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Critiques de Flannery O`Connor (62)
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Les braves Gens ne courent pas les rues



A good man is hard to find

Traduction : Henri Morisset



Un recueil de dix nouvelles qui démarre très, très fort avec celle qui donne son titre à l'ouvrage. Tout commence pourtant en douceur, avec une paisible famille de fermiers qui a pour projet un petit voyage en Floride. La grand-mère, femme rigolote et avisée, y est seule hostile : elle en tient pour le Tennessee qu'elle n'a pas vu depuis des années. Elle fait donc des pieds et des mains pour que son fils, Bailey, de guerre lasse, se résolve à suivre son avis. Et c'est bien ce qui arrive. Mais la fin de l'histoire prouve en effet que "les braves gens ne courent pas les rues", encore moins les routes du Sud et que, sur celles-ci, on peut croiser de bien méchants loups ...



Bien entendu, après un texte de cette puissance qui a, de surcroît, l'avantage d'un style tranquille et matois, écrasant de naturel, le lecteur se dit qu'il ne pourra obtenir mieux des nouvelles suivantes. Mais Flannery O'Connor poursuit allègrement la peinture d'un univers fait de petites gens souvent très simples et qui, à des problèmes simples, trouvent des solutions tout aussi simples mais aussi bien cruelles.



Dans "Le Fleuve", Bevel, un jeune garçon impressionné par l'un de ces baptêmes en plein air qu'affectionnent certains prédicateurs, va droit à la noyade sans même en avoir conscience.



"C'est peut-être votre vie que vous sauvez" raconte les tribulations opportunistes de Mr Shiftlet, mi-ouvrier agricole, mi-vagabond, qui accepte d'épouser la fille attardée d'une vieille fermière avant d'abandonner la malheureuse à l'une des étapes de leur voyage de noces.



"Un heureux événement" décrit de façon très noire les angoisses d'une femme enceinte. "Les Temples du Saint-Esprit" revient à ce mélange de spectacle de foire et de religiosité quasi hystérique que sont les prêches américains.



"Le Nègre factice" - la plus attendrissante de ces nouvelles sans doute - s'attache au périlleux voyage de deux ruraux, le grand-père et son petit-fils, perdus dans les méandres de la Ville. "Un Cercle de Feu" voit de petits voyous tenter de mettre le feu à une ferme sudiste. Quant à "Tardive rencontre avec l'ennemi", drôle et ironique, elle nous fait assister aux derniers instants d'un centenaire qui a connu l'armée confédérée et a même fait de la figuration sur le plateau de tournage d'"Autant en emporte le vent."



Mention spéciale à "Braves gens de la campagne", où un curieux VRP tente de séduire une jeune femme amputée d'une jambe et s'enfuit avec sa prothèse, et aussi à "La Personne Déplacée", variation habile sur le thème du racisme et de la différence qui fait peur.



La subtilité de Flannery O'Connor, sa roublardise suis-je tentée d'écrire, le ton narquois que l'on perçoit à l'arrière-plan de chacun de ces textes ne laissent certainement pas indifférent. Pourtant, lors d'une première lecture, certains passeront peut-être à côté de tout cela.



En effet, les personnages qu'elle nous dépeint sont rarement sympathiques même si elle ne porte pas de jugement de valeur sur eux. Tous ont quelque chose qui cloche : une idée fixe, un défaut d'empathie, un égoïsme forcené, le désir de profiter de tout sans rien donner, voire une perversion réelle quand la peur de perdre leur situation ne les pousse pas finalement au crime.



Bref, ce ne sont pas des héros. Ils sont terriblement humains certes mais le moins que l'on puisse dire, c'est qu'aucun d'eux ne représente précisément ce qu'il y a de meilleur en nous. En outre, la simplicité tranquille de leurs raisonnements est souvent déconcertante.



Une relecture s'imposera donc. ;o)
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Les braves gens ne courent effectivement pas les rues ! En dix nouvelles d'une précision ciselée, Flannery O'Connor en fait la démonstration.



