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Critiques de Elfriede Jelinek (123)
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Les Exclus

Quatre adolescents sont en proie a une montée de violence dans l'Autriche d'après-guerre. Ce roman inspiré d'un fait divers réel atroce se situe dans une période d'amnésie pour le 'grand perdant' de la seconde guerre mondiale. C'est toute une société qui tente coute que coute d'oublier son rôle ainsi que les horreurs du nazisme. Ainsi les personnages veulent échapper a leurs conditions sociales et réussir dans le nouveau monde du miracle économique. Mais est-il possible de s'extirper de la misère et de se défaire de la honte familiale, celle du père, ancien SS voyeur, d'une mère réduite a la misère ?



Ce roman de 265 pages m'a fait découvrir une auteure que je ne connaissais pas jusqu'alors. La lecture n'a pas été confortable, l'écriture y est abondante et brute. Également la plongée dans une Autriche qui n'a rien d'attrayante, des adolescents effrayants, une puberté pour tous pénible et houleuse.





Ce roman est d'une grande qualité littéraire, parfois un peu dur a digérer. J'ai réellement envie de lire d'autres romans d'Elfriede Jelinek, mais je crois qu'il va falloir une petite pause !
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Les Amantes

La forme m'a surprise: absence de majuscule et de ponctuation hormis le point. Est ce pour cela que je n'ai pas adhéré à l'histoire ? Le destin parallèle de ces deux femmes est un condensé de brutalité, de sexisme et de vulgarité. On les plaint, sans les aimer pour autant.
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La Pianiste

Ce texte magnifique est un coup de poing dans le foie, comme celui que Kemmer envoie à Erika lorsqu’il la roue de coups à la fin du récit. Mais tout comme Kemmer, l’auteur semble avoir retenu son coup. C’est dense, âpre, dur à lire et aucun répit n’est accordé au lecteur. Les personnages, tous médiocres, y sont totalement déshumanisés, très souvent nommés par leur genre (la femme, l’homme, la mère), mais par contre leurs sentiments ont leur propre vie, presque leur propre autonomie. A l’inverse de ces humains « déshumanisés », les bâtiments, la foule, la ville, les parcs, etc sont des entités vivantes, à qui l’auteur prête forme humaine ou animale et une sorte d’intelligence. C’est très surprenant, déroutant, original. Ca ne ressemble à rien de ce que j’ai pu lire jusqu’ici.

Dans la première partie de ce texte, l’auteur crache son venin, nous fait part de sa haine absolue de tout, haine de l'autorité matriarcale, haine de la société bourgeoise, haine de la jeunesse, haine de l’homme (avec ou sans H majuscule), haine de l’Autriche... Rien ne trouve grâce à ses yeux. Mais dans la deuxième partie, il m’a semblé qu’elle avait retenu son coup (de poing), car finalement cette histoire d’amour tronquée n’est qu’une histoire de cul entre une femme qui ne veut pas assumer ses phantasmes sado-masochistes et un mec qui ne bande pas. Au vu de la première partie, on pouvait espérer que la suite du récit fut moins banale, plus originale. Pour abonder dans ce sens de la déception, la dernière scène du couteau est un magnifique coup dans l’eau…

Mais quel texte !

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Winterreise

Même les murs pleurent déjà



Deux conseils très subjectifs avant de plonger dans ce(s) monologue(s) intitulé(s) « Une pièce de théâtre ».



Ecouter et « oublier » une des interprétations du Winterreise de Franz Schubert. Ne pas lire la quatrième de couverture. Ne pas se laisser enfermer dans les commentaires des autres sur cet ouvrage.



Prenez le texte avec votre propre (in)compréhension et/ou sensibilité. Laissez-vous guider par les sensations sonores, ce que vous connaissez éventuellement de l’oeuvre de cette immense écrivaine, de vos perceptions d’un pays nommé Autriche, « nous étions le premier pays d’Europe à avoir porté l’extrême droite au pouvoir » écrivait l’autrice dans Elfriede Jelinek : l’entretien Christine Lecerf.

