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Critiques de Davide Enia (103)
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Sur cette terre comme au ciel

Sur cette terre comme au ciel est un roman très différent de mes lectures habituelles, mais comme il ne faut jurer de rien, je l'ai apprécié bien plus que j'aurais pu le croire.

Trois hommes, trois destins, tous noués par la boxe. Le grand-père, qui ne pratique pas mais garde le souvenir d'un ami boxeur pendant la guerre, le grand-oncle, ancien champion, et le jeune espoir, et comme en filigrane, muet à jamais, le père, boxeur de génie disparu bien trop jeune.

Les femmes sont mère et grand-mère, intéressantes mais finalement pas importantes dans cette histoire, ou prostituées, ou petites amies en devenir, se définissant uniquement par leur rôle vis à vis des hommes. Et pourtant, dans la plume de l'auteur, cet univers d'hommes quelque peu misogyne prend un tour auquel je me suis laissée prendre. Le championnat, et cette sorte de malédiction familiale qui fait que le titre échappe toujours, la guerre, la mafia, les amours contrariées, tout ce mélange dans ce récit d'arrivée à l'âge adulte mené avec un certain brio.

Pas parfait, mais très certainement intéressant.
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Sur cette terre comme au ciel

Un roman magnifique qui vous emporte en Sicile et à Palerme sur les traces de Davidù, narrateur de 9 ans au début du récit. Ce livre retrace la vie de trois hommes simples, blessés et bons. Le grand-père, un taiseux, homme sage, loyal et fidèle en amitié, qui porte en lui la séparation de son seul ami d'enfance, et l'épreuve très dure des 2 années de captivité en Afrique du Nord pendant la 2e Guerre mondiale. Le père que Davidù n'a pas connu, Le paladin, jeune boxeur prometteur, mort prématurément dans un accident de voiture. Et enfin Umbertino, l'oncle maternel qui tiendra le rôle du père mort. Il a un ami, son seul ami Gerruso, admirateur inconditionnel de Davidù et aussi Nina, la cousine de Gerruso dont il tombe raide amoureux, au début du roman au milieu des coups, du sang, des déflagrations des armes et de l’hululement des ambulances du Palerme dans les années 80.



L'amour et la pratique de la Boxe relient Davidù à son père et à son oncle qui devient, dès ses 9 ans, son entraineur, son guide et son soutien affectif. La lecture de ce roman a réussi à me faire vibrer pour ce sport particulièrement violent qu'est la boxe. Tous les personnages masculins de ce livre sont machos, mais pourtant sa lecture nous permet d’approcher, nous autres femmes, de la difficulté d'être un MÂLE et de tenir ce rôle toujours et quoi qu'il arrive. Il faut dire aussi que les personnages féminins qui gravitent autour de ces hommes, sont aussi très forts. En fait, la seule chose qui leur fait baisser la garde, à ses machos, c'est l’amour ! Ils ne savent pas et ne peuvent pas, dans cette île, exprimer le moindre sentiment qui les déstabilise. Nina, son coup de foudre d'enfance, le baptisera de son nom de boxeur, comme étant "Le Poète", car il a des lettres. Sa grand-mère, institutrice lui a enseigné l'art de lire et d'écrire dès ses 4 ans et l'adolescent est sensible et aussi un brillant étudiant.

Il y a beaucoup de dialogues dans ce livre et l'on voit bien que l'auteur est avant tout dramaturge, la lecture est fluide et très agréable malgré les retours en arrière fréquents qui déstabilisent le lecteur.

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La loi de la mer

Monsieur Enia, vous insufflez un nouveau genre à la littérature sicilienne!

Boulversant, émouvant, époustouflant!

Comme le premier roman, une écriture fluide et efficace pour décrire les méandres humains.

Un récit d’une authenticité poignante qui révèle au grand jour la vie des habitants de Lampedusa, de ces gens ordinaires qui essaient d’apporter leurs aide à ses naufragés.

Un livre qui n’est rien d’autre qu’une ode à l’humanité.
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La loi de la mer

Bien quel'on soit au courant comme dit précédemment il est très impressionnant de prendre connaissance de la situation des réfugiés à Lampedusa.

On ne peux pas rester insensible aux malheurs de ces émigrés.

Les conditions et comment se déroulent les sauvetages de ces humains et par moment difficiles à imaginer .

