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Critiques de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (178)
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Contes fantastiques

Un genre en création mais qui est bien vieilli avec quelques thèmes (trop) récurrents.
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Mademoiselle de Scudéry

Mademoiselle de Scudéry, 1819 - E. T. A. Hoffmann



Un conte superbe! Un petit roman policier qui joue dans le Paris historique d'une époque passée avec une fin surprenante. Ce conte de l'école des romantiques est un joyau.



Wikipedia anglais a un long article sur cette nouvelle policiére.
Lien : http://en.wikipedia.org/wiki..
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L'Homme au Sable

L'Homme au Sable a également été publié sous le titre « Le Marchand de Sable ».



Nous sommes loin du gentil marchand de sable qui visite les enfants sages pour les endormir à la nuit tombée.



L'œuvre est un modèle du genre fantastique. Le récit étonne par sa densité, sa forte structure, et l'ambiguïté permanente de son rapport à la réalité.

L'Homme au Sable, l'un des récits les plus terribles des contes fantastiques, est emblématique de la place qu'occupe E.T.A. Hoffmann dans la littérature internationale.



Ce conte surnaturel est un incontournable, un chef d'œuvre, à ne manquer sous aucun prétexte.
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Le casse-noisette

Magnifique conte de Noël, tout en rêve et onirisme.

Étant une grande amatrice du ballet, je voulais absolument lire ce petit livre.

Le conte de Noël de Dickens fait partie de mes livres de chevets du mois de décembre, celui-ci va vite le rejoindre.
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L'Homme au Sable

Nathanaël est fiancé à la douce Clara, la soeur de son ami Lothaire. Alors qu'il doit terminer ses études loin de sa famille et de ses amis, il se retrouve, croit-il, face à celui qui a terrorisé son enfance, le terrible Coppelius. Et il va aussi faire le rencontre bouleversante de la belle Olimpia, la fille de son professeur, dont il va follement s'éprendre... Pour son plus grand malheur, car la demoiselle est loin d'être celle qu'il croit...

L'histoire démarre par un échange de lettres entre Nathanaël et Lothaire, et Clara et Nathanaël. Puis le narrateur reprend la main pour expliquer pourquoi il a démarré son histoire de la sorte et nous raconte ensuite le reste de la tragique mésaventure du jeune Nathanaël.



Le fantastique ici peut tout à fait être expliqué par la folie, même si la présence de l'homme tant redouté de Nathanaël dans la dernière scène jette un doute dans l'esprit du lecteur. Ce n'est pas mon style de fantastique préféré car un peu trop bizarre à mon goût, malgré cette explication psychique possible.
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Mademoiselle de Scudéry

Mademoiselle de Scudéry, précieuse du XVIIème siècle, est impliquée, malgré elle, de loin, en tant que témoin oculaire, dans d'affreux assassinats qui épouvantent Paris.

Un inconnu lui a apporté une magnifique parure de diamants. Or des meurtres sont commis pour dérober de fabuleux joyaux à leurs propriétaires.

Un homme, arrêté pour ces crimes, demande à se confier à la célèbre demoiselle, qui recueillera donc son témoignage. Convaincue de son innocence, elle va tenter d'obtenir sa grâce.

On passe un agréable moment avec cette nouvelle d'Hoffmann.
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Casse-Noisette et le Roi des Rats

Alors que sort au cinéma la version Disney, Gallimard jeunesse réédite sous format album le célèbre conte d'Hoffmann paru en 1816 qui a inspiré le ballet de Tchaïkovski (1892). C'est un beau livre quoique de facture classique, avec des illustrations réalistes ayant un petit air d'antan. L'histoire, destinée aux plus jeunes, nécessite néanmoins un bon niveau de lecture, d'autant plus qu'il y a un récit imbriqué dans le conte.



C'est un Noël hors du commun que vit la petite Marie! On oscille constamment entre féerie et angoisse, entre la joie de découvrir ses cadeaux (notamment ceux du parrain horloger, merveilles de technologie), la surprise de voir les jouets prendre vie, mais pour se battre contre un vilain rat à sept têtes ! Il faut ensuite remonter le temps à travers un long récit plein de rebondissements et de personnages pour comprendre que c'est, grosso modo, une histoire de vengeance et que Casse-Noisette est lui-même victime d'une malédiction. Ce passage m'a semblé un peu confus même s'il se lit comme un conte et que les grandes illustrations pleines pages le rendent agréable. Il est aussi question d'un pays merveilleux fait de bonbons mais pour y accéder, il faudra supporter de terribles scènes où le roi des rats harcèle et épouvante la fillette.

