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Critiques de Eric Reinhardt (799)
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L'Amour et les Forêts



Bon sang ... Quelle écriture de rêve ! Toute en métaphores et en poésie, j'ai eu l'impression de retrouver mes chers classiques lus très jeune ! Un enchantement !



Eric Reinhardt se met lui-même en scène lorsqu'il accepte de rencontrer Bénédicte Ombredanne, une lectrice admirative de son dernier livre et qui lui a écrit une merveilleuse lettre. Ils vont se rencontrer deux fois et correspondre par mails. L'auteur nous raconte la vie épouvantable que subit Bénédicte.



Bénédicte,jeune, était joyeuse et adorait la vie mais un revers amoureux d'importance l'a laissée en pleine dépression et c'est le moment que choisit Jean-François, son futur mari, pour lui faire des avances. Jean-François est aussi terne et insignifiant que Bénédicte était lumineuse et pétillante.

Occasion bénie pour Jean-François pour tenter de séduire cette demoiselle en détresse, voilà donc qu'il sert à quelque chose, qu'il a une aura toute neuve ce personnage falot . Dès leur mariage (que personne n'approuve), il va se comporter en superbe specimen de pervers narcissique, n'épargnant aucune insulte, aucun dénigrement à Bénédicte qui s'enfonce graduellement dans un renoncement à la vie, dans une image de plus en plus déplorable d'elle-même. J'ai lu ici et là qu'elle aurait dû se ressaisir, c'est facile à dire mais lorsque vous êtres la proie d'un P.N., qui souffle en permanence le chaud et le froid, vous perdez tous vos repères et toute confiance en vous. Jean-François dresse insidieusement leurs propres enfants contre leur mère ...



Un jour ou plutôt une nuit de révolte, elle s'inscrit sur Meetic, site de rencontres, et après quelques échanges burlesques avec quelques mâles en rut, elle découvre Christian. Ils décident de se rencontrer, se plaisent, tombent même amoureux. Christian lui propose même de l'épouser et de prendre soin de ses enfants comme un père. Mais voilà, l'opportunité de changer de vie ne convient pas à Bénédicte qui a pourtant passé la plus belle journée de sa vie en compagnie de Christian ... Elle a peur, on ne sait plus très bien de quoi si ce n'est de son mari et puis, à mon avis, c'est un peu tard, elle est déjà complètement détruite par Jean-François et n'ose plus rien entreprendre de son propre chef. Cette journée restera donc le seul point lumineux de sa triste vie.



Il faut bien comprendre la stratégie du pervers narcissique : être creux, coquille vide, il se nourrit de la substance de personnes intelligentes,douces, aimantes,consolatrices pour mieux tenter de s'approprier ces qualités qu'il ne possède point et pour cela c'est une véritable machine de démolition qu'il met en marche, ce qu'il préfère c'est faire passer son(sa) conjoint(e) pour fou(folle) ainsi non seulement plus personne n'accordera de crédit à ce que celui(celle)-ci raconte mais en outre le(la) victime se mettra elle-même à douter de son état mental et n'osera plus prendre de décision ! Je vous invite à lire le livre de Marie-France Hirigoyen "le harcèlement moral au quotidien" qui vous éclairera davantage que je ne puis le faire.





L'amour et les forêts est un livre dur,attachant mais également fortement actuel qui nous laisse désemparés devant la souffrance mortelle infligée aux victimes de P.N. le tout servi, je me répète par une écriture

remarquable. Je n'oublierai jamais ! ...



Et j'ajouterai que Bénédicte n'est en aucun cas une Emma Bovary des temps modernes, Charles, le mari d'Emma n'était pas un tortionnaire mais au contraire un brave gars, peu séduisant sans doute mais profondément gentil et épris de sa femme !
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La chambre des époux

Bon... euh... je ne sais quoi penser de ce livre. Ce qui est évident c'est qu'Éric Reinhardt a choisi pour son dernier roman une construction très en vogue. Autofiction, mise en abyme, récit gigogne ne sont pas sans rappeler Celle que vous croyez de Camille Laurens ou D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan. Mais la comparaison s'arrête là, car le fond est bien différent.



Ode à l'amour, à la beauté, à l'art, La chambre des époux est en fait une longue et complexe digression sur le processus de création artistique stimulée par l'amour, lui-même stimulé par la crainte de la mort. Je m'explique : apprenant que sa femme est atteinte d'une maladie grave, Éric Reinhardt passe un pacte avec elle. Il consacrera toute son énergie à terminer son roman " Cendrillon ", en échange de quoi sa femme se battra de toutes ses forces contre son cancer. Une résolution qui fonctionne ; il finit son livre et sa femme va mieux. Ce qui lui fait dire : " Elle m'a donné la force d'écrire. Je lui ai donné la force de guérir. (…) C'est l'expérience la plus hallucinante que j'aie jamais vécue. "



Mais pendant cette expérience traumatisante, et stimulante intellectuellement, Éric Reinhardt imagine un autre roman avec pour héros des doubles de son couple. On ne voit pas bien l'intérêt d'un tel montage. Peut-être est-ce le moyen d'aller plus loin dans le dévoilement de soi. Reste que le sujet et la réflexion d'Éric Reinhardt sont intéressants, profonds même. Des phrases sont très belles et font sens (d'autres moins). J'ai même trouvé que, contrairement à certains de ses livres, le fait qu'il en soit le sujet permanent se justifiait ; il parle de son expérience, il se livre tel qu'il est (lui ou son double), paradoxal : tantôt arrogant, prétentieux, impudique, superficiel, tantôt dépressif, sensible, profond, inspiré.
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Sarah, Susanne et l'écrivain

Sarah a vu voler sa vie en éclats. Elle s'est aperçue que, légalement, son mari possédait 75% de leur maison et, par ailleurs, il avait tendance à se retirer en marge de la vie familiale. Sommé de rééquilibrer les choses, il n'a rien fait. Alors Sarah l'a mis au pied du mur en prenant ses distances le temps qu'il réfléchisse. Elle était loin d'imaginer ce qu'il adviendrait. Quelques mois plus tard, en plein tourmente, la quarantenaire confie son histoire à un écrivain qui s'en inspire pour écrire un roman. La protagoniste de ce roman, Susanne, est le miroir de Sarah et traverse des épreuves similaires. Mais évidemment, le récit est romancé…



Lorsque j'ai eu l'occasion de feuilleter ce roman en librairie, j'ai été intriguée par sa forme. Car on ne lit ni le témoignage de Sarah, ni le roman de l'écrivain, mais un échange entre les deux protagonistes à propos du livre en germe où ces deux récits s'entremêlent, se confondent, se prolongent l'un l'autre, divergent parfois pour mieux se fondre. J'ai trouvé cela très original et la question de l'indépendance matérielle et affective d'une femme vis-à-vis de son mari me tient à coeur : je suis repartie avec le livre sous le bras.



