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Citations de Delphine Horvilleur (642)


Pour moi, être un " rabbin laïc" signifie cela: accueillir comme une bénédiction le fait que jamais ma croyance ne pourra gagner d'hégémonie, pas plus au sein de la nation française qu'au sein de la tradition juive. Et se réjouir que sous le ciel il y ait assez de vide pour que chacun y reprenne sa respiration.
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Savoir raconter ce qui fut mille fois dit, mais donner à celui qui entend l'histoire pour la première fois des clés inédites pour appréhender la sienne Telle est ma fonction. Je me tiens au côté de femmes et des hommes qui, au moment charnières de leurs vies ont besoin de récits.
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Le judaïsme ne connaît aucun clergé, et tout ce qu’un rabbin accomplit peut en principe être réalisé et énoncé par n’importe qui d’autre. Le rabbin n’est qu’une personne dont la communauté reconnaît l’érudition et qu’elle se choisit comme guide, mais en aucune manière, il ou elle n’est un intermédiaire entre Dieu et les hommes.
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Je crois que jamais mieux ce jour-, je n'ai compris mon rôle et ce à quoi sert un officiant au cimetière. Accompagner les endeuillés, non pas pour leur apprendre quelque chose qu'ils ne savaient déjà, mais pour leur traduire ce qu'ils vous ont dit, afin qu 'ils puissent l'entendre à leur tour. Et s'assurer ainsi que le récit qui a quitté leur bouche revienne à leurs oreilles par l'intermédiaire d'une voix qui n 'est pas la leur, enfin pas tout à fait, une voix qui fait dialoguer leurs mots avec ceux d'une tradition ancestrale, transmise de génération en génération, aux "bons" comme aux "mauvais" juifs et surtout à ceux qui font comme ils peuvent.
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Ce n’est, certes, jamais à la victime d’une violence ou d’une discrimination qu’il revient d’expliquer les causes de la haine qui s’abat sur elle et d’analyser les motivations du bourreau. Faut-il rappeler cette évidence ? L’antisémitisme n’est pas "le problème des Juifs" mais toujours d’abord celui des antisémites, de ceux qui les tolèrent ou les nourrissent.
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Le féminisme "universaliste" est soudain accusé par certain(e)s d'être une "invention blanche", et de vouloir émanciper les femmes de force, en les désolidarisant simultanément des combats qu'elles ont à mener pour leur "race" ou leur groupe religieux. En clair, il s'agirait d'une arme occidentale de fragmentation de l'identité, qui en voulant libérer les femmes, les couperait d'un "nous" transcendant, et d'une fidélité à autre chose.
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Dans le monde religieux en général, il y a aujourd'hui une urgence à réhabiliter la voix des femmes en dialogue avec les textes et avec les hommes. Cette évolution n'est possible qu'à condition de cesser de percevoir le corps féminin comme une nudité exposée.
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Peut-on dépasser autrement son passé que dans la réécriture ?
Depuis des semaines, je pense beaucoup à tout ce qui me fait du bien et, plus encore, à ceux qui me font du bien. Pas seulement au cœur de cette nuit de l'Histoire, mais de façon plus générale. Je réfléchis à ceux qui ont toujours été mes planches de salut, mes sources d'eau vive.
J'ai fini par comprendre combien j'avais besoin de m'entourer de gens qui se savent hantés. Des êtres qui accueillent les fantômes de leur histoire et les font parler dans ce qu'ils disent, écrivent, composent, chantent ou construisent. J'ai besoin de m'entourer de ceux qui savent ce qu'ils doivent à leurs revenants, et qui ne font pas comme si le passé était passé (p. 106-107).
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Anne Syvestre prend souvent le relais. Ses chansons m'accompagnent depuis toujours, dans mes grandes tristesses ou mes quêtes de sérénité, et une mélodie en particulier :« Les gens qui doutent».

"J'aime les gens qui tremblent, que parfois ils ne semblent capables de juger
J'aime les gens qui passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté."

