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Critiques de Edogawa Ranpo (131)
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Un amour inhumain

Je n'avais aucune idée de qui était Edogawa Ranpo, bien qu'il soit considéré comme le pionnier du roman policier à énigmes japonais, avant de plonger dans Un Amour inhumain, un recueil regroupant six nouvelles étranges et dépaysantes à souhait, publiées de 1926 à 1955 dans diverses revues. Ranpo maîtrise d'une main de maître l'horreur (Un amour inhumain), la cruauté (L'apparition d'Osei) et le macabre (La grenade) - mes nouvelles préférées -, jouant des ombres et des illusions avec une grande habileté. Illustrées par Suehiro Maruo, la couverture ainsi que le quatrième de couverture donnent joliment le ton, annonçant cependant un contenu plus licencieux qu'il ne l'est. Un auteur qui manquait à ma culture littéraire, et dont il me tarde de découvrir les récits policiers.
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La Proie et l'ombre

Une très agréable surprise. Une courte nouvelle policière qui donne envie de lire la suite à la fin de chaque chapitre; et qui vous tient en haleine. C'est un très bon polar qui donne envie de s'intéresser à la littérature japonaise et aux autres œuvres d'Edogawa Ranpo
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La Chambre rouge

Première approche d'Edogawa Ranpo avec ces cinq nouvelles qui suscitent un intérêt inégal, mais dont certaines sont d'une qualité exceptionnelle.



Dans la première du recueil, "La Chenille", Tokiko retrouve son mari soldat réduit à l'état d'homme-tronc, sourd et muet. Reclus dans leur maison, les époux vont engager un "jeu" pour le moins malsain.

Cette nouvelle est un tour de force, avec son érotisme frelaté et un personnage féminin à la psychologie fouillée. La Chenille joue sur la répulsion et le grotesque. J'avoue que sans etre particulièrement bégueule, on touche ici un point-limite pour moi, l'angoisse et le dégoût ayant pris le pas sur l'admiration face à ce récit parfaitement mené. Mais, en ce sens, le désir premier de l'auteur en écrivant cette histoire effroyable est comblé.



Passons à la seconde nouvelle, "La Chaise humaine". Un homme difforme et laid, fabricant de meubles de son état,  envoie une lettre à une écrivaine célèbre afin de lui exposer en détail son obsession. Esthétique, raffiné, érotique, dérangé, ce récit est un petit chef-d'œuvre, une perfection dans la progression de l'intrigue pour atteindre des tréfonds de perversité et quelques frissons sinistres, avant une chute à double détente, procédé que semble apprécier l'auteur en usant de cet effet ailleurs.



Les trois autres nouvelles ont des intrigues plus strictement policières, de facture plus classiques, même si leur construction narrative réserve quelques surprises.

Neanmoins, toutes ont en commun l'originalité de leur résolution, la subtilité et la délicatesse de leur écriture, alors même que les atrocités se succèdent.



Il me semble que chez Edogawa Ranpo, élégance et perversion se donnent la main. Je retournerai bientôt vérifier cela.
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Un amour inhumain

J’aime les auteurs qui ont une patte, qui savent donner une tonalité très personnelle, unique et singulière à leurs œuvres. Edogawa Ranpo est de ceux-là. C’est un auteur dont je suis coutumière et chaque fois que je me plonge dans un de ses livres, j’y retrouve avec bonheur les ingrédients qui donnent une saveur particulière à ses histoires : une sensualité teintée d’étrangeté, voire de perversion, un raffinement élégant, des personnages souvent tordus, des situations à la fois poétiques et grotesques. Ce recueil est du pur Edogawa Ranpo. Je ressors donc très satisfaite de ma lecture.



Le recueil s’ouvre sur la nouvelle qui lui donne son titre, « un amour inhumain ». Cette nouvelle est très réussie, invitant le lecteur dans l’intimité d’un couple dont le mari a un secret bien singulier. L’auteur s’est toujours intéressé aux personnages ayant d’étranges obsessions, cette nouvelle s’inscrit dans cette lignée. L’atmosphère à la tonalité quasi-surnaturelle et très japonaise est vraiment fascinante.



