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Critiques de Edgar Morin (275)
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Les stars

Once upon a time in Hollywood…



Edgar Morin est le philosophe de la pensée complexe. Le sociologue français, presque centenaire en 2019, a bien mieux compris que les pédagogues officiels la nécessité de penser complexe. De lier les choses entre elles, de ne pas séparer les matières pour fabriquer des esprits à casiers, dont nous sommes les victimes, mais pour fluidifier la pensée.



Ce qui frappe, ce sont les centres d’intérêts de Morin : il a la curiosité de tout. La preuve avec cet essai, que je relis avec plaisir, sur les stars (du coup j’ai mis plein d’étoiles dans ma note, pour les stars…).



***



Les stars de cinéma sont une mythologie. Pareils aux dieux antiques, les stars font l’objet d’un culte, demi dieux accédant, après leurs travaux herculéens sur grand écran, au panthéon d’Hollywood, aux Champs Elysées de Beverly Hills.



D’abord mystérieuses, inaccessibles, « so Greta Garbo », les stars, avec l’avènement du cinéma parlant et la massification du cinéma comme loisir, deviennent tiraillées par des exigences contradictoires. Être unique, raffinée, un modèle et tout à la fois simple et si proche du commun des mortels.



La dialectique de la star ne peut se faire sans son pendant. Un dieu n’existe qu’à mesure qu’il est adoré. Qui sacrifie encore au culte de Demeter aujourd’hui ?

Le fan(atique) est donc l’adorateur, le reflet qui fait briller la star. Le phénomène d’identification, le modèle, d’adoration quasi-désintéressée est similaire à la pratique d’un croyant.



« A star is born ». Mais pour joindre les deux maillons de cette chaine, le Dieu et son fidèle, il faut un conducteur : le clergé (c’est mon interprétation de ce que Morin avance). Les studios hollywoodiens créés et entretiennent le culte.

On lance une star au regard du nombre de courriers de fans qu’elle reçoit. On invente de toute pièce une personnalité, des hobbies, des intrigues et des romances. Comme peut-être, je dis cela prudemment, dans d’autres cultes, on a un peu l’impression que le prêtre (le producteur) fabrique un Dieu qui sera adoré par les fidèles et dont il percevra la majorité des dons et gains…



“- Faites-moi une vedette

- budget habituel ? ”



« La star-mania ». Les fidèles sont en quête de nourriture spirituelle, en témoigne le courrier des fans, et l’auteur d’ajouter qu’il est à peine exagéré que de dire que le cinéma est fait pour les adolescents. Une enquête sociologique montre que les adolescents sont d’abord amoureux des stars. Les quelques courriers de la « fan mail » de Luis Mariano reproduits par Morin nous montre que la star, oracle de Delphes, grand frère bienveillant, objet de culte, reçoit moultes offrandes et peut répondre sur absolument tous les sujets, vie amoureuse, professionnelle, philosophie etc…



“Nul n’est vraiment athée qui fréquente les salles obscures”



La star-marchandise est également un nouveau type d’acteur. Là où le théâtre amplifiait l’émotion, la technique cinématographique, les sons et lumières, permettent une « mezzo-vocce », le murmure, on soustrait plus qu’on ne multiplie. La lumière, le décor, qui étaient accessoires au théâtre deviennent prépondérant, au détriment de l’acteur de cinéma.

« La beauté est actrice de cinéma ». Si bien que l’on considère que n’importe qui peut tourner au cinéma, les hommes du peuple du cinéma soviétique ou bien les personnalités qui jouent leur propre rôle. Les acteurs se vivent parfois comme les pantins, les mimes du réalisateur. Pour parvenir à ses fins, nous avons tous déjà entendus quelques anecdotes troublantes de tournage, le metteur en scène peut gifler pour faire pleurer, chatouiller pour faire rire, voire même pousser au crime (Dernier Tango à Paris…).



La star, mythe et objet devient ce qu’on appelle aujourd’hui un « influenceur ». La chemise sur peau nue, sans tricot de peau, de Clark Gable eu un impact économique qui poussa le syndicat des bonnetiers à demander le retrait de la séquence. Les rouges à lèvres laqués des stars encouragent les femmes élégantes, les cheveux de James Dean révolutionnent les salons de coiffure, à l’avant-garde, la star dispute la « fashion police » aux traditionnelles maisons de haute couture qui avaient jusqu’alors l’empire jusque sur la longueur de la jupe.



***



Le star-system, époque de l’euphorie, va décroitre dans les années 60. Morin met cette chute en perspective avec la consommation culturelle des masses qui redéfinit le bonheur non pas comme état de fait subissant des agressions extérieures identifiées, le héros contre l’ennemi, mais qui devient problème inhérent. Ce n’est pas à dire que l’âge d’or du cinéma était parfait mais il fallait donner une image plus lisse, plus manichéenne, les amours homosexuels de Marlène Dietrich, James Dean, Rock Hudson, Montgomery Clift ou encore Marlon Brando étaient cachées, de même que les dépressions, les excès des Joan Crawford, Humphrey Bogart, Richard Burton, Judy Garland ou Bette Davis.

A présent, Les acteurs sont tourmentés, ce ne sont plus des héros lisses et faits d’un seul bloc, on glisse vers la problématique du bonheur. Cela reflète les tourments de la bourgeoisie et des classes moyennes accédant à un mode de consommation, de loisirs, du couple loin de celui du cinéma, d’individualité qui ne suffit plus.



