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Citations de Emmanuelle Richard (164)


" J'étais hantée par la question professionnelle depuis mes neuf ans.
Elle m'était une angoisse sans nom.....
J'étais obsédée par les rapports de force.
Je ne voulais pas exercer d'autorité ni en subir et je ne voulais pas de pouvoir, j'étais obnubilée par l'idée de trouver une profession qui me positionnerait à la fois ni au - dessus ni au- dessous .
Je croyais que la question de la reconnaissance ne m'était rien, mais quand j'ai vendu le journal dans la rue, les gens s'étaient adressés à moi comme si je faisais la manche et je n'avais pas aimé ça ....."
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C'est un frère d'âme que je veux, un frère d'arme. Fragile et dur, inquiet et sûr, bienveillant et sauvage. Un fils de taulard, un balafré bien marqué. C'est un mort de faim que j'attends, un dalleux jusqu'à ce qu'il graille. Moi je veux un garçon qui aura été obligé de prendre pour avoir, Jafar contraint, Jafar forcé, Jafar teigneux qui revient de loin et pue la terre où la cave. Je veux un maquisard à la parole aussi solide qu'une dent, garçon à ma mesure, enfin. Un prétendu bon à rien qui aura trop traîné en bas des blocs. Un garçon beau comme un arbre aux racines bien plantées. Un garçon-continent avec de la mémoire. Un galérien qui n'oublie pas d'où il vient. Mauvais cheval. Outsiders. Sniper et franc-tireur. Un donné pour perdant, bon sauvage des territoires périurbains ou quartiers pauvres des grandes villes. Un affecté d'office au CAP chaudronnerie ou aux parallèles de garage. Un à qui on aura toujours dit "bon qu'à ça". Un dont on aura écraser les rêves les uns après les autres. Je veux un garçon-muse passé toute sa vie pour ce qu'il n'est pas, jamais vu ni entendu par personne, un dédié à la matière grise imperceptible, affamé de reconnaissance, de partage et d'échange, encore plus demandeur et blessé qu'un orphelin. Un relégué. Un abonné. Hypersensible et réfractaire. Habitué à passer après, quoiqu'il dise ou quoi qu'il fasse, et agressif par déficit. Ami, amant, infirmier, patient, soleil, bandit, comme le dit Alice dans le film où elle est mécanicienne sur Fidelio, son bateau. Parce que c'est ça, pour moi, la définition de l'amour. C'est tout.
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Je rêvais à un avenir où je trouverais enfin une place à laquelle je me sentirais bien, autorisée à être, plus séparée des autres ou moins. Je ne sais pas ce que je veux mais je veux pas les mêmes choses qu'eux. (p. 32)
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J'ai toujours éprouvé l'amour absolu de la marge, de tout ce qui peut y ressembler de près ou de loin du moment qu'il s'agit de caractères s'élevant en -contre- (p. 28)
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C'est moi qui décide à présent. J'ai gagné le seul pouvoir qui m'a toujours importé, celui de refuser une chose lorsque les conditions de celle-ci ne me conviennent pas, et , surtout, la liberté de n'en exercer sur personne.
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Emmanuelle Richard
Personne n'est mort. Pourtant, je vis cela comme une disparation. Il me semble avoir perdu une partie de moi. En avoir été amputée.
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Emmanuelle Richard
Souvent j'ai l'impression de manquer d'air. Lorsque je songe que je ne reverrai plus jamais E., que je ne le serrerai plus jamais dans mes bras, que je n'entendrai plus dans aucune des vies à venir sa voix inquiète, son tristesse s'abat sur ma poitrine et m'écrase. Je ne sais pourquoi j'ai besoin d'écrire cela, comme si j'étais en deuil. Pourquoi cette nécessité absurde de dire, de peindre, de retrouver? De sauver.
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Emmanuelle Richard
La tristesse m'envahissait. C'était triste puis étrange puis vide. Une fois j'ai fais un cauchemar violent où je voyais S rencontrer et vivre un nouvel amour plus épanouissant que la nôtre ne l'avait jamais été. Ca me fait faisait du mal, dans le cauchemar je pleurais. Je me suis éveillée avec une respiration difficile. C'est au cours de cette période que j'ai commencé à avoir des difficultés à dormir.
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Emmanuelle Richard
Je contenais, je contenais, j'ai toujours eu l'impression de contenir une ultra violence beaucoup plus grande que moi et là je contenais encore. Je me sentais très au bord.
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Emmanuelle Richard
Je l'ai haî, profondément, lui et toute cette catégorie de personnes qui posent des questions inutiles uniquement destinées à surligner des évidences embarrassantes.
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J'étais tout à fait présentable. C'est ce que je voyais dans les yeux des autres. Cela tenait, évidemment, à l'unique condition que je me regarde pas trop longtemps dans un miroir car alors, je finissais toujours par penser que j'avais une tête affreuse. Ces efforts me coutaient pourtant. Comme tout un chacun, je voudrais idéalement être aimée pour moi et non pour mon image, qui est une construction ; ce qui est absurde et n'existe pas.
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Et pourtant on ne sait jamais pourquoi on aime ni vraiment ce qu'on aime quand on aime.
