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Citations de Ed McBain (338)


- Qu’est-ce que vous en dites ? Vous m’emmenez chez vous ?
- Je suis marié, dit-il.
- Et alors ?
- Je ne pense pas que ma femme apprécierait que je vous ramène à la maison. Même si vous restez à l’autre bout du lit.
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Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous.


Le président du gang des Têtes de mort.
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Carella, lui aurait pu passer pour un employé du gaz venu relever le compteur, avec son gros trois-quarts sur un sweat-shirt marron et un pantalon velours côtelé gris. Ni bonnet ni chapeau, bien que sa mère le lui répétât sans cesse :"Quand on a froid à le tête, on a froid partout".
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Cynthia ne faisait pas partie de ces Dames qui Déjeunent en Ville, mais elle trouve néanmoins à s'occuper toute la journée : elle fait des emplettes, elle va au musée ou dans les galeries, voit parfois un film l'après-midi, tue le temps de sept heures et demi, heure à laquelle son mari part travailler, à sept heures et demie du soir,heure à laquelle il rentre.
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Carl était au volant, Katie à coté de lui, sur le siège passager.

- Devine ce qu’avait préparé Annie pour le diner, hier soir ? demanda Carl.
- Des asperges, dit Katie.
- Des asperges, dit Carl. Ça fait six ans qu’on est mariés, elle sait que j’ai horreur des asperges, et elle continue à en faire. Je lui ai dit, pourquoi tu continues alors que tu sais que je déteste ça ?

D’abord, elle a répondu : « C’est bon pour ta santé. » Je lui ai dit, je me fous que ce soit bon pour la santé, je n’aime pas ça. Alors, elle m’a répondu : « Tu finiras par aimer ça ». Alors je lui ai expliqué que j’avais trente-sept ans, et qu’il y avait trente-sept ans que je détestai les asperges.
Tu sais ce qu’elle a dit ?
- Qu’est-ce qu’elle a dit ? demanda Katie
- Elle a dit « En fait, tu aimes ça ». Tu te rends compte ? Je lui dis que je n’aime pas ça, elle me répond que si. Alors je lui ai redis que je détestai ça, si elle pouvait arrêter d’en faire, merci.

Alors elle me dit : « Quand tu seras président des Etats-Unis, tu ne seras plus obligé d’en manger. D’ici là, c’est bon pour la santé»
- Quand Bush a dit ça, c’était de brocolis qu’il parlait.
- C’est bien ce que je lui ai dit.


Ah les femmes, elles nous martyrisent ! Et chez vous, quel est le légume qui fait débat ?
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Maintenant, ce qu'elle avait envie de faire, c'était de décrocher le téléphone pour l'appeler.
"Salut Stephen, j'espère que je ne suis pas en train de vous empêcher, toi et ta poupée... à... Mon dieu est-il possible qu'il soit déjà une heure un quart? j'espère que je ne vous dérange pas."

Katie Logan, femme qui n'a plus vingt ans en instance de divorce avec Stephen qui a déniché une petite jeune de 22 ans
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Elle composa le numéro de l'avocat en espérant qu'il ne soit pas au tribunal.
- Binder, Benson, & Bird, dit une voix de femme.
- Ellie, c'est Katie Logan à l'appareil, fit-elle. Il est là?
- Une seconde.
La voix de Max succéda à celle de la secrétaire quelques instants plus tard.
- Salut Katie, quoi de neuf ? demanda-t-il.

Toujours la même question. ce qu'il y a de neuf c'est que mon mari m'a plaquée et qu'il vit avec une serveuse de vingt-deux ans. C'est ça le neuf.

Katie, inspectrice de police de River Close.
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[...] ... - "Ils entrent chez moi. Monsieur dit que mademoiselle désire tatouage ... Je montre maquettes. Je propose papillon. Rien de mieux que mes papillons. Je dessine moi-même. Mon invention. Très joli, pour l'épaule. Une fois, je fais papillon sur le dos d'une dame, tout en bas. Très joli, mais personne ne voit. Mieux l'épaule. Je propose papillon. Mais monsieur veut le coeur. Elle aussi veut le coeur. Des étoiles dans les yeux. L'amour. Grand amour. Je leur montre beaux grands coeurs. Très jolis, très compliqués, toutes couleurs.

