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Citations de Emmanuelle Richard (164)


C’est juste un homme, me suis-je dit. Juste un homme de plus à exposer son désir sans préambule ni temps mort, ni le moindre souci du contexte – comme ils font presque tous toujours, enfantins, décomplexés, centrés sur leurs pulsions sexuelles, méduses banales à satisfaire comme des nécessités –, rien qu’une énième ration de rouge, un énième steak sanguinolent posé sur la table entre nous après mille autres avant lui, portion de viande hachée beaucoup trop rapide et si peu subtile en se foutant totalement des conséquences ou de ce que je voulais moi – sans se poser ne serait-ce qu’un dixième de seconde la question –, quand je ne rêvais que de fougères. C’était toujours la même histoire.
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On sait déjà quel genre de merde on aura à gérer – dire « non » toujours de plus d’une façon si on n’est pas intéressée ; ménager l’ego masculin par crainte des conséquences et représailles ; s’inventer un partenaire ou un engagement quelque part parce que la simple possibilité qu’on ne veuille pas de lui en étant disponible, à l’unique titre de notre primordiale absence d’envie ne traverse même pas l’esprit du plus grand nombre.
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Je rêvais à un effacement du monde comme à un soulagement, je n’espérais rien de moins que de disparaître. Je rêvais de prendre un avion comme on se sauve, sans prévenir personne ni n’avoir aucune idée de la suite.
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Je ne savais pas s’ils m’auraient accueillie comme une des leurs. Au fond j’en doutais. De toute façon il m’aurait fallu une énergie de combat pour cela. Je ne l’avais pas.
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L'érotisme et la libido ne décroissent pas à l'approche de la cinquantaine, ce qui décroît c'est la patience et la capacité à se laisser emmerder.
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C'est la première génération de femmes à entrer massivement relation avec des hommes sans plus jamais se vivre comme des corps à disposition, sans se comporter comme disponibles ou supposées l'être, loin de toute présomption datée de consentement. Elles s'approprient leur puissance d'agir.
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Avec lui, j'avais la possibilité d'être autre chose qu'un objet, il me laissait la place d'exprimer l'initiative si j'en avais envie. Il était content que je le regarde, le désire. J'étais contente qu'il me voit vraiment.
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Le terme d’autoérotisme est un doux euphémisme. L’érotisme est un suspense, un art de suggestion. La masturbation est tout le contraire. Elle est pure réalisation. Elle ne permet aucune poétique de l’inattendu. Il n’y a pas de misère sexuelle en soi, il y a une misère relative au défaut de relations interpersonnelles, aux vies vécues en l’absence de toute intimité, contact, attachement. La misère relationnelle des vies trop solitaires.
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Faire le choix délibéré d'être seule a marqué un tournant radical dans ma façon d'être au monde, à moi même et aux autres. Apprendre que je pouvais être très contente toute seule, sans m'inscrire dans une dynamique de recherche ou d'attente de partenaire potentiel, un mouvement amoureux au moins par la nécessité d'avoir quelqu'un à qui penser pour me sentir vivante, a été la plus grande prise de pouvoir que j'ai connue jusque là.
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Vêtue d'un jean, d'un débardeur et de baskets, elle traîne en cercles concentriques s'éloignant progressivement de la location.
L'appel de la rue est une urgence impérative, un souffle rauque, un ordre qu'on ne peut contester.
Avant ce n'était pas comme ça. Avant c'était... les autres étés, les autres soirées il y avait bien les images qui voletaient jusqu'à elle et venaient l'agacer avec persistance, mélancolie douce de ne pouvoir encore en être, être de ceux-là qui s'aiment et vivent, oui mais sans l'odeur l'obsession le sentiment de claustration et encore moins cet élan intérieur impérieux auquel on ne peut se soustraire auquel on doit répondre et qui serpente par explosions internes jusqu'à infiltrer les capillaires les plus fins, les plus délicats, cheveux d'ange rouge vif embués d'un sang virant lentement au sombre, qui les grossit et les déborde même, pas loin de faire craquer leur tissu ductile, jusqu'à un certain point seulement.
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Je ne voulais pas exercer d'autorité ni en subir et je ne voulais pas de pouvoir ; j'étais obnubilée par l'idée de trouver une profession qui me positionnerait à la fois ni au-dessus ni au-dessous.
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Je ne sais plus quand ce que j'avais arraché à coup-de-poing américain et cru ne jamais vouloir lâcher m'est devenu indifférent, tout autant que la possibilité de faire marche arrière et de changer de vie m'est devenue impossible. Est impossible.
Je ne sais plus quand l'été a cessé d'être immense.
Je ne sais plus quand j'ai perdu tout ce qui me mouvait, m'était cher et estimable, en considérant malgré tout que toute autre forme de vie que celle que je me jugeais désormais acquise était devenue inacceptable, et l'idée de me passer de tout ça, absolument : hors de question.
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Je ne sais plus quand j'ai cessé de mettre toute ma colère ainsi que ma rage et ma frustration dans le labeur difficile, éprouvant et jamais terminé de la construction de moi-même.
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* Nous ne sommes pas éternels. La vie file, elle est fragile et un jour elle s’arrête… La vie est souvent trop longue mais elle passe aussi très vite. Je voulais en passer au moins un morceau avec toi, parce que j’étais bien, parce qu’il y avait de la grâce, et je n’étais pas seulement bien j’étais heureuse – tu es un phraseur mais tu ne mentais pas quand tu as dit qu’on avait frôlé le sublime, et j’ai suffisamment vécu pour savoir combien c’est rare et que la vie n’a pas de véritable consistance à part celle-ci. Être avec quelqu’un qu’on aime. En prendre soin.
Peut-être qu’à ce moment, celui de la télévision, je me suis dit C’est pour ça que j’écris, pour renverser le cours des choses de ma propre vie. Je jouais ma vie sur ce plateau, ma vie possible avec toi. C’était l’envers de mes mots face caméra.