Le texte suivant, « L’apparition d’Osei », est tout à fait saisissante de cruauté. La relation, dès le départ teintée d’humiliation et de souffrance, entre Osei et Katukaro, trouve son apogée dans une scène très marquante tant est mise en lumière la malveillance d’Osei.



« Les canaux de Mars », récit sans véritable intrigue, plutôt porté sur l’onirisme m’a moins séduite même si l’écriture est belle et les images dépeintes évocatrices.



On retrouve un certain onirisme dans la nouvelle suivante, « Les crimes étranges du Docteur Méra » mais il ne s’agit ici que d’instaurer une atmosphère poétique et étrange comme cadre d’une intrigue savamment construite. Je ne suis pas fan des romans policiers à énigme et cet aspect est souvent présent dans l’œuvre d’Edogawa Ranpo. Mais chez cet auteur, ce côté whodunit ne m’a jamais dérangée, cet aspect ne prenant jamais totalement l’ascendant sur l’atmosphère particulière des récits. C’est le cas ici. Il y a bien une intrigue policière dans cette nouvelle, avec la question « qui ? » comme fil narratif mais ce qui est au cœur de l’histoire reste tout de même cette ambiance bizarre, poétiquement macabre.



« La grenade » se rattache encore plus au genre policier à énigme. Les questions « qui ? » et « comment ? » étant vraiment au cœur de l’intrigue. Mais celle-ci s’avère tellement tortueuse et tordue que c’en est un véritable plaisir même pour moi qui ne suis pas une amatrice du schéma classique indice-hypothèse-déduction. Il faut dire que ce schéma narratif est ici poussé à l’extrême au service d’une histoire particulièrement retorse. Morbide, tordu, subversif, ce récit est un de mes préférés du recueil.



Le recueil se clôt sur une nouvelle qui prend pour cadre un contexte inattendu chez l’auteur. En effet, cette dernière histoire se déroule pendant la seconde Guerre Mondiale. Mais, il s’agit bien d’une œuvre d’Edogawa Ranpo, aucun doute n’est permis. Malgré ce décor inédit (à ma connaissance) chez l’auteur, dès le début le ton est donné à travers ce personnage qui évoque la fascination quasi-érotique que le feu des bombardements lui procure. Propos assez provocateur d’ailleurs… La suite du récit confirmera qu’on est dans du pur Edogawa Ranpo, l’histoire mêlant Eros et Thanatos de façon outrancière et non dénuée d’une certaine ironie.



Décidément, cet auteur parvient toujours à me surprendre tout en restant le même et j’aime cette singularité qui se retrouve dans chacune de ses œuvres. Il ne m’a jamais déçue.

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Le Lézard noir

La littérature policière pourrait se rappeler de ce livre avec une bonne narration écrite avant les dégâts d'Hiroshima où on se laisse porter,surprendre et toucher par l'Antagoniste et Protagoniste !

Manipulation,Ruse,Vol,Enquête et Criminalité y sont bien mené par cet auteur japonnais qui admire Edgar Poe;

Il mérite mes 5/5 et je le recommande vivement👍
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Le Lézard noir

Le lézard noir est un très court roman (158 pages) qui nous plonge immédiatement au cœur de l'action ou, devrais-je dire, de l'intrigue policière.



Derrière l'aspect classique de ses intrigues, Edogawa Ranpo nous propose toujours de l'inattendu, du burlesque, une confrontation entre le "méchant", ici Mme Midirikowa, surnommée Le lézard noir pour le tatouage de lézard qui recouvre son bras, cambrioleuse, manipulatrice sans états d'âme, et un détective, Kogorô Akechi.



Midirikowa est prête à tout pour s'emparer d'un diamant d'une valeur inestimable afin de compléter sa collection.



Bien évidemment, Kogorô Akechi ne laissera pas cette femme s'en tirer à si bon compte.



Je sais qu'il ne plaira pas à tout le monde, mais personnellement, j'ai passé un super moment avec cette lecture. J'ai aimé l'écriture, le côté loufoque de l'histoire. L'auteur nous raconte jusqu'où va l'obsession, la noirceur de l'âme humaine, le pouvoir sur l'autre, la manipulation.