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Je vivais avec les moyens du bord. Je ne baissais pas les bras (...) Je courais toujours après une vocation professionnelle ou quelque chose à moi et je multipliais les expériences, j'étais chez moi partout sans jamais être à ma vraie place et j'avais l'air instable. En réalité, je continuais de chercher cette chose qui serait rien qu'à moi et me rendrait le monde habitable, cabane portative. (p. 152)
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Je n'ai jamais eu le sentiment de vivre une vraie vie. c'était un fixatif auquel je n'avais pas accès. Je multipliais pourtant les tentatives pour sortir de moi-même en prenant des risques et en allant au-devant , des choses, des gens, en allant les chercher, puisque j'avais compris qu'ils ne viendraient pas à moi, que rien ni personne ne viendrait me chercher, ni ici ni ailleurs, contrairement à ce que j'avais si longtemps espéré, il me faudrait aller à eux, aller de l'avant et au-devant pour les prendre et les rencontrer -choses et gens.
Avoir le sentiment de vivre une vraie vie était un fixatif qui m'était inconnu mais auquel j'aspirais cependant de toutes mes forces. (p15)
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(....) j'ai toujours eu l'aversion la plus profonde pour la soumission et la mendicité dans mon système qui est peut-être inapte ou inefficace et contre-productif mais demeure néanmoins le mien, car c'est ainsi que je me suis construite, ai appris à me protéger des injures et des coups et du reste et de tout, en général, avec l'idée qu'il y a toujours les seigneurs et les maîtres, les dominants et les dominés, quel que soit le champ des possibles ou d'études qui nous préoccupe, et que parmi les réflexes de survie les plus élémentaires il y a celui de ne jamais être en demande, de ne jamais rien laisser poindre de ses besoins et manques et inassouvissements les plus intimes, les plus à vif, sauf lorsqu'il s'agit de déclarer sa flamme avec superbe et courage, de se battre pour l'être aimé. L'amour est le seul lieu où les questions de dignité ne devraient plus avoir cours (...) (p. 12)
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Des gens passaient à l'appartement. Leur langage m'était autant étranger qu'abscons. (...) Ils disaient des phrases dans lesquelles ils conjuguaient " je ne pourrais" à tous les temps et à tous les modes, affirmaient que l'on a toujours le choix; tout ce qui n'était pas la grande ville leur était la province profonde ; à propos de n'importe quel sujet ils avaient les mots pour le dire ; le RER était pour les gens moches. Ils riaient fort, s'accompagnaient de gestes amples. Ils semblaient n'avoir jamais peur d'occuper l'espace ou le temps. Ils ne paraissaient pas non plus connaître la honte, l'indignité, l'inquiétude ou pour le moins le doute. (p. 72)
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Le sexe incarnait à mes yeux un territoire pur et simple, évident et intact, le lieu entre tous d'une possibilité d'abandon sans calcul. C'était le lieu où les participants offrent la vulnérabilité de leur nudité à un autre, inconnu, potentiellement dangereux, l'endroit à la fois de la confiance et de la merci. Mais j'avais beau y percevoir les rapports de domination qui pouvaient s'y jouer, j'étais quand même persuadée qu'il fallait être idiot ou tellement premier degré, ou bien totalement dépourvu d'humour, pour les prendre au sérieux et se laisser enfermer par la norme, les codes, les schémas et la partition de ce qui peut et ne peut pas se faire et au bout de combien de temps, selon que l'on se situe dans la case « fille » ou la case « garçon ». Le sexe était pour moi cette chose naturelle et banale, même si elle était encore rarement satisfaisante lors de sa réalisation, une terre nouvelle et incroyable à arpenter, et le désir, ce fixatif que j'avais toujours recherché, un état panique, une sensation extraordinaire qui consumait, brûlait, rendait intensément vivant, joyeux en même temps que présent au monde, même si le désir était souvent plus grand que le plaisir. Il s'agissait, avec les livres, du dernier endroit à l'intérieur duquel je me sentais entièrement bonne et non entravée. Le seul fait d'être désirée par un autre me comblait. J'étais reconnaissante d'être regardée de cette façon.

[…] Je ne faisais donc pas galérer six mois les garçons avec qui je couchais, je n'en voyais pas l'intérêt (s'ils me trouvaient facile, c'était leur problème, pas le mien). Quand il s'agissait de conclure, quand ce qui m'apparaissait comme un miracle, à savoir que cette envie et cette chose circulait de manière réciproque entre deux personnes, je ne me considérais pas comme un trophée et je ne voyais pas non plus le fait de partager cela avec quelqu'un comme un enjeu grave ni ultime, mais au contraire comme un imprévu très heureux (pp. 98-99, 100).
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Au Japon, le kintsugi est un art qui consiste à enduire d'or les cicatrices des objets blessés après en avoir recollé les morceaux. Les recouvrir de cette dorure, rendre visibles leurs cicatrices, les augmente de l'histoire qu'ils portent en eux, celle-là même qui les a menés à intégrer ces coutures. Les objets diminués sont ainsi récupérés. Ils deviennent plus riches, plus profonds. Embellis par leurs stigmates érigés en emblèmes poétiques, leur beauté nouvelle les réévalue. Sur mon sein gauche, une cicatrice (p. 202).
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Je ne sais plus quand l’été a cessé d’être immense. (…) Je ne sais plus quand les raisons pour lesquelles je fais ce que je fais ont commencé à me paraître obscures, liquides, alternativement fuyantes et effrayantes. Je ne sais plus quand j’ai cessé de mettre toute ma colère ainsi que ma rage et ma frustration dans le labeur difficile, éprouvant et jamais terminé de la construction de moi-même.
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Écrire était juste une denrée qui m’était essentielle parce que la littérature, la fiction, étaient les seules langues que je captais vraiment. Je voyais la possibilité d’être lue comme la seule que j’aurais de communiquer avec les autres, mon unique chance de me faire comprendre, d’être vue par eux. Il fallait que ça arrive, je n’avais pas le choix.
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