AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Delphine Minoui (313)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'alphabet du silence

Ayla et Göktail se sont aimés non pas au premier regard mais aux premières paroles partagées. Ils sont tous les deux professeurs et habités par le désir de transmettre leur savoir mais plus encore le goût de la liberté et de l'ouverture.

Pour avoir signé une pétition en faveur du droit d'expression, Göktail est arraché en pleine nuit de chez lui et jeté au cachot. Ayla reste pétrifiée, leur fillette dans ses bras. Elle veut croire à une erreur. Comme pour un deuil elle passera par le déni,puis la colère dirigée tout autant vers son mari que vers ses bourreaux qui les condamnent à ce fait accompli! Puis vient l'abattement qui tétanise, et enfin la reappropriation active de ses valeurs et de celles qui ont conduit Göktail en prison. Elle ne veut plus cautionner par sa passivité et sa peur le déchaînement qui se déploit contre le monde universitaire et tout ceux qui refusent l'ostracisme. Grace à de belles rencontres, elle découvre que la résistance c'est organisée et offre une émulation source d'espoir et de force.

Delphine Minoui entrecroise avec subtilité et émotion l'Histoire de la Turquie d'Erdogan et l'histoire de ses personnages. Elle nous fait ressentir la chappe de plomb qui écrase les citoyens de façon perverse en falsifiant la réalité politique. En désignant comme terroristes ceux qui tentent au contraire de défendre la démocratie. Elle n'efface pas pour autant toute la magie et la beauté d'Istanbul, la grâce de son bosphore et de ses monuments, sa lumière, la richesse de sa multiculturalité.

J'ai beaucoup aimé sa façon de nous amener à vivre le cheminement intérieur de ses personnages, Göktail et Ayla mais aussi d'autre plus secondaires mais révélateurs de ce qu'un peuple soumis à l'endoctrinement politique et/ ou religieux peut vivre.

Et puis,il y a la force de la poésie, celle du désespoir qui amène Göktail à créer un nouveau langage pour échapper aux griffes de la folie.

C'est vraiment un très beau roman !
Commenter  J’apprécie          271
L'alphabet du silence

Une sirène stridente réveille Ayla, elle ne sait pas d'où ça vient, elle est complètement perdue, il est très tôt, 5h.

"Sur l'écran de l'interphone, elle distingue effarée, une troupe de policiers armés jusqu'aux dents et équipés comme à la guerre, gilets pare-balles, armes automatiques et visages encagoulés, en train de s'engouffrer dans l'escalier. Elle à peine le temps de coller son oeil au judas qu'une demi-douzaine de Robocops sont déjà sur le palier. Son coeur bondit. Elle repousse les scénarios que son cerveau échafaude. Ces hommes se sont trompés de porte. Ils ne peuvent pas être ici pour elle, ni pour son mari. a présent, des coups de crosse contre la serrure. Elle voudrait ne rien entendre. Rester sourde aux hurlements qui lui ordonnent d'ouvrir. Elle ne bouge pas, ne crie pas. Sa respiration s'est accélérée. Soudain le verrou cède."



Son mari, Goktay, vient d'être arrêté pour avoir signer une pétition pour la paix. Professeur d'histoire, il a ses convictions et n'hésite pas à échanger avec les étudiants, qui l'admirent.



Où est la liberté d'expression, la démocratie, vantée par le président Erdogan ? Goktay, sera emprisonné et assimilé à un terroriste, pour avoir défendu ses idées.



Ayla, professeur de français et leur fille Deniz, abattues, ne savent plus vers qui se tourner, pour avoir des nouvelles et essayer de faire libérer son mari.



Un régime politique autoritaire, qui n'aime pas les intellectuels, les professeurs, pour la moindre peccadille, ils sont arrêtés.

Il faut toujours mentir, pour essayer d'échapper aux policiers qui traquent nuit et jour, le moindre petit rassemblement, la moindre parole, contre le gouvernement.



