Delphine Pessin

Après cet interminable voyage entrepris jusqu'ici , il y a ceux que tu as laissés derrière toi ; il y a ceux qui t'ont accompagné sur ton chemin . Cinq ans ont passé, les médecins te considèrent comme guéri. Est-ce qu'il ont raison ? La vie est sillonnée de tant de possible . D'espoirs et de désenchantement, de chagrins et de fous rires ; de victoires aussi ,tu le sais bien .

« Depuis qu'Arthur a son cancer, j'ai remarqué que les gens se divisent en deux catégories : Il y a ceux qui comme Lili, prennent des nouvelles tout en cherchant à être rassurés. Ils ne savent pas comment témoigner leur amitié, appellent tout le temps, mais sont aussi très mal à l'aise sur le sujet. Les autres, qu'on croyait être des amis, se contentent de vous envoyer un texto ou deux, puis très vite c'est silence radio. Comme si au fil des mois, ils avaient oublié jusqu'à votre existence. »

Papa s'est contenté de me sourire. A en croire son air de compréhension idiot, il devait penser qu'on venait d'avoir une discussion père-fille franche et sincère.
Les parents sont souvent à côté de la plaque, à mon avis.

Aujourd'hui, elle m'agaçait tellement qu'après la cantine, je me suis réfugiée au CDI. Je ne connais pas de meilleur endroit pour se tenir à l'écart du monde.

Au collège, c'est différent. Les apparences comptent. Je l'ai compris dès ma rentrée en sixième.

Les choses changent sans cesse, Héloïse, rien n'est immobile. Vivre, c'est évoluer, accepter ce mouvement perpétuel.

Chère Maman, Cher Papa,
Je vous demande pardon pour le mal que je vais vous faire, mais je ne peux plus supporter tout ça.
Je croyais être une fille normal, une fille banal, mais les autres me voient comme un monstre. Je ne sais pas ce que leur ai fait, ni pourquoi ils me détestent. Je voudrait qu'ils comprennent que, pour moi, ce n'est pas un jeu. Ca n'a jamais été un jeu.
Mais j'ai beau crier grâce, je hurle dans le vide.

Tu sais, Capucine, on a tous nos fissures. Soit tu les caches en essayant très fort de croire qu'elles n'existent pas. Soit tu les acceptes et tu les répares.

Mais la peur n'a jamais empêché les choses d'arriver. Ça les rend juste plus difficiles.

Je suis convaincue qu'un sourire est comme un boomerang : quand tu l'envoies,il revient vers toi.

Pourquoi se prendre la tête pour demain, y'a qu'aujourd'hui qui compte !

Toujours au galop, tu te mets à genoux, puis accroupi, enfin tu lâches les poignées en te redressant. Les pieds presque parallèles épousent la cadence, le cheval est ton métronome. Alors, debout, les jambes un peu fléchies, tu écartes les mains. Tes larmes coulent, mais ce ne sont pas des larmes tristes. Aujourd'hui, tu ne tomberas pas. Demain peut-être. Qu'importe? Tout est équilibre.
Les bras en croix, tu es détaché et libre, et en même temps relié à tout. Tu embrasses le monde qui s'offre à toi.

Il t'a fallu du temps pour réduire la ligne de fracture que la leucémie a tracée dans ta vie. Le garçon que tu étais, avant, s'est effacé pour se transformer en un autre. Tu es devenu celui d'après. D'après la douleur, d'après la violence faite à ton corps d'enfant.

Je suis arrivée au collège une demi-heure avant la sonnerie, autant dire qu’il n’y avait encore personne. Plantée devant le portail, j’ai trompé l’attente avec un bouquin. J’adore lire. En ce moment, je dévore Miss Charity (c’est un roman qui raconte comment une petite fille du XIXe siècle s’émancipe en refusant la voie toute tracée imposée par ses parents et la société de l’époque. Très intéressant). Tout en lisant, je guettais du coin de l’œil l’arrivée des élèves. Dès qu’ils ont été en vue, hop, j’ai rangé mon livre pour le troquer contre mon portable.
(Avoir les meilleures notes de la classe et aimer la lecture me cataloguerait inévitablement dans la case des « intellos », ce que je veux éviter à tout prix. J’y reviendrai.)

Peu de temps après, George demanda à
parler à Linh et à Malika. D’une petite voix contrite, il fit
amende honorable. Il ne dit pas « Ce n’était pas de ma faute, les
choses sont allé trop loin », mais «J’ai été c*n. Je suis
désolée ». Les filles acceptèrent ses excuses. Les membres
du club devinrent véritablement une team. On les voyait souvent
traîner ensemble. Ils bossèrent dur tous les jeudis pour boucler la
première édition du journal. Lorsqu’ils eurent terminé, ils se
sentirent presque euphoriques d’avoir mené ce projet à terme. Ils
avaient réussi, Ils étaient allés jusqu’au bout !

Citation choisie par Amandine Henry

- Tu sais, Capucine, on a tous nos fissures. Soit tu les caches en essayant très fort de croire qu'elles n'existent pas. Soit tu les acceptes et tu les répares.

"Il faut que tu comprennes que tout le monde se trouve un tas de défauts. C'est normal. Ce qui ne l'est pas, c'est que ces défauts cachent tout le reste. Tu ne te vois pas comme je te vois parce que tu te focalises sur ce qui ne te plaît pas."

Il faut que tu comprennes que tout le monde se trouve un tas de défauts. C’est normal .Ce qui ne l’est pas ,c’est que ses défauts cachent tout le reste. Tu ne te vois pas comme je te vois parce que tu te focalises sur ce qui ne te plaît pas

Malika la suivit, le coeur au bord des lèvres. Contrairement à son amie, elle n’était pas indignée ni même en colère. Elle avait l’impression qu’une boule compacte squattait son estomac. Elle la sentait physiquement, qui enflait et enflait encore, se nourrissant de l’écho des rires moqueurs. C’était une bête vorace qui la dévorait de l’intérieur, là où c’est invisible, là où ça fait mal.
Malika s’éloigna. Mais la bête était en elle, impossible à fuir. 

Depuis que le dessin de Jorge avait circulé dans la classe et que les garçons l’affublaient de cet horrible surnom, elle ne supportait plus de se voir dans un miroir. Elle n’avait jamais trop aimé son corps, mais elle vivait avec. Maintenant, elle aurait voulu s’arracher la peau pour racler toute cette graisse qui semblait l’étouffer