Donc quelques sensations. Notre monde contemporain sous les mots virulents de la poésie sonore. La force d’une littérature à l’estomac. Les mots et la langue retournée contre ses usages ajustés à l’individualisme marchandisé. « Qu’est ce qui se met en chemin, qui prend aussi mon chemin, qui me prend en chemin ? »



Les liens mortifères entre passé/présent/futur, « Il y a toujours un MAINTENANT quand il est trop tard pour quelque chose », les scandales financiers sous la robe de la mariée, la question de l’illusion, les égarement et les excuses, l’opinion publique magnifiée, la surface des possibles, la famille et la ruine de l’enfance, « le cri s’en va de nouveau muet, il n’a pas réussi à sortir », les avatars sexuels sur internet, la fatigue et le terminus, les haines…



Au temps des vieilles rengaines, des ritournelles, des masques souriants, des assiettes soit-disant pleines, les « je » éclatant d’une écrivaine, les mots comme acide, les mises en abime de ce qui nous ruine si « plaisamment »…
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Ce qui arriva quand Nora quitta son mari

Avec "Ce qui arriva quand Nora quitta son mari", Elfriede Jelinek n'écrit pas seulement une suite à la pièce d'Ibsen, "Une maison de poupée". Elle écrit une pièce sur la condition féminine et le monde du travail dans lequel s'impose aussi la domination masculine. Puisqu'elle quitte son mari, puisqu'elle quitte son intérieur, Nora va devoir se confronter à d'autres hommes et au monde extérieur. Après avoir été une poupée entre les mains de son mari et de la société dans laquelle elle évoluait, la voici devenue marionnette aux ordres d'un chef d'équipe à l'usine. Elfriede Jelinek a parfaitement réussi la transition entre les deux époques, entre les deux "Nora", celle d'Ibsen et la sienne. Sa pièce donne par ricochet plus de modernité encore à celle d'Ibsen.
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Lust

un roman érotique et social d’une rare violence, développant des idées intéressantes mais noyées sous des scènes de sexes humiliantes trop fréquentes, perdant ainsi de vu le propos premier
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La Pianiste

Que ce fut long ! Très long ! Trop long.

J'ai failli abandonner plusieurs fois et finalement je me suis ravisé.

C'est brillant, le style étouffant participe efficacement à instaurer une atmosphère dérangeante allant crescendo.

Les dialogues souvent pour ne pas dire toujours indirects nous excluent de fait et le processus est intelligent car on assiste impuissant aux différentes névroses des personnages, à ces actions malsaines et à ces réflexions intérieures très douteuses.

Le film est moins précis sur les relations entre la mère et la fille et c'est ce qui manquait dans l'oeuvre d'Haneke. Bizarrement je trouve cette relation trop présente car elle emprisonne l'histoire, volontairement ou non.



C'est très bien écrit, avec une histoire riche dont le film rend bien hommage, mais j'ai détesté.

Peut être pas le moment, peut être pas pour moi mais je ne peux que reconnaître la qualité.
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Méfions-nous de la nature sauvage

Un livre peut être passionnant, ennuyeux, long, poétique, rêveur, captivant, horrible, drôle, angoissant, choquant... mais c'est la première fois (et la dernière j'espère) que je tombe sur un livre émétique. E.Jelinek a obtenu le prix Nobel, donc je suppose avoir totalement manqué ce roman. Les critiques mettent en avant poésie et lyrisme où je n'ai lu que dégoût et nausées. Elfriede Jelinek vomit sa haine (en vrac) de l'Autriche, des hommes, de la nature et assène sans répit amertume, frustration et rage .

Challenge Nobel 2013/2014
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Lust

Un des très rares livres que j'ai revendu en bouquinerie après l'avoir lu. Mon seul souvenir de ce roman, c'est dire. Jamais eu envie d'en lire un autre du même auteur depuis, prix Nobel ou pas.
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Winterreise

Critique de Philippe Rolland pour le Magazine Littéraire



Elfriede Jelinek, l'auteur de La Pianiste, publie un court texte placé sous l'égide de Schubert. C’est en 1827 que décède le poète allemand Wilhelm Müller et que Franz Schubert met en musique son cycle de poèmes intitulé Die Winterreise (« Le Voyage d’hiver »). L’ultime et déchirant chef-d’oeuvre de Schubert, auquel se réfère explicitement Elfriede Jelinek dans son dernier ouvrage, peut « se comprendre à quatre niveaux différents », remarque le musicologue Rolf Sudbrack : le premier est « celui de l’histoire d’un compagnon errant qui vient de connaître un chagrin d’amour - le monde se détourne de lui, il affronte la blessure de son coeur meurtri de la même manière qu’il brave le vent glacial » ; le second est « le récit d’un voyage symbolique à travers la vie - l’hiver est arrivé, la fin est proche et il faut se préparer à prendre congé de l’existence terrestre » ; le troisième est politique, il correspond à un «voyage à travers une époque glaciaire sur le plan politique, celle de Metternich et de la Restauration, où régnaient la censure et les entraves à la soif de liberté de la jeune génération» ; quant au quatrième, il renvoie, à travers le dernier lied, au joueur de vielle, c’est-à-dire à «l’artiste que personne n’écoute, que la société traite avec froideur et rabaisse au rang de mendiant».