C'était bien plus profond et fouillé qu'il n'y paraît aux premiers abords, de quoi me donner envie de découvrir d'autres récits de l'auteur.



Le côté Arsène Lupin sans pitié est savoureux 😄 un roman noir à dévorer la nuit.


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Mirage

Cet ouvrage est un recueil de deux nouvelles "Mirage" et "Vermine ". De tonalités très différentes, elles ont un commun une introspection parfois dérangeante.

La première nouvelle "Mirage" raconte l'histoire d'un homme qui fait une rencontre singulière avec un homme et son étrange tableau. difficile d'en dire plus pour ne pas dévoiler l'intrigue.

La seconde nouvelle est plus sombre avec une analyse de la psychologie d'un meurtrier. Il n'y a pas d'énigme à vraiment dire mais plutôt une description de la folie meurtrière d'un homme à la personnalité plus que trouble. Cette nouvelle monte crescendo dans l'horreur avec une conclusion saisissante (même pour moi habituée au polar)

C'est un peu désuet (écrit en 2029) dans le récit mais "Vermine" anticipe les codes des thrillers contemporains.
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Les Premières Enquêtes de Kogorô Akechi, tome 1 : ..

Trois nouvelles dans cet ouvrage pour présenter le Sherlock Holmes japonais, Kogorô Akechi: une vraie beauté assassinée dans sa librairie alors que le narrateur a surveillé la porte pendant plus d'une heure sans voir l'assassin entrer, un fantôme qui hante un homme riche et le fils d'un général qui manque de se faire assassiner dans le bureau de son père. Voilà les trois enquêtes auxquelles se confrontent ce personnage visiblement mythique au pays du Soleil levant. J'ai été un peu gênée par les notes en bas de pages pour les traductions de mots japonais car je n'arrivais pas forcément à visualiser les scènes. Edogawa s'est beaucoup inspiré de Gaston Leroux et de Rouletabille pour ses mystères en chambre close, sans trop de surprise du coup. Rien de bien passionnant pour ces premières enquêtes qui présentent un personnage.
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La bête aveugle

Un livre atypique, en forme de fable morbide...

Un livre qui fait frissonner d'effroi.

L'écriture est élégante, le tout est prenant, mais peut-être pas à mettre entre toutes les mains car si l'auteur épargne le véritable gore, le livre donne tout de même au lecteur des images gravées assez glauques.

J’étais pour ma part assez fasciné par cette histoire perverse, cruelle et glauque.
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La Chambre rouge

LA CHAMBRE ROUGE, Ranpo Edogawa



✨Franchement j’ai adoré ce recueil et hâte de découvrir d’avantage le travail de Ranpo Edogawa. J’ai l’impression que c’était une bonne entrée en matière dans l’ERO-GURO (avec certaines nouvelles), mouvement littéraire associé à cet auteur comprenant érotisme macabre et grotesque.✨



🔎Cette jolie réédition, comprend 5 nouvelles, avec en début une mise en contexte historique et anecdotique



Voici mon avis :



🐛La Chenille (1925) : Ultra glauque. Un glauque assez malsain. Une femme qui joue de l’infirmité de son mari revenu de guerre complètement estropié. Un jeu malsain va se jouer entre eux. C’était celle que j’ai préféré le moins.



🪑Le Chaise Humaine (1925): Ma GRANDE favorite. C’était affreusement génial. Les émotions ressentie durant cette lecture m’ont foutu la chair de poule ! Sans vous en dire trop : un homme défiguré décide ( et vous découvrirez le pourquoi du comment) de s’installer -à l’intérieur-d’un grand fauteuil de cuir installé dans un hôtel.



A un moment durant quelques secondes, en voyant l’homme s’installer, j’avais un peu en tête cette horrible scène dans american horror story dans la saison avec l’Hôtel pour ceux à qui ça parle.



💤Deux vies cachées (1924) : Très intéressante, sur le thème du somnambulisme. Deux hommes âgés se rencontrent et discutent de leur vie passé. J’ai bien aimé la tournure du récit.