Si la mort spectaculaire de James Dean reste un accident du « golden age », le suicide de Marylin Monroe entre davantage en résonnance avec l’état général de déperdition du star-system. Désormais les dépressions sont connues, les villas et les parties californiennes ne sont plus une norme sociale agréable mais des paradis artificiels. Les stars restent divinités mais ne sont plus modèles. On se délecte de leurs malheurs, les grecs avaient Homère pour les scandales des Dieux, nous avons les « Commères » de France Dimanche et Ici Paris dans les années soixante. Les révoltes étudiantes et les hippies, la télévision, la musique participent également à faire dégringoler l’influence économique et culturelle du cinéma, les Bogart et Grant sont morts, sans héritiers.



« A new star-t. » Mais des ferments de cette décadence, arrive un nouveau cinéma. En Italie, la « Dolce Vita » de Fellini immortalise et tourne en dérision la vie matérielle et ses tourments, en France, la nouvelle vague voit l’ascension de réalisateurs et de films à petits budgets sans stars se rapprochant même de la littérature (Resnais fera appel à Duras pour « Hiroshima Mon Amour »), le cinéma new-yorkais underground voit le jour. Désormais Godard et Hitchcock sont plus connus que leurs vedettes, les acteurs d’« Easy Rider » sont issus de la contre-culture, James Bond est plus connu que Sean Connery etc. Si les étoiles d’hier, à l’image de Lauren Bacall, sont balayées, certaines arrivent à faire une transition, passant des super-productions aux films d’auteurs, comme Richard Burton et Elizabeth Taylor immortalisant leurs excès et leurs malheurs dans « Who’s afraid of Virginia Woolf ».



***



Pour le plaisir du cinéma, de la sociologie et de plein d’autres sujets liés pour un panorama complexe mais accessible, on a plaisir à lire l’auteur sur Ava Gardner repoussant les limites de la sensualité féminine, James Dean, l’icône de la star complète et Chaplin, « Charlot » ou l’accession du comique au rang de star. Morin passionné, passionne. Jane Fonda disait « rester toujours intéressé c’est bien plus important que d’être intéressant » et bien je crois que Morin arrive à faire et être les deux !



La réflexion, de l’aveu même de l’auteur dans sa préface pour une édition postérieure à l’originale (préface des années 80 et original de 1957), reste à mener tant les mutations sont à l’œuvre. Ainsi me suis-je permis quelques références à des films en écho avec le propos du livre.

On peut penser à un prolongement de la réflexion dans les années 2000, où, grâce aux réseaux sociaux, tout le monde est une star…



Qu’en pensez-vous ?

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Écologiser l'homme

Trois raisons d'espérer, ouf ! c'est ainsi que se termine ce recueil d'articles d'Edgar Morin dont je vous mets les titres. Une synthèse de sa pensée sur les thèmes écologiques, pensée inclassable, luttant depuis toujours pour lever tous les cloisonnements de la pensée qui enferment l'être humain dans des prisons conceptuelles.



Dans la pensée d'Edgar Morin, telle que je la comprends, il y a la nécessité de repenser le Monde dans sa globalité, de revoir les structures conceptuelles, le cloisonnement des sciences, de bâtir un nouveau modèle politique, social et scientifique, d'accoucher un nouvel être humain dans sa dimension planétaire. Pas de simplisme, pas de militantisme borné, un appel à la sensibilité, à la solidarité, à l'espoir.



Science, conscience et inconscience écologique

L'an I de lère écologique

La pensée écologisée

Planète en danger

Energie, écologie, sociologie. de la politique de l'énergie à la politique de civilisation

Au-delà du développement et de la globalisation

Les leçons du tsunami

Pour une croissance des solidarités

Bâtisseurs d'espérance

Les trois principes d'espérance dans la désespérance



Un livre reçu pour Masse Critique. Grand merci à Lemieux éditeur et à Babelio.
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Leçons d'un siècle de vie

Comme le formule si bien notre camarade, gill, « Il est toujours très enrichissant, salutaire même, d'écouter un ancien, de profiter d'une réflexion forgée à l'expérience et polie par la sagesse”



Cette lecture choisie pour l'offrir à des amis, je l'ai lue avec intérêt et curiosité , car il m'a permis de prendre connaissance dans les grandes lignes du parcours du philosophe-sociologue et de ses principaux écrits !



« Qui suis-je ? Je réponds : je suis un être humain. C'est mon substantif. Mais j'ai plusieurs adjectifs, d'importance variable selon les circonstances ; je suis français, d'origine juive sépharade, partiellement italien et espagnol, amplement méditerranéen, européen culturel, citoyen du monde, enfant de la Terre-Patrie. Peut-on être tout cela en même temps ? Non, cela dépend des circonstances et des moments où tantôt l'une tantôt une autre de ces identités prédomine.

