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Citations de Ellen Kushner (21)


« Mon nom est Thomas. On m'appelle le Joueur de Harpe, et parfois aussi le Rimeur, quand je me mêle de faire quelque chose de nouveau, au lieu de voler leurs chansons aux morts.
– Cette manie d'avoir toujours du nouveau, a lancé Meg avec un reniflement de mépris. Y a pas de déshonneur à s'en tenir à ce qui est ancien et éprouvé. »
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Je gisais épuisé, pressé contre le sol, baigné de sueur. La Reine des Elfes, vêtue de pied en cap, se dressait au-dessus de moi. Elle fit courir un doigt frais le long de mon épaule et suça ma sueur d'une langue délicate. « Que tu chantes bien, dit-elle. Maintenant, lève-toi, Thomas, et habille-toi, car nous avons un long voyage devant nous.
– Quoi ? » marmonnai-je. L'odeur de la terre automnale était poignante contre mes narines, si douce que j'avais envie de pleurer.
« Il faut venir avec moi. Ton corps m'appartient, comme je te l'ai annoncé. Tu seras à moi pour sept ans ; et pendant tout ce temps, tu me serviras de la façon qui me plaira le mieux. Viens, Thomas, lève-toi. »
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Thomas le Sincère se reposait sur un talus
Quand le pays des fées lui apparut
Et il y vit une brillante personne
Arriver à cheval près de l'Arbre d'Eildon.

De soie verte était sa jupe éclatante,
De fin velours était sa grande mante,
Et chacun des crins de son cheval blanc
Portait cinquante et neuf clochettes d'argent.

(Chansons traditionnelles)
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[...] dans le cœur d'un amoureux un passé et un futur qui ont jamais existé sont quelquefois plus clairs que le présent qui existe.
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— On ne se bat à mort que pour l'une ou l'autre de deux raisons : le pouvoir ou l'argent.
— Et l'honneur ?
— Que croyez-vous que l'honneur achète ?
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Depuis les hauteurs célestes, les actions arbitraires de la vie semblent arrangées comme un paysage de conte de fées, peuplé de figures excentriques et charmantes. Les scintillants observateurs réclament des doses vitales de joie et de douleur, des revers de fortune soudains, de sinistres présages et des trépas inattendus. La vie elle-même se déroule selon ses modalités imprévisibles et infinies – tellement différentes de la danse mesurée des étoiles – jusqu'à ce que, pour satisfaire leur amusement, les guetteurs choisissent un point où s'arrêter.
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A l’intérieur, je découvris une scène nocturne : une immense salle remplie d'Elfes en train de festoyer, au son de musiques variées, avec au centre des acrobates en pleine activité - une scène comme j'en avais vu d'innombrables sur Terre, à cette différence près qu'ici certains courtisans avaient des ailes ou des cornes, certains acrobates des pieds de chèvre ; et que tout était brillamment illuminé par la froide lumière bleue des flambeaux, ce qui donnait à l'ensemble une apparence marine, comme si le banquet se déroulait au fond de l'océan.
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J'eus le dos parcouru de frissons. Ce n'était pas une voix humaine, mais ce n'était pas non plus la voix d'un oiseau. On aurait dit qu'une flûte avait soudain pris vie et acquis la parole en plus de la musique.
(P217)
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Les Elfes sont de piètres menteurs ; ce ne sont même pas de très bons conteurs, en tout cas selon nos critères : la plupart de leurs contes manquent d'imagination, car, ayant à leur disposition le riche matériau du Pays des Elfes, ils n'en ont guère besoin.
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Pour la première fois depuis que j'étais monté sur le cheval magique, je songeai à Elspeth. Il me sembla la voir telle que je l'avais vue lors de notre première rencontre ; comme ceux d'un homme qui se noie, mes souvenirs des instants que nous avions partagés défilaient dans mon esprit, criants de vie, clarifiés par la distance des belles légendes, des chansons. Il était étrange que son image fût si vivante dans mon esprit, tranchant sur les lumières irréelles du Pays des Elfes. Comme elle aurait aimé être avec moi en ce moment ! Elle qui avait tant envie de lointains voyages et de spectacles extraordinaires, elle qui mettait du lait devant la porte pour le Petit Peuple...
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- Tu auras décampé, gronda-t-il à l'adresse d'Alec, le temps que je compte jusqu'à trois. (…) Un, compta l'homme. Deux.
- Va t'en pauvre imbécile, cria quelqu'un. Brent va te tuer!
- Mais il faut que je reste pour l'aider, répondit Alec avec une surprise polie. Vous voyez bien qu'il a du mal avec le chiffre suivant. C'est trois, lui indiqua-t-il avec obligeance. Celui qui vient après le deux.
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Mais avec son regard triste et sa longue chevelure, le Rimeur ressemblait d'avantage à un Elfe qu'à un homme. Il a tourné les yeux vers Gavin qui se tenait à la porte, aussi large que haut. "Je suis un voyant, qu'il a dit. Quelle espèce d'homme est-ce là ?
- Une excellente espèce, Gavin avait pas l'intention de mettre de l'eau dans son vin. "T'es un homme qu'en sait un peu plus long que les autres.
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J'ai entendu dire à des Elfes que la plus grande force des êtres humains, et leur plus grande faiblesse aussi, est leur curiosité qui est chez eux la mère des inventions.
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Parfois, ce n'est que dans le silence que l'on obtient la vérité.
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Mais celui-ci réagit de façon bien plus vigoureuse que ne pouvait le justifier même une image vraiment horrible. À l’instant où Richard lui fourrait le livre sous le nez, il exécuta un bond en arrière, renversant son siège, un bras jeté derrière lui, l’autre tendu en avant pour faire sauter l’ouvrage de la main du jeune garçon.