Si j'ai été admirative de la construction virtuose du roman et si son premier tiers m'a captivée, j'ai finalement souffert pour le terminer. J'y vois deux raisons principales.



D'abord, Sarah et son double de papier semblent prises dans une véritable spirale qui les voit tomber toujours plus bas. Cela fait beaucoup de tourments pour une seule personne (même double). Sans demander du feel good, j'aurais aimé voir un peu plus de lumière dans ce récit très noir. le roman a le mérite de montrer la vulnérabilité à laquelle nos sociétés patriarcales continuent de livrer de nombreuses femmes et la difficulté – pour ne pas dire l'impossibilité – de s'en extirper. Mais cela donne à l'intrigue une linéarité qui m'a accablée à la longue (le livre fait 415 pages). Les éléments romanesques imaginés par l'écrivain (celui du roman, à moins que…) n'ont pas suffi pour faire contre-poids.



D’autre part, j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire précisément du fait de cette forme qui avait piqué ma curiosité. Je suis admirative de la manière dont Eric Reinhardt orchestre sa partition, glissant du « je » au « elle » voire au « il », un peu comme Lynch dans Mulholland Drive. Toutefois, le fait d'osciller en permanence entre les différents niveaux de récit m'a tenue à l'écart.



Alors j'ai été sensible au souffle féministe, à la manière édifiante dont le roman montre comment la littérature se nourrit des expériences intimes tandis qu'inversement ses pouvoirs permettent d'imaginer de nouveaux horizons. Mais je ne peux pas dire que j'ai passé un bon moment.



Un texte brillant sélectionné dans la première liste du Goncourt, mais qui ne m'a pas emportée.
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Sarah, Susanne et l'écrivain

* Jeux de miroirs *



Sarah, Susanne et l'écrivain est un jeu de miroirs où l'on se perd allègrement. C'est une conversation entre deux personnes: Sarah et l'écrivain.

L'écrivain lui raconte des pans du roman qu'il est en train d'écrire sur sa vie à elle. Elle précise, dissèque, se récrimine mais surtout confond sa vie à celle de Susanne, son moi de papier.

Un paragraphe commence par Sarah, se termine en Susanne. Sont-ce les enfants de l'une, de l'autre. Eric Reinhardt s'amuse à nous promener et à nous perdre dans son palais des glaces. L'écriture est fraîche, amusante, surprenante.



Pourquoi trois étoiles alors ?



Parce que j'ai vraiment du mal avec l'héroïne (Non, je ne suis pas en cure de désintox !).

Notre Sarah/Susanne a une chouette petite vie le cul dans le beurre. Architecte de profession, elle a arrêté de travailler suite à un cancer pour lequel elle est en rémission. Elle est artiste, elle installe ses oeuvres dans le grand jardin de sa belle maison. Tout va relativement bien dans son couple et avec les enfants.

Un jour, elle découvre que dans son acte notarié, la maison appartient à 75% à son mari et à 25% à elle (ne pas se rendre compte des actes juridiques que tu signes si tu n'as pas ton bac ok, ca peut passer, mais pour une architecte, vraiment ???). Elle demande donc à son mari de changer cet état de fait, il ne le fait pas (mais qu'est-ce qui a poussé cette répartition, on ne le sait pas). Son mari a le besoin de s'isoler d'elle le plus souvent possible. Il va dans la cave, 10 minutes, 30 minutes, une heure, des heures, une nuit.



Notre Sarah/Suzanne tombe aussi amoureuse... d'un tableau vu chez un antiquaire. A 2000/1800/1600 elle ne se précipite pas pour l'acheter, mais une fois qu'il est vendu, elle va le rechercher à 10.000. Bravo Sarah/Suzanne.



Et là elle prend une autre décision, elle va 'éloigner de son mari pour jouer le forcing du 50/50. Elle loue un appartement (alors qu'elle n'a pas de revenus, précisons-le), installe son tableau, et annonce ça à son mari entre la poire et le fromage. Elle s'éloigne et lui se sent quitté.



Sarah/Suzanne tombe alors dans une spirale infernale où chaque décision prise est loin d'être la meilleure ou la plus logique ou simplement de bon sens. Une spirale qui va la rendre folle.. et qui moi n'a ennuyée profondément.



En résumé, la construction de ce roman est excellente mais il aurait pu certainement gagner en consistance avec une histoire plus crédible et une héroïne moins stupide (et c'est un euphémisme).



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Sarah, Susanne et l'écrivain

Un roman déboussolant !



Dans les premières pages, on comprend rapidement qu’il va falloir focaliser l’attention sur chaque mot, afin de ne pas se tromper de personnage ! La gymnastique se met heureusement vite en place et nous pouvons naviguer entre l’écrivain, Sarah qui lui inspire cette histoire et Suzanne le double romancé de Sarah !



C’est donc Sarah qui confie son histoire : une sombre histoire d’emprise, qui l’a dépossédée de tous ses biens, et séparée de ses enfants. Un scénario que l’on sent prévu de longue date.



On y suivra aussi la relation complexe des deux héroïnes avec un mystérieux tableau, qui semble déclencher des réactions passionnelles chez ceux qui le croisent. A l’inverse du portrait de Dorian Gray, le devenir de cette oeuvre reflète l’était de déliquescence de sa propriétaire …



On aura donc deux versions, puisque l’écrivain s’inspire des confidences de Sarah mais brode pour en faire un roman. On a donc le droit à deux fictions en une !