L'auteur met en parallèle la mort de son oncle due à la maladie et celle des réfugies

Y a t il une maniére de mourir , comment aborder la mort y at il un choix à faire et ce choix peut on le faire ?

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La loi de la mer

Durant trois ans, Davide Enia s'est rendu à Lampedusa seul ou accompagné de son père. Il a rencontré, écouté des insulaires comme Paola et Melo qui l’ont hébergé, un plongeur sauveteur, un pêcheur, des bénévoles, et d'autres hommes et femmes qui aident les migrants arrivant par la mer. Avec une pudeur touchante, ils ont confié à l'auteure les débarquements, les drames, la peur refoulée, les petites ou les grandes victoires. « Ici on sauve des vies. En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur de peau, ni ethnie, ni religion. C’est la loi de la mer. » Tous ont été marqués par la tragédie du 3 octobre 2013 et son cortège de morts, et tous doivent vivre avec.



Pas de sensationnel ou de vantardise, on y parle avant toute chose d’humanité et de bienveillance. Davide Enia ne livre pas une série de de témoignages, non, ils sont intégrés dans le contexte. On voit les visages ou l’aridité de Lampedusa, les larmes qui s’échappent, on entend la mer et les émotions poignantes qui font chavirer « quand tu as trois personnes en train de couler près de toi, et cinq mètres plus loin une mère et un bébé qui se noient, tu fais quoi ? Tu vas vers qui ? Tu sauves qui en premier ? Les trois qui sont devant toi, ou la mère et son nouveau-né là-bas ? ».



Ce livre se ressent tant il bouleverse et questionne. L’auteur a su joindre une histoire plus personnelle à ce récit de façon naturelle. Avec une écriture superbe (un grand bravo à la traductrice), Davide Enia se fait passeur de ces récits, de sa relation avec son père et son oncle. C’est beau, émouvant et terriblement fort.
Lien : https://claraetlesmots.blogs..
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La loi de la mer

Un récit émouvant fait de nombreux témoignages sur la réalité des débarquements de migrants dans l’île de Lampedusa.

L’auteur, Davide Enia, est sicilien et Lampedusa est à ses yeux « l’île de son île ». Il la décrit comme « un bouton de mer pour attacher deux continents ».

Pas de fioritures dans les confidences des acteurs de cette catastrophe humanitaire, un plongeur, une médecin, un médiateur social, un pêcheur, un navigateur, un menuisier et même un migrant de 17 ans, qui nous touchent au plus profond de nous-mêmes. Le courage et l’abnégation dont font preuve les sauveteurs au quotidien, pour qui « en mer, toute vie est sacrée », sont admirables.

Pourtant le récit est encombré par les relations de l’auteur avec son père silencieux et son oncle malade, qui contrastent avec la gravité des situations.

Davide Enia tente certainement d’apaiser des rapports difficiles avec ce père à la fois effacé et omniprésent et son livre paraît servir de prétexte pour régler une relation père/fils plutôt post-adolescente.

Dommage car cette chronique familiale prend une telle place dans le récit, qu’elle parasite la dimension planétaire de ce témoignage essentiel.
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La loi de la mer

Avant tout, je remercie l’équipe Babelio et les éditions Albin Michel, à travers une Masse critique privilégiée, de m’avoir permis de découvrir un point de vue différent sur un sujet (« la migration ») qui m’intéresse pour plus d’une raison. Je les remercie également de m’avoir présenté un écrivain, Davide Enia que je ne connaissais pas et qui a su faire d’une réalité observée et écoutée sur le terrain d’une tragédie, un récit essentiel pour prendre de la distance lorsqu’on est soi-même en quelque sorte venue d’ailleurs.

Le 3 octobre 2013, plus de cinq cent personnes se déplaçaient sur un bateau qui a pris feu près des côtes de Lampedusa. Cinquante-cinq survivants. Trois cent soixante-huit cadavres repêchés en mer. « Les images de ces corps sans vie flottant sur la mer furent montrées par tous les médias du monde ». Mais c’est dans le vide du silence interrompu par la mort et loin de l’image et des statistiques qui ont remplacé la parole, la chair et l’os qu’un passant, Enia Davide, mi écrivain, mi journaliste a fait irruption pour construire son récit bouleversant sur le destin tragique d’une île, de ses habitants et des personnages principaux de la tragédie lampédusienne (migrants, plongeurs, travailleurs sociaux, garde côte…) qui sont confrontés à des cadavres qu’ils n’ont pas eu le temps de sauver. Ces corps nus, ce reste d’une jeunesse majoritairement africaine qui a choisi ou a été contrainte de mourir pour partir est le reste d’une jeunesse qui alimente les trafiquants d’êtres humains en prenant le risque d’être torturée, violée et dévorée par les poissons de la « Mère Méditerranée » au lieu d’être résolument et convenablement dévorée par les guerres, la corruption, les injustices et finalement, les insectes affamés du pays natal.

