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Critiques de Elsa Triolet (109)
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Les manigances

Ecrit à la première personne, comme un journal intime, un ouvrage qui se lit en quelques jours et nous dépeint la vie et les relations d'une chanteuse des années 1950. Le style est alerte et la narration des plus plaisante. Je regrette un peu l'insistance avec laquelle l'auteure tente de nous convaincre de l'égoïsme de son héroïne durant le premier tiers du livre. Fort heureusement cela s'apaise ensuite.
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Anne-Marie, tome 1 : Personne ne m'aime

Le roman, entièrement raconté à la première personne du singulier, d’après le point de vue d’Anne-Marie se divise en deux grandes parties : la première se déroule avant la guerre. On y suit la vie relativement frivole d’Anne-Marie auprès de la despotique Jenny Borghèze. La seconde suit le basculement d’Anne-Marie dans sa nouvelle vie, après un événement assez traumatisant. La France entre en guerre et Anne-Marie se voit contrainte de quitter Paris.



Que dire de ce roman ? J’ai du mal à déterminer si je l’ai aimé ou non. Le personnage d’Anne-Marie est celui d’une femme qui semble assez naïve, peu au courant de la manière dont la France métropolitaine a évolué durant les 10 années qu’elle a passées outre-mer et peu versée vers les questions politiques [elle répète à plusieurs reprises que ce ne sont pas des sujets pour les femmes]. Or, nous suivons les événements d’après son regard : en tant que lectrice ou lecteur, nous voyons venir les choses mais Anne-Marie ne comprend pas ce qui se joue autour d’elle. Son récit se révèle parfois brouillon, ce qui m’a frustrée à plusieurs reprises. Elle se retrouve alors dans des situations qui frôlent l’absurde tant la jeune femme paraît inconsciente des dangers dans lesquels elle plonge, malgré elle.

Pourtant, à travers ce personnage, Elsa Triolet a souhaité faire honneur à la résistance. Au début du roman, nous pouvions imaginer que c’était le personnage de Jenny qui représenterait cette faction de la population qui a refusé le joug allemand. Mais, elle a choisit la douce et naïve Anne-Marie. Ce choix a de quoi surprendre. Jenny, elle, lui sert plutôt à dénoncer les diktats qui pèsent sur les femmes et leur corps [la pression à enfanter, l’obligation d’être mince et belle, etc.].



Le titre, Personne ne m’aime, qui revient comme une litanie tout au long du roman, est une phrase prononcée par Jenny, consciente que l’intérêt que lui portent la plupart des personnes autour d’elle n’est dû qu’à son statut d’actrice renommée. Il fait aussi référence à la situation personnelle de l’autrice qui était de plus en plus critiquée, après le succès du Goncourt obtenu en 1944.



J’avoue ne pas avoir été pleinement convaincue par ce récit : j’ai trouvé que toute la partie consacrée aux actions des résistants était remplie de clichés et de facilités. C’est une vision fantasmée de la résistance qui me paraît assez peu réaliste.



C’est dommage car le sujet était prometteur et c’était assez audacieux de la part de l’autrice de l’aborder aussi rapidement après la guerre, à une période où la France n’était pas encore prête à regarder ses erreurs en face et souhaitait tirer un trait sur ces heures sombres. D’ailleurs, ce choix n’a pas été fort apprécié par le grand public car il n’a pas connu un franc succès d’autant qu’il propose une vision assez pessimiste du retour à la paix.



Il y a une suite à Personne ne m’aime, je ne sais pas encore si je la lirai. Même si je suis curieuse de connaître la suite des aventures d’Anne-Marie, je ne suis pas sûre d’avoir envie de passer le temps d’un autre roman avec elle.
Lien : https://www.maghily.be/2021/..
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L'âge de nylon, tome 1 : Roses à crédit

L'idée d'un roman de la société de consommation pourrait paraître un rien éculée, si ce n'est carrément cliché. Il en va de même avec un personnage féminin prisonnier de son foyer, des apparences : vu, vu et revu me dira-t-on, et on n'aurait pas tort en soi, si ce n'est qu'on parle ici de Roses à crédit, un roman aux thématiques certes devenues bien plus fréquemment analysées par la suite, mais dont le propos était encore formidablement précurseur à l'époque, dont l'ironie et le cynisme constant en font un texte toujours aussi captivant, et dont l'apparente simplicité cache un récit toujours aussi vif et piquant de nos jours.



