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Citations de Emilie Frèche (205)


Et même s’ils avaient eu encore plein de rêves secrets et d’envies d’ailleurs et d’autres choses, n’auraient-ils pas été physiquement empêchés ? Certes, ils se tenaient toujours droits et dignes, mais ils avaient l’âge qu’ils avaient. Cela voulait dire qu’ils souffraient de mille petits maux invisibles à l’œil nu – arthrose, goutte, hypertension, diabète, glaucome –, lesquels n’avaient fait que rétrécir et rétrécir encore leur univers. Depuis longtemps déjà, celui-ci n’était plus le vaste monde qu’ils parcouraient jadis à sauts de puce en prenant des avions sans cesse, ni la France qu’ils traversaient chaque week-end en TGV pour rejoindre leur Midi chéri, ou même tout simplement Paris qu’un métro, un bus ou un taxi leur permettait d’arpenter à leur guise pour rendre visite à un ami, faire une course, aller chez un médecin. Même s’ils continuaient de marcher, c’était désormais sans but, toujours et toujours le même circuit, dans l’unique souci de ne pas rouiller. Leur univers était devenu leur intérieur – leur chambre, leur salle de bains, leur salon, leur cuisine, et à Ramatuelle, leur terrain. Mais ils ne pouvaient plus en faire le tour. Tout était devenu trop dangereux, les parterres de gravier qui faisaient perdre l’équilibre, les chemins en pente où l’on pouvait glisser, les sillons terreux entre les vignes dont la longueur réclamait trop de force dans les jambes, et puis tous ces espaces sans ombre exposés au soleil brûlant du Sud qu’ils auraient dû traverser en courant – une pure folie. Était-ce ce rétrécissement inéluctable qui avait guidé leur choix ? La peur de devenir dépendants, de perdre la boule, de se retrouver seuls, d’être placés en Ehpad ? Depuis quand la peur avait-elle guidé leur existence ?
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Petit, chétif, les yeux marron, les cheveux bouclés et la peau laiteuse parsemée de son si typique des Ashkénazes, on l’aurait volontiers rangé du côté d’un Bob Dylan ou d’un Allen Ginsberg, mais certainement pas dans la catégorie des sex-symbols. Il n’y avait que ma mère pour le voir ainsi ! En revanche, c’est vrai, il possédait le charme des grands séducteurs, ce bagout et cette superbe qui donnaient la sensation qu’avec lui, la vie serait toujours une grande aventure. Or ma mère n’avait soif que de cela. Elle exécrait la réalité qui avait fait d’elle une orpheline. Elle voulait être un personnage de roman et que son mari lui en écrive chaque chapitre. Elle, elle ne s’en sentait pas capable. Elle avait l’impression de connaître si peu de chose, comparée à lui. Elle pouvait seulement se tenir à ses côtés, mais c’était une place qui la rendait fière, parce qu’en son temps, être l’épouse d’un homme pareil, un homme qui n’avait ni nom, ni diplôme, ni héritage, mais qui s’était montré capable de transformer en or tout ce qu’il avait touché, suffisait à se tenir droite. Ce dont elle ne se rendait absolument pas compte, c’est que sans elle, il n’était rien. Elle était son épouse, sa mère, sa compagne, sa jumelle, son associée, son oxygène. Il ne pouvait pas faire trois pas sans l’avoir dans son champ de vision, seul son avis avait véritablement de l’importance, et quand au détour d’une conversation elle lui rappelait qu’un jour, comme tout le monde, elle rendrait l’âme, il lui ordonnait aussitôt de se taire. Il ne plaisantait pas.
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«  Vivre ensemble autorise les couples à tout,
même à devenir des étrangers » ....
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Il avait considéré qu'il devait payer, "me payer" pour me voir. Sant doute parce que l'argent est bien le seul sujet dont on puisse encore parler quand on est devenu deux étrangers. or c'est précisément ce que nous étions devenus mon père et moi, et si je le disais depuis longtemps, c'était seulement maintenant que je le ressentais physiquement.
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..mais ce dont J'étais certaine que nous partirions ensemble car on était soudé comme les cinq doigts de la main, Paul et moi. Mais c'étaient là des rêves de petite fille car dans la vraie vie les gens de partent pas, il s'éloignent. Il se retirent tout doucement comme la marée et c'est ainsi que les choses se sont passés avec nous aussi, nous n'avons pas échappé à cette règle, nous nous sommes éclipsés progressivement.