- Ils ne voulaient pas un grand coeur ?

- Monsieur désire tout petit coeur. Il montre où. (Chen écarta son pouce de son index.) Là. Très difficile à faire. Très douloureux. Peau trop mince, l'aiguille peut traverser. Très mal. Difficile. Il répète, là. Elle dit qu'elle le veut là puisqu'il le veut là. Folie.

- Qui a donné le texte à inscrire dans le coeur ?

- Monsieur. Il a dit mettre lettres M, A, C.

- Il a dit d'inscrire le nom de Mac ?

- Il dit pas nom de Mac. Il dit lettres M, A, C.

- Et qu'est-ce qu'elle a dit ?

- Elle dit oui. M, A, C.

- Continuez.

- J'obéis. Très douloureux. Fille a crié. Il lui tient les épaules. Très douloureux. Endroit sensible. Bien mieux papillon sur l'épaule," ajouta Chen en haussant une des siennes.

- "A-t-elle prononcé son nom pendant leur visite ?

- Non.

- Elle ne l'a pas appelé Mac ?

- Elle l'appelle rien. (Chen réfléchit un instant.) Oui. Elle l'appelle doux noms : chéri, amour, trésor. Pas de vrai nom."

Carella soupira. Il ouvrit la grosse enveloppe qu'il avait apportée et en tira les photos brillantes.

- "C'est elle ?" demanda-t-il.

Chen examina les clichés.

- "C'est elle. Elle est morte, hein ?

- Oui, elle est morte.

- Il l'a tuée ?

- Nous ne savons pas.

- Elle l'aime. Grand bel amour. Personne ne doit tuer l'amour." ... [...]
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[...] ... - "Que s'est-il passé ?

- Je suis descendue du train hier matin, je prends le 8 h 17 avec [mon employeur] Mr Haynes. Je ne m'assieds pas avec lui parce qu'il parle boulot avec ses amis. Il est dans les relations publiques ?"

Toujours cette interrogation. Kling hocha la tête.

- "Continuez," dit Brown avec impatience.

- "Eh ! bien, quand nous sommes arrivés en ville, je suis descendue et je longeais le quai quand ce monsieur est venu vers moi.

- Où cela ?

- Là, sur le quai. Il m'a dit bonjour et m'a demandé si j'étais arrivée en ville depuis peu. Je lui ai dit non, que j'avais quitté ma campagne depuis deux ans mais que je travaillais en banlieue. Il avait l'air d'un monsieur bien, bien habillé et tout, vous voyez ce que je veux dire ? Convenable ?

- Oui," dit Kling.

- "Bref, il m'a dit qu'il était pasteur. Il en avait l'air, d'ailleurs. Il m'a donné sa bénédiction, que Dieu vous garde, tout ça, et il m'a dit que je devrais faire très attention parce que les grandes villes sont pleines d'embûches pour les jeunes filles innocentes. Des gens qui voudraient me faire du tort ?"

Il y eut de nouveau le point d'interrogation et Kling répondit par l'affirmative, machinalement, et s'en voulut de s'être encore une fois laissé surprendre par la façon de parler de la petite.

- "Il m'a dit que je devrais surtout faire attention à mon argent, parce qu'il y a des tas de gens qui feraient n'importe quoi pour mettre la main dessus. Il m'a demandé si j'avais de l'argent.

- Il était blanc ou noir ?" coupa Brown.

La petite jeta un regard d'excuse à Kling.

- "C'était un Blanc.

- Continuez," dit Brown.

- Eh ! bien, je lui ai dit que j'en avais un peu, et il m'a proposé de le bénir ? Il m'a demandé si j'avais un billet de dix dollars, et j'ai dit non. Alors il m'a demandé si j'avais un billet de cinq dollars, et j'ai dit oui. Alors il a sorti un billet de cinq dollars et l'a mis dans une enveloppe blanche et a fait une croix dessus. Un crucifix ?"

Cette fois, Kling ne répondit pas à la question.

- "Puis il a marmonné quelque chose comme "Dieu bénisse cet argent" et nous avons bavardé, et il a mis l'enveloppe dans sa poche. Ensuite il a dit : "Mon enfant, prenez ces cinq dollars bénis et laissez-moi votre billet." Je lui ai donné mes cinq dollars, il a plongé la main dans sa poche et il m'a donné l'enveloppe avec la petite croix dessus, l'argent béni.