🩸La Chambre Rouge (1925) : C’était psychologiquement très intéressant et déroutant, la chambre Rouge est un lieu où toutes les confessions peuvent être entendu lorsque l’on rentre pour la 1er fois dedans. Un sorte de congrégation malsaine s’y réunit. On va entendre le récit délirant d’un homme profondément ennuyé par la vie et de ses conséquences .



💴La pièce de Sen (1923) : Cette nouvelle policière est l’une des premières dans le genre au Japon. En effet Ranpo Edogawa est l’un des piliers du policier Nippon.

C’était sympa, on se laisse entrainer dans le récit mais rien de transcendant par contre. Un enquête somme toute classique!



✨Beaucoup de liens avec la laideur et le sadisme à la Japonaise dans ce roman ! ✨


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L'Île panorama

L’ILE PANORAMA, Ranpo Edogawa

@editionspicquier

🔎Alors j’ai l’impression que l’on peut diviser ce petit roman de 150 pages en deux parties.



🖼1er partie : le dilemme, et toutes les combines qui vont amener notre protagoniste à usurper l’identité de son « sosie » extrêmement riche. Assez polar comme partie pour le coup.



🖼2ème : Des descriptions de l’Ile Panorama, l’ile de Nature Parfaite selon son créateur, qu’il présente à sa femme ( qui doute de son identité malgré tout) . La partie bizarrement avec laquelle j’ai le moins accroché. Alors au tout début c’était très très curieux mais plus le récit des descriptions avançait plus j’avais du mal à m’imaginer le délire si j’ose dire. J’avais envie d’en voir le bout. Mais je crois sincèrement l’auteur joue avec nos nerfs. Le projet délirant du protagoniste pourrait être très fascinant à voir de visu .

J’ai beaucoup aimé le tous dernier paragraphe que j’ai trouvé très poétique.


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Mirage

⚡️Mais quelle lecture…Mon dieu !⚡️

Ce livre nous propose deux récits :



- 🚂Mirage : Deux hommes se rencontrent dans un train, l’un des deux voyage avec un tableau japonais, dont les personnages présent dessus seraient vivants, ce dernier fait intrigue l’autre voyageur. Une discussion se créer.

C’était une curieuse nouvelle, assez poétique pour le coup, une histoire qui change un peu de ce que j’ai pu lire de de Ranpo Edogawa récemment.



- ⛓Vermine (Ma préférée) : Un jeune homme riche particulièrement excentrique dans son introversion et ses perversions, s’éprend d’une actrice.

Son obsession envers cette femme et sa descente aux enfers face à ses sentiments, est très très particulière. Cette nouvelle est bien évidemment complètement différente de la toute première. Il est fort possible qu’on se doute de ce que projette le protagoniste, mais ce qui rend le récit affreusement captivant c’est la façon dont l’auteur nous raconte ses actions. On est clairement dans de l’ero guro dans ce texte.


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La bête aveugle

LA BÊTE AVEUGLE, Ranpo Edogawa, 1931

@editionspicquier



⏯4ème roman de cet auteur que je découvre après La chambre rouge, L’ile Panorama et Mirage





Malheureusement mon retour est assez mitigé. J’ai été complètement conquise par 1/3 du livre, mais aussi par le concept de la très très très curieuse cave d’un aveugle un peu fou frustré, riche ET fan du CORPS féminin (dans …son …ensemble). On est clairement dans de l’ERO-GURO. C’était hyper fascinant, j’avais envie et en même temps PAS envie de voir cette crypte. (Je viens de voir qu’un film existe !!! 👁✨)



La suite du livre par contre m’a paru assez redondante, pas forcément logique et cohérente. En gros ennuyante !!



Par contre la toute fin est intéressante de par la réflexion qui émane, celle d’un art pour aveugles. Qu’en est/serait il ? Serait-ce aussi incompréhensible pour un public voyant, est-ce réellement incompatible avec certains médiums ?

Par exemple : J’ai eu l’occasion de voir une seule fois des oeuvres connues rendues en relief pour que les mal-voyants puissent les toucher et les découvrir.