Beaucoup de plaisir pour cette lecture qui reprend un des thèmes de prédilection d’Eric Reinhardt, avec un art du montage de la narration tout à fait abouti.



432 pages 17 août Gallimard


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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L'Amour et les Forêts

Touché par la lettre de félicitations qu'elle lui a adressée après la lecture de son dernier roman, l'auteur/narrateur accepte de rencontrer Bénédicte Ombredanne. Au cours de leur second entretien, la jeune femme lui raconte le calvaire qu'elle vit au quotidien auprès de son mari, et ses rares tentatives pour sortir de cette domination étouffante.



Une fois n'est pas coutume, j'ai lu ce roman très rapidement après avoir vu son adaptation cinématographique par Valérie Donzelli. J'étais motivé par l'animation prochaine d'un débat sur le thème de l'emprise.



J'ai été enthousiasmé par la première partie du roman, rapportant le contenu des discussions entre le narrateur et Bénédicte Ombredanne, que l'auteur ne nomme jamais autrement, ce qui crée une ambiance très factuelle, type "témoignage de justice".

La seconde partie, qui relate un entretien avec Marie-Claire, la sœur jumelle de Bénédicte, m'a un peu déçu. Peut-être parce que cet échange vient nuancer la personnalité de la jeune femme et contrebalancer un peu la perversité de l'époux. Aussi sans doute, du fait de l'écriture ; j'y reviendrai.



Bénédicte, le personnage central du Roman, est présentée sous deux éclairages qui mettent en relief des facettes nuancées. Le comportement du mari semble faire l'unanimité contre lui. Marie-Claire, la jumelle, semble plus équilibrée. On peut juste s'étonner, et cela contribue à créer des ombres dans le portrait de Bénédicte, qu'elle n'apparaisse jamais dans les propos de sa sœur.



La forme de la narration est intéressante. L'auteur y rend compte d'entretiens un peu comme s'il avait lui-même vécu les événements. La lecture est relativement aisée. Le lecteur n'est pas perturbé par un excès de vocabulaire précieux ou un abus de figures de style.

J'ai cependant trouvé l'écriture de la seconde partie moins légère, moins fluide, que celle de la première. Dommage pour cet excellent roman qui aurait pu être un vrai coup de cœur.
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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L'Amour et les Forêts

Il m'arrive de temps en temps de consulter les listes des prix littéraires afin d'y piocher des idées. Ce n'est pas parce que je suis convaincue d'y trouver des pépites, c'est parce que je suis curieuse et que j'aime bâtir ma propre opinion sur des titres dont on parle beaucoup. C'est ainsi que j'ai choisi de lire il y a quelques jours L'amour et les forêts, sans rien connaître de l'auteur et sans avoir lu une seule critique. J'ai forcément dû en entendre parler un peu à sa sortie, mais comme il date de 2014, autant dire que les quelques informations que j'ai pu avoir sur ce roman se sont évanouies dans le tréfonds de ma mémoire…

D'abord, c'est un joli titre. On ne sait d'ailleurs pas vraiment s'il sera question d'amour ou de forêts dans ce roman quand on en commence la lecture, tant la figure de l'auteur occupe les premières pages. Il est là qui parle de lui et qui nous raconte sa rencontre avec une certaine Bénédicte Ombredanne, professeure agrégée de Lettres exerçant dans un lycée. Une « fan ». Ça a l'air de faire du bien à l'égo et c'est très moderne, cette intrusion de l'auteur dans une histoire qui aurait peut-être pu se passer de ce procédé. Je m'explique – et qu'on me hue si besoin – ce roman qui pourrait être considéré comme réussi par le thème qu'il aborde est un échec en terme de narration. L'histoire de Bénédicte est terrible, elle se suffit à elle-même. Je l'appelle Bénédicte, contrairement à l'auteur qui ne cesse de l'appeler Bénédicte Ombredanne – c'est insupportable – comme pour mieux la mettre à distance. C'est complètement réussi d'ailleurs ! Je suis une ultra-sensible et je crois n'avoir quasiment rien ressenti à l'égard de cette pauvre héroïne pendant les deux-tiers du roman. C'est parce que c'est mal raconté (oups, j'ai osé) : sa décision de chercher un homme sur Meetic et les discussions qui s'ensuivent… caricaturales à souhait, sa rencontre avec l'homme parfait (du premier coup, on repassera sur la probabilité), le long passage sur le tir à l'arc, les scènes de sexe sans intérêt majeur… Bon, ça c'est le début. Ensuite, viennent l'aveu et la description d'un véritable enfer psychologique vécu par la jeune trentenaire. On compatit un peu mais rien n'est fait non plus pour nous rendre le personnage sympathique. On peine aussi à comprendre l'enfermement de ce personnage dans sa situation, mais ça c'est un autre débat. La seule partie qui a trouvé grâce à mes yeux est la troisième : c'est la soeur de Bénédicte qui reprend le flambeau narratif si j'ose dire et c'est… glaçant. Là, on tient quelque chose de puissant. Mais le reste du roman… C'est décousu, ça manque d'unité. On passe d'une envolée lyrique à des propos d'une grossièreté affligeante. Et l'histoire… Non, vraiment, on n'y croit pas ! Quel dommage quand on sait que des Bénédicte Ombredanne, il y en a un nombre effrayant… Alors, on va peut-être me dire que je n'ai rien compris au livre, c'est ce qu'on a visiblement reproché à d'autres lecteurs qui ont livré des critiques négatives (je viens d'en lire quelques-unes). Or, je n'ai pas besoin de comprendre, j'ai besoin de ressentir et quand je ne ressens quasiment rien sur un sujet aussi douloureux, c'est le signe pour moi d'un naufrage romanesque.


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L'Amour et les Forêts

Je ne m'étendrai pas trop sur ce roman.



Il m'a plu, m'a touchée, m'a chamboulée...



L'emprise des hommes sur les femmes, le harcèlement, etc sont des sujets sur lesquels je suis particulièrement sensible.



