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Critiques de Emmanuel Lepage (693)
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Les voyages d'Ulysse

" Heureux, qui comme Ulysse a fait un beau voyage."





A croire que la mer n'est pas partout de la même couleur...

L'homme est perdu, sur le quai, près d'un bateau : "l'Odysseus".





Comme le divin Ulysse, cet homme ne veut pas embarquer pour partir. Non, le peintre Jules Toulet veut revenir chez lui, pour se retrouver...

Comme Salomé Ziegler, la capitaine de l'Odysseus !





Tous deux recherchent Ammôn Kasacz, un peintre renommé. Mais, le vent leur est contraire. Le vent ou les Dieux de l'Olympe...





Poséidon n'a pas pardonné, même des siècles plus tard. Salomé a perdu son mari Vassilios, lors d'une tempête.

L'homme était tombé à l'eau, et des Sirènes hideuses comme des harpies, aux serres acérées, dévorérent son "anima", son esprit...





Et Salomé elle même, fut donnée en pâture à un gros porc en redingote, par une "Circé" monstrueuse maquerelle...





Cependant, ce voyage est nécessaire, afin que ces 2 là évoluent, et abandonnent derrière eux, leurs souvenirs et leur Passé.

Pour entraîner le lecteur, avec eux, à travers les somptueux dessins de ce très beau roman graphique!





"...ainsi pointait la proue, et dans les gros bouillons du sillage, roulait la mer retentissante..."





"Le chant de la mer, c'est l'éternité dans l'oreille". Olivier de Kersauson, le monde comment il me parle.
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Ar-Men : L'Enfer des Enfers

Adossé à l'océan, loin de tout. Loin du tumulte de la vie. Épris d'un sentiment de liberté face à cette étendue immense... C'est là que vit Germain, l'un des gardiens du phare. Gardien de l'Ar-Men, le phare le plus exposé et le plus inaccessible du monde. C'est là qu'il a trouvé sa place. Aujourd'hui, Pierrick laisse sa place à Simon. Dix jours avec l'un puis avec l'autre. Les deux hommes se saluent à peine. Simon râle, pour tout. Pour l'humidité glacée des murs, les draps rêches, l'odeur de pétrole, le fracas des vagues qui viennent s'échouer sur les rochers. Deux hommes isolés, un phare qui, à la faveur d'une tempête, dévoilera son passé...



Ar-Men, surnommé L'enfer des enfers. Un phare accroché à la roche, à l'extrémité de l'île de Sein. C'est ici que nous emmène Émmanuel Lepage, loin des hommes. Dans cet album, il dépeint non seulement la vie des gardiens qui, coûte que coûte, devaient maintenir la lanterne allumée, mais aussi l'histoire de ce phare qui mit plus de 15 ans à émerger de la mer. Une histoire tout aussi incroyable que celle des hommes qui y prirent part. L'on navigue entre passé et présent. Graphiquement, Émmanuel Lepage nous offre de magnifiques et déferlantes planches. Tantôt historiques et plus classiques, tantôt sauvages et naturalistes, tantôt majestueuses. Un album qui nous plonge littéralement au cœur de cette Bretagne mystérieuse et envoûtante, qui nous happe dès les premières pages. Un album sensible et captivant...



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Un printemps à Tchernobyl (BD)

Le 27 avril 1986, le monde connaît sa plus grande catastrophe nucléaire du XXème siècle. Le cœur du réacteur de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, commence à fondre, provoquant la volatilisation de son circuit de refroidissement. Dès lors, un nuage radioactif se propage et parcourra des milliers de kilomètres sans que personne ne le sache et ne s'en protège. L'on comptera des milliers de victimes tandis que le Kremlin n'évoquera que 2 morts...

Novembre 2007, une association bretonne, les Dessin'acteurs, impliquée dans la lutte contre le nucléaire, a déjà fait un voyage là-bas et veut installer une résidence d'artistes à Tchernobyl. Le dessinateur et scénariste Emmanuel Lepage, membre de cette association, décide de se rendre sur les lieux du drame, Volodarka située à une vingtaine de kilomètres de la zone interdite, en compagnie de Gildas, peintre et illustrateur.

Avril 2008, 22 ans jour pour jour après la tragédie, il dépose ses sacs et son matériel de dessin, non sans appréhension...



Emmanuel Lepage nous livre un témoignage bouleversant, tragique mais ô combien nécessaire. Dès son arrivée, il sera surpris par cet environnement post-apocalyptique et évoluera dans des paysages laissés à l'abandon. Au delà de ces zones interdites, il se rendra vite compte qu'il y a encore de la vie et que des gens sont revenus habiter près de la capitale, malgré les dangers encourus. Il dépeint magnifiquement et avec beaucoup de sensibilité cette population ukrainienne, malgré tout pleine de vie. On le suit pas à pas au gré de ces rencontres et de ces paysages qu'il découvre, abasourdi par tant de beauté et par cette nature rayonnante qui semble reprendre ses droits, allant même parfois jusqu'à oublier que ces terres sont irradiées. Utilisant différentes techniques de dessin, que ce soit l'aquarelle ou le crayon, il nous fait ressentir d'autant plus les émotions qui le traversent et nous offre de superbes planches pleines de vie. Un témoignage sincère, bouleversant et poignant...



