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Citations de Edogawa Ranpo (84)


Étant condamnée à vivre en recluse avec lui dans ce coin perdu de campagne, elle avait appris que le dégoût qu'il lui inspirait rendrait leur vie insupportable et que seule une passion démoniaque lui permettrait de le surmonter. Puisqu'ils étaient comme deux bêtes enfermées dans une cage, le choix quelle avait fait de laisser libre cours à ses pulsions bestiales était au fond naturel. C'est ainsi que, progressivement, elle en était venue à le considérer comme un jouet grandeur nature dont elle pouvait user et abuser. Gagnée par la force animale avec laquelle il exprimait sans honte ses instincts, elle ne lui cédait en rien et était elle-même devenue insatiable.

"La chenille"
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Le lieutenant Sunaga n'était plus qu'une énorme chenille jaune. Les quatre petites poches bourrelées de ses moignons se repliaient sur elles-mêmes en une cavité de peaux froissées. Il se servait de ces quatre ailerons de chair pour ramper sur les tatamis ; en jouant de la tête et des épaules, il réussissait parfois à se soulever sur ses fesses pour tourner tout autour de la pièce comme une toupie.
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Renonçant aux subtils jeux des sens dont ils avaient l’habitude, ils se mirent à rechercher des sensations plus violentes.
Comme deux bêtes sauvages lâchées dans les ténèbres, ils prirent du plaisir à se mordre, à se frapper, à se blesser.
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Ce qui devait arriver à des gens vivant uniquement de leurs sens et menant une vie hors du commun arriva. Pour avoir épuisé toutes les ressources de leur sens du toucher, ils finirent par en être écœurés.
Pour tromper leur ennui, ils se mirent à jouer à deviner les infimes particularités du moindre recoin de leurs corps.
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Il ne reste aux aveugles que le son, les odeurs, le goût et le toucher. Le son, la musique, comme un vent trop violent, ne me suffisaient pas. Quant aux odeurs, malheureusement, le sens olfactif de l’homme n’est pas aussi développé que celui des chiens. Et la nourriture ne faisait rien d’autre que de me remplir le ventre. Je finis par comprendre que seul le toucher nous restait, à nous les aveugles, comme source d’un plaisir immense et sans cesse renouvelé.
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Le malheur, pour moi qui étais aveugle, c’était que je ne pouvais pas voir les jolies femmes ni les beaux paysages. Il y avait bien d’autres choses encore que mon regard ne distinguait pas, les peintures, les livres, le théâtre, la lumière du soleil, la couleur des nuages, ou encore la beauté de la lumière artificielle comme celle des lampes électriques. Je lisais des livres en braille, mais les conversations de mon entourage me faisaient envier ceux qui avaient des yeux. Je détestais mes parents qui m’avaient fait aveugle. Je haïssais Dieu. Mais il n’y avait rien à faire.
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C’était lui qui avait caressé sa statue de marbre au musée, qui s’était fait passer pour un masseur afin de mieux pouvoir la caresser, et qui venait de lui envoyer des fleurs. Ah, quelle terrible obstination ! Il était comme le serpent immobile devant sa proie, attendant de pouvoir la saisir.
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N'avons-nous pas d'autres occasions d'utiliser notre sens aigu du toucher en dehors des jeux de la chambre à coucher ?
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Sais-tu à quel point j'ai souffert quand tu m'as abandonné? Non, tu es trop insensible pour comprendre ces choses-là. Sais-tu combien de fois je suis venu rôder la nuit autour de chez toi, fou de désespoir? Devant le feu de ma passion, ton indifférence n'a fait que redoubler : d'abord tu m'as évité, puis tu m'as craint et tu as fini par me haïr. Peux-tu imaginer ce qui se passe dans le coeur d'un homme qui se sent détesté après avoir été aimé? L'amour se fait douleur, la douleur se fait rancune et la rancune croît jusqu'à se transformer en désir de vengeance.
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Je ne suis donc pas venu, messieurs, rechercher votre amitié : votre attention me suffira.
