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Critiques de Franck Balandier (66)
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Gazoline Tango

Benjamin Granger souffre d’hyperacousie extrême : le moindre son l’indispose, même celui de sa respiration. Sa mère ne l’a pas souhaité, et du coup, ne l’a pas élevé. C’est des parrain et marraine à portée de main qui s’occuperont de lui ainsi qu’un prête alcoolo et une vieille dame faisant pousser des bonnes herbes dans son jardin, à la cité des peintres. Franck Balandier raconte la vie de ce drôle de garçon grandissant mais aussi de la sphère étrange qui l’entoure.

Gazoline tango se découpe en dix parties (dix partitions) alternant Benjamin et un narrateur extérieur omniscient. C’est un Benjamin de quelques jours, dix ans, vingt puis la trentaine qu’on découvre. Sa vie est très originale, son extrême sensibilité auditive l’oblige à porter un casque pour atténuer ses sons insupportables. Pourtant, quelques-uns sont agréables comme les chansons de son parrain, Isidore. Il en sort un roman agréable, avec beaucoup d’humour, parfois noir…de plus en plus noir en avançant. Un peu irritée par les jeux de mots sur sa surdité, l’amour ou le destin mais Gazoline tango est un roman plein de nostalgie sur un passé qui disparait.

Merci à Masse critique et aux éditions du Castor Astral pour cette découverte originale.

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Gazoline Tango

Voici un roman dont je dévoilerai peu de choses, il faut le découvrir, l'auteur raconte l'histoire de Benjamin Granger, de sa naissance jusqu'à la trentaine , il souffre d'hyperacousie et ne supporte aucun son, réduit à grandir avec un casque rouge "antibruit "sur les oreilles, il réinvente difficilement le monde qui l'entoure. Sa mére, à qui il manque quelque peu l'instinct maternel est batteuse dans un groupe de filles punk......

Il grandit à la cité des peintres, passe des tas d'examens médicaux , qui ne servent pas à grand -chose....

C'est une chronique du monde ancien,. La banlieue abandonnée , abonnée à la précarité ,oú les rues n'avaient de couleurs que les peintres qui les désignaient .....Tout était moche!

"L'herbe qui faisait rire aidait à tenir debout", rue Van Gogh pour le shit, Matisse pour les autoradios volés, Gauguin pour le centre paroissial.....Rue Cezanne trainait une promesse de soleil ..



Mais la banlieue abandonnée n'est jamais triste avec ses personnages hors normes : le Pére Germain accro "à l'herbe qui faisait rire " dans son église désertée, quasi vide, Isidore l'Africain,, poéte et amoureux des Fables de la Fontaine, les histoires de mémé Lucienne , née au siécle d'avant , conteuse , qui cultivait du cannabis dans son jardin au passé trouble, , Yolande, la représentante des causes perdues, Tarzan' le maître nageur, et la jolie sourde- muette , Noémie.....

Un roman pétri d'humour et de dérision drôle et tendre, décalé et léger, quoique....

On sent que l'auteur a beaucoup de sensibilité , à fleur de peau, il a conservé son âme d'enfant , narre des anecdotes et des parcours de vie où malgré la pauvreté , la poésie se rêvait à chaque coin de rue, oú chacun se tenait la main, par humanité et solidarité , pas toujours sur le bon chemin , mais personne ne jugeait .....

Tout un monde nostalgique avant la destruction des tours........il ne restait plus beaucoup de temps." La première tour de la rue Matisse se dérobait, nous n'étions déjà plus que le commencement de plus rien !Elle ne nous accordait que le panache de son monde écroulé ...Las, "Le ciel s'étalait , quelque chose de vaguement bleu pour faire avaler la pilule à tous les habitants ".

Un ouvrage humaniste à l'apparence légère qui fait réfléchir sans donner de leçons !

Emprunté par hasard à la Médiathéque .
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Le Paris d'Apollinaire

Agréable à la lecture, cette courte biographie nous plonge bien dans le Paris du poète. Elle s'attarde sur les relations de "Kostro" avec ses contemporains Picasso, Jacob, Delaunay... et particulièrement sur cette rivalité avec Blaise Cendrars, le "frère ennemi".

Tous deux, Apollinaire et Cendrars ont bercé mes vingt ans et m'ont incité encore plus dans mon désir d'écrire. Donc, je me suis plongé dans l’opuscule à peine acheté.