* Alors depuis l’émission tu avais inversé la charge. Tu lui avais dit avoir rencontré quelqu’un. Il n’y aurait plus de retour possible. Je n’avais pas l’air de me rendre compte du travail accompli parce que quand tu lui avais dit pouvoir et vouloir être bien avec moi tu avais l’impression de la trahir elle. Tu avais du mal à lui faire du mal.

* « On peut passer d’un amour à un autre amour ?» me poses-tu comme question, tu es grave, je suis légère, mon visage au-dessus du tien je ris en disant que oui bien sûr, dans la légèreté des mots que tu viens de prononcer auxquels je ne m’attendais pas, oui bien sûr on peut avoir plusieurs amours dans une vie et ça ne signifie pas trahir le précédent, des mots que je ne pensais pas entendre un jour de ta bouche pour moi, je t’étreins, je tombe en toi, je ris et je suis heureuse, je n’ai pas entendu que c’était une question, je n’ai pas compris la gravité de ton regard tandis que nous nous enfonçons l’un dans l’autre pour la dernière fois.

* La coupure a été nette, brutale. Je n’ai pas eu de sas pour me déshabituer. J’ai ramassé les morceaux de mon cœur, éparpillés. J’avais cru entendre le tien battre – ou était-ce seulement un écho ?
Je me suis demandé si j'étais folle, si j'avais rêvé le temps commun passé, si j'avais rêvé les gestes, les mots, le trouble, l'émotion réciproques, l'empêchement maladroit, l'évidence, la tendresse des étreintes, la fragilité de certains moments suspendus, la joie, le bien que l'on semblait se faire ensemble, notre envie commune d'avenir, la vie que l'on s'est égarés à rêver et dont jamais nous ne prendront le chemin.
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* Sylvia 60 ans : Elle ajoute avec humour avoir vraiment l’impression que son capital sexuel est atteint, comme on le dit pour le soleil. Les relations sexuelles ne l’intéressent plus. Elle vit pourtant avec un homme. Il subit cette situation. "Il existe évidemment une dissociation du corps et de l’esprit chez moi. Au lieu de m’en guérir, les relations sexuelles ont aggravé ces symptômes. Les hommes aussi. Mais quel soulagement, vers cinquante-cinq ans, en comprenant que ma Date Limite de Consommation (DLC) était atteinte : invisible à leurs yeux, je pouvais enfin être moi-même. Un être humain."