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J'avais lu "Le jeu du grenier" et il n'était pas question pour moi de prendre à la légère le récit en apparence extravagant de Shizuko. J'étais moi aussi en proie à une peur bleue ; j'eus la vision d'un énorme Shundei Oe, habillé en clown et coiffé d'un chapeau pointu écarlate, qui ricanait dans l'obscurité d'un grenier.
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Le jour viendrait où il ne pourrait plus se contenter de simples romans. Dégoûté du monde et de sa médiocrité, il avait trouvé dans l'écriture un refuge où déployer les fastes de son imagination. C'est pour cela qu'il était devenu romancier. Mais désormais, même les livres provoquaient en lui un profond ennui : par quel nouveau stimulant échapper au spleen ? Le crime, il ne restait que le crime. Devant ses yeux blasés, s'imposa la vision d'un monde où seul restait le frisson suave du crime.
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Certes, j'ai fait du récit du crime mon métier, mais cela n'implique pas que j'éprouve une attirance particulière pour le mal. Ce sont les déductions de l'enquêteur qui m'intéressent [...]
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Je me mis en maillot de corps et me glissait à l’intérieur. Comment vous dire, Madame, l’émotion qui me saisit en me retrouvant recroquevillé dans le noir... terré ou plutôt enseveli dans mon fauteuil comme dans une tombe ! À peine avais-je pénétré dans ce tombeau de cuir que l’obscurité m’avait englouti et dérobé au monde des vivants...
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Les deux exemples que je viens d’exposer devant vous montrent à l’évidence que les possibilités de crimes parfaits échappant à la justice des hommes sont quasiment infinies. Loin de m’épouvanter, cette découverte m’enchanta en me révélant qu’il restait dans le monde un espace inviolé où le crime pouvait s’épanouir. C’était merveilleux ! Comme les samouraïs du Japon d’autrefois, je disposais du droit de vie ou de mort sur le commun des mortels...
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Si ces petits plaisirs m’apparaissent frelatés et insipides, c’est qu’au moment où notre ami me proposa discrètement d’y participer, j’avais pour ma part découvert un autre jeu, épouvantable certes, mais pourvoyeur de sensations bien plus exaltantes. [...] Ce jeu peut se résumer en un seul mot qui sera capable, je crois, de vous faire frémir : le meurtre.
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Au moment où elle met le pied sur le rail, une rame express arrive à toute allure... Rassurez-vous, la distance est suffisante et la grand-mère a largement le temps de passer sans même prendre conscience d'un éventuel danger. Mais imaginez maintenant qu'au moment où elle s'engage sur la voie quelqu'un se mette à hurler "Attention grand-mère !" ; la pauvre femme affolée ne sait plus si elle doit avancer ou reculer... Que faire ? Si le conducteur du tramway n'a pas le temps de freiner, ces quelques secondes d'hésitation peuvent lui être fatales... Je dois avouer qu'une brave femme en fit la douloureuse expérience. Vous me pardonnerez de sourire au souvenir de cette triste histoire, mais, comme je vous l'ai dit, ce fut une de mes plus belles réussites dans le genre.

Qui peut se vanter, en effet, d'avoir assassiné quelqu'un en lui criant "Attention !" ? Et ce, en toute impunité car il faudrait avoir l'esprit bien tordu pour trouver une intention homicide dans ce touchant témoignage d'altruisme envers une personne inconnue aperçue en danger dans la rue ; la victime elle-même a dû mourir en éprouvant une certaine gratitude pour la personne qui avait crié dans son dos !
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Je me fais une joie de devenir l'esclave de ma reine.
Je ferais n importe quoi pour vous. Je peux même embrasser la semelle de vos chaussures.
En contrepartie, n abandonnez pas votre esclave.
Vous ne m'abandonnerez pas, dites ?
P22
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Elle avait l'impression que son embonpoint la trahissait et que le vieil homme n'était pas insensible à l'odeur de ses formes rebondies.(La chenille, p11)
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Les mots estropiés ou invalide n'exprimaient pas la réalité de l'état de son mari : on lui avait rendu une masse de chair difforme qui n'avait plus rien d'humain. Elle sentait également que les plaisirs honteux qu'elle irait du monstre étaient liés à une sensualité débordante qui travaillait son corps de femme de trente ans.(La chenille)
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