L'histoire de Bénédicte Ombredanne m'a serrée le coeur d'un bout à l'autre.

Le comportement, de plus en plus ignoble, de son mari ( de ses enfants aussi... gloups...) m'a broyé les entrailles...

C'est juste immonde !



Un roman qui restera longtemps gravé dans ma mémoire.



Une histoire poignante, tragique... pour laquelle j'ai envie de crier "Pourquoi ?"...

Le bonheur était là, sans doute, à portée de main !

Alors, pourquoi...



R., tu as bien fait d'insister (un peu... beaucoup ! lol) pour que je sorte ce livre du fond de ma pal.

Merci !
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Le système Victoria

Vaut-il mieux qu'un fantasme reste à l'état de fantasme ? Première interrogation potentielle après lecture de cet ouvrage audacieux. Mais pas que. D'autres réflexions s'y dessinent aussi. Car à travers le récit d'une liaison adultère torride et dévorante, Eric Reinhardt suggère deux visions antinomiques et singulières de notre société version vingt-et-unième siècle. Deux envoûtantes métaphores incarnées par ces deux êtres complexes qu'a priori tout oppose :



A ma droite, Victoria, femme de pouvoir aux visages multiples, implacable, libre, insatiable et généreuse, ambassadrice flamboyante d'un système capitaliste dont elle jouit sans limite.



A ma gauche, David, architecte contrarié, idéaliste pusillanime et résigné, entravé par sa prudence, consumé par ses principes et touchant dans les contradictions de ses rêves avortés.



Leur histoire finira mal, on le sait dès le départ. Ce qui n'empêche pas l'auteur de rendre captivantes ses allégories du libéralisme économique et de la sexualité contemporaine qu'il confronte et fait se rejoindre ici dans ce qu'ils ont de plus excessif et ambigu.



Ainsi le système Victoria se révèle-t-il à la fois fiction économico-financière et roman d'amour et de sexe. Mais quelle qu'en soit l'approche que l'on pourra choisir, il demeure un récit riche, sensuel et entêtant, dont l'écriture harmonieuse et concise renforce encore la puissance.



Bref, vachement aimé, en attendant impatiemment de découvrir « L'amour et les forêts », le petit dernier.




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Le système Victoria

Un homme, une femme, dans une galerie commerçante. Ils ne se connaissent pas. Ils se croisent, un échange de regards, rien ne se passe. Ou plutôt, si, une étincelle dans les yeux de la femme que l’homme interprète comme une approbation muette. Mais rien de plus tangible à cet instant. La femme continue son chemin, l’homme par contre va l’observer à son insu pendant des heures avant de l’aborder. Le début d’une liaison brûlante, qui les mènera à leur perte, puisqu’on sait dès le début que la femme, Victoria, va mourir, et que l’homme, David, finira exilé de sa propre vie.

Mais revenons au début. David, marié, deux enfants, chef de travaux de la future plus haute tour de France, est soumis à une pression infernale pour livrer l’édifice dans les délais. Il se rêvait architecte mais n’a jamais eu le cran de se lancer. Victoria, DRH d’une multinationale, licencie à tour de bras et sans états d’âme, en bonne néolibérale cynique et manipulatrice. David trompe régulièrement sa potiche de femme, a pour principe de ne jamais revoir ses maîtresses d’un soir. Il prend soin de choisir des cibles de son niveau social, voire d’un niveau inférieur. Il rentre parfaitement dans la catégorie « chasseur ». On pense au début que Victoria est l’élément faible du couple, on croit déceler certaines fragilités, qu’elle est une proie consentante. Pourtant, au fil des rendez-vous de plus en plus torrides, le rapport dominant-dominée va s’inverser, David devenant « esclave » de l’appétit sexuel croissant de Victoria. Celle-ci le manipulera, pour le maintenir sous sa coupe, en lui faisant miroiter un projet architectural qui permettrait à David de monter sa propre agence.

Au bout du compte, Victoria sera bien une victime, victime d’elle-même et de ses fantasmes érotiques qu’elle est incapable de réfréner.



Pour moi, c’est clair : je n’ai pas aimé ce roman.

J’ai trouvé la fin invraisemblable : quelle coïncidence que Victoria soit tombée sur deux types louches, qui de plus étaient de mèche. Vraiment pas de bol…

J’ai trouvé les personnages détestables : ce type qui suit une inconnue en négligeant la fête d’anniversaire de sa fille, qui trompe sa femme mais qui est trop lâche pour la quitter (prenant prétexte d’un « pacte » de jeunesse – n’importe quoi). Victoria n’est pas plus attachante.

Je n’ai pas été convaincue par le volet « lutte des classes » : le discours gauchiste dans la bouche de David sonne complètement faux quand il prend parti pour les ouvriers alors qu’il est lui-même dans la tranche supérieure de la classe moyenne. Pareil quand il harangue les entrepreneurs de la tour pour les « re-booster » (rien que ce mot m’énerve) : ça m’a fait rire tant c’était peu crédible et caricatural. A l’image d’ailleurs de pas mal de dialogues.

Je n’ai pas été captivée par les pages de détails techniques sur la construction des porte-à-faux, ni pas les considérations bien trop cérébrales de l’auteur/narrateur.

Que dire encore ? ah oui, les fameuses scènes de sexe censées torrides…J’ai déjà lu bien plus salace ailleurs sans que ce soit de la littérature porno. Et puis cette façon insupportable d’enrober tout ça de prises de tête esthétiques, presque métaphysiques, alors que c’est juste un plan Q, puisqu’il n’est pas question de sentiments…

Enfin, je n’ai pas aimé que l’auteur surfe sur une vague « facile » : il est aujourd’hui politiquement correct de décrier les dérives de l’ultralibéralisme (je ne nie pas leur existence), et de jouer les moralisateurs en prônant le retour aux valeurs humanistes. Pimentez le tout avec du sexe débridé, un meurtre, faites-vous encenser par la critique (je me demande si on a lu le même bouquin), et vous aurez un best-seller.



Un point positif tout de même : l’auteur écrit très bien, et on peut malgré tout se laisser envoûter par ses phrases complexes. Mais c’est bien peu.