Comment peut-on avoir plusieurs identités ? Réponse : c'est en fait le cas commun. Chacun a l'identité de sa famille, celle de son village ou de sa ville, celle de sa province ou ethnie, celle de son pays, enfin celle plus vaste de son continent. Chacun a une identité complexe, c'est-à-dire à la fois une et plurielle. (p.9)



Edgar Morin, le philosophe-sociologue, directeur de recherche au CNRS, demeure à cent ans… préoccupé par les tourments et les inquiétudes émergentes de son époque… Un récit qui se lit d'une traite tant le propos est clair, fluide, bienveillant, ouvert, toujours dans l'exigence de REFLEXION sur « nos » erreurs….Il reconnaît les deux erreurs de sa jeunesse , erreurs d'appréciation et de jugement, comme à la veille de la Seconde guerre mondiale, où influencé par ceux qui avaient fait la grande guerre, pensait que la voie pacifique avec l'Allemagne était souhaitable et que la guerre était évitable. La seconde erreur vu sa conversion au communisme… Choix et adhésion pendant six ans ; il finit par ouvrir les yeux, et reconnut que finalement le positif de cette expérience fut qu'il vécut et fut poussé à réfléchir sur toutes les montées des totalitarismes…



Edgar Morin nous raconte sa longue vie, et dans un même temps les grands événements et bouleversements de l'Histoire du XXe. Il nous raconte son enfance, sa jeunesse d'orphelin, le drame jamais cicatrisé de la perte à dix ans, de sa mère, ses engagements, ses erreurs, ses doutes, l'importance vitale que les livres ont représenté ; Parmi ses figures tutélaires : Montaigne, Dostoïevski, Anatole France, etc., ses amours, ses amis,ses voyages, la rédaction et le mûrissement de ses livres, de sa réflexion, de ses recherches ainsi qu'un double amour infini de la Vie et de la Connaissance…



Il explique aussi fort bien qu'il inaugurait vers 1946 un mode de connaissance transdisciplinaire où il mêlait l'Histoire, la sociologie et la psychologie…ce qu'il approfondi et élargi toute son existence… Je finis ce rapide billet…avec une très belle déclaration envers son appréhension de la complexité de la Vie.

« Credo



Parfois je suis submergé par l'amour de la vie. Quelle beauté, quelle harmonie, quelle unité profonde, quelle complémentarité et solidarité entre les vivants ! Quelle force créatrice pour inventer des myriades d'espèces animales et végétales singulières !

Parfois je suis submergé par la cruauté de la vie, la nécessité de tuer pour vivre, son énergie destructrice, ses conflits, avec toujours le triomphe de la mort. Puis je réussis à réunir, maintenir, lier indissolublement les deux vérités contraires. La vie est cadeau et fardeau, la vie est merveilleuse et terrible. (p. 137)”



Cette lecture est très stimulante, constructive, incitant à la réflexion et à l'autocritique régulière…Un parcours exceptionnel d'un humaniste brillant, ayant conservé dans ses paroles ,fraîcheur de pensée , esprit combattif et réfléchi, ainsi qu'une simplicité confondante dans sa manière de nous présenter son très riche parcours d'érudit et de chercheur .En sus, ce récit me donne l'envie de lire ses essais, de relire Dostoïevski, ainsi que le texte tardif d'Edgar Morin sur la disparition prématurée de sa maman, « L'Ile de Luna » [Actes Sud, 2017).

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Leçons d'un siècle de vie

Il est toujours très enrichissant, salutaire même, d'écouter un ancien, de profiter d'une réflexion forgée à l'expérience et polie par la sagesse.

"Leçons d'un siècle de vie" est un vagabondage de pensées accroché à la biographie de son auteur.

Et son auteur, Edgar Morin, est un homme qui a fait de la pensée son métier, qui a fait de la réflexion le ressort de sa plume.

Ce livre est un livre généreux en bons sentiments.

Son propos est de tirer des leçons mais de n'en point donner, d'inciter à vivre et à trouver sa voie.

Il se lit agréablement, et aisément sans se perdre dans des méandres philosophiques compliquées.

Mais pour autant, même s'il contient quelques paragraphes intéressant, ce livre ne fera, je crois, pas date.

Il est d'abord très égo-centré, et quelque peu naïf à ses entournures.

Et puis, par instants, l'essai semble se transformer en auto-promotion de l’œuvre de son auteur, en prière même de la reconnaître et de la mettre en valeur.

"Leçons d'un siècle de vie", nous dit la quatrième de couverture, est une invitation à la lucidité et à la vigilance.

Mais la lucidité et la vigilance ne sont-elles pas accrochées à notre siècle plus qu'elles ne l'ont jamais été ?

J'attendais des pages de ce livre une mise en perspective, une réflexion plus profonde que ce qu'elles m'ont finalement offert.

Je suis finalement sorti de ma lecture assez déçu.

J'ai l'impression d'y avoir frôlé un propos enrichissant sans jamais entrer vraiment dans le fond d'une réflexion pertinente.

Le propos, je pense, n'est pas ici à la hauteur de sa signature.

Mais qu'importe, l'ouvrage est agréable à lire.

Et, surtout, incite à la discussion et à la réflexion.

Ce qui n'est déjà pas si peu ...





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Réveillons-nous !

Un presque pamphlet sur la France qui dérive, entre la France réac. qui prend le pas sur la France humaniste. Les Français ont oublié qu'ils ne sont plus sujets mais bien citoyens. Que les servitudes ont été remplacées par des droits ! Cela fait tellement écho à notre quotidien quand on ose y réfléchir. E. Morin touche par la pensée la où ça fait mal : par l'anthropologie, la sociologie, la philosophie, il nous décrit le monde dans lequel on vit et celui qu'on prépare : qui gagnera le libéralisme mondialisé ou la relocalisation raisonnée ? Des phrases énormes dans un si petit livre, on en voudrait encore : "L'anthropocène est aussi le thanathocène", par exemple.
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Leçons d'un siècle de vie

Edgar Morin fait partie des gens qui font avancer une civilisation. Comme Théodore Monod, Pascal Picq, Levi-Strauss..., pour rester chez les scientifiques que j'ai lu récemment. Ce sont des gens qui sont capables de dépasser leur domaine pour obtenir une vision globale des connaissances humaines. Leurs explications sont souvent limpides, au-delà des partis pris scientifiques, politiques. Ils rendent leurs lecteurs moins stupides, plus intelligents et leur permettent de pouvoir agir sur des bases solides. Ces auteurs se caractérisent souvent par leur très grande humilité devant tout ce que l'humanité ignore encore dans tous les domaines.

