Ernest Hemingway

Il doit être, je pense, aussi possible de vivre toute une vie en soixante-dix heures qu'en soixante-dix ans... à condition que votre vie ait été bien remplie jusqu'au moment où commencent les soixante-dix heures et qu'on ait déjà atteint un certain âge.

Drôle de chose que le fanatisme. Pour devenir fanatique , il faut être absolument sûr d'avoir raison, et rien ne vous donne plus cette certitude, ce sentiment d'avoir raison, que la continence. La continence est l'ennemi de l'hérésie.

Mais Paris était une très vieille ville et nous étions jeunes et rien n’y était simple, ni même la pauvreté, ni la richesse soudaine, ni le clair de lune, ni le bien, ni le mal, ni le souffle d’un être endormi à vos côtés dans le clair de lune.

Il nous faut plus de mystères authentiques dans nos vies, Hem’, me dit-il un jour. Ce qui manque le plus à notre époque, c’est un écrivain sans ambition et un poème inédit vraiment important. Mais, bien sûr, il faut vivre.

Le poisson est bon, mais le poisson est une nourriture pour le cerveau et n'importe qui prenant environ trois bonnes portions d'une nourriture pour le cerveau quitterait Constan sur-le-champ, dût-il le faire à la nage.

Il y a cent soixante-huit jours de congé légaux à Constan. Chaque vendredi est un jour chômé musulman, chaque samedi est un jour chômé juif, et chaque dimanche est un jour chômé chrétien. De plus, il y a des jours de fête catholiques, musulmans et grecs pendant la semaine, sans parler du Yom Kippour et autres fêtes juives. Aussi la grande ambition de tout jeune Constanois est-elle d'aller travailler dans une banque.

C'est affreux de posséder un vocabulaire assez étendu et de se sentir muet lorsque quelqu'un vous injurie.

Ces jeunes gens ne jouent pas au bridge ensemble, du moins pas durant les heures de travail. Ils jouent généralement avec des femmes assez âgées pour être leurs mères et qui distribuent les cartes dans un étincellement de bagues de platine sur les doigts potelés. Je ne sais comment tout cela est arrangé, mais les jeunes hommes paraissent bien contents et les dames peuvent évidemment se permettre de perdre.

Les hommes de science disent qu'en réalité, la pendaison est une mort agréable. La pression de la corde sur les nerfs et les artères produit une sorte d'anesthésie. C'est l'attente de la pendaison qui gêne un homme.

Penser ne servait à rien. Quand on commençait, on ne pouvait plus s’arrêter.

"J'avais appris à ne jamais assécher les puits de mon inspiration mais à m’arrêter alors qu'il y'avait encore quelque chose au fond pour laisser la source remplir le réservoir pendant la nuit."

– Tu commences à en avoir ta claque, poisson, dit-il. Et moi alors, bon sang, qu'est-ce que je dirais !

A man can ben destroy but canot be defeated

Mais l'homme n'est pas fait pour la défaite, dit-il. L'holle peut être détruit, mais pas vaincu. P.91

Paris n'a jamais de fin.

Paris ne fut plus jamais le même. C'était pourtant toujours Paris, et s'il changeait, vous changiez en même temps que lui.

Tant que tu continueras comme ça, poisson, je pourrai rien faire pour toi et tu pourras rien faire pour moi. On est liés maintenant ! Je resterai avec toi jusqu'à ce que je sois mort. Et toi aussi...

Si vous ne donnez pas du fil quand ils accrochent comme ça, ils le cassent. Aucun fil ne peut les retenir. Quand ils en veulent, il faut leur en donner. Il faut freiner en douceur.

Et si tu as envie de la baiser, eh bien baise-la un bon coup à ma santé.

ne te mets pas à blâmer qui tu aimes ni à répartir le blâme. Il sera réparti le moment venu et pas par toi.