Mais loin de se poser en juge des gens qu'elle décrit, elle y met une grande humanité, et l'on se sent une certaine fraternité avec leurs travers, leurs attitudes, leurs maladresses. On s'empêche également de les juger trop vite à l'aune de notre minuscule expérience. Il y a toujours quelque chose en eux qui trouble, qui émeut, ou qui étonne trop pour cela.

On est cueilli par la cruauté de certaines situations. On se surprend à rire d'un jugement à l'emporte-pièce, d'une décision absurde, d'un évènement incongru. On est touché par la sincérité, la vérité absolue de tous ces personnages.



Beaucoup se sont demandés comment Flannery O'Connor avait pu avoir une telle expérience de l'humanité, du fond de la ferme de Georgie où elle avait grandi et où elle était retournée à vingt-cinq ans, après le diagnostic du lupus érythémateux disséminé qui allait l'emporter quatorze ans plus tard.

Peut-être avaient-ils une conception trop étriquée de ce que pouvait voir, comprendre et écrire une femme issue de la "Bible Belt" du sud des Etats Unis dans les années 50...



Il y a une vraie tradition de la nouvelle au Etats Unis, et il y a une littérature particulière au sud. Flannery O'Connor y trouve toute sa place, c'est un plaisir absolu de savourer chacune de ses nouvelles.
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Recueil magnifique! Malgré l'ambiance plutôt glauque de ces portraits d'une société rurale inculte et égoïste du Sud des Etats-Unis, à la manière des récits de Faulkner, la tonalité très ironique des récits de Flannery O'Connor les rend particulièrement enthousiasmants. Elle est un peintre remarquable de la bêtise humaine.

Et l'élection de Donald Trump me fait dire que les personnages d'O'Connor n'ont pas fini de courir les rues.
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Un heureux évènement suivi de La Personne Déplacée

C'est avec deux nouvelles que j'ai découvert le style de Flannery O'Connor.

La première, "Un heureux événement" est une micro-nouvelle centrée sur le personnage de Ruby, une femme à qui il a été prédit que toute cette période se finirait par un heureux événement.

Le lecteur se doute bien de quel événement il est question, sauf que pour Ruby, il ne peut s'agir que d'un déménagement, et c'est à ses dépens qu'elle va apprendre la nouvelle et que cette perspective va devoir faire son chemin.

Ruby est malmenée tout au long de la nouvelle, tout d'abord par son corps qui la trahit en lui faisant défaut pour une simple montée d'escalier, par un voisin qui la retient en lui posant d'étranges questions, et par une voisine qui finira par lui faire admettre la réalité tout en se moquant de son physique "gonflé".

Mais au-delà de tout cela, Ruby est une femme qui a peur et qui a comme réflexe pour se préserver de se voiler la vérité, tout en devenant méchante avec les personnes qui cherchent en un sens à l'aider : "Si j'étais aussi célibataire que toi, j'irais pas me mêler de dire aux gens mariés ce qu'ils ont à faire."

La deuxième nouvelle s'intéresse à Mrs Mc Intyre qui vient d'embaucher pour l'aider dans sa ferme un polonais avec sa femme et ses enfants.

Désigné par le terme de "Personne Déplacée" parce qu'il a fui avec sa famille les persécutions nazies, ce discret petit homme ne parlant pas un mot d'anglais va vite s'attirer la haine des autres personnes présentes dans la ferme.

Car contrairement aux autres, il travaille dur, il se donne du mal, et il réussit, très vite il attise l'envie des Shortley et des Noirs présents à la ferme, alors qu'il apparaît aux yeux de Mrs Mc Intyre comme un sauveur : "Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Cet homme là-bas, et du doigt, elle désigna le point lointain où avait disparu la Personne Déplacée, il faut qu'il travaille ! Il a besoin de travailler ! [...] Cet homme est mon salut.".

Mais Mrs Mc Intyre est une femme qui se laisse influencer, et celui qu'elle voyait comme un sauveur va finir par devenir encombrant.

Elle est aussi rongée par la peur de ne pas avoir assez d'argent pour payer les personnes qui travaillent pour elle et surtout pour avoir de quoi vivre, elle est de toute façon pauvre mais comme elle a tendance à jouer sur la corde sensible il est difficile de percevoir jusqu'à quel point elle l'est.