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...la mort de vos parents ne vous aide jamais à vous remettre en question : elle vous anéantit ou vous libère, c'est tout.
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Vivre ensemble autorise les couples à tout, même à devenir des étrangers.
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Ma fille chérie,
Hier, en rentrant du bureau, je suis passée aux Vraies Richesses, la librairie que tu adores dans la Grande Rue. Je m'y suis acheté un stylo plume ainsi qu'un beau Moleskine que j'ai choisi de couleur verte comme celui dans lequel tu écrivais l'année dernière. Marin te l'avait offert pour tes seize ans. Est-ce qu'il avait choisi cette teinte par hasard? Le vert, comme tu sais, est la couleur de l'islam, mais c'est aussi la couleur de l'espoir, et je veux en être pleine pour commencer.
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Pourquoi des jeunes filles élevées en France, à l'école d'une République laïque, dont les grands-mères se sont battues pour obtenir l'IVG et la pilule, ont tout à coup envie de disparaître sous un grand drap noir ? Pourquoi ?
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On ne sait jamais ce qui a fait d'une personne une proie, ni pourquoi l'emprise fonctionne sur un individu et pas sur un autre, une sensibilité particulière sans doute, un moment aussi évidemment...
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- Tom, si tu as de l'humour, tu arriveras toujours à t'en sortir. L'argent, ça va, ça vient, la beauté c'est éphémère, l'intelligence, très relatif, mais l'humour est la plus grande qualité qui soit. Les types qui en ont sont des magiciens. D'abord, ils ont toutes les femmes à leurs pieds !
( p 9)
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Car au fond, peut-être portons-nous tous nos aïeux en nous, et il suffit d'un évènement insignifiant pour les ressusciter. Pour qu'ils prennent le pas sur ce que de haute lutte nous avons réussi à préserver de toute influence, la part vierge, en quelque sorte, de notre identité, celle née de l'expérience, des rencontres, de ce qui ne se transmet pas mais se vit, et dont je mesurais ce soir-là la grande fragilité.
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L’enfance est comme le ressac, toute la vie, elle vous revient, parfois avec douceur en vous caressant l’âme, mais parfois pourvue d’une violence qui vous démolit si vous allez contre. Il faut donc lâcher prise. Accepter d’être malmené pour avoir une petite chance, une fois la tempête passée, de se retrouver sain et sauf sur le rivage.
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Je voudrais que tu lises ce livre parce que parfois, les mots des autres sont le chemin le plus court pour nous mener vers ceux qu’on aime, mais qu’on est incapable de comprendre.
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– Pourquoi as-tu rompu avec tes parents ?
L’impudeur de ma question sembla le déstabiliser. Il prit le temps d’y réfléchir pour me répondre au plus juste, puis il dit :
– Parce qu’ils ne m’ont pas protégé. C’est pourtant la seule chose qu’on demande à des parents, non ?
Je laissai cette phrase infuser, sans lui répondre, et il reprit :
– Non, tu n’es pas d’accord ?
– Si. Je pourrais dire exactement la même chose, mais de leur couple. Mes parents ne m’ont pas protégée de leur couple.
– Ça veut dire quoi, cette phrase ?
– Ça veut dire qu’il n’y avait pas de place pour moi dans leur histoire. Tout le monde veut faire des enfants pour défier la mort, mais quand deux personnes se sont trouvées au point de se suffire à elles-mêmes, on devrait leur dire de ne pas se reproduire. Ça ne sert à rien. Et ça complique tout.
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Car qu’est-ce que l’amour, sinon trouver du plaisir au bonheur d’autrui ?
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"Je la voulais depuis l'âge où j'ai commencé à jouer à la poupée. Je rêvais d'une petite rousse, avec de grands yeux verts et des taches de rousseur sur le nez."
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La raison pour laquelle on tombe amoureux de quelqu'un devient un jour celle qui nous fait désaimer (p.143)
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[...]les couples incapables de vivre ensemble sont aussi incapables de se séparer. (120)
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Vivre ensemble autorise les couples à tout, même à devenir des étranger. (p. 116)
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