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Citations de Dino Buzzati (624)


Au fond une simple bataille lui eût suffi, une seule bataille, mais sérieuse ; charger en grande tenue et pouvoir sourire en se précipitant vers les visages fermés des ennemis. Une bataille, et ensuite peut-être il eût été content toute sa vie.
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Absurde, inattaqué par les années, se maintenait en lui, depuis sa jeunesse, cet obscur pressentiment de choses fatales, une profonde certitude que ce que la vie avait de bon n'avait pas encore commencé.
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Ils étaient presque tous blonds, lui au contraire était brun, avec une petite mèche qui lui retombait en virgule.

Un éclat de rire sauvage éclata derrière lui. Mais il n’eut pas le temps de se retourner. Il était déjà lancer et d'un seul coup il sentit son pied retenu. A dix centimètres du sol, ils avaient tendu une ficelle.
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Dino Buzzati
Je voudrais me promener avec toi, par un jour de printemps, sous un ciel un peu gris, avec quelques feuilles mortes restant encore de l'année précédente et tourbillonnant dans le vent, par les rues d'un faubourg de la ville, et que ce soit un dimanche. Dans ces banlieues jaillissent souvent des pensées mélancoliques et grandioses ; et à certaines heures flotte une sorte de poésie qui fait vibrer ensemble les coeurs de ceux qui se désirent.
En outre, naissent d'indicibles espérances, encouragées par les horizons infinis qu'on découvre au-delà des maisons, par les trains qui s'enfuient, et les nuages qui accourent du grand nord. Nous nous enlacerions simplement les mains et irions d'un pas léger, tenant des discours insensés, stupides et chaleureux. Jusqu'à ce que s'allument les réverbères et que les immeubles délabrés suintent les histoires sinistres de la ville, les aventure, les romances si longtemps attendues.
Alors nous demeurerions silencieux, nous tenant toujours par la main, car les âmes n'ont pas besoin de mots pour se comprendre.
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 Retournez dans vos montagnes, dit lentement Léonce. Quittez cette ville, où vous n’avez trouvé que la richesse, et non point la paix de l’âme. Quittez ces vêtements ridicules. Jetez l’or au loin. Jetez les canons, les fusils et toutes les autres diableries que vous avez apprises des hommes. Redevenez ce que vous étiez auparavant. Que l’on vivait heureux dans ces grottes solitaires, ouvertes à tous les vents, tellement plus heureux que dans ces palais mélancoliques, remplis de cafards et de poussière ! Les champignons des forêts et le miel sauvage vous paraîtront à nouveau les plus exquis des mets. Oh ! retournez boire l’eau pure des sources, au lieu de ce vin qui vous ruine la santé. Ce sera dur de se détacher de tant de belles choses, je le sais, mais, après, vous vous sentirez mieux, et vous deviendrez même plus beaux.
p112
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LA CRÉATION