Avec vivacité, l’enfant pivota, entraînant le manuel de sa mère hors de danger. Il n’avait aucune envie de se voir corrigé d’importance, le châtiment officiel pour avoir abîmé des livres.

Le vieil homme recula, le souffle court. « Tu as vu venir le coup, chuinta-t-il. Espèce d’engeance du diable. »

Il s’élança de nouveau vers lui. Richard protégea l’ouvrage.

Le vieil homme commença à lui donner la chasse autour de la pièce, cherchant à le crocher sous différents angles, le haut, le bas, le côté… Richard s’en alarmait, mais s’en amusait aussi. Impossible que le vieil homme le touchât, après tout. Richard voyait toujours exactement ce qu’il visait, le point précis où sa main allait s’abattre – sauf, bien entendu, qu’elle ne l’atteignait jamais.

Octavia, une femme qui n’avait pas coutume de crier, poussa un cri en entrant dans la pièce. « Au nom des Sept Enfers, que faites-vous avec mon fils ? »

Le vieil homme s’arrêta net. Il se redressa, inspirant profondément, avec précaution, de façon à rester assez ferme et énoncer d’une voix claire : « Madame, je l’entraîne. À l’art de l’épée. Il n’a pas pu échapper à votre attention qu’il a un don. »
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Que le conte de fée débute donc par un matin d’hiver sur une seule goutte de sang fraichement tombée sur l’ivoire de la neige: une goutte aussi vive qu’un rubis précisément taillé, vermeille comme un unique tache de clairet sur un jabot de dentelle.
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« Vous avez été si bon, dit-elle. Je ne veux pas abuser longtemps de votre temps. Il s’agit de Richard.

— Oh, misère, s’exclama lord Trevelyan avec bonne humeur. Aurait-il corrompu Crispin, ou est-ce Crispin qui l’aurait dépravé ? » Elle lui adressa un coup d’œil perplexe. « C’est courant chez les garçons, vous savez, poursuivit-il. Ce n’est la faute de personne ; ça ne dure jamais. Je ne m’en inquiète pas et vous ne devriez pas vous inquiéter non plus.

— Crispin ne prise guère l’épée », dit-elle. Le tuteur de lord Trevelyan lui avait enseigné la métaphore, mais il comprit qu’elle ne parlait pas de cela. Il saisit également que la malheureuse ne connaissait rien aux garçons et qu’il aurait dû, comme madame son épouse l’y encourageait souvent, tenir sa langue.

« Ah oui, répondit-il. L’épée.

— En revanche, Richard adore cela.
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Lord Thomas Berowne était la courtoisie même. Quand nous sommes arrivés à l’hôtel particulier de sa famille, nous avons emprunté une entrée de service, « afin de ne pas alarmer mes parents », et grimpé un escalier, puis un autre, jusqu’à une pièce toute rosie de velours et de clarté du feu, les ombres jouant ici sur le reflet d’un tableau, là sur le drapé d’une tapisserie.