En faisant le parallèle entre la garde côtière et la garde médicale, l’auteur a pu démontrer le courage qu’il faut avoir pour lutter contre la mort de l’autre. Or, si le médecin a tout un dossier médical ainsi que le cercle familial de celui qu’il n’a pas pu sauver, le plongeur ou le travailleur social est confronté à un cadavre qu’il n’a pas sauvé et dont il ne sait rien. Tout ce qu’il sait, c’est que c’est un « Immigré non identifié, de sexe masculin, ethnie africaine, couleur noire. ». Et pour le définir convenablement, il n’y a pas d’autre possibilité que celle d’inscrire les circonstances de la découverte du corps et de sa mort. Ainsi, ce récit pose la question de la mémoire d’un cadavre pêché loin des siens, sans nom, sans pays d’origine, ni âge.

Pour finir, ce livre que j’ai lu en Europe, en partie dans une plage sauvage, au bord de la mer Méditerranée (Les Aresquiers) a terriblement bouleversé mon rapport à la mer, à la mort. A la lecture des récits déchirants des acteurs de la migration que l’auteur a rencontrée, je me suis rendue compte que cette mer qui me permet ici et maintenant, de l’autre côté de la Méditerranée, de me détendre était en même temps une mer qui tue, une mer qui produit des cadavres sans fin. Malgré ce constat culpabilisant mais soutenu par mon impuissance, je continue, avec la canicule, de m’y baigner en me posant toujours les mêmes questions sur la migraine de la migration: qui sont les véritables responsables de cette tragédie migratoire qui dure depuis plus de 25 ans? L’Europe, les gouvernements corrompus des pays d’origine, les trafiquants d’êtres humains ou les migrants eux-mêmes du fait qu’ils ont survécu aux massacres dans le désert, aux viols, à la mort, bref, à La Loi de la mer?

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La loi de la mer

je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Albin Michel pour m'avoir offert cet ouvrage dans le cadre d'une opération masse critique.



Je dois dire que je n'avais jamais lu de livre de Davide Enia. J'avais vu passer en librairie son premier ouvrage traduit en Français : "Sur cette terre comme au ciel" sans que cela ne déclenche un acte d'achat chez moi.



Pourtant, l'auteur a obtenu le prix du premier roman étranger avec ce titre. Son second ouvrage que je tiens entre les mains a quant à lui obtenu le prix Mondello en Italie. Davide Enia publie dans une grande maison d'édition, dans une collection qui compte bon nombre d'auteurs de très grande qualité : Doris Lessing, Kawabata, Mishima, Barrico, Hollinghustt... C'est peu dire. C'est donc son deuxième livre traduit en français pour un auteur qui a déjà publié quelques ouvrages supplémentaires en Italie.



En ouvrant le livre : petite déception pour moi. Je m'attendais à une invitation au voyage avec un titre comme "La loi de la mer" et je découvre que le sujet est en fait l'arrivée des migrants sur l'île de Lampedusa. Cela me rapproche beaucoup de mon quotidien professionnel. Adieu donc le dépaysement et l'invitation au voyage.



Il m'arrive cependant peu souvent d'abandonner un ouvrage en cours de lecture et puis un bon talent de plume peut compenser ce rappel à un quotidien professionnel parfois un peu lourd. Je me lance donc dans la lecture...



Pas de doute, le talent de plume est là... L'écrit est fluide et la langue contient quelques joyaux poétiques. Au passage, félicitation à la traductrice qui a su conserver cet aspect de la langue.



J'hésite à qualifier cet ouvrage de roman. Il y a peut-être une partie romancée, mais cela se rapproche plus d'un reportage au travers d'interviews d'acteurs de terrain mêlées à un récit plus autobiographique (tout au moins peut-on le penser...)



Le livre met en parallèle deux lignées de récits qui sont toutes deux des courses contre la mort : celle des migrants qui traversent la méditerranée pour des raisons diverses et celle de la lutte contre la maladie représentée très souvent par un crabe (tient encore un animal lié au monde maritime...!)



