AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Delphine Minoui (312)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les passeurs de livres de Daraya

Une écriture sans détours, percutante sur la réalité de la guerre en Syrie et particulièrement à Daraya. On est directement confronté à la résistance d'un groupe qui pour accompagner leur mouvement, créent une bibliothèque souterraine, lieu qui va devenir le point de rencontre culturel d'un peuple confronté aux dures réalités de la lutte humaine pour rester vivant.

J'ai ressenti au fur et à mesure des pages l'ampleur de cette guerre, de cette révolte de ceux qui combattent pour la liberté, la liberté de s'exprimer et de penser...

Un document précieux qui salue le courage de ceux qui n'ont jamais lâché.
Commenter  J’apprécie          90
Les passeurs de livres de Daraya

Les passeurs de livres de Daraya

Delphine Minoui



Delphine Minoui nous raconte la Syrie de l’intérieur, la ville rebelle de Daraya bombardée par le régime d’Assad, à travers sa liaison Skype avec quelques jeunes universitaires qui sauvent les livres dans les décombres. Ils vont en constituer une bibliothèque souterraine et clandestine où la vie sociale va s’organiser autour de la culture : lectures, conférences, fêtes aussi.

Cette histoire montre l’impuissance réelle ou supposée des Nations Unies et des états face au drame syrien.

Difficile de formuler une critique sur ce livre très riche en émotions mai si l’on veut comprendre les ressources de l’homme en milieu hostile, si l’on veut une illustration de l’absurdité de la guerre, de la folie d’un dictateur, si l’on veut vérifier que la culture est un rempart contre l’extrémisme, il faut lire cet ouvrage.





Lu dans le cadre du challenge multi défis 2019.

Commenter  J’apprécie          91
Les passeurs de livres de Daraya

Comment donner mon avis sur cette lecture sans le dénaturer par mon indignation mêlée d'admiration?

Comment peut-on encore en 2019, après des centaines de "plus jamais ça", laisser ce genre de situation perdurer?

Comment accepter mon impuissance?



Delphine Minoui malgré sa casquette de journaliste a probablement une capacité de résilience hors norme pour parvenir a n'être "que" la messagère, le porte-voix de ces hommes?



Comment vous donner l'envie de lire ce récit de poussière, de sang et de bombes, d'espoir, de survie et de poulet grillé?
Commenter  J’apprécie          96
Les passeurs de livres de Daraya

J'avoue être complètement passée à côté de ce livre. Il commençait pourtant bien avec cette mise en valeur à la limite de la passion pour les livres par l'auteure: "J'ai toujours aimé flâner entre les allées d'étagères, respirer l'odeur du vieux papier, guetter le chuchotement des pages". Je me disais que j'allais lire un récit qui allait me parler de ma propre passion pour la lecture. Mais si les premières pages sont vibrantes d'émotions quant à l'évocation des livres et de la découverte de cette bibliothèque enfouie sous les immeubles en ruine de la ville syrienne de Daraya, on tombe ensuite très vite dans un récit informatif sur la guerre qui s'y déroule et on échappe à toute la poésie du début. Lire est certes, "un instinct de survie" pour les hommes avec qui la journaliste communique via les réseaux sociaux, mais le lecteur se retrouve très vite dans les autres nécessités du quotidien des protagonistes: manger, s'armer, se battre, échapper aux bombes, etc. Je sais bien qu'il faut en parler, mais j'étais partie pour lire autre chose, un livre plutôt tourné vers la littérature...
Commenter  J’apprécie          90
Les passeurs de livres de Daraya

Magnifique! Quel beau livre.

Je n'ai pas tout appréhendé du conflit syrien... et j'ai l'impression que, non seulement ce livre m'y a aidé : il nous fait comprendre le conflit de l'intérieur. C'est dûr... et en même temps c'est tendre. On ressent la grande tendresse de l'auteur pour ces contacts de Daraya, qui ont fondé la bibliothèque secrète de Daraya. Il y a des passages magnifiques, où l'on comprend à la fois l'horreur du conflit et l'importance des mots, de l'éducation, de la solidarité.