Il était beau, sans ses vêtements, et a su me donner du plaisir. Mon ami d’enfance Crispin et moi-même avions eu nos petits rituels, mais Thomas Berowne était un adulte qui avait clairement eu beaucoup de pratique. Tout au long de cette nuit, lorsque je m’éveillais face à la façon dont se posait la lumière sur sa peau, à un vacillement de chandelles, voire à un verre de vin qu’on me tendait d’un geste ensommeillé, je me suis senti curieusement en sécurité, et curieusement heureux. Il m’a très peu posé de questions, mais je me suis retrouvé à lui expliquer mes espoirs sur mon travail, mon désir de défier des adversaires de valeur, de livrer des duels aux limites de mes forces et de mes talents. Jusqu’à mon arrivée en ville, je n’avais pas compris à quel point j’excellais. Je croyais tout le monde capable de faire comme moi, plus ou moins, avec une formation convenable. Mon vieux maître ivrogne, un vagabond que ma mère avait tiré de la route par charité, qui m’avait entraîné sans merci, m’avait toujours recommandé de ne pas être trop sûr de moi. J’avais pris cela à cœur. Mais il m’avait aussi enseigné à jauger un adversaire et à tirer parti de chacune de ses faiblesses. Les hommes que j’avais affrontés jusqu’ici aux confins des Bords-d’Eaux n’étaient pas de taille contre moi ; ceux qui l’étaient se tenaient à distance de mon épée. Il n’y a pas de combats de démonstration, dans les Bords-d’Eaux.
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Alec laissa échapper un soupir velouté tandis que Richard cherchait le plaisir du jeune homme, prenant toujours garde à ne pas le surprendre par un geste soudain ou inattendu. Parfois, cette recherche évoquait la façon dont on traque un gibier ou dont on attire jusqu’à sa main un animal sauvage. Alec cessa de parler, laissa ses paupières retomber finement sur ses yeux brillants, et Richard eut l’impression que ce corps devenait pareil au flot des eaux, comme s’il retenait entre ses bras la puissance d’un fleuve.

Quand ils s’embrassèrent, les bras d’Alec vinrent se serrer autour des épaules de Richard ; puis ils commencèrent à aller et venir de haut en bas sur le corps du bretteur comme s’ils cherchaient quelque chose, s’ils essayaient de puiser quelque chose dans les muscles tendus de son dos et de ses cuisses.

« Ah ! » dit Alec, le contentement se mêlant à la surprise. « Que tu es beau ! »

En réponse, Richard le caressa ; le sentit frémir, sentit les doigts pointus s’enfoncer dans ses muscles. Richard s’excita, entraînant Alec avec lui plus profond, jusqu’au point de non-retour, par la douceur de la peau sur la peau, la dureté du souffle et de l’os. Alec parlait, maintenant, d’une voix rapide et pleine d’air – rien de vraiment cohérent, mais quel plaisir d’avoir dans l’oreille cette voix légère, des syllabes hoquetées qui soufflaient sur ses cheveux, les lèvres qui agaçaient le lobe de son oreille, s’interrompant à l’occasion pour y enfoncer des dents aiguës…
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Il savait qu’il devrait dormir ou aller s’occuper de ses affaires ; mais plus encore que de repos, il avait besoin d’exposer ses réflexions à son épouse. « Voilà le problème d’un système qui inclut des bretteurs. On dit que, sans eux, nous assurerions nous-mêmes la besogne de nous entretuer comme dans l’ancien temps, encombrant les rues de guerres miniatures et transformant chaque demeure en forteresse… Mais les bretteurs représentent un atout imprévisible. Seul le code le plus strict garantit leur utilité… »

Parlant toujours, il se laissa guider par elle jusqu’au sofa. Ils s’assirent côte à côte, se penchant à peine l’un vers l’autre, guettant les premiers bruits d’une intrusion, pour les exigences du gouvernement ou l’entretien de la maison.

« Basil, demanda sa femme quand il s’interrompit enfin, dois-tu tout accomplir toi-même ? S’il s’agit d’un meurtre, la ville peut enquêter. Chris nous servira de liaison.

— Je sais… Mais on a assassiné un lord du Conseil, et avec une épée. Par conséquent, cela pourrait encore concerner une affaire d’honneur – ou autre chose que nous ne tenons pas à laisser connaître de tous.
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