Cette analyse éclaire le texte de Jelinek, car on y retrouve ces quatre niveaux d’interprétation, inextricablement liés les uns aux autres et remodelés en fonction de notre modernité et des obsessions propres à l’écrivain : son Winterreise est à la fois une exploration de l’intime et des douleurs affectives (une mère aimante et destructrice, un père à l’asile), une méditation sur la condition humaine (erratique, solitaire, sans but, vouée à la mort) et la temporalité telle qu’elle est vécue par l’homme (ici Jelinek s’inspire aussi de Heidegger), une diatribe contre notre époque jugée plus « glaciaire » encore que celle de Metternich (toute-puissance de l’argent, ravages causés par « le réseau », culte du sport...), et le chant amer de l’écrivain dont personne ne veut entendre les « éternelles vieilles rengaines ». Jelinek suit de près les lieder de Müller et Schubert jusque dans les motifs récurrents et les éléments symboliques : la neige, les larmes, la girouette, le fleuve, le poteau indicateur, la vielle, les « trois soleils ».

Politique, Winterreise l’est aussi par la colère qui s’y exprime contre l’Autriche. Depuis Musil jusqu’au récent Claustria de Régis Jauffret en passant par Thomas Bernhard, la détestation de ce pays est presque devenue un genre littéraire en soi - surtout, bien sûr, chez les écrivains autrichiens. Jelinek ne déroge pas à cette tradition, lorsqu’elle mentionne le scandale autour de la banque Hypo Group Alpe Adria, dénonce l’hypocrisie haineuse de l’opinion contre Natascha Kampusch, ou s’en prend ironiquement au ski, sport autrichien par excellence.

Winterreise, divisé en huit chapitres, est qualifié par son auteur de « pièce de théâtre » : certes sans didascalies, mais rédigée dans un style oral, haletant, sur le mode du ressassement, alternant le « je » et le « nous ». Le nous est celui de la vox populi arrogante et bien-pensante, le je est celui de l’individu seul face au collectif qui veut le broyer, de l’écrivain qui prend la parole contre le nous pour tenter de sauver sa singularité, défendre les persécutés, les étrangers, les invisibles, les morts, les fous. En cela proche d’Artaud, Jelinek continue de penser - en dépit du prix Nobel qui lui a été décerné en 2004 - qu’elle est une suicidée de la société, que la littérature est un cri que la société refuse d’entendre . On ne peut pas rester insensible à cette voix rageuse, souffrante et tenace : on a de tout coeur envie d’être du côté d’Elfriede Jelinek. Aussi regrette-t-on que son texte soit quelque peu laborieux, confus - un de ces « textes-babils » qui ennuyaient le Roland Barthes du Plaisir du texte. Peut-être ne suffit-il pas d’être sincère, véhément, écorché vif et seul contre tous pour écrire un beau livre.
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Drames de princesses : La Jeune Fille et la..

Ces cinq pièces regroupées dans ce recueil autour de figures féminines célèbres (fictives et réelle pour Jacky Kennedy), confrontées à la violence et la mort à cause de leurs situations sociales et leur statut de femme, s'amusent à perdre le lecteur ou le spectateur. Ce sont souvent de longues tirades mystérieuses où le sens se perd puis réapparaît au détour d'une phrase avant de se perdre à nouveau. Il y a de nombreux jeux de mots, des visions crues, sans artifice comme souvent dans l'œuvre de Jelinek et une révolte soutenue face à la condition servile des femmes aujourd'hui encore.
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Maladie ou Femmes modernes

On retrouve la question du genre abordée dans son roman "La Pianiste" (et peut-être tout l'œuvre de Jelinek ?) Les deux personnages féminins sont des vampires, des êtres qui vivent dans une société qui les ignore, des êtres presque morts qui résistent quand même en se situant dans un entre-deux monstrueux. Rien n'est pourtant catégorique chez Jelinek. Elle n'encense pas la Femme comme une valeureuse victime, courageuse face à l'adversité et la violence. Les situations sont plus complexes quand certaines s'épanouissent dans cette subordination et ne font rien pour que les choses changent. Il y a enfin une tonalité toujours satirique où Jelinek grossit le trait pour mieux nous montrer l'absurdité de certaines pratiques sociales.
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Lust

Lust / Elfriede Jelinek/Prix Nobel 2004





D’abord le thème de cet étrange roman.