Le centre du récit concerne donc le témoignage des acteurs qui recueillent les migrants sur cette île au large de la Sicile qu'est Lampedusa, mondialement connue dans les médias pour avoir accueilli des flots de naufragés sur ses côtes. le sujet est difficile : cela peut vite virer au pathos et aux bonnes intentions débordant de sucre un peu écoeurant tout en masquant la dure réalité derrière ces arrivées. Davide Enia évite avec brio ces deux écueils. Il ne masque pas les violences liées à ces arrivées, les trafiquants qui exploitent la misère de ceux qui fuient et les crimes commis lors de ces migrations. N'oublions pas en effet que toute migration est une violence, tant du point de vue de la décision de partir qui est une violence en soit que de celles vécues au cours du périple. C'est fou de constater à quel point certains charognards parviennent à transformer les rivières de larmes en flots d'or tout simplement en exploitant la misère et la détresse humaine. L'auteur ne masque pas non plus la diversité de ces parcours. On aurait en effet tendance à penser que ces flux de population viennent directement des nouvelles zones de conflits : Irak, Syrie, Afghanistan, corne de l'Afrique et pourtant, les origines géographiques sont beaucoup plus diversifiées avec les flux traditionnels de l'Afrique sub-saharienne (Nigéria, Congo sierra Leone, Angola...) et quelques personnes venues de l'extrême Orient (Népal, Bengladesh...) . L'auteur n'aborde pas les motivations à ces exils en disant fort justement qu'il faudra du temps à ces migrants pour écrire leur propre histoire. On peut cependant penser qu'au delà de l'asile politique des flux sont motivés par des raisons économiques, voire climatiques. Ne pas aborder le sujet permet sans doute de ne pas juger. qui peut en effet condamner quiconque de vouloir offrir à ses enfants un avenir meilleur ?



Face à ces arrivées, Davide Enia nous dresse le portrait des habitants de Lampedusa, gens ordinaires confrontés à des événements extraordinaires, qui vont réagir avec les réflexes acquis depuis des siècles auprès des insulaires et des gens de mer. Ils vont appliquer la loi intangible des gens de mer : quand une personne est en détresse sur les flots, on lui vient en secours, quelles que soient les idées philosophiques, politiques ou religieuses des uns ou des autres. Seule l'humanité avec un grand H peut s'appliquer dans de telles conditions. Ces acteurs du quotidien qui interviennent sur les flots ou à terre dépassent la peur de l'autre pour s'inscrire dans la solidarité. Ce sont en quelque sorte des anti-héros bien héroïques comme le samurai : ce garde côte, ou encore le plongeur qui laissent en mémoire des images indélébiles.



Ces principes ne s'appliquent pas sans difficulté. le choix face à quatre personnes qui se noient en même temps d'intervenir auprès de celui ci en premier plutôt qu'auprès de tel autre avec toutes les conséquences qui peuvent en découler marque de rides et de remords les peaux, les coeurs et les mémoires.



Le second volet de l'histoire contient dans ses non dits beaucoup d'amour. Davide Enia aborde avec beaucoup de délicatesse et de tac les relations entre un père et son fils et entre deux frères. Nous sommes là très loin du cliché de l'Italien volubile qui parle avec les mains. Nous avons affaire à des siciliens pour qui parler est un effort en soi. Les non dits et les regards expriment bien plus que les mots et c'est d'une beauté indicible.



Le lien entre les deux thèmes narratifs et sans doute la question de la mémoire. C'est tout au moins l'hypothèse que je pose à la lecture des derniers instants de l'oncle Beppe. La narrateur explique en effet à ce dernier que par l'intermédiaire de la mémoire des beaux instants lumineux que chacun laisse dans la mémoire des vivants, la mort devient une étape de la vie et non un point final. Dès lors, cela pose la question de ceux qui ont périt et qui continue à périr en mer en ne laissant rien derrière eux, pas même cette mémoire. Il devient sans doute indispensable de crier son nom avant de mourir enseveli dans les flots afin que l'on puisse inscrire au moins sur une pierre tombale le nom de celui qui gît ci-dessous afin d'établir à tout le moins une mémoire collective qui sauve de l'oubli.