A découvrir absolument.
Commenter  J’apprécie          90
Les passeurs de livres de Daraya

Daraya est assiégée par Damas de 2012 à 2016 et durant cette période de siège, au milieu de bombes et attaques au gaz, un groupe de jeunes révolutionnaires regroupe les livres retrouvés dans les ruines pour créer une bibliothèque.



« Il faut désormais trouver un lieu pour les stocker. Les protéger. Préserver cette petite miette du patrimoine Syrien avant qu’il ne parte en fumée. Après concertation générale, un projet de bibliothèque publique voit le jour. Sous Assad, Daraya n’en a jamais eu. Ce serait donc la première. » p.18



J’ai lu ce livre dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle et je suis enchantée de cette découverte. Il s’agit d’un document poignant qui parle de courage, de lutte et de soif de liberté et de connaissances. Ce témoignage est très bien écrit, on y découvre l’horreur de la guerre, la lutte pour la liberté et le courage de ceux qui refusent de plier face au régime. A travers les conversations et liens que l’auteure a pu tisser avec les révolutionnaires, elle appréhende la réalité de leur quotidien, leur cause et leur dévouement et arrive à nous le retranscrire avec force et simplicité.



J’ai aimé :



la très belle réflexion sur la Syrie que nous apporte ce livre. Souvent vu comme le pays en guerre mais aussi le pays de Daech et des terroristes, ici une autre voix s’élève et nous parle de gens qui luttent avec pacifisme et respect.

Mon avis complet: https://chronicroqueusedelivres.wordpress.com/2018/01/20/les-passeurs-de-livres-de-daraya-delphine-minoui/
Lien : https://chronicroqueusedeliv..
Commenter  J’apprécie          90
Je vous écris de Téhéran

Ici c'est l'Iran raconté de l'intérieur et très loin des clichés. Ce récit est très personnel : une lettre que l'auteure envoie à son grand-père - décédé. Pour rappeler les origines de Delphine Minoui, sa mère est française et son père iranien. Son grand-père iranien est venu en France pour se faire opérer du coeur et pour la petite fille qu'elle était, il est rentré dans son coeur. Il lui a donné ses premiers cours de farsi ainsi qu'un ouvrage d'un poète iranien : Hafez, un grand poète de la Perse antique. Plus tard, devenue grand reporter, Delphine est partie en Iran et y est restée dix ans. Et ce livre est un témoignage de ces années passées à Téhéran.

Elle raconte les nuits clandestines où les jeunes filles abandonnent leur tchador à l'entrée des appartements, puis se maquillent et s'habillent plus légèrement pour danser jusqu'à l'aube au mépris du danger car les risques sont quotidiens, les dénonciations des voisins aussi et l'emprisonnement pour vie dissolue aussi.

Bienvenue au pays de la schizophrénie : tchador dehors, et parties fines à l'intérieur des maisons. Les étudiants sont déchaînés. Pour commander du vin rouge, on va demander du jus de grenade.

Il y a un moment fort dans le récit, c'est sa rencontre avec un jeune milicien sur la montagne. Elle revient sur Téhéran et rencontre sa femme et s'en fait des amis...

Son travail de reporter, c'est sur le long cours, elle doit pour cela rester longtemps dans le pays et le renouvellement de sa carte de presse lui est refusé d'où de nombreuses difficultés qu'elle raconte si bien.

Delphine Minoui dit qu'avant de s'occuper de la bombe atomique, il faudrait regarder la bombe sociale. Les jeunes représentent 70 % de la population iranienne. Et les femmes sont de plus en plus nombreuses à l'université. Les jeunes s'échangent des idées sur Internet et sur des blogs. Et cela va vite. Il y a des gens qui se battent au quotidien, qui s'engagent, qui repoussent un peu tous les jours les limites de l'impossible. Ce livre est un appel lancé à l'Occident pour aider ces jeunes à s'en sortir. Sera-t-il entendu ?
Commenter  J’apprécie          90
Je vous écris de Téhéran

Toujours un échange de livre avec mon amie passionnée de littérature "orientaliste". Lu en peu de temps en juin 2015 entre insomnies et creux de boulot.