Voilà, quand j’aime pas, j’aime pas…
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L'Amour et les Forêts

Engoncée dans sa vie, Bénédicte va s’échapper de son quotidien englué par son mari humiliant, harceleur certifié.

Quelle folie, une après-midi d’amour acceptée pour rencontrer la réalité d’un homme collecté sur le net. @playmobil677.

Une initiation au tir à l’arc méritant quasiment le label « Ghost » de la poterie, la chamboulera.

Quel bonheur insensé de converser sans tabous, de prendre ses marques dans d’inédites visions de soi-même.

Elle va réapprendre à s’aimer, s’introduire, s’enfoncer dans sa tête dense, touffue comme une forêt.

Bénédicte s’y perdra. Y laissera sa vie saine.



Acuité des sentiments égrenés mot à mot, bruts, noirs comme des ballades pas à pas dans des forêts profondes où le soleil de la vie pénètre peu.

Ecriture sensuelle aux phrases longues comme des prémices bien faites.



Bénédicte écrira à Eric Reinhardt subjuguée par son dernier roman qui l’a profondément touchée. Ils se verront par deux fois. Elle va s’épancher, lui faire des confidences, elle lui racontera qu’elle n’est pas une bonne mère, une bonne femme mais une vraie femme.

« Peut-on se dévouer quasi exclusivement dans l’ordre : à son mari, à ses enfants sans retour constructif ? »

Perdue dans sa vraie vie. Elle s’en inventera une autre…



Un SMS raté, puis rien. Plus rien de Bénédicte.

Eric Reinhardt mènera son enquête, il débroussaillera les forêts de sensations douloureuses, de quotidiens à la dramatique palpable, de souffrances constantes plaquées aux émotions par châtiments-représailles de Jean-François, son mari, dénué de compassion d’avoir été dépouillé de l’amour de son père. Lamentable.

Tatouer sur l’autre l’épaisse empreinte de sa lâcheté jusqu’à la mort. Pitoyable.



Roman désarmant, où vous aurez le temps de mesurer l’ampleur de l’abandon de soi. Horripilant parfois, désolant souvent.

« Vous savez, Eric, c’est terrible de ne plus être touché. »

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L'Amour et les Forêts

En entamant ce livre, je me suis rapidement dit:

"Ce n'est pas encore celui ci qui va me réconcilier avec Eric Reinhardt!"



Car il ne m'a pas fallu plus de vingt pages pour retrouver avec agacement cette écriture lourde et un brin pédante, ses phrases verbeuses interminables et devoir m'accrocher en me disant que je ne pouvais pas décemment jeter l'éponge si vite.



Et puis, contre toute attente, l'intérêt a pointé son nez!

Pourtant, c'était loin d'être gagné, après un début d'autofiction, un chapitre d'échanges virtuels sur Meetic et une première rencontre sentimentale sucrée au possible, assortie de plus de dix pages sur l'art du tir à l'arc ( lourd dans le cliché!).



Le talent premier d'un écrivain est sans doute sa capacité à provoquer des sentiments forts chez son lecteur et la descente aux enfers de ce couple dysfonctionnel, entre domination et soumission, donne des bouffées de violence physique et de révolte intellectuelle. Une relation conjugale névrotique disséquée jusqu'à l'os avec cette plume étouffante qui, pour le coup, colle magistralement au propos.

L'analyse des personnalités, la psychologie des faits illustrent la part de l'éducation dans la construction d'un individu, le cataclysme engendré par la perte des illusions et des valeurs essentielles d'amour, de confiance et de loyauté.



Livre intelligent, ambitieux, au personnage féminin très travaillé, frêle image "à la confiance mutilée" et au corps détruit par un homme inflexible, déconstruit dès l'enfance.

Je comprends l'engouement des lecteurs enthousiastes. C'est un roman remarquable et donc remarqué, soulevant un phénomène de société. C'est hyper réaliste, oppressant! Mais je persiste et signe: j'ai bien du mal avec cette écriture incapable de concision, elle me rebute, je me noie en dedans.



(Merci à Delphine, :-) Sans sa critique, lue dans un moment de "creux" je n'aurais pas continué l'aventure)
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La chambre des époux

Margot, l'épouse d'Éric, a été victime d'un cancer du sein. Pendant toute la durée de sa maladie, elle n'a cessé d'encourager son mari à écrire, lui fixant même une échéance ambitieuse pour la sortie de son prochain roman.

Mathilde, l'épouse de Nicolas, chef d'orchestre et compositeur, est victime d'un cancer du sein. Elle ne veut pas que son mari mette se carrière entre parenthèses le temps des traitements et le pousse à continuer à composer la symphonie sur la quelle il travaille.



Dans "L'amour et les forêts", l'auteur raconte deux fois la même histoire, vécues par la victime, puis par l'une de ses proches. Le changement d'angle de vue fonctionne plutôt bien.

Ici, Reinhardt nous raconte deux histoires, celle d'Éric et Margot, puis celle de Nicolas et Mathilde, qui sont en fait la même, jusqu'à cet improbable coup de foudre pour Marie, cette autre victime d'un cancer, que vivent les deux hommes. Et si, en nommant les couples j'ai mis le prénom de l'homme avant celui de la femme, ce n'est pas un hasard. Car le roman ne traite pas du cancer de la femme, mais de l'homme face au cancer de sa femme. Très égocentré, non ?

Les personnages manquent d'originalité ; ils ne parviennent pas à nous surprendre ou à nous émouvoir. L'après-midi qu'Éric passe à pleurer sur sa salade à la table d'un restaurant lyonnais paraît tellement exagérée, surfaite...

Jusqu'à l'écriture qui devient pénible : un peu trop ampoulée, manquant de rythme, de variété... On s'ennuie ferme assez vite. À croire que l'auteur a écrit pour ses petits cercles d'admirateurs ou de contempteurs, pas pour être lu par un large public.



