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Citations de Edgar Hilsenrath (401)


- Tu sais, Anton, a dit ma mère, chaque jour tu ressembles un peu plus au Führer - avec ta mèche sur le front et ta moustache. D’ailleurs on dit qu'il en avait une aussi longue que toi, sauf qu'il n'utilisait pas d'élastique. Mais comme il est végétarien, elle s'est ratatinée.
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Une peur atroce l'envahit à l'idée de devoir dormir dans cette pièce sombre sans protection. Comment avait-il dit ? Ici c'est chacun pour sa pomme ! Personne ne lèvera le petit doigt s'il t'arrive quelque chose... Les gens ne croient plus en rien, ils ne respectent plus rien, plus rien ne leur est sacré. Ils se moquent de tout.
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Le riche parent les ammena en voiture à Times Square et il leur montra les alignements de cinémas,un cinéma chassant l'autre.Il leur montra également la 44 eme rue avec ses grands théâtres.Nathan Bronsky aperçut une Cadillac noire,encore plus belle que celle du riche parent.La Cadillac stationnait devant l'un de ces grands théâtres.A l'intérieur,le chauffeur en élégante livrée.Nathan Bronsky toucha sa femme pour lui montrer un clochard noir qui pissait derrière la Cadillac.Il demanda au riche parent:"C'est ca ,l'Amerique?"
"Oui",dit le riche parent."C'est ca ,l'Amerique."
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Un antisémite, c'est comme un cancéreux. À un stade trop avancé, ça ne sert à rien d'opérer.
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« J’ai compris qu’il ne suffit pas de survivre. Survivre ce n’est pas assez. » (p. 271)
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Là-bas il y avait une salle de tribunal. Où se tenait un procès. Le procès de Max Schulz.

Debout devant mon juge. Debout devant Lui, l'Unique et L’Éternel.
Et l'Unique et L’Éternel demande : "Es-tu le génocidaire Max Schulz ?"
Et je dis : "Oui je suis le génocidaire Max Schulz."
- Es-tu circoncis ?
- Non je ne suis pas circoncis. Le petit bout de peau a repoussé. En chemin. En venant ici.
- As-tu le cœur d'un rabbin ?
- Non. Il est tombé. En chemin. En venant ici. J'ai retrouvé mon propre cœur.
- Où est ton faux tatouage d'Auschwitz ?
- Disparu.
- Ton tatouage SS ?
- Revenu. Là ou il y avait la cicatrice.
- Es-tu réellement le génocidaire Max Schulz ?
- Je suis réellement le génocidaire Max Schulz.

Et l'Unique et L’Éternel demande : "Coupable ? "
Et je dis : "J'ai suivi le courant. J'ai juste suivi le courant. Comme d'autres. A l'époque c'était légal.
- C'est là ta seule excuse ?
- Ma seule excuse.
- Et ton plafond fêlé ?
- Pas de plafond fêlé.
- Coupable ?
- Coupable.
- Veux-tu que justice soit faite ?
- Oui. Que justice soit faite. Moi, Max Schulz, j’attends la juste sentence d'un juste."
Et l'Unique et L’Éternel proclame d'une voix de stentor : " Ainsi je te condamne !"
Mais moi, je dis : "Minute! Faut d'abord que je te demande un truc.
Et l'Unique et Éternel dit : "Demande. Mais fais vite."

- T'étais où ? A l'époque ?
- Comment ça .. à l'époque ?
- A l'époque .. pendant la mise à mort.
- De quoi parles-tu ?
- La mise à mort des sans-défense.
- Quand ça ?
- A l'époque ! "
Je demande : "Tu dormais ? "
Et l'Unique et L’Éternel dit : " Je ne dors jamais !

- T'étais où ?
- Quand ça ?
- A l'époque.
- A l'époque ?
- Si tu ne dormais pas, t'étais où alors ?
- Ici !
- Ici ?
- Ici !


- Et tu faisais quoi si tu ne dormais pas ?
- A l'époque ?
- Oui. A l'époque."


Et l'Unique et L’Éternel dit : " J'ai été spectateur."
- Spectateur ? C'est tout ?
- Oui, spectateur, c'est tout.

