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Citations de Elias Khoury (42)


Quelle est la part du conte ? Quelle est la part de la vérité ?
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J'apporterai les photos et nous raconterons toute l'histoire.
J'accrocherai toutes les photos ici. Nous vivrons parmi les photos.
J'enlèverai l'une des photos du mur, je te la donnerai et tu raconteras une histoire. Puis je t'en donnerai une autre et une nouvelle histoire viendra. Les histoires se succèderont.
Ainsi, nous composerons notre histoire dès le commencement et nous ne laisserons aucune faille qui permettrait à la mort de s'infiltrer.
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La guerre a éclaté de nouveau, et le long siège qui a démoli le camp et le cimetière et a effacé les souvenirs du massacre, a commencé. On ne peut oublier un massacre que lorsqu'un massacre plus grand intervient, comme dans toutes les catastrophes. Nous sommes un peuple bien décidé à oublier car nous avons subi tant de malheurs. Les massacres venaient faire oublier d'autres massacres. Il ne reste dans la mémoire que l'odeur du sang.
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C'est vrai, Younès, pourquoi un homme amoureux ne se sent-il pas un homme comme les autres ? Pourquoi sommes-nous amenés, pour affirmer notre virilité,
à mentir, à prétendre, à remplir nos journées de paroles creuses, à fanfaronner à propos d'aventures fictives, et quand nous nous approchons de la femme aimée, nous devenons comme une femelle ? Pourquoi s’éveille au fond de nous ce quelque chose qui ressemble à de la féminité ? Oui, l'homme amoureux devient comme une femelle.
Pour ma part, je l'ai confessé, oui, confessé.
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Le téléphone ne vaut rien, mon fils. Qu’est-ce que tu peux dire au téléphone ? Rien que des banalités et des formules toutes faites. Parler au téléphone n’est pas parler.
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Je voyais le visage de ma mère, madame Zakeya. Je voyais les rides de son visage qui me faisaient penser aux rues de Jérusalem… Je ne suis jamais allée à #Jerusalem, et je ne pense pas que j’irai jamais, mais les rides du visage de ma mère évoquaient pour moi des rues étroites, les rues de Jérusalem dont Kamâl m’avait longuement parlé avant de partir en Amérique. Lui était parti. Il n’avait pas connu le goût du feu qui vous pénètre les entrailles. Je ne savais plus rien de lui.
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Et voici Beyrouth. Un amoncellement de pierres ; des immeubles de béton où le soleil étincelle. La mer est bleue. Elle va se couvrir de marins partis à la recherche d’horizons lointains (…)

Voici Beyrouth ; comme accrochée à la hanche du monde… Mes lunettes noires enlevées, j’ai vu la ville dans sa blancheur. J’étais arrivé. Je descendis la passerelle ; dans l’aéroport, tout le monde courait et se bousculait ; on entendait des bruits d’obus ; quelqu’un près de moi, qui attendait des voyageurs, se plaignit de ce qu’on allait sans doute fermer l’aéroport.

