n'enlève rien au génie d'Arthur Rimbaud, j'ai presque envie ici de désigner ce dernier comme l'autre, tant le personnage principal du récit ici n'est peut-être pas l'autre, celui qu'on croit l'autre, celui qui n'était pas l'autre devient peu à peu l'autre sous les mots justes de David Le Bailly, enfin vous me suivez toujours j'espère...

Une mère castratrice, une fille qui le devint sous sa coupe, on fait dire ce qu'on veut à un mort, en plus lorsqu'il est célèbre et ne peut plus s'exprimer. On retouche sa statue tant qu'à faire. Arthur Rimbaud, poète maudit, devient pendant quelques années, par la manipulation d'une caste familiale effroyable, presque un saint, un dévot, un monarchiste, un garant de l'ordre et du respect. Certains y ont cru un instant...

La tragédie dans cette histoire est celle d'un homme bafoué, banni, oublié, effacé, au sens propre comme au sens figuré.

Le propos de l'auteur ainsi que sa démarche sont emplis d'humilité, c'est ce qui m'a touché. Pourquoi tant de gens célèbres, Paul Claudel, André Gide, Victor Segalen, plus tard Yves Bonnefoy que j'apprécie tant, ont eu tant de mots pour dire l'idiotie de ce frère qui ne méritait pas de figurer sur la photo.

Certes Frédéric était moins doué qu'Arthur à l'école, certes Frédéric exerça un métier peu considéré au regard de sa mère, domestique, conducteur d'omnibus (entendez là chers amis avec des chevaux !).

Frédéric eut cependant le cran de résister à cette tyrannie familiale...

Alors, il y a quelque chose de sidérant que j'ai découvert dans la mort d'Arthur Rimbaud et de son frère Frédéric... Je n'en dirai pas plus, mais pour ceux qui seraient un peu attentifs aux choses un peu irrationnels et sensibles aux malédictions, cela vaut l'étonnement tout de même...

Dans les clapotements furieux des marées, ce récit est une réhabilitation d'un être effacé à tort, un laissé pour compte, pas forcément l'idiot de famille, plutôt écrasé par un poids énorme, il était une tâche et on voulait l'effacer...

D'ailleurs pendant longtemps Arthur Rimbaud était aussi une tâche dans la façon bien-pensante et conformiste de la famille, jusqu'au jour où, mort, puis devenant célèbre, la famille au travers de cette satanée soeur Isabelle, sentit l'intérêt financier qu'il y avait à réveiller le mort et sut s'en servir au détriment de son frère, qui lui demeura toujours sincère vis-à-vis de lui et des autres, ce fut cette sincérité qui le perdit...

La tempête a béni mes éveils maritimes. J'ai aimé ici cette tirade de Ruy Blas à Don Salluste cité par l'auteur et qui porte le sens du récit : « J'ai l'habit d'un laquais, vous en avez l'âme ! »

Bref ! Au-delà du cas Rimbaud, l'auteur nous propulse dans une véritable réflexion sur le poids de la célébrité et les déflagrations collatérales parfois tragiques. Génial !
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Hôtel de la Folie

David Le Bailly livre ici un très bel hommage à sa grand-mère, sa « mémé » (ce surnom m’a beaucoup touchée car c’était le même avec lequel j’appelais ma regrettée grand-mère), qui fût sa pierre angulaire, suite à une mère psychologiquement instable et un père absent, jusqu’au funeste jour où elle sauta par la fenêtre de leur appartement bourgeois parisien.



C’est un travail d’introspection familiale que l’auteur a entrepris afin de comprendre ce tragique et terrible geste mais surtout également aussi le chemin parcouru par Pià Nerina, depuis ses origines modestes napolitaines jusqu’aux beaux quartiers parisiens au travers de photos, de textes, de lettres,….



Roman très intimiste porté par une plume élégante et forte, j’ai perçu beaucoup d’amour pour cette femme hors du commun, qui éleva son petit-fils du mieux qu’elle pouvait. J’ai ressenti beaucoup d’émotions pour ce livre très personnel. Inévitablement, on en apprend aussi beaucoup sur l’auteur, que je ne connaissais pas jusqu’alors.



Ce travail de recherches de ses origines par l’auteur est aisément compréhensible car chaque individu a besoin de connaître d’où il vient pour savoir où il va et j’ai été happée par cette autobiographie émouvante et poignante.



Un roman très fort que je ne suis pas près d’oublier et que je vous conseille vivement pour cette rentrée littéraire 2023 !
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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L'Autre Rimbaud

L'autre Rimbaud, Frédéric...

J'aurais aimé moi aussi en savoir plus sur ce confident de l'enfance du poète...J'ai beaucoup lu sur Arthur, sa mère...le journal de Vitalie nous permet d'approcher un peu l'intimité du foyer et Isabelle aussi a beaucoup parlé, dit beaucoup de mensonges, on le sait...Mais de Frédéric on ne sait rien, parce qu il n'a jamais parlé...Je n'ai rien appris dans ce livre sauf un scoop rapide : Frédéric a communiqué avec son père à l'âge adulte, et je croyais que ce dernier n'avait jamais repris contact avec sa famille lâchement abandonnée...

Le livre souffre d'un manque de matière et les parties imaginaires qui pallient à ce manque ne sont pas nettement marquées.