À peine rentré du travail, monsieur le directeur de la papeterie continue de donner des ordres à la maison et le premier s’adresse à sa femme Gerti qui doit écarter les cuisses en rêvant d’un ailleurs plus doux. Ça commence bien !

Les gifles destinées au fils qui s’escrime à apprendre à jouer du violon pleuvent sans retenue.

Ainsi Hermann, monsieur le directeur qui n’a pas de temps à perdre avec des mots, est l’archétype du phallocrate issu d’une société violente où le sexe occupe une place prédominante. Pour lui, sa femme tout comme ses employés, est comme un objet qu’il possède et sur lequel le maître a un droit de regard permanent.

Ce récit s’avère au fil des pages être une manière de procès - verbal du patriarcat, de l’exercice du pouvoir. Deux obsessions animent le maître priapique despotique qu’est Hermann, posséder à tout moment Gerti, femme soumise et jouet sexuel, et rentabiliser son entreprise.

Seule la peur du sida lui interdit de se rendre dans une maison de passe et de collectionner les partenaires :

« Une seule femme ne suffit pas à l’homme, mais la menace de la maladie l’empêche de sortir son dard et d’aller butiner… Le directeur ne se suffit pas de son épouse, mais aujourd’hui cet homme doit se contenter de sa petite berline…Il n’a qu’un souhait, la palper et l’emplir au plus tôt…La femme est un beau parti, car elle est tripartite. Vous avez le choix entre le haut, le milieu ou le bas ! »

Le directeur dans sa fougue ithyphallique n’hésite pas à arracher la robe de sa femme comme la peau d’un serpent, tout en lui chuchotant à l’oreille qu’elle en aura deux neuves demain !

Pour Hermann, l’enfant n’est là que pour transmettre et assurer la continuité des structures patriarcales et des comportements sociaux de domination. « Cet enfant a été installé en un endroit tranquille en raison de la sexualité beuglante de ses parents…Ainsi le père peut savourer la mère à l’infini, la froisser, ainsi que ses vêtements… »

Gerti tente de rompre ce cercle infernal en prenant un amant, Michaël, un jeune étudiant, mais elle ne fait qu’échanger un emprisonnement pour un autre. Peu à peu on se dirige vers une fin effroyable…

Ce roman subversif a scandalisé et suscité une controverse à sa sortie, dressant un portrait vitriolé de la petite bourgeoisie autrichienne et suggérant une esthétique de l’obscène et de tout ce qui célèbre la violence, tout ce qui est au service du patriarcat : le pouvoir, l’argent, le langage, le sexe. « La sexualité s’y réduit à des rapports de force dans une économie de marché tels qu’ils s’exercent partout dans la société : l’appropriation des corps et l’impuissance des possédés, de ceux qui ne possèdent rien. » affirme l’auteure dans une postface.

J’ai été largement déconcerté par le style totalement atypique et souvent hermétique d’une narration sans structure narrative ( !), et la succession de métaphores et cascades d’images illustrant un propos qui m’a semblé ressembler à un délire verbal tout autant que physique. Une écriture réellement déstabilisante. Quelques passages sont à mettre en exergue pour leur originalité inventive dans le domaine verbal ciblé : « Sous de « phallacieux » prétextes … » par exemple. L’humour est bien là aussi : « le père sent aujourd’hui sa vigueur se déchaîner en lui, il pourrait gagner des parties gratuites ! » Humour salace souvent que je laisse les lecteurs découvrir… Et puis comme l’ont souligné nombre de commentateurs, il semble par moment que des phrases ont été placées à la mauvaise place du récit et n’avoir rien à voir avec le reste du texte.

Extrait 1 : « Les produits naissent au milieu des frissons et des cris, les corps, minoteries minuscules, grincent et moulent le grain, et le modeste pactole à peine alourdi par le bonheur qui sort en titubant du téléviseur solitaire, se déverse dans l’étang solitaire du sommeil où l’on peut rêver à des objets plus grands, à des produits plus chers encore. » Cette phrase me laisse vraiment rêveur !