Un printemps à Tchernobyl... et tout redevient vert...
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Voyage aux îles de la Désolation

Février 2010. Alors qu'Émmanuel Lepage s'apprête à partir en vacances avec sa petite famille, il reçoit un appel de son frère, François, qui l'informe qu'une place à bord du Marion Dufresne, en partance pour les terres australes, vient de se libérer. Il a une demi-heure pour se décider, un quart d'heure lui suffira pour dire oui, n'osant encore y croire tant l'aventure qui se profile ressemble un peu à un rêve de gosse. À bord du navire, spécialement conçu pour ravitailler les bases scientifiques subantarctiques, 3 ou 4 fois par an, l'auteur aura pour mission de raconter l'histoire de la rotation australe. Embarqué avec son frère photographe et une amie journaliste, il va côtoyer le personnel et les logisticiens des TAAF (Terres Australes et Antarctiques Françaises), les scientifiques de l'IPEV, des techniciens et des ouvriers qualifiés. Au fil du voyage et des pages croquées, il va raconter les lieux qu'il va découvrir, les personnes qu'il accompagne, son ressenti...





D'abord l'île de la Réunion, ensuite Tromelin, l'île de sable peuplée de tortues vertes, à nouveau l'île de la Réunion et le cirque de Mafate, et enfin l'archipel de Crozet, Kerguelen, l'île des géants couchés, Saint-Paul et Amsterdam. Comment refuser un tel périple ? Impensable, tout simplement aux yeux d'Émmanuel Lepage qui embarque, en février 2010, à bord du navire, le Marion Dufresne. C'est à ce voyage dépaysant et incroyable que nous convie l'auteur. Dans ce magnifique carnet de voyage, il dépeint et croque la vie sur le navire et sur les bases, les gens qui l'entourent, les lieux qu'il découvre mais aussi les conséquences du réchauffement climatique, les espèces curieuses qu'il rencontre. Il se dégage de cet album beaucoup d'humanité et de chaleur. Graphiquement, des planches à couper le souffle, des portraits croqués, du crayonné en noir et blanc, des aquarelles de toute beauté, Émmanuel Lepage donne vie à ce voyage à la fois magnifique et enrichissant.
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Ar-Men : L'Enfer des Enfers

Là ou prend fin la terre, bien plus loin que la baie des Trépassés, plus loin encore que là où s’agitent les vagues du Raz de Sein capable d’engloutir hommes et bateaux, proche tout de même de la chaussée de Sein, là où les naufrages étaient monnaie courante, où, sous la main de l’homme est né un phare mythique : Ar-Men, baptisé à juste titre, l’Enfer des enfers, qui s’élève fièrement dans ce milieu hostile où de courageux ouvriers ont travaillé pour ériger ce titan lumineux, véritable prouesse humaine construite sur un rocher, dans une mer déchaînée.



C’est son histoire que nous conte Emmanuel Lepage dans cette superbe bande dessinée aux pages ocres et bleutées. Ce dessinateur de talent ne s’est pas contenté de raconter l’histoire du phare, de sa conception à sa construction, non, il y met son âme de Breton, y ajoute de bien belles légendes, enveloppe son récit de mystère, nous mêle aux difficiles conditions de vie des gardiens de phare, ces hommes solitaires et courageux, particulièrement Germain, le héros, peut-être pas gardien de phare par hasard...



Lecteurs qui passez par-là, plongez-vous dans ce livre passionnant, à vous la ville d’Ys et le roi Gradlon, faites connaissance de l’enfant de la mer, et prenez garde au Bag-Noz ou bateau de nuit, vaisseau fantôme qui vient chercher les trépassés. Mythe et vérité se mêlent, et Ar-Men devient alors beaucoup plus qu’un phare de pierre, il entre dans la légende du pays breton.



Pour compléter cette lecture, peut-être alors aurez-vous envie de venir voir la pointe sud de Bretagne riche de ses couchers de soleil magnifiques après lesquels, si vous observez bien, vous verrez au loin, s’allumer Ar-Men.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Ar-Men : L'Enfer des Enfers

Je vais commencer par remercier mon ami Patrick qui m'a dirigé vers cette lecture.

"Ar-Men : L'Enfer des Enfers" est d'abord remarquable pour ses dessins superbes et c'est ce que j'attends avant tout d'une bande dessinée, ici, l'ambiance graphique sert à merveille le contexte de l'histoire, car d'histoires il va aussi être question.

Histoire d'une île, histoire des îliens, histoire d'un phare, mais pas n'importe quel phare et bien sûr celle d'Ys, la ville engloutie, car nous sommes en ici en Bretagne, terre de légendes.

L'histoire de l'île de Sein est indissociable des naufrages qui assuraient une source de revenus aux îliens, a priori si j'en crois le scénariste de la BD, cela a été l'un des motifs de l'opposition à la construction du phare par les habitants de l'île qui voyaient là se tarir l'une de leur source de revenus.

Il y a surtout l'histoire fascinante de la construction du phare, d'une complexité et d'une difficulté hors norme vu l'hostilité du lieu, quinze années là où il faut quatre où cinq ans pour d'autres constructions, les problèmes rencontrés, notamment techniques, sont ici remarquablement illustrés au propre comme au figuré.

Ces parties m'ont passionné, la partie légende aussi car je ne la connaissais pas, j'ai par contre été un peu moins emballé par la structure du scénario que j'ai trouvé assez confus, on saute souvent d'un contexte à l'autre au fil des planches avec des périodes sans rapport entre elles en terme de chronologie.