J'ai très peu lu Edgar Morin. Son dernier livre, écrit à 100 ans est le reflet de cette intelligence hors du commun. Il retrace son parcours scientifique et professionnel en le croisant avec son parcours de vie. Les deux sont indissociables, comme chez tout être humain. J'apprends que c'est le penseur le la complexité de l'être humain face à la complexité de la société. Il n'hésite pas à revenir sur ses erreurs, ses manquements, tant professionnels que personnels. Il n'hésite pas à prendre position contre la marche du monde actuelle qui nous mène très certainement à la catastrophe.

On ressort grandi de cette lecture que je conseille à quiconque souhaite s'élever un peu au-dessus de la fange médiatico-politique actuelle.
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Leçons d'un siècle de vie

Je suis un peu déçu par ce livre, sûrement que j'en attendais trop. Il m'inspire certes de l'admiration pour le parcours de vie incroyable de l'auteur, mais les "leçons" m'ont laissé sur ma faim. C'est la première fois que je lis Edgar Morin et je ne voudrais pas rester sur cette impression. N'hésitez à me recommander ses ouvrages qui vous semblent incontournables. D'avance merci...
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La Voie

Aujourd'hui, c'est le jour du dépassement, ce 29 juillet, nous avons épuisé le budget planétaire de ressources biologiques pour 2021 (selon l'ONG américaine Global Footprint Network). Dépassement qui se produit quand la pression humaine dépasse les capacités de régénération des écosystèmes naturels.



C'est une belle performance (olympique: plus vite, plus haut, plus fort!) après la baisse de 2020 liée au Covid19, l'économie repart comme avant et retrouve le niveau de 2019. Il faudrait 1,7 Terre pour subvenir aux besoins de la population mondiale.

A la question de Léonardo Boff : Une terre finie, peut-elle supporter un projet infini?



Il faudrait répondre que la mondialisation, l'occidentalisation et le développement vont avoir raison de notre mode de vie, heu de notre vie!



Edgar Morin propose une voie différente, de celle que l'humanité emprunte, qui s'appuie sur des réformes de vie, de pensée, d'éducation, de civilisation, etc. Sur des réformes solidaires.

Ce sont des réformes immédiates, impossibles maintenant, en apparence, mais, et c'est là le message d'espérance, tout a déjà commencé sans que l'on en ait pris conscience: à travers le monde des myriades d'initiatives fleurissent.

A cela, un surgissement de l'improbable, en pleine crise, devant un péril, du style quand tu as touché le fond... font que les choses peuvent changer finalement brusquement dans le bon sens.

Le pire n'est pas sûr.



Edgar Morin vient d'avoir 100 ans et il a encore toute sa tête, son exposé de 2011 transpire de son expérience de la guerre et surtout d'après guerre où il a fallu reconstruire. Il a consulté de nombreux spécialistes pour présenter, au terme d'un travail difficile, cette somme qui porte un message d'espoir pour l'humanité, malgré tout.

Un message de bienveillance qui détonne dans l'actualité.
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Dialogue sur la nature humaine

J'aime beaucoup Edgar Morin et Boris Cyrulnik !

Je connais " livresquement" le premier depuis 30 ans, l'autre depuis 10 ans. Ce sont deux philosophes, bien que l'un soit plus orienté sociologie et cognitivisme, et l'autre neurosciences.

D'ailleurs, dans ce "Dialogue sur la nature humaine", ils se complètent bien.

Les thèmes abordés sont nombreux. Par exemple :

"Le cerveau et l'esprit", c'est quelque chose de passionnant !

Les nombreuses "naissances" ou évolutions de nos sociétés aussi !

Nos deux vénérables compères s'interrogent sur les dernières sociétés, "les civilisations historiques", qui s'orientent vers l'abstrait et le virtuel, échappent à la nature, conduisent à tuer pour des idées, et amènent les génocides.

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Cette idée de génocides m'obsède car je ne la comprends pas. Je l'ai déjà exprimé, avec plus ou moins de violence, dans ma récente critique du superbe livre de Jim Fergus : "Mille femmes blanches".

Ou plutôt, je la comprends trop bien :

comme s'efforce de démontrer Nietzsche, l'homme est "Humain, trop humain", et il faut, comme Zarathoustra, franchir la rivière, et aller "Par delà le bien et le mal", le bien et le mal qui sont les critères hypocritement posés par l'homme, qui les utilise sans les respecter !

Friedrich Nietzsche en a souffert jusqu'à la folie ;

Stefan Zweig en a souffert jusqu'au suicide !

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Liberté, égalité, fraternité, belle devise en vérité, mais qui ne sert pas à grand chose.