Au-delà de l'envie, tout comme Mrs Mc Intyre, Mrs Shortley est elle aussi rongée par la peur, mais une peur universelle, celle de l'autre.

Et tout comme dans la première nouvelle, la peur engendre ici aussi la méchanceté, à commencer par celle de Mrs Shortley qui n'hésite d'ailleurs pas à penser que les Européens sont attardés par rapport aux Américains : "C'était le genre de choses qui arrivaient tous les jours en Europe, où les gens n'étaient pas aussi avancés qu'ici.".

Ce n'est pas du racisme, mais bien la peur de l'autre, de ce qu'il représente et du danger qu'il pourrait avoir sur soi-même.

Ces deux nouvelles permettent assez bien de cerner le style de Flannery O'Connor, très ancré dans le sud des Etats-Unis, avec une présence de la religion catholique et des questions morales qu'elle soulève, ceci se ressentant particulièrement dans la nouvelle "La personne déplacée".

J'ai beaucoup aimé sa plume et l'analyse qu'elle fait de la nature humaine dans les interactions entre les différents personnages, mais ces deux nouvelles sont malheureusement trop courtes pour permettre de bien cerner et apprécier son style, elles laissent un goût de trop peu que je manquerais pas de combler en lisant soit l'un des deux romans écrits par Flannery O'Connor soit un recueil complet de nouvelles, voire même les deux.



"Une heureux événement" et "La personne déplacée" sont deux courtes nouvelles donnant un assez bon aperçu du style littéraire de Flannery O'Connor sans toutefois le dévoiler complètement.

Une bonne entrée en matière que je souhaite désormais combler car ce que j'ai pu lire jusqu'à présent m'a donné envie de continuer à découvrir cette auteur et son style qualifié de "Southern Gothic".
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Les braves Gens ne courent pas les rues

10 nouvelles, ayant pour cadre la Géorgie autour des années 1950. Flannery O'Connor restitue une atmosphère qu'on a du mal à imaginer désormais, celle du sud rural américain, délaissée par les écrivains qui après guerre, lui ont souvent préféré la ville. C'est noir, cynique, drôle parfois, mais jamais léger.

Un peu déçu, cependant, car j'avais entendu beaucoup de bien au sujet de Flannery O'Connor, et j'ai trouvé la lecture un peu lente, peu fluide. Cause originelle, traduction laborieuse ou peut-être plus simplement un lecteur (moi) dans un mauvais jour.
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Bien entendu, ce qui frappe à la lecture de ces dix nouvelles de Flannery O'Connor, c'est leur réalisme. Mais il faut voir de quel réalisme on parle : O'Connor insinue le trouble dans ses récits aussi bien que dans l'esprit du lecteur avec une redoutable efficacité. L'amusement fait place à l'inquiétude tandis que les certitudes et mieux encore le dogmatisme se défragmentent comme la structure du Titanic. Les nouvelles frappent de manière frontale, il y a une oralité latente qui fait corps avec le texte, O'Connor laisse la parole à ces personnages qui ne comprennent et ne maîtrisent rien.

C'est stupéfiant.
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La sagesse dans le sang

La Sagesse dans le sang, publié en 1952, est l’un des deux romans écrits par l’Américaine Flannery O’Connor (morte à 39 ans en 1964 d’une forme de lupus) aussi connue pour ses nouvelles et notamment Les Braves gens ne courent pas les rues.

Hazel Motes, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, revient du front hanté et perturbé. Il affirme à tous ceux qu’il rencontre que Jésus n’est pas Leur Sauveur, qu’il ne rachètera pas leurs pêchés. Dans la rue, il prêche un nouveau ministère : l’Eglise sans Christ. Il croise des gens aussi fêlés que lui : un gamin de 18 ans qui lui collera aux basques, un évangéliste faussement aveugle et sa fille nymphomane, une logeuse qui prendra soin de lui de sa lente agonie (il se brûlera les yeux à la chaux, s’entourera le torse de fils barbelés et marchera avec des cailloux dans les chaussures) jusqu’à sa mort.