J'ai aussi eu des soucis pour comprendre qui était qui, il y a dans ce récit une partie onirique assez présente où souvenirs et rêves se confondent, pas facile de s'y retrouver pour ce qui me concerne.

Pour conclure j'ai adoré regarder ces images, belles et souvent propices à l'introspection, on y trouve des oiseaux sur presque toutes les planches, j'aurais aimé que l'auteur nous offre une mouette détaillée en gros plan, j'aurais mis cinq étoiles rien que pour cela ;)

Plus sérieusement, les scènes de tempêtes sur le phare sont magistrales, les images nocturnes encore plus avec les jeux de lumière, bravo à l'illustrateur.

A noter également la présence d'un DVD accompagnant cette bande dessinée, un plus appréciable.

Je me pose tout de même une question, on m'a "vendu" cet ouvrage comme un roman graphique là où j'ai surtout vu une BD... Y-a-t-il une réelle différence ou est-ce juste une nouvelle façon de nommer une BD ?
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Ar-Men : L'Enfer des Enfers

6 ans de Babelio aujourd'hui, et ce n'est que ma huitième critique de BD, et toutes cette année. Merci à mes amis et amies babeliotes qui m'auront convaincu de renouer avec un genre que je ne lisais plus ...

Pour cette BD-ci, les critiques de HundredDreams (Sandrine) et Berni_29 (Bernard) ont été décisives, décision facilitée par mon amour de la Bretagne et de l'océan.



Ar Men, phare construit au large de l'ile de Sein: c' est le phare le plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne, c'est-à-dire du monde. On le surnomme "l'Enfer des enfers".



Dans cette BD se croisent plusieurs histoires, à différentes époques:

Celle de la ville d'Ys, engloutie par les flots, parce qu'elle était libre, ville de l'art et de l'amour, hors de l'influence de l'Eglise, péché mortel à cette époque.

Celle de Germain et Louis, gardiens d'aujourd'hui, qui l'un et l'autre essayent d'échapper à leurs souvenirs dans ce phare

Celle de Moïzez, fortune de mer, bébé découvert dans une épave et qui deviendra l'un des bâtisseurs du phare et son premier gardien. Il en écrira l'histoire sur son mur.



Ces histoire se mêlent étroitement, sans jamais se confondre, chacune étant baignée d'une tonalité différente. Et c'est là que je m'aperçois du chemin parcouru depuis le débit de l'année et des premières BDs que je rouvrais à l'époque : j'ai été fascinée par les images, le dessin, les couleurs de cette BD qui illustrent à merveille les histoires contées.

Je vous jure que j'ai entendu la mer s'écraser sur le phare, j'ai senti l'odeur du pétrole, j'ai tremblé avec le phare sous les coups de butoir des lames, j'ai frissonné dans l'humidité salée de ces lieux envahis par la mer et ses embruns.



Une plongée dans un univers fascinant.
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Voyage aux îles de la Désolation

Est-ce encore de la bande-dessinée lorsque, devenant réalité, le rêve parvient à se glisser ainsi entre ciel et océan ?

L'auteur, Emmanuel Lepage, renoue, dans ce splendide album, avec une longue tradition de peintres explorateurs.

Il nous offre un voyage unique, une aventure sans pareille.

A bord du "Marion Dufresne", qui effectue les ravitaillements des terres australes françaises, ce jeune dessinateur va vivre de palpitants jours de mer.

Le voyage passe par l'île de la Réunion mais ne s'y attarde pas.

Dommage mais on y reviendra.

Le cap est mis sur Tromelin, l'ile de sable, lieu de ponte des tortues vertes.

Le dépaysement est total.

Au quatrième jour, le bâtiment est de retour au Port, au dessus duquel s'ouvre le cirque de Mafate.

Les cuves de gasoil sont pleines.

Au cinquième jour, enfin, cap au sud...

Façonné au talent pur, fait d'aquarelles, de crayonnés noir et blanc, de portraits, d'un récit de navigation et de voyages dans le temps, ce magnifique ouvrage est une véritable réussite, un livre exceptionnel.

Articulé autour de passionnantes rencontres, il offre plusieurs destinations qui, étant heureusement inaccessibles au tourisme, sont souvent entourées de mystère.

Ce livre est beau et intelligent, original dans sa forme et astucieux dans sa narration.

On y aperçoit, mieux qu'avec ses yeux, la véritable beauté de ces paysages abrupts des froides terres françaises du sud...



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Les voyages d'Anna

Au crépuscule de sa vie, Anna décide d'écrire une dernière lettre à Jules, celui qu'elle voudrait comme compagnon pour son dernier voyage. Celui qui lui a fait découvrir tant de pays, rencontrer tant de belles personnes, celui qui lui a construit tant de souvenirs. Celui qui l'aimait mais qui n'a jamais osé le lui dire. Dans ces carnets que Jules lui a laissés, au milieu de ces croquis, ces peintures, ces crayonnés, ces aquarelles, au milieu de ces souvenirs de voyages si exaltants et exotiques, elle lui écrit et se remémore une vie douce-amère...