Que d'amour et d'humanité dans ce livre qui a su à mes yeux dépasser ses handicaps et m'intéresser, voire me passionner. C'est un très grand talent de plume qui s'exprime sur un sujet complexe. le travail de documentation a été excellent et l'ouvrage est au final très convaincant. Félicitations à l'auteur et au traducteur...
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Sur cette terre comme au ciel

Le meilleur livre que j'ai lu depuis "Le garçon" de Marcus Malte !

La saga haute en couleurs d'une famille palermitaine pauvre, aux femmes effacées, fines et solides ; aux hommes frustes, taiseux au verbe coloré, généreux ; sous-tendue par le fil rouge de la boxe et de la quête de leur Graal : le titre national.

Les portraits des hommes sont exceptionnels : Umbertino, le boxeur fier, droit comme un i, au cœur plus grand que les muscles qui veille sur sa sœur et son neveu Davidù comme une lionne sur ses petits ;

Rosario, le grand-père, surnommé "le muet" tellement sa parole est rare ;

Gerruso, lent, moche, qui veut tant être l'ami de Davidù ;

enfin Davidù l'enfant doué, espoir de la famille pour la conquête de ce titre qui était promis à son père "le paladin" avant son funeste accident.

Un style rude, un vocabulaire du peuple reflètent parfaitement cette Sicile que l'on sent que l'auteur adore, font un livre où l'amour transpire à chaque page.

Les histoires des trois générations se succèdent, de façon un peu déroutante, tout au long de ce livre formidable.

Et c'est le premier livre de Davide ENIA, un auteur à suivre attentivement.





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La loi de la mer

"UN MORT NOUS APPREND A PLEURER"



▶️Lampedusa, petite île italienne balayée par le sirocco, lieu de transit d’un exode de masse et ticket d’entrée pour l’Europe de milliers de migrants, d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont fui la violence, la misère et la guerre pour l’espoir d’une vie meilleure : les plus résistants, les plus chanceux, repêchés en mer, sauvés par des pêcheurs de passage où par es gardes-côtes - tant d’autres, plus nombreux, s’échouant, morts, sur la plage...

▶️C’est de ce drame humanitaire qui dure depuis 25 ans que Davide Enia rend compte ici, recueillant les témoignages des habitants de l’île, pêcheurs, plongeurs, garde-côtes, médecins, simples bénévoles, tous confrontés à la détresse des migrants : «chaque fois, j’ai le sentiment de me trouver face à des êtres qui portent en eux tout un cimetière »...

▶️A cette tragédie se superpose le récit familial et intime de l’auteur ; la fin de vie de son oncle qui se meurt d’un cancer et dont il est très proche - moment douloureux et qui cependant le rapproche de son propre père - ces deux-là n’ayant jamais su se parler...

▶️ «En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur, ni ethnie, ni religion. C’est la loi de la mer »...

▶️Le récit brut de la traversée en mer des migrants et des conditions de leur débarquement - quand ils y arrivent! La peur, les humiliations, les viols aussi : «même aux animaux, on ne fait pas ce qu’on fait aux femmes » - ce que cela suppose de détresse : «on n’échappe pas à la guerre en montant dans un avion. On s’enfuit à pied et sans visa, puisque personne n’en délivre plus. Quand la terre finit, on monte dans un bateau ».

▶️Un récit fort, singulier, poignant et lumineux...
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La loi de la mer

J’ai toujours eu une grande attirance pour les témoignages et récits de vie. Je me souviens de ma lecture du très fort Les Echoués, une fiction (pourtant) autour de 3 personnages qui débarquent à Lampedusa, écrite par le journaliste et reporter Pascal Manoukian. J’y ai beaucoup repensé en lisant ce livre, toujours sous forme de roman mais rédigé cette fois à partir de témoignages. L’auteur italien Davide Enia récolte et partage les paroles de celles et ceux dont les mains soignent. Habitants, secouristes, plongeurs, garde-côtes, pêcheurs, nous racontent un épisode de leur vie sur cette île particulière, jonction entre les continents européen et africain.



Il y a ces épisodes que nous connaissons déjà, comme ce tristement célèbre 3 octobre 2013 diffusé dans tous les médias, mais qui racontés « de l’intérieur » prennent une dimension encore plus puissante.



Promis, on ne fait pas que pleurer, c’est aussi (surtout ?) une ode à la vie, aux belles rencontres et aux jolies âmes.