Une grosse déception !
Lien : http://michelgiraud.fr/2024/..
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L'Amour et les Forêts

Aujourd'hui, je découvre Eric Reinhardt comme on découvre une forêt ou un amour. A petits pas, j’avance dans l’histoire, prenant le temps de respirer entre chaque paragraphe, car c’est du lourd, aussi lourd qu’une vieille souche abandonnée d’un arbre presque centenaire, qu’au aura coupé par sadisme ou par déchéance.



Dans cette forêt entre Metz et Strasbourg, vit un homme des Bois, aussi gentil que Robin, maniant tout aussi bien l’arc et les flèches. Mais surtout, j’essaie d’apercevoir dans la pénombre sylvestre le regard souriant d’une Bénédicte Ombredanne. Dans cette forêt, elle a retrouvé le sourire perdu il y a plus de dix ans. C’est que la vie entre Metz et Strasbourg ne prête pas à sourire, surtout en hiver, mais ce n’est pas le moment de plaisanter, car ce roman n’en demande pas. Il est sombre, difficile, cruel. Il est émouvant, poignant, plombant. Alors une certaine tristesse teintée de rage et d'incompréhension s’empare de moi, comment est-ce possible, comment est-ce envisageable. Et pourtant, oui, je n’ai guère de mal à ressentir ce mal-être, cette souffrance inadmissible, le harcèlement mental de son mari.



Qu’est-ce qu’il m’a pris de lire un tel roman ? En fait, c’est grâce à – ou à cause de - Virginie Elfira, quelle belle femme. Oui j’ai vu Virginie Elfira, elle est belle non, ah Virginie, elle est magnifique non, dans une forêt, elle est sublime non, Virginie pas la forêt, et elle me parle d’amour et de forêt, d’un homme dans les bois, bref de l’histoire de ce roman. Alors quand je tombe sur ce dit roman, je m’en empare aussitôt et le dévore comme on dévorerait un bretzel chaud (ça c’est pour le côté Est de la France) avec une pinte de bière (y'a t'il autre chose pour accompagner un roman ? ou alors peut-être un Gewurztraminer pour la spécificité de celui-ci). Et malgré la dureté de l’histoire, j’ai trouvé une certaine poésie dans les mots de l’auteur qui pour l’occasion se met aussi en scène dans les pages de son roman. Il y a quoi devenir un peu dingue, comme Bénédicte. Et tout au long de cette longue descente aux Enfers de la violence conjugale, je – tu, on – ne peux m’empêcher de lui demander de partir, s’enfuir ou se rebeller. Avant de la voir abandonner. Et moi, dans tout ça, bien au chaud sous mon plaid, le verre vide à la main, j’abandonne pas, Virginie Elfira ou Eric Reinhardt. Oui, je relirai certainement d’autres romans de cet auteur.



« L’amour et les forêts », un joli titre tout de même. Cette escapade en forêt s’avérera une magnifique bouée d’oxygène, car là-bas, il peut y avoir de belles âmes qui y résident.
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L'Amour et les Forêts

Des critiques élogieuses, lauréat de trois prix, ce roman avait tout pour plaire.

Dès le premier chapitre, mise en abyme de l’auteur qui se met en scène et raconte ses rencontres avec sa lectrice admirative, Bénédicte Ombredanne.

« J’avais senti qu’elle avait besoin de me raconter sa vie. J’entretenais ses confidences par des questions et des encouragements affectueux, il me semblait primordial qu’elle puisse évacuer ce que j’ai compris qu’elle gardait pour elle seule depuis des années. »

Et nous lecteur, un peu voyeur, entrons dans l’intimité de cette femme qui raconte ce mari pervers et harceleur qui l’humilie et la surveille sans cesse. Voulant prendre un peu de recul, elle s’inscrit sur un site de rencontres et là, bingo ! Elle tombe sur l’homme idéal, l’opposé de son pauvre mec de mari.

Ils se retrouvent et le conte de fée continue. Tout est idyllique et la passion est au rendez-vous. On comprend alors le titre du roman puisque la rencontre amoureuse se déroule en lisière d’une forêt

« Elle entendait, provenant des arbres qui entouraient la maison, des oiseaux qui chantaient, c’était un poudroiement sonore continuel autour du lit et de leurs corps enchevêtrés. »

C’est bien joli, cet amour qui tombe du ciel et cette orgie de sexe, mais le retour à la réalité est plutôt duraille. Sans alibi bien ficelé, (elle tente bien le coup de la panne d’essence !) Bénédicte Ombredanne est victime de la jalousie perverse et du chantage odieux exercés par son mari. Sa vie devient un enfer.

L’écrivain réapparait dans l’histoire, comme un guide touristique guidant nos pas à travers les méandres de cette histoire quelque peu tarabiscotée. Car cette Bénédicte Ombredanne, pour laquelle malgré ses malheurs, je n’ai pas éprouvé une grande compassion, cette Bénédicte donc n’est peut-être pas celle qu’on croyait.

L’écrivain va découvrir qu’elle a une sœur jumelle (jamais mentionnée par l’intéressée) Et cette sœur va faire un portrait très différent de Bénédicte, racontant ses dépressions, ses cancers, et sa souffrance autant physique que psychologique auprès de ce mari toxique. Bénédicte lui aurait avoué son fantasme d’un rendez-vous secret avec un homme inconnu. Tiens donc ! L’écrivain et nous avec, aurions donc été manipulés à notre tour par une femme victime ? Où s’arrête la vérité, où commence le fantasme ? Et si l’auteur avait interprété et réécrit l’histoire de Bénédicte ? Un peu comme dans un conte (on a déjà la forêt profonde et le prince charmant !) Et donc nous manipule à son tour (facile quand on écrit l’histoire !)

Bon, je n’ai pas la réponse, et je m’en contrefiche car je me suis bien perdue dans cette histoire un peu tordue, il faut le dire. Je ne sais pas où l’auteur voulait m’emmener, et il a dû bien s’amuser avec ses personnages Playmobil. Mais moi, j’ai trouvé cela bien longuet et je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages.

J’ai attendu, en vain, que l’auteur s’empare de la violence conjugale et développe davantage ce thème de façon plus réaliste. Hélas ! On passe à côté (ou bien c’est moi qui suis passée à côté du roman !)

