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Critiques de Denis Lachaud (127)
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Les Métèques

L'extrême-droite au pouvoir en France qu'adviendrait-il des étrangers, des sans-papiers, mais aussi ceux en règle, ceux qui sont français car nés en France, les métèques en somme ? Eh bien Denis Lachaud a imaginé leur sort : il serait purement et simplement éliminés. Une dystopie qui glace le sang. Et même si dans un premier temps elle peut sembler excessive, elle fait réfléchir sur ce à quoi peut nous mener les discours haineux de la droite radicale, malheureusement de plus en plus écoutée.
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Ah ! Ça ira...

Par un calme matin parisien, un groupe armé enlève le président de la république. Ils se disent révolutionnaires, se font appelés Saint-Just, Robespierre ou Marat. Ils refusent le système en place et militent pour un monde plus juste. Au bout d'une semaine, ils exécutent le président et l'abandonnent dans le coffre d'une voiture. Si leurs idées ont pu convaincre un temps les français de se rallier à leur cause, avec cet assassinat, ils perdent la sympathie du public. Et Saint-Just, de son vrai nom Antoine Léon, a aussi perdu sa famille. Chloé n'a pas supporté ses mensonges et sa dissimulation, elle l'a chassé de leur appartement sans que jamais il n'avoue son appartenance au réseau Ventôse. De fait, il est aussi séparé de sa fille Rosa. Un an après les faits, alors qu'il va chercher Rosa, il est arrêté par les forces de l'ordre. Jugé, il est condamné à perpétuité et placé en QHS. Il restera vingt ans en prison. Quand il sort, en 2037, Rosa l'attend. Professeure dans un collège, elle vit en colocation avec Rufus, son ami de toujours. Pour Antoine, il s'agit de s'adapter et de se reconstruire...



Anticipation, dystopie, utopie ? Les spécialistes sauront, le lecteur lambda n'a que faire des catégorisations. Ah ! ça ira est avant tout un roman profondément humaniste, réaliste et moderne. Fort de ses personnages attachants, ce récit raconte un futur proche peu reluisant mais très plausible qui surfe sur les événements d'aujourd'hui : crises économique et énergétique, afflux massif de migrants, abandon des banlieues et montée en puissance des ''indignés''. L'engagement, au coeur du roman, marqué dans le passé par des actions violentes, s'est déplacé vers des actes citoyens, plus pacifistes, relayés par les réseaux sociaux. L'avenir vu par Denis LACHAUD est plutôt morose, voire anxyogène, et pourtant son roman est plein d'optimisme, porteur d'un message de solidarité, d'espoir. La société peut changer si le peuple reprend la main ! L'idée peut sembler naïve mais elle fait son chemin ici et maintenant, en Espagne, en Grèce et pourquoi pas en France... Une nouvelle forme de démocratie est en marche. Ah ! ça ira vibre de cet élan citoyen, de tous ces possibles à explorer. Un roman dans l'air du temps, terriblement attachant et entraînant. Un coup de coeur !
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Ah ! Ça ira...

J’avais rarement lu un roman qui soit aussi en phase avec l’actualité. En levant les yeux entre deux pages de Ah ! ça ira... pour les poser sur toutes ces images qui défilent, ces foules en liesse de migrants accueillis avec joie ou haine dans nos pays européens, déchaînant les passions, là où hier encore, nous avions celles des bateaux mouroirs échoués sur les côtes italiennes, je ne sais plus très bien ce qui est réel ou fictif, tant la fiction sait se montrer parfois plus vraie que la réalité elle-même.

Denis Lachaud situe l’essentiel de son propos en 2037. Mais tout nous ramène à notre présent, aux racines de ce qui pourrait émerger demain et qui est, pour beaucoup, déjà en marche, de façon sourde et discrète, comme des prémisses en devenir.



« Indignez-vous ! » nous exhortait Stéphane Hessel en 2010. Denis Lachaud en 2015, reprend le flambeau avec Ah ! ça ira... et son souffle révolutionnaire, renaissant des cendres de 1789, dont l’esprit a été claquemuré dans les institutions des Républiques qui se sont succédées, au fil du temps.

Antoine Léon, c’est moi, c’est vous, c’est tous ces gens qui se disent que cela ne pourra pas durer encore longtemps comme cela, et qu’un jour, il faudra bien « faire quelque chose » !