Par ailleurs, dans son noble souci de rétablir la réputation injustement souillée du frère aîné, l'auteur tombe lui-aussi dans les jugements hâtifs. Oui la mère est dure et autoritaire, mais elle a été abandonnée seule avec quatre enfants, dont deux fils pour le moins compliqués dont elle doit assurer l'avenir. Une femme seule, quittée, dans une petite ville de province en 1860, c'est la honte, l'opprobre, elle doit faire front et n'a pas droit à l'erreur, on l'observe, l'epie, la juge. Quand les biographes des Rimbaud parviendront-ils à saisir la part terrible du départ du père dans la dislocation de la famille ? Quatre enfants laissés sans espoir de le revoir : pouvaient-ils se considérer autrement que comme des néants, juste bons à jeter ? Quelle image d'eux-mêmes ce père leur a-il donnée ? Désastreuse, évidemment. La mère a assuré, avec ce qu'elle avait et en se blindant à l'extrême.

Rimbaud, Arthur, en prend pour son grade: il devient dans le texte, après la littérature, le double de sa mère, âpre au gain, obsédé par l'argent...C'est beaucoup plus compliqué. Après l'échec de sa quête métaphysique, poétique, Arthur Rimbaud est mort à l interieur, carbonisé. Il n'a pas écrit des vers pour passer le temps ou parce qu'il en avait le talent, il a écrit pour changer le monde et il s y est mis tout entier. On ne revient pas d'un tel voyage. L'Arthur qui écrit à sa mère est un spectre ravagé.

Isabelle...Je ne sais pas trop alors je ne m'avancerai pas...J ignorais aussi, c'est vrai, qu'elle avait spolié son frère des droits d'auteur.

C'est sur la guerre réelle et étonnamment dure que se livrent la mère alliée à sa fille et Frédéric que j'aurais aimé que l'auteur, sans se borner aux faits, établisse des hypothèses plus profonde. Car après la lecture, elle demeure mystérieuse et, c'est vrai, profondément intéressante. Qu'a donc fait Frédéric pour mériter pareil traitement ? Un mariage ? Cela suffit-il à expliquer ce déferlement de haine ? Je n'ai pas eu la réponse...









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L'Autre Rimbaud

A lire les critiques très positives sur ce roman de David Le Bailly, j’ai eu très envie de le découvrir et bien m’en a pris.

Il s’agit bien d’un roman, même si l’auteur, parti sur les traces de l’autre Rimbaud, a entrepris une enquête minutieuse. Frédéric Rimbaud, frère aîné d’Arthur a été gommé de l’histoire familiale jusqu’à être effacé de cette photo de communion en compagnie de son frère. Il était donc difficile de construire une biographie avec si peu d’éléments et c’est là qu’intervient la fiction, nourrie de documents sur l’époque et d’étude minutieuse des courriers de plusieurs membres de la famille. Et c’est d’après ces quelques documents que David Le Bailly a su donner vie aux personnages, et plus particulièrement Frédéric, le rejeté, l’ostracisé de la famille Ribaud.

Ces dialogues imaginés entre la mère Vitalie, et son fils Frédéric qu’elle n’a pas cessé d’humilier, donnent le ton à cette histoire familiale. Rimbaud, le poète, ne sort pas grandi de ce récit. La mère et sa fille Isabelle avec l’époux de celle-ci, Paterne Berrichon, ont réalisé un travail de faussaire à peine croyable. Arthur Rimbaud l’impie mourut comme un saint. On le présenta comme un homme d’affaire prospère, passant sous silence ses actions peu glorieuses, tandis que ses lettres furent réécrites. Isabelle et Berrichon, un « couple de faussaire qui prospérait sur une œuvre, sur un mythe, trompant le public sur l’homme véritable qu’avait été Arthur »

Quant à Frédéric, cet homme simple, fier de n’être qu’un conducteur d’omnibus n’aspirait qu’à vivre heureux avec Blanche que Vitalie refusait qu’il épouse. Il fut humilié et maudit et ses enfants après lui qu’on priva de l’héritage littéraire d’Arthur Rimbaud.

En prologue et en fin de volume, la photo de communion des deux frères puis celle, retouchée par Isabelle, ou Arthur se retrouve seul, voilà qui en dit long sur la disparition de ce frère gênant et sur les secrets de famille.

L’auteur rétablit une vérité sur l’autre Rimbaud injustement effacé et cette biographie romancée où réalité et fiction se mêlent sans fausse note est passionnante.



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Hôtel de la Folie

S’affranchir des lois et des codes n’est pas sans conséquences sur les descendants.



David Le Bailly sait manipuler l’écriture afin de nous mettre dans l’ambiance de ses émotions. Des phrases souvent très courtes pour donner un certain tempo, puis plus étoffées lorsque son esprit s’envole avec ce qu’il voit, devine ou découvre.

Son narrateur, David est le petit-fils d’une grand-mère adulée mais au final inconnue pour lui jusqu’à la mort de sa propre mère.

L’image s’ouvre sur le suicide, le 7 décembre 1987, de cette mémé, Pia Nerina. David la voit se jeter du balcon de l’appartement dans lequel ils vivaient tous les trois, lui, sa mère et sa grand-mère. Une vie en huit clos, complètement phagocytée et rythmée par la folie et la violence de sa mère. Lorsque celle-ci meurt, trente années plus tard, d’une maladie du foie, il est plongé dans les affres du rangement du lieu. Et c'est là qu’il éprouve le besoin de savoir, une fois pour toute ce qui se cachait derrière la vie de cette grand-mère et la folie de sa fille.