Un roman que, malgré ses trois prix, j’oublierai bien vite.



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L'Amour et les Forêts

Touché par la lettre d'une de ses lectrices, Eric Reinhardt fait une entorse à sa règle et accepte de rencontrer la jeune femme lors d'un de ses passages à Paris. Cette rencontre amicale sera suivie de quelques mails, quelques SMS et d'une seconde rencontre, essentielle celle-là puisque Bénédicte Ombredanne, professeure agrégée de lettres dans un lycée messin, mariée et mère de famille, entreprend de lui raconter sa vie. Une vie qu'elle rêvait enchantée, sublimée, merveilleuse, mais qui s'est brisée sur l'écueil de la réalité. La jeune fille qui avait tout pour réussir est, la trentaine passée, une femme résignée, sous la coupe d'un mari abusif qui fait de sa vie un enfer.





On a beau avoir tout pour réussir, parfois la machine se grippe. Une déception, un échec et on se retrouve démuni et prêt à se tourner vers une main tendue dans ce moment difficile. Ce moment de faiblesse ne prête pas à conséquence, le temps guérira les blessures...Mais si la main tendue est moins amicale qu'il n'y paraît, le drame s'installe. Si celui qui est là, toujours présent, attentif, protecteur, en profite pour se rendre indispensable, prendre le dessus, prendre le contrôle, alors tout bascule. Et c'est ce qui est arrivé à Bénédicte Ombredanne, héroïne tragique du dernier roman d'Eric REINHARDT. L'ami d'enfance qui lui fait remonter la pente après un rude échec, est un pervers narcissique prêt à lui faire payer l'indifférence dont il a été victime jusque là. Sous son emprise, Bénédicte se fane peu à peu, oublie ses aspirations, ses ambitions, se recroqueville sous le regard toujours critique d'un mari humiliant et possessif. Pourquoi reste-t-elle ? Et pourquoi toutes les femmes dans son cas continuent-elles de supporter jour après jour les tortures psychologiques infligées par un mari despotique qui combat un sentiment fort d'infériorité par un féroce besoin de contrôle et de domination ? Par gratitude, amour, peur ? Parce qu'il a détruit en elles toute rébellion, toute confiance en soi ? Parce qu'elles ne supporteraient pas un nouvel échec et veulent donner à leur entourage l'image du bonheur conjugal ?

Avilie, asservie, Bénédicte Ombredanne est seule, isolée, par le despote, de ses amis et de sa famille, éloignée de ses enfants par le travail de sape et de manipulation de son mari. C'est dans la lecture et l'écriture qu'elle s'évade, puisant là la force de continuer. Grâce à son imaginaire, elle peut vivre une autre vie, rencontrer peut-être l'amour véritable, la passion...Et en payer le prix ! Le harcèlement de son mari ne connaît pas de limites, se moque du jour et de la nuit, la tue à petit feu, la privant de sommeil, de calme, de vie.

C'est ce lent processus, insidieux et pervers, que raconte Eric REINHARDT dans ce livre où il se met en scène, dépositaire des confidences et des secrets de Bénédicte, sans s'imposer. Il devient un personnage à part entière de cette histoire à tiroirs où les révélations arrivent lentement, où l'on ne peut pas toujours démêler le vrai du faux, mais où Bénédicte Ombredanne, soumise mais lumineuse, raconte l'amour de la vie et la capacité à sublimer chaque instant, chaque petit rien, pour en faire quelque chose de précieux. Une héroïne forte et touchante, portée par la très belle plume d'un auteur qui signe ici un roman attachant et marquant.
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L'Amour et les Forêts

On m'avait pourtant bien prévenue: Lorraine, attention, il faut lire ce livre pendant tes vacances car cela va te secouer! Ce conseil me fut délivré par une amie qui me connaît bien et je ne regrette pas de l'avoir suivi scrupuleusement.

Je referme ce roman boulversant, le coeur chaviré, les yeux humides, et j'avoue avoir versé quelques larmes ce qui m'arrive rarement pendant une lecture!

Le destin de Bénédicte Ombredanne, relaté dans l'amour et les forêts est au coeur de ce récit émouvant. Cette jeune mère de deux enfants et épouse d'un mari violent et pervers saura-t-elle se libérer de l'emprise qui l'enchaîne et l'englue? Cette quête de liberté, cette soif d'amour seront-elles comblées?

Nous cheminons avec l'espoir pour compagnon aux côtés d'un écrivain, Eric, sorte de double de l'auteur qui a rencontré à deux reprises Bénédicte et qui a entretenu une relation téléphonique et épistolaire avec elle sur plusieurs années, recueillant les confidendes de cette femme bafouée en quête de bonheur.

Un beau portrait de femme brossé avec délicatesse, où s' opposent l'érotisme torride et joyeux de l'amant à la violence froide et clinique de l'époux.L'écriture de Reinhardt ne tombe jamais dans le mélo grâce à une construction narrative faite de ruptures: changements de narrateur et retours en arrière, donnant encore plus de relief au personnage de Bénédicte.

L'amour et les forêts, l'essentiel est de ne pas rester à la lisière mais de s' y engouffrer!
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Sarah, Susanne et l'écrivain

La lecture de Sarah, Suzanne et l'écrivain restera longtemps en moi comme un écho lancinant qui se propagerait dans la blessure d'une âme meurtrie. Mais dans cet écho, il y a aussi des éclats de lumière. Il me faudra attendre peut-être quelques jours encore pour que ma mémoire fasse le tri, attendre que l'eau se calme pour apercevoir ce que ce livre continue de me dire.

Sarah, une femme quadragénaire, rencontre un jour un écrivain pour lequel elle porte une vive admiration. Elle lui confie son histoire et voudrait qu'il l'écrive. Elle lui demande de le faire, pour elle, pour les autres femmes, pour les hommes aussi qui liront ce livre... Mais elle voudrait que ce soit un roman. Dans ce roman que l'écrivain décide d'écrire, Sarah s'appellera Suzanne...

Éric Reinhardt nous entraîne dans un étrange triangle choral qui n'est ni tout à fait l'histoire de Sarah, ni tout à fait l'histoire de Suzanne, mais peut-être est-elle celle d'un écrivain qui va faire de cette confession un roman, tissant un pont entre ces deux femmes ?

