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Citations de Drago Jancar (99)


Ne me regarde pas comme ça. Moi, je ne suis pas coupable. Je ne voulais vraiment pas ça. Certaines choses se produisent en dehors de notre volonté. Elles doivent arriver...Il me semble que je ne comprends pas tout ça. Peut-être que ma raison m'abandonne, moi aussi. Ou alors qu'elle m'a abandonné il y a longtemps quand j'ai commencé à collaborer. Peut-être que j'aurais dû dire non. Alors je serais ici comme patient, mais pas comme directeur...
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Et puis, à la fin des fins, n'avons-nous personne dans notre histoire qu'un fou pourrait imiter, à qui il pourrait s'identifier ? Est-ce qu'il faut toujours aller chercher chez les étrangers ?, Est-ce qu'il ne pourrait pas être un révolutionnaire de chez nous ?
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Il ne les entend plus, seul le grondement lointain est encore là, il ne sait plus si c’est le roulis de la mer ou des foules ou seulement le bora derrière la fenêtre et, entre ses assauts, le discours monotone du professeur Zoïs qui décrit la lampe à pétrole.
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« Fuyons, dans le plaisir ivre plongeons, / pour qu’un jour nous ne regrettions pas un jour un jour / et chantons, en allant notre chemin ! / Que pouvons-nous faire, la jeunesse est éphémère ! »
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Il y avait des contradictions en elle, on le voyait aussi à son humeur qui variait comme un temps d’avril, une fois elle était sereine et souriante, une autre fois, triste et surtout absente, elle n’écoutait pas une de mes phrases.
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Mais elle aimait vraiment les chevaux. Peut-être plus que les gens. Peu à peu, je commençais à comprendre pourquoi ça l’avait tellement énervée que nous les militaires, on envoie les chevaux sous les bombes, c’est-à-dire sous les obus. C’étaient les derniers jours d’août qui s’acheminaient lentement vers l’automne… Le matin, je me présentais à la caserne, où les officiers, par quelques remarques douteuses, raillaient ma double vie, l’après-midi, je le passais avec elle au manège et avec les deux chevaux, j’échangeais à peine quelques mots avec son mari quand il venait la chercher. C’était de plus en plus rare, le plus souvent, il l’amenait et son chauffeur venait la chercher. Léo Zarnik était probablement très occupé, non seulement par son travail mais aussi par la chasse aux sangliers et aux cerfs. Mon élève n’était visiblement pas gênée par cette mise à mort. Elle était gênée par le fait que nous entraînions les chevaux à la guerre car ils pouvaient être atteints par des bombes, c’est-à-dire des obus. Je voyais que son mari transportait des fusils de chasse sur le siège arrière, un jour, il dit qu’il inviterait au tir à la cible. Mais visiblement il oublia son invitation sur l’instant.

La première fois que nous fîmes ensemble quelques tours de manège, elle sur Lord et moi sur Vranac, et qu’elle descendit de cheval assez prestement, je l’applaudis. J’avoue, chère madame, que je ne m’attendais pas à des progrès si rapides. On pourrait dire que vous savez déjà monter. Et en plus, Lord vous accepte vraiment bien.

Mieux que vous, il me semble, dit-elle.

Excusez-moi, je voulais dire qu’il vous considère comme sa patronne. Patronne, dit-elle, quel mot idiot ! C’est ainsi, dis-je, quand il obéira à vos ordres, quand il comprendra vos mots, alors nous serons vers la fin de nos leçons.

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Ciril avala sa salive et par la même occasion, sa philosophie, finalement, c'était vrai, il aurait fallu qu'il gagne un peu plus sa vie qu'il ne l'avait fait jusqu'ici à Vienne.
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La colère le saisit. Contre lui, contre toute cette pagaille, contre l'homme qui l'avait ramené de Vienne et l'avait mis dans cette mouise. Il se leva et d'un pas décidé partit par le long couloir vers le bureau de Dobernik. C'était ses premiers pas décidés et sa première action décidée depuis qu'il était revenu à Ljubljana. Jusqu'alors il avait seulement zigzagué, maintenant il allait faire quelque chose.
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Le jeune violoniste ne pouvait pas savoir que c'était bel et bien son destin qui descendait d'un pas un peu incertain l'escalier de la station Schottentor. La démarche hésitante de l'homme en costume sombre et cravate rouge desserrée allait changer sa vie quelques minutes.
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Il s'assit sur le siège avant de la grosse automobile noire qui partit en mugissant sur les routes désertes et ils se retrouvèrent vite sur l'autoroute. Il jeta un coup d’œil circonspect sur le large visage de Dobernik éclairé par les lampes témoins du tableau de bord. Pendant un moment, sa tête dodelina et Ciril saisit le siège à deux mains. Et si le bonhomme s'endormait ?
Il ne s'endormit pas.
Il secoua la tête et se pencha en avant pour mieux voir la route éclairée par les phares puissants. Il dit que ces longs virages étaient assez difficiles la nuit, il fallait être sacrément concentré.
-Et bien reposé, ajouta-t-il.
Tous les deux éclatèrent de rire ; personne dans cette voiture n'était vraiment bien reposé.
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Le vieux le savait, il l"avait observé dans son travail. Il savait que les pires, les plus dangereux, sont ceux qui se bouffent la rate, qui ne parlent à personne et qui soudain explosent. L’agressivité est saine. Elle protège au moins du suicide.
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Quand on pète les plombs, c'est foutu personne ne peut nous rebrancher.
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Tuer un homme, c'est comme tuer un bon livre. Celui qui tue un homme tue un être raisonnable, celui qui détruit un livre, un bon livre, tue la raison même.
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"Nous ne savons pas quoi dire de ces constatations scientifiques. Car nous avons beaucoup entendu parler des différentes sciences de l'homme. Beaucoup de sciences et beaucoup de scientifiques s'occupent de l'âme humaine, de son crâne et de tout le reste. Mais il semble que, à partir du moment où chez un homme tout se décompose et où tout s'effrite en lui comme ça s'est soudain effrité, même si ça n'était pas tout à fait inattendu chez Erdman, il ne faudrait pas le laisser aux mains des scientifiques, car avec leurs bonnes intentions, ils ne font rien pour empêcher la dégradation de son état."
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Quand on apprit qu’une résistance s’était mise en place en Bosnie, il me sembla soudain que la vie avait à nouveau un sens. Čedo et moi jurâmes que nous irions jusqu’au bout, contre les Allemands, contre les Italiens, les Hongrois, contre tous, pour le roi et la patrie. Dans une maison de paysans, nous jetâmes les verres contre le mur, de désespoir parce que l’illustre armée s’était désagrégée, et de joie parce que quelque chose de nouveau commençait. Nous chantâmes et tirâmes en l’air dans la cour, ça puait la slivovica et la mort. C’était un non-sens, ce serment, un non-sens, aurait dit Veronika qui avait ri lors de notre première rencontre lorsque je lui avais raconté pourquoi on allait à cheval à la bataille, un non-sens de se battre contre tous ceux qui s’étaient jetés sur nous et même contre ceux qui nous avaient trahis. Mais alors nous nous battions vraiment, nous tuions, ça sentait la peur et la mort, nous nous battions d’abord contre les Allemands, avec les communistes. Ensuite, les communistes nous frappèrent dans le dos et soudain on devint les alliés des Allemands. C’était quelque chose d’inconcevable pour nous, les héritiers des glorieux soldats de Salonique, nos ennemis, leurs officiers, se promenaient dans notre état-major et nous, du leur, on coordonnait les attaques contre les communistes dont le nombre ne cessait d’augmenter. En Bosnie, malgré ça, on se battit aussi contre les oustachis, même si eux étaient de vrais valets des Allemands, nous on ne l’était pas, nous on organisait seulement des actions avec eux. Čedo et moi, nous nous battîmes tout le temps ensemble, d’abord contre les Allemands, ensuite contre les oustachis. Finalement, et jusqu’à la fin de la guerre, contre les communistes. En Bosnie, en Lika, dans les montagnes slovènes.
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Ce trou, une dent s’y trouvait avant, il y a un mois encore, lorsque, contre le mur d’une ferme, quelque part au-dessus d’Idrija, un obus de mortier a explosé, alors un petit bout de pierre ou de métal a atterri droit dans ma bouche, et je me suis retrouvé immédiatement en sang, mais quand j’ai repris mes esprits et que je me suis lavé, il s’est avéré que, Dieu merci, il ne me manquait qu’une dent de devant, mes lèvres aussi avaient été bien déchiquetées, à présent elles ne sont plus qu’écorchées, j’ai juste perdu une dent quelque part près de la frontière italienne derrière laquelle on se retirait pour se réorganiser comme on disait, pour contre-attaquer comme on disait, mais devant Palmanova, on s’est tout simplement rendus. On s’est rendus, que pouvait-on faire d’autre, même si on racontait que les Anglais étaient nos alliés et qu’on attaquerait ensemble les communistes. Pendant quelques jours encore, on a continué de porter nos armes, puis on a reçu l’ordre de les déposer, c’est-à-dire qu’on a laissé les soldats anglais nous désarmer honteusement, ils ont laissé leurs revolvers sans munitions aux officiers, pour l’honneur, mais il y a quelques jours ils les ont aussi ramassés, c’était la dernière marque de notre dignité, on n’est plus une armée, c’est la fin, la finis du royaume de Yougoslavie, la fin du monde.
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Cette nuit, je l’ai vue comme si elle était vivante. Après avoir traversé la baraque, elle s’est avancée entre les châlits où mes camarades respiraient calmement dans leur sommeil. Elle s’est arrêtée à ma hauteur, m’a regardé un moment l’air pensif, un peu absent, comme toujours lorsqu’elle ne pouvait pas dormir et qu’elle errait dans notre appartement à Maribor, elle s’est arrêtée devant la fenêtre, s’est assise sur le lit, puis elle s’est retournée vers la fenêtre. Qu’y a-t-il, Stevo ? a-t-elle dit, toi non plus, tu ne peux pas dormir ?
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On vit une époque où on ne respecte que les gens, vivants ou morts, qui étaient prêts à se battre, même à se sacrifier pour les idées qu'ils ont en partage. C'est ce que pensent les vainqueurs et les vaincus. Personne n'apprécie les gens qui ne voulaient que vivre.
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Elle aurait peut-être eu l'âme en peine à Maribor, mais elle serait en vie. Je veux dire qu'en tout cas, je saurais qu'elle est en vie et en bonne santé, on pourrait se parler au téléphone.
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Elle était intouchable. Attirante, mais intouchable.
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