Présentation du roman "Aux livres exquis" de Fanny Vandermeersch.
- Je ne vais pas me marier avec Edmond.
- Ah, il répond simplement.
...
- C'est une bonne nouvelle,ça, déclare Thomas. Enfin, pas pour lui, c'est sûr...
Je m'empourpre, encore. J'ai l'impression que, face à lui, je ressemble toujours à une pivoine, et mon cœur à un kangourou.
- Ce n’est pas parce qu’on dit à une personne qu’elle est intelligente qu’elle l’est vraiment. Mais si on le lui répète trop souvent, elle va finir par y croire. Vous comprenez ce que je veux dire ?
- Oui, mais je ne vois pas le rapport avec moi …
- Ça fonctionne aussi dans l’autre sens. Ce n’est pas parce qu’on vous qualifie de demeuré que vous l’êtes.
Mais, à force de l’entendre, vous avez fini par y croire …
Parfois, je pense que je ne suis qu'un bon à rien, un idiot, une erreur. Il suffit de regarder certaines personnes dans les yeux pour voir que je ne me trompe pas.
« Phobie scolaire » se traduit en anglais par 'school refusal' - le terme 'refusal' étant habituellement utilisé dans le langage hippique pour évoquer un cheval qui se cabre et ne peut franchir un obstacle. Cette image illustre parfaitement la peur incontrôlable à laquelle les enfants souffrant de cette phobie sont confrontés. Ce n'est pas qu'ils ne VEULENT pas, c'est qu'ils ne PEUVENT pas.
La phobie scolaire se traduit par une peur de l'établissement scolaire en tant que LIEU - la peur de ce qui pourrait s'y passer. C'est un trouble multifactoriel qui résulte d'un enchevêtrement de causes complexe. A la faveur d'un événement déclencheur - harcèlement, séparation forcée (divorce, déménagement, décès), etc. - des difficultés non décelées vont se faire jour, et fragiliser l'équilibre dans le quel évoluait l'enfant jusqu'alors.
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Attention : la phobie scolaire n'est en aucun cas liée à un quelconque désintérêt de l'enfant pour l'apprentissage ou à de la fainéantise. Au contraire, la plupart des enfants qui en souffrent sont désireux de se nourrir intellectuellement. Ils se retrouvent alors confrontés à un cruel paradoxe : le désir d'aller à l'école et l'envie d'apprendre, d'un côté, et le fait d'être submergés par l'angoisse et paralysés par la peur, de l'autre.
Le rôle des parents dans la prise en charge de la phobie scolaire va s'avérer crucial. Ils doivent s'engager dans un dialogue d'ouverture avec leur enfant, en évitant avant tout l'erreur d'assimiler cette incapacité à aller à l'école à un caprice. Puis, il leur faudra mettre en place un suivi thérapeutique adapté - afin de tenter de déterminer les causes du trouble survenu - et se rapprocher de l'équipe enseignante afin de trouver une solution appropriée.
[...]
Chaque enfant s'accomplit à un rythme qui lui est propre. Peu importe le temps que cela prendra. Peu importe où se situera l'arrivée. Peu importe le nombre d'obstacles qui se dresseront sur sa route : chaque obstacle franchi, même avec difficulté, le rapproche de son but. Ce qui compte avant tout, c'est qu'il soit accompagné de la manière la plus harmonieuse possible sur le chemin de l'adulte qu'il va devenir.
(postface de Eudoxie larose-Devarenne, Vice-présidente de l'association 'Phobie scolaire' - p. 85-88)
Les épreuves sont là pour nous faire avancer, parfois pour nous guider. C'est souvent dur, très dur, on a l'impression qu'on ne pourra jamais s'en sortir, ne jamais oublier, mais pourtant, un beau matin, tout est plus clair, et on en ressort plus fort.
Tu trouveras toujours des "si" qui t'empêcheront d'avancer.
Que me veut-elle ? Me passer un savon ? Me mettre un zéro ?Une retenue ? Tout ça, c'est déjà fait. Et ça n'a jamais rien changé à mes notes. Au contraire, le peu de motivation qui me restait s'est envolé.
Faire sortir bébé sans abîmer maman? Lucy ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Elle avait l’impression que la sage-femme prenait les femmes enceintes pour des enfants.
Les lettres tourbillonnent, changent de place - elles jouent entre elles. J'ouvre la bouche, tente de prononcer les sons qui correspondent. Rien ne vient. Pourtant je les ai déjà vus, ces mots. Le professeur me fixe en soupirant. Il est drôle avec sa cravate de travers. Cette fois-ci, pas de motifs dessus. Uniquement des lettres, encore des lettres, toujours des lettres. Elles aussi, elles dansent. Des mots pour des maux.
J'ai tout tenté : les caprices, la crise de nerfs, la culpabilité - "Tu vas ruiner ma vie, maman, tu ne penses qu'à toi, tu ne m'aimes plus, je ne travaillerai plus, je ne mangerai plus, je ne dormirai plus, je vais demander à la mère d'Inès de m'adopter'' - et même la gentillesse, voyant que rien ne fonctionnait. En vain. Avec Inès, on a beaucoup pleuré. C'est comme si on m'arrachait un bout de moi-même.