Avant cela et surtout parce qu’il était trop jeune il écrit :

« Nous vivions ensemble, inséparables, et ton passé, parce qu’il n’empiétait pas sur nos sentiments, ne me dérangeait pas. »

Et pourtant la tension que la mère impose, la peur qu’elle génère à chacun de ses retours dans l’appartement est palpable. David n’a que sa grand-mère pour survivre.

« La cuisine est la pièce où nous passons le plus de temps. J’aime connaitre la vie des gens du quartier, et sur eux je te pose toutes sortes de questions. Ou je te regarde sans rien dire, préparer les repas, faire la lessive. Ou je t‘écoute me chanter le petit Papa Noël de Tino Rossi. Ou je chaparde dans ton dos les biscuits que tu as planqués dans le garde-manger. Le temps est infini, si lent qu’il me semble que je serai mort depuis longtemps quand viendra l’âge adulte. »



Parmi ce capharnaüm qu’il doit débarrasser, se trouvent des documents qui révèlent une partie de la vie falsifiée de cette mémé qui était son seul rayon de soleil. Dans chaque recoin ça sent le souffre (sens figuré) et le vomi (sens propre). Faux mariage, fausses dates de naissances, fausses adresses, période blonde et période brune. Comment est-elle passée de napolitaine sans le sou à cette sulfureuse jeune femme? Qui est cet espagnol Pyrrhus ? Qui lui a permis de vivre dans un aussi bel appartement du quartier de l’Etoile ? Et surtout, comment s’en sortir lorsqu’aucune photo ne comporte de date, de lieu ou de circonstances ?



Même s’il ne trouve aucune preuve d’amour, de promesses, de joie dans cet appartement, il va poursuivre ses recherches, avec un acharnement irrépressible, en quête de SA lumière, celle dont il a besoin. La fin du livre n’est pas comme une fin de roman classique, ce pourrait plutôt être la fin d’une étape de vie.



David Le Bailly a bien fait de nous transmettre son autobiographie. Elle fera du bien à beaucoup de lecteurs ayant aussi maille à partir avec le passé, la vie menée par leurs ancêtres. Pour les autres, ça nous montre combien nous sommes chanceux de vivre dans la nôtre, peut-être pas parfaite mais nettement moins terrible que celle de David.
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L'Autre Rimbaud

David Le Bailly invite le lecteur à le suivre dans sa quête pour faire connaissance avec l'Autre Rimbaud. Pourquoi cette attirance pour Frédéric Rimbaud ? Cet invisible, et si souvent nommé "le raté" ? Peut-être pour relever le défi abandonné par Pierre Michon mais peut-être surtout parce que " la relation entre Frédéric et sa mère évoquait celle que j'avais eu avec la mienne faite d'espoirs déçus, de pardons jamais accordés. Comme mon héros je n'avais pas eu de père et je mettais battu avec une mère autoritaire..."

Il s'agit d'une rencontre avec une famille sous le joug d'une mère castratrice autoritaire ,froide et sans amour et sur le poid de l'absence du père. Ce livre a changé mon regard sur Arthur Rimbaud. Il l'a rendu plus humain parce qu'il est tombé de son piédestal pour devenir un homme de chair mais paradoxalement il m'est aussi devenu inhumain parce que chez lui rien ne parle d'amour. Tout est égoïsme , trahison et calcul vénal. Son frère n'est pas un héros,il tente d'exister dans l'ombre d'un frère qu'il a profondément aimé et sous la poigne de fer de sa mère puis sa sœur. Pourtant, s'il a raté sa vie il est tout sauf un raté . Il a un coeur qui palpite , qui aime, qui tremble, qui s'essouffle, qui ose s'affirmer malgré le prix qui lui en coûte. Sans renier le poète,je me suis éloignée d'Arthur par compassion et admiration pour Frédéric.
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L'Autre Rimbaud

Une enquête passionnante sur le frère du poète Arthur Rimbaud, l'autre Rimbaud, donc. On découvre cette famille pour le moins dysfonctionnelle. On est stupéfait de la façon dont le frère aîné d'Arthur est peu à peu mis au ban de la famille, exclu de la légende rimbaldienne qui se construit à la mort du poète, de son héritage (au propre comme au figuré), et qu'on a fini par effacer purement et simplement des photos de famille car il gênait la mise en place du mythe.



On en vient à mieux comprendre l'Arthur Rimbaud d'après la poésie, celui du commerce en Abyssinie, guère flamboyant, qui ne fait pas rêver, et on en vient à se demander comment, au sein d'une telle famille, la grâce du génie a pu toucher Arthur. Car si l'autre Rimbaud de ce livre étonnant est bien le frère du poète, on découvre aussi un autre Arthur Rimbaud, loin du mythe et pour tout dire pas franchement aimable.



J'ai vraiment beaucoup aimé ce récit captivant : histoire étonnante, style efficace, quelques petits chapitres intercalaires qui éclairent sur la démarche de l'auteur-enquêteur, c'est très bien fait, ça se lit d'une traite.
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L'Autre Rimbaud

"L'autre Rimbaud" de David Le Bailly est arrivé entre mes mains lors d'un comité de lecture à la bibliothèque de ma ville, grâce à Anne, bibliothécaire, qui le présentait.