Alors Sarah devient Suzanne, encore en état de rémission suite à un cancer. Cette maladie lui a ouvert les yeux, lui a fait prendre conscience du poids de la vie, de ce qu'est sa vie réellement, sa vie conjugale, sa vie en tant que mère, sa vie en tant que femme aussi, peut-être et avant tout...

Mère de famille et épouse en apparence comblée, elle ne ressent plus les mêmes sentiments qu'avant et voilà que cette prise de conscience l'amène à se confronter brusquement à l'indifférence, à l'égoïsme de son époux, comme si sa maladie, ou plutôt sa rémission, lui avait brusquement ouvert les yeux.

Lorsqu'elle réalise après vingt ans de mariage, que son époux est propriétaire de soixante-quinze pour cent de leur domicile conjugal, Sarah tente de rétablir l'égalité économique au sein de leur couple et lui demande aussi de se montrer plus présent. Pour faire réagir son époux qui reste muet à sa demande, elle décide de quitter leur foyer pour quelques mois. Ce sera pour elle une décision aux conséquences inattendues et bouleversantes.

C'est cet effondrement que nous raconte Éric Reinhardt.

Celui de Suzanne, ou peut-être celui-ci de Sarah. Parfois j'en suis arrivé à ne plus savoir les distinguer, mais ce n'est pas très important. La construction narrative d'Éric Reinhardt, subtile comme un pont entre deux versants, favorise cette ambiguïté, ce basculement, ce jeu de miroirs de deux destins qui se parlent en écho...

Dans ce roman complexe et vertigineux, j'ai aimé cette mise en abyme, ainsi que la confusion dans laquelle celle-ci nous plonge et nous perd...

L'écriture d'Éric Reinhardt est d'une justesse incroyable, d'une sensibilité qui touche au coeur pour dire la violence psychologique exercée par un homme sur son épouse. Cette violence du silence, ce rejet, ce bannissement, ce point de bascule presque au bord de la folie, sont très finement rendus.

C'est un livre humaniste, profondément féministe de deux femmes qui décident de ne pas céder à la lente domination ordinaire, de renverser la table, de prendre en main leur destin, quitte à tout perdre... C'est l'histoire de leur résilience.

C'est un livre sur l'effacement. Éric Reinhardt montre comment on peut exister ou simplement disparaître, être effacé par le regard des autres, ceux qu'on croyait aimer, ceux dont on croyait être aimé... Mais il ne faut pas nous leurrer, cette indifférence n'est pas une vue de l'esprit philosophique, mais bien le cri d'une femme dans cette lente détérioration du désir de l'autre, c'est bien ici l'héritage patriarcal qui est désigné, sur lequel se fondent encore aujourd'hui beaucoup de couples dans leur fonctionnement...

Ce qui m'a surpris dans ma lecture, c'est la proximité de ce roman avec l'un des précédents du même auteur, L'amour et les forêts où là encore une femme contactait un écrivain, évoquait sa vie cette fois avec un pervers narcissique. D'où viennent à Éric Reinhardt ses inspirations qui se ressemblent ?

Éric Reinhardt est un auteur qu sait parler des femmes, sait parler aux femmes, sait parler aussi aux hommes qui essaient de parler aux femmes, qui essaient de parler des femmes...

Aussi, être un homme et lire ce roman n'est peut-être pas anodin.

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L'Amour et les Forêts

Bénédicte Ombredanne. J'avais envie de mettre en exergue cette identité pour ne pas oublier toutes celles qu'on oublie, qui s'oublient. Il est des êtres qui ne veulent pas créer de problème, qui passent inaperçus, qui ne vivent que pour les autres, par gentillesse, par peur, par tout un mélange de sentiments qui font qu'on les rêve plus qu'on ne les connaît.

Sans lumière, parce que le piège s'est refermé, elles s'en vont un jour, sans bruit, sans éclat. Oh non, pas d'éclat, tout va bien. Un ou deux Xanax plus tard. Oui tout va bien. le plus dramatique c'est que personne ne s'en aperçoit parce qu'elles donnent le change, elles ont l'intelligence et une finesse d'esprit qui leur permet de berner les autres. Quel dommage, l'intelligence au service de sa propre servitude. Cette sensibilité est justement ce qui va les contraindre à l'enfermement, à supporter l'insupportable, l'inconcevable. La victime est consentante, malgré elle.

Un très beau roman, j'ai beaucoup apprécié la plume de l'auteur, fine, délicate et si réaliste.
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L'Amour et les Forêts

Touché par la lettre d'une lectrice, Eric Reinhardt a entretenu avec elle de longs échanges épistolaires et ils se sont même rencontrés à deux reprises. Il a découvert une jolie femme, intelligente, cultivée, pleine de subtilité, se consumant littéralement dans l'enfer de son mariage avec un pervers narcissique. C'est elle, Bénédicte, l'héroïne de cette tragédie dans L'amour et les forêts.

Ce roman est un peu bavard et le début est assez ennuyeux mais le style et l'écriture d'Eric Reinhardt sont ciselés et il va au fond des choses, laissant lentement l'émotion étreindre le lecteur. C'est un véritable enfer conjugal qui s'étire tout au long du roman mais les derniers chapitres sont tout à la fois les plus intéressants et les plus poignants, dévoilant des pans entiers de la vie de la jeune trentenaire à travers le récit de sa soeur.

Comment Bénédicte a-t-elle pu supporter la médiocrité d'un mari insignifiant s'acharnant à l'humilier quotidiennement ? Eric Reinhardt sait garder une certaine distance avec son sujet tout révélant la cruauté des situations.

Grâce aux confessions de Bénédicte tout au long de leurs courriers, on pénètre impuissant dans l'intimité de son ménage.

Au fond, personne ne sait vraiment ce qui se passe dans l'intimité d'une couple. C'est un épais mystère et chaque couple est unique.

Eric Reinhardt a rendu sa dignité à Bénédicte avec une certaine élégance et beaucoup de sincérité.









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