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Citations de Franck Balandier (43)


On m'a encore changé d'affectation. J'espère que, cette fois, c'est bien la dernière. Maintenant, j'officie dans la pièce qui précède le four crématoire.
Je suis arracheur de fausses dents. Je visite des bouches qui paraissent sourire, d'autres qui portent aux lèvres la trace de leur bave. J'explore des gorges aux remugles étranges. Je longe le chemin des gencives abandonnées. Je bute sur des ornières d'incisives cassées. J'aimerais décrire l'excitation que me procure la découverte, au fond d'une bouche, d'une dent en or, les précautions que je prends. Surtout ne pas l'abîmer, l'extraire, telle une pépite. Il est des gorges comme des mines à ciel ouvert. On devrait supprimer les langues, de toute façon, on n'a plus le droit de parler, et puis il est trop tard pour crier, pour appeler quelqu'un...
Je suis chercheur d'or, orpailleur du fleuve Amazone. Je suis voleur de ma propre mort.
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La mort du corps y supplantait celle de l'esprit. On ne doit pas mourir en prison, au pire on y survit.
Pierre avait pour voisin de lit un Pakistanais du nom de Bovorasmy que la justice avait condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Grabataire depuis des mois, un cancer lui rongeait la moelle. Devenu aveugle pendant son incarcération. La punition que les hommes lui infligeaient se résumait à des bruits de clés et de grilles. Pour lui, les gardiens se tranformaient en brancardiers pour les séances hebdomadaires au cobalt, à l'étage du dessous; mieux, pour alléger ses souffrances, chacun lui prodiguait des mots de réconfort qui ne serviraient jamais à rien. Il n'était pas dupe, n'ignorait pas la mort au creux de sa gorge qui lui arrachait de temps à autre une suite de toux emplissant de sa menace la salle, et qui rebondissait de lit en lit.
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En a-t-on fini avec Apollinaire? Ont pensait avoir tout rassemblé tout ce qu'il était possible de savoir sur l'affaire des statuettes hispaniques volées par Géry Pieret au Musée du Louvre et sur les cinq jours d'incarcération à la santé qu'elle valut a notre poète en 1911. Les chercheurs avaient dépouillé toute la presse de l'époque, non seulement en France, mais dans les pays voisins, ils avaient rassemblé les témoignages, scruté les correspondances et les pièces officielles, se complaisant dans l'idée consolante qu'ils avaient pu être détruits par un admirateur trop zélé.
Peut-être s'était-on résigné un peu trop facilement. Avec obstination, Franck Balandier a repris en bon détective l'enquête à zéro. Il a écarté tout à priori, se contentant de faire parler les textes sans prétendre les interpréter, mettant à son profit sa connaissance de l'univers carcéral et particulièrement de la prison de la Santé. Il a poussé son enquête jusqu'à ramener au jour des documents qu'on avait négligé ou qu'on croyait disparu, et en atteindre d'autres jusqu'à présent inédits. Il a ainsi été en mesure de reconstituer presque heure par heure l'existence d'Apollinaire depuis le début de l'enquête jusqu'à sa libération.
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Il régnait sur un monde mouillé qui sentait la chaussette et le vieux cul qui se néglige, attentif aux plongeons et aux cris, parcourant inlassablement les bords du bassin, scrutant les abysses, à la recherche d'un noyé improbable, se contentant, dans l'attente de ce jour de gloire (qui venait d'arriver grâce à Benjamin), d'exhiber, à travers son slip de bain "moule-bite", ses parties génitales.
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Parvenue au milieu du pont, je me penche vers le courant. Je crois me tenir à la proue d'un navire qui file très vite vers le barrage. Mais, à chaque fois, à cause d'un regard jeté de côté, la rivière recule à nouveau, me libérant pour quelques minutes de cette impression. Je ferme les paupières. Avec application, je fouille dans mes souvenirs. Je cherche à reconstituer cette figure entrevue. Mais elle glisse. Je ne peux pas la décrire. C'est une silhouette découpée, un profil perdu, à compléter. La voix même, dont le timbre m'a émue, semble se dissoudre dans les remous. Je veux aussi me rappeler cette démarche dans l'épaisseur du midi, mais elle est ralentie ou décomposée. Elle ne possède aucune réalité, L'unique chose qui me paraisse vivante est la rutilance inscrite sur ma rétine, la forme d'une voiture, précise et meurtrière.