Émmanuel Lepage nous emmène en voyage avec cet album étonnant et original. De Venise à l'Antarctique en passant par l'Égypte, le Cameroun ou le Soudan, Jules Toulet, piètre peintre à ses yeux, a croqué tous ces paysages qui s'offraient à lui, ces soleils couchants, ces visages aux sourires éclatants ou ces rues grouillantes... Et Anna, qu'il considérait comme sa muse. De magnifiques planches à l'aquarelle ou simplement des croquis pour illustrer ces quelques mots, ces terres si lointaines et ces voyages dépaysants.
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Ar-Men : L'Enfer des Enfers

Un célèbre diction breton dit : "Qui voit Ouessant voit son sang, Qui voit Molène voit sa peine, Qui voit Sein voit sa fin, Qui voit Groix voit sa croix..." Les îles bretonnes, bien que formant de splendides territoires, ont souvent mauvaise réputation pour la navigation maritime, y compris pour le marin le plus aguerri...

Au large de l’île de Sein, sur cette chaussée où prend fin la terre, il est un phare qui se dresse aux avant-postes comme pour défier les déchaînements de l’océan. Il s’appelle Ar-Men, mais on le surnomme « l’Enfer des enfers ». Certains jours, il se mélange avec la furie des éléments, disparaissant dans le paysage, émergeant à peine des flots tumultueux.

Ar-Men : L'Enfer des Enfers est une formidable BD où le talentueux Emmanuel Lepage nous invite à côtoyer au plus près le tumulte de l’océan comme si nous y étions.

Ar-Men est un de ces fameux phares construits à la fin du XIXème siècle pour tenter de mettre fin aux naufrages dévastateurs que vivaient ces côtes finistériennes depuis des millénaires.

Ar-Men, - qui veut dire en breton la pierre, c’est cet endroit improbable de la taille d’un grand rocher où des hommes vont un jour imaginer ériger un phare...

Le récit démarre en 1962, où nous faisons la connaissance de Germain un des gardiens de ce phare et de Louis son fidèle compagnon, nous entrons dans leur quotidien façonné d’embruns et d’horizon... Un jour, sous les coups des vagues en furie, la porte d’entrée du phare cède, la mer entre par trombes venant défaire le crépi de l’escalier. Le temps de remettre tout en ordre, c’est l’étonnement qui se dessine sur le visage de Germain. Des mots apparaissent sous le crépi défait, des phrases, un autre récit, celui de Moïzez racontant sa propre histoire qui se mêle à celle de la construction de ce phare... Nous sommes alors transportés en 1867...

Je ne vous cacherai pas, qu’étant breton, j’ai toujours été fasciné par les phares, leurs histoires, leurs beautés, leurs tragédies aussi, happé par ce vaste imaginaire qui se déploie autour d’eux, aussi vaste que la mer, émerveillé par le rythme lancinant de leurs faisceaux magiques, habillant et déshabillant la nuit.

Cette BD est emplie de poésie, le vol d’une sterne traversant le ciel, le rugissement d’une mer furieuse comme elle sait l’être sur ce bord de continent perdu, à la pointe du monde. Ce bout du monde, je le connais bien, j’y vais de temps en temps, j’y suis à quelques encablures et je ne me lasse jamais de ce tableau qui se réinvente sans cesse...

Durant un été, mes parents avaient loué une petite maison de vacances à Lilia-Plouguerneau et nous avions eu l’occasion de visiter le magnifique phare de l’île Vierge, qui est le phare le plus haut du monde, du haut de ses soixante-quinze mètres. J’avais sept ans. C’est peut-être comme cela que j’ai ressenti pour la première fois une fascination pour les phares.

Forcément, je me posais des tas de questions, celles que peut-être tout le monde se pose en regardant le large... Comment peuvent tenir debout les phares, avec toutes ces tempêtes effroyables que nous subissons en Bretagne l’hiver, offrant autant de coups de boutoirs qui viennent cogner contre leur paroi... ? Mais une autre question me taraudait souvent : au milieu de cet océan si tumultueux, comment des hommes ont-ils réussi à construire de tels édifices si solides ? Et puis, tiens une autre encore : est-ce que certaines tempêtes, plus rudes que les autres, empêchaient parfois la relève des gardiens ? Je parle à l’imparfait, car désormais depuis plusieurs années, la plupart des phares au large de nos côtes sont automatisés...

La Vieille, Pierres Noires, Le Four, l’île Vierge, le Créac’h, Kéréon, Ar-Men, autant de noms qui forment les gardiens de la Mer d’Iroise...

Alors trois récits viennent s’entrelacer et s’enchâsser dans des pages et des planches rugissantes d’écume. L’histoire de Germain vient se mêler à celle de Moïzez et de Dahut la fille du roi Gradlon, échappée de la cité perdue d’Ys...

Parfois un oiseau traverse le ciel, happant notre regard, tandis que les ténèbres s’ouvrent et nous voyons surgir de la nuit un vaisseau fantôme, le Bag-Noz qui venait chercher les trépassés dans la baie du même nom... C’est peut-être seulement un père racontant un conte à sa toute petite fille...

Nous devenons alors Germain, chahuté par la nuit et son cortège de fantômes, emportant avec lui sa solitude et ses blessures...

Nous devenons alors Moïzez, l’enfant trouvé sur le sable après un naufrage...

Nous devenons des lecteurs aux yeux éblouis par l’imaginaire des écrivains...

Merci Sandrine (HundredDreams) pour ta chronique toute récente qui m'a donné envie de prendre le large pour Ar-Men...
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Ar-Men : L'Enfer des Enfers

« Homme libre, toujours tu chériras la mer !