Ce livre avait tout pour me plaire car, d'abord, j'aime Arthur Rimbaud depuis le collège, et, ensuite, je suis ardennaise comme lui.

Mais si je savais qu'il avait deux soeurs, Vitalie, la plus gentille qui meurt jeune et Isabelle, j'ignorais qu'il avait un frère. Et pour cause...

L'auteur, avec les maigres renseignements qu'il a pu récolter grâce à un travail de fourmi dont il faut le féliciter, a essayé de rendre justice à Frédéric.

Ce frère mal-aimé, le « sans-voix », « dénigré », « déchu » car devenu un conducteur d'omnibus à Attigny, donc un domestique, considéré comme « traître » à sa famille puisqu'il a choisi de se marier contre l'avis de sa mère, « renié », « dépossédé » puisqu'il ne touchera jamais un sou de ce que rapporteront les oeuvres d'Arthur, et enfin « effacé » puisqu'il a disparu de leur photo de communion.

Incroyable ! La férocité de sa mère à son égard est sans borne. Sa soeur Isabelle ne vaut pas mieux. Et Arthur l'ignore et le méprise.

Pourtant leur jeunesse avait été joyeuse, avec un belle complicité, une cohésion face à une mère inflexible.

Tout avait changé avec le départ d'Arthur. Le poète était mort, le négociant était né. Ce n'était plus le même homme. Pour obtenir ce qu'il veut de la mère, il abonde dans son sens quand elle dévalorise Frédéric.

La mère est devenue une mégère, incapable d'amour sauf pour Arthur, une avare toujours sur le dos de ses fermiers, une paranoïaque se méfiant de tous ses voisins, une bigote d'un méchanceté sans limite.

Aux filles de Frédéric, Emilie et Nelly, qui souhaitaient la rencontrer, elle a fait dire : « Je les verrai aux pieds de Dieu, si elles en sont dignes ! ». C'est la charité chrétienne selon madame mère.

Frédéric meurt en 1911.

Triste, très triste cette histoire, mais nécessaire.

Je remercie l'auteur de s'être penché avec art sur cette «vie ratée ».



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L'Autre Rimbaud

Le mythe construit par Isabelle, la soeur d’Arthur Rimbaud, est depuis longtemps tombé.

La bigoterie et autres fadaises n’ont pas résisté.

Il demeurait néanmoins une inconnue : qui était ce frère Frédéric dont même le visage fut banni de la première photo connue du poète.



Banni de la représentation, banni de la famille pour un mariage socialement intolérable, banni de l’héritage familial, banni des droits d’auteur.



Juste le droit de se taire, d’accepter d’être dupe et d’être à jamais, grâce aux mots répétés (y compris par de grands auteurs), jamais vérifiés, l’idiot et l’incapable de la famille.

Déchéance sociale, domesticité, l’homme n’est intéressant pour personne.



C’était sans compter la rencontre que fit David Le Bailly et l’éveil de son intérêt pour cet ectoplasme que tous ignoraient.

Lectures, recherches, entretiens, imprégnations, … et « L’Autre Rimbaud » apparut.



Arthur est omniprésent lors de la lecture. La relation entre les frères se dévoile.

Le rôle choquant de la mère et de son prolongement dans sa fille Isabelle sont décrits dans toute leur intransigeance et cruauté, en grandes catholiques qu’elles sont.

Isabelle, mariée par dépit à Paterne Berrichon à qui l’on doit une description de la naissance d’Arthur on ne peut plus abracadabrantesque.

Esprits d’une grande humanité et d’une belle empathie qui regrettent le manque de lecture à cause des procès de l’époque (Affaire Dreyfus) en lisant « La Libre Parole », le journal antisémite d’Edouard Drumont!

Bien des phrases et des actes font dresser les cheveux sur la tête.



Le bien-fondé du livre est de « replacer » les choses et de redonner un peu d’humanité et de vie à Frédéric Rimbaud, celui qui eut tort aux yeux de sa famille et par conséquent tort aux yeux des admirateurs du poète dont il fut dit qu’il serait « un génie du bien ou un génie du mal ».



Famille où la cheffe du clan domina et créa ainsi des êtres perclus de doutes et/ou de certitudes malvenues, de souffrances, de domination déplacée, un cas pour la psychanalyse.



L’auteur construit le roman à partir de ses recherches et de la lecture de la correspondance familiale.

Chaque chapitre est suivi, en italique, de considérations bien réelles qui permettent de nuancer les parties romanesques.



Un livre édifiant qui raconte, dans un style simple et clair, une vie qui a droit, comme toute vie, à ne pas se résumer à une vengeance entretenue par la famille.

Le portrait falsifié reprend forme et les visages recomposés existent au-delà de la gloire littéraire du seul Arthur.



Un grand merci à Babelio et aux Éditions L'Iconoclaste pour cette lecture passionnante.







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L'Autre Rimbaud

Je remercie Babelio et les éditions l'Iconoclaste de m'avoir adressé cet ouvrage.