L'écriture, voilà ce qui manque peut-être à ce livre, qui en parle si peu. Je sors de cette rapide lecture sans le sentiment d'avoir côtoyé un écrivain, un des plus grand poètes du XXe pourtant. Peintre ou chanteur,

l'impression serait la même.

Que Paris ait inspiré Guillaume nous le savons. Mais comment cela transpire-t-il dans son écriture ? Voilà ce que méritait ce livre. À part lors de l'épisode de l'emprisonnement À la Santé, cela reste étranger au récit de Balandier.

Cela m'est probablement très personnel mais les biographies m'ennuient si elles ne s'accompagnent pas d'une analyse en profondeur de l'oeuvre.

À vous de voir !

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APO

Cet opus est découpé en trois zones.

Zone est le premier poème écrit par Apollinaire dans Alcools. Ce poème est la quintessence de son auteur, sans ponctuation ni métrique donc sans entraves, ces vers libres chantent la mélancolie de celui qui écrit pour exister. Les vers sont irréguliers ainsi que la strophe mais les images ainsi véhiculées sont abondantes, disparates entre monde ancien(mythologie) et monde moderne. Le rythme est celui de l’imagination qui vagabonde comme l’eau coule dans une rivière et parfois en déborde.

Zone 1 :

Regard en retrait de ce qui arrive lorsque 3 trentenaires Picasso, Guillaume Apollinaire et Géry Pieret se mettent en tête de voler la Joconde. L’instigateur Picasso, fait faux bond aux deux autres pour cause de conquête amoureuse, mais nos deux lascars iront.

Le musée de nuit, l’errance qui s’en suit, la sortie victorieuse avec le trophée.

Regard affectueux, Franck Balandier s’amuse de cette situation avec toute la tendresse qu’il a pour son Apo. Tel un père qui raconterait les frasques de son fiston.

Puis c’est la prison « Il pose. Cette ardoise entre les doigts. Il aime bien l’identification, le numéro. Il réalise que, peut-être, cette image restera la seule, au plus profond de cette petite mort. Il faut sourire. Faire semblant. Il se demande à qui il devrait mourir, maintenant. Il se trompe de mot. Il a voulu dire sourire. La mort ne serait-elle qu’une affaire de sourire ? »

Incarcéré le jeudi 7 septembre 1911 à la maison de correction de Paris la Santé, il en sortit le mardi 12 septembre 1911, faute de preuves tangibles retenues contre lui.

Regard coloré voire bigarré pour nous faire vivre l’époque à travers les personnages : le gardien de musée aussi à l’étroit dans sa vie que dans sa cabine de fonction, la concierge qui voit la vie et les autres par le prisme de sa vie uniquement la sienne, les enquêteurs qui eux ont d’autres distractions que cette enquête. Pour le juge chargé de l’affaire un certain Joseph-Marie Dray, l’auteur a eu raison de changer son patronyme, car son portrait page 44 est un exemple pour illustrer la liberté du romancier face à la réalité, et combien l’imaginaire peut être ardent.

Dans cette zone souffle le comique d’un Chaplin, du grand art qui va du registre de la tendresse à celui de la bouffonnerie comme un fil tendu au-dessus de la réalité.

Zone 2 :

La mort. « Il n’avait pas si peur de mourir, Wilhem, il craignait seulement une mort trop ordinaire pour lui, trop triviale pour correspondre à l’idée qu’il se faisait de ses funérailles. Lui, qui avait mis tant d’années et consenti tant d’efforts pour devenir un « garçon bien », un « bon Français », pour effacer l’image du Russe émigré qui lui collait à la peau, pour obtenir enfin ses papiers, en bonne et due forme, Wilhem Kostrowitsky, dit Guillaume Apollinaire, homme de lettres, de nationalité française acquise par naturalisation, ce n’était déjà pas si mal, allait mourir français, emporté par la grippe espagnole. »

Apo s’éteint, Paris est fébrile, la guerre se termine, les rues bruissent des flots de Bretons qui arrivent pour s’installer dans la capitale.

Franck Balandier nous peint cela, en tableaux colorés et sensuels à la manière de Renoir.

Zone 3 :

L’auteur sait de quoi il parle « Les murs quand ils sont suffisamment hauts, sont des pansements. Ils cachent. Il en va ainsi des hôpitaux, des prisons et des cimetières. »

Là l’imaginaire l’emporte, le poète se réveille, telle une amazone chevauchant sa monture, sous les traits d’Elise, la cellule d’Apo est visitée une dernière fois, avant la démolition de la Santé, un poème reste écrit sur le mur… ?