La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme

Dans le déroulement infini de sa lame,

Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.»

L'Homme et la Mer de Charles Baudelaire.



L'histoire du phare d'Ar-Men débute dans la nuit du 23 au 24 septembre 1859, avec le naufrage de la corvette à aubes, le Sané sur les rochers de la redoutable chaussée de l'île de Sein. Bien connue des marins, cette zone de récifs qui s'étend à l'ouest de l'île est extrêmement dangereuse en l'absence de repères. Suite à cette catastrophe, une décision est prise d'édifier un phare sur les trois petits rochers qui dépassent à peine de l'eau. La construction commence en 1867 et se termine 14 ans plus tard. Compte tenu de cette base étroite, les coups de houle pendant les tempêtes font trembler tout l'édifice et tomber ce qui est accroché aux murs, rendant ces périodes particulièrement difficiles pour les gardiens. Il est donc décidé en 1907 de renforcer la base par une chape de béton supplémentaire. Dès lors et depuis 120 ans, Ar-Men surnommé l'enfer des enfers restera toujours debout.



C'est notre dessinateur-scénariste Emmanuel Lepage qui nous fait revivre cette épopée. Il nous embarque avec maestria dans cette aventure graphique grâce à une bonne connaissance de la Bretagne (il est né à St Brieuc dans les Côtes-d'Armor). A travers le témoignage de Moïzez, premier gardien du phare et ceux de Germain et louis en 1962 ; on vit, on respire, on ressent, on partage l'existence de ces gardiens de la mer. On saisit mieux l'importance de ces silhouettes fantastiques qui dominent notre horizon comme elles dominent aussi notre imaginaire collectif. Ces éclats de lumière ne sont pas que de simples guides, Ils rassurent aussi les marins dans l'obscurité. Sentinelles solitaires, exposées aux intempéries, elles possèdent chacune leur propre signature lumineuse voire même leur propre personnalité.



Cette bande dessinée pleine de poésie marine est aussi soutenue par un dessin de toute beauté. Les planches sont d'un réalisme saisissant. Les paquets de mer vous explosent en pleine figure, les mouettes vous hurlent dans les oreilles et notre Ar-men, véritable géant de pierre, se montre dans toute sa puissance et sa force minérale. La mise en couleur est à l'image de toutes les nuances de la mer d'Iroise. Les vert, bleu et gris sont admirablement repartis et contribuent à accentuer le côté dangereux et mystérieux de ces eaux. La magie du trait chez Emmanuel Lepage est aussi exceptionnelle. le vol des oiseaux marins, le roulis des vagues, la puissance des tempêtes sont tout simplement uniques et d'un réalisme troublant. On est littéralement transporté au coeur de l'océan au milieu de ses embruns et de ses coups de boutoir.



Comme les légendes bretonnes, les gardiens de phare sont en passe de disparaître avec l'automatisation mis en place depuis 1990. C'est autour de la société nationale pour le patrimoine des phares et balises de s'inquiéter pour l'avenir de ces constructions dont l'état se dégrade depuis quelques années. L'absence des gardiens doit y être certainement pour quelque chose…



Merci à HundredDreams, Berni_29, dannso pour cette belle découverte collective qui ne peut laisser indiffèrent tous les amoureux de la mer que nous sommes …



« le marin rêve face à la mer, le gardien de phare face à la terre. »

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La lune est blanche

Une aventure humaine en Antartique

*

Encore une bonne bande dessinée bien documentée.

Je n'ai aucune mauvaise surprise quand je choisis un ouvrage réalisé par le dessinateur/scénariste/coloriste Emmanuel Lepage. Il m'a totalement bluffé dans Un printemps à Tchernobyl. Donc j'ai rapidement emprunté celui-ci à la médiathèque.

*

C'est le deuxieme tome des aventures australes des deux célèbres frères Lepage. (Emmanuel le scénariste/dessinateur) et François le photographe.

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Un bon gros pavé de 256 pages des suites de l'expédition en Antartique qu'ils ont effectué en 2011. Ils en ont rêvé depuis l'enfance, ils l'ont fait!

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Au coeur de ce continent hostile et quasi inexploré, ils accompagnent des scientifiques à 1200 km de la base pour un ravitaillement très risqué.

*

C'est un témoignage fabuleux que l'on découvre au fil des pages. On se sent perdu dans cette immensité glaciale avec eux. On frissonne aussi quand on voit tous les risques que prennent tous ces passionnés, ces aventuriers de l’extrême .

C'est un voyage intimiste que nous proposent les deux frères, agrémentés de photographies émouvantes, de dessins monochromes d'une réalité saisissante.

*

C'est un bel hommage à tous ces héros méconnus du XXIème siècle.

Quel travail documentaire de qualité!
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Ar-Men : L'Enfer des Enfers

Ar-Men sort des flots

la page coule de mer

au pied du sapin



Au pied du sapin cet album d'Emmanuel Lepage, comme une vague d'images. Je ne raconte rien, je vous laisse découvrir les bleus, les verts, les glaz, les rouges des voiles alliés à la chevelure ruz de l'enfant venu de la mer, et les gris orangés ou bleutés selon les saisons, les tempêtes. Des aquarelles de toute beauté, une mer de couleurs.