 Avant de parler du livre de David le Bailly « L'autre Rimbaud », il me semble opportun de donner mon sentiment au sujet d'une pétition qui vient d'être lancée demandant l'entrée conjointe d'Athur Rimbaud et de Paul Verlaine au Panthéon.

 Les pétitionnaires n'énoncent rien moins que quatre raisons que je résume ci-dessous :

1 — Littéraire : pour l'influence que ces deux poètes de génie ont eue sur notre histoire littéraire.

2 — Politique : C'est à Verlaine que l'on doit le vers célèbre annonçant le débarquement en 1944 :

« Les sanglots longs des violons de l'automne

Bercent mon coeur d'une langueur monotone »

et c'est à Rimbaud qu'a été emprunté « Changer la vie », le slogan de la gauche des années 1970.

3 — Morale : car les tombes des deux poètes sont laissées à l'abandon sous la poussière.

4 — Judiciaire : en 1873, Paul Verlaine a été condamné à deux ans de prison pour avoir tiré deux coups de revolver sur Rimbaud. Ce dernier, dont la blessure était légère a ensuite retiré sa plainte. Verlaine est pourtant resté 555 jours en prison. Les auteurs de la pétition arguent aussi du fait que la police de Paris aurait favorisé l'aggravation de la peine en dénonçant « ce drôle de ménage ».

 En conclusion les pétitionnaires considèrent que l'entrée au Panthéon de Rimbaud et Verlaine serait un geste d'une portée symbolique considérable. Suivent les signatures de plusieurs anciens ministres de la culture ainsi que celle de la ministre actuelle Roselyne Bachelot.

 On peut admettre qu'il s'agit là de deux poètes majeurs qui méritent une certaine reconnaissance du monde littéraire, mais de là à en faire des héros de la patrie au motif que l'un aurait été condamné trop sévèrement pour une tentative de meurtre et que tous deux reposent dans des tombes mal entretenues, c'est un peu beaucoup. Un autre motif est évoqué en tête de la pétition et semble être un des éléments principaux motivant la demande :

« Ils sont aussi deux symboles de la diversité. Ils durent endurer “l'homophobie” implacable de leur époque. Ils sont les Oscar Wilde français. »

 L'homosexualité des deux poètes serait-elle un atout supplémentaire pour leur Panthéonisation ? Ce mélange entre le mérite littéraire et la volonté de défendre la diversité ne me semble pas pertinent. Nos deux poètes maudits ne sont pas forcément des modèles d'humanité, l'un était un alcoolique invétéré, violent (il battait sa femme), il n'a pas hésité à tirer deux balles de revolver sur son ami au terme d'une querelle d'amoureux, il a aussi tenté d'étrangler sa propre mère. Verlaine était en totale rupture avec la morale convenue de son temps. On pourrait aussi reproché à Rimbaud d'avoir souhaité s'enrichir en Afrique en profitant de l'ambiance esclavagiste, sans s'en émouvoir, et d'avoir aussi mené à but lucratif une entreprise de trafic d'armes. Car si le poète doit être un « voyant » (1) comme le déclare lui-même Rimbaud, cela ne l'empêche pas pour autant de « fermer les yeux » quand cela l'arrange. Nul n'est parfait, et le génie poétique n'est finalement pas incompatible avec la délinquance (François Villon est le premier des poètes maudits).

 La sincérité de la passion rimbaldienne des pétitionnaires n'est pas à remettre en cause et leur démarche a le mérite de donner un nouveau coup de projecteur sur ces deux immenses poètes dont j'apprécie l'oeuvre (avec une préférence pour Verlaine), mais j'espère, au cas où la pétition n'aboutirait pas, que pour le moins, ils constitueront une cagnotte pour l'entretien des tombes. Un petit geste d'attention à la mémoire des poètes qui eux-mêmes auraient sans doute refusé la Panthéonisation. Doit-on rappeler que Rimbaud, ancien communard, anticlérical, pourfendeur de la bourgeoisie bien-pensante, antimilitariste, épris de liberté jusqu'à prôner l'anarchiste, à remis en question tous les codes académiques ? Je doute qu'il se sentirait à l'aise dans ce temple du conformisme. Et comme le dit très justement l'écrivain et blogueur Laurent Sagalovitsch : « L'homosexualité a toute sa place au Panthéon. Et s'il fallait en choisir un qui la représente, qui d'autre que Marcel Proust dont le judaïsme de naissance appuierait encore un peu plus la diversité de l'institution ? N'incarne-t-il pas à lui tout seul la grandeur immarcescible du génie français ? Et à n'en pas douter, lui, le chroniqueur sublime des mondanités parisiennes, envierait pareil hommage. »

Revenons maintenant au livre de David le Bailly.

 Le nom d'Arthur Rimbaud évoque le visage angélique d'un adolescent au génie poétique précoce et trop tôt disparu. Pour beaucoup il évoque aussi le souvenir de poèmes sublimes, riches d'innovations comme « Le dormeur du val », « Le bateau ivre » ou « Les voyelles ». On s'imagine un jeune homme romantique fragile et sensible, séduit par la notoriété naissante de Paul Verlaine dont il deviendra le compagnon de vie et d'errance pendant trois courtes années tous deux à la recherche d'un idéal poétique. Dans mon imaginaire Rimbaud était de la même veine qu'un François Villon, lequel était assimilé à un poète mauvais garçon, délinquant, aux idées vagabondes peu organisées, exprimant avec débordement une poésie instinctive. La précocité de Rimbaud, la brièveté de sa vie et son non-conformisme en faisait une étoile filante aux origines aussi incertaines que sa destination. En réalité les poèmes de Rimbaud, en particulier « Le bateau ivre », montrent une érudition au service d'un lyrisme et d'une pensée structurée. Son vocabulaire extrêmement riche emprunte au lyrisme des poètes grecs, il est non-croyant, mais la bible l’inspire, il rehausse de néologismes et de latinismes une palette sémantique étendue acquise par d’immenses lectures.