Un roman fiévreux, angoissé et angoissant. Un classique de la littérature américaine.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Les braves gens ne courent pas les rues est un recueil classique de dix nouvelles. En quelques mots, Flannery O'Connor plonge le lecteur sous le soleil brûlant de la Géorgie des années 50, dans laquelle hommes blancs et noirs cohabitent sans jamais se rencontrer.



Les héros sont des paysans haineux et xénophobes, un assassin en cavale, une sourde muette, une intellectuelle unijambiste, un général centenaire ou encore une bande d'adolescents effrontés. Les chutes de ces récits sont surprenantes pour les lecteurs et bien souvent cruelles et tragiques pour les personnages.



La plume de Flannery O'Connor est grinçante d'ironie, se moquant de la bêtise humaine et livrant une vision pessimiste de la vie. Le lecteur a alors l'impression d'entendre le ricanement de l'auteur. Il ne peut s'empêcher de sourire mais il lui reste toutefois un certain goût amer en achevant chaque nouvelle.
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Les braves Gens ne courent pas les rues

On trouve chez Flannery O'Connor un art du récit et un don d'un implacable humour. Un même thème se dégage de ces dix nouvelles. Qu'il s'agisse de jeunes pensionnaires, d'un très vieux général, du Polonais, de "La Personne Déplacée", nous retrouvons chaque fois un monde grouillant de passions sans grandeur, mais qui n'en sont pas moins cruelles. De la vanité mesquine à la froide méchanceté, de l'amour sordide et laid à la haine qui tue, c'est, mise en scène, une humanité bête, sournoise ou violente. Vision d'un monde qui n'est point beau, mais qui témoigne d'une observation rigoureuse et originale. Sans recherche, quelques images, quelques traits suffisent à l'auteur pour rendre sensible le pittoresque des milieux et des situations et créer des personnages étrangement vivants et divers.
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Âpre, concis, incisif. Une écriture efficace qui plonge sans détour dans l’Amérique profonde et rurale des années 50
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La sagesse dans le sang

La sagesse dans le sang, premier roman de Flannery O'Connor est une œuvre fascinante par la laideur extrême de ses personnages, des êtres humains désespérés et jamais aimables.

Wise Blood est une histoire de foi - la lutte avec la foi, la foi en colère et égarée qui a très peu à voir avec les éléments fondamentaux de la théologie chrétienne et plus à voir avec les faux prophètes affamés.



La sagesse dans le sang est l'histoire de Hazel Motes. À seulement 22 ans, Hazel rejette la foi de sa famille et quitte la maison pour fonder une nouvelle église - l'Église sans Christ. Les efforts de Haze dans la petite ville de Taulkinham le relient à des gens qui sont plus déconnectés que lui.

Un prédicateur de rue "aveugle" et sa fille dégénérée, ainsi qu'un étrange jeune homme, Enoch Emery, influencent les expériences de Hazel de manière inattendue.



Autant les habitants de cette ville arriérée sont perdus, d'une manière presque comique, autant ils ne comprennent pas les affirmations d'Hazel d'une église sans Christ. Elle devient rapidement l'église du Christ sans Christ, à l'opposé de ce qu'elle entendait.



L'écriture d'O'Connor est souvent féroce, animale, tranchante, terrifiante, énergique et obsédante.

Je voudrais ajouter captivante.

Le personnage principal est un type horrible, un rustre sans aucune qualité rédemptrices mais on ne peut pas lutter contre le désir de le suivre jusqu'au bout. Réussira-t-il à chasser Dieu de sa vie ?



O'Connor déterre le désespoir et les désirs sordides des petites villes d'Amérique.



Seulement deux romans, 31 nouvelles et quelques essais,

en 39 ans de vie …

Flannery O'Connor a laissé une trace essentielle.



La connait-on assez en France?
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Les braves Gens ne courent pas les rues

C’est le dernier livre que j’ai lu en 2021. Un roman bilingue américain de Flannery O’Connor. J’ai été agréablement surprise de découvrir un auteur féminin qui écrit presque comme un homme avec une acuité et une finesse toute féminine. Dans cet ouvrage, quatre nouvelles. La première donne le titre au recueil. Ensuite, succède « Un cercle dans le feu », « Tardive rencontre avec l’ennemi » et « Braves gens de la campagne ». J’ai aimé les quatre avec une préférence pour la seconde.