Dans ce livre, Edgar Morin montre que la liberté peut être un permis de tuer, et qu'il faut aller vers la fraternité, et même s'il ne prononce pas le mot, il le démontre très bien dans un de ses ouvrages fondamentaux :

"Terre-Patrie" :

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"Au moment où les sociétés éparses sur le globe sont devenues interdépendantes, la prise de conscience de la communauté de destin terrestre doit s'imposer. Nous sommes solidaires dans et de cette planète. C’est notre Terre-Patrie." ( Edgar Morin ).

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Une dernière image me vient en rédigeant cette critique, c'est celle du miroir de l'exposition de 1963 :

"The most dangerous animal in the world".



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Frères d'âme

Il m’arrive une chose incroyable avec Pierre Rabhi. Depuis le début du coronavirus je dis : « En janvier 2020, un carottage dans un glacier himalayen a révélé 33 virus dont 28 inconnus. La fonte du permafrost risque de les libérer. Donc, à mon avis celui que nous vivons est de la gnognote avec ce qui nous attend. » Rabhi dit la même chose. Cela fait 30 ans que je revendique le fait que le trajet pour se rendre au travail devrait être rémunéré par l’employeur puisque c’est du temps à nous que nous lui donnons. Eh bien Rabhi dit ça aussi. Il y en a encore d’autres. C’est à croire qu’il est venu faire un tour dans mon cerveau.

Bref, entretien avec des frères d’âmes qui confortent ce que nous pensons et qui ouvrent des horizons. Au final, une lecture qui fait du bien avec ce que nous vivons.
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Leçons d'un siècle de vie

Quel parcours de vie exceptionnel que celui d'Edgar Morin ! Au travers de son ouvrage "Leçons d'un siècle de vie", il se propose par une longue confession de nous faire part de ses observations sur le monde tel qu'il l'a vécu et vu évoluer depuis un siècle.

J'ai ainsi pu identifier la ligne de pensée de ce philosophe et sociologue de renom et surtout apprécier sa clairvoyance, ses idées sans avoir eu l'occasion jusqu'à présent de me plonger dans son abondante littérature.
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Réveillons-nous !

La France humaniste est en crise.



Cette France qui depuis la Révolution a coexisté avec une France plus réactionnaire, qui elle même a tout récemment encore trouvé son théoricien-polémiste en la personne d'Eric Zemmour.



Cette crise est multiple et nécessite selon Edgard Morin une révolution paradigmatique et de nouvelles politiques :

-de la production ;

-de la solidarité ;

-de l'éduction ;

-de réforme de l'Etat ;

-de civilisation.

Elles ouvriraient ainsi vers un espoir, en misant sur l'improbable, sur la créativité humaine et sur l'impossibilité pour ce système de durer à l'infini...



A mon avis :

En 80 pages, Edgard Morin fait l'analyse de notre société, de ses défauts, de ses fondements, économiques, sociaux, culturels.



En posant ces constats, il nous emmène vers ce qu'il imagine être notre planche de salut : faire preuve de plus d'humanisme.



Débat intéressant, peut-être un peu simpliste et réducteur, mais qui à l'avantage d'ouvrir nos esprits sur le thème du devenir de notre société.



Essai très facile à lire, à comprendre et didactique, il est rapidement parcouru, mais n'est pas non plus révolutionnaire, ni dans son constat, ni dans ses propositions.



Bon voilà quoi... rien de bien transcendant...



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https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
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Penser global : L'homme et son univers

Excellent résumé de la situation actuelle de l'humanité, de notre société humaine globale. Edgar Morin reprend depuis le début l'histoire de nos origines, depuis le Big Bang pour nous prévenir de ce qui nous attend si nous ne changeons pas de cap. Il fait la différence entre le global et le local qui sont complémentaires et qui nous obligent à une réponse commune en tenant compte de nos diversités. Il replace l'homme dans l'univers. Il est de ses penseurs qui, en quelques pages, savent dresser un bilan de l'humanité. Avec un vocabulaire simple, il sait captiver le lecteur, sans le perdre avec des termes abscons ou des raisonnements incompréhensibles. C'est le premier livre que je lis de Edgar Morin et certainement pas le dernier. Ses réflexions rejoignent celles de Harari ou de Testot sur l'histoire et l'avenir de l'humanité. Il serait vraiment temps qu'on prenne la mesure de l'urgence.
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Face à l'univers

Enfin ! Après plus de deux semaines sans lire autre chose que des textes professionnels techniques et juridiques, j'ai réussi à trouver une fenêtre de lecture, tandis que le manque se faisait sentir trop durement. Pour ce retour à une alimentation plus naturelle, j'ai repris en douceur en choisissant un ouvrage d'une centaine de pages de Trinh Xuan Thuan, brillant astrophysicien qui enseigne aux États-Unis, mais vulgarise dans la langue de Molière à laquelle il manifeste un attachement viscéral. Adepte de la philosophie bouddhiste, il aborde dans ce livre, l'univers et ses mystères qu'il rend accessibles au néophyte et nous entraîne dans son questionnement par le truchement d'entretiens avec d'éminents personnages qui marquent leur époque dans des domaines aussi divers que la peinture, la littérature, la biologie, la science, l'agriculture et la philosophie. Ces grands noms partagent leurs interrogations devant l'immensité du vide de nos connaissances, qui mêlent dernières découvertes scientifiques et concepts théophilosophiques. Face à l'univers, je me sens aussi ignorant et humble qu'eux. Comment ne pas l'être lorsque 95% de sa composition (énergie noire et matière noire) demeure au-delà de l'état actuel de la compréhension humaine ? Je ne regrette pas ce moment passionnant et me suis pris à espérer que de mon vivant, le mur de Planck serait franchi, et que l'on pourrait remonter plus près du Big Bang et voir peut-être, "Le visage de Dieu", titre du livre des frères Bogdanov.
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Le sport porte en lui le tout de la société

J'aime bien Edgar Morin.