 Mais derrière ces impressions ou ces clichés rebattus n'y a-t-il pas une autre réalité ? de quel milieu est issu Arthur Rimbaud ? Quelles relations entretenait-il avec sa famille ? J'ai longtemps cru que Rimbaud était mort très jeune, disons de tuberculose à 25 ans comme beaucoup de génies précoces, dans le respect d'une tradition tenace. La réalité est encore plus tragique. Je n'avais jamais été au-delà de la lecture de quelques-uns de ses poèmes, sans me documenter sur le détail de sa vie qui ne fut pas si courte que cela puisqu'il est mort à 37 ans d'un cancer généralisé après avoir subi l'amputation d'une jambe. le livre de David le Bailly m'a éclairé sur certains aspects méconnus de la personnalité de « L'homme aux semelles de vent », mais aussi sur ses origines et son entourage en particulier sur sa mère et son frère.

 D'un point de vue littéraire il est vrai que l'on peut dire que Rimbaud est mort à 20 ans, c'est à peu près l'âge où il a subitement décidé de renoncer à écrire, sans que l'on sache réellement pourquoi. Comme s'il avait épuisé toutes les ressources que pouvait lui procurer la littérature pour choisir une autre voie, la liberté totale, l'aventure, les voyages, le renoncement à toute vie conventionnelle.

 Un jour, le journaliste et écrivain David le Bailly, entend parler à la radio de Frédéric Rimbaud, le frère du poète. Sa curiosité est mise en éveil par le mystère qui semble planer autour de sa vie. David le Bailly décéle intuitivement qu'il y a derrière ce frère un secret de famille bien gardé. Frédéric aurait été écarté de la mémoire familiale afin de ne pas ternir l'image du grand poète. Qu'en est-il exactement se demande David le Bailly, il décide de mener sa propre enquête.

 Frédéric et Arthur ont reçu la même éducation jusqu'au bac auxquels ils ont tous les deux renoncé trop pressés de prendre leur vie en main. Arthur est brillant, il rafle tous les prix et prend conscience dès l'âge de 15 ans de son génie poétique. Frédéric reste un élève moyen, mais rêve d'une carrière d'officier comme son père. Ce dernier a malheureusement déserté le milieu familial effrayé par le caractère acariâtre et possessif de sa femme Vitalie avec laquelle il ne parvient pas à s'entendre.

 Dans l'enfance, les deux frères sont inséparables et complices. Mais Arthur s'émancipe très vite et part à Paris rejoindre un cercle de poètes qui l'ont complimenté sur ces oeuvres. Dès lors Frédéric resté à la ferme familiale pour aider sa mère va devenir le souffre-douleur sur lequel sa mère cherchera à se venger de son mari qui selon elle lui aurait gâché la vie. À l'inverse Arthur sera célébré, adulé, admiré malgré ses frasques. C'est le point de départ d'une injustice qui va générer des péripéties dramatiques dignes d'un roman de Zola. L'auteur nous livre un texte à la frontière entre le roman et l'enquête journalistique. Moi qui n'aime pas trop les biographies romancées j'ai trouvé là un bon compromis où les séquences fictionnelles ne sont là que pour assurer une certaine continuité du récit sans trahir la vérité historique. le récit est entrecoupé de confidences de l'auteur qui nous dévoile des détails sur la manière dont il a mené son enquête. Cela donne un livre passionnant que j'ai dévoré en quelques heures avec l'envie d'en savoir encore plus sur tous les acteurs de cette incroyable histoire. On est littéralement happé, immergé dans ce monde paysan des Ardennes de cette fin du XIXe siècle.

 La mère de Rimbaud qui impose sa volonté avec une rare pugnacité est un personnage étonnant à la rancoeur tenace. Son intransigeance et son manque d'empathie sont à l'origine du malheur qui a frappé tous les membres de sa famille.

 C'est l'histoire de la relation entre deux frères, c'est aussi l'histoire d'un secret de famille, une histoire d'injustice et de vies amputées par l'égoïsme et la cupidité d'un clan. Cette enquête centrée sur Frédéric, « L'autre Rimbaud », apporte aussi, en creux, un éclairage étonnant sur la personnalité de son frère Arthur qui après avoir cessé d'écrire à 20 ans est devenu affairiste, négociant, désabusé. On mesure la perte de ses illusions en lisant ses propos tenus dans une lettre adressée aux siens en 1886 : « Enfin, l'homme compte passer les trois quarts de sa vie à souffrir pour se reposer le quatrième quart, et, le plus souvent, il crève sans plus savoir où il en est de son plan. »

(1) Dans une lettre du 15 mai 1871 à Paul Demeny, Rimbaud révèle ce qui, selon lui, caractérise le poète : « Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant. le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ».