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Mai 43

Ce livre, en version bilingue, n'est pas un livre à lire, mais plutôt un livre à déclamer. « Déclamer » n'est pas le terme qui convient « conter » irait mieux. Mais, faute de public, je me suis contenté de le lire, frustrée de l'intonation du conteur et de la saveur des expressions siciliennes. En effet Dàvide Enia est un auteur de théâtre et ses oeuvres sont des monologues sur accompagnement instrumental, qu'il met en scène et interprète lui-même. Les curieux pourront en trouver quelques extraits sur Youtube.



En tant que Palermitain, Dàvide Enia a choisi de nous raconter un des plus tragiques événement qu'à pu subir sa ville depuis les guerres puniques : le bombardement aérien massif du 9 mai 1943 où, pendant 20 minutes à peine, un vol serré de bombardiers à lâché 1570 bombes, ne laissant que des ruines sur une grande partie du centre historique.



Trop jeune pour être un témoin direct, l'auteur a construit son récit à partir des témoignages qu'il a pu recueillir, essentiellement de septuagénaires qui étaient enfants à l'époque, et de quelques survivants plus âgées. de la sorte, il a choisi de placer son récit dans la bouche de Gioacchino, un enfant qui aurait dû fêter ses 12 ans le jour même. Au lieu de cela, il lui a fallu fuir la ville avec sa famille, des personnages plus truculents les uns que les autres. Il nous raconte, non seulement la fuite en rasant les murs pour ne pas être vu des brigades fascistes, mais aussi les jours qui l'ont précédée ponctués de bombardements de moindre importance. Il nous décrit les alertes, les abris, l'insécurité, la faim, le marché noir… et tout cela avec l'humour qui sourd du ressenti d'un enfant devant la folie des adultes.



Édifiant.



PS : Je ne comprends pas certains choix de la traductrice, par exemple je n'ai jamais entendu appeler un oncle onc' (à part Donald) ni une tante Ti, mais plus couramment Tonton et Tatie.

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La loi de la mer

Davide ENIA signe avec La loi de la mer un document poignant s’inscrivant pleinement au cœur de l’actualité : celle de la crise migratoire.



Durant trois ans, l’auteur s’est rendu à Lampedusa, petite île italienne située au sud de la Sicile et porte d’entrée des migrants en Europe. Il y a recueilli le témoignage de ses habitants, des médecins présents sur place, des sauveteurs et pécheurs toujours en première ligne des missions de sauvetage des embarcations précaires transportant des migrants par centaine.

C’est à partir de ces témoignages que l’écrivain a construit un récit factuel, sans pathos, où transparait l’humanité, l’empathie et l’entraide de la population locale envers les migrants.



« Ici on sauve des vies. En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur de peau, ni ethnie, ni religion. C’est la loi de la mer. »



On y retrouve également une île, livrée à elle-même, abandonnée de l’Europe, face à un flux migratoire de plus en plus important.



Davide ENIA nous livre ici un document percutant, un document qui révèle l’urgence d’une réalité actuelle, un document fait pour l’éveil des consciences.
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Sur cette terre comme au ciel

Ce récit, je l’ai senti couler dans mes veines.

Peut-être est-ce mes racines venu de cette île où beauté et violence sont de vieilles amies.

J’ai été touchée par la vie de ce petit garçon, de gerruso qui n’est pas son ami mais qui au final s apporteront mutuellement le soutien nécessaire.

De cet enchevêtrement d’histoire et ce conflit de génération.

Le seul petit bémol est à mes yeux la traduction, non fluide et très ressentie.

Certes le prochain Enia je le lirais en italien.
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La loi de la mer

L’auteur est un amoureux de cette île : Lampedusa, mais cette île, la plus au sud de l’Italie est le passage obligé des migrants clandestins venant de Tunisie ou de Libye. Et ce qui était presque anecdotique est devenu au fil des années, un déversoir de toute la misère engendrée par la folie des hommes.

« Tu sais quel poisson est revenu ? Le loup de mer. Et tu sais pourquoi les loups sont revenus ? Tu sais ce qu’ils mangent ? Tu m’as compris. »

Mais comment les îliens peuvent-ils faire face ?

La rencontre de Davide avec Simone, le géant-plongeur, va être déterminante pour témoigner.

Davide s’installe chez Paola et Melo, des amis de toujours, son point d’ancrage à Lampedusa.

Il veut, il doit comprendre ce qui se joue là, ici et maintenant.