L'alphabet du silence de Delphine Minoui, nous montrera, qu'à travers l'absence de mots, la peur du quotidien, Ayla, va se battre et sera aidée, par des amis, des personnes courageuses, qui aiment leur pays, mais retrouver leur liberté, ne doit plus être qu'un rêve.



Un joli livre, qui montre que l'espoir subsiste toujours, malgré les horreurs que peuvent subir, toutes ces femmes et ces hommes. Une très belle écriture et beaucoup d'émotions.

Commenter  J’apprécie          279
Les passeurs de livres de Daraya

Daraya est cette « … banlieue rebelle de Damas, un des berceaux du soulèvement pacifique en 2011, encerclée et bombardée depuis 2012 par les forces de Bachar al-Assad (p. 11). » Une photo aperçue en ligne représentant deux jeunes hommes face à une bibliothèque amène Delphine Minoui à en retracer son auteur : c’est Ahmad Moudjahed, un jeune activiste de vingt-trois ans, resté dans la ville par conviction alors que sa famille a fui. Lorsque des amis lui disent qu’ils ont trouvé des livres dans les décombres d’une maison et qu’ils souhaiteraient les ramasser, il est dubitatif mais il les rejoint, et se saisissant d’un document, quelque chose s’ouvre en lui : il n’avait jusqu’alors eu entre les mains que des ouvrages de propagande. C’est six milles ouvrages qui seront « sauvés » en une semaine, quinze milles en un mois : il n’en fallait pas plus pour qu’une bibliothèque se constitue, une initiative de résistance passive, un rempart contre la guerre. Si je n’étais pas consciente du pouvoir de la littérature et de la capacité de résilience de l’être humain, impossible de ne pas l’être maintenant… Un documentaire a été tiré du livre. Vraiment un ouvrage à lire.
Commenter  J’apprécie          262
Je vous écris de Téhéran

J'ai lu ce livre en parallèle avec celui d'une célèbre avocate iranienne, Shirine Ebadi (d'ailleurs citée brièvement par Delphine Minoui). Cette lecture n'en a été que plus intéressante, et j'ai aussi pu me servir de la carte de l'Iran, présente dans le premier ouvrage et malheureusement pas dans le second.

Ces deux femmes de générations différentes racontent la répression des opposants et l'oppression subie par les femmes de leur pays (ou leur demi-pays pour l'autrice de ce livre-ci) depuis la fin des années 70 avec une évolution trop lente de la société, malgré des soubresauts de démocratie.

L'autrice, après la mort de son grand-père, réalisant combien il lui manque, part sur ses traces en découvrant le pays de sa famille paternelle (contre l'avis de son père, lui-même pressé de tourner la page de l'exil).

C'est une journaliste qui nous raconte ses difficultés pour obtenir puis garder sa carte de presse, ses déboires avec la police politique, à la limite de la torture que certain.e.s de ses ami.e.s ont du subir (et même pire parfois). Mais l"'iranite" (la passion pour l'Iran) la fait persévérer, envers et contre tout, jusqu'à la décision finale par laquelle elle a aussi commencé son récit.

Les personnages sont présentés avec leur immense courage, leurs ambigüités pour certains, leurs changements de perspectives (pour les unes) ou pas (pour d'autres) à mesure que la modernité parvient jusqu'à elles et eux et leur patriotisme qui leur fait adopter des positions différentes.

J'ai beaucoup aimé le fil conducteur entre les générations, l'adresse à son grand-père et la dédicace à sa fille ainsi que la fin, émouvante, qui va dans ce sens-là.
Commenter  J’apprécie          260
Les passeurs de livres de Daraya

