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Citations de Dino Buzzati (624)


Il l'aimait pour elle-même, pour ce qu'elle représentait de féminin, de caprice, de jeunesse, de simplicité populaire, d'effronterie, de liberté, de mystère. Elle était le symbole d'un monde plébéien, nocturne, joyeux, vicieux, ignominieusement intrépide et sûr de soi qui fermentait d'une vie insatiable auprès de l'ennui et de la respectabilité des bourgeois. (p.105-106)
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Dino Buzzati
Parfois la goutte se tait. D’autres nuits au contraire, pendant de longues heures, elle ne fait que se déplacer, que grimper, grimper encore, comme si elle ne devait jamais s’arrêter. Les cœurs se mettent à battre quand ce doux bruit semble arriver à chaque seuil. Dieu merci, elle ne s’est pas arrêtée. La voici qui s’éloigne, tic, tic, en route pour l’étage du dessus.
J’ai acquis la certitude que les locataires de l’entresol pensent se trouver à l’abri. La goutte – croient-ils – ayant déjà dépassé leur porte ne risque pas de venir les déranger ; d’autres, moi par exemple qui vis au septième, ont désormais des raisons de s’inquiéter, mais plus eux. Qui leur dit pourtant que les nuits prochaines cette goutte reprendra son chemin à l’endroit où elle était parvenue hier, et qu’elle ne recommencera pas plutôt dès le début, dès les premières marches, toujours humides et encombrées d’ordures abandonnées ? Non, pas même eux ne peuvent se croire à l’abri.

{« Une goutte » ; « Sessanta raconti » – Trad. par Michel Breitman}
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Aujourd'hui vendredi, parce que le week-end des riches est déjà commencé le vendredi, quand ce ne serait qu'à titre de curiosité, vers deux heures et demie, trois heures, et je n'ai pas la moindre intention de plaisanter, quand le soleil tape le plus fort, entrez dans le Cimetière monumental.
C'est là que dorment coude à coude, pourrait-on dire, les grands du Milan industriel, les puissants, les redoutables; les légendaires; les infatigables qui tous les matins de l'année sans exception de sept heures précises donnaient l'exemple, et maintenant dorment enfin.
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Drogo savait qu'il aimait encore Maria et qu'il aimait aussi le monde où elle vivait : mais toutes les choses qui alimentaient sa vie d'autrefois étaient devenues lointaines, un monde étranger où sa place avait été aisément occupée. Et ce monde, il le considérait désormais du dehors, encore qu'avec regret ; y rentrer l'eût mis mal à l'aise. Des visages nouveaux, des habitudes différentes, des plaisanteries nouvelles, de nouvelles façons de parler auxquelles il n'était pas habitué : ce n'étai plus là sa vie, il avait pris une autre route, revenir en arrière serait stupide et vain. (p.165-166)
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Le monde est riche en peines de toutes sortes mais les morsures de l'envie sont parmi les blessures les plus sanglantes, les plus profondes, difficiles à guérir et dans l'ensemble dignes de pitié.
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Ce triste personnage est le Professeur De Ambrosiis
(Mais il n'y a pas de rime en osiis.)
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LA CRÉATION

[...]

Jusqu'au moment où la Terre fut remplie de créatures adorables et odieuses, douces et sauvages, horribles, insignifiantes, très belles. Un bruissement de fermentations, de palpitations, de gémissements, de ululements et de chants allait naître des forêts et des mers. La nuit descendait. Les dessinateurs, ayant obtenu le suprême accord, s'en étaient allés, satisfaits, qui d'un côté, qui d'un autre. Un peu las, le Sublime se retrouva seul dans les immensités qui se peuplaient d'étoiles. Il allait s'endormir, en paix...