Flannery O’Connor a eu une courte vie. Elle est décédée avant ses quarante ans. Elle a écrit sur les habitants du sud des Etats-Unis. On y retrouve la forte fois catholique de cette population ségrégationniste.

Dans « Les braves gens ne courent pas les rues », nous faisons la connaissance de la famille Wesley. La grand-mère maternelle, les parents, les deux jeunes enfants et le bébé. Toute la petite famille quitte Atlanta dans une voiture direction la Floride. John et June Star sont deux garnements insupportables ; la grand-mère n’est pas en reste. Elle est bien mise mais en contrepartie, c’est un véritable poison, caustique. Leur route rencontre celle de deux évadés de prison.

« Dans un cercle de feu », nous rencontrons Mrs Cope et sa fille et Mrs Pritchard. Mrs Cope qui est veuve et très dévote, adore jardiner. Mrs Pritchard travaille avec son mari dans la ferme de Mrs Cope. Leurs existences autosuffisantes sont bientôt envahies et bousculées par trois jeunes adolescents, diaboliques et rusés.

Dans « Tardive rencontre avec l’ennemi », Flannery O’Connor nous livre la vision réduite du monde du général Sash – qui n’est pas plus général que moi et sa petite-fille chez laquelle il vit. Une promiscuité qui n’offre rien de réjouissant au vieil homme qui perd un peu la boule. A cent quatre ans, la verdeur s’est peu à peu amoindrie. Sa petite-fille qui n’est plus très jeune non plus doit recevoir son diplôme de fin d’études. Le récit invite à un irrésistible fou-rire.

Puis, dans « «Braves gens de la campagne », un démarcheur de Bible fait irruption dans la vie d’une vieille fille unijambiste.

Ces quatre nouvelles confrontent les protagonistes à l’irrémédiable cruauté des relations humaines où l’amour n’existe plus. Ont-ils su ce que vivre ensemble voulait dire ? Les relations intergénérationnelles sont biaisées par la violence. Et la religion est dressée comme un rempart contre les autres. L’auteure a un talent d’écriture qui transmet aux lecteurs un aspect visuel et sonore. On y entend une voix précieuse, profonde.

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Un heureux évènement suivi de La Personne Déplacée

Un écrivain du sud des Etats-Unis peu connue, contrairement à son homologue masculin Faulkner, peut-être à cause de sa vision très religieuse dont elle fait état dans ses autres récits. Pourtant son écriture et le monde qu'elle décrit est très proche de ceux de Faulkner.



La 1ère nouvelle était bien, sans plus. En revanche la 2ème (La Personne Déplacée) est vraiment très bien, d'une cruauté et d'une vérité incroyables. Un récit très poignant à découvrir.
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Il me semble avoir noté ces nouvelles après avoir écouté un extrait ou même une nouvelle entière de Flannery O'Connor à la radio, et cela m'avait donné envie de pousser plus loin. La première nouvelle, qui donne son titre à l'ensemble, met en scène une famille lors d'une excursion où un enchaînement de circonstances va faire tourner la journée au drame. Dans la seconde, le fleuve, quelques lignes suffisent encore à l'auteur pour camper les personnages et la situation. Et tout aussi remarquables sont Un cercle dans le feu, le nègre factice, Braves gens de la campagne ou La personne déplacée : il faudrait les citer toutes ! Ce qui est remarquable chez Flannery O'Connor, c'est cette économie de mots, ce dépouillement au service d'un mélange de drame et de comédie dont les personnages ne peuvent pas réchapper sans dommage. Ce sont des petits blancs pauvres et incultes pour la plupart, pour qui la religion revêt une grande importance, des gens à l'esprit étroit qui fonctionne par raccourcis, et qui mettent toute leur mauvaise foi dans les approximations qu'ils profèrent. L'auteure n'ayant aucune complaisance pour eux, leur sort qu'elle leur réserve n'est pas des plus tendres.