La magie de l'île de Sein, de son phare Ar-Men, comme un navire immobile, ancré au rocher. Un lieu où les fantômes sont d'écume, où les hommes sont hantés par leurs souvenirs, leur vie rythmée par trois éclats toutes les vingt secondes, avec pour leitmotiv "le feu est clair tout va bien", pour apaiser les tourmentes, sauver des vies, repêcher un éclat de bonheur.



Magnifique album.
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Muchacho - Intégrale

Novembre 1976, Nicaragua, un pays régi par la dictature de Somoza. À peine a-t-il posé les pieds que Gabriel de la Serna, un jeune séminariste fils d'un haut dignitaire proche du régime fasciste, est témoin de la violence des soldats envers les villageois. Dans le petit village de San Juan, accueilli par le père Rubén, le jeune homme perçoit l'hostilité et la méfiance des habitants. Aussitôt, Rubén l'emmène dans l'église et lui montre le mur sur lequel Gabriel va exercer ses talents de peintre et réaliser une fresque représentant la passion. Le jeune homme, curieux, est attiré par la vie, par les villageois et se rend compte que bon nombre d'entre eux soutiennent la révolution...



Émmanuel Lepage signe, avec Muchacho, une œuvre forte, sensible, empreinte de violence mais aussi d'amour et de passion. Il nous plonge en pleine jungle nicaraguayenne, dans un pays soumis à une dictature. Les esprits s'échauffent inévitablement et Gabriel, jeune homme sensible et tourmenté, témoin des atrocités perpétrées par les soldats et des conditions de vie des villageois, s'éveillera à ce monde jusqu'alors inconnu. Un récit saisissant et bouleversant dans lequel les sentiments et les violences sont exacerbées et la liberté se paie au prix fort. Sur fond d'histoire politique, de magnifiques histoires d'amour. Un album parfaitement maîtrisé et d'une incroyable puissance. Graphiquement, Émmanuel Lepage magnifie ce scénario. En couleurs directes, de son trait élégant, il nous plonge dans des ambiances à la fois froides, poisseuses ou étouffantes. Remarquable...
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La lune est blanche

L'Antarctique. Le sixième continent. Le plus froid, le plus sec. Et le plus difficile d'accès... Pourtant, c'est bien sur ces terres gelées que les deux frères, Emmanuel et François Lepage, l'un dessinateur, l'autre photographe, vont s'aventurer... 

En septembre 2011, un an après son voyage sur les terres australes, Emmanuel Lepage croise à nouveau Yves, le directeur de l'IPEV, l'Institut Polaire Français Paul-Emile Victor de Brest, rencontré sur le Marion Dufresne. Grand amateur de bandes dessinées, il souhaite que le dessinateur fasse un nouveau livre sur la Terre-Adélie, qu'il rende compte du travail de chaque corps de métier présent là-bas (technicien, médecin, cuisinier, plombier, sismologue...) , des programmes scientifiques menés et la vie quotidienne à la base de Dumont d'Urville Terre-Adélie. François Lepage lui demande alors de participer au raid, cette expédition de plus de 1400 kms reliant la base à la station Concordia. Aussitôt, il propose le projet à son frère qui, enthousiaste à l'idée de faire ce voyage et ce livre ensemble, accepte de suite.

En octobre 2012, le projet prend forme, les premières rencontres ont lieu.

Un rêve d'enfant qui se réalise...



Les frères Jacques ou les Dupondt, comme on les surnomme, indissociables et complémentaires dans cet album, nous livrent un fort beau et exceptionnel témoignage de leur expédition vers ce monde de l'extrême. Dans ce récit intimiste et personnel, l'on vit avec eux leur voyage, l'on côtoie toutes ces personnes unies qui le rendent possible. L'on est évidemment saisi par le caractère hors-norme et atypique de cette expédition. Les auteurs le font partager avec force et sincérité. Utilisant différents supports (photos, aquarelles, croquis, lavis...), cet album n'en est que d'autant plus saisissant. Toute l'histoire de la conquête du Pôle Sud nous est livrée, dans des couleurs sépia de toute beauté. Les auteurs nous offrent de très belle planches, en pleine page. L'on plonge dans ce froid polaire et l'on ne peut que se réjouir de ce fort voyage entrepris par les deux frères. 



La lune est blanche... dépaysement garanti...
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Ar-Men : L'Enfer des Enfers

Après un passage à la librairie, côté BD, et suivant les conseils avisés de mon libraire préféré, me voilà partie pour une aventure nautique (ou presque) et une découverte fabuleuse, celle du phare Ar-men, construit dans le Finistère en face de l’île de Sein.



Une aventure que j’ai largement appréciée tant par les histoires multiples qui jalonnent cet album (la légende d’Ys, la construction du phare, Moïzez l’enfant sorti des flots ou la fortune de mer, les tempêtes et naufrages historiques, sans compter les récits de nos deux gardiens de phare ici présents Germain et Louis), que par la beauté des dessins, de vraies marines. Un ouvrage remarquable à tous points de vue. D’autant plus que j’ai été chahutée par les eaux, trempée par les tempêtes, étourdie par le rugissement des vagues, éblouie par le feu. Mais mon mal de coeur n’est pas venu de la mer, il est monté lentement quand les deux gardiens de phare ont commencé à libérer leurs paroles et à confier le pourquoi de leur présence sur ce lieu perdu en mer. Quitter un enfer pour un autre.