C’est réellement au fond sujet qui me rend curieuse : l’art pas l’absence de vu/« un art uniquement basée sur le toucher »


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Le Lézard noir



🦎Avec Le Lézard Noir, je termine tous les livres de Ranpo Edogawa que j’avais dans ma pile et bibliothèque.

Je pense qu’instinctivement j’ai choisi de lire celui-ci en dernier en sachant que c’était celui qui m’intéressait le moins et je n’ai pas eu tord, c’est bien celui qui m’a le moins convaincu de tous les textes que j’ai lu d’Edogawa .



🦎Ici on va suivre une voleuse qui se dissimule derrière le surnom du « Lézard noir » qui va tenter de voler un diamant très précieux en voulant l’échanger contre la fille du propriétaire du bijoux. Elle va devoir se confronter à Kogoro célèbre détective engagé pour protéger la jeune fille. Plein d’actions farfelues vont être mise en place par les deux camps pour arriver à leur but…c’était hyper bizarre ! Alors il y a de belles scènes, qui font même référence à « La chaise humaine », mais dans l’ensemble c’était TROP farfelue à mon goût.



🦎Voici les recueils que j’ai lu :

- La chambre rouge

- L’ile Panorama

- Mirage

- La bête aveugle



🦎Ceux que j’ai pas encore lu :



- Le démon de l’Ile solitaire

- Un amour inhumain & autres histoires étranges 10/18

- Le vampire une enquête de Kogoro Akechi (les éditions Chapitre.col)

- La nouvelle : L’enfer des Miroirs (Les noix la mouche et le citron -recueil de nouvelles )



👁✨En bref :



Écrivain Japonais des années 20/30

Fondateur de la littérature policière japonaise

L’un des fondateurs Ero guro (mouvement littéraire et artistique mélangeant le Grotesque le Macabre et Érotisme)
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La Chambre rouge

Je découvre Edogawa Ranpo avec ce court recueil de nouvelles plus ou moins policières et je l'ai dévoré. En grand fan d'auteurs comme Edgar Allan Poe (d'où son pseudonyme, Edgar Allan Poe s'écrivant Edoga Waran Po en japonais), Arthur Conan Doyle (père de Sherlock Holmes) ou encore Maurice Leblanc (père d'Arsène Lupin), Edogwa Ranpo s'inspire beaucoup de leurs oeuvres pour ses récits, ce qui transparait clairement ici et avec grand plaisir. Je suis moi-même grand admirateur des trois auteurs cités ci-dessus et je n'ai donc pu que prendre du plaisir à lire les cinq nouvelles contenues dans ce petit livre. Ce sont des nouvelles très imaginatives avec pour chacune d'entre elles (à l'exception de la première) un twist final très plaisant. Ma nouvelle préférée est je crois ''Deux vies cachées'' qui raconte l'histoire d'un somnambule criminel. Ca va en fait chercher bien plus loin que ce très bref résumé, mais je n'en dis pas plus. Ranpo a l'art de nous faire entrer dans ses nouvelles en seulement quelques phrases, c'est une écriture très agréable et facile d'accès, c'est donc une très bonne découverte. Un léger bémol pour certaines explications un brin tirées par les cheveux, mais on les accepte quand même facilement. Je pense bientôt me procurer son roman ''La proie et l'ombre'', car je n'ai pas l'intention de m'arrêter là avec cet auteur.
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La Chambre rouge

On est loin, avec Edogawa Ranpo, de l’image d’Epinal d’un Japon où pudeur et bienséance gouvernent les comportements en toutes circonstances. Et c’est peu dire que l’auteur creuse sous la façade. Il y va au burin, puis triture, jusqu’à la nausée.

Des cinq textes qui le composent, le premier –"La chenille"- est sans doute le plus représentatif de sa fascination pour la déviance et la perversion.



