Mimo Sur la trace des dinos
Dans l’Antiquité, les peintres étaient considérés comme des artisans et restaient anonymes.
- Tu n'as pas l'air bien effrayée par cet objet, Dame...
- Pourquoi me ferait-il peur ? Parce qu'il annonce ma mort ? Mais je suis morte depuis longtemps... Je crois que je suis morte le jour où j'ai embarqué pour venir dans ton pays. - Sans vouloir t'offenser, Dame Meresankh -
- Tu ne m'offenses pas, mais j'aimerais comprendre...
- Je suis une Keftiou. Je suis née là-bas, au-delà de la Grande Verte. J'étais fille de roi. Mon père a conclu un accord politique avec Pharaon... Un accord dont j'ai été le gage, Ramsès Ousermaatré m'a prise pour épouse. On m'a confiée à quelques servantes, on a changé mon nom en Tiasatré... Et je suis venue ici rejoindre mon royal, divin... et vieil... époux. Je ne l'ai intéressé qu'un mois, il avait d'autres épouses, qu'il avait choisies et aimait. C'est ainsi qu'à quinze ans, je me suis retrouvée seule dans un pays étranger. Sans aucune chance d'avoir un enfant, inutile... Sans avoir autre chose à faire durant le reste de ma vie, que dormir, manger, et regarder le soleil se coucher, jour après jour, prisonnière de ces murs blancs... Jusqu'à ma mort.
- Quel était son nom ? Son nom d'enfance...
- ...Je ne sais pas. C'était juste une épouse de notre père.
- Cléopâtre... et Marc-Antoine. La dernière reine d’Égypte...
- Elle a réussi a allier les motifs architecturaux grecs et égyptiens.
- Alors c'est à ça qu'elle ressemblait... Elle ne fait pas très égyptienne.
- N'oubliez pas qu'elle était grecque
On dit que c'est la plus haute tour du monde... En son cœur une bibliothèque immense et sombre abrite tout le savoir de l'univers… On dit aussi qu'un vieillard y déchiffre de vieux secrets en tournant des pages poussiéreuses plus que millénaires... Une mémoire rousse et folle, capable de se souvenir de toute chose, lui tient compagnie depuis des siècles : la tour n'a pas de porte… Mais au sein de la terre, une femme veille devant la seule entrée de l'édifice... Gardienne de la tour, elle est aussi la source et la base : sur ses épaules reposent les fondations du bâtiment... La femme veille et attend encore et toujours… Ainsi finit le dit…
- Avec un talent pareil, tu dois être l’artisan à la mode chez les plus grandes familles ?
- Ah, non. Pas encore. J’aime l’atmosphère particulière des théâtres. J’ai déjà eu à peindre quelques enseignes et fresques pour des commerçants, et ce n’était pas très agréable. Alors, réaliser des décors pour de riches particuliers… Subir leur morgue, leurs goûts, leur suffisance…
- Cesse de t'apitoyer sur toi-même ! Tu es l'homme le plus charismatique que je connaisse.
- J'aurais dû t' épouser quand tu es tombée enceinte.
- Au lieu de me donner de l'argent pour ouvrir mon bordel ?
- J'aurais dû faire de toi une femme respectable...
- Au lieu d'une femme d'affaires prospère ? Très peu pour moi, je ne regrette rien.
- Lazare est à demi égyptien ; ici, c'est son pays et son héritage !
- Ce garçon est certes orgueilleux, et puis il n'en fait qu'à sa tête, mais il est jeune et tellement, essentiellement gentil...
- Et si idéaliste qu'il pense être notre égal...
- Quoi, il ne l'est pas ?!
- Éléonore, dans quel monde vivez-vous ?
- Ah oui, quand même, vous faites dans l'escroquerie grand format ! Sans parler du respect dû aux morts que vous foulez allègrement aux pieds.
- Jeune homme, je vous en prie ! Ces morts, que je trouve habituellement dans le caniveau, je les embellis, je les magnifie, j'en fais des momies de nobles et de princes ! De plus, soixante-dix pour cent de mes momies sont en fait des cadavres antiques que nous restaurons et réarrangeons... Quant à la première objection, pardon ! Je ne fais pas dans l'escroquerie mais dans le tourisme. De plus en plus de voyageurs veulent un souvenir d’Égypte. Je leur « offre » les sarcophages et les momies qu'ils souhaitent : en parfait état, et avec toutes les amulettes requises. Client garanti satisfait !
- Ces devins ne m’ont apporté aucune aide, les conseils sont inintelligibles ! Ils sont par conséquent convaincus de haute-trahison envers l’État ! Arrêtez-les ! Je veux une grande exécution publique. Quelque chose qui cloue tous ces fuyards sur place !
- Mais sire… Ouvrez les yeux ! Il s’agit d’une catastrophe majeure ! Vous ne la stopperez pas par des exécutions ! IL FAUT FUIR ! ÉVACUER LE PALAIS !
- AH ! Vous vous dévoilez enfin ! Vous êtes de mèche avec mes ennemis, vous sabordez mes ordres, vous voulez mon pouvoir, cela est clair ! Capitaine ! Saisissez-vous de mon ministre : complot contre ma personne !
- Mais sire…
- Exécutez-le sur l’heure ! Et empêchez MON peuple de quitter MA ville !