Extrait 2 : « Le travail des sexes, aujourd’hui exécuté par monsieur le directeur et madame son épouse, -merci pour le double axel et le grand écart ! - qui les fit s’épanouir, monstrueux, … »

Rappelons que le mot LUST en allemand signifie « volupté », « plaisir » « luxure » et « désir » tout à la fois. Paradoxalement, toute volupté est absente du livre. Que monsieur connaisse le désir et le plaisir dans la luxure, c’est évident. Mais pour Gerti, c’est le néant apparemment.

Peut-on dire que ce texte est bien écrit tant par moment le déchiffrage en est délicat ? Certains l’ont dit ! Toujours est-il que la traduction semble remarquable même si je n’ai pas tout compris ! Pour moi, Elfriede Jelinek est un apôtre et une actrice de la déconstruction en littérature, adepte des idées de Barthes. Je crois savoir qu’elle s’en prévaut. In fine, on aime ou on n’aime pas ! En ce qui me concerne, je n’ai pas du tout aimé, et pourtant je me suis accroché de la première à la dernière page.

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La Pianiste

Certains livres ne vous laissent pas indifférent, "La pianiste" est un de ceux ci.



Erika Kohut, prof de piano de talent, approchant la quarantaine, vit avec sa mère ou plutôt m, sous le joug de sa mère.

Elle ne peut rien faire. Sa mère la questionne sans cesse, l'espionne, lui fixe des heures auxquelles rentrer, lui interdit d'acheter des robes jugeant cela inutile.

Quant aux hommes, pourquoi faire ?!



Un jour, l'élève Klemmer lui avoue ses sentiments.

Mais ce qui l'ignore c'est qu'Erika a un rapport à l'amour et au sexe très particulier.

Elle fréquente les peep-shows, les cinémas pornos... Elle est une voyeuriste à tendance sado masochiste.



Jelinek effraie le lecteur par la manière dont elle retranscrit la froideur d 'Erika, cette distance qu'elle a vis à vis du sexe et de l'amour qui nous déroute tant . On comprend vite qu'elle ne ressent absolument rien. Elle est sèche.



Une histoire qui ne plaira pas à tout le monde sans conteste, de part le sujet d'abord (les mots sont crus) puis, par le style de l'auteure qui est très lourd.

Des paragraphes interminables qui ne laissent au lecteur aucun répit.

Impossible de reprendre son souffle. On étouffe avec Erika, on souffre avec elle, on la plaint.



Une lecture en demi teinte, qui a parfois été "douloureuse" tant le style est spécial.

Je ne m'arrêterai pas là et lirai d'autres romans de Jelinek pour me forger une réelle opinion.
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Lust

Autriche, fin des années 1980. Gerti, femme au foyer et mère d’un petit garçon, attend le retour de son mari Hermann, directeur d’une usine de papier. Pour combler son ennui, elle prend un jeune amant étudiant. Le titre (en allemand, Lust signifie la jouissance, la luxure) donne tout son sens au roman. Multipliant les scènes pornographiques, l'auteur montre une femme réduite au statut d'objet sexuel entièrement soumise aux hommes. Elle décrit l'enfermement psychologique d'une femme coupable de son propre asservissement par son mutisme et son inaction. Chez Jelinek, les relations humaines sont froides et cyniques, loin de toute empathie. Cette distance et cette cruauté sont au cœur de son œuvre.
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Enfants des morts

Mais quel pensum ! Je suis habitué à lire de la littérature exigeante mais je n'ai pas pu en venir à bout... Bloqué à la page 468 avec pas le moindre courage pour continuer jusqu'à la fin (page 692). Tout devrait tenir dans le style, un torrent de corps en décomposition qui hantent les vivants, pas tellement en meilleure posture qu'eux, et qui forniquent à qui mieux mieux. Il y a vaguement trois personnages centraux, une étudiante suicidée, Gudrun, une executive-woman encombrée de sa mère, Karin, qui est morte d'un accident en montagne et un sportif, Edgar, mort d'un accident de voiture. Tout se passe autour d'une pension de vacances. Tout tourne (en rond), en imprécations, lieux communs, bout de publicités et surtout jeux de mots probablement quasiment intraduisibles vu le résultat en français... J'ai quand même dû prendre un peu de plaisir masochiste à la chose car, par moments, pris dans le déferlement, j'y ai trouvé une dimension limite comique. Mais j'ai quand même abandonné et comme la vie est courte je ne lirai probablement plus jamais quoi que ce soit d'Elfriede Jelinek (prix Nobel de littérature tout de même). Mais est-ce un mal ?
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L'entretien