Le Tout-Puissant avait déjà construit l'univers, disposant avec une irrégularité fantaisiste les étoiles, les nébuleuses, les planètes, les comètes, et il était en train de contempler ce spectacle avec une certaine complaisance, quand un des innombrables ingénieurs-projeteurs à qui il avait confié la réalisation de son grand projet, s'approcha d'un air très affairé.
C'était l'esprit Odnom, un des plus intelligents et des plus dynamiques de la nouvelle vague des anges (n'allez surtout pas penser qu'il avait des ailes et une tunique blanche, les ailes et la tunique sont une invention des peintres de l'ancien temps qui trouvaient que c'était pratique sur le plan décoratif).
« Tu désires quelque chose ? » lui demanda le Créateur avec bienveillance.
— Oui, Seigneur, répondit l'esprit-architecte. Avant que tu n'apposes le mot « fin » à ton oeuvre merveilleuse et que tu ne lui donnes ta bénédiction, je voudrais te faire voir un petit projet auquel nous avons pensé, avec quelques jeunes collègue. Oh ! quelque chose de très secondaire, une vétille, comparée à tout le reste, un détail, mais qui nous a quand même semblé intéressant. »
Et d'un porte-documents qu'il portait à la main, il tira une feuille où était dessinée une espèce de sphère.
« Fais voir », dit le Tout-Puissant, qui naturellement connaissait déjà tout du projet mais faisait semblant de l'ignorer et simulait la curiosité afin que ses meilleurs architectes en ressentissent un plus grand plaisir.
Le plan était très précis et portait toutes les cotes souhaitables.
« Voyons, qu'est-ce que cela peut bien être ? » dit le Créateur, poursuivant sa feinte diplomatique. On dirait une planète, mais nous en avons déjà construit des milliards et des milliards. Faut-il vraiment en faire encore une, et de dimensions aussi restreintes, de surcroît ? »
— Il s'agit en effet d'une petite planète, confirma l'ange architecte, mais, contrairement aux autres milliards de planètes, celle-ci présente des caractéristiques particulières. »
Et il expliqua comment ils avaient pensé à la faire tourner autour d'une étoile à une distance telle qu'elle en recevrait de la chaleur mais pas trop, il énuméra les éléments du devis, avec leurs quantités respectives et leur prix de revient. Dans quel but tout cela ? Eh bien, toutes ces conditions préalables étant réalisées, il se produirait sur ce globe minuscule un phénomène très curieux et amusant : la vie.

[Dino BUZZATI, "LA CREAZIONE" / "LA CRÉATION" in "Il colombre" / "Le K", Arnoldo Mondadori Edotoro (Milano), 1966 — traduit de l'italien par Jacqueline Remillet pour les éditions Robert Laffont (Paris), 1967 — rééd. en coll. "Pocket"/"Les grands textes du XXème siècle", Robert Laffont, 1992, pages 15 et 16]
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« Si quelqu'un croit en quelque chose, cette chose existe. »

[propos d'Antoine Rémittence, principal protagoniste de la pièce de théâtre "L'homme qui ira en Amérique", écrite en 1962 par Dino BUZZATI]
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... tout dans le monde se rapporte à elle, sans elle la vie n'a plus de sens ni le travail ni les conversations ni les repas, tout est bête et absurde sans elle, et ainsi s'ouvre en lui de part en part se détache un horrible morceau de lui-même, et de là jaillit un fleuve convulsé de larmes.
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Bàrnabo recherche maintenant avec angoisse, avec un désir désespéré, tout ce qui peut lui rappeler ce temps passé, tout ce qui lui reste des grands sommets. Il s'est pris d'affection même pour sa blessure au pouce, car ce sont les rochers qui la lui ont faite. Il contemple l'entaille qui s'est déjà refermée. Quel dommage que ce signe doive disparaître si tôt ! Il cherche à en écarter les bords, tire la peau, fait perler de nouveau quelques gouttes de sang. Il se retrouve comme il était deux jours auparavant, sous les grands rochers de la cime de la Poudrière. En recomposant sa douleur, il lui semble qu'il revient en arrière, qu'il rattrape le temps, qu'il demeure celui-là qu'il était : Bàrnabo vainqueur, revenant du sommet mystérieux.
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C'était l'heure de l'espoir, et il se redisait les héroïques faits d'armes qui probablement ne se réaliseraient jamais, mais qui servaient pourtant à donner le courage de vivre.
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Au fur et à mesure que s'amassaient l'une sur l'autre les pages grises des jours, les pages noires des nuits, l'angoisse de ne plus avoir le temps augmentait chez Drogo et chez Ortiz (et peut-être aussi chez quelques autres vieux officiers). Insensibles à la fuite des années, les étrangers ne bougeaient jamais, comme s'ils eussent été immortels et qu'il leur fût indifférent de gaspiller par jeu de longues saisons. Le fort, en revanche, contenait de pauvres hommes, sans défense contre les attaques du temps, dont le terme ultime s'approchait. Des dates qui, jadis, avaient paru invraisemblablement reculées, apparaissaient brusquement au proche horizon, rappelant les dures échéances de la vie.
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Il est difficile de croire à quelque chose quand on est seul et que l'on ne peut en parler avec personne.
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- Vous aurez toujours moins de lecteurs, toujours moins... s'emporte Schiassi. Littérature, art?...tout ça, c'est des grands mots... Mais l'art au jour d'aujourd'hui ne peut être qu'une denrée, comme un bifteck, un parfum, un litre de vin. De quel art s'occupent les gens? Regarde la marée montante qui est en train de tout submerger. De quoi est-elle faite? De chansons, de chansonnettes, de paroliers, de musiquette... bref d'une marchandise d'usage courant. Voilà la gloire. Tu as beau écrire, toi, des romans très intelligents et même géniaux, le dernier des yéyés t'écrasera sous le poids de ses triomphes. Le public va droit au solide, à ce qui lui donne un plaisir matériel, palpable, immédiat. Et qui ne lui coûte pas de fatigue. Et qui ne fasse pas travailler le cerveau... [...]
- Oui, dis-je, [mais] ces idioties dont tu parles seront encore ce qui nous distinguera le plus des bêtes, aucune importance si elles sont suprêmement inutiles, peut-être au contraire justement à cause de ça. Plus encore que la bombe atomique, les spoutniks et les rayons intersidéraux. Et le jour où ces idioties auront disparu, les hommes seront devenus de pauvres vers nus et misérables, comme au temps des cavernes.
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Maintenant enfin, tout cela était du passé, il était officier, il n'avait plus à pâlir sur des livres, ni à trembler à la voix du sergent. Tous ces jours, qui lui avaient paru odieux, étaient désormais finis pour toujours et formaient des mois et des années qui jamais plus ne reviendraient. Oui, maintenant, il était officier, il allait avoir de l'argent, de jolies femmes le regarderaient peut-être, mais, au fond, il s'en rendit compte, ses plus belles années, sa première jeunesse, étaient probablement terminées. Et, considérant fixement le miroir, il voyait un sourire forcé sur le visage qu'il avait en vain cherché à aimer.
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Cette fois-ci, Drogo cheminait seul et il en profitait pour méditer sur sa vie. Il retournait au fort pour y rester Dieu sait combien de temps encore, au moment précis où beaucoup de ses camarades en partaient pour toujours. Ses camarades avaient été plus malins que lui, pensait Drogo, mais cela n'excluait pas non plus qu'ils eussent plus de valeur que lui : c'était peut-être là l'explication.
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Courage, Drogo, c'est là ta dernière carte, va en soldat à la rencontre de la mort et que, au moins, ton existence fourvoyée finisse bien. Venge-toi finalement du sort, nul ne chantera tes louanges, nul ne t'appellera héros ou quelque chose de semblable, mais justement pour cela ça vaut la peine. Franchis d'un pied ferme la limite de l'ombre, droit comme pour une parade, et souris même, si tu y parviens. Après tout ta conscience n'est pas trop lourde et Dieu saura te pardonner.
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Jusqu'alors, il avait avancé avec l'insouciance de la première jeunesse, sur une route qui, quand on est enfant, semble infinie, où les années s'écoulent lentes et légères, si bien que nul ne s'aperçoit de leur fuite.
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A un certain moment, un lourd portail se ferme derrière nous, il se ferme et est verrouillé avec la rapidité de l’éclair, et l’on n’a pas le temps de revenir en arrière.

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Peut-être en est-il ainsi de tout, nous nous croyons entourés de créatures semblables à nous et au lieu de cela, il n’y a que gel, pierres qui parlent une langue étrangère ; on est sur le point de saluer un ami, mais le bras retombe inerte, le sourire s’éteint, parce que l’on s’aperçoit que l’on est complètement seul.
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- Un désert?
- Un désert effectivement, des pierres et de la terre desséchée, on l'appelle le désert des Tartares.
- Pourquoi "des Tartares"? demanda Drogo. Il y avait donc des Tartares?
- Autrfois, je crois. Mais c'est surtout une légende. Personne ne doit être passé par là, même durant les guerres de jadis.
- De sorte que le fort n'a jamais servi à rien?
- A rien, dit le capitaine.
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