Les poètes meurent mais leurs poèmes vivent, pour nous faire exsuder les bons et moins bons souvenirs. Ainsi voguent les réminiscences sur lesquelles se construisent les adultes que nous sommes, consentants ou pas.

Une lecture comme je les aime, d’un opus inspiré, porté par une écriture poétique et des flamboyances stylistiques que n’aurait pas renié Apollinaire lui-même.

Un poète qui est depuis longtemps le compagnon de route de l’auteur.

Franck Balandier commence sa partition en soliste virtuose et entraîne dans le sillage de ses mots tout l’orchestre des lecteurs.

Chantal Lafon-Litteratum Amor 15 aout 2018.

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APO

APO, un roman que l’on ne peut pas lâcher tant l’envie est forte de suivre Apollinaire à deux moments de sa vie, dans ses frasques, ses amours, son écriture, mais aussi sa guerre, sa mort.

Il y a trois Zones dans APO, trois époques, trois tranches de vie.

De la vie d’Apollinaire d’abord. En 1911, sans doute sur l’impulsion de Picasso, Apollinaire et Géry décident d’aller de nuit au Louvre pour tenter de rapporter au peintre les statuettes qu’il leur a demandé… de rapporter allez-vous dire ? Enfin, de voler, ou d’emprunter bien sûr. Au hasard des galeries passant sans vergogne devant les gardiens endormis, ils trouvent leurs statuettes et décident d’emporter également le tableau le plus célèbre du musée, La Joconde de Léonard de Vinci… Mais les enquêteurs ont tôt fait de remonter jusqu’au poète, et APO va passer quelques jours dans la cellule 5 de la déjà sordide prison de La Santé à Paris sous le numéro de matricule 123 216, du 7 au 12 septembre 1911.

Et l’auteur nous régale avec un juge comme on n’en fait plus, des policier enquêteurs amateurs de catch, des photographes de prison qui n’ont rien d’artistique. Il restitue également les états d’âme d’un Guillaume Apollinaire qui pense si fort à sa Marie (Laurencin) et au ciel par-dessus les toits, même en captivité son imagination et son talent s’expriment, même pour dire le vide, l’ennuie ou l’absence. Cette expérience le marquera, y compris dans sa créativité.

Des derniers jours de la vie d’Apollinaire ensuite, quand en 1918, revenu du front, survivant des horreurs de cette guerre, il se meurt à Paris de cette grippe espagnole qui a décimé tant d’hommes en Europe. Le poète se remémore ses amours enfuis, les prénoms de ses belles, leurs caresses et celles du soleil sur sa peau, mais il sait aussi que sa fin est proche, inéluctable.

Enfin, l’auteur nous entraine en 2015 dans la cellule d’Apollinaire, dans cette prison de La Santé insalubre qui va enfin être rénovée. En conservant toutefois le mur extérieur classé monument historique (on a les monuments qu’on peut dans certains quartiers !). Il fait entrer en scène la belle Elise.

Lisez ce livre, et peut-être comme moi allez-vous suivre le poète, ses vers, sa folie douce, ses espoirs et ses aventures, apprécier la langue et les mots de Franck Balandier, denses, mordants, et tellement réalistes dans leur démesure.

Chronique complète sur le blog Domi C Lire : https://domiclire.wordpress.com/2018/08/23/apo-franck-balandier/


Lien : https://domiclire.wordpress...
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Gazoline Tango

Franck Balandier, fait partie des auteurs que je retrouve avec plaisir.

Sa palette est vaste et ce roman va emmener ses lecteurs dans un monde particulier, hors-normes.

En effet le narrateur est un bébé qui va nous faire vivre sa vie de la première minute de sa naissance jusqu'à l'âge de l'envol.



Benjamin Donald Granger nait sans avoir été désiré d'une mère rockeuse n’ayant pas vraiment l’instinct maternel, trop occupée à vivre sa vie d’adolescente attardée et de père inconnu. Mais sa mère l'appelle Benjamin, car en le voyant elle peut attribuer sa naissance à l'un de ses amants de passage.

Ce bébé est hyperacousique avec ce que cela comprend d'adaptation au monde qui nous entoure. Sa différence il l’affichera en portant un casque antibruit sur les oreilles.

Qu'importe ce n'est qu'une facétie du destin parmi tout ce qu'il doit endurer.

Il sort de la maternité pour vivre dans une cité, "la cité des peintres" et la couleur n'est pas que dans les noms évoqués.