« J’espère ainsi à mon tour faire entendre cette voix amie qui plane déjà au-dessus d’oeuvres à venir » Christine Lecerf



Elfriede Jelinek parle de l’Autriche, des autrichien-ne-s, « Comme l’a dit l’écrivain Peter Turrini, les Autrichiens aimeraient bien être des bergers allemands, mais ils ne sont que des petits bâtards de compagnie… », ou de l’attirance des Autrichien-ne-s « pour ce fascisme clérical de l’Etat corporatiste ».



Elle parle de la conversion (historique) des juifs, « celui qui n’est pas converti n’a aucune chance de devenir quelqu’un ». Elle évoque chez certain-e-s écrivain-e-s le mélange « de mélancolie et de sarcasme », l’humour subversif, la conscience d’appartenir à une minorité méprisée.



Elle raconte sobrement l’histoire de sa famille et dresse un portrait sans concession de sa mère, « Je crois que c’était plutôt une façon de garder un contrôle total sur son enfant, de me garder tout simplement prisonnière dans sa toile, même quand elle n’était pas là », de sa mère araignée.



Auteure et écriture, auteure, folie et limites, « je parviens tout juste à me maintenir au bord, j’ai toujours un pied qui dérape dans l’abîme ».



Histoire familiale et enfance, « L’enfance en tant que telle n’existe pas pour moi. Parce que je n’ai jamais eu le droit d’être une enfant ». Les mots et la musique. Le cinéma, les camps nazis, l’avilissement des corps, « l’obscène est ce que l’on a pas le droit de voir »



La naissance d’une écrivaine, des livres, la réalité réduite à un squelette. L’auteure parle de certaines de ses œuvres, de sexualité, d’injustice sociale, d’anticapitalisme, de féminisme, d’engagement, de musique, de poésie, de théâtre, de langue, « le langage de l’obscène est masculin »…



Je souligne l’intérêt des pages sur les femmes, sur la violence faite aux femmes, sur Ingeborg Bachmann, sur Christine Lavant « Etre renarde et aboyer à faire trembler les étoiles », sur la littérature et les auteur-e-s cité-e-s, sur « des écrivains qui connaissent la terreur mais tentent désespérément de déconstruire cet effroi en positivité ».



L’histoire et ses décombres, l’antisémitisme, encore l’Autriche, « nous étions le premier pays d’Europe à avoir porté l’extrême droite au pouvoir ».



Le prix Nobel, les livres, « une méthode pour dire l’innommable », écrire les choses, encore des écrivain-e-s…



« On est tout à la fois : la proie ensanglantée et le chasseur qui tient la bête dans sa gueule »



Un entretien qui en dit long sur l’Autriche, l’auteure et la littérature. Une invitation à lire les ouvrages de cette immense auteure.
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Les Amantes

Un roman assez noir (bien que réaliste) sur la société rurale autrichienne des années 70. Très intéressant car s'appliquant sur certains points facilement à la société actuelle, même si le style est un peu déroutant (ponctuation et omission de majuscules). Un peu longuet…
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Sports Play

"Sports play" est une pièce de théâtre écrite par Efriede Jelinek, prix Nobel autrichien de littérature 2004.



Je reconnais le talent de Jelinek, son écriture est moderne et unique. Une sorte de long soliloques, un fatras d'idées et de phrases qui se suivent à une cadence accélérée, avec, toutes les 10 pages environ, une véritable trouvaille, une perle.



Alors on aime ou on n'aime pas. Personnellement, je n'ai pas aimé.



Si j'ai bien compris l'auteur, cette pièce de théâtre n'a pas pour but de parler du sport, mais du champ de bataille de la vie.



J'ai arrêté aux 2/3 du livre, non pas tant à cause de l'écriture (j'étais presque à la fin) mais pour l'introduction de "Jésus" dans sa pièce, que j'ai trouvé cliché et inutile, "déjà-vu", et totalement ridicule :



"An illuminated holy shrine opens up. Inside there is a kind of pieta. An OLD WOMAN in old-fashioned underwear (combinations,sensible shoes etc) sitting on a chair with the corpse of her son Jésus across her lap. Jésus is always called ANDI here and is wearing body-building trunks. He could also be dressed as a suckling babe, or can be played by a woman, because he should appear somehow sexless."