Pour cela il invite son père cardiologue à la retraite, et photographe passionné, ce taiseux va libérer sa parole, sous le choc de ce chaos. Il va parler aussi de son frère Beppe, oncle avec lequel Davide entretient des conversations quasiquotidienne, et qui lutte contre le cancer.

Un trio d’hommes qui a besoin de dire… Car « Le silence est fait de paroles que l’on n’a pas dites. » Marguerite Yourcenar.

Ce lien personnel permet à l’auteur de ne pas rester à l’extérieur des évènements.

C’est un récit bruyant, des voix des garde-côtes, des médecins, des plongeurs, des pêcheurs… Et silences assourdissants.

Bilan d’un naufrage : 368 cadavres pour 155 survivants, là encore un homme Vincenzo, ils préparent les morts un à un, et les enterre dans le cimetière des « inconnus », il leur offre la dignité.

Davide Enia donne visage et voix à tous ses anonymes qui œuvrent sans faire de politique, juste en vivant dans la dignité humaine et qui subissent l’inertie indifférente des autorités qui les laissent à leur sort. Car ce sont des vies bouleversées.

« Ici on sauve des vies. En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur de peau, ni ethnie, ni religion. C’est la loi de la mer. »

En refermant ce récit, je souhaiterais que cette loi de la mer s’applique aussi sur terre.

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 17 décembre 2018.

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La loi de la mer

Durant trois ans, l’écrivain Davide Enia s’est heurté à la triste réalité de Lampedusa. Cette île italienne est un point d’entrée privilégié pour les migrants souhaitant aller en Europe. Ces hommes, femmes et enfants livrés à eux-mêmes en pleine mer, bravant la folie humaine des passeurs. Leur seul espoir est un avenir meilleur sur des terres où la guerre ne fait pas rage, où la violence ne tue pas, là où les enfants peuvent s’épanouir, où le bonheur est permis.

Davide Enia construit son récit autour de témoignages d’habitants, de secouristes, d’exilés et de survivants. La parole est donnée aux laissés-pour-compte, ceux que la vie n’a pas épargnés. Certains passages éprouvants, à la limite de l’insoutenable nous donnent toute l’urgence du sujet. Comment peut-on, en 2018, fermer les yeux sur ces cadavres flottants, ces oubliés, ce désastre humain ?

« Dehors, des nuages. Il soufflait un vent de sud-ouest, la mer était agitée. Chaque fois, j’ai le sentiment de me trouver face à des êtres qui portent en eux tout un cimetière. »

En parallèle, Davide Enia insère sa propre vie, ses souvenirs, son père et cet oncle malade. Comme pour relier la mort à ce double récit, l’auteur fait des allers-retours maintenant un fil tendu de bout en bout.

La loi de la mer est une force qui amène à la réflexion à chaque mot. Le sujet est dramatique, c’est vrai, mais l’auteur écrit avec respect et pudeur sur les réfugiés. Indispensable pour rappeler, encore et toujours, que des Hommes meurent dans nos mers parce qu’ils voulaient simplement vivre.

« Mais eux, qui sont les vrais personnages de cette histoire, il faudrait les écouter si on voulait comprendre toutes les raisons de cet exode de masse. Au lieu de ça, on les enferme dans des centres d’accueil et on fait le silence sur leurs motivations et sur leurs droits. »



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2018/11/09/36853629.html
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Sur cette terre comme au ciel

Bonjour les lecteurs ...

Premier roman de l'auteur.

L'histoire se déroule à Palerme, cœur chaud de la Sicile.

Depuis les années de fin de guerre, jusqu'aux années 1990, nous suivons le destin d'une famille à travers 3 générations.

3 générations d'hommes passionnés par la boxe, les filles et la vie.

Le destin de ces hommes s'enchevêtre tout au long de ce récit, ils se transmettent paroles et expériences.

La ville de Palerme et son ambiance mafieuse se déploie devant nos yeux .

Voici une histoire de gosses, une histoire d'hommes.. une page de vie.

J'ai été captivée pa ce roman et ce malgré la narration parfois complexe. En effet, l'auteur ne raconte non seulement pas les faits de manière chronologique, mais prend un malin plaisir à mélanger personnages et époques .

PAS DE PANIQUE, une fois ce style d'écriture assimilé ( engendrant un début de lecture un peu rébarbatif), le plaisir de se plonger dans l'histoire prend le dessus.

Voici donc un premier roman totalement maitrisé ( depuis, l'auteur en a écrit un autre ).