- Et ce matin ?" s'impatienta Brown.

- "Eh ! bien, en allant prendre mon train, j'ai ouvert la petite enveloppe ?

- Oui," dit Kling.

- Surprise ! Pas de billet !" dit Brown.

- "Et non, justement ! Il n'y avait qu'une petite serviette en papier pliée." ... [...]
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[...] ... Dickie Collins fut arrêté la veille de Noël. On le cueillit à la sortie de l'église où il avait fait brûler un cierge pour sa grand-mère défunte. Il fut aussitôt conduit au 87ème où quatre inspecteurs l'encadrèrent : Peter Byrnes était du nombre. Havilland, Meyer et Willis se trouvaient avec lui.

- "Ton nom ?" demanda Willis.

- "Dickie Collins. Richard.

- T'as pas des pseudos ?" demanda Havilland.

- "Non. J'en ai pas.

- T'as déjà eu un flingue ?

- Non. Jamais.

- T'as connu Annibal Hernandez ?" demanda Byrnes.

- "Ca me dit quelque chose.

- Tu le connaissais, oui ou non ?

- Oui, je le connaissais ... Il me semble. J'ai connu un tas de mecs du quartier.

- Quand est-ce que t'as déménagé ?

- Il y a deux mois.

- Pourquoi ?

- Mon père a trouvé un nouveau boulot ; j'ai suivi le mouvement.

- T'avais envie de déménager ?

- Qu'est-ce que ça change ? Je suis libre. Je vais où je veux. Ca m'est égal de vivre ici ou là. C'est quoi, toutes ces questions ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

- Qu'est-ce que tu faisais le 17 décembre au soir ?

- J'en sais rien, moi ; c'était quand, ça, déjà ?

- Il y a exactement une semaine.

- Je me souviens pas.

- Tu étais avec Hernandez ?

- Je me rappelle pas.

- Essaie de te rappeler un peu.

- Non, j'étais pas avec Hernandez. C'était quoi ? Un samedi soir ?

- C'était un dimanche soir.

- Alors, j'étais pas avec lui.

- Où étais-tu ?

- A l'église." ... [...]
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[...] ... Chose curieuse, la porte s'ouvrit sans effort. [L'Agent] Genero recula brusquement. Il transpirait. Le froid lui pinçait encore les oreilles mais il était en sueur. Il écoutait sa propre respiration tout en cherchant à déceler d'autres bruits dans la ville assoupie. Il était à l'affût du moindre raclement de pied furtif, de quelque chose, de n'importe quoi. Il écouta un long moment, puis il pénétra dans la pièce du sous-sol.

La lumière tombait d'une ampoule nue qui pendait du plafond au bout d'un gros fil électrique. L'ampoule était absolument immobile. Pas la moindre oscillation, pas le moindre mouvement. Le fil qui la soutenait semblait avoir pris, avec le froid, la rigidité d'une tige d'acier. Une vieille caisse d'oranges était posée par terre, juste sous la lampe. Sur la caisse traînaient quatre capsules de bouteilles. Genero sortit sa torche électrique et balaya les murs de la pièce. L'un d'eux était tapissé de photos de pin-up tassées les unes contre les autres, seins contre fesses, à l'étroit dans cet espace trop exigu, alors que le mur d'en face était complètement nu. Le fond de la pièce était garni d'un lit de camp surmonté d'une fenêtre à barreaux.

Genero dirigea alors sa torche vers la gauche et recula avec un haut-le-corps en braquant son .38 d'un geste convulsif.

Un jeune homme était assis sur le lit de camp. Il était penché en avant dans un équilibre des plus précaires, et, dès qu'il se fut remis du choc de la découverte, Genero se demanda comment il tenait ainsi basculé sans s'écraser la figure par terre. C'est alors qu'il vit la corde.