Au final on ne sait pas trop si tout cela s'est bel et bien déroulé ou si ce n'était qu'un rêve... "On peut voir toutes sortes de merveilles à condition d'avoir les yeux pour le faire" !
Lien : https://www.takalirsa.fr/cas..
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Mademoiselle de Scudéry

Mademoiselle de Scudéry, madame de Maintenon, Louis XIV, les procès surannés de sorcière, la chambre ardente, l’affreux procureur La Reynie, tout ça fleure bon la fin du dix-septième siècle. Hoffmann rend très bien le contexte des années 1680, après quelques affaires louches d’empoisonnement. Dans cette ambiance suspicieuse, une série d’assassinats mystérieux se produisent la nuit dans Paris, on soupçonne une bande de voleurs voués à Satan, tellement les évènements sont étranges. Mademoiselle de Scudéry, déjà âgée de plus de 70 ans, va se retrouver mêlée involontairement à cette histoire après avoir prononcé une petite phrase, apparemment innocente, devant le roi : « Un amant qui craint les voleurs n’est point digne d’amour. »

Un roman policier historique publié en 1819, est quelque chose de toute façon curieux à lire, et d’autant plus intrigant quand on a de l’intérêt pour le dix-septième siècle français. Je préfère ne rien dévoiler de l’intrigue, mais je trouve ce livre d’une étonnante modernité. J’ai beaucoup aimé.
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La leçon de violon

Dans le même genre que le Chef-d’oeuvre inconnu de Balzac, sauf qu’ici il s’agit de musique et plus particulièrement de violon. Un jeune violoncelliste va vouloir rencontrer « le baron ». Le baron est un personnage qui semble aimer le violon plus que tout, qui en parle avec beaucoup de philosophie et qui aime à conseiller les gens, et prendre des élèves. Il est surtout bouffi d’orgueil, ce qui ne rend pas le personnage très agréable.

La chute de cette nouvelle rend l’histoire amusante, et j’ai eu un grand sourire à la fin de ma lecture. J’ai beaucoup aimé.
Lien : https://jetulis.wordpress.co..
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Contes fantastiques

D'une écriture hallucinée et inspirante, ces contes semblent être faits de la substance même des récits populaires et opaques qui nous fascinent et nous échappent à la fois. Paradoxes délicieux entre symbolisme et candeur, simplicité et fantaisie, pittoresque et intemporel, ils nous frappent notre imagination comme ils ont frappé celle de nombreux auteurs et artistes européens du XIXème siècle, notamment Nodier, Gauthier, Nerval, Andersen, Pouchkine...



Sans conteste, l'un des plus grands monuments de l'univers du conte.
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Le Chat Murr

Murr est un pur génie diablotin.

Petit chaton qui ne comprend rien de ce qui lui arrive - il osait à peine au début de sa vie quitter son poêle -, finit par évoluer et grandir d'une façon orgueilleuse et espiègle. Vantard, hautain, égocentrique, nombriliste et avare, on se surprend à s'attacher à ce matou qui dévalorise la race humaine, mais qui parallèlement, y ressemble fortement par les procédés anthropomorphiques de Hoffman. Ainsi, petit à petit, Muur devient autodidacte et devient l'un des êtres les plus savants et cultivés de son temps. Il est drôle de s'amuser de sa découverte du monde, peu à peu élargi par son détachement de ses premiers principes.

Au début du roman, il y a une agréable étrangéisation qui nous permet de découvrir à nouveau les choses et les lieux d'une façon nouvelle et artistique à travers les yeux du chaton. Cela l'est encore plus lorsqu'on découvre également la possible vision d'un félin sur notre comportement parfois dérisoire. Il est dur de ressentir de l'animosité pour cet animal qui nous pestifère dessus à chacune de ses interventions, tellement il est bon de se rejoindre à son point de vue.



Je n'ai malheureusement lu que les parties qui se rattachaient à Muur. Les sections placards devront attendre encore un peu. Néanmoins, je ne suis nullement déçue de ce roman peu connu mais qui gagne à être découvert.

Je le conseille fortement à tous ceux qui veulent découvrir un chat plus intelligent que la moyenne des hommes et qui porte en lui un égocentrisme aussi gros que la taille de la lune. Mais toujours tournée d'une manière comique ! Oui, cher lecteur, ce roman vous arrachera plus d'un sourire !

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L'Homme au Sable

Hoffmann (1776-1822) est un grand nom de la littérature allemande. Ce juriste de formation a écrit de nombreuses oeuvres littéraires mais aussi des opéras et des sonates pour piano entre autres. Je possède ses Contes dans au moins quatre éditions différentes, et parmi les plus célèbres, on retiendra Les élixirs du diable, Le chevalier Gluck ou Le chat Murr.



Mais pour moi, Hoffmann reste l'auteur de l'un des plus délicieux contes pour enfants que j'ai jamais lu : Le casse-noisettes.



L'homme au sable fait partie de ces récits fantastiques dont le fil conducteur est la folie.



J'avais à le lire dans le cadre de ma première année de licence LM.



L'intrigue est simple et le conte fort court. L'étudiant Nathanaël, amoureux de la jolie Clara, a subi un traumatisme d'enfance. Il est persuadé que son père est mort à cause du mystérieux Coppelius, lequel s'était d'ailleurs montré très menaçant avec le petit Nathanaël. Dans l'esprit de celui-ci, Coppelius et l'Homme au sable ne font qu'un.



Des années plus tard, notre infortuné héros reçoit un second choc en rencontrant un vendeur de lunettes ambulant, nommé Coppola et en qui il croit reconnaître l'homme au sable. A partir de ce moment, Nathanaël montre clairement quelques signes de faiblesse.



A son retour dans la maison paternelle, le jeune homme manifeste un comportement curieux qui déroute sa fiancée. Il est évident que ce traumatisme d'enfance, réactivé par cette rencontre bizarre avec Coppola, nuit à l'équilibre de Nathanaël.



Pire encore, et il est difficile d'expliquer un tel aveuglement, l'étudiant tombe éperdument amoureux d'Olimpia, la fille de son professeur Spalanzani, oubliant instantanément la pauvre Clara. Seulement, la belle Olimpia cache un secret bien étrange...



Tout au long du récit, il est difficile de démêler le rêve de la réalité. Coppelius a-t-il réellement commis ces actes abominables ? Nathanaël souffre-t-il d'hallucinations ? Est-il malade ?



La narration ne nous permet pas réellement de trancher. C'est d'abord le point de vue de Nathanaël qui est présenté, et de manière fort convaincante, sous formes de lettres adressées à Clara ou à son frère. Puis c'est un narrateur extérieur qui conte les événements survenus au retour de l'étudiant chez lui. Et là, le lecteur se met à douter de la santé mentale du héros de cette histoire.



La folie est un thème repris dans bien d'autres oeuvres, pour ma part, ce conte m'a rappelé certains écrits de Maupassant ou de Gogol. Le tout est habilement mené et très plaisant à lire, car l'atmosphère angoissante et même macabre, permet d'imaginer sans peine les angoisses et la névrose du jeune homme. Un conte empreint à la fois de surnaturel et de romantisme, qui permet d'aborder le thème de la créature artificielle.
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Contes fantastiques

Je viens de découvrir l’œuvre d’E.T.A. Hoffmann en lisant plusieurs de ces contes fantastiques.



Je connaissais évidemment l’auteur de par sa renommée et il faut tout de suite dire que contrairement à sa réputation et la dénomination de « contes fantastiques » désignant ses textes, l’auteur est loin de se cantonner à ce style qui est même absent de plusieurs des récits que j’ai eu le plaisir de parcourir.



S’il faut vraiment le classer, c’est sans doute dans la catégorie « romantique », qui se manifeste notamment par un des éléments communs à tous ses textes : la présence d’une femme aimée qui est toujours idéalisée pour ne pas dire déifiée. D’autre part, ces personnages principaux (masculins) sont presque toujours des héros pétris des plus nobles sentiments, même lorsque qu’ils flirtent dangereusement avec la folie. Le preux chevalier est toujours prêt à donner sa vie pour défendre sa princesse, quand bien même il se trouve simultanément dans le rôle du « dragon » agresseur.



Malgré cette tendance romantique qui pourrait présager une psychologie des personnages un peu simpliste, c’est au contraire un des points forts de cet auteur de réussir à dépeindre toutes les contradictions et dilemmes de l’esprit humain, sans pour autant sombrer dans l’extrême inverse en donnant dans le voyeurisme et le côté « trash » de la littérature contemporaine. J’ai d’ailleurs constaté cette même qualité chez les principaux auteurs classiques du fantastique (Gogol, Maupassant, Gautier…) qui réussissent à dépeindre avec finesse et justesse les errements intérieurs de l’être humain. Ainsi peu importe que les personnages soient victimes de phénomènes fantastiques ou simplement de leur imagination, on frissonne quand même avec eux.
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Contes nocturnes

Quand on évoque Hoffmann, on pense à cet émule européen d’Edgar Poe, adepte de roman noir, presque gothique, peuplé de spectres, de châteaux hantés, de morts-vivants, de doubles… un univers hautement « fantastique ». Bien sûr ce Hoffmann-là, nous le connaissons bien : c’est celui des « Elixirs du Diable » ainsi que de certains contes où l’horreur se mêle à l’étrange, et instille une sorte d’angoisse existentielle, (assez dans le genre de Poe, effectivement). Mais le plus souvent, Hoffmann, romantique en l’âme, nous livres des histoires de ce que Freud a appelé « une inquiétante étrangeté ». Elle ne vient pas forcément d’éléments surnaturels, ou extérieurs, elle ressort d’une extension du vécu des personnages : en fait, on ne sort pas du réel, on le prolonge dans une autre réalité (on se rappellera l’importance que les auteurs fantastiques romantiques d’Outre-Rhin – Jean-Paul et Hoffmann, particulièrement – ont eu sur les surréalistes français).

Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776 et 1822) était écrivain et… musicien (son troisième prénom vous le faisait pressentir). Son œuvre d’écrivain se résume à une poignée de romans, dont on retiendra « Les Elixirs du Diable » (1816-1817), « Le Chat Murr » (1819-1821) et « Princesse Brambilla » (1820) ; mais surtout d’un nombre impressionnant de contes d’inspiration diverses, répartis en plusieurs recueils dont : « Les Fantaisies à la manière de Callot » (1814-1815), « Les Contes nocturnes » (1816-1817) « Les Contes des Frères Sérapion » (1819-1821), ainsi que « Derniers contes » (posthume, 1825).

« Les Contes nocturnes » sont typiques de cette « inquiétante étrangeté » qu’a soulignée Freud : il s’agit de huit contes : « L’Homme au sable », « Ignaz Denner », « L’Eglise des Jésuites », « Le Sanctus », « La Maison déserte », « Le Majorat », « Le Vœu », « Le Cœur de pierre ». L’adjectif nocturne convient bien à ces histoires inquiétantes où derrière la vie de tous les jours se cache une autre réalité fantastique où l’on ne sait pas à quel moment on a dérapé dans un monde où les bons et les méchants sont mélangés (y compris soi-même) et où l’on peut basculer à tout moment dans l’horreur ou la folie.

« L’Homme au sable » est la plus célèbre de ces histoires, essentiellement par les deux adaptations musicales qui en ont été faites : le ballet « Coppélia » de Léo Delibes (excellent compositeur à qui nous devons aussi « Lakmé »), et le premier acte « Olympia » des « Contes d’Hoffmann » de Jacques Offenbach (que l’on ne présente pas). C’est l’histoire de Nathanael, un jeune homme marqué dans son enfance par un certain Coppélius, qu’il a baptisé « L’Homme au sable ». Devenu adulte, il croit reconnaître celui-ci en la personne de Coppola (rien à voir avec Francis Ford). Il tombe amoureux de sa jolie voisine, Olympia, avant de s’apercevoir que celle-ci n’est qu’un automate (c’est elle « Coppélia ») aux mains de son « père », le sinistre Spalanzani avec la complicité de Coppola, qui n’est autre que l’Homme au sable qui a hanté sa jeunesse. Aidé par son ami Lothar, et sa fiancée Clara, arrivera-t-il à reprendre pied dans la réalité ?

L’auteur des « Contes », est forcément un merveilleux conteur. Pour nous, lecteurs du XXIème, Le style peut paraître un peu désuet, d’autant plus que nous ne sommes pas familiarisés avec la mentalité germanique romantique. Mais c’est une expérience diablement intéressante (le mot « diablement » dans ce contexte, n’est pas tout à fait gratuit) : Il y a un univers « Hoffmann » comme il y a un univers « Mozart » (son idole).

Si l’on veut avoir une idée du romantisme allemand, avec Goethe, Heine et Schiller (et quelques autres), il ne faut pas oublier Hoffmann qui en est une figure majeure.

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Les Elixirs du Diable : Papiers laissés à sa mo..

Sous la forme d'un manuscrit, le lecteur est invité à découvrir le récit de la vie du frère Médard, capucin échappé d'un couvent. Après s'être laissé tenter par d'étranges visiteurs, le jeune moine va absorber "Les élixirs du diable" conservés secrètement comme reliques de Saint-Antoine par les moines Capucins. Tout jeune enfant, Médard reçoit une éducation religieuse dans l'objectif -dans un premier temps implicite- de racheter les péchés de son père en sacrifiant sa vie à l'ordre des Capucins. Mais le jeune moine, vif d'esprit et sans doute peu en adéquation avec une vie de cloître, va se découvrir comme un orateur très doué : son orgueil démesuré va le mener à des sentiments peu amènes comme la jalousie, la concupiscence, la haine. Quittant le monastère, il commence ensuite un périple étrange, semé de tentations, de perversité et de folie, mais aussi d'amour dans une confusion d'humanité et de divinité. Comme dans un roman d'apprentissage, le jeune moine va se confronter à toutes sortes de situations et de personnages. C'est ainsi qu'à travers un constant jeu de miroirs, les aventures des personnages qu'il rencontre deviennent peu à peu le reflet de son propre cheminement spirituel ; le moine, livré au monde, va s'abandonner à tous les excès  et à cet effet, tout ce que l'esprit et l'âme peuvent souffrir de plus abominable se retrouve distillé à travers ce récit, à l'instar d'un philtre maléfique : dédoublement de personnalité, faux souvenirs, rêves, folie, obsession, apparitions, violence et crimes. A ce sujet et dans le cadre de ses études psychanalytiques, Sigmund Freud notera qu'on y retrouve, « dans une sorte de symphonie frénétique, l'ensemble des thèmes chers au grand fantastiqueur, et d'abord celui du « Double » dans toutes ses nuances, tous ses développements ».

D'un point de vue littéraire, Les élixirs du diable est bien un roman fantastique gothique car tous les codes de ce genre sont respectés à la lettre, au fil des pages (moine lubrique ou fou et meurtrier, jeune fille traquée, lieux inquiétants et anciens – châteaux, forêts, gouffres- récit à tiroirs ou enchâssés, malédiction familiale).

Ce roman peut sembler très long par ses nombreuses répétitions, notamment par les récits enchâssés repris parfois par deux personnages relatant de leur point de vue, des événements survenus. Mais aussi, la thématique du double qui est omniprésente dans le roman est aussi protéiforme, à un point que le lecteur risque de se perdre : plusieurs des personnages sont les sosies les uns des autres. Aussi, dans la généalogie du frère Médard, chaque enfant porte le prénom de son père. Mais Hoffmann va plus loin encore car Médard a un frère jumeau (dont il ignore l'existence dans une grande partie du roman). Si leur physique est équivalent, leur âme est également jumelle si bien que ce que conçoit l'un en pensée, l'autre le met en pratique. De plus, de père en fils, chaque personnage répète les mêmes crimes.

On peut supposer que cette complexité soit voulue par Hoffmann. En effet, à l'instar de l'âme de Médard qui se désagrège, le récit prend de multiples détours qui perdent le lecteur en même temps que son personnage qui s'égare sur le chemin de la perdition. Dans ce récit, on peut noter que l'univers du théâtre et notamment de celui de Shakespeare est omniprésent avec par exemple le personnage du fou (Belcampo ou Schönfeld) qui lance des tirades énigmatiques et dignes du roi Lear perdu dans la lande et accompagné de son fidèle Tom. Ces moments théâtraux offrent de la respiration dans ce récit très dense et tendu, permettant un regard distancié sur la création d'Hoffman. Ainsi, c'est aussi le monde du théâtre et de la création littéraire qui est questionné à travers le dédoublement de personnalité propre à l'acteur, qui incarne un rôle, ou celui de l'auteur capable de raconter des histoires qui ne sont pas les siennes. Dans les deux cas, « l'humaine condition » n'est pas reniée, comme c'est le cas chez les chrétiens, puisque les artistes subliment leurs pulsions, leur « ça » (ils les exposent au lieu de les considérer comme le "mal") à des fins de construction et de partage dans un but de catharsis, d'introspection, de questionnement afin de nourrir le cheminement de chacun d'entre nous.
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Casse-Noisette et le Roi des Rats

Quelle superbe couverture!

Je voulais offrir un conte de noël à ma benjamine et à la relecture j'ai été toujours autant émerveillée par l'histoire de la petite Marie et du pays des jouets.

J'aime beaucoup de coté rétro car les jouets n'ont rien à voir avec ceux du XXI siècle: pas de tablette, de jeux vidéo etc.

Et quel bonheur quand j'ai pu voir le ballet russe à l'Amphithéâtre de Lyon en janvier de l'année dernière.

Une pure beauté même.

Un classique qu'il faut lire aux enfants pour les mondes parallèles qui transportent vers un monde magique.
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Maître Puce : Conte en sept aventures survenu..

Publié en 1822, Maître Puce allie à la magie, à la poésie et à l’humour propres aux contes d’Hoffmann des personnages atypiques et plus surréalistes que jamais. Cette étrange histoire en sept chapitres narre les aventures d’un certain Peregrinus Tyss, jeune homme timide craignant les femmes, dont s’entiche une belle inconnue. Récit initiatique, acceptation de la mort, découverte de l’amour et passage à l’âge adulte : tels sont les thèmes variés que dissimule l’apparition du prince des puces, la lentille permettant de lire dans les pensées et l’énigmatique princesse Gamaheh. Réincarnations, mondes mêlés et dupliqués à l’infini, ce récit original et rocambolesque multiplie les rebondissements et les interprétations, pour le plus grand plaisir du lecteur.



Fidèle à son habitude, Hoffmann déploie dans ce conte de nombreux jeux de miroir. Tour à tour confus à la façon de Princesse Brambilla et précis comme Le vase d’or, Maître Puce met en scène des personnages à double voire triple visage. Peregrinus Tyss se voit rapproché de George Pépusch, lui-même incarnation du chardon Zéhérit, figure de l’amant vigoureux. Le personnage de l’amoureux se démultiplie à travers les savants Leuwenhoek et Swammerdam, le génie Thétel, le prince vampire Egel et Maître Puce, qui gravitent autour de la princesse Gamaheh, alias Aline, alias Dortje Elverding. Chaque protagoniste semble être la facette d’un même cristal dont les aspects sont explorés au fil des chapitres.



La morale de Maître Puce partage avec Petit Zacharie surnommé Cinabre son ambiguïté. Toute l’histoire n’est-elle que la fantasmagorie d’un poète ? Seule la lentille magique dévoilant les pensées comporte un soupçon de sérieux, objet révélateur d’une affreuse hypocrisie que Peregrinus a la sagesse de ne pas utiliser sur la femme qu’il aime. La lentille cristallise ce qui pourrait être l’avertissement principal de l’histoire : les apparences sont trompeuses en tout et l’amour est une sorte de miracle aussi aléatoire qu’inexplicable. Le cœur autant que l’esprit est apte à discerner la vérité, semble murmurer maître Puce à notre oreille : sollicitez chacun d’eux pour ne pas vous laisser abuser par des illusions. Surtout, gardez l’œil ouvert, au cas où la magie d’un songe croise votre chemin !



Tour à tour louée et condamnée, l’illusion est peut-être le nœud de ce récit, tromperie dont les microscopistes prétendent triompher, au point de s’aveugler sur les dessins plus grands dont eux-mêmes ne forment qu’une partie. Illusion, magie ou bien poésie seraient-elles les autres noms de la lentille magique ?



Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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Contes nocturnes

Les Contes Nocturnes d'Hoffmann laissent une impression étrange, ou devrais-je dire une impression "d'étrange". On ne les referme pas comme on referme Poe ou Lovecraft en se disant "Quelles merveilles d'imagination ! Quels géniales histoires inventées là !"



Car Hoffmann ne se situe ni dans le fantastique, ni dans l'extraordinaire, mais bien uniquement dans l'ordinaire, ou presque. C'est-à-dire qu'à part dans la première et plus célèbre nouvelle initiale, L'Homme de Sable, il n'y a quasiment aucune trace d'autre chose que le monde dans lequel nous vivons. Toutes ses histoires semblent bien réelles, et même tout à fait réalistes : elles décrivent un monde et des personnages qui "croient en l'imaginaire", et ce faisant elles incitent le lecteur à en faire de même.



Le fantastique est chez Hoffmann une fausse piste. On a l'impression que ces contes auraient pu être des histoires extraordinaires; mais ils ne le sont pas, car notre monde contient déjà assez de recoins et de mystères pour nourrir la plume de l'auteur. Leur lecture et leur chute peuvent laisser une impression de bizarre frustration : on aurait voulu un dénouement incroyable, une cause merveilleuse, et on se retrouve bien souvent avec une explication non seulement naturelle mais très ordinaire voire prosaïque (au contraire par exemple de L'Assassinat de la Rue Morgue, où la résolution de l'énigme n'est certes pas fantastique mais du moins proprement extraordinaire).



Hoffmann m'a rappelé, avec un talent indéniable, le sentiment que j'éprouvais enfant, quand au commencement d'un conte l'imagination se déploie et on se met à voir des choses merveilleuses. Puis la suite de l'histoire vient, et elle n'est jamais à hauteur de nos visions. Il faudrait presque ne lire aux enfants que des débuts de conte et leur laisser imaginer la suite. Quant à ces Contes Nocturnes, ils valent tout de même le coup d'être lus, de bout en bout.
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Le Vase d'or

Déjà en lisant « Casse-noisette », qui est une préfiguration de « Toy story », et qui va bientôt faire l'objet d'un autre film, je me disais qu'une partie de l'imaginaire Disney était très redevable à Hoffmann. Quand il laisse se déployer sans mesure toute son imagination, comme dans ce « Vase d'Or », ce sont des images de dessins-animés qui me reviennent à l'esprit. La description de la sorcière m'a fait réapparaître celle de Blanche-Neige, par exemple. Et surtout, c'est à « Fantasia » que j'ai pensé, dans les moments de délire du personnage principal, l'étudiant Anselme, où toute chose semble s'animer, les oiseaux et les arbres se mettent à parler, etc. Enfin, c'est difficilement explicable, il faut le lire pour sentir ce total délire. Evidemment, les films de Disney s'en tiennent à l'explosion de l'imaginaire et sont purgés du côté inquiétant que peut quelque fois laisser Hoffmann à ses romans.

Au début du roman, Anselme peut passer pour un malade, un vrai psychotique, ou alors une sorte de mystique puisqu'il a une vision mêlée d'éléments chrétiens et païens, le jour de l'Ascension. Mais Hoffmann nous entraîne tout de suite dans son délire et tout devient de la pure imagination, de la magie comme dans Fantasia, avec une sorcière et un nécromancien qui se livrent un combat sans pitié à partir d'un mythe original.

On peut considérer le Vase d'Or comme le pendant positif de L'Homme au Sable. Là aussi le héros se retrouve face à un dilemme amoureux entre une femme idéale et une femme réelle. le Vase d'Or est à la fois mieux construit et encore plus fantaisiste, mais j'aime moins, Hoffmann y montre moins d'ambiguïté et de liberté, moins de tragique aussi, tout fini un peu trop bien, à la manière d'un conte de fée à la Disney. C'est quand même l'une de ses meilleures fictions.
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Le Violon de Crémone - Les Mines de Falun

Dans le violon de Crémone, l'art en l'occurrence ici le chant et la musique apparaît comme une impasse. La plus grande beauté artistique est associée à la mort. Ce conte me semble être largement nourri par des éléments autobiographiques. Hoffmann dont la vie fut écartelée entre la création artistique alimentée par une passion pour la musique et une vie de fonctionnaire, exprime probablement ici ses difficultés à vivre de son art. Le destin d'Antonie fait écho à la mort précoce de sa fille et le personnage de l'excentrique Krespel est probablement inspiré de sa propre expérience. Le conte illustre aussi l'attrait qu'exerçait l'Italie des arts sur Hoffmann.



Le second conte Les mines de Falun met en scène Elis, personnage qui me semble particulièrement représentatif du romantisme allemand : mélancolique et taciturne, accablé par la mort de sa mère, sombrant dans l'attrait des profondeurs et la folie au moment même où il a trouvé l'amour. Outre Elis, le personnage principal de ce conte est la mine de Falun, particulièrement terrifiante sous la plume d'Hoffmann qui pourtant n'y a jamais mis les pieds et la décrit comme un noir chaudron bouillonnant et sulfureux. Cette mine a réellement été exploitée pendant des siècles et elle est même classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2001.
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