La seule différence, c’est que lui, un jour, il décide de faire...



Antoine, connu sous le nom de Saint Just, œuvre au sein d’une organisation contestataire, pour un monde plus juste. A cette oligarchie méprisante et liberticide, ils opposent la violence, en enlevant et tuant le président de la République française.

Cela lui vaudra plus d’une vingtaine d’années de prison, coupé de tout et de tous, anesthésié de ce monde qu’il pensait tant pouvoir changer.

Ce monde, il le retrouve 21 ans plus tard, et ne le comprend plus. Rosa, sa fille, a repris le flambeau de la dissidence... Mais là où son père opposait au régime politique, la violence, Rosa croit en la force silencieuse du nombre, qui s’arrêtent et se posent pour tout simplement dire « ça suffit ! », refuser de faire semblant de croire que cette société est aussi faite pour eux.

En marge de ce monde policé, vivent parqués, les migrants. Mains d'œuvre bon marché, qui n’attendent qu’une chose : un laissez-passer pour cette vie de derrière le mur.



Denis Lachaud n’est pas un donneur de leçons, mais plutôt l’écho d’un lanceur d’alerte : Une petite voix qui tout au long de la lecture, nous murmure à l’oreille : « Réveillez-vous ! »...
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Les Métèques

Un roman noir qui fait écho aux heures les plus sombres de notre pays, avec la fuite de Célestin pour échapper aux milices lancées à ses trousses. C'est un récit qui questionne sur la notion d'identité, d'exil, de différence, sur l'acceptation de l'autre. C'est un roman dont on espère qu'il n'est pas d'anticipation, même s'il colle au plus près de la réalité pour le sort des migrants. Enfin, c'est un texte poignant, qui questionne et interpelle. Un texte salutaire.
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Les Métèques

Un excellent livre qui fait froid dans le dos. Transposer toute la haine et la peur qu'ont vécu les juifs pendant la seconde guerre mondiale à notre époque et notre quotidien est un trait de génie qui vous envahit pendant tout le livre. Une réflexion bien menée , la bête n'est jamais morte et nous devons veiller a ce que ça ne recommence jamais
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Les Métèques

Les métèques de Lachaud n'ont pas la poésie de celui de Moustaki, mais ils choquent et font réfléchir.

Célestin, 20 ans, vit chez ses parents dans la hantise de la boîte aux lettres, où un jour le facteur dépose le courrier tant redouté convoquant toute la famille à la Préfecture. Il s'agit, en effet, d'inviter les citoyens au nom francisé à reprendre leur patronyme d'origine. Et dommage pour ceux qui s'y refusent.



Etrange, puis angoissante dystopie que ce court (mais dense) roman.

A travers la narration de Célestin, qui se découvre de nouvelles origines et s'en trouve stigmatisé au point de devoir fuir, l'auteur aborde des thèmes devenus aussi sensibles que l'immigration, l'assimilation, l'identité, l'adaptation. Ce faisant, il relie dans son récit quatre générations de persécutés, de la Shoah à une analogie de la crise migratoire actuelle, mais l'articulation s'est avérée un peu trop délicate à mon goût.

En outre, je ne me suis pas attachée à Célestin, lui-même détaché de ses émotions pour mieux résister. Les autres personnages ne me sont pas apparus plus plaisants, mais le ton du roman étant grave, ils ne dénotent pas. En ce sens, Lachaud démontre une belle cohérence dans la maîtrise de son récit.

Par ailleurs, j'ai apprécié la tension croissante qui sous-tend cette histoire, jusqu'à créer une sensation de malaise dans ma lecture, où l'absence d'explication et de dénonciation renforce l'impression de cauchemar. Enfin, la France décrite m'a glacée : un pays où les "métèques" disparaissent peu à peu, tandis que la vie suit paisiblement son cours -du déjà vu.



C'est donc un roman dur et dérangeant, qui rappelle le danger nationaliste qui guette toute démocratie, et qui ranime l'empathie envers tous ceux qui sont contraints à l'exil et à la survie dans un monde hostile ou indifférent.