C'est un monde que les habitants de cette cité : un prêtre pas comme les autres, une grand-mère toujours là prête à aider, un poète africain qui lui fera découvrir La Fontaine…Car dans cette cité tout le monde est là pour l’autre, chacun a son quelque chose à offrir. Benjamin de moqueries en systèmes D va nous promener dans sa vie.



C'est un homme en marche qui a fait sienne cette maxime "Quand on pense négativement on voit des problèmes partout, quand on pense positivement on voit des solutions partout."Le sait-il qu'il a intégré dans son être cette façon d’avancer ?



Mais un jour il y aura Noémie, jolie sourde-muette...



Surtout Benjamin est persuadé que sa vie s'arrêtera le 11 juillet 2016 à l'âge de 33 ans.



Si vous voulez savoir, si cette prédiction est exacte, promenez-vous dans ses pas et regardez la vie à travers son regard. Sa poèsie, sa gouaille vous enchanteront.

L'auteur nous embarque dans une histoire foisonnante de vies, d'anecdotes drôles et graves à la fois, qui en dit long sur la vie en lisière.

Il y a même une intrigue pour les amateurs de mystères et de jolies révélations.



Benjamin est un personnage haut en couleurs et tendresse tel Momo dans "La vie devant soi" de Romain Gary/ Emile Ajar.

Tout est là, le regard, le parler, cette façon de vagabonder dans la vie, une belle imagination rythmée par la musique de JS Bach, qui n'est pas le seul à maîtriser l'art de la fugue.



Franck Balandier a du talent, si vous ne les avez pas lus je vous recommande : Le silence des rails, Le corps parfait des araignées et celui-ci, cela vous donnera une idée de son registre littéraire, de plus c’est un spécialiste d’Apollinaire.



Je crois que le fil conducteur de son œuvre est la tendresse.



Pour illustrer mon propos je terminerais par cette citation de Jens Christian Grondahl : « Il lui avait fallu longtemps avant de comprendre que l’ironie n’était pas une réserve, mais une extension de sa tendresse, l’expression pudique de celle-ci ».

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 15 août 2017.

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APO

Apo, livre de Franck Balandier .

Apo, diminutif de Apollinaire, car c'est bien Guillaume Apollinaire qui est le personnage central de ce livre. Central car l'auteur va développer toute une galerie de personnages secondaires.

Le livre se divise en 3 « zones », le terme « zone » renvoyant au célèbre poème du même nom.

La première zone nous raconte l'histoire du vol de la Joconde par Apollinaire et un de ses acolyte, opération commanditée par Picasso lui-même. Cette frasque va conduire le poète entre les murs d'une cellule de la prison de la Santé.

La seconde zone représente les derniers jours de la vie du grand homme qui, ayant échappé à la mitraille de la grande guerre, et au maladies vénériennes, va succomber à la gripper espagnole.

La troisième zone met en scène une jeune chercheuse qui part à la recherche d'elle même, en examinant les traces laissées par Apollinaire lors de son passage en prison.

Enfin le livre se conclut sur un épilogue en forme d'apothéose absolu où tous les liens sont rompus.



Ce livre est une très bonne surprise. On suit les péripéties méconnues de la vie du poète à travers la plume agile de Franck Balandier. Une plume agile et lyrique mais qui nous entraîne vers des recoins tourmentés et poisseux de l'âme humaine.

Les personnages secondaires ouvrent des tableaux digressifs noirs et riches d'expériences sordides. Ils forment un réseau qui rend parfaitement l'ambiance début de siècle dans laquelle sont nés les poèmes d'Apollinaire.

On sent d'ailleurs la présence d'Apollinaire dans le style, les images, tout au long du livre. Et les références poétiques sont nombreuses.

Le roman condense aussi tout un questionnement sur l'enfermement : l'enfermement pénitentiaire, mais aussi l'enfermement dans un cadre qui perturbe la jeunesse du personnage féminin de la troisième zone.

On pourrait aussi parler de l'enfermement dans un délire, ce qu'il arrive à l'Apollinaire mourant, avant la délivrance de son dernier soupir.



Un livre que je recommande sans hésiter pour sa densité et sa profondeur.

Je salue au passage le travail d'édition du Castor Astral, avec cette couverture en forme d'oeilleton très astucieuse.

Je remercie donc cet éditeur, ainsi que Babelio de m'avoir donné l'opportunité de découvrir ce livre via l'opération Masse critique de Septembre.