J’ai lu ce livre dans le cadre du Grand Prix du Jury des Lectrices de Elle et avant même d’en découvrir la première page, j’avais lu de bonnes critiques. Alors, certes, on évoque à nouveau la guerre en Syrie et son cortège de souffrances et de morts. On a déjà eu à lire « De l’ardeur » peu de temps auparavant qui évoquait déjà ce pays déchiré. Alors, se plonger de nouveau dans cette toile d’araignée qu’est devenu ce pays, lire à nouveau les destructions, la mort ? Oui, ne serait-ce que pour ces jeunes gens dont parle Delphine Minoui : Ahmad, Omar, Shadi qui, dans une Daraya peu à peu rasée, sont restés et ont entrepris de constituer une bibliothèque pour tous. Face à un régime bien décidé à broyer ceux qui osaient remettre en cause son pouvoir, ils ont trouvé un moyen de résister. Et quel moyen ! La lecture face à la mort, les livres face à un pouvoir totalitaire, la connaissance face à l’endoctrinement mis en place par le régime. Delphine Minoui est entrée en contact avec eux, parfois difficilement quand la ville subissait les coups vengeurs de l’armée de Bachar , s’interrogeant sur cette idée un peu folle d’une bibliothèque installée en sous-sol alors que tout manque. Des entretiens qu’elle a pu avoir avec Ahmad, Omar et d’autres, on comprend que la lecture leur a révélé un monde dont ils étaient privés depuis leur naissance, un monde d’idées et non plus celles du parti au pouvoir. Un monde qui leur a donné l’espoir d’une vie différente. Mais pas seulement, on ne lit pas seulement pour s’instruire, on lit aussi pour rêver, s’évader, être touché par la grâce ou la beauté de certains textes. C’est ce qui m’a le plus touché dans ce livre, voir que dans des situations terribles, quelques mots sur du papier valent tous les réconforts possibles. Lire quand on ne peut plus pleurer, lire pour se préserver une bulle d’humanité. Certes, Daraya a été écrasée, laminée et vidée de ses derniers habitants. Ahmad, Shadi ont dû fuir abandonnant le peu qu’ils avaient derrière eux. Leur bibliothèque a été pillée, les livres éparpillés et vendus par les soldats de Bachar. De ce projet magnifique, il ne reste plus rien ? Si, la certitude que la lecture les a sauvés de l’obscurantisme. Il n’y a pas plu bel hommage fait à la lecture que cet ouvrage. Je vous le recommande.
Lien : https://labibliothequedeneko..
Commenter  J’apprécie          252
Les passeurs de livres de Daraya

Livre de reportage de guerre. Prise entre la nécessité de mieux comprendre les assauts en Syrie, et la nécessité de rendre hommage à tous les résistants qui croient en la démocratie, cette lecture a été pour moi très importante.

Pour fil rouge la bibliothèque de Daraya, c'est un ensemble de témoignages, de vies souterraines, d'humanité qui se veut vivante coûte que coûte.

L'épilogue est un bel éclairage pour prendre "des nouvelles".

Forcément je pense à l'Ukraine tout du long.

"Comment rendre visible l'invisible?" posée par l'auteure-reporter. Ses mots sont une vraie réussite.

Commenter  J’apprécie          240
Les passeurs de livres de Daraya

A une époque où le mot ‘’liberté’’ est employé ad nauseam par tous les individualistes, égoïstes et/ou irresponsables qui entendent que RIEN ne doit se mettre en travers de leurs moindres désirs, lisez ce livre de Delphine Minoui : vous y retrouverez le VRAI sens de ce mot et le prix que payent ceux qui le défendent.



‘’Les passeurs de livres de Daraya’’ est infiniment plus efficace que n’importe quel guide de bibliothérapie : « Dans ce sas de liberté qu’ils se sont créé, la lecture est leur nouveau socle. Ils lisent pour sonder le passé occulté. Ils lisent pour s’instruire. Pour éviter la démence. Pour s’évader. Les livres, un exutoire. Une mélodie de mots contre le diktat des bombes. La lecture, ce modeste geste d’humanité qui les rattache à l’espoir fou d’un retour à la paix. »

Le récit de la vie à Daraya assiégée, sous une pluie de bombes journalière et à portée des canons de l’armée est passionnant de bout en bout malgré des conditions de vie effroyables ; grâce à la bibliothèque souterraine organisée par quelques jeunes résistants avec des livres récupérés dans les décombres des immeubles bombardés, bibliothèque qui deviendra lieu de culture, de formation et d’échanges.