Dans ces dix textes, les enfants ont souvent le jugement plus acéré et redoutable que celui des adultes, qu'ils observent, comme Flannery elle-même, sans indulgence aucune.

Ce sont là des nouvelles qui pourraient et devraient servir de modèles à tous les aspirants écrivains, des exemples parfaits du genre. Les paysages du sud, dépeints en quelques mots, prennent vie comme par magie sous les yeux du lecteur. Et que dire des personnages, croqués en trois traits cinglants [...]
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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La sagesse dans le sang

Hazel Motes est un jeune vétéran de la Seconde Guerre mondiale de retour dans son Tennessee natal. Démuni et désabusé, il s'improvise prédicateur ambulant, à l'instar de son défunt grand-père. Debout sur le capot d'une vieille voiture, il harangue les passants à la sortie des cinémas en faisant la promotion de son « Église sans Christ », une Église sans fard qui ne permet aucun espoir de rédemption. Ma foi, les adeptes ne se bousculent pas au portillon. Hazel amorce ainsi sa descente aux enfers.



Si vous cherchez des personnages attachants, oubliez ça. Ici, le protagoniste et presque tous ceux qu'il croise sur son chemin sont affreux, sales et méchants. O'Connor nous offre une fable lugubre jusqu'à l'absurde, d'autant plus fascinante quand on sait que l'autrice était une fervente catholique qui a vécu la majeure partie de sa (courte) vie adulte entourée de paons, retirée du monde.
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L'Habitude d'être

A lire absolument pour comprendre le processus de création de Flannery O'Connor.
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Dix nouvelles dont j'attendais plus à vrai dire. Force est de reconnaitre la qualité des textes réunis ici mais je n'ai pas été particulièrement sensible au style de Flannery O'Connor. Rien à dire par contre sur l'ambiance fidèle à ce que j'attendais : Ça fleure bon le sud américain, la moiteur, la transpiration, les superstitions et les préjugés. Il est vrai par contre que l'auteur suspend son jugement et c'est sans doute ce qui fait la force de ce récit, livré brut et sans fioriture.
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Les braves Gens ne courent pas les rues

Mary Flannery O'Connor écrivain américaine est née en 1925 à Savannah, Georgie (Etats-Unis) et décédée en 1964 dans son vaste domaine à Milledgeville (Georgie) où sa santé fragile la condamnait à la réclusion. Elle est l'auteur de deux romans (La sagesse dans le sang ainsi que Et ce sont les violents qui l’emportent) et d’une trentaine de nouvelles.

Les braves gens ne courent pas les rues est un recueil de dix nouvelles écrites entre 1953 et 1955 par lesquelles l’auteur nous plonge dans le Sud des Etats-Unis, cette région où se croisent charlatans et prédicateurs, où de petits fermiers blancs emploient des noirs, où les mentalités esclavagistes et ségrégationnistes sont encore présentes. Néanmoins travail, sueur et larmes sont le lot partagé par tous, un monde dur et âpre de vies misérables, peuplé d’hommes et de femmes ordinaires pourrait-on dire, si Flannery O’Connor ne s’ingéniait à nous faire ingurgiter la méchanceté crasse et les haines mesquines qui embrument les petits cerveaux de ses personnages. Car l’écrivain n’est pas une optimiste, elle ne s’illusionne pas sur la nature humaine, d’ailleurs le titre de l’ouvrage ne le cache pas.

Le premier texte éponyme qui débute le recueil donne le ton et m’a interloqué, surtout si on le replace dans son contexte, les années 50. Une famille quelconque, les parents, enfants et la grand-mère, part en vacances lorsqu’un accident de voiture la met en présence d’un forçat évadé avec ses complices. Avec des mots d’une rare froideur et d’une grande sobriété, O’Connor va faire assassiner toute la famille, un par un, par les malfrats. Le récit est net et sans bavure, aucune pleurnicherie ni pathos, des faits décrits tout simplement, comme si tout cela était presque naturel. En moins de trente pages vous êtes sonné, dérouté par l’écart entre l’horreur décrite et le style épuré de l’écriture.

Les autres nouvelles vous feront croiser les destins d’une sourde-muette, d’un général de cent quatre ans, d’une jeune femme cultivée ayant une jambe de bois, d’un travailleur immigré Polonais assassiné par des « gens ordinaires », une cour des miracles vivant au soleil.

Flannery O’Connor livre personnages et situations, sans fioritures et surtout sans le moindre jugement de sa part, comme une entomologiste qui observerait et décrirait une société d’insectes, le plus objectivement possible. Pourtant parfois, au détour d’un dialogue on peut imaginer que l’écrivain laisse échapper une réflexion personnelle, « ces jeunes générations de malotrus qui avaient mis le monde sens dessus dessous et bouleversé toutes les normes d’une vie décente », ou encore « Nous sommes tous damnés, dit-elle, mais quelques uns d’entre nous ont arraché leurs œillères et voient qu’il n’y a rien à voir. C’est une espèce de salut. » Mais peut-être n’est-ce qu’une impression de lecteur, mis de force face à une humanité quotidienne peu encourageante, faite de bêtise et de petites méchancetés.

Un bouquin chaudement recommandable.

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L'Habitude d'être

Ce recueil de correspondance de Flannery O'Connor est intéressant pour mieux cerner la personnalité d'une des auteures les plus originales et les plus percutantes du sud américain. Malheureusement, à partir de la moitié environ, les lettres n'ont plus qu'un seul sujet : la religion catholique, redemption, grâce, etc... En plus, Flannery O'Connor, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ne s'intéresse pas spécialement à la littérature sudiste et ne donne aucun point de vue sur Faulkner, Caldwell, et autres grands noms de cette catégorie. Au contraire, Mauriac et Bernanos sont cités très souvent et O'Connor se place résolument dans cette veine des auteurs catholiques.

Pour le lecteur que je suis, fan des écrits de Flannery O'Connor et athée volontariste, ça devient vite fastidieux et agaçant, toutes ces bondieuseries et le manque total d'intérêt pour le reste.

Ma maladie comme offrande divine pour assurer ma rémission, mes paons dans mon cottage, la religion catholique dans tous ses états, etc etc etc



Pas indispensable de tout lire mais instructif pour un fan de l'auteure, de réaliser à quel point elle était fervente de "la vraie religion" (la sienne bien sur comme pensent tous les intégristes)
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La Sagesse dans le sang - Les Braves gens n..

LES ŒUVRES ( presque) COMPLÈTES de FLANNERY O’ CONNOR

Ce livre comprend ses 2 romans, La sagesse dans le sang, et, Et ce sont les violents qui l’emportent, ainsi que 3 recueils de nouvelles, Les braves gens ne courent pas les rues, Mon mal vient de plus loin et, Pourquoi ces nations en tumulte.

FLANNERY O’ Connor, c’est une voix tout à fait particulière dans le sud des États Unis. Elle naît en 1925 meurt en 1964, c’est une fervente catholique au milieu d’un océan de protestantisme. D’autre part elle est atteinte d’un lupus érythémateux qui la clouera dans la ferme de ses parents et qui l’emportera à 39 ans. Elle est violente dans l’expression de ses personnages, elle a des formules lapidaires et ses descriptions sont peu aimables. Ses écrits sont remplis d’évangélistes de toutes sortes, moitié escrocs moitié illuminés. Elle pratique un humour noir, un peu macabre. Elle vit au milieu de « petits blancs racistes, de nègres menteurs, de faux prophètes » Elle a la plume bien acérée et en même temps comique.

Elle a vécu toute sa vie au milieu d’une foule d’animaux dont une centaine de paons. En la lisant, j’ai souvent pensé à Caldwell, mais en plus méchant, en plus radical. C’est un pur hasard de discussion qui nous vaut de connaître O’ Connor en Europe. En effet lors d’une entrevue entre Maurice Edgar Coindreau et William Goyen, ce dernier lui parla d’une jeune femme de Savannah qui écrivait des nouvelles un peu « trash ». Coindreau qui était le traducteur de Faulkner, Steinbeck , Hemingway, Dos Passos et Capote ( excusez du peu) s’empressa d’en parler chez Gallimard qui l’édita.

Lisez cette femme, c’est une plume assez unique.
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