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APO

2018, centenaire de la mort d’Apollinaire mais aussi centenaire de la fin de la grande guerre et année de réouverture de la prison de la Santé. Des liens qui permettent à Franck Balandier de construire son récit pour nous faire découvrir Guillaume Apollinaire, poète célèbre mais surtout un homme sensuel voire lubrique et fantaisiste.



Le roman se compose de trois parties.



Tout commence dans la fantaisie. Nous suivons Apollinaire et son ami douteux Géry en plein cambriolage au musée du Louvre. Ils fuient sous une pluie battante avec deux statuettes et la célèbre Joconde. Picasso qui devait être de la partie ne fut pas au rendez-vous. Ce don juan devait être bien occupé.



Si Géry s’enfuit avec le butin, Guillaume est arrêté pour complicité. En septembre 1911, le poète passe cinq jours à la prison de la Santé. Ce qui nous vaut le plus beau moment du livre. Balandier, ancien éducateur de prison, connaît bien cette atmosphère.



« La prison est une interminable attente. »



Guillaume s’évade avec ses mots, pensant à Marie Laurencin.



La seconde partie nous emmène en novembre 1918, à la fin de la grande guerre. Wilhelm Kostrowitsky, émigré russe, dit Guillaume Apollinaire ne mourra pas de cet éclat brillant à la tempe mais de la grippe espagnole qui finira par faire plus de ravage que la guerre et autant de peur et de scandale que notre virus H1N1.



« Il est des maladies inventées, dont les morts, au fond du couloir, en sortant de l’ascenseur, sont des promesses de fortunes immédiates. »



Quelle tristesse de mourir la veille de l’armistice alors que ce grand poète au regard brouillé espérait encore étreindre le jeune corps de Mona rencontrée au café de Flore.

« Homme à femmes. Il aime que ses amis le voient ainsi. Et même s’il ne possède pas le physique de l’emploi. »

L’homme séduit par sa poésie.

Même un siècle plus tard…En 2015, Elise Seyveras se rend à la prison de la santé juste avant sa démolition. Dans le cadre de sa thèse, elle veut visiter la cellule où Apollinaire a passé quelques jours.



« Les murs de prison sont des histoires à fleur de peau. »

Ceux-ci lui rappellent les heures sombres de l’internat où ses parents l’avaient envoyée.

Quel enchantement quand elle découvre un poème de la main d’Apollinaire sur le mur à côté des latrines!

« Où vont mourir les poètes aux murs des prisons, quand ils ont déjà fini d’exister?



Un homme est passé par là. Il se nommait Guillaume Apollinaire. Il écrivait. Il n’a pas cessé d’écrire. Sur des papiers, des bons de cantine, des vieux journaux, sur les murs aussi. Il a écrit partout. Et tout doit disparaître. »



Dans ce roman, Franck Balandier compose autour de faits réels. Sur ce fil ténu du passé d’Apollinaire, il brode des vies. Une ronde de personnages ( un gardien de musée, un voisin, un catcheur, un arbitre, un gardien de prison, un tenancier de bordel…) s’invite et accompagne le poète. Jusqu’à cette jeune étudiante, son amour de jeunesse et sa mauvaise rencontre qui nous vaut une fin spectaculaire.



Le tout dans un style remarquable, non dénué d’humour et de fantaisie, et avec un regard acéré sur la société actuelle.
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Gazoline Tango

Au début, un nourrisson voit le jour. Il s’appelle Benjamin, et s’il pouvait, il se boucherait les oreilles illico. Sorti d’un ventre qui ne voulait pas de lui mais qui atténuait le bruit furieux de la double pédale grosse-caisse, il se retrouve livré à un monde effroyablement bruyant.





Catapulté dans la cité des peintres, il vit avec sa mère, batteuse dans un groupe de filles punk, et pas franchement habitée par l’instinct maternel.



Benjamin grandira là, comme une fleur des champs qu’un peintre aurait posée sur le béton, une petite tache de couleur dans la grisaille apparente des tours de banlieue.



Un casque sur les oreilles pour le protéger des bruits, il poussera, le nez au vent, entouré par des habitants qui savent bien que la vie n’est pas toujours tendre. Et pourtant, de tendresse, cette histoire en déborde. La tendresse qui ne dit pas son nom, qui ne fait pas dans la sensiblerie, qui est même rude, parfois.