Delphine Minoui est avant tout journaliste. (franco-iranienne certes) Même si on sent que ce livre retrace sa passion pour l'Iran à travers la figure de son grand-père, j'ai senti un vent de reportage (très bien fait) tout au long de ma lecture. On est plongé dans les jeux politiques et religieux, inextricablement liés, de 10 années iraniennes. On découvre les puissants, mais aussi le peuple, les hommes et les femmes, (celles-ci sont loin d'être effacées ou soumises comme les occidentaux pourraient le croire) qui rêve, se révolte, souffre et se soumet parfois.

Le récit est truffé d’anecdotes et de parcours personnels dont certains sont révélateurs de la grande histoire iranienne et de ses conflits. J'ai appris beaucoup de choses pendant ces heures dépaysantes sur les différences entre les courants religieux, la vie quotidienne en Iran, la place des femmes ou encore les espoirs des jeunes et j'ai révisé ma copie en histoire politique.

Il me semble que ce livre pourrait être important ne serait-ce que pour changer nos opinions parfois un peu trop tranchées sur un pays que nous connaissons au fond si peu.

Quand les journalistes approfondissent et personnalisent le sujet, le reportage devient parfois beaucoup plus éclairant et juste. C'est ce que j'ai ressenti ici.
Commenter  J’apprécie          90
Les passeurs de livres de Daraya

Connaissez-vous Daraya ? Avant la lecture de ce témoignage de Delphine Minoui, je n'avais qu'une idée assez floue de cette ville et de son histoire. C'est pour le dire de façon légère un village d'irréductibles syriens qui a tenté de résister au joug du pouvoir de Damas entre 2012 et 2016. La ville à été assiégée, bloquée, isolée pendant ces années. Le pouvoir a tout utilisé pour les faire plier : bombardements quotidiens au baril d'explosifs, attaque au gaz sarin et au napalm, rupture des voies d'approvisionnement... Face à cette violence, un groupe de jeunes révolutionnaires, originaires de Daraya vont répondre par... le savoir !

Ils vont rassembler tous les livres retrouvés dans les décombres et ouvrir une bibliothèque clandestine pour tous les rescapés : habitants et combattants. Une réponse pacifique à la barbarie qu'ils subissent.

Le récit transmis par Delphine Minoui, fruit de ces échanges par Skype, WhatsApp ou SMS avec les révolutionnaires est un hymne pour l'espoir, l'existence d'une autre voie que celle de la violence : celle des livres et de leur pouvoir.



Cette bibliothèque aura été comme le souligne Ahmed, l'un de ses fondateurs "le symbole d'une ville insoumise, où l'on bâtit quelque chose quand tout s'effondre autour de nous."



Une lecture magnifique et glaçante à la fois. Un témoignage à faire découvrir au plus grand nombre.
Commenter  J’apprécie          81
L'alphabet du silence

ENGAGÉ & RÉVOLTANT ! 💥👊



Göktay, un professeur d'Histoire militant et engagé va se retrouver derrière les barreaux du jour au lendemain. Il est accusé de terrorisme pour avoir signé une pétition pour la paix. Sa femme, Ayla, enseignante elle aussi, se retrouve à batailler pour la libération de son époux. De fil en aiguille, elle qui a toujours fui la politique se retrouve à reprendre le flambeau de son époux et va découvrir les origines de son combat...



Avec ce roman terriblement fort, Delphine Minoui nous fait prendre conscience de la réalité de ce qui se passe en Turquie. Ce pays qui prône la démocratie sans jamais l'appliquer. Cette "démocrature" aux dérives autoritaires gérée d'une main de maître par Erdogan. Ce président qui parle de "deuxième sexe", prône l'importance de la fonction de reproduction de la femme au foyer et tant d'autres aberrations encore.