* Ce qui est curieux, du reste, est que lorsque quelqu’un cesse brutalement une activité, un loisir ou une passion, même après cinq, dix ou vingt ans parce qu’il en à fait le tour, parce qu’il n’y trouve plus aucun attrait…tout le monde trouve ça normal. Sauf s’il s’agit de sexe, auquel cas c’est, au mieux scandaleux, au pire pathologique !

* Diverses questions posées dans cet essai :
Comment reprocher à l’autre de ne pas être ce qu’il n’est pas ?
À quoi bon renvoyer à son conjoint son incapacité à satisfaire des envies ?
Comment accepter sereinement ces différences ?
La tendresse peut-elle suffire ?
Y a-t-il alors assez de distinction entre une amitié fusionnelle et un amour platonique ?
Où se situerait la normalité ?
Qui est normal et qui ne l’est pas ?
Amour sans sexe plutôt que le sexe sans amour ?
Peut-on aimer sans désirer ?
Peut-on désirer sans toucher. Peut-on se laisser toucher sans en avoir envie ?
La sexualité partagée est-elle une envie ou un besoin ? Et si le sexe n’est pas un besoin, pourquoi ce sentiment terrible de misère sexuelle chez certains d’entre nous ?
Est-ce que l’abstinence sexuelle ne se changerait pas, sur le long terme, en une simple non pratique de la sexualité ?
Est-ce que quand on (re)devient monogame et qu’on renonce à toutes les tentations qu’on croise, ce n’est pas aussi une forme d’abstinence ?
Comment cohabiter, vivre une relation épanouie entre personne sexuelle et personne asexuelle ? Quand la sexualité partagée est, pour beaucoup, à la fois le lieu de l’affection, de la tendresse et un vecteur d’intimité important ?

* Le terme d’autoérotisme est un doux euphémisme. L’érotisme est un suspense, un art de la suggestion. La masturbation est tout le contraire. Elle est pure réalisation. Elle ne permet aucune poétique de l’inattendu. Il n’y a pas de misère sexuelle en soi, il y a une misère relative au défaut de relations interpersonnelles, aux vies vécues en l’absence de toute intimité, contact, attachement. La misère relationnelle des vies trop solitaires.

* « Mauvais coup » est une notion qui n’existe pas. Il n’y a que des défauts de communication, des histoires de compatibilité et de différences de goûts.
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Je reste de la nourriture émotionnelle.
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Je ne sais pas précisément ce que je veux. Je ne suis encore apte à rien avec personne sur terre. Pourtant je crois que je voudrais que la soirée commence maintenant ou qu’elle ne finisse jamais. Je crois que je voudrais le revoir
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Au Japon, le kintsugi est un art qui consiste à enduire d'or les cicatrices des objets blessés après en avoir recollé les morceaux. Les recouvrir de cette dorure, rendre visibles leurs cicatrices, les augmente de l'histoire qu'ils portent en eux, celle-là même qui les a menés à intégrer ces coutures. Les objets diminués sont ainsi récupérés. Ils deviennent plus riches, plus profonds. Embellis par leurs stigmates érigés en emblèmes poétiques, leur beauté nouvelle les réévalue
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"Faire le choix délibéré d'être seule a marqué un tournant radical dans ma façon d'être au monde, à moi même et aux autres. Apprendre que je pouvais être très contente toute seule, sans m'inscrire dans une dynamique de recherche ou d'attente de partenaire potentiel, un mouvement amoureux au moins par la nécessité d'avoir quelqu'un à qui penser pour me sentir vivante, a été la plus grande prise de pouvoir que j'ai connue jusque là."
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Faire le choix délibéré d'être seule a marqué un tournant radical dans ma façon d'être au monde, à moi même et aux autres. Apprendre que je pouvais être très contente toute seule, sans m'inscrire dans une dynamique de recherche ou d'attente de partenaire potentiel, un mouvement amoureux au moins par la nécessité d'avoir quelqu'un à qui penser pour me sentir vivante, a été la plus grande prise de pouvoir que j'ai connue jusque là.
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