Bibliographie :

« L'autre Rimbaud », David le Bailly, l'iconoclaste (2020), 371 pages.

« Rimbaud oeuvres complètes », classiques modernes, La Pochotèque (199), 1039 pages.
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Hôtel de la Folie

Sous forme d'une longue lettre, l'auteur s'adresse à sa grand-mère Pia Nerina de Cecchi .



Lorsque la mère de David décède, 33 ans après le suicide de Pia Nerina, David retrouve quelques documents et photos qui le font replonger dans ses souvenirs de l'enfance qu'il a passé auprès de sa grand-mère et de sa mère .

Il part à la recherche de l’histoire de Pia Nerina, qui l'a élevé et avec qui il était très lié mais qui s'est suicidé en se jetant par une fenêtre de l'appartement où ils vivaient ensemble proche de l'Avenue Montaigne à Paris.



Arrivée de Naples à Paris , à l'âge de 16 ans sans un sou , elle avait vécu avec de nombreux frères et sœurs à l’Hôtel de la Folie avant la ruine du père, Pia Nerina trouve rapidement des "protecteurs"



Une enquête sur son passé avec peu d'éléments , quelques photos plus ou moins datées dont beaucoup sont abimées volontairement, bouche et nez grattés, de coupures de presse , de mains courantes de commissariat et de quelques lettres ...



"Tes photos sont un leurre: elles racontent une vie merveilleuse , sublimée, de villégiature en villégiature , de fêtes en moments de joie . Tu donnais le change, solaire et exubérante , à ton aise quand il s'agissait de prendre la pose . Si sûre de toi que je peine à faire le lien avec la grand-mère que j'ai aimé ".



Il se renseigne sur les principaux hommes de sa vie, contacte la famille napolitaine, retrace les événements liés à la guerre d'Espagne puis la seconde guerre mondiale .



"Quel démon suis-je venu terrasser ici?

Un passé honteux ? "



Cela entraine beaucoup de suppositions , d'autant que , aussi bien sa grand-mère et sa mère avaient un don particulier de mythomanie, s'inventant des mariages, des adresses , des amis !

La disparition de l'aïeule le laisse seul face à sa mère, folle et violente .



Les liens étroits et puissants entre David et Pia sont émouvants mais trop de questions et suppositions laissent une impression de d'inachevé et un vide qui m'a laissé perplexe sur l'intérêt de cette lecture...



"Au début de cette lettre , je t'écrivais que tu ne m'avais rien laissé. J'ai été injuste. Ta présence est bien là, ombre protectrice près de moi ".



C'est là l'essentiel même si cette ombre protectrice ne s'étend que sur l'auteur !



Je suis restée en dehors de cette histoire, n'arrivant pas à créer de lien avec les personnages et je me suis ennuyée, dommage.



Je remercie Masser Critique privilégiée et les Éditions du Seuil
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L'Autre Rimbaud

L'autre Rimbaud (Auteur: David Le Bailly) L'iconoclaste; Roman 365 pages.

Alors, je ne m'appelle pas Rimbaud mais issu de ma souffrance, amoureuse ou psychologique, autrefois, j'ai créé de nombreux poèmes. C'est facile, trouve une belle phrase, retiens la dernière syllabe, cherche un mot qui rime avec, écris le second vers, et recommence... C'est aussi simple que ça, la poésie... Et je pense que cet avis sera très controversé, mais la poésie, comme décrite par Platon, est, au mieux, le vecteur du Divin, au pire, les divagations sans sens de l'esprit... J'ai beaucoup plus de respect pour celui qui monte un histoire cohérente, avec un début, une fin et un milieu... Je ne comprend pas le succès des grands poètes... Leurs écrits ont ils seulement un sens? Que parfois, eux-mêmes (je suis passé par là) ne savent expliquer... Maintenant qu'on a bien descendu Arthur, parlons du roman, en fait, c'est plutôt un biographie de Frédéric, le grand frère d'Arthur de un an son ainé. Leurs chemins ont divergés et je trouve cette histoire terrible... Les parents qui préfèrent un enfant à un autre... Frédéric a certainement bien des qualités, mais elles ne font pas le poids... J'ai trouvé ce texte fatidique, tristement normal, comme une biographie. Il alterne tantôt le point de vue du biographe, tantôt des personnages... Pourquoi Frédéric a-t-il été effacé de l'histoire Rimbaud? Eh bien par un concours de circonstances et d'idéologie...
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L'Autre Rimbaud

Ce roman est en réalité une enquête, et une quête, celle d’un frère méconnu au nom prestigieux, Rimbaud

Effacé des photos (on apprend que la célèbre photo de Rimbaud a été modifiée), Frédéric n’apparait jamais dans les biographies de Rimbaud.

Seules sa mère, femme à la forte personnalité, et sa sœur sont mentionnées quand on parle de la vie d’Arthur.

Moins doué que son cadet, il sera d’abord simplement moins valorisé.

Ensuite, suite au succès d’Arthur, il sera mal traité par sa mère qui lui reproche de ne pas avoir d’ambition, de ne pas s’occuper du domaine familial et de vouloir faire un mariage en dessous de sa condition

Mais ce ne sont que des suppositions, car il existe très peu de témoignages sur Frédéric.