Alors la peur se change en force. La société civile fait preuve d'une résilience exceptionnelle, se bat, signe pour dénoncer la violence qui brise leurs familles, ruine leur pays depuis bien trop longtemps.



Lui emprisonné, elle assiégée par la peur. La Turquie comme un rêve inachevé, un paradis changé en enfer. Heureusement qu'il y a les rêves, les mots, les convictions comme un cri silencieux pour rester en vie et ne pas flancher.



N'y allons pas par quatre chemins. Ce roman est une pépite absolue ! Il m'a prise aux tripes et va me rester en mémoire très très longtemps. La plume est magnifique, les émotions traversent les pages et percutent le lecteur qui prend brusquement consience de ces vies malmenées ailleurs.

Je recommande ABSOLUMENT ! ❤️





Commenter  J’apprécie          80
Les passeurs de livres de Daraya

En 2013, dans une ville de la banlieue de Damas assiégée et bombardée par les troupes de Bachar al-Assad, de jeunes syriens récupèrent des livres et aménagent une bibliothèque souterraine. Ils s’y réfugient pour lire, apprendre, rêver de paix, débattre… Une journaliste française parvient à échanger avec eux grâce à Internet. Elle témoigne ici du quotidien de ces combattants, amis des livres.

Il est question de faim, de blessure et de mort, de non-aide internationale, mais aussi de littérature, de poésie, de camaraderie. Une lecture poignante dont on sort grandi.

« Parfaitement ordonnés et classés sur des étagères, les mots […] offrent des pistes de réflexion, des torrents d’idées, des histoires pour s’échapper. Le monde entier à portée de main. »
Commenter  J’apprécie          80
Les passeurs de livres de Daraya

On ne peut pas mettre ce documentaire entre les mains d’une bibliothécaire et espérer qu’elle y demeure indifférente…

J’ai été touchée, transportée, émue, sidérée, épatée…et tant d’autres choses à la lecture de ce témoignage hors norme qui justifie et anoblit à lui seul l’existence même de toutes les bibliothèques et bibliothécaires qui jalonnent le monde et son Histoire.

Tenir par les mots, tenir pour les mots, tenir les mots pour conserver, malgré tout et au-delà de tout sa part d’humanité, même quand tout le reste fait défaut, quand il n’y a plus rien, ni nourriture, ni repos, ni certitude, en conserver une : je suis un être pensant, je lis donc je vis.

La démarche de ces hommes, qui refusent de n’être que des guerriers ou des bêtes traquées, est non seulement insensée et admirable, elle est aussi porteuse d’une folie comme on n’ose plus en espérer dans ces régions matraquées par la guerre autant que par la pensée unique : l’espoir en l’homme, en son aptitude à grandir, à se construire, à prendre le risque d’être différent de ce qu’on attend de lui.

Car ils ne se contentent pas de se faire les gardiens d’un temple de livres pieusement entassés, ils se veulent « passeurs », connecteurs, transmetteurs de savoirs et de compétences qui seront autant de leviers offerts à leurs semblables pour soulever avec obstination la chape de silence et d’hébétude dont, sans relâche, on veut les écraser.

On les affame, ils se nourrissent de mots, on les assoiffe, ils s’abreuvent de connaissances nouvelles, on organise le blocus de leur ville, ils organisent des conférences, on rompt leurs contacts avec la ville voisine, ils se connectent avec le monde…

C’est là que la démarche de Delphine Minoui prend toute sa force et mérite d’être saluée à sa juste valeur. Loin de s’accaparer le travail souterrain de ces hommes pour en faire un scoop journalistique, elle a su trouver sa juste place de témoin, de relai, pour devenir « passeur » à son tour, passeur de témoignage, passeur d’images et de visages, passeur d’identités, de lambeaux de vie arrachés à la mort et à l’oubli.

Grâce aux échanges dont elle rend compte, grâce à ses mots et aux leurs, grâce à sa manière simple, directe, empreinte de respect et d’humanité, elle a fait sortir ces hommes intelligents et courageux du statut impersonnel de « rebelles », voire même d’anonymes « étrangers massacrés dans leur lointain pays en guerre ». Ils ont devenus Omar, Shadi, Abou el-Ezz, Ahmad, ils sont devenus « Les passeurs de livres de Daraya ».

Commenter  J’apprécie          81
Les passeurs de livres de Daraya

Un livre qui m’a été prêté pour mon grand plus plaisir car je n’aurais eu l’idée ni de l’acheter, ni de l’emprunter. L’auteur, une journaliste, entreprend d’écrire l’histoire de cette bibliothèque après avoir découvert une photo du lieu sur Facebook. Espace de résistance face à la terreur que fait régner Bachar el-Assad sur son pays, et particulièrement sur la banlieue de Damas, ville martyre, tant de fois bombardée et gazée, de jeunes syriens ont entrepris d’y rassembler tous les ouvrages enfouis sous les décombres pour offrir à leurs concitoyens la possibilité de se retrouver autour de la culture, de la lecture et de différentes formes d’apprentissage. « Hors d’atteinte, cette université clandestine est un espace de transgression ».

Delphine Minoui, touchée par cette initiative, va tout mettre en œuvre pour communiquer avec les habitants et faire connaître cette expérience humaine, porteuse de tant d’espoirs alors même que les habitants sont épuisés par un siège qui a duré plus de 4 ans, rarement interrompu par les très timides tentatives de l’ONU pour acheminer quelques convois de vivres ou de médicaments. Par le biais de Skype ou de WhatsApp, elle va échanger avec le jeune Ahmad notamment qui l’informe des avancées de l’armée de Bachar et qui lui conte comment Daraya résiste de façon pacifiste aussi bien au président syrien qu’aux soldats de Daech. Hommes, femmes, tous sont unis pour faire front, pour que vive la liberté. Ils résistent grâce aux mots, aux idées, à la mise en œuvre d’une démocratie participative pleine d’espérance, c’est « la laideur de la guerre surpassée par le verbe. Un mémorial de mots, sans domicile fixe, pour la génération d’après.».

Pendant que la Syrie se meurt d’une guerre dont on a l’impression que jamais elle ne cessera, l’Europe connait ses propres tourments. Delphine Minoui vit en Turquie avec sa fillette et son quotidien n’est pas épargné par les bombes et autres attentats, comme de nombreuses autres métropoles. Chaque nouvelle tragédie la rapproche un peu plus des habitants de Daraya pour qui, cette terreur est fréquente et ryhtme leurs journées.

C’est un livre intense, dur et à la fois porteur d’un immense espoir que de telles formes de société puissent émerger en des temps si sombres. C’est un livre aussi sur les livres, sur la littérature comme outil de connaissances et d’évasion, sur la possibilité donnée de s’abstraire de réalités intenables pour rêver, espérer, penser un monde meilleur.

Le siège de Daraya a été levé en 2016, ses habitants évacués vers des lieux moins exposés (en tout cas, à cette époque).

Commenter  J’apprécie          80
Les passeurs de livres de Daraya

Ce récit nous emmène en Syrie, à Daraya, ville encerclée, affamée par le régime syrien pour avoir osé se rebeller contre l'autorité de Bachar al-Assad en 2011.



Ce livre commence en 2016 et se poursuit tout au long de l'année 2017 dans un contexte international dense (terrorisme avec les attentats en France, en Turquie, échec des Nations Unies face au régime syrien et ses alliés) et des flashbacks en fonction des différents interlocuteurs face à Delphine Minoui.