Le lieutenant Sunaga, ancien soldat brutal et courageux, est revenu de la guerre sous une forme à peine humaine, excessivement défiguré par une explosion ayant par ailleurs réduit ses quatre membres à de courts moignons et diminué ses facultés mentales. Il n’est plus qu’une sorte d’énorme chenille jaune et muette, rampant sur ses ailerons de chair, dont l’existence est vouée à la satisfaction bestiale d’un insatiable appétit sexuel. Son épouse Tokiko, initialement innocente et timide, dévouée à son mari, s’est elle aussi métamorphosée peu à peu face au spectacle de l’estropié qui a fait naître en elle d’inavouables passions. A la fois prise d’exaltation et d’un désir irrépressible de le faire souffrir, elle l’étouffe, l’effraie, tire plaisir du spectacle de sa souffrance, se livre à des jeux sexuels de plus en plus pervers, le considérant comme un jouet grandeur nature à son entière disposition. Condamnée à vivre en recluse avec son monstrueux époux dans une maison isolée à la campagne, seule une passion démoniaque lui a permis de surmonter le dégoût qu’il lui inspire.



Bon sang, quel texte ! Régulièrement plongé dans une pénombre exhaussant la dimension ténébreuse du propos, le lecteur est saisi par le spectacle de la laideur qu’elle met en relief -sur laquelle l’auteur porte un regard d’esthète-, assistant avec autant de répulsion que de fascination à cette bascule dans une folie aux relents glauques et malsains.



La suite est, heureusement, moins intense, même si on y retrouve diverses manifestations de dérèglements, sexuels ou moraux. Des dérèglements dont les individus qui en sont atteints ne souffrent pas, les transformant au contraire en états enviables, voire en trajectoires de vie.



Dans "La chaise humaine", une célèbre romancière reçoit le manuscrit d’un inconnu, dont le contenu, une histoire vraie, précise-t-il, suscite chez elle un étrange malaise en même temps qu’une immense curiosité. Son auteur, affublé d’un physique repoussant, d’une apparence difforme dissimulant "un cœur brûlant et passionné", y relate avoir un jour trouvé le moyen d’assouvir sa recherche de volupté, de connaître enfin l’amour… un moyen que je ne vous dévoile pas, aussi ingénieux et incroyable que repoussant…



"Deux vies cachées" se déroule dans une petite station thermale où deux hommes font connaissance, spontanément liés par un sentiment de sympathie qui bientôt les poussent à la confidence. Après que l’un a évoqué ses souvenirs d’anciens combattants, l’autre revient sur une période de sa vie profondément traumatisante. Alors étudiant, des crises de somnambulisme transformèrent ses nuits en cauchemars, et mirent un coup d’arrêt à ses projets de jeune homme ambitieux.



"La chambre rouge", empreint d’un extrême cynisme, met en scène un héros machiavélique. Sept hommes réunis par leur passion pour les sensations fortes se réunissent régulièrement dans une chambre rouge apprêtée à leur intention. Ce jour-là, ils sont suspendus aux lèvres d’un orateur qui explique avoir toujours voulu, comme eux, dépasser les bornes étroites limitant la vie, combattre l’insondable ennui de l’existence. Mais pour lui, les dérivatifs que représentaient les enquêtes policières, le spiritisme, les expériences métaphysiques ou autres séances porno, se sont révélés insuffisants.



Il a fini par trouver le moyen d’assouvir son besoin d’expériences extrêmes, en se livrant à un jeu, celui du crime parfait, consistant à tuer sans intervenir directement, mais en exploitant des occasions de mises en danger d’autrui, tantôt provoquant une chute, tantôt orientant dans la mauvaise direction un mourant cherchant les urgences hospitalières… Mais après avoir ainsi perpétré quatre-vingt-dix-neuf meurtres, pour lesquels il ne sera jamais inquiété, il est pris de lassitude… il a décidé d’être la victime de son centième et ultime crime. Avant, il veut leur livrer le récit de ses actes, exprimer l’excitation et le sentiment de puissance éprouvés en explorant un espace inviolé où le crime pouvait s’épanouir.