- Alors ta faute est plus grande que la mienne, je dis.Et si il en est ainsi, tu ne peux pas être mon juge.
- Très juste, dit l'Unique et L’Éternel. Je ne peux pas être ton juge.
- Très juste ! "
L'Unique et L’Éternel dit : "Très juste.".
Je demande : " On fait quoi maintenant ?
- On fait quoi ?
- On a un problème ! "
L'Unique et L’Éternel dit : "Oui. On a un problème."

Et L'Unique et L’Éternel descendit de sa chaise de juge et se plaça à mes côtés.

Nous attendons. Tout les deux. La juste sentence. Mais qui pourrait la prononcer ?
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- Comment sont les yeux arméniens ? dit-elle en riant.
- Incomparables. En fait, ce sont des yeux bibliques, mais veloutés et voilés de tristesse.
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La vieille secoua la tête sans rien dire, un sourire compatissant aux lèvres. Elle pensa : ils mettent tous du temps à comprendre quand ça arrive.
«Tous exécutés pour désertion» dit-il d'un ton sec.
«Désertion ?» fit-elle étonnée.
«Pour échapper à la déportation, ils se sont planqués pendant des jours. Les autorités appellent ça désertion.»
«Oui. Je vois... encore un mot dont ils ont tordu le sens.»
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Plus d'une fois il avait envisagé, et rejeté, l'idée de retourner chez lui, dans son pays. La fuite en soi n'était pas compliquée. Il était facile de tromper la vigilance des gardes sur la pont ; il suffisait de traverser le fleuve à la nage pendant la nuit, et de l'autre côté, on était en Roumanie. Mais après ? Où aller ? Sans papiers ? Le ghetto était imprimé tel un tampon sur son front. De l'autre côté, il se ferait immédiatement repérer, et une fois arrêté, c'était la fin.
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"Même chez nous, le bonheur existe. Le bonheur de celui qui grelotte et trouve une couverture. Le bonheur de celui qui a faim et trouve un peu de pain. Et le bonheur de celui qui est seul et trouve u peu d'amour."
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Il faisait agréablement chaud près du fourneau. Il sentit la chaleur du feu lui brûler son dos nu et s'étira à son aise. Le rouquin ronflait déjà. C'était contagieux. Ranek eut toutes les peines du monde à garder les yeux ouverts. Il ne voulait pas dormir. Il aurait tout loisir de dormir plus tard, puisqu'il était rentré chez lui. Comme il fait chaud, pensa-t-il, et comme c'est bon. C'est drôle, il faut avoir été à la rue pour apprécier ça à sa juste mesure. L'homme s'habitue trop vite aux bonnes choses, et il est prompt à oublier le reste. On ne devrait pas oublier, pensa-t-il, quand bien même on a passé des jours, des semaines ou des mois près du feu, même alors, on ne devrait pas oublier la rue. Sinon l'on devient un ingrat.
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"Tant qu'on lutte, on garde espoir."
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Avec mes bottes et mon uniforme, je m'étais accroché à la roue de l'Histoire, mais je ne pesais pas lourd. Qu'est-ce qu'un petit poisson ? Qu'est-ce qu'un uniforme ? Et qu'est-ce qu'une paire de bottes ? Mais les millions de petits poissons, avec ou sans uniforme, avec ou sans bottes, tous ces petits poissons qui à l'époque ont dit OUI et qui comme moi sont accrochés à la roue de la fortune... ce sont eux qui l'ont mise en mouvement.
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Un minuscule petit bout d'homme tout maigre, l'épaule gauche tombante, comme si deux mille ans d'exil, de souffrance avaient choisi cette seule épaule pour s'y accrocher. L'épaule gauche, la plus proche du cœur.
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L'Amérique ne m'a pas plu. Ce fait a été déterminant. Ce n'est pas un pays pour moi. J'y avais beaucoup d'amis mais j'ai toujours eu l'impression d'être devenu un numéro dans une société de robots. Tout est automatisé. Des machines superficielles. J'ai découvert l'Amérique depuis le bas de l'échelle. Tout y est axé sur l'argent.
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(Edgar Hilsenrath aux jeunes Allemands) :
lisez mon livre… Mon livre contre la violence et la barbarie.
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Le crépuscule tombait. Encore un jour absurde qui touchait à sa fin.