Vous le voyez déguisé en sportif, avec ses yeux en amande et son sourire bouddhique ? A 99 ans, pourquoi pas ? Il a fait, dans le passé, du vélo et un peu de foot. Ça conserve :

Tout sourire, le cycliste français de 105 ans Robert Marchand a établi un record de l’heure sur piste !

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De quoi parle ce petit livre ?

Le dada d'Edgar Morin est « la pensée complexe ». Pour la définir, il prend l'exemple du tissage : l’œuvre réalisée ne peut être admirée qu'une fois le tissage réalisé. Pour analyser un phénomène, il faut donc le voir dans son ensemble synthétique, avec toutes les interconnexions de sciences et de savoirs réunies.



Il veut ici appliquer la « pensée complexe » au sport .

En effet, pourquoi ( .nous sommes en 2010 ) ne pas fusionner, compléter les recherches sur l'extrême complexité du cerveau humain, quand on ne sait pas exactement ce qui se passe entre les interactions milieu-perception-choix stratégique-action ? La neuroscience est concernée, la psychologie aussi, d'autres sciences aussi : le décloisonnement scientifique s'impose !

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Après quelques pages digressives sur l'analyse intéressante de la devise française « Liberté-égalité-fraternité », et quelques considérations sur l'épée de Damoclès qui menace l'avenir de notre « Terre-Patrie », il rentre dans le vif du sujet, et compare le sport à d'autres domaines humains comme la politique ou l'économie.

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Le parallèle est saisissant  entre ces trois domaines, on peut le considérer comme une analyse de la complexité :



SPORT_______________ECONOMIE__POLITIQUE

Stratégie d'attaque (foot)_idem_____idem

compétitions =====> concurrence => élections ;

argent________________argent_________argent !

Nationalisme (foot)___douane_______président

pacifique_____________absorptions_____guerres

triche_____________caisse parallèle____triche

fête_______________________ ??_________fête quand succès.



Donc, selon E.Morin, le sport porte en lui le tout de la société !



Mais selon l'auteur aussi, le sport est essentiellement pacifique, contrairement aux deux autres domaines, car il fait travailler la fonction ludique de l'homme. C'est l'Homo Ludens.

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Mes impressions sur ce livre sont favorables, car j'aime bien son style et ses idées, son esprit synthétique très intéressant...

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1 ) ...bien que ce soit un peu « le bazar », car il part souvent dans tous les sens !

Que vient faire là-dedans la superbe analyse de la devise française ?



2 ) Il y a quand même un point sur lequel je ne suis pas d'accord, mais cela n'engage que moi : l'auteur compare la valeur économique de Maradona à celle de Picasso. L'argument est :

sa rareté.

Bon « Ah que Johnny » aussi était rare ?... Hum, bon, cette question est un débat à elle seule...



3 ) J'ai quelques anecdotes sur ce qu'il évoque, car le sport est un peu mon domaine.

Par exemple, quand il parle de Jean-Marie Brohm en tant qu'ami, cela ne m'étonne pas, sociologues tous les deux, ils doivent presque être de la même génération, et les thèses de Brohm sont séduisantes.

En préparation de CAPEPS, une prof baba-cool, mais à forte personnalité, Françoise Labridy, nous invitait à suivre ses arguments communistes, et « Sociologie politique du sport » est très bien écrit. Certains d'entre nous se sont lancés à fond...Bon, ceux qui ont suivi ce chemin n'ont pas eu leur concours.

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4 ) Le sport est une fête, dit-il.

Passionné de baseball, j'ai eu la chance d'assister à Montréal à :

Montréal VS Cardinals de Saint-Louis, USA ; incroyable, cette ambiance, stigmatisée par les tableaux électriques, et dans les couloirs sous les gradins, les battes de baseball de grands champions signées !

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5 ) Rester jeune est un impératif au XXI è siècle... ah, encore une mode !... Et donc le sport loisir y participe.

Edgar parle de « l'apparence », et là encore, je ne peux m'empêcher de penser au Mythe de la Caverne ..Et d'ailleurs, ce mythe, en prolongeant le parallèle de l'auteur, se retrouve en politique...

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Dans l'ensemble, c'est un bon livre, agréable à lire !
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Leçons d'un siècle de vie

Faut-il atteindre 100 ans comme Edgar Morin pour avoir une telle sagesse ? Il y parle des tourments de notre temps comme le Covid, mais aussi de sa vie avec de nombreux renvois vers ses autres livres.

Intelligence, simplicité, honnêteté. Tels sont les atouts de cet homme qui nous raconte, assez brièvement, les événements mondiaux qu’il a traversé, ses rencontres, les auteurs lus. Petit livre pour un grand homme.
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Changeons de voie : Les leçons du coronavirus

Edgar Morin vient de fêter ses 99 ans et on lui souhaite encore une longue vie! Ce livre écrit au moment de la crise du Coronavirus nous permet de prendre du recul sur cette crise qui a secoué la Terre entière et de dégager quelques conclusions intéressantes.