D’une certaine manière je n’ai pu m’empêcher de faire un rapprochement entre cette tragique histoire de Daraya et de ses résistants et ce qui se passe actuellement en Ukraine ; rapprochement que je vais illustrer par une citation du livre : « Sur le cadavre de la ville, et de ses centaines de martyrs, un récit en chasse un autre. Vengeur. Belliqueux. Dépourvu de nuances. D’un air triomphant, Bachar al-Assad parle du pilonnage de Daraya comme d’une mesure antiterroriste. D’un exercice d’autodéfense. (…) Il est temps que la Syrie restaure son prestige d’antan. »

Remplacez ‘’Bachar al-Assad’’ par ‘’Wladimir Poutine’’, ‘’Daraya’’ par ‘’Ukraine’’, ‘’mesure antiterroriste’’ par ‘’lutte contre les nazis’’, ‘’Syrie’’ par Russie, et le rapprochement avec le conflit actuel en Ukraine saute aux yeux (aux miens, du moins)



En résumé : babélionautes, cet hommage aux livres et à la force qu’ils ont donné aux résistants de Daraya ne pourra que vous toucher ; lisez et faites circuler ce livre à la fois sombre et lumineux qui redonne leur vrai sens aux mots ‘’liberté’’, ‘’courage’’ et ‘’dignité’’.

Commenter  J’apprécie          2111
Les passeurs de livres de Daraya

La guerre fait ravages, les haines se déchaînent, les obus sifflent le chant de la mort. Mais la seconde où la mort est la plus violente, la vie est la mieux définie.

Là où tout s'écroule, là où les décombres enterrent la vie et couvrent la terre, un souffle reste, celui des livres qui appellent de sous la poussière, de sous le désastre.

Les hommes de guerre courent sauver les livres le temps d'un répit entre deux bombes, et ils lisent. Du fer froid qui tue ils vont vers les pages des livres, ailes fragiles d'oiseaux abattus, mais pas morts.

Les livres, c'est leur résistance, leur liberté, le pansement de leur plaies, leur force pour continuer, leur espoir pour un demain et un après-demain, leur sourire, leurs larmes et leurs éclats de rire.

Et ils les cachent et les gardent, en sous-sol, sous la terre, des pages de lumière et d'espoir dans le roman noir de leur vie.

Les nombreuses maisons qui représentaient Daraya, sont tombées, mais il reste les livres, frères humains silencieux et fidèles.

Les rêves assassinés de Omar, jeune homme assoiffé de lecture, ne sont pas morts, car dans leur silence ils ne seront jamais muets.

Commenter  J’apprécie          216
Les passeurs de livres de Daraya

Je me souviens d'un reportage TV, des gens dans un car évacués d'une ville en Syrie. J'avais en son temps était bouleversé par ces images. Des regards derrière une vitre de bus. Toute l'horreur de la guerre, des déplacements forcés.

Ce bus quittait Daraya dans la proche banlieue de Damas

En lisant Les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui j'ai découvert pourquoi ce bus emmené loin des familles.

Par son écoute, son empathie Delphine Minoui nous offre un livre unique

Elle nous offre une réflexion profonde sur la réalité de la Syrie

Comment ne pas être ému, bouleversé par ces jeunes de Daraya qui vont relever un défi fou.

Daraya est une ville martyr de Syrie. Bachar El Assad est persuadé que cette ville est un nid de terroristes affiliés à Al Nostra ou à Daesh

Et quand il ne pense pas cela il est persuadé que Daraya veut lui prendre une partie de son pouvoir dictatorial

Alors le régime syrien bombarde, affame Daraya.

Pendant 4 ans jours et nuits , nuits et jours

Daraya passera de 22 000 à 8 000 habitants . Des morts , des exils en Turquie.

Dans ce Daraya fracassé, des jeunes syriens vont entretenir la lumière.

Ils ont 23 ans et ils vont décider de construire une bibliothèque cachée pour eux et les gens de Daraya.