Prix Nobel 2004 - Ah !

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Lust

Il y a longtemps, j'ai lu "Les exclus" d'Elfriede Jelinek. J'en ai gardé le souvenir d'une lecture difficile mais très forte, et d'une écriture bien particulière, sans pause ni ponctuation, propre à épuiser le lecteur, mais aussi à le marquer...

La lecture de "Lust" aurait pu être plus confortable. La ponctuation y est utilisée de manière assez classique, les phrases y sont relativement courtes.

Elle fut pourtant bien laborieuse.



Le texte est principalement centré sur l'appétit sexuel qu'éprouve pour sa femme le directeur de la papeterie d'une petite ville de montagne, située en Autriche. Insatiable, il lui impose quotidiennement des rapports souvent violents et pervers. La femme se soumet à toutes ses volontés. C'est de bonne guerre, elle jouit en échange d'une situation sociale et financière enviable...

Quand elle est seule, et qu'elle ne fait pas de shopping, elle boit...

Le couple a un fils, consommateur tout puissant obtenant de ses parents tout ce qu'il exige. L'oreille collée aux portes, et l’œil aux trous de serrure, il est le spectateur muet mais assidu des joutes parentales...



Le récit alterne entre la description des ébats du couple, le rappel régulier du pouvoir que le directeur, en tant que principal pourvoyeur d'emplois, détient sur les habitants du village, et l'évocation des skieurs, touristes ou locaux, qui profitent d'un environnement naturel idéal... Il tourne en boucle, même, autour de ces différents thèmes, en une succession de métaphores plus ou moins compréhensibles, qui imposent par saccades, à l'esprit du lecteur, des images obscènes, incongrues, jusqu'à provoquer, presque, une sensation de nausée.



Les personnages sont comme engloutis au cœur d'une frénésie qu'ils ne contrôlent pas, et en même temps prisonniers de schémas que leur imposent leur statut et leur condition. Rarement nommés ou prénommés, ils sont d'ailleurs désignés comme "la femme", "le Directeur", "le fils".



Pour vous donner une idée, voici ce que ça peut donner :



"L'homme attend que son eau bouillonne. Puis il y jette sa femme, dépouillée de la robe de chambre. Son signal s'est dressé, la voie est libre. Et ici comme ailleurs lui seul donne le la. Il expédie un coup de pied dans le ventre de sa femme. Il n'a nul besoin qu'elle le ragaillardisse, il est à présent tout gaillard. On dirait que sa queue plus jamais ne saurait trouver le repos. car qui sait si quelque autre ne s'est pas terré dans ce con, en salissant le fond avec son bout de saucisse (...). Dehors neige et glace règnent sans partage. La nature d'ordinaire fait assez bien les choses, il est rare qu'elle ait besoin d'aide pour savourer en paix à notre table ce qui lui appartient".



...ou encore:



"Et la famille de continuer à s'embrasser et à péter. L'attente bienheureuse est terminée, des mots de bonheur traversent la pièce. La voix du seigneur de la maison s'élève, elle devient bataille qu'il gagne. Il est pris dans un tourbillon, le ciel en oublie presque ses ouvriers et employés qui se sont fait rouler par leur chef suprême et sa Ste Mère l'Eglise, et se retrouvent, bien bâtis mais mal lotis, parqués dans leurs stalles où ils carillonnent de leurs cloches en colère, et trépignent au bout de leur attaches. Comment ? Leurs coups n'épargnent même pas l'unique pièce où ils s'entassent ?"



Croyez-moi, plus de 250 pages à l'avenant, cela devient lassant... ajoutez-y la frustration d'avoir l'impression de n'avoir pas vraiment tout compris, et vous en tirerez la conclusion que c'est à contrecœur que je suis allée jusqu'au bout de ce roman !

Je reconnais pourtant la force de l'écriture d'Elfriede Jelinek, dont la violence exprime, au-delà de l'aspect pornographique de son roman, la critique virulente d'un système qui réduit les individus aux statuts de dominant ou dominé, et son dégoût pour une société où la valeur des êtres se mesure à l'aune de ce -et ceux- qu'ils possèdent.



Mais cela n'a pas suffit à maintenir mon intérêt pour ce texte abrupt et obscur...
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Thème : Antigone de Jean AnouilhCréer un quiz sur cet auteur

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