Un coup de poing, un coup de cœur …. BRAVO

A découvrir
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La loi de la mer



Ce n'est pas un roman mais un récit de David Enia , l'auteur du livre qui témoigne de ce qu'il a vu de la vie des habitants qui vivent sur l'île de Lampedusa, près de la Sicile .Et surtout des milliers d'hommes , femmes et enfants qui arrivent en embarquation entassés les uns sur les autres pour fuir la guerre ou vivre une vie meilleure.

Mais ce n'est que tragédie humaine , désespoir , avec des témoignages poignants , trafic d'êtres humains , femmes enfants violées ou mutilées .De la misère humaine , que les bénévoles n'arrivent pas à gérer.Exemple en 2013 , mille trois cents personnes sur un embarcation , 20 débarqueront sur l'île vivants.

On espionne les filières mais on ne fait rien pour l'humain .Un homme meurt , il n'y a rien sur sa tombe , juste un prénom , si il a de la chance .En parallèle , on découvre la difficulté que rencontre l'auteur a discuté avec son père . Celui-ci ancien cardiologue à la retraite le rejoindra sur cette magnifique île y faire des photos , mais pas que .Les sentiments sont parfois difficiles à s'exprimer et j'ai retenu que les Palermitains avaient besoin de s'échauffer avant de parler et de dilater leurs poumons .

Ce livre est bouleversant , déchirant et très bien écrit .

Je vous le recommande vivement .



Je remercie Albin Michel et La masse critique de m'avoir envoyé ce livre et surtout de m'avoir permis de découvrir ce livre .
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Sur cette terre comme au ciel

Un roman qui m' a un peu déçu.

Trop de mélange entre les trois époques plus beaucoup de personnages avec un prénom italien j'ai donc eu du mal à me repèrer

De longues scènes de guerre trop sanguinolentes même si je sais que cela a existé plus un langage assez vulgaire pour les personnages ont fait que j'ai été déçue par ce moment .On ne peut pas dire que je l'ai dévoré.

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Sur cette terre comme au ciel

Incipit :



"Ils sont deux sur le ring...." L'un pèse cinquante-sept kilos, mesure un mètre soixante-cinq et a vingt six ans. l'autre , on ne sait pas combien il pèse et ce qu'il mesure on s'en fiche, il grandira



Et cela se poursuivra sur tout le roman pendant 398 pages,. Entraînements, combats, ou bagarres. Des coups, en donner, en recevoir mais plutôt esquiver... un roman sur la boxe! Trois générations de boxeurs : Rosario, le Grand père, Umbertino, l'oncle qui gère une salle de boxe, Davidù, 9 ans au début du livre,  commence déjà à s'entraîner.



Si j'avais emprunté le livre au lieu de le télécharger je l'aurais peut être fermé dès le prologue.  La boxe ne m'intéresse pas. Les bagarres de gamins non plus. Une histoire de garçons. Non seulement je ne l'ai pas abandonné mais je me suis laissée entraîner dans cette histoire très bien racontée.



Trois hommes, à Palerme. Palerme bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale, Palerme sous les bombes de la Mafia plus tard. Permanence de la violence. Pas seulement dans les salles de sport. Ce n'est pas Palerme des palais ou des églises baroques. Plutôt celle des petites gens, des gamins des rues.





Histoire d'amitiés. Amitiés entre les prisonniers en Afrique, soldats perdus dans une guerre qui s'est déroulée sans eux où ils se trouvent piégés. Amitié de Davidù et de Gerruso, le faible, le méprisé, le souffre-douleur des gamins du quartier, amitié qui s'imposera peu à peu, même si Davidù la rejette.



Histoire d'amours, amours enfantines, amours adolescentes....



Saga d'une famille vouée à la boxe, le titre national échappe de  peu au grand père et au père de Davidù, arrivera-t-il enfin à le décrocher?



Le fil de l'histoire est sans cesse haché, on passe sans transition d'une époque à une autre. Cela surprend au début, ensuite je me suis habituée; C'est même ce qui donne du rythme au récit.



Et les femmes dans ce roman de garçons? Elles ont un rôle secondaire, on s'en doute. Il y a les femmes honorables, mères et sœurs,  et les putes. A y regarder mieux, les femmes de la famille de l'enfant sont très fortes, plus éduquées que les hommes.  Ce sont elles qui insistent pour que le petit boxeur travaille à l'école, qu'il apprenne le latin, qu'il sache écrire.




Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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