Ce livre n'est pas le plus drôle de l'année, mais on peut toujours ré-écouter Moustaki pour rêver encore à toute une éternité d'amour....
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Les Métèques

Certains romans vous attrapent dès les premières pages pour ne plus vous lâcher. D'autres, par leur sujet, vous plongent dans des abîmes de réflexions. Quelques uns, moins nombreux, se dévoilent doucement au fil des pages et réussissent à nous immerger dans une réalité insoupçonnée. Et puis, encore plus rare, ces trois éléments peuvent se retrouver dans un même roman. " Les métèques" est l'un de ceux-là !

Pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture, il ne faut quasiment rien dévoiler de l'intrigue ( et éviter de lire la quatrième de couverture qui en dit peu mais encore trop ). Nous sommes à Marseille, chez les Herbet, famille bien française : Un père, une mère, trois enfants. L'aîné, Célestin, presque deux mètres de silence, sera le narrateur. Yseult, vit une vie d'ado comparable à beaucoup. Rico, le cadet, passe son temps à dégommer des guerriers sur sa tablette. Entre eux, l'amour circule au milieu de quelques prises de bec bien normales. L'arrivée d'un courrier émanant de la préfecture et intimant la famille à se présenter un lundi à 14h, rend le déjeuner plutôt taciturne. Le lecteur s'interroge sur ce voile d'inquiétude qui enveloppe cette famille percevant un danger. Le passage dans les locaux administratifs, s'il révèle quelques éléments nouveaux à priori pas vraiment inquiétants, fait tout de même monter l'angoisse de la famille d'un bon cran. Malaise. Très vite, un événement cathartique plonge soudainement le narrateur au coeur d'une violence sourde sans que le lecteur saisisse bien les tenants et les aboutissants. La fuite de Célestin et son périple dans le sud de la France nous dévoileront un réel infiltré par la noirceur humaine... Au fil des pages, nous collerons aux basques de Célestin, pour un roman aussi haletant que fortement ébranlant.

L'écriture de Denis Lachaud, épouse avec maîtrise les nombreuses accélérations du récit, profitant de quelques temps plus calmes pour tendre au lecteur un miroir où se reflétera, entre autre, le racisme ordinaire qui gangrène chacun de nous mais aussi cette possibilité d'être bientôt le passager d'une de ces coques de noix qui s'essaient à traverser quelques mers en quête d'un nouveau destin. Mêlant habilement quelques histoires du passé avec un présent qui semble n'avoir retenu aucune leçon, le texte nous empoigne et ne nous lâche jamais. Un élément un peu improbable du début, sur l'adolescence des grands-parents paternels, deviendra petit à petit un élément hautement symbolique grâce à l'énergie d'un récit qui nous amène, avec finesse, à réfléchir sur l'importance cruciale du devoir de mémoire. La connaissance de l'Histoire et de celle de sa famille servira le jeune héros à appréhender un présent salement porté à flatter les instincts les plus vils.

Au terme de ce roman passionnant et passionné, on se dit que dans un océan de platitude éditoriale et nombriliste, il est rassurant de croiser des textes qui allient la force d'un romanesque assumé avec un propos fort, essayant de mettre un coup de projecteur sur un monde au bord de chavirer. " Les métèques", oeuvre forte, sensible, engagée ne pourra que vous bouleverser par son actualité tristement présente mais illuminée par son impeccable regard sur des différences qui devraient être notre force.
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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Comme personne

Ce petit moment passé avec Estelle grâce à Denis Lachaud a été très agréable.

L'histoire d'Estelle est l'histoire d'une femme qui veut vivre SA vie librement après avoir été mariée avec un homme qui ne lui permettait pas d'être ce qu'elle était et ce qu'elle aimait.

Denis Lachaud porte un regard sur Estelle très "féminin". Il décrit avec justesse son cheminement intérieur.

Voilà donc un homme qui comprend les femmes !!! :)))
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Ah ! Ça ira...

"Saint-Just contourne la Focus blanche. Robespierre a déjà abandonné le véhicule pour rejoindre la Golf conduite par Marat qui attend, garé un peu plus loin." : rien que de lire ça, je suis au bord de l'extase.

Pas besoin d'être féru de Révolution française pour plonger dans ce curieux roman. Il y est question du groupuscule Ventôse, qui kidnappe le Président de la République (rien que ça) un jour de 2016. Mais l'affaire tourne mal, et Antoine Léon, alias Saint-Just, se prend 20 ans de prison. Lorsqu'il sort, le monde a changé autour de lui.

J'ai bien aimé le côté "anticipation" de ce roman : la France de 2037 semble si palpable, si proche de la nôtre -mais en pire. Tout a été accepté : le libéralisme, le déclassement, la disparition du service public et de toute protection sociale, le traitement fait aux réfugiés, la biométrie, la digitalisation à outrance, la mascarade démocratique.... Mais la volonté de changer le système demeure dans l'esprit de quelques uns, et c'est ce que découvre Antoine. Sauf que les moyens diffèrent.

Le livre pose et repose la question de l'action révolutionnaire et la forme qu'elle doit prendre pour être efficace. C'est très bien construit et écrit. le propos est intelligent, les personnages sont attachant (et Denis Lachaud ne les héroïse pas). J'ai beaucoup aimé, c'est un bon roman qui fait réfléchir -sans faire perdre la tête !
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La forme profonde

Je ne connais pas Denis Lachaud et je vis loin de l'océan, d'où mon engouement

peut- être....

Au début de l'ouvrage, on est un peu perdu...il y a la famille Pommier, Philippe et Isabelle les parents, les enfants: Léa et Kevin.Philippe dessine des paquebots dans son bureau d'études pour la fabrication d'énormes bateaux dans " la forme profonde"et bien d'autres familles.....les Quest,les Aso,les Radignel.....les Voron...

Ce grand port du littoral n'est plus dédié à la pêche, activité ancestrale, à la vie des pêcheurs, " une vie de misère" , " "un travail très dur", 982 hommes noyés ou accidentés mortellement d'après les registres maritimes, pour les femmes des marins:" les galériennes de la boîte en fer blanc"......

" Le port de pêche ne vit presque plus ", "Quant au poisson, encore quelques années et il faudra aller au musée pour voir des bateaux qui ne soient pas des usines flottantes".

L'auteur explore avec minutie et détails très intéressants les exercices de piano de Patrice Quest,fils du banquier William Quest, pére de six enfants...qui joue du Mozart, le travail de l'infirmière Brigitte Voron ,qui soigne avec passion et professionnalisme ses patients pendant ses tournées quotidiennes , le métier de "Lemeneur",: Étienne Radignel,qui amarre les cargos aux quais , de telle sorte qu'ils ne soient pas endommagés par la manœuvre......

Bref, en apparence, tout va bien mais le voile va se lever, on y voit se croiser, se recevoir, s'observer ou préférer s'ignorer différentes familles mises en contact par leurs enfants.

Ceux- ci apprennent à vivre à l'abri des regards parentaux.

On accompagne la bande de la rue" des Marsouins", en apparence très tranquille,anodine.....quatre garçons de douze ans auxquels hésite à se joindre un cinquième par frousse ou fierté....

On assiste à leurs palabres,à leurs plongeons, à leurs virées sur l'île d'Eau.

Se retrouvent leurs grandes sœurs et leurs copines tout excitées":parce que leur tournent autour des grappes de garçons, des bombes à hormones au bord de l'explosion, tout juste si on n'entend pas le compte à rebours".....

La construction du roman est tellement maîtrisée que l'on est charmé,amusé,intéressé, ému, captivé puis sidéré....

Le tableau que dresse Denis Lachaud est impressionnant, il ne cache rien des "jeux interdits", des "non dits " auxquels se livrent enfants et adultes , une violence ordinaire, imperceptible par les parents, à la hauteur de leurs propres mensonges, sous couvert d'anonymat, cambriolage,vandalisme,échangisme, pédophilie,mort par overdose et même assassinat d'un garçon de 8 ans par un autre de 13 ans....

La Violence avec ses plaies secrètes, ses larmes retenues....

Où la douce France, au bord de l'Ocean, paisible et grandiose côtoie cruauté,hypocrisie et barbarie!où les relations de bon voisinage dissimulent le pire!

Un roman captivant, prenant qui réserve bien des surprises!





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Ah ! Ça ira...

"On ne change pas le monde avec des idées". D'accord, mais avec quoi alors ? A quoi ressemblerait la révolution de nos jours, cette révolution dont tout le monde parle et que d'aucuns appellent de leurs vœux ? La révolution du 21ème siècle aurait-elle encore quelque chose à voir avec celle de 1789 ? Quel contenu pour ce mot si souvent brandi comme une menace aux contours imprécis ? Denis Lachaud pose la question avec ce roman enthousiasmant et terriblement juste, bizarrement passé inaperçu (ou presque) dans l'embouteillage de la rentrée littéraire.



La révolution, Antoine y a cru. Au point d'intégrer le groupe Ventôse et de participer, sous le nom de Saint-Just, à l'enlèvement et à l'assassinat du Président de la République en 2016. Sans que cette action ne change quoi que ce soit à la société ou aux modes de gouvernance. Arrêté et condamné à perpétuité, Antoine est libéré au bout de 21 ans, en 2037. Sa fille Rosa (baptisée ainsi en l'honneur de Rosa Luxembourg..) est désormais une jeune femme d'un peu moins de 30 ans et le seul lien qui lui a permis d'être rattaché à l'extérieur. Une fois dehors, il lui faut se remettre à niveau. Rien n'a vraiment changé, tout est simplement pire, exactement comme on l'imaginait en 2016 en se demandant ce que deviendrait le monde dans vingt ans si on ne faisait rien... Les inégalités se sont renforcées, les gouvernements de gauche et de droite se sont succédé en alternance sans régler le moindre problème. Seule bonne nouvelle, le Front National a disparu, incapable de convaincre qui que ce soit. L'Europe est une vieille puissance dépassée par la Chine, l'Inde et le Brésil qui dominent économiquement le monde. Elle a dû régler le problème des migrations de masse accentuées par l'exclusion de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne. Dans toute l'Europe du Nord, les ZeST, Zones de Séjours Temporaires regroupent tous ces migrants et permettent leur exploitation en tant que main d’œuvre sous payée et corvéable à merci. En 2037, les jeunes n'en peuvent plus d'être confrontés à d'insolubles problèmes de précarité et de logement. En digne fille de son père, Rosa aussi veut changer le monde et va donc prendre la tête d'une initiative. Loin des actions violentes, le peuple va s'appuyer sur les réseaux sociaux, sur le pouvoir de l'information et sur celui du collectif pour se lever et dire non. Avec l'aide active d'Antoine qui "ne pourra pas couler de vieux jours paisibles et indifférents, comme il s'y préparait activement. On ne saurait, sans dommage, tenter d'être quelqu'un d'autre que soi".



Simple fiction ou anticipation ? Une chose est sûre, l'état du monde que nous décrit Denis Lachaud à l'horizon des vingt prochaines années est tout à fait crédible car il s'appuie sur une réalité que nous connaissons bien et il se contente de pousser le curseur du cynisme de la classe dirigeante au maximum de ses possibilités. Pour aboutir à une sorte de résignation d'une population qui ne croit plus aux discours ni aux idéologies, tout occupée qu'elle est à tenter de vivre correctement. Antoine qui a eu le temps de réfléchir au cours de son emprisonnement sait pourquoi son groupe n'a abouti à aucun résultat. "Nous avons commis une erreur grossière. Nous nous sommes attaqués aux dominants. Or ce sont les dominés qui perpétuent le système". Il faut donc que le peuple se libère de la domination qu'on lui impose en le convainquant qu'il n'y a pas d'autre choix possible. Il lui faut accepter le risque de la nouveauté et de l'inconnu...



Ce roman a le pouvoir de vous captiver autant que de vous faire réfléchir. A l'état du monde, à la société dans laquelle vous voulez vivre, aux moyens de se faire entendre. Loin du mode d'emploi à l'usage de l'apprenti révolutionnaire, il utilise les ressorts de la fiction pour mieux pointer le rôle de chaque homme dans son destin personnel autant que dans le destin du collectif. Aussi utile que régénérant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Le silence d'Ingrid Bergman

Il y a une façon d'installer des personnages qui dit beaucoup sans laisser deviner. Ce qui fait du début du livre un appel à une attention aux détails sans vouloir aller trop vite. Et l’auteur ne décevra pas, parce que, en ne forçant pas sur un pathos, en ne franchissant pas la ligne du concevable, on se prend à laisser pressentir tout en respectant le temps, celui du passé et celui de ses conséquences.

On en ressort donc avec un cercle élargi d’attention aux personnages et à leurs relations, à la fois sans candeur et enrichis de possibilités d’humanité.

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Ah ! Ça ira...

Denis Lachaud nous projette dans un futur proche glaçant non pas à la manière d'une dystopie cauchemardesque, mais plutôt par son réalisme frappant. Le scénario élaboré ici, bien qu'aux traits un peu forcé, prend ses racines dans notre société actuelle : privatisation des services publiques, faillite de la Grèce, enrichissement des riches au détriment des plus pauvres, peur exacerbée de l'étranger... Comment réagir face à ce monde en perdition, quelle action peut entreprendre un citoyen engagé? Est-ce par la violence que tout finira par se résoudre?



Ah ça ira est un roman qui prend au tripes, et qui nous force à nous interroger sans complaisance sur notre propre passivité face au monde qui change et se délite. Denis Lachaud frappe fort et juste, et ses personnages, tous conscients et agissants, nous donnent une belle leçon de politique, au sens le plus pur du terme.
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Ah ! Ça ira...

La violence politique tant gouvernementale que citoyenne est ici abordée et laissée à notre libre analyse . le pouvoir peut être un temps dérouté par la contestation mais en usant de ses services de renseignement , de son ingénierie technique , de la servilité policière , ainsi que de celle des médias , il assure . L'opposition sociale , hélas , ne lutte pas à armes égales . C'est ce que montre ce livre , à cheval entre roman historique , politique et science fiction . C'est agréable à lire même si au final nous n'en sommes guère plus avancés . Mais , en posant de bonnes questions au lecteur , ce livre est une bonne base de réflexion .



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Les Métèques

Un roman qui fait froid dans le dos.

Célestin a 20 ans, il est étudiant en histoire et vit avec ses parents, son petit frère et sa soeur à Marseille. Un jour, la famille est convoquée au commissariat. On leur demande l'origine de leur nom de famille : Herbet. En réalité, leur nom a été francisé, ils sont d'origine algérienne.

L'auteur procède alors à une sorte d'analogie avec la situation des Juifs en 1942. Certains sont raflés, des purges sont mises en place. Célestin sera le seul à échapper à la mort. Il va alors s'enfuir et tenter de gagner l'Espagne.

C'est un personnage attachant qui se pose beaucoup de questions, qui a beaucoup d'humanité et de compassion.

C'est une fiction mais tellement réaliste . Poignant. Je le recommande.



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J'apprends l'allemand

Denis Lachaud nous fait entrer dans la vie de la famille Wommel, une famille parisienne, mais une famille allemande. L'auteur suit particulièrement le dernier de la famille Ernst de son enfance à sa vie de jeune adulte.



Avec des parents nés en plein régime nazi, ayant fuis l'Allemagne, refusant de parler la langue et visiblement sans aucune famille outre-Rhin, Ernst s'interroge et ses interrogations vont grandir avec lui. Quel mystère entoure sa famille ?



Son premier pas, dans cette quête de réponses et d'identité, sera de choisir de faire de l'allemand, un choix fort dans cette famille, puis de partir régulièrement en Allemagne chez un correspondant Rolf. Et puis de chercher, chercher à comprendre, chercher ses origines, chercher à remplir les trous d'une histoire familiale qu'il ne comprend pas, lui le « boche », « Rommel », « Hitler » comme on l'appelle dans la cour de récréation de cette France d'après-guerre qui a bien vite oublié la face sombre de sa guerre.



C'est un livre étonnant, avec plusieurs formes au fil du récit, une seule constante des chapitres très courts. La lecture fut agréable, cette quête de soit et du passé de cet enfant en construction. Je ne suis pas certain que les passages sur sa sexualité étaient nécessaires à ce livre, mais ils permettent peut-être un peu plus de « légèreté » et de ne pas tomber dans la traque de nazis d'un jeune homme face à la génération précédente.



On quitte Ernst après son bac, il a trouvé les réponses à une partie de ses questions, mais il cherche encore des choses, il se cherche encore lui...



Très belle découverte dans les rayonnages de la médiathèque de Saint Gilles Croix de Vie.
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Le rayon fille

Une jeune fille fait du karaté et se pose des questions sur le métier de ses parents ( sont ils des espions ? ), sur la différence fille garçon et sur d'autre sujets variés... Le problème est que j'a rapidement perdue le fil de l'histoire. Impossible de le résumer ni d'en parler et au final je n'ai pas retenu grand chose. Dommage car j'ai bien aimé l'écriture et certains passages...
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Les Métèques

lu d'une traite: impossible de lâcher ce qui est (encore)une dystopie, un thriller, le récit d'un exil contraint.

J'ai aimé la forme: monologue d'un jeune homme qui réfléchit à sa situation et à celle du monde qui l'entoure tout en gardant constamment à l'esprit le drame qui l'a conduit à fuir; alternance entre sa vie et celle de ses grands-parents paternels.

Tout commence par une convocation à la préfecture: le père comme la mère ont changé de noms, ils les ont francisés; les enfant savaient pour leur père d'origine juive (non circoncis, par prudence). Herzberg est devenu Herbet pour Paul et Monia et leurs trois enfants: Rico, Yseult et le narrateur Célestin mais ignoraient tout de leur mère (de sa famille et de son passé) or Monia Cadiou est née Kadir ce qui fait dire à Yseult, insupportable ado, que c'est la honte de découvrir à quinze qu'on est à cinquante pour cent rebeu. La Préfecture leur laisse le choix entre reprendre leurs noms d'origine ou de mentionner: anciennement...Ils refusent

Célestin revoit la vie de ses grands-parents paternels: une polonaise et un allemand, juifs dont les familles vont fuir les nazis en s'exilant en France. Elle dans les Landes, lui dans la Creuse; en 42, ils échappent à la rafle qui va envoyer mourir leurs familles dans les camps. Les enfants fuient chacun de leur côté dans les forêts; ils vont apprendre à survivre. Ils finissent par se rencontrer, s'apprivoiser puis vivre ensemble et elle se retrouve enceinte: ils ont vécu 7 ans en forêt: un journal abandonné leur apprend qu'on est en 49 et que la guerre est finie. Elle perdra cet enfant puis viendra Paul en 68, le père de Célestin.

Un drame survient: la famille est assassinée sauf Célestin qui a réussi à fuir. Il sera soupçonné du meurtre! Il fuit un peu au hasard mais avec prudence: il ne faut laisser aucune trace. Il a besoin d'argent pour rejoindre l'Espagne: il va se mettre au service d'un homme soigné à domicile après un grave accident. Tyrannique et mystérieux M.Loeb, Olivier. Il couvre des arabes auxquels Célestin apporte des produits frais pour changer des boites et des fruits secs. Célestin se rend compte qu'il n'y a pratiquement plus que des humains au profil caucasien qui circulent: plus de noirs ni d'arabes., il découvre " le poids véritable des siècles de domination blanche sur les métèques."

Il décide de partir" je me déplace encore sur le territoire français, pourtant je suis déjà en exil"

A un arrêt de bus, il rencontre Juliette, qui fuit les massacres de Grenoble; dans le bus, un contrôle d'identité les angoisse. Une dame leur dit comment se comporter et leur donne le moyen de contacter un passeur. Juliette confie qu'elle aussi est métèque: mélange d'arménien et de sicilien. Elle a vu des policiers exiger que ses parents se jettent d'une falaise: sa mère est poussée, le père emporte un policier avec lui dans le vide; Juliette s'échappe dans la forêt; elle reviendra pour enterrer ses parents, ensemble au fond du gouffre . Au cours de sa fuite elle sera violée trois fois.

Ils décident de contacter un passeur...et là se passe ce qui arrive si souvent de nos jours...Glaçant mais à lire pour garder les yeux ouverts sur ce qui pourrait advenir.
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Le vrai est au coffre

Le début du roman est agréable, bien écrit, et je me suis attachée à ce petit garçon trop sensible, féminin, et à cette amitié enfantine avec Véronique, qui l'entraîne dans ses jeux. Et puis tout bascule. A partir du drame qui touche les personnages, j'ai perdu le fil, je n'ai pas bien compris, j'ai détesté cette histoire . De plus je ne comprends pas du tout le titre.
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Les Métèques

Je referme ce roman avec malaise. Et si cela était possible ? Est-ce que l'histoire peut encore se répéter dans notre pays ? Le roman est puissant, on souffre avec Célestin, on a peur, on est méfiant. J'ai dévoré ce roman, court il faut l'avouer, peut être parce que quelque part, je suis aussi pour certains une métèque par ma grand mère.

Denis Lachaud merci pour cette histoire, pour nous ouvrir les yeux sur ce que l'homme est capable de faire à l'homme.

Un roman dur et dérangeant mais un roman qui ne peut laisser indifférent.
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