[...]

Le Dniestr offrait ce jour-là un spectacle idyllique. Au crépuscule l’eau prenait une couleur plus tendre, une couleur entre chien et loup, mélange de gris, de noir et de brun, étrangement indéfinie. Le fleuve paraissait aussi couler plus lentement, mais ce n’était qu’une illusion. A cette heure du couchant, il donnait l’impression de s’étendre à l’infini, comme s’il venait de nulle part et n’allait nulle part, telle une ombre glissante dans un paysage silencieux et rêveur.
Deux cadavres flottaient paisiblement sur le fleuve : un homme et une femme. La femme voguait un peu à l’avant de l’homme. On eût dit un jeu amoureux. L’homme essayait sans cesse d’attraper la femme, sans jamais y parvenir. Un peu plus tard, la femme dériva légèrement sur le bord et fit risette à l’homme, qui lui rendit son sourire, puis la rattrapa. Son corps heurta le corps de la femme.
Les deux cadavres se mirent alors à tourner en cercle ; ils se collèrent un moment l’un à l’autre, comme s’ils voulaient s’unir. Puis, réconciliés, ils reprirent leur dérive.
Le crépuscule s’épaississait. Le vent rafraîchissait les deux corps, avec la même tendresse que l’eau, les berges et les champs de maïs de l’autre côté, sur la rive roumaine.

Encore un jour absurde qui touche à sa fin.
Deux enfants ont trouvé asile dans la cave du bordel... Dvorski est rentré chez lui... le coiffeur a fermé sa boutique ; il éteint à présent la lumière et s'allonge en toussotant à côté du garçon.
Dans le bordel, une fenêtre arrière donnant sur le fleuve s'ouvre à toute volée ; une femme jette une boite de conserve vide dans l'eau. Elle voit passer les deux cadavres, glousse et referme la fenêtre.
S'ouvre alors une fenêtre côté rue. Une fille de quatorze ans sort la tête. Plus personne dans la rue, pense-t-elle. Même pas la bossue. D'habitude elle cherche toujours le client à cette heure. Où est-elle ? A-t-elle harponné quelqu'un dans l'escalier de la cave ? Elle pouffe, essore vite une serviette mouillée au-dessus du trottoir désert... et referme la fenêtre.
Au même instant, dans l'asile de nuit, le carreau en carton est remis à sa place. Une patrouille qui passe lève des yeux blasés vers la ruine solitaire.
«Calme plat aujourd'hui» dit un policier à l'autre. Et ils passent leur chemin dans la rue silencieuse.
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La grande mode était d'être pâle, résolument pâle. On appelait cela une pâleur intéressante. Le paysan des environs, symbole des goys pour les Juifs du shtetl, était en bonne santé, vigoureux, hâlé, il avait des cheveux épais et des joues rouges, bref, tout ce qui était proscrit et considéré comme vulgaire et indigne d'un Juif. Les femmes juives préféraient les hommes pales d'aspect chétif, et les hommes au crâne dégarni. On disait d'un homme chauve,meurt out s'il était jeune, qu'il était intelligent et qu'il avait de la prestance. C'était quelqu'un. Un paysan n'était personne.mcalvitie et pâleur passaient pour des signes d'intellectualité, de sensibilité' et de puissance virile. D'un jeune Juif pale, l'air exténué, le crâne chauve, on disait : "On voit qu'il passe beaucoup de temps penché sur ses livres, ses yeux brillent malgré sa grande fatigue,ml'esprit de Dieu rayonne de son grand front. Un homme de ce genre respecte sa femme, engendre de nombreux enfants et loue le Seigneur."
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"C'est comme ça : un type s'en va, un autre arrive. Depuis toujours. Ainsi va le monde."
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Et moi, Max Schulz, j’ai toujours été un idéaliste. Mais un idéaliste d’une espèce particulière. Un idéaliste qui sait changer son fusil d’épaule. Quelqu’un qui sait que la vie est plus facile du côté des vainqueurs que des vaincus. C’est comme ça. Que je sois maudit si ce n’est pas la vérité.
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