Pour Benjamin, la musique c’est du bruit, il ne la supporte pas, mais il apprendra à aimer Bach sur l’harmonium d’un curé destroy, dans une église que plus personne ne fréquente. Il écoutera les histoires d’un autre temps d’une grand-mère qui habite la dernière bicoque du quartier, au bord de la voie ferrée. Il trouvera du réconfort auprès d’une presque maman, bonne comme le pain, et découvrira la poésie de La Fontaine avec un Africain qui endort les enfants… Et puis il y aura l’eau de la piscine, le retour dans le monde ouaté où les bruits n’atteignent plus ses oreilles et un jour, devenu un peu plus grand, il y aura l’amour de Noémie, la belle sourde-muette, exactement ce qu’il fallait à Benjamin pour découvrir en paix les premiers émois du corps.



En attendant de mourir, comme le Christ, le jour de ses trente-trois ans – il en est persuadé- Benjamin nous emmène dans un monde de démunis aux mains tendues les uns vers les autres. Personne ne reste sur le carreau dans la cité des peintres, personne n’est rien, chacun est riche d’un éclat dans le regard, de rêves et de mots qui sonnent si juste que l’on se surprend à s’essuyer le coin de l’oeil en souriant.



Comme moi, vous écraserez peut-être une larme quand la tour tombera, parce qu’il y a eu tant de vies à l’intérieur, tant de petites gens qui regardent s’effondrer leur maison, qu’il est impossible de ne pas être là, près d’eux, leur tenant la main en silence, comme ils le font. Dignement.



Lorsque j’ai lu les épreuves de ce roman, il m’a fallu en dire quelques mots, tout de suite, parce que j’ai été bouleversée par l’histoire et le style.



L’histoire, je viens de vous en livrer quelques bribes, le style, parlons-en :



Il est extrêmement périlleux d’emprunter la voix d’un enfant. Il est encore plus compliqué de faire évoluer la voix de cet enfant au fil des années, jusqu’à l’amener à l’âge adulte. Ce genre d’exercice de haute voltige demande que l’auteur ait conservé l’enfant en lui, qu’il ne l’ait pas oublié et qu’il restitue ainsi, sans forcer le trait, avec la douce gravité dont sont capables les mômes, une vie pas joyeuse mais jamais triste.



C’est ici la deuxième performance de l’auteur : traiter la gravité légèrement, ne pas lui donner d’importance. Même pas mal !



Je vais donc terminer sur les quelques mots que m’évoque ce roman infiniment puissant :



Il y a des tours qui grattent les nuages dans la cité des peintres.



À l’intérieur, c’est la vie qui grouille, des petites vies de petites gens, des « pas



dommages », des vies de rien.



Une mère keupon et ses copines.



Un prêtre addict aux paradis artificiels.



Un africain poète qui endort les bébés tristes.



Une mémé dans les orties, arôme naturel THC.



Et tous les autres…



Et Benjamin, sorti d’un ventre punk’s not dead avec plein de bruit dedans et dehors.



Alors se boucher les oreilles et traverser l’enfance, grandir, choper toute la tendresse de ceux qui aiment sans le dire, vivre en sourdine, échapper au remue-ménage de Gazoline Tango et tomber en amour pour la belle sourde-muette, quelle aubaine !



Je confirme ce que je pressentais en cours de lecture, la littérature n’est pas morte !



Jetez-vous dès sa sortie sur ce roman qui va faire du bruit, c’est une certitude !


Lien : https://latoileciree.wordpre..
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Le Paris d'Apollinaire

Après avoir arpenté l’Europe, la famille d’Apollinaire fait son nid à Paris. Apollinaire est un migrant qui a choisi la France pour s’exprimer comme tant d’artistes en son temps.



Qui se souvient aujourd’hui qu’il s’appelait Wilhelm Albert Włodzimierz Apolinary Kostrowicki ? Pour Kostrowicki, Paris est le lieu de toutes les facéties.



Il joue à cache-cache avec Blaise Cendrars, il se fait passer pour une mystérieuse poétesse, son nom est cité dans le vol de la Joconde. Il fait même de la prison et pourtant, il est toujours entouré d’une nuée d’admirateurs. Eternel insatisfait, il collectionne aussi bien les femmes que les adresses à Paris.



En dépit de mon intérêt pour Apollinaire et pour Paris, ce livre n’a jamais vraiment réussi à me captiver. Ni un beau-livre sur Paris ni une biographie, j’ai eu du mal à adhérer à la proposition de l’auteur même si j’ai aimé son érudition, sa liberté de ton et son anticonformisme.