Il ya quelques années, j'ai même traduit cette chanson en hébreu. Je rêvais que quelqu'un fasse la méme chose en arabe, et qư'on puisse diffuser ces versions au Proche-Orient, là où les certitudes font tant de victimes, civiles ou militaires. La guerre a toujours adopté cete stratégie : chaque camp fait du doute sa cible prioritaire, et cherche à l'abattre en bombardant son QG, la liberté de penser. Il suffit de tendre l'oreille aujourd'hui vers ces voix qui hurlent dans nos téléviseurs, nos journaux et surtout sur les réseaux sociaux pour s'en convaincre. Plus rien ne fait «trembler » les convictions. L'indubitable entonne partout sa petite chanson.
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Je veux croire que Mahmoud Darwich et Yehuda Amichai sont en conversation dans ces pages. Dans leurs mots, il n'y a pas de "mais ", ni de haine éternelle. Il y a la trace des combats qu'ils ont eu à mener, et de guerres parfois nécessaires. I ya aussi une invitation à un autre messianisme. Pas celui qui précipite la fin du monde et nous mène droit à la catastrophe, mais celui qui dit, au contraire, qu'il existe un avenir pour ceux qui pensent à l'autre, pour ceux qui dialoguent, les uns avec les autres, et avec l'Humanité en eux.
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Au nom de la pudeur, toute surface visible ou audible est rendue potentiellement obscène. Chez la femme, la zone d'exposition impudique s'étend au corps tout entier, jusqu'à inclure des éléments anatomiques cachés, comme les cordes vocales. Son corps est ainsi plus nu que celui d'un homme, car il l'est à la fois dehors et dedans, exposé même quand il est couvert. Ce qui, chez l'homme, porte la parole et traduit la pensée -la voix -, constitue chez la femme une génitalité. Le féminin porte atteinte à la pudeur, non seulement dans l'exhibition de ses organes sexuels, mais aussi dans celle de sa tête, érotisée.
Cette obsession constitue-t-elle la pathologie d'un groupuscule ou est-elle légitimée par la tradition? L'obsession du sexuel est-elle d'origine textuelle?L'interprétation des textes pousse-t-elle fatalement à attribuer aux femmes la responsabilité du désir irrépressible qu'elles suscitent?
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Les hommes violents de l'histoire biblique ont en commun d'être les fils de femmes blessées ou mal aimées. Ces hommes portent la pleine responsabilité de leurs actes, mais ils sont aussi chargés d'une douleur maternelle qui semble puissamment nourrir leur rage. Tout comme Caïn, «s'ils s'améliorent, ils se relèveront ». Il existe pour eux une voie de résilience qui passe par la sortie d'un mutisme hérité. Il leur revient de trouver les moyens d'anéantir en eux cette colère matricielle, tapie à l'ouverture. Mais apaisera-t-on jamais la colère des fils sans soigner la douleur des mères ?
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Telle est l'ambiguïté de la transmission : ne pas appartenir condamne à mourir, et trop appartenir, à ne jamais devenir soi. La conscience d'une appartenance peut créer un sentiment de continuité et de lien entre les générations. Mais elle peut aussi se faire pesante et empêcher l'émergence d'un individu accablé par le poids de son héritage.
Face au fantasme de non-appartenance de certains, il en est un autre qui menace aujourd'hui notre société : celui du repli identitaire et son obsession du collectif. Le communautarisme et le nationalisme en sont des enfants légitimes.
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L’origine, ça ne compte jamais autant que ce qui t’arrive en route.
Même la science le dit aujourd’hui. C’est prouvé.