Roses à crédit suit le fil de l'existence de Martine, petite fille puis jeune femme élevée dans une certaine précarité, petit à petit introduite (mais de loin) à un monde de confort et d'immédiateté qui, bien au-delà d'une simple convoitise, lui inspire une espèce de révérence quasi-religieuse. Très vite, au fur et à mesure de sa longue éducation mercantile, Martine aiguise ses ambitions, et laisse même sa soif de possessions devenir la condition nécessaire à son épanouissement personnel. Tout, il lui faut tout, elle qui n'a rien eu et ne jouit encore que de si peu, des meubles, parfums, vêtements, crèmes et vernis, tout, elle aura tout, puisque ça lui est permis, entre crédits à la consommation, emprunts plus ou moins formalisés, promotions et paiements fractionnés, alors elle ne se prive de rien, tout est trop beau pour elle mais elle s'en moque bien puisqu'on le lui vend quand même : twin-set, mobilier, cocotte-minute et machine à laver, pourquoi pas robot ménager tant qu'on y est, la vie devient combinaison magique faite de rouages mécaniques et de bibelots qui s'imbriquent, et Martine, au milieu de cet amoncellement de choses qui ne lui appartiennent qu'en théorie, elle devient franchement extatique.



C'est sans compter sur la petite rengaine de la dette, chanson sournoise au refrain crescendo qu'on ne reconnaît que trop tard. Très vite, Martine sombre, écope comme elle peut mais finit toujours par replonger à coups de petites avances et autres combines improvisées. Elsa Triolet donne à son héroïne un regard agressif, plastique, ultrasensoriel, une espèce de sensibilité ultime à la couleur, à la forme, à la valeur de ce qui l'entoure, et le texte devient à cet égard assez hypnotique, pour ne pas dire carrément vertigineux.

"Sur le papier glacé, lisse, net, les images, les femmes, les détails étaient sans défauts. Or, dans la vie réelle, Martine voyait surtout les défauts... Dans cette forêt, par exemple, elle voyait les feuilles trouées par la vermine, les champignons gluants, véreux, elle voyait les tas de terre du passage des taupes, le flan mort d'un arbre déjà attaqué par le pivert... Elle voyait tout ce qui était malade, mort, pourri. La nature était sans vernis, elle n'était pas sur papier glacé, et Martine le lui reprochait."



L'histoire reste marquée par une certaine simplicité, un côté "tragédie des temps modernes" à l'issue facile à deviner et à la dégringolade plutôt classique, mais qui garde à chaque instant quelque chose d'hypnotique, de magnétique, tant on est effaré par les errements de Martine, en même temps troublé par l'envie malsaine qu'on a de la voir aller au bout de son obsession, et enfin presque irrité par les réflexions de son mari Daniel, homme pragmatique, raisonnable et rigoureux qui se désole de la voir se corrompre ainsi, et voudrait la voir renoncer à tous ses colifichets. On sait bien qu'il a raison, bien sûr, mais voilà, l'autrice parvient à remuer nos propres pulsions mercantiles, et on a bien du mal à lutter contre cet appétit capitaliste qui nous donne envie malgré nous de voir comment Martine s'apprête à être terrassée par sa fièvre acheteuse.



"Que pouvait-il contre l'idéal électro-ménager de Martine ? C'était une sauvage devant les babioles brillantes. Elle adorait le confort moderne comme une païenne, et on lui avait donné le crédit, anneau magique des contes de fées que l'on frotte pour faire apparaître le démon à votre service. Oui, mais le démon qui aurait dû servir Martine l'avait asservie. Crédit malin, enchantement des facilités qui comble les désirs, crédit tout puissant, petite semaine magicienne, providence et esclavage. Daniel se sentait battu, bêtement battu par des objets. Sa Martine-perdue-dans-les-bois convoitait follement un cosy-corner."



Si l'intrigue est parfois un peu simple, sa prose en elle-même est franchement convaincante, assez simple mais d'une efficacité fulgurante, avec un mélange très troublant de douceur et de cruauté, des piques d'autant plus brutales que maquillées en narration fleurie. Le récit arrive toujours assez bien à jongler entre cynisme et naïveté affectée, pour un résultat vraiment marquant, à mi-chemin entre l'instantané d'une époque révolue, le documentaire acide et aiguisé, la romance légère et le conte de fées déréglé. On y frissonne, on s'y étourdit, on y vit agacement, tendresse et amertume, et on en sort comme plongé dans une espèce de gueule de bois post-shopping, avec un vague sentiment de honte un peu satisfaite et franchement pas reluisante, et une certaine envie de se plonger dans la méthode de Marie Kondo et autres théories minimalistes. C'est franchement réussi, et ça mérite votre attention à n'en pas douter.
Lien : https://mademoisellebouquine..
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Le premier accroc coûte deux cent francs

Je dois avouer que j'ai été d'abord attiré par le contexte historique de la nouvelle, mais l'histoire m'a un peu frustré. Elle un peu décousue, il y a des lenteurs et des scènes un peu déconcertantes. Petite déception.
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L'âge de nylon, tome 1 : Roses à crédit

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Le cheval blanc

J'ai bien aimé.
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Le cheval blanc

Lu il y a longtemps, un souvenir merveilleux.
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L'âge de nylon, tome 1 : Roses à crédit

Triste réalité des crédits à la consommation mêlée d'une histoire d'amour un peu hors du commun... C'est un classique et je vous conseille vivement de le lire !
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Mille regrets

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