Ils vont récupérer dans les maisons bombardées tous les livres encore existants que ce soit des livres arabes,européens ou américains

Ils vont tout cataloguer et tout mettre à disposition

Il y a les enfants soldats. Il y a maintenant les bibliothécaires soldats

Ces livres sont pour eux synonyme de liberté de culture de résistance.

Delphine Minoui va nous faire découvrir ce parcours et nous convertir au bienfait de Skype Whatsapp et d'Internet et des réseaux sociaux

Ces réseaux sociaux qui sont pour ces jeunes syriens un lien primordial face à la dictature syrienne

Delphine Minoui,à la suite de ces jeunes syriens à été la passeuse de livres de Daraya

A notre tour d'être des passeurs de livre

Le livre qui par ces écrits est un vecteur de liberté de tolérance de culture.

Page 29 du livre

"Leur résistance par les livres est fascinante. ...les livres ces sédiments de la mémoire qui défient les carcans.Du temps. De l'asservissement . De l'ignorance"



A lire absolument



Commenter  J’apprécie          210
L'alphabet du silence

« La paix est en procès, le pouvoir poursuit sa guerre contre son propre peuple »

La Turquie d’Ergogan, dans l’absurdité des grandes purges qui ont précédé et suivi la tentative de coup d’état militaire de 2016.

150 000 personnes limogées, 50000 arrêtées dans l’armée, l’administration et le secteur privé.

La dérive autoritaire du nouvel Iznogoud n’a plus de limite



Dans le milieu universitaire, les arrestations font suite à de simples signatures sur des pétitions protestataires. Toute opposition intellectuelle est taxée de terrorisme.

Pour Ayla qui voit partir Göktay en prison, le quotidien heureux s’est effondré, laissant place peu à peu à l’esprit de résistance, cœur battant de ce roman aux accents de documentaire.

En alternant des chapitres du quotidien du couple séparé, Delphine Minoui peint un portait de la société turque, en recherche de démocratie mais ployant sous le joug dictatorial de son dirigeant.



Un livre engagé, émouvant, d’un réalisme glaçant. Remarquable !



Commenter  J’apprécie          190
Les passeurs de livres de Daraya

Syrie - depuis mars 2011 la guerre civile fait rage... Dix ans d'une guerre qui se poursuit à bas bruit...

*

De 2012 à 2016, la ville de Daraya subit le siège implacable imposé par le régime de Bachar al-Assad. Daraya, bombardée, population meurtrie, affamée, en survie, frôlant la mort au quotidien.



La résistance par les livres est au cœur de ce récit-documentaire, correspondance Internet entre Delphine Minoui journaliste-écrivaine et de jeunes syriens activistes insoumis.



L'histoire d'une bibliothèque secrète confinée en sous-sol, bulle d'oxygène entre ligne de front et ruines bombardées ;

cave à livres nectar de la tolérance, du savoir et de l'éveil, grâce au courage et à la détermination de quelques jeunes, contre l'obscurantisme, le terrorisme et le totalitarisme.

Cette bibliothèque clandestine, projet initié par Ahmad et ses amis, tient pour rêve de faire de Daraya le symbole de l'insoumission.



L'histoire des fragments de vie dans le fracas des combats meurtriers, l'histoire de la fragilité de l'instant.

*

De tout temps les livres ont toujours effrayé les régimes tyranniques, ils font peur aux dictateurs, et pour cause les livres réveillent les consciences et conduisent à penser librement.

*

Ode à la liberté, à la tolérance, à l'espoir, une lecture enrichissante, émouvante et secouante.

Commenter  J’apprécie          194
Les passeurs de livres de Daraya

La distraction littéraire est essentiel pour beaucoup d'entre nous. Dans un contexte dictatorial, cette évasion s'apparente d'autant plus à une fenêtre ouverte sur la liberté. Un livre est un outil de mémoire, d'éducation, d'imagination, de transmission. Il pousse à la réflexion et conduit à l'indépendance intellectuelle. Véritable " arme d'instruction massive " dans une société arbitraire. L'auteur réussit à dépeindre cette soif de livres et de liberté des insurgés de Daraya. Un beau message d'espoir pour un conflit syrien qui s'éternise tragiquement.
Commenter  J’apprécie          190
Les passeurs de livres de Daraya

Et quand l'Etat cadenasse tout contact avec l'extérieur, ce projet fou qui naît de quelques uns: creuser les gravats pour sauver les ouvrages abandonnés dans les maisons bombardées et créer une bibliothèque clandestine, ouverte à tous. J'ai été impressionnée de constater la détermination de ces personnes à sauver la culture au péril de leur vie alors que tout s'effondre autour d'elles.



Avec ce récit, on prend conscience de la puissance que peuvent avoir les livres car ils font trembler ces tyrans adeptes de la pensée unique. Et pour ces combattants de la liberté, la lecture devient justement un puissant outil pour accéder à la connaissance. Pour cette population en guerre, c'est aussi un refuge et un échappatoire, une façon d'enfin s'ouvrir au monde alors qu'ils sont vécus dans une dictature où la vérité était censurée.



On y lit Marcel Proust, Paulo Coelho, Molière, Saint-Exupéry... de la philosophie, des écrits sur la démocratie, des livres de développement personnel. Cette bibliothèque devient un lieu d'échange, d'apprentissage et d'évasion.



Cet ouvrage a été rédigé par Delphine Minoui, grande reporter au Figaro et spécialiste du Moyen-Orient. Via Skype, elle est entrée en contact avec les révolutionnaires de Daraya et a vécu leur quotidien à distance. Son récit, particulièrement poignant, nous fait voir une réalité que l'on est loin d'imaginer, autrement plus bouleversant que les images édulcorées du JT.
Lien : https://carnetdelecture1.wor..
Commenter  J’apprécie          192
Les passeurs de livres de Daraya

Assad est un ogre qui mange des petits enfants, Erdogan est un gentil monsieur qui pourrait donner des leçons d'européité aux Européens, et l'Armée Syrienne Libre, c'est des bisounours roses qui cachent les livres et mangent des bonbons et génocident les Kur… Eh! j'ai grillé un fusible!



Décidément, ça devient de plus en plus acrobatique d'adhérer à la propagande béhachélienne (toujours la même tactique éculée pour manipulation des foules sentimentales: la mièvrerie téléphonée pour enlever l'adhésion au viol par les puissances voyous du droit international).



Oui, ça devient de plus en plus acrobatique: les fronts se renversent en six mois, les supergentilles victimes se transforment sans transition, par la grâce des médias, en ordures tortionnaires... Eh, oh, ça va trop vite, cette propagande qui se périme en 24 heures sans crier gare!



Enfin, comme c'est couronné par le grand prix d'une revue pour sièges d'attente dans les salons de coiffure, c'est sûrement une référence. Ah tiens, ils ont primé la Vargas itou? Bref, l'arbitrage ultime des élégances.



Au fait, où en est la mise à jour sur les "armes de destruction massive" en Irak? Et sur Abou Ghraib?



Il est Minoui, Docteur Schweitzer. Minoui, Minoui, ça manque d'air.
Commenter  J’apprécie          190
Les passeurs de livres de Daraya

Comment trouver les mots pour ce documentaire "coup de poing" ? Comment existe-t-il encore de telles horreurs à notre époque ? S'imaginer un instant à leur place est presque impensable.

Un récit puissant, on est au cœur du combat, de la résistance des hommes face à l'inacceptable, une plongée dans la Syrie.

Puis au milieu du chaos, le soutien, l'espoir grâce aux livres ; et bien plus encore, l'ouverture au monde, l'esprit plus aiguisé sur l'humanité, oui lire peut sauver dans beaucoup de domaine.

Un conseil, lisez-le, faites le lire et je dirais même, au-delà de ce récit, essayez de donner goût aux non-lecteurs de s'ouvrir de nouveaux horizons grâce aux livres en général, et peut-être le monde n'en sera que meilleur, en tout cas il y aura de l'espoir et c'est ce que je retiendrais de ma lecture. Et bravo à Delphine Minoui.
Commenter  J’apprécie          182
Les passeurs de livres de Daraya

De la guerre en Syrie, on retient surtout les villes martyres, les réfugiés tentant de rejoindre d'Europe et finissant souvent leur exil au fond de la Méditerranée. Rien de positif en somme et c'est vrai qu'il faut vraiment être très très attentif pour trouver un petit quelque chose.

C'est l'exploit de Delphine Minoui. Elle a trouvé la trace, grâce à une photo sans légende d'une bibliothèque souterraine dans la ville martyre de Daraya, à 7 km du centre de Damas et assiégée pendant 4 ans (4 ans !). On pourrait se dire que récupérer des livres dans les ruines n'était pas forcément une priorité. Et pourtant. Cette bibliothèque a permis aux hommes prisonniers (ouais, les femmes n'osaient pas sortir) de se changer les idées, d'apprendre, de recréer du lien. De rester huamin dans cette folie et cette violence

Ce livre, qui part d'une bibliothèque, dessine en creux le portrait de la ville mais aussi des hommes et des femmes qui l'habitent, malgré tout. Ils ne se résignent pas, résistent à la militarisation et à la radicalisation de la lutte (parce que oui, les livres leur ont permis de ne pas se laisser imposer les diktats religieux des différentes factions. D'ailleurs, elles n'ont pas réussi à s'implanter semble t-il). C'est aussi une histoire d'amitié et de pont lancé entre cette enclave oubliée et le reste du monde. Il arrive que les réseaux sociaux aient du bon... Surtout quand ils permettent de se voir en vrai, après.

Donc, oui, parfois, il reste une étincelle d'humanité, cachée, fragile, dans une guerre. Parfois, elle permet de rebondir, après. Même si c'est compliqué.
Commenter  J’apprécie          182
Je vous écris de Téhéran

Grâce à son métier de journaliste et à sa double culture franco-iranienne, Delphine Minoui a pu vivre et travailler une douzaine d’années en Iran, douze années au cours desquelles elle a été témoin de l’évolution de la situation politique et religieuse, 20 ans après la révolution islamique de Khomeini.

Ce passionnant témoignage permet de découvrir de l’intérieur une société tiraillée entre les autorités prônant un islamisme très strict et une jeunesse éprise de liberté, de modernité et d’occidentalisation.

Après une période de relative démocratisation, l’Iran s’est à nouveau refermé sur lui-même sous l’impulsion de Mahmoud Ahmadinejad et est redevenu jusqu’en 2013 un pays « invisible » car quasiment fermé à la presse étrangère.

C’est sous la forme d’une lettre à son grand-père iranien et adoré que Delphine Minoui raconte ses années iraniennes : si la forme m’a semblé quelquefois un peu artificielle, j’ai beaucoup aimé le fond : un livre instructif qui se lit très facilement et livre un récit passionnant.

Commenter  J’apprécie          180
Les passeurs de livres de Daraya

La narratrice, journaliste, vit à Istanbul en Turquie. La photo d'une bibliothèque secrète au coeur de Daraya, ville syrienne assiégée, de 2012 à 2016, dans la banlieue de Damas, l'amène à prendre contact avec Ahmad, l'un des fondateurs de cette bibliothèque.

Vont alors commencer des échanges par mails, Skype et Whats App entre Delphine et de jeunes Syriens : Ahmad, Shadi, Hussam, Omar, et un de leurs professeurs : Ustez. Osant défier le régime de Bachar Al-Assad, dans les ruines des maison bombardées, ils ont récupéré des milliers de livres et ont créé une bibliothèque souterraine ouverte à tous.

Pendant de nombreux mois, Delphine échange avec ces jeunes Syriens, en proie aux bombardements incessants et à la faim, mais emplis d'espoir par leurs lectures. L'un écrit, l'autre dessine sur les murs, un troisième filme. La littérature leur donne la force de tenir, jusqu'à l'évacuation de Daraya, pour ceux qui réussiront à s'en sortir.

Ce témoignage est prenant sur la situation en Syrie, et c'est aussi un bel hymne au pouvoir des livres.
Lien : https://www.unebonnenouvelle..
Commenter  J’apprécie          170
Les passeurs de livres de Daraya

Sans mots, la gorge nouée je referme ce livre.



Une bibliothèque installée à Daraya. La Syrie. La guerre, les bombardements incessants du régime, le blocus qui affame, le monde qui se rétrécit au contour d’une ville.



Malgré tout l’espoir, celui d’un monde meilleur, d’une révolution pacifique où chacun pourrait s’exprimer librement, s’instruire et se cultiver sans censure. Une utopie crée au milieu du conflit, une oasis comme un cri d’espoir, une lumière venant illuminer des jours si sombres.



Le courage de Ahmad, Hussam, Shadi, Omar et les autres, leur dignité. Leur abandon par la communauté internationale, incapable de trouver une solution au conflit syrien.



L’on frémit tout au long de ses pages sur le sort de ces jeunes gens, l’on voudrait les voir s’en sortir, les voir réaliser leurs rêves.



Bachar Al-Assad a fait de Doraya, cette enclave, un enfer. Pourquoi créer une bibliothèque dans ces conditions ?



Pourquoi perdre du temps à lire lorsque les bombes tombent, incessantes, lorsque la faim tenaille le ventre ?



Pour apprendre, pour comprendre, pour débattre, pour être libre, tout simplement.
Commenter  J’apprécie          177
Les passeurs de livres de Daraya

Qu'il est difficile d'écrire un avis sur ce livre tellement les mots et les émotions, au sortir de sa lecture, nous submergent.

Le plus simple serait de dire LISEZ-LE mais je ne voudrais pas que cela écartent des lecteurs, sachant que moi même voyant parfois cette recommandation, ne suit pas ces 2 mots simples!!.

Il faudrait pouvoir mettre une mention spéciale dans Babelio, une sorte de joker utilisable 1 ou 2 fois par an, mais ce n'est pas prévu.



Aussi je vais tenter, en quelques mots, de vous convaincre de lire ce chef d'œuvre même si je sais d'ores et déjà que je serai en deçà de la force et du bouleversement que la lecture du livre vous apportera.



Une journaliste Delphine Minoui, vivant à Istanbul, va suivre durant 4 ans, entre 2012 et 2016, un groupe d'une quarantaine de jeunes syriens révolutionnaires à Daraya.

L'objet de leur lutte : s'opposer au régime oppressant et destructeur de Bachar al-Assad.

Leur moyen : être des passeurs de livres, exhumer des milliers d'ouvrages ensevelis dans leur ville assiégée et les rassembler dans une bibliothèque clandestine.

Cette résistance en a fait des hommes dangereux pour Assad, non pour leur fanatisme, inexistant, non pour leur radicalisme, totalement absent du fait de leur isolement, mais pour la liberté qu'elle entretient. En effet, un homme cultivé, éduqué est, et restera pour Assad un défi à l'ordre établi.



Ni le gaz sarin, ni les tanks, ni les bombes, ni le napalm, ne viendront casser le lien entre cette journaliste et ces jeunes. Certes ils parviendront parfois à couper durant quelques jours les communications WhatsApp, skype, ou de tous autres moyens similaires de communication. Mais tel sera le seul effet de ces attaques incessantes.



Certes, à la fin du livre, Daraya devra se rendre, Delphine M sortira son livre sans que ce dernier ne puisse figurer dans la bibliothèque cette ville de résistance, mais l'histoire restera un hymne à l'espérance.



Ces jeunes ne seront pas seulement parvenus à sauver des livres, parfois au prix de leur vie, mais ils auront bâtis des mots. Ils auront permis de tenir un lien même parfois ténu, entre leur ville et le reste du monde; ils auront vécu d'espoir,

Commenter  J’apprécie          1510




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Delphine Minoui (1521)Voir plus

Quiz Voir plus

Tintin quizz ultra difficile

Quel est le numéro qui apparait sur la combinaison du professeur tournesol dans objectif lune?

1
9
14
57

10 questions
143 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}