« Ar-men, le nom breton de la roche où il fut érigé. Il est le phare le plus exposé et le plus difficile d’accès de Bretagne. C’est-à-dire du monde. On le surnomme l’enfer des enfers. »



Les dessins sont riches, vivants. Les conditions climatiques resplendissent des mille difficultés à supporter. Les couleurs sombres, lumineuses ou sépia, déclinent l’intensité du ressac et des émotions.

Un album à ouvrir et à respirer : les embruns fouettent le lecteur dès les premières pages. Un album dans lequel les tempêtes extérieures comme intérieures sont magistralement dépeintes.

Et un auteur à découvrir
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Ar-Men : L'Enfer des Enfers

Le milieu marin, l'océan, les phares me fascinent depuis toujours. J'aime aussi la Bretagne avec son histoire et ses légendes, ses paysages d'une beauté brute et sauvage.

Cette bande dessinée avait tout pour me séduire, une superbe couverture, de magnifiques planches et surtout une thématique qui me passionne. Merci Fanny (Fanny1980) de m'avoir encouragée à la lire, j'ai passé un très beau moment à découvrir l'histoire de ce phare, sublimée par les dessins d'Emmanuel Lepage.



*

Cet été, je suis allée visiter le phare de Cordouan. Construit il y a quatre siècles, « le roi des phares » est posé sur un ilot rocheux en pleine mer, à l'embouchure de l'estuaire de la Gironde. En allant à la rencontre de ce gardien imposant et majestueux, j'ai découvert son architecture fantastique et son histoire.

La visite est assurée par les gardiens du phare. Ainsi, on découvre ce lieu magique avec leurs yeux émerveillés. Ils nous font partager leur passion pour l'océan et les phares. Ils nous parlent de leur métier qui s'est transformé au cours du temps, de la fonction des phares d'aujourd'hui qui nécessitent pour certains encore, l'intervention de l'homme.

Cette petite digression pour vous expliquer qu'en ouvrant cet album, vous irez à la rencontre d'Ar-Men, de son histoire, mais aussi de celle des hommes qui l'ont bâti, entretenu, habité.



« le marin rêve face à la mer, le gardien de phare face à la terre. »



J'aime beaucoup ce nom, Ar-Men, on dirait celui d'un chef guerrier.



*

Là, entre ciel et mer, au large de l'île de Sein, dans une mer souvent agitée, Ar-Men surgit des profondeurs et dresse sa haute silhouette longiligne.

Surnommé « l'enfer des enfers » en raison de son exposition et de son accès difficile, ce lieu inhospitalier et isolé fait face à l'immensité de l'océan, inébranlable dans sa détermination à ne pas plier sous la force du vent et l'assaut des vagues démontées.



Là se relaient, à tour de rôle, toutes les deux semaines, des gardiens.

Germain est l'un d'entre eux. Ar-Men est sa maison, son refuge, sa retraite. Il en aime chaque pierre. Il y retrouve un semblant de paix, car il réussit à mettre à distance ses souvenirs et les enfermer au plus profond de lui-même.



Par une nuit de forte tempête, l'eau de mer va s'engouffrer dans le phare, arrachant le crépi d'un des murs intérieurs, révélant ce qui était jusque là caché : l'histoire de ce phare, écrite à travers les yeux de son premier gardien.



*

A partir de cette découverte, le récit se divise en de nombreuses histoires que l'auteur va tresser habilement.

Au calme retrouvé après une journée de travail, aux pensées et aux souvenirs de Germain, vont se mêler l'histoire de la Bretagne, celles des légendes bretonnes du roi Gradlon et de Dahut devenue sirène, ou encore celle du Bag Noz, le bateau fantôme, et de son capitaine l'Ankou. On est emporté par le flot de l'Histoire, au moment de la construction du phare, ou lors de la seconde guerre mondiale.



Et dans la grande Histoire se dessine, peu à peu, l'histoire personnelle de Germain. Les fantômes du passé refont surface, inexorablement, inlassablement, et on découvre un homme touchant, abimé par la vie.



« Moi, je suis enfermé dans mon phare comme dans mes souvenirs. »



La fin est très belle, émouvante.



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Des tons sépia, chaleureux, doux, aux tons bleutés et froids de la mer d'Iroise, les planches d'Emmanuel Lepage sont de toute beauté. Les couleurs, les jeux d'ombres et de lumières participent aux changements d'ambiance, aux sauts dans le temps.

Totalement sous le charme des dessins, je trouve que l'album dégage beaucoup de poésie, de douceur, de mélancolie et d'émotions.



*

Mêlant fiction, mythes et légendes, documentaire et Histoire, « Ar-Men » séduira autant les amateurs de phares bretons que des lecteurs sensibles à la délicatesse d'un récit qui rend hommage au lien nous unissant à la nature.

Avec pour fond l'océan, emporté, envoûtant, et Ar-Men, magnifique forteresse chargée de souvenirs et d'histoire, ce roman graphique est une beau récit dont les images impressionnantes de beauté et de réalisme laissent les blessures, les douleurs, l'immense solitude des personnages effleurer à la surface des flots.

Un petit bijou à ne pas manquer.
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Ar-Men : L'Enfer des Enfers

Comme dirait mon pote Obélix : Y sont fous ces bretons ! Mais oui quelle idée d’aller bâtir un phare sur un gros caillou, m’enfin… Aïe mais les copains ne m’en jetez pas des cailloux. Qui aime bien châtie bien et j’adore la Bretagne et particulièrement le Finistère. J’aime beaucoup la force que dégagent ces côtes abruptes et sauvages façonnées par les vagues. Il y a une puissance des éléments qui me fascinent et je pourrais rester des heures à regarder la mer et les phares.



Au large de l’île de Sein il y a le célèbre phare Ar-Men. Magnifique et dangereux, un espace que semblent se disputer la mer et la pierre comme si chacun revendiquait son territoire sur cette bâtisse souveraine qui refuse de se laisser conquérir. En cela, j’ai été emballé par le choix du dessin, un peu flou, déstructuré, instable comme les vagues et les vents qui battent les flancs des îles bretonnes et des phares qui les habitent. Je pouvais entendre le souffle d’Eole se déchaîner et Neptune rugir. J’ai aimé Germain et Louis des loups de mer solitaires qui veillent le phare et défient la fureur des éléments du haut de leur très grande vulnérabilité de simples mortels. J’ai aimé leurs souvenirs aussi, et le lien qui les uni : simple et honnête, fait de silence et de gestes.



Mais, et oui il y a un mais, je suis bien moins enthousiaste que les copains sur l’histoire dans son ensemble. Je l’ai trouvé brouillonne. On passe d’une histoire à l’autre sans transition et je n’étais pas contente d’être arrachée à la compagnie de mes deux gardiens de phare pour me retrouver dans une légende puis dans le passé puis de nouveau dans la légende puis… oulala ça tangue ici ! Trop de changements et pas assez de liant, je me perds je me noie et pas la moindre bouée de sauvetage en vue ! Trop d’aller-retour pour moi j’ai bu la tasse.



Mais, (ben oui je mets des mais sur les mais même si ça ne se fait pas) le dessin vaut vraiment le détour et la force qui se dégage de cette BD… hein ? ah oui… de ce roman graphi… non ? Je sais toujours pas. Je disais la force qui se dégage de ces illustrations (éh éh) vaut le détour. Les dessins sont chaleureux et on est dans ce phare comme dans une petite chaumière au coin du feu alors que dehors les éléments se déchainent. Rien que pour ça cette petite escapade bretonne valait le coup.

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Muchacho, tome 1

Emmanuel Lepage assure ici le grand chelem en scénarisant, dessinant et colorisant. Une perf' notoire qu'il convient de souligner, ravissement à tous les étages.



Nicaragua, 1976.

D'un côté, Somoza l'oppresseur. de l'autre, un monde ployant sous le joug du tyran.

Gabriel est jeune, séminariste et issu d'une bourgeoisie visiblement peu encline à condamner la politique dictatoriale.

A peine débarqué à San Juan pour y exercer ses talents de peintre en restaurant la vieille église du village, notre jeune ami devra rapidement faire face à l'hostilité ambiante et ce malgré la bienveillance de Ruben, son supérieur hiérarchique.



Récit initiatique sur fond de guerre sandiniste, ce Muchacho ambitieux remplit largement le cahier des charges.

Outre un graphisme de folie qui vous hypnotise littéralement les mirettes, une petite histoire dans la grande toute aussi puissante.

Celle d'un gamin, attachant et tourmenté, en proie au doute et appelé à se construire idéologiquement et sexuellement dans un univers qui le dépasse.



Incontournable !
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Cache-cache bâton (BD)

Emmanuel Lepage fait toujours des albums très personnels, habituellement plutôt sur ses reportages, mais cette fois il parle de ses parents.

De la génération « post-soixante-huitarde », ils ont vécu dans un habitat semi-communautaire pendant plusieurs années en Bretagne et Emmanuel en garde un souvenir enchanté.

Arrivé à la retraite, le groupe de copains se reforme et parle de nouveau de se retrouver dans un habitat partagé, mais tous les souvenirs affluent et Emmanuel mène l'enquête pour mieux comprendre cette première expérience et les raisons de son échec.Le sujet est riche et Emmanuel va tenter de démêler ces différents destins imbriqués.





Cela donne un album de plus de 300 pages, dense, parfois un peu touffu avec ses aller-retour dans le temps et la présentation des différents acteurs.

Mais c'est surtout un formidable témoignage sur un mouvement intellectuel, spirituel et philosophique, celui du « catholicisme social », autrement dit les « chrétiens de gauche », dans les années 60 et 70.

Toutes ces familles sont militantes et mettre en pratique leurs convictions est un challenge pour eux.

Emmanuel va mieux comprendre cette démarche en interrogeant ses parents et leurs amis, faisant resurgir des moments heureux mais aussi les profonds désaccords qui ont mis fin à cette utopie.

« Ton projet me donne des sueurs froides... Tu aurais pu attendre qu'on soit morts... À la sortie de ton livre, on prendra de longues vacances, loin de tout, de nos amis, de nos voisins ! », dit Jean-Paul à son fils.

« J'ai besoin de savoir d'où vous venez, vous et les autres. J'ai besoin de comprendre ce qui vous a poussé à créer une vie communautaire », lui réplique Emmanuel.





Cette bande dessinée est magnifique, comme tous les albums d'Emmanuel Lepage, alternant le noir et blanc et les couleurs aquarellées selon l'époque, et son sujet est très actuel puisqu'on parle beaucoup d'« habitats partagés » pour les « seniors », « post-soixante-huitards », d'aujourd'hui...

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