Tiens par exemple – tu savais ça ? – il y a des souris dans des laboratoires qui ont complètement grignoté la théorie du génome, et l’ont réduite en miettes avec une simple expérience. Ça s’est passé comme ça : on leur a fait renifler tous les jours un petit morceau d’ail et, simultanément, on leur a balancé un court-jus dans les pattes, genre aïe aïe aïe… Et figure-toi qu’on s’est rendu compte que leurs enfants et leurs petits-enfants, qui ne pouvaient pas être au courant de cette histoire, puisqu’ils avaient été confiés à l’assistance publique des souris avant de recevoir la moindre décharge électrique, eh ben ils en savaient quelque chose. Sans aucune trace génétique de l’expérience vécue par leurs darons, sans aucun traumatisme, ils ont mystérieusement développé une aversion totale à l’ail, sous toutes ses formes : tchik et tchik et tchik… Tu comprends ? Ils se sont souvenus d’un truc qu’ils n’avaient pas vécu et qui n’était pas inscrit dans leur ADN.
Ça veut dire que tu transmets à tes enfants un morceau de ton histoire, qui n’est pourtant pas la leur ! C’est absent de ton génome mais eux, ils le récupèrent quand même. Ça s’appelle l’épigénétique… c’est une filouterie, une arnaque à la génétique.
Et ça ne marche pas que pour les souris. J’ai lu que c’était vrai aussi pour les descendants des survivants de la Shoah. Aux États-Unis, on a testé la théorie sur eux, parce que, de toute façon, ils ont l’habitude des expérimentations humaines, et le résultat est sans équivoque :
On a prouvé que si tes parents ou tes grands-parents sont allés à Auschwitz, même si tu ne le sais pas, même s’ils ne t’ont rien raconté du tout, tu vas réagir différemment au stress.
C’est comme s’il y avait tout un tas d’impacts dans ta vie, des résidus d’histoires qui ne sont pas les tiennes et que tu n’as pas vécues mais dont tu gardes la trace quelque part. Ton ADN n’en sait rien mais ton corps s’en souvient quand même.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Que rien n’est purement génétique ! Rien n’est purement quoi que ce soit d’ailleurs… En fait, rien n’est purement. Un bon traumatisme, ça s’imprime sur plusieurs générations. Ça dégouline sans gêne.
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(…) depuis quand l’objectivité serait-elle autre chose que la subjectivité de la majorité ?
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(…) pour se comprendre, il ne faut pas parler la même langue. Il faut toujours rester suffisamment incompréhensible pour avoir une chance de ne pas s’entendre et de mieux se connaître.
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Il en va ainsi des œuvres qui nous marquent comme des auteurs qui les ont offertes au monde : ils font toujours un peu de nous leurs enfants.
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Cet homme connaît la force des mots et des interprétations. Il sait mieux que quiconque que le texte et le monde ne correspondent pas toujours, que les mots ne parviennent pas à décrire la réalité et que, vice-versa, celle-ci n’est pas à la hauteur des promesses des livres. Il y a toujours entre le monde et le langage un rendez-vous raté, un lapin qu’ils se posent mutuellement. Il faudrait pour qu’ils se retrouvent, au choix, changer de monde ou inventer une autre langue. Mais qui sait faire cela ?
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Les juifs se sont toujours débrouillés pour que la définition de leur judaïsme – ce à quoi « ça » tient – reste un indéfinissable, un au-delà de la naissance, de la croyance ou d’une quelconque pratique. Un presque rien qui n’a, au bout du compte, pas grand-chose à voir avec la religion de votre mère, la recette du foie haché, la stricte observance ou l’art de raconter des blagues. Le judaïsme s’assure en toute circonstance que la question de l’identité échappe à toute résolution, et ne tolère aucune définition définitive. La haine qui se déverse contre les juifs à travers l’Histoire n’est pas sans lien avec ce stratagème : tout obsédé de l’identité finira par prendre en grippe celui qui refuse de se laisser enfermer dans une définition. Il sera alors submergé par l’irrépressible envie d’en finir avec lui.
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À travers Ajar, Gary a réussi à dire qu’il existe, pour chaque être, un au-delà de soi ; une possibilité de refuser cette chose à laquelle on donne aujourd’hui un nom vraiment dégoûtant : l’identité.
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