Le dernier texte est un peu différent de ceux qui le précèdent. Un préambule nous apprend que "La pièce de deux sen" est considérée comme la première œuvre de littérature policière authentiquement japonaise. Il est cette fois question d’un cambriolage : un homme ayant volé la paie du personnel d’une usine est arrêté, sans que son butin, qu’il prétend avoir dépensé -forcément un mensonge compte tenu de l’importance de la somme- soit retrouvé. Le narrateur, étudiant au moment des faits, se livrait alors

avec son ami et colocataire à une sorte de compétition intellectuelle visant à déterminer lequel des deux était le plus malin. Or, son redoutable esprit logique lui avait permis, affirmait-il, de retrouver le fameux butin…



Ce dernier texte, fondé sur des déductions tirées par les cheveux, ne m’a pas convaincue.



Mais j’ai beaucoup apprécié de retrouver, avec les autres nouvelles, le talent d’Edogawa Ranpo pour susciter chez son lecteur un curieux mélange de fascination (malsaine ?) et de dégoût que vient parfois atténuer une chute assez surprenante pour faire (sou)rire, qui renverse la perspective.
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La bête aveugle

Cher Vous,

Roman japonais sorti la première fois en 1931, hier donc, qui a été réédité, avec deux autres œuvres de l’auteur dans un coffret chez Picquier.

Un masseur aveugle est passionné par les courbes du corps féminin. Pour lui, pas de vue... il remplace donc par le toucher pour se faire une idée de la beauté. Mais l’homme est manipulateur et pervers, il réussit ainsi à créer des mises en scènes cruelles où ses victimes seront torturées.

Un roman très court qui permet de découvrir une écriture du polar très éloignées de la nôtre dans la narration. En effet l’atmosphère du livre est pesante, souvent glauque, et l’on a envie de rire. Simplement parce que parfois l’auteur coupe son texte, et afin de ne pas entrer dans un long descriptif, il note : « il suffira au lecteur de se représenter un aveugle pleurant sur le corps de sa maîtresse… »

Bien sûr nous avons aussi des auteurs qui interpellent, jouent avec leurs lecteurs, mais pas de cette façon.

Il est toujours intéressant de lire des polars, romans noirs, de diverses origines et époques, premièrement parce que ces genres littéraires sont souvent des témoignages de leurs époques, et surtout, on s’ouvre à de nouveaux horizons.

En conclusion, malgré une narration bien différente de ce que l’on lit habituellement, on a avec Edogawa un univers bien sombre qui flirte avec l’horrifique et la science-fiction.



Stanislas Petrosky




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L'Île panorama

Cher Vous,

Un jeune étudiant à des idées bien à lui sur l’architecture, la beauté de la nature, la façon dont doit être le Paradis. Par un tour de passe-passe macabre, il va prendre la place d’un milliardaire pour créer ce monde auquel il rêve.

Mais sa vision du paradis, de son utopie, pourrait bien être un enfer pour les autres.

L’univers d’Edogowa est particulier.

Il tente d’emmener le lecteur dans de drôles de cauchemars, pas de l’horreur avec des créatures cruelles, ou des meurtres abjects, non, il se base sur des images qui pourrait venir de nos rêves d’enfants et leur offre une distorsion malsaine.

Prendre vos plus beaux souvenirs et en faire vos craintes, voilà ce qu’aimait faire cet auteur japonais... créer une utopie pervertie.

Quand on lit cet ouvrage, il faut garder à l’esprit qu’il a été écrit en 1926. Les bases du roman policier n’étaient pas les mêmes, on se permettait parfois des fins un peu expéditives...



Stanislas Petrosky




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Un amour inhumain

Un recueil de nouvelles centrées sur des crimes passionnels ou morbides, écrites dans un style très policé Et avec de l’humour, souvent involontaire, notamment lié aux relations sociales japonaises qui sont souvent surprenantes voire comiques. La dernière nouvelle est d’ailleurs très drôle. A lire avec curiosité.
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L'Île panorama

Le transfert d’imagination, l’intertextualité, la connivence littéraire sont des phénomènes presque magiques. C’est le trajet effectué par une idée de Poe, qui s’est retrouvée dans le roman de Rampo, est finalement illustrée par Maruo, qui ne peut s’empêcher de glisser un portrait de l’auteur américain.
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