Je descendis la passerelle, mais personne n’était là à m’attendre
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Une seule colline, ou plusieurs, je ne me souviens plus. Plus personne ne s’en souvient. Une colline sur le côté Est de Beyrouth que nous appelions une montagne car les montagnes étaient loin. Nous avions peur pour la montagne avec sa flore, qui avançait vers le bord de Beyrouth et s’y affalait. Les figuiers de Barbarie qui égratignaient nos pieds meurent, le palmier fléchit et la montagne s’approche de ses limites.
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Talâl m'a dit d'attendre et j'attends. J'attends ma mère ; j'attends de me marier ; j'attends de mourir ; j'attends la révolution ; je n'attends rien de particulier ; je suis là, sans rien attendre de particulier.
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"Vous avez rompu la trêve", a dit l'officier suédois.
"De quelle trêve s'agit-il, monsieur ? Nous n'avons rien à voir avec la guerre. Nous voulions juste rentrer dans notre village."
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L'oubli est une grâce, car sans la faculté d'oublier nous ne tardons pas à mourir de peur et de dépit. La mémoire, mon ami, est en fait l'agencement de l'oubli, ce que nous faisons maintenant, toi et moi, c'est mettre en ordre nos oublis.
Nous parlons de choses et nous en oublions d'autres, nous nous rappelons pour oublier, et c'est là où réside l'essence du jeu.
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Au commencement, pour commencer une histoire, on ne disait pas « il était ou il n’était pas », mais « Au commencement, il était ou il n’était pas ». Sais tu pourquoi ? J’ai été vraiment épaté en lisant cette expression dans un livre sur la littérature arabe classique. Au commencement, on ne mentait pas, on laissait les choses dans le vague, préférant recourir à ce « commencement » qui rendait ce qui « était » comme s’il « n’était pas » et ce qui « n’était pas » comme s’il « était ». Ainsi le conte devenait l’équivalent de la vie. L’histoire, c’est la vie qui « n’était pas » et la vie, c’est l’histoire qui n’a pas été contée.
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Il ne s'agit pas seulement du crime de l'expulsion des Palestiniens hors de leur terre, parce qu'un plus grand crime a été commis après : celui d'imposer le silence au peuple entier. Je ne parle pas du silence post-traumatique selon le jargon des psychanalystes, mais du silence imposé au vaincu par le vainqueur avec la puissance de la langue de la victime juive qui a régné dans le monde,, c'est-à-dire en Occident, après les crimes de la Seconde Guerre mondiale et la barbarie des fours crématoires nazis. Personne n'a entendu les gémissements des Palestiniens qui mouraient en silence et qui étaient expulsés en silence.
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"je ne suis entré dans aucun coffre comme mon cher poète, mais je constate maintenant que j'ai vécu toute ma vie dans le coffre de la peur et que pour en sortir, il me fallait le briser, non seulement l'écrire..."
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"C'est l'histoire de l'agneau qui n'a pas renâclé lorsqu'il est mené au sacrifice. C'est l'histoire des enfants du ghetto."

"Non je ne cherche pas à mettre en parallèle l'Holocauste et la Nakba, je déteste les comparaison de ce genre et j'estime que le jeu des chiffres est haïssable, nauséabond même."
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...je compose ma vie en l'assemblant, en dénouant ses fils enchevêtrés, en la tissant de nouveau pour confectionner un vêtement unique qui serait aussi mon linceul. C'est cela l'écriture. Ne croyez jamais les écrivains et les artistes: l'art ne triomphe pas de la mort comme l'a écrit Mahmoud Darwich. l'art tisse pour nous un linceul fait de mots et de couleurs, nous nous y enveloppons et nous fermons les yeux sur un espoir désespéré.
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Personne ne peut prétendre m'avoir fait une faveur. J'ai tout payé. La vie et moi, nous sommes quittes maintenant.
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Enveloppés dans le manteau noir, l'homme et la femme frissonnaient en faisant l'amour auprès d'un fusil endormi et d'une lampe de poche éteinte. Exsangue, le pantalon mouillé par cette eau féminine, Yalo voulut se retirer, mais ne le put pas, car elle le tenait serré au point de lui faire mal. Un cri se forma au fond de sa gorge, il sentait comme s'il allait recommencer, mais les mains de la femme le repoussaient déjà. Il se leva, remonta la fermeture éclair de sa braguette, ramassa son fusil et rentra chez lui. Il n'attendit pas leur départ, car il eut soudain envie d'une tasse de thé et il s'en alla.
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Samih parlait sans arrêt de son rêve d'écrire un livre qui n'aurait ni début ni fin. Une épopée, disait-il. L'épopée du peuple palestinien. Il commencerait par raconter les détails de la grande expulsion de 1948. Il disait que nous ne connaissions pas notre histoire, qu'il fallait réunir les histoires de chaque village afin que chaque village demeure vivant dans notre mémoire.
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Dis-moi, c'est ça l'héroïsme ? Livrer vos enfants à la peur, au désespoir, et puis mourir ?
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