Merci à Babelio et aux éditions Alexandrines.

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APO

Entre déclaration d’amour à la poésie et regard acéré sur le milieu carcéral, Franck Balandier nous offre une fois de plus un roman où son mordant et sa justesse font des merveilles.



Apollinaire est le personnage idéal pour un roman de Franck Balandier qui mélange poésie et gouaille, sensualité et humour avec bonheur et sensibilité.



Fondant en un seul récit fiction et réalité, l’auteur imagine, autour de l’incarcération du poète en 1911 à la prison de la Santé, un récit où se mêlent grands noms de la littérature et petites gens du Paris populaire.



En hommage à celui qui écrivit « l’enlèvement des Sabines » et « Mon très cher petit Lou », Franck Balandier érotise toutes ces petites histoires dans la Grande.



Le récit est découpé en 3 zones (qu’on se souvienne du poème qui ouvre Alcools).



Si la dure réalité rattrape le noceur des nuits parisiennes en l’enfermant en cellule, c’est le monde mis à feu et à sang qui aura raison du poète.



Et la zone 3 n’est pas très optimiste puisque la barbarie semble être de retour aujourd’hui nous dit Franck Balandier. Déjà que les murs des prisons deviennent des monuments historiques pendant que l’on enseveli sous les gravats les mots du poète. De nouveaux « va t en guerre » font leur apparition.



Mais ne vous laissez pas abattre ! Ce livre est plein d’humour, de tendresse et de sensualité.



Franck Balandier a la plume équilibriste lui permettant de succiter chez le lecteur et la lectrice rire et émoi, peine et joie.



Son Apo se jour des codes dans un long poème qui rend un hommage vibrant et sensuel à celui par qui la poésie entra dans le 20ème siècle.



L’auteur en profite pour tailler un costard au monde carcéral (qu’il connaît bien) en sortant des statistiques pour replacer au plus près de la peau l’ignominie de l’enferment et de la déshumanisation.



Gros coup de cœur de cette rentrée.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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Gazoline Tango

RECOMMANDE PAR LE RESEAU CULTURE-CHRONIQUE



Le plaisir d’écrire. Le plaisir d’écrire, on en parle souvent mais on le voit rarement.

Dans Gazoline Tango, la joie fait tressauter les mots. On sent que Franck Balandier a passé un excellent moment à écrire son roman. L’humour survole les pages, la personnalité de l’auteur se dégage entre les lignes et en prime, l’âme du poète est nichée dans chaque phrase. J’en prends une au hasard :



Le ciel d’Afrique porte en lui la beauté absolue de feux jamais éteints -



Benjamin est un enfant non désiré. Sa mère est musicienne, batteuse dans un groupe de hard rock. Un groupe composé uniquement de filles. À la fin des concerts, la chanteuse interprète « Gazoline Tango » leur morceau fétiche et elle offre sa petite culotte au public.

Durant les neuf mois qu’il est resté à l’abri au creux de sa mère, Benjamin a développé une intolérance anormale ; le bruit l’indispose. Venu au monde, le bruit l’empêche de respirer. Il devient tout bleu, il frôle la syncope. Benjamin ne peut pas évoluer normalement dans la vie, l’intolérance est trop forte. Il lui faudra des années pour apprivoiser sa propre respiration. Il porte un casque et les bruits lui parviennent étouffés. Le temps est un allié précieux, petit à petit Benjamin s’accoutume aux bruits du quotidien mais toujours avec un casque.

Rester longtemps sans respirer, ça devient vite une habitude. Benjamin en abuse, surtout sous l’eau. Il aime s’asseoir en lotus, dans le lit d’une rivière ou au fond d’une piscine. Il coupe sa respiration et se remplit de l’ivresse des profondeurs. Il n’y a qu’au fond de l’eau qu’il se sent réellement bien.



Franck Balandier a enrobé tous ses personnages d’une touche singulière. Chaque rôle est essentiel. Isidore, le père Germain, Lucienne, Yolande. Ils remplacent la maman démissionnaire. Ils apportent à Benjamin, la tendresse mais aussi l’éducation car Il ne peut pas aller à l’école. Tout ce petit monde habite « la cité des peintres ». Des tours en fin de vie, des tours occupées par cette horde douce et sauvage, cette horde qui aime son quartier défavorisé.