Un bout de corde était attaché aux barreaux de la fenêtre ; l'autre extrémité était nouée autour du cou du jeune homme. Ramassé sur lui-même, il semblait vouloir prendre son élan et bondir. Il avait les yeux dilatés, la bouche ouverte. On eût dit que, tout au fond de lui-même, la vie s'était enroulée comme un ressort remonté à bloc qui allait se détendre pour catapulter le jeune garçon dans la pièce. Seules la couleur du visage et la position des bras indiquaient qu'il était mort. Le teint était violacé, légèrement terreux ; tels de lourds étais, les bras étaient posés de chaque côté du torse, les mains ouvertes, la paume en l'air. A quelques centimètres d'une main gisait une seringue hypodermique. Elle était vide. ... [...]
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[...] ... - "Voilà pourquoi je suis venu ..." dit enfin [Peter Bell.].

- Je t'écoute," murmura [l'agent] Kling.

- "Ecoute, ça me gêne un peu, mais c'est Molly qui a pensé ... (Bell s'interrompit.) Je suis marié, tu sais.

- Non, je ne savais pas.

- Si. Molly, c'est ma femme. Elle est extra. On a deux gosses et un troisième en route.

- Compliments," dit Kling, de plus en plus mal à l'aise.

- "Oh, et puis à quoi bon tourner autour du pot ? Voilà. Molly a une soeur, une gentille petite gosse. Jeannie, qu'elle s'appelle. Elle a dix-sept ans. Elle habite avec nous depuis la mort de sa mère ... ça doit faire deux ans maintenant. Oui, deux ans."

Bell se tut.

- "Je t'écoute," fit Kling, qui se demandait en quoi la vie conjugale de [son ancien condisciple] pouvait bien le regarder.

- "La petite est mignonne. Ecoute, autant que je sois franc avec toi, c'est une bombe. Tout-à-fait comme Molly au même âge ; et pourtant, je t'assure que Molly ne se laisse pas aller ... même maintenant, enceinte et tout.

- Je vois toujours pas où tu veux en venir, Peter.

- Eh ! bien ! la petite s'est mise à cavaler.

- A cavaler ?

- Du moins, c'est ce que Molly s'imagine."

D'un seul coup, Bell eut l'air très gêné.

- "Tu comprends, elle sait que sa soeur ne sort pas avec les petits gars du quartier, ni rien, n'empêche que la gosse est souvent dehors, alors Molly a peur qu'elle ait de mauvaises fréquentations, tu vois ? Ce ne serait pas tellement grave si Jeannie n'était pas si mignonne. Mais elle l'est ... Ecoute, Bert, je te parle franchement. C'est ma belle-soeur, elle est de la famille et tout ça, mais elle a plus de sex-appeal que bien des filles plus âgées ... Tu peux me croire, c'est une bombe.

- Je te crois," dit Kling.

- "Jeannie ne veut donc rien nous dire. On s'use la salive à lui parler, mais pas moyen de lui tirer un mot. Molly avait bien pensé à engager un détective privé pour la filer, qu'on sache au moins où elle va, mais tu comprends, Bert, avec ce que je gagne, je n'ai pas les moyens. D'ailleurs, je ne pense pas que la petite fasse vraiment des bêtises.

- En somme, tu veux que moi, je la suive ?" demanda Kling, ébahi. ... [...]
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[...] ... - "Miss Ellio," dit [Hal Willis], à quel moment cet homme vous a-t-il frappée ?

- Après m'avoir pris mon sac.

- Pas avant ?

- Non.

- Combien de fois vous a-t-il frappée ?

- Deux fois.

- Et il a dit quelque chose ?

- Oui, il ... (Le visage de Miss Ellio se crispa dans l'effort qu'elle faisait pour rassembler ses souvenirs.) Il a dit que c'était juste un avertissement. Pour que je n'appelle pas au secours quand il s'en irait.

- Qu'est-ce que tu en penses, Rog ?," demanda Willis.

[L'inspecteur] Havilland soupira, puis hocha la tête tout en haussant vaguement les épaules.

Willis, comme lui, garda quelques instants un silence songeur. Puis il demanda :

- "Est-ce qu'il vous a donné son nom, Miss Ellio ?

- Oui," dit la femme. (Des larmes montèrent à ses yeux ternes.) "Je sais que ça a l'air idiot. Je sais que vous ne me croyez pas. Mais c'est pourtant vrai. Je n'ai pas inventé toute cette histoire. Je ... je n'ai jamais eu un oeil au beurre noir de ma vie."

Havilland poussa un soupir. Willis se montra soudain débordant de compassion.

- "Voyons, Miss Ellio," dit-il, "nous croyons mot pour mot à votre histoire. Vous n'êtes pas la première à venir nous faire un récit de ce genre, vous savez. Nous essayons simplement de trouver le lien entre votre mésaventure et les faits que nous connaissons déjà."

Il alla chercher, dans la poche de son veston, un mouchoir qu'il tendit à Miss Ellio.

- "Tenez, séchez vos larmes.

- Merci," fit Miss Ellio entre deux sanglots.

Havilland, abasourdi, fit un clin d'oeil à son chevaleresque collègue. Willis souriait aimablement, comme un vendeur de grand magasin. Miss Ellio se reprit aussitôt, renifla et se tamponna les yeux, aussi peu émue que si elle avait épluché une demi-livre d'oignons au lieu de subir un interrogatoire sur les méfaits d'un agresseur nocturne.

- "Dites-moi," reprit Willis avec douceur, "à quel moment vous a-t-il dit son nom ?

- Après m'avoir frappée.

- Qu'est-ce qu'il a dit ?

- Eh ! bien, il ... il a commencé par faire quelque chose.

- Quoi donc ?

- Il ... Oh ! je sais bien que ça paraît absurde ..."

Willis eut un sourire radieux, rassurant. Miss Ellio releva la tête et lui rendit son sourire avec des mines de jeune pensionnaire, si bien que Havilland se demanda si ces deux-là n'étaient pas en train de découvrir l'amour.

- "Pas du tout, le moindre détail peut être capital," dit Willis. "Nous vous écoutons.

- Voilà," fit Miss Ellio. "Il m'a donc frappée, puis il m'a dit de ne pas crier, et là, il ... il m'a fait une courbette. (Elle regarda les deux policiers, guettant dans leur regard une lueur incrédule, mais les deux visages restèrent impassibles.) Voilà, il a fait une courbette," répéta-t-elle, visiblement déçue de tant d'indifférence.

- "Et alors ?" insista Willis.

- "Alors il a dit :"Clifford vous remercie, madame." ... [...]
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[...] ... - "Ah ! voilà les gars du 87ème," dit le premier flic.

- Pile pour le thé," dit le second flic. "Qui c'est qu'on nous envoie ?

- On dirait Carella et Bush."

Le premier flic sortit de la poche droite de sa veste un paquet d'étiquettes retenues par un élastique. Il en détacha une et remit le reste du paquet dans sa poche. C'était une étiquette rectangulaire de carton jaunâtre, de cinq centimètres sur trois, percée d'un trou à travers lequel était passé un mince fil de fer. Elle était marquée Police et en dessous, en plus grosses lettres, on lisait Pièces à conviction.

Carella et Bush, du 87ème District, s'approchèrent d'un pas tranquille. Le flic de la Criminelle leur jeta un regard indifférent, et se mit à remplir le pointillé en regard du mot : Lieu. Carella portait un costume bleu et une cravate grise qu'une épingle fixait à la chemise blanche. Bush avait une chemise de sport orange et un pantalon kaki.

- "Ma parole, Speedy Gonzales et le Coyote !" s'exclama le deuxième flic. "On peut dire que, pour la vitesse, vous ne craignez personne, vous autres. Qu'est-ce que vous feriez en cas de bombardement aérien ?

- On s'en remettrait à la DCA," répondit Carella d'un ton sec. "Et vous ?

- Vous êtes de vrais rigolos," dit le flic de la Criminelle.

- On a été retardés.

- A qui le dites-vous ?

- J'étais seul de permanence quand j'ai reçu l'appel," dit Carella. "Et Bush, que voici, était parti avec Foster pour une affaire de rixe à coups de couteau dans un bar. Quant à Reardon, il ne s'est pas pointé, ce soir. (Carella s'interrompit un instant.) Hein, Bush ?"

Bush opina de la tête.

- "Si tu étais de permanence, qu'est-ce que tu fous ici ?" demanda le premier inspecteur de la Criminelle.

Carella sourit. Bâti en force, mais sans lourdeur, il donnait une impression de puissance, mais non de puissance brutale. C'était un homme bien entraîné, aux muscles souples. Ses cheveux bruns étaient coupés courts. Il avait des yeux bruns, aux coins un peu tombants, qui lui donnaient un faux air d'oriental, sans le côté basané.

Avec ses larges épaules et ses hanches étroites, il avait une élégance naturelle, même quand il revêtait la veste de cuir pour une tournée des docks. Il avait des poignets solides et de grandes mains qu'il ouvrit en un geste d'indignation pour s'écrier :

- " Vous ne voudriez pas que je réponde au téléphone quand un meurtre a été signalé dans le quartier ? (Son sourire s'élargit.) J'ai laissé ce soin à Foster. Après tout, c'est presque un bleu.

- Et les pots-de-vin, ça donne, en ce moment ?" demanda le second flic de la Criminelle.

- Pareil que chez vous," répondit Carella sèchement.

- "Y en a qui ont du bol. Parce que les macchabs, y a rien à en tirer.

- Sauf des asticots," dit le premier flic.

- "Soyons sérieux," dit Bush aimablement. ... [...]
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[...] ... On ne voit, du fleuve qui borde la ville au nord, qu'un prodigieux panorama. On ne peut le contempler qu'avec une espèce d'appréhension, mais on a parfois le souffle coupé par la majesté du spectacle. Les silhouettes claires des immeubles s'élancent à l'assaut du ciel, dévorant l'azur : des surfaces planes, d'autres longues, des rectangles grossiers et des flèches acérées, des minarets et des pics, toutes les formes géométriques imaginables se profilent contre le lavis bleu et blanc du ciel.

La nuit, en descendant le long de River Highway, la voie sur berge, des myriades de soleils vous éblouissent, une espèce de voie lactée qui s'étend de la ville vers le sud, et s'empare de la cité dans une brillante démonstration de magie électrique. Tout autour de la ville, les réverbères des boulevards extérieurs scintillent, proches ou lointains, et viennent se refléter dans les eaux sombres du fleuve. Les fenêtres des immeubles grimpent de plus en plus haut vers les étoiles, en lumineux rectangles, et vont se fondre dans le halo vert, jaune et orange qui embrase le ciel. Les feux verts et les feux rouges ont l'air de vous faire de l'oeil, et, le long du Stem, tout cet étalage incandescent se mélange en une aveuglante orgie de couleurs.

La ville s'offre comme un écrin éblouissant de bijoux précieux, stratifiés en couches lumineuses d'une vibrante intensité.

Les immeubles forment le décor.

Face au fleuve, ils brillent de tous leurs feux artificiels. On les contemple, fasciné, en retenant sa respiration.

Derrière les immeubles, derrière les lumières, il y a les rues.

Dans les rues, il y a des ordures. ... [...]
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- 87ème, inspecteur Kling.
- Salut.Carella est là?
- De la part de qui?
- Atchison, du labo. Où est Carella?
- Au-dehors. Je peux prendre la commission?
- Ouais, probable. Comment c'est votre nom, déjà?
- Bert Kling.
- Je vous connais pas.
- Qu'est-ce que ça peut bien foutre?
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Non, qui aurait pu prévoir une histoire pareille, un triple meurtre, pesa-t-il. Ce n'est que lorsque ça arrive que les clés d'un bateau, d'une maison et d'une Maserati rouge deviennent tellement importants. Ce n'est que lorsque ça arrive que vous vous rendez compte que des tas de gens auraient pu enter dans cette maison ouverte à tous les vents. Et prendre la clé d'un bateau et la clé d'une voiture. Et s'en aller à la marina River-view dans la Maserati rouge que Stubbs avait vue. des tas de gens. Ce qui revenait à dire n'importe qui. Et quand votre enquête vous mène à n'importe qui, vous n'avez en réalité personne.
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Et voilà: la porte du placard était ouverte et, comme d'habitude, on y trouvait un squelette, d'une banalité à pleurer, pensaient Carella et Kling. Ils auraient aimé de temps en temps un crime original, un assassinat bien conçu, au lieu de ces crimes passionnels qu'on leur jetait tout le temps à la tête. Ils auraient voulu un assassin qui aurait envoyé quelqu'un ad patres avec un poison rare et impossible à déceler. Ils auraient aimé découvrir un corps dans une chambre sans fenêtre et fermée de l'intérieur. Un assassin qui, après avoir dressé ses plans pendant des mois, aurait commis le crime parfait et l'aurait camouflé en suicide.
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