Citations de Elie Wiesel (315)
Lorsque le corps devient prisonnier de sa douleur, une petite pilule ou une injection est plus efficace que la pensée philosophique la plus brillante.
L'être humain est libre, et c'est Dieu qui le veut ainsi. Toutes choses sont prévues par Lui, disent nos anciens, et pourtant nous sommes libres de choisir chaque moment de notre existence; de choisir entre la vie et la mort, c'est-à-dire entre l'instant prochain et le néant, entre le bien et le mal, entre le rire et les larmes, la compassion et la cruauté, la mémoire et l'oubli, entre la liberté et l'absence de liberté... Etre libre est essentiel à la condition humaine. C'est la liberté qui rend l'homme humain.
Et puis, en général, je me méfie des mots: à peine prononcés, ils vieillissent, ils s'éteignent. La pensée transmise oralement s'égare, s'évapore et, l'allocution terminée, j'en retiens une sensation de perte. Les meilleurs discours sont ceux que je n'ai pas prononcés.
Pour la tradition juive, la mort n'est pas un instrument dont l'homme se servirait pour glorifier Dieu. Tout homme est une fin en soi, une éternité vivante: nul n'a le droit de le sacrifier, pas même à Dieu. (p.73).
Nul homme n'est seul dans l'histoire; tout homme est l'histoire. C'est l'enseignement de la tradition juive. Caïn n'avait pas le droit de décider pour nous, et encore moins pour Abel. Qui détruit, le fait dans le présent, mais sa culpabilité lui survit. (p.61).
Symboles, Caïn et Abel servent d'exemples, illustrant les mobiles principaux qui, dans la société humaine, poussent les individus à la haine, à l'effusion de sang, à la guerre et finalement à la destruction de soi: la hantise sexuelle, la domination matérielle et le fanatisme religieux - ou le fanatisme tout court. (pp.52-53).
Pour la tradition juive, il n'est pas donné à l'homme de commencer; ce pouvoir n'appartient qu'à Dieu. Mais il appartient à l'homme de recommencer. Il recommence chaque fois qu'il décide de se ranger du côté des vivants. (p.35).
Dans la tradition juive, le passé de l'homme le lie aux origines sacrées de l'histoire. Reflet divin, le premier individu fut plus pur, plus parfait que ne le sera le plus évolué de ses descendants. (p.20).
- ... As-tu confiance en la justice divine ? Sinon, en quoi _ et en qui _ as-tu foi ?
- En l'homme.
- En l'homme ? Qu'a-t-il donc fait de si grand, de si beau, de si vrai pour qu'il mérite tant d'honneur ? Les assassins n'étaient-ils pas eux-aussi des hommes ?
Il ne répond pas à mes questions. Les entend-il seulement ? Je sais qu'il les reçoit. Je veux savoir, lui dis-je. Un début d'histoire, une bribe de souvenir, je veux savoir ce que tu savais de la vie, du monde, du mystère de la vie et des hommes, je veux savoir ce que tu éprouvais au milieu des fauves humains qui se réclamaient de l'histoire et de Dieu, je veux comprendre, je veux te comprendre. Rien à faire, il me dévisage d'un air de plus en plus sombre, de plus en plus tourmenté, il serre les lèvres, avale sa salive, et ne dit rien. Il ne veut pas se livrer, il ne peut pas.
Tout dans la vie est recommencement.
'Vous désirez connaitre l'histoire du Golem. N'est-ce pas ? Je dois vous dire d'emblée que moi, je l'aimais beaucoup. Et je n'étais pas le seul ? Nous l'aimions tous. A nos yeux, c'était un sauveur. Un sauveur muet et malheureux. Voila ce qu'il était. Nul ne le comprenait car nul ne vivait à sa hauteur. Connaissez-vous des êtres qui n'existent que pour autrui, qui vouent le moindre souffle, le moindre battement de paupières, la plus infime parcelle de leur existence à une vocation unique et sacrée : celle de protéger la vie, le sommeil et l'avenir de la communauté ? Je sais, on le disait sot. On le disait stupide, attardé, demeuré. Tel n'est pas mon avis. C'était un saint.'
"Apprendre c'est prendre, ensuite c'est donner;puis c'est reprendre".
"Décris-moi un souvenir de Jérusalem. Un nuage bleu rougeoyant, presque incandescent. Un silence pénétré de prières mélodieuses".
"La maladie peut me diminuer, mais pas m'anéantir. Le corps n'est pas éternel, mais l'idée de l'âme l'est. Le cerveau sera enterré, mais la mémoire lui survivra".