Gazoline Tango, c’est comme une bobine qui se déroule. L’écriture de Franck Balandier est moelleuse et profonde. Sourire, douceur, intensité, arrêt sur phrase. C’est particulièrement agréable à lire. Puis, c’est bourré d’émotion et l’auteur diffuse des messages en continu. Des messages pleins de finesse. On rit, on fume des bananes et on écoute Jean Sébastien Bach.

L’auteur dit : « C’est un roman sur le silence et le bruit »

L’auteur dit : « Laissez-vous faire »

C’est exactement ça, l’histoire nous prend par la main et il faut se laisser faire. Lire Gazoline Tango, c’est tenir 400 grammes de plaisir entre ses mains.



Annick FERRANT

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Gazoline Tango

être libraire, en dehors d’être mal payé et de ne plus savoir à quoi ressemble un vrai week-end, offre assez souvent, en contrepartie, la joie de découvrir un auteur à côté duquel on était passé jusque là. Quand en plus on est autodidacte, sans formation littéraire ou autre, on se rend assez vite compte que le nombre de ces auteurs est quasi infini.



Aujourd’hui , top départ de la sacro-sainte rentrée littéraire, sort « Gazoline Tango », de Franck Balandier, Aux éditions Le Castor Astral.



Drôle et tendre, ce livre déborde de vie.



J’ai lu « Gazoline Tango » comme le pendant solaire de « les lisières » d’Olivier Adam. La banlieue triste, abandonnée, mais joyeuse par les gens qui l’habitent.



La recherche de l’absolu silence est une quête sans fin dans cette banlieue où tout pétarade sans cesse,. Sans compter qu’une prédiction à annoncé la date précise de la mort du narrateur.



La facilité apparente avec laquelle l’auteur donne la parole à cet enfant que l’on voit grandir, et dont on entend la voix mué et devenir adulte est assez bluffant. J’ai ri souvent devant la légèreté de Benjamin face à des situations parfois douloureuses, la « gravité légère » dont Ce gamin fait preuve à de nombreuses reprises. Presque rien n’est sombre dans ce récit poétique et bordélique.



Les personnages secondaires sont plus attachant les uns que les autres. Des anciennes punkettes, qui ont bien du mal à se voir vieillir, au curé junky qui joue Bach dans son église désertée, en passant par un poète africain, qui récite La Fontaine pour endormir les bébés et une mamie dealeuse de bonne aventure…



Je ne sais pas quel accueil recevra « Gazoline Tango », les médias étant squattés le plus souvent par les mastodontes de l’édition, adoratrice de Champagne et autres auteurs en difficultés. Mais il aura une place de choix sur ma table coup de cœur. C’est déjà ça…
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APO

Il est des écritures poétiques qui viennent de loin et qui nous transportent comme un bon film. Celle de Balandier est de celle là, à chaque roman. Cette fois, dans APO, une voix off truculente nous mène en ce début du 20ème siècle à Paris dans l’intimité d’un Apollinaire démystifié. On oscille entre imaginaire et réalité historique, on déambule dans un Louvre nocturne, on plonge dans la sueur des joies populaires de l’époque, on trésaille dans l’horreur des combats de la première guerre mondiale et on frissonne du nez et du corps à La Santé d’hier et d’aujourd’hui. Ce livre magnifique est un vrai voyage sensoriel à ne pas manquer !
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APO

J'ai acheté ce livre à cause de la couverture très originale. Et puis, Apollinaire en prison, cela n'était pas banal.

Je n'étais pas au bout de mes surprises. On est loin de l'image d'Epinal du poète. Dans cette histoire à moitié inventée, mais avec quel lyrisme, quelle imagination et surtout quel humour, l'auteur nous fait revivre les heures les plus folles du début du 20e siècle juste avant les heures sombres de la première guerre mondiale. On rit, on pleure, on s'attache à tous les personnages secondaires qui jalonnent le roman, autant qu'au personnage principal qui en devient familier, descendu de son piédestal de poète consacré, détrôné par la plume magique et impertinente de Franck Balandier. J'ai passé un très bon moment.
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Le Paris d'Apollinaire

Les éditions Alexandrines, c’est un format 105*152 au service d’un beau projet, faire découvrir le Paris des écrivains. Une collection que j’affectionne et que je suis.

Mais là, cerise sur le gâteau si je puis dire, c’est Franck Balandier, écrivain protéiforme qui nous entraîne dans les pas du poète.

Lui-même poète, et ses romans sont emplis de poésie qui colore ses sujets toujours avec bonheur, il est bien placