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Citations de Fernand Braudel (125)


Le temps – les trente ou quarante années que nous venons de vivre – ont bouleversé d’une seule poussée, mais colossale, (…) cet héritage d’habitudes et de sagesse venu du fond des âges. (…) Tout a donc été bouleversé récemment, en un temps relativement bref et rendu souvent méconnaissable à nos yeux. Le temps présent ne peut pas apparaître comme l’aboutissement normal d’une évolution qu’ainsi il expliquerait. Il y a eu rupture et c’est l’obstacle dont nous devons prendre conscience.
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Il faudra l’établissement des voies ferrées pour conjurer l’impuissance de la France paysanne à s’assurer le pain de chaque jour, pour effacer enfin le spectre de la disette dans un pays en apparence riche, en tout cas mieux doté que beaucoup d’autres, mais non pas comblé
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Si le blé est la prose de notre long passé, plus récente, la vigne en est la poésie : elle éclaire, ennoblit nos paysages
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Il nous semble que le processus capitaliste, considéré dans son ensemble, n'a pu se développer qu'à partir de certaines réalités économiques et sociales qui lui ont ouvert ou, pour le moins, facilité la route :
1) Première condition évidente : une économie de marché vigoureuse et en voie de progrès. À quoi concourent une série de facteurs, géographiques, démographiques, agricoles, industriels, marchands. [...]
2) Il faut encore, en effet, que la société soit complice, qu'elle donne le feu vert et longtemps à l'avance, d'ailleurs sans savoir un seul instant dans quel processus elle s'engage, ou pour quels processus elle laisse ainsi la voie libre, à des siècles de distance. [...]
3) Mais rien ne serait possible, en dernière instance, sans l'action particulière et comme libératoire du marché mondial. Le commerce au loin n'est pas tout, mais il est le passage obligatoire à un plan supérieur de profit.
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La vie matérielle, ce sont des hommes et des choses, des choses et des hommes. Étudier les choses — les nourritures, les logements, les vêtements, le luxe, les outils, les instruments monétaires, les cadres du village ou de la ville —, en somme tout ce dont l'homme se sert, n'est pas la seule façon de prendre la mesure de son existence quotidienne. Le nombre de ceux qui se partagent les richesses de la terre a lui aussi son sens. Et le signe extérieur qui différencie au premier coup d'œil l'univers d'aujourd'hui des humanités d'avant 1800, c'est bien la récente et extraordinaire montée des hommes : ils pullulent.
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La civilisation de la Renaissance ne pouvait que s'ancrer dans l'apparat des cours princières, poussées un peu partout au XVI°siècle, car elle est elle-même une civilisation de l'orgueil. Giovanni Rucellai écrivait déjà dans son journal, en 1457 : "On pense que notre temps, depuis 1400, a plus raisons de contentement qu'aucun autre depuis que Florence été fondée...[Aujourd'hui], Giotto et Cimabue ne seraient même plus bons comme apprentis." Rabelais dira :"je voy les brigans, les bourreaulx, les avanturiers, les palefreniers de maintenant plus doctes que les docteurs et prescheurs de mon temps". Pour Êrasme et Ulrich de Hütten, l'époque où ils vivent, c'est l'âge d'or. L'homme, créature de dieu, arrive au sommet de sa dignité, dépasse sa condition humaine. Léonard de Vinci, dans son autoportrait, se représente sous les traits de Dieu le Père ; Albert Dürer sous l'aspect juvénile du Christ.
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Le tournant du XVI° au XVII° siècle a représenté, à travers l'Europe un moment décisif, la "naissance de la science moderne" disent les uns, ou, ce qui revient au même, la "renaissance scientifique", disent les autres. Expression discutable et qui prête à confusion, mais "Renaissance" il y a eu, puisque l'imprimerie a diffusé tardivement, de façon efficace, les pensées novatrices d'Archimède et d'Appolonios de Rhodes (sur les coniques) et que cet apport a été décisif. Que de fois, songeons-y, Léonard de Vinci n'avait-il pas cherché en vain, tel ou tel manuscrit d`Archimède !
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Nous ne sommes pas seulement d'une province, mais d'une région. Elle est une part de notre identité.
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Le désir de s'affirmer contre les autres est forcément à l'origine de curiosités nouvelles : nier autrui, c'est déjà le connaître.
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.. Benedetto Croce a soutenu, non sans raison, que dans tout événement - disons l'assassinat de Henri IV en 1610, ou, pour sortir franchement de notre période, l'avènement du ministre Jules Ferry en 1883 - se peut saisir l'ensemble de l'histoire des hommes. Celle-ci est la portée de musique sur quoi éclatent ces notes singulières.