Ce court essai nous permet d'avoir un aperçu de sa vie longue et riche.. Après un passé bien rempli de résistant et de communiste, Edgar Morin a été sensibilisé assez tôt à l'écologie dès les années 70, marqué par le rapport Meadows de 1972, du nom de l'enseignant du MIT qui, l'un des premiers, a tiré la sonnette d'alarme sur la dégradation de la biosphère. Cette prise de conscience de l'écologie a été longue, regrette Morin, sans doute en raison d'une culture où la Bible, la philosophie, les sciences humaines ont pendant longtemps, disjoint nature, culture et règne animal.



Après ce préambule Edgar Morin revient sur cette crise que nous traversons et souligne qu'elle met en relief les faiblesses de la France.. pour n'en citer que quelques unes, l'excès de la bureaucratie, une centralisation excessive qui a empêché souvent les Territoires et collectivités locales d'exercer leurs compétences, le parasitage de certains ministères par les lobbies et firmes pharmaceutiques, la suprématie des spécialistes sur les généralistes avec par exemple les restrictions énormes qui ont été imposées aux médecins généralistes pour ce qui est du traitement des malades du Covid.



Une crise qui a, comme le souligne l'auteur, montré l'émergence de certains pays, là où on ne l'attendait pas: il cite le cas du Maroc qui a su s'adapter rapidement, augmenter la capacité en lits de réanimation et fournir assez vite des masques lorsque nous étions encore en pleine pénurie.

Cette crise est l'occasion aussi, et Morin insiste là-dessus, de revaloriser les professions habituellement dévalorisées: enseignants, soignants, caissiers...



Face à ce constat "lourd" il faut bien le dire, Edgar Morin ne propose pas de solution miracle mais il évoque plusieurs axes à prendre en compte:



- favoriser le travail par rapport au capital

- réinventer une nouvelle mondialisation qui s'accompagnerait parfois de "démondialisations" dans les secteurs vitaux comme la santé ou l'alimentation,

- réformer les administrations mais cela impliquera de gérer des transformations humaines et sociales,

- dynamiser la démocratie participative en faisant attention aux dérives que cela peut impliquer: absence des femmes ou des personnes en difficulté, risque de leadership des "forts en gueule"...

- enfin et c'est là que c'est le plus difficile, Edgar Morin propose d'inventer une nouvelle forme d'humanisme, une prise de conscience de la communauté de destin terrestre. Ce serait le message le plus fort, selon lui, de cette crise du Coronavirus.



Comme il le dit si bien, "nous sommes des êtres anthropo-bio-physiques, fils de la Terre." Un des effets de cette prise de conscience pourrait être l'établissement d'un service civique de solidarité.

Bien sûr tout cela n'est guère évident et parfois on a l'impression d'assister à des "voeux pieux" mais les perspectives données sont tout de même intéressantes.



ET enfin, l'auteur nous propose de redessiner une civilisation occidentale qui garderait ses valeurs de pensée critique et autocritique, les principes démocratiques, les droits de l'homme et de la femme mais qui saurait s'ouvrir sur certaines valeurs des civilisations traditionnelles (relation avec la nature, liens sociaux communautaires..)

La démarche d'Edgar Morin est très belle, il arrive à saisir le "positif" (si tant est qu'on puisse parler de "positif") dans cette crise terrible qui secoue le monde entier.

Ce confinement selon l'auteur aurait montré ce qu'il y a de superflu dans nos vies et partant de là, ce pourrait être la voie vers de nouveaux paradigmes.



Je n'avais jamais lu de livres d'Edgar Morin, j'ai apprécié celui-ci qui montre les grandes capacités de synthèse de l'auteur qui nous fait ressortir de manière admirable les tenants et aboutissants de la crise.

Son point de vue est souvent original et montre une grande connaissance des différentes civilisations.



Un petit mot pour terminer et pour souligner que la vie d'Edgar Morin est vraiment exceptionnelle: il a perdu sa maman à l'âge de 10 ans, sa maman étant décédée des suites de la grippe espagnole qui a causé bien plus de morts que celle que nous traversons, épidémie du début du 20 ème siècle et le voici affrontant maintenant presque centenaire l'épidémie de Coronavirus....
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Dialogue sur la nature humaine

C'est un dialogue très riche sur l'interdépendance entre l'affectif et le logique, le culturel et le psychologique, le cérébral et le biologique dans la construction de l'être humain.

Difficile de résumer cet échange foisonnant, on peut donner quelques clés:

l'intelligence et l'affectivité croissent l'une avec l'autre; il n'y a pas de hiérarchie établie une fois pour toutes mais des hiérarchies en permanente permutation, ordre et désordre se relaient dans la construction de l'être humain.

Ce livre court mais dense permet d'appréhender les clés nous aidant à nous forger, devenir soi-même pour mieux rencontrer l'Autre qui est aussi un autre soi-même.

Boris Cyrulnik est neurologue, psychiatre, psychanalyste et éthologue.

Edgar Morin est sociologue, philosophe et anthropologue.

La diversité de leur parcours, leurs approches très différenciées nourrissent l'échange tout au long de ce livre.
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Introduction à la pensée complexe

Il y a 98 chroniques à son nom sur babelio, c'est aussi son âge. Avec ma chronique il aura 99 ans, désolé cher Edgar Morin. J'ai bien aimé ce livre car j'ai sans cesse mis en parallèle le Brexit.

Rassurez vous ce livre n'est qu'une introduction à la pensée complexe, fort heureusement, car il a publié sa méthode en six tomes.





Dès l'introduction, il nous glisse cette remarque, "La complexité ne saurait être quelque chose qui se définirait de façon simple". Cela m'a bien rassuré. Il ajoutera dans sa préface que la complexité est un mot problème non un mot solution.





La quatrième de couverture est pour le néophyte plus convainquant puisque dit-il, "nous demandons à la pensée de dissiper les brouillards et les obscurités". Je fonctionne ainsi, enfin je le crois.

Pour ne pas confondre complexité et complétude, je vous suggère ces quelques traductions de termes parfois éloignés de notre langage courant.



complétude soit : état ou caractère de ce qui est complet, achevé,

incomplétude : l'inachevé

la complexité : jamais content

la complexité : l'incertitude ou l’ambiguïté

le paradigme: un modèle une façon de voir les choses, exemple : la terre est plate

dénotatif : le sens du mot , sans superflu, pas imagé



Je suis preneur de toute définition utile pour la compréhension de l'ouvrage, n'hésitez pas à m'en proposer d'autres. ( Concernant l'ouvrage de Paul Tillich je m'étais permis de suggérer quelques définitions du domaine philosophique) .





J'ai assez facilement décelé qu'Edgar Morin était sceptique sur bien des paradigmes actuellement en vogue, qu'il était méfiant des aveuglements de la pensée et de ce qu'il appelle "la pathologie du savoir".

D'où cette forme suprême du doute, je doute de tout. Néanmoins il y a une chose qui revient souvent c'est le concret, sur lequel il aime revenir, celui-ci lui offre des bases de réalité non ambiguës.





La façon dont il aborde le domaine de l'intelligence et de la pensée est subtile. Pour lui la pensée est fluide, instable, en évolution permanente et on pourrait ajouter insaisissable . De plus "la raison évolutive, porte en elle-même son pire ennemi, la rationalisation".

C'est la rationalisation qui risque de l'étouffer,"on peut appeler cela le délire logique ou le délire de cohérence qui cesse d'être contrôlée par la réalité dont nous partons".





En effet, rentrer dans le monde d'Edgar Morin c'est pénétrer le monde de l'incertain de l'ambiguïté de l'inachevé.



Le monde d'Edgar Morin c'est l'inverse du Brexit , prendre une décision par le biais d'un élément purement numérique, pour conduire une nation, vers un destin totalement inconnu.

Faire un vrai sondage robuste mais équivalent à un lancé d'une pièce, pile ou face.





Dans le monde de l'incertain, changer d'un paradigme à un autre totalement opposé et dont la future réalité est non testée c'est être devenu aveugle ou fou.



Dans l'usage professionnel des sondages, la notion de corrélation est essentielle. En fonction de l'ampleur des changements attendus on exige un 70% pour la solution choisie contre 30 pour la solution écartée. On affine aussi les questions, de fait un statisticien ne peux se résoudre à finaliser un problème sur une seule réponse à une seule question.





L'attitude des Anglais de considérer que le Brexit s'impose à eux pour 50 % plus epsilon, est pour une pensée logique, insensée. La réalité, c'est à dire la complexité doit s'imposer ce qu'Edgar Morin décline en, "ce qui ne peut se réduire à une idée simple".





N'importe qu'elle scientifique parlerait d' absurdité, ce que les anglais appelle a Palmerston Folly, du nom d'un premier ministre libéral Palmerston qui fit édifier des forts en pleine mer vers 1840 pour se prémunir contre une invasion française !



Quand affirmer que cette décision s'inscrit dans le domaine de la complexité au sens d'Edgar Morin c'est suggérer que la rationalité éprouve de la tolérance à l'égard des mystères de l'intelligence, page 156.

La vraie rationalité est profondément tolérante à l'égard des mystères.

P 156





Edgar Morin aux 140 livres a conservé un regard bienveillant sur l'auteure de Harry potter.

La raison est évolutive et va encore évoluer c'est là encore ouvrir un étonnant débat sur notre avenir, et ne parle t-il pas "de la préhistoire de la pensée" dans ses dernières observations..
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Réveillons-nous !

Edgar Morin fait une remarquable synthèse des causes de notre crise civilisationnelle actuelle. Certes, il n'apporte peut-être pas d'éléments nouveaux mais son analyse permet de faire le point. Notre système de société est à revoir dans son ensemble, humain, économique, technologique...

Certains lui reprocheront de déplorer la quasi absence actuelle de cette France qu'il appelle "humaniste" au profit de la partie qu'il appelle "réactionnaire". Pourtant, c'est à travers notre humanité que nous pourrons redonner du souffle à notre espèce. Je le rejoins complètement lorsqu'il affirme qu'il faut arrêter cette course folle à la croissance et au profit. La décroissance s'impose. L'homme n'est pas qu'un producteur consommateur. D'ailleurs, je suis persuadé que tôt ou tard, nous y viendrons par obligation, j'espère avant qu'il ne soit trop tard. Nos dirigeants n'ont aucune vision globale et tant qu'ils se sentiront à l'abri des bouleversements planétaires, ils ne changeront rien. C'est bien ce qui nous fait cruellement défaut.

J'ai découvert Edgar Morin tardivement mais c'est un penseur que je veux continuer à découvrir pour son regard aigu sur notre société et son humanisme.
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