L’auteur a fait un énorme travail de recherche en consultant des archives, des témoignages, des compte-rendu de procès et même en rencontrant de lointains descendants de Frédéric.

L’ensemble donne une image féroce de la mère et de la sœur, qui étaient visiblement plus attachées à redorer l’image de rebelle d’Arthur pour en retirer des compensations financières

Et l’enquête concernant Frédéric a tellement peu d’éléments qu’elle laisse un goût d’inachevé…

Le hasard fait que j’ai reçu avec Masse critique le livre d’Alain Vircondelet « Rimbaud, dernier voyage », je vais donc rester encore un peu avec le poète maudit le plus célèbre…

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Hôtel de la Folie

Pendant toute ma lecture ce roman m'a perturbé :fiction ou autobiographie ?

Le narrateur a vécu dans une relation fusionnelle avec sa grand-mère, Pià Nérina. Sa mère vivait bien avec lui mais totalement absente de son éducation et ,surtout,incapable de lui procurer le moindre geste d'amour. Il ne connaît pas son père.

Bien plus tard il se remémore son histoire, le suicide de sa grand-mère adorée, et prend conscience qu'il ignore tout de la vie de cette femme. Il va alors tenter de reconstituer le puzzle qui constitue le mystère de Pià Nerina, et par ricochet celui de sa mère.

A la fin du Roman la question qui me taraudait restait entière. David Le Bailly entretient cette confusion entre fiction et réalité. Il jalonne son enquête de photographies, sème des similitudes avec sa propre identité. Il fait même référence au livre qu'il a écrit sur la compagne cachée de Mitterand...presque certaine que ce narrateur n'était autre que l'auteur,son prénom est d'ailleurs David,j'ai recherché des indications dans sa biographie et c'est seulement à ce moment que j'ai dû admettre qu'il s'agit d'une fiction!

Dans le roman, sa grand-mère est enceinte de sa mère en 1941,or David Le Bailly est né en 1950.

Quoiqu'il en soit la balade dans le temps que nous offre les deux David, est intriguante à l'image de Pià Nerina, petite sicilienne d'une famille de onze enfants qui quitte terre et famille pour Paris à seize ans, en quête d'une vie de luxe.

Mêlant références historiques et faits nés de son imagination l'auteur m'a retourné le cerveau jusqu'à la dernière minute. J'ai éprouvé de la compassion tant pour ce petit garçon prisonnier d'un fonctionnement familial terrible,que pour cette grand mère à la fois actrice et victime du drame qui s'y joue. Les noms de plusieurs personnages empruntés à la mythologie et l'antiquité viennent certainement confirmer que l'histoire de cet enfant est une tragédie.

J'avais beaucoup appris avec " L'autre Rimbaud",j'apprends à me méfier de ce qui semble pourtant si réel avec "L'hôtel de la folie"!

La plume journalistique et très vivante de David Le Bailly rend ce roman très agréable à lire et à titillé ma curiosité sans relâche, me conduisant finalement moi aussi à mener mon enquête !

Ouvrage original que j'ai eu la chance de découvrir en avant première grâce à Babelio et les éditions Roman Seuil. Je les remercie sincèrement l'un et l'autre.
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L'Autre Rimbaud

J'ai passé un excellent moment à lire L'Autre Rimbaud. L'Autre... celui qui n'avait pas l'intelligence de son frère; celui qui n'avait pas l'amour de sa mère; celui qui a voulu vivre sa vie comme il l'entendait et sortir du carcan familial.

L'Autre : Frédéric Rimbaud, frère aîné du poète, fils déchu, totalement évincé de la succession des oeuvres de son frère Arthur, qui n'a même pas eu sa place dans le caveau familial. Pour dire!

David Le Bailly est donc parti sur les traces de ce frère, cet homme qui semble être le "raté" de la famille. Dans une enquête minutieuse qu'il nous dévoile et que nous suivons avec autant d'intérêt que la vie de cette famille hors du commun, nous comprenons la difficulté de sa tâche car Frédéric semble oublié de tous, même de ses descendants. Même les biographes du poète l'ont mis de côté.

La mère: Vitalie Rimbaud, née Cuif, véritable marâtre sous la plume de David Le Bailly. Acariâtre, cupide, calculatrice, manipulatrice. MAIS... mais mais mais... comment ne pas oublier que cette femme a été abandonnée par son mari, la laissant seule avec 4 enfants, en plein 19ème siècle? Qu'elle doit affronter le décès prématuré d'une de ses filles? Que parmi ses garçons il y a tout de même Arthur Rimbaud, génie bien difficile à canaliser?

Alors ceci ne pardonne pas cela, toutefois c'est un aspect à prendre en compte avant de faire le procès de cette femme qui a certainement dû se forger une carapace à une époque où vivre seule avec ses enfants n'était pas forcément accepté par la société.

Que dire sur Frédéric? Un bon gars qui a toujours voulu bien faire, être heureux et rendre heureux, mais n'y a jamais vraiment réussi. Un personnage pour qui j'ai ressenti de l'affection contrairement à sa soeur Isabelle. Il apparaît bien plus sympathique que son frère Arthur dont nous suivons en filigrane la carrière car oui, il ne faut pas l'oublier, ce n'est pas Arthur qui est au centre des préoccupations de l'auteur, mais bien Frédéric. Et ça lui fait honneur, à cet homme rejeté par tous ses proches.
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