[Dino BUZZATI, "LA CREAZIONE" / "LA CRÉATION" in "Il colombre" / "Sessanta racconti"/ "Le K", Arnoldo Mondadori Edotoro (Milano), 1966 — traduit de l'italien par Jacqueline Remillet pour les éditions Robert Laffont (Paris), 1967 — rééd. en coll. "Pocket"/"Les grands textes du XXème siècle", Robert Laffont, 1992, page 22]
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Il est difficile de croire à quelque chose quand on est seul et que l'on ne peut en parler avec personne. Juste à cette époque, Drogo s'aperçut à quel point les hommes restent toujours séparés l'un de l'autre, malgré l'affection qu'ils peuvent se porter; il s'aperçut que, si quelqu'un souffre, autrui ne souffre pas pour cela, même si son amour est grand, et c'est cela qui fait la solitude de la vie.
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Je crois que je suis très habile à la production des rêves, en particulier de ceux qui engendrent la peur.
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En fait, cela ressemble, après dix-sept jours de combat au corps à corps, à un flegmatique concours de tir à la cible.
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Ils sont arrivés les derniers, pour servir autrui, bref, parce qu'on les en avait précisément chargés.
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Drogo comprit qu'une génération entière s'était entre temps écoulée, qu'il avait maintenant dépassé le sommet de son existence, qu'il était maintenant arrivé du côté des vieux, où, en ce jour lointain, il avait semblé que se trouvait Ortiz. Et à quarante ans passés, sans avoir rien fait de bon, sans enfants, vraiment seul au monde, Giovanni regardait autour de lui avec effroi, sentant décliner son propre destin.
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- Exactement, madame... Dans cinquante ans, nous serons tous sous terre, c'est pour le moins probable. Mais il y a une différence, la différence qui nous sauve, nous deux, et au contraire condamne votre mari... Pour nous deux, pour autant qu'on le sache, rien n'est encore décidé... Nous pouvons encore vivre, peut-être dans une béatitude imbécile, comme quand nous avions dix ou douze ans. Nous pourrons mourir dans une heure, dans dix jours, dans un mois, cela n'a pas d'importance, c'est autre chose. Lui non. Pour lui, la sentence existe déjà. La mort, en soi, n'est peut-être pas une chose si horrible, après tout. Nous l'aurons tous. Mais malheur à nous si nous savons, même si c'est dans un siècle ou deux siècles, le temps précis où elle viendra.

[ Équivalence ]
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Cependant, le temps passait, toujours plus rapide ; son rythme silencieux scande la vie, on ne peut s’arrêter même un seul instant, même pas pour jeter un coup d’œil en arrière. « Arrête ! Arrête ! » voudrait-on crier, mais on se rend compte que c’est inutile. Tout s’enfuit, les hommes, les saisons, les nuages ; et il est inutile de s’agripper aux pierres, de se cramponner au sommet d’un quelconque rocher, les doigts fatigués se desserrent, les bras tombent inertes, on est toujours entraîné dans ce fleuve qui semble lent, mais qui ne s’arrêtent jamais.
De jour en jour, Drogo sentait augmenter cette mystérieuse désagrégation, et en vain cherchait-il à s’y opposer. Dans la vie uniforme du fort, les points de repères lui faisaient défaut et les heures lui échappaient avant qu’il eût réussi à les compter.
Il y avait aussi cet espoir secret pour lequel Drogo gaspillait la meilleure part de sa vie. Pour alimenter cet espoir, il sacrifiait à la légère des mois et des mois, et il n’y en avait pas assez. L’hiver, l’interminable hiver du fort, ne fut qu’une sorte d’acompte. L’hiver fini, Drogo attendait encore.
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Ce qui était bon était en arrière, très en arrière, et il est passé devant sans le savoir.
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Giovanni attend, patiemment, son heure qui n'est jamais venue, il ne pense pas que le futur s'est terriblement raccourci, que ce n'est plus, come jadis, quand le temps à venir pouvait lui sembler une immense période, une richesse inépuisable que l'on ne risquait rien à gaspiller.
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La vraie prière est une fatigue immense.
(L'homme qui voulut guérir) (p213)
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Alors elle fut seule. Les passants la frôlaient, la bousculaient même parfois dans leur précipitation convulsive, mais aucun ne la regardait en face et ne s'apercevaient qu'elle était malheureuse. Noël était solitude, désespoir. C'était un démon qui avec des dents de feu lui broyait le cœur. [le chien vide]
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Les murs nus et humides, le silence, la lumière blafarde donnaient l'impression que les habitants du fort avaient tous oublié que, quelque part dans le monde, il existait des fleurs, des femmes rieuses, des maisons gaies et hospitalières. Tout ici était renoncement, mais au profit de qui, de quel bien mystérieux ?
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Dino Buzzati
Ce qui est immoral, c’est ce qui fait du mal aux autres.
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