Page 83, 84.
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La musique rock et tous ses dérives sont également de bons moyens pour galvaniser les troupes et les encourager à monter à l'assaut. On apprend à présent que ces mêmes musiques deviennent un recours, une technique d'interrogatoire particulièrement élaborée, dans certaines prisons "spécialisées", pour faire avouer les prisonniers ou les rendre fous.
Page 401
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Mémé m’expliquerait plus tard que c’est le temps qui passe. Moi, je trouvais qu’il en mettait du temps à passer, et que, même, il avait dû s’arrêter chez elle. Il n’avait pas l’air pressé de repartir. Il s’était installé. Il devait faire du surplace, le temps, il faisait croire qu’il avançait, mais, en vrai, il se tenait toujours là, tapi dans l’ombre, il nous observait [...]
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Il faut que ça danse. C’est fait pour danser, les mots. Même si on n’y comprend rien.
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Je la trouvais simplement belle de ses années en plus, de l’avance qu’elle avait prise sur moi et sur le temps, de cette beauté pas encore fanée, tellement rassurante qu’elle m’invitait à la rejoindre, malgré nos différences, pour l’aimer vraiment.
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Mais, à mesure que notre relation épistolaire évoluait vers toujours plus d’intimité, je réalisais également que j’avais aussi besoin, pour continuer notre histoire, d’un visage, d’une image à aimer.
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Il existait d’autres manières de s’aimer, sans se toucher, sans se regarder. Juste à distance. Juste à s’écrire. Il suffisait d’un peu d’imagination pour faire l’amour.
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Grâce à elle, malgré elle finalement, j’apprenais le pouvoir des mots.
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Depuis, elle vivait seule au milieu de ses souvenirs. Vu la vie qu’elle avait menée jusque-là, ses souvenirs se résumaient à peu de choses. Elle aurait aimé s’en créer d’autres avec moi. De ceux que l’on aime se rappeler quand on commence à vieillir.
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Françoise me proposait son cœur, et sans doute bien davantage si je lisais convenablement entre les lignes.
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J’avais besoin d’aimer, dans l’urgence de mes vingt ans.
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La jeunesse possède cette faculté, surtout en matière de sentiments, de s’émouvoir au moindre signe qui lui est adressé et de l’interpréter selon ce qui l’arrange.
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Je vous devine à l’aube de cette lettre, courbé sur votre plume, à la recherche du mot juste qui saura me faire fondre. Je n’ai plus besoin de fondre. J’ai déjà tellement aimé. Que Dieu me pardonne !
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Vous m’avez appris à lire, à écrire et à compter. Vous m’avez transmis l’essentiel depuis. Je veux maintenant vous découvrir autrement. Vous obliger à m’aimer, peut-être ? Voyez comme je rêve.

Le jour se lève. Il me reste à terminer cette lettre. À vous écrire que je pense à vous. Et à vous embrasser.

Benjamin.
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Le bruit est la plus importante des formes d’interruption. C’est non seulement une interruption, mais aussi une rupture de la pensée.
[Arthur Schopenhauer]
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Il n'y avait plus rien à faire Plus rien à tenter .Juste à attendre. A prier , pour ceux qui le pouvaient et qui croyaient encore.
Il aurait fallu empêcher les gens de se parler. De se toucher .Peut-être même de respirer. Il aurait fallu.
Faute de pouvoir identifier clairement le virus ,sans remède efficace pour l'éradiquer ,la médecine désemparée avait trouvé commode d'en attribuer la faute au premier pays ayant eu l'honnêteté ,par soucis de transparence , d'alerter l'opinion.
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