Cette quête d'une bibliothèque secrète amène la journaliste à se questionner concernant ces jeunes hommes notamment sur la radicalisation (comme le clame haut et fort Bachar al-Assad) et le risque de transmettre des messages faussés ou pouvant être déligitimé. Mais contre toute attente, Delphine Minoui rencontre des jeunes hommes éduqués, destinés à devenir ingénieurs mais que la révolte, l'envie de liberté va rattraper.



A travers leurs discussions, la journaliste va reconstituer le passé de cette ville au riche passé démocratique, découvrir cette bibliothèque et les activités menées par ces jeunes hommes. Cette bibliothèque va leur permettre de s'ouvrir à de nouveaux mondes tournés vers la politique, la psychologie, de réfléchir à un nouveau système politique,  de lutter contre la radicalisation religieuse. C'est aussi un lien d'ancrage avec la vie réelle pour ne pas oublier la peur dans un milieu où l'on côtoie la mort en permanence.





Ce magnifique récit m'a émue, touchée au coeur pour le sort funeste de cette population, de cette ville que le régime veut anéantir pour avoir espérer un futur meilleur, pour tout ces destins brisés par l'ambition et l'obsession d'un homme pour le pouvoir. Emue par les idéaux portés par ces citoyens ordinaires plongés dans un contexte extraordinaire.
Lien : https://autempsdeslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          82
Les passeurs de livres de Daraya

Une première de couverture qui ne peut que nous accrocher et c'est tant mieux car ce thème est inabordé, inabordable dans nos sociétés remplies de certitude à satiété, de rayonnages pleins à craquer d'absurdités et de niaiseries et le choix d'une forme littéraire particulière, le document-web-regard-occidental.

En effet ce livre a mis l'accent sur quelque chose d'inédit, plein de promesses de compréhensions : "Face aux bombes, la bibliothèque (secrète de Daraya en Syrie) est leur forteresse dérobée. Les livres, leurs armes d'instruction massive".

Dommage que cette idée forte ne soit qu'effleurée et que cela ne concerne que la petite lucarne d'un grand reporter basée en Turquie.

Vraiment, on voudrait en savoir plus sur Ahmad l'activiste, le suivre dans ses errances souterraines, dans ses lectures interdites, essayer de comprendre petit à petit cette armée rebelle, ses arcanes et ses pouvoirs. Savoir de qui est constituée cette armée rebelle.

C'est donc un document qui ne va pas jusqu'au bout de son exploration, qui s'arrête sagement au seul web-regard occidental et ne fouille pas au delà des mots, qui ne déterre pas ce qui fait vivre la littérature sous les bombes.

Il manque le pont littéraire, la lettre qui s'étend entre l'Occident sécurisé et goinfré et l'Orient tragique, affamé, bombarbé et oublié. Et bien sûr aucune comparaison avec "De l'ardeur" de Justine Augier, véritable document indispensable pour comprendre ce que peuvent vivre les populations abandonnées en Syrie et pour appréhender le courage de celles et ceux qui croient en la révolution, en cette révolution syrienne possible, potentielle, lucarne ensablée, tournée vers le bleu d'un ciel libre.

Au sortir de ce livre, on court lire "La Coquille" de Moustafa Khalifé. C'est déjà ça, on avance, on veut comprendre, le but est presque atteint, la cible presque touchée.
Commenter  J’apprécie          80
Les passeurs de livres de Daraya

Une fois n’est pas coutume, je viens de terminer un document : "Les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui, véritablement poignant. Cette journaliste, grand reporter au figaro est spécialiste du Moyen-Orient. Elle vit actuellement à Istanbul et c’est là, sur Facebook qu’elle découvre une "photo intrigante", ce sont ses mots. La photo n’est pas claire, elle y voit des hommes entourés de murs de livres…



Elle veut comprendre, savoir et finit par retrouver la trace d’un des fondateurs de cette bibliothèque clandestine, Ahmad, avec lequel elle va entretenir pendant quatre ans des contacts réguliers et qui lui apporte des nouvelles de Syrie. Ce sont de jeunes révolutionnaires syriens, pacifistes, qui ont réussi à sauver des milliers de livres des décombres. Ils en ont fait une bibliothèque, une bibliothèque clandestine, installée dans un souterrain dans la banlieue de Damas, constamment bombardée…



"Bachar al-Assad avait fait le pari de les enterrer tous vivants. D’ensevelir la ville, ses derniers habitants. Ses maisons. Ses arbres. Ses raisins. Ses livres.