744 - [Le Livre de Poche - réferences n° 0402, p. 428]
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« Au singulier, civilisation ne serait-ce pas aujourd’hui, avant tout, le bien commun que se partagent, inégalement d’ailleurs, toutes les civilisations, « ce que l’homme n’oublie plus » ? Le feu, l’écriture, le calcul, la domestication des plantes et des animaux ne se rattachent plus à aucune origine particulière ; ils sont devenus les biens collectifs de la civilisation. Or ce phénomène de diffusion de biens culturels communs à l’humanité entière prend dans le monde actuel une ampleur singulière. Une technique industrielle que l’Occident a créée s’exporte à travers le monde entier qui l’accueille avec frénésie. Va-t-elle, en imposant partout un même visage : buildings de béton, de verre et d’acier, aérodromes, voies ferrées avec leurs gares et leurs haut-parleurs, villes énormes qui, peu à peu, s’emparent de la majeure partie des hommes, va-t-elle unifier le monde ? […] Cependant la « civilisation industrielle » exportée par l’Occident n’est qu’un des traits de la civilisation occidentale. En l’accueillant, le monde n’accepte pas, du même coup, l’ensemble de cette civilisation, au contraire. […] en supposant que toutes les civilisations du monde parviennent, dans un délai plus ou moins court, à uniformiser leurs techniques usuelles et, par ces techniques, certaines de leurs façons de vivre, il n’en reste pas moins que pour longtemps encore, nous nous retrouverons, en fin de compte, devant des civilisations très différenciées. Pour longtemps encore, le mot de civilisation gardera un singulier et un pluriel. Sur ce point, l’historien n’hésitera pas à être catégorique. »
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« Nous avons commencé notre étude par les civilisations non européennes : Islam, Afrique Noire, Chine, Inde, Japon, Corée, Indochine et Indonésie. Il y avait avantage à prendre une certaine distance vis-à-vis de l’Europe, à nous dépayser pour mieux nous persuader que l’Europe n’est pas, n’es plus au centre de l’univers. Europe et non-Europe : là se situe encore, cependant, la très grande opposition de toute explication sérieuse du monde. Nous reviendrons maintenant à nous-mêmes, à l’Europe, à ses civilisations fines, brillantes, que nous considérerons avec plus de sérénité, ayant étudié les autres. »
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« On n’atteint donc une civilisation que dans le temps long. […] cette histoire au long souffle, […] a ses avantages et ses inconvénients. Ses avantages : elle oblige à penser, à expliquer en termes inhabituels et à se servir de l’explication historique pour comprendre son propre temps. Ses inconvénients, voire ses dangers : elle peut tomber dans les généralisations faciles d’une philosophie de l’histoire, en somme d’une histoire plus imaginée que reconnue ou prouvée. […] Toute histoire poussée jusqu’à l’explication générale exige des retours constants à la réalité concrète, aux chiffres, aux cartes, aux chronologies précises, bref aux vérifications. Plus qu’à la grammaire des civilisations, par suite, c’est à l’étude de cas concrets qu’il convient de s’attacher pour comprendre ce qu’est une civilisation. Toutes les règles d’accord et de désaccord que nous avons définies se trouveront éclairées, simplifiées, par les exemples qui vont suivre. »
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pp 69-70 :
Pour Max Weber, le capitalisme, au sens moderne du mot, aurait été ni plus ni moins une création du protestantisme ou, mieux, du puritanisme.
Tous les historiens sont opposés à cette thèse subtile, bien qu'ils n'arrivent pas à s'en débarrasser une fois pour toutes; elle ne cesse de ressurgir devant eux. Et pourtant elle est manifestement fausse. Les pays du Nord n'ont fait que prendre la place occupée longtemps et brillamment avant eux par les vieux centres capitalistes de la Méditerranée. Ils n'ont rien inventé, ni dans la technique, ni dans le maniement des affaires. Amsterdam copie Venise, comme Londres copiera Amsterdam, comme New York copiera Londres. Ce qui est en jeu, chaque fois, c'est le déplacement du centre de gravité de l'économie mondiale, pour des raisons économiques, et qui ne touchent pas à la nature propre ou secrète du capitalisme. Ce glissement définitif, à l'extrême fin du XVIè siècle, de la Méditerranée aux mers du Nord, est le triomphe d'un pays neuf sur un vieux pays. Et c'est aussi un vaste changement d'échelle. A la faveur de la montée nouvelle de l'Atlantique, il y a élargissement des l'économie en général, des échanges, du stock monétaire, et, là encore, c'est le progrès vif de l'économie de marché qui, fidèle au rendez-vous d'Amsterdam, portera sur son dos les constructions amplifiées du capitalisme. Finalement, l'erreur de Max Weber me paraît dériver essentiellement, au départ, d'une exagération du rôle du capitalisme comme promoteur du monde moderne.
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L'hiver commence tôt, finit tard ; on l'appréhende et l'on ne croit jamais qu'il ait pris fin. On l'attend avant l'heure du calendrier, comme le conseille la sagesse. 9 septembre : essendo hormai il fine dell'estate, dit un document du Sénat vénitien ; puis, 20 septembre : venendo hora il tempo del inverno ; 23 septembre : approximandose el tempo del inverno…
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"Les maîtres viennent et disparaissent, dit Walter Bauer parlant de la Sicile ; les autres restent, et c'est une romance sans paroles", toujours la même.
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Qui, plus que le poète d'Islam aura chanté le vin ?
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Pour Michelet, le Languedoc intérieur et "pierreux" évoque la Palestine. Pour des centaines d'écrivains, la Provence est plus grecque que la Grèce, à moins que la Grèce par excellence ne soit à retrouver sur telle ou telle côte de Sicile. Les îles d'Hyères ne seraient pas déplacées au milieu des Cyclades, sauf qu'elles sont plus verdoyantes. De même, le lac de Tunis évoque la lagune de Chioggia. Le Maroc est une Italie plus brûlée.
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Au-dessus de Tolède, l'humidité atlantique aidant, l'hiver est responsable de ces cieux brouillés, pathétiques, tempête et lumière, qu'a peints le Greco...


L'anti-désert, ce n'est pas la Méditerranée, comme l'aura écrit Paul Morand, mais bien l'océan Atlantique.
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En octobre 1869, Fromentin, s'éloignant en bateau de Messine, note justement : "ciel couvert, vent froid, un grain, quelques gouttes de pluie sur la tente. C'est triste, on dirait la Baltique." En février 1848, déjà, il avait fui vers le Sahara devant la grisaille obsédante de l'hiver méditerranéen : "il n'y avait pas eu d'intervalle, cette année, entre les pluies de novembre et les grandes pluies d'hiver, lesquelles duraient depuis trois mois et demi presque sans un jour de repos.
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