Des ruines, il repousserait une forteresse de papier.

La bibliothèque secrète de Daraya."



Inlassablement, ces jeunes qui ne veulent pas de la pensée unique vont sauver et sauver encore des livres et pourtant ce n’était pas de lecteurs… c’est la guerre, disent-ils, qui leur a appris à lire. Ils découvrent ainsi des poètes arabes, mais aussi "Le Petit Prince". Quand ils ont faim – ils se contentent souvent d’une soupe de feuilles bouillies – ils lisent pour oublier. Ils apposent sur la première page de chaque ouvrage le nom de son propriétaire pour… plus tard.



Ce document, précieux, donne le vertige d’une vie que l’on ne peut imaginer. Et l’on se rend compte, avec honte quelque part, que tout ça, oui, on en avait entendu parler. Mais qu’en a-t-on fait ? Eux, ces jeunes instruits pour beaucoup, ont choisi l’insoumission – et non pas le terrorisme – ils ont choisi la liberté et les livres en sont une belle métaphore.



Inutile de parler de la forme et du style qui n’ont pas d’importance capitale, le fond emporte tout… jusque dans la chute. Le 12 septembre 2016, ils, Ahmad et ses amis, seront forcés d’évacuer la ville et emmenés en bus à trois cents kilomètres de Damas près de la frontière avec la Turquie… et… "Malgré les craintes d’Ahmad, les livres n’ont pas terminé au bucher. Mais c’est peut-être pire : après avoir découvert l’agora secrète, les soldats du régime l’ont pillée pour revendre à bas prix les ouvrages sur le trottoir d’un marché aux puces de Damas…. Quatre ans de sauvetage du patrimoine de Daraya troqués contre quelques pièces de monnaie." Les livres avaient été reconnus grâce aux noms des propriétaires notés sur la première page.



C’est chouette d’avoir un fils conseiller en vente librairie – domaine des sciences humaines – à la Fnac… Un immense merci Alexandre pour ce très beau cadeau. Je pense ne pas oublier cette lecture de sitôt.


Lien : http://memo-emoi.fr
Commenter  J’apprécie          80
Les passeurs de livres de Daraya

Merci ! Madame Delphine Minoui je vous témoigne ma profonde gratitude pour ce reportage, témoin d'un quotidien d'hommes et de femmes et de leur ville Dayara, en Syrie, abandonnés et ignorés de nos pays. Un récit terrifiant et honteux pour l'humanité !



La journaliste Delphine Minoui témoigne de ses échanges avec un groupuscule de résistants de Daraya. De 2012 à 2016, cette ville berceau du pacifisme syrien, a subi un blocus et de terribles bombardements imposés par Bachar el-Assad. En prenant des risques énormes, considérant que les mots ont plus de force que les armes, Omar, Ahmad, Shadi et leurs amis, âgés entre 20 et 25 ans, ont créé une bibliothèque clandestine avec les ouvrages retrouvés dans les décombres.



La résistance par les livres et la culture,

Le livre comme une arme d'instruction massive,

Une polyphonie contre la pensée unique du régime.

Dans le combat de ces jeunes, au fond des décombres de la guerre, une lumière. Celle d'une pensée plurielle.



Bachar el-Assad veut nous faire croire qu'en face du régime il n'y a que des terroristes. Non! j'ai lu des jeunes qui ont le désire d'une liberté, celle que nous défendons, celle de vivre comme vous et moi.



Un témoignage fort et magnifique.

Un livre à lire, à faire lire.

Je vous applaudis madame Minoui !
Commenter  J’apprécie          80
Les passeurs de livres de Daraya

Ce livre est beau et humain. En même temps, c'est très démoralisant d'assister impuissant aux développements de la destruction de Daraya. Le style est parfait, neutre, bienveillant, au service de l'idée. Une histoire tellement incroyable, portant des valeurs universelles telles que l'amitié, la liberté, la résistance, la culture, le pacifisme, l'optimisme, la ténacité. Énorme critique des institutions internationales. J'ai adoré cette lecture nourrissante ! Je suis vraiment reconnaissante à tous les babéliotes qui m'en ont recommandé la lecture!
Commenter  J’apprécie          72
Les passeurs de livres de Daraya

Au cœur de la bibliothèque souterraine de Daraya, une ville à l’agonie, enfouie sous les champs de ruines, un mot d’ordre:

Nourrir l’esprit des corps affamés.



Sous les bombardements incessants, ces mots, ces livres, ces armes d’instructions massives, afin de procéder au sauvetage du patrimoine culturel et lutter contre l’obscurantisme.



« le Symbole d’une ville insoumise, ou l’on bâtit quelque chose quand tout s’effondre autour de nous ».



Au creux de l’obscurité, du chaos, la vie souterraine s’organise. L’affluence de vie et d’envie sous terre, alors que la surface n’est plus que désolation. Dans cette bibliothèque, la liberté, l’espoir, la culture, la réflexion se mettent en place. La lutte pour la résistance.



Ce témoignage, cette leçon de vie, de courage, de résistance, d’humanité. Parce que la force de vivre est plus forte que la soumission et la barbarie.
Commenter  J’apprécie          72
Les passeurs de livres de Daraya

Une banlieue de Damas supporte pendant quatre ans le siège et les bombardements que lui imposent les forces armées syriennes et s'oppose à la fois au régime en place et aux islamistes armés. D'Istanbul, une journaliste rédige, via les réseaux sociaux, l'histoire de résistants de Daraya qui, dès le début du siège, établissent une bibliothèque secrète, enterrée dans une cave et constituée de tout ce qu'ils ont pu sauver.



Comment les livres peuvent-ils servir de bouclier contre l'acharnement aveugle ? Le dialogue --parfois entrecoupé de longues périodes de silence-- entre Ahmad et la journaliste s'établit d'abord autour de cette bibliothèque de la résistance. Pourquoi lire alors que le quartier est sans cesse bombardé ? Parce que les livres défient le temps, l'asservissement et l'ignorance.



Ce récit rend compte de la survie possible par la culture. Imaginez une forteresse de papier sous les décombres d'un immeuble. Croyez à l'évasion par la lecture, à l'ouverture d'une fenêtre sur un autre monde possible que celui des forces armées, du ballet des hélicoptères qui déversent des bidons explosifs et incendiaires. Osez voyager dans le temps et l'espace sous la menace du canon et des snipers. Embarquez dans la lecture !



La lecture permet l'ouverture vers d'autres modes de pensée que celui du milieu ambiant. Elle retourne le paradigme : les assiégés ne sont pas ceux que l'on croit (un peu comme le prisonnier peut se considérer plus libre que ceux qui sont de l'autre côté des barreaux).



"Arme d'instruction massive", le livre permet de s'évader, de se retrouver et de s'épanouir.



Accessoirement, ce récit immerge le lecteur dans une ville en guerre et nous aide à mesurer la double chance que nous avons de pouvoir lire dans un pays en paix.



Ce livre vous fera penser inévitablement à "Sauver les livres et les hommes" de Micheal Najeeb et aux "Résistants de Tombouctou" de Joshua Hammer qui, si vous vous souvenez d'eux, forment ensemble un beau triptyque !
Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Delphine Minoui (1512)Voir plus

Quiz Voir plus

Un quiz qui n'est pas littéraire

Parmi ces trois métaux, lequel se trouve à l’état liquide dans les conditions ambiantes ?

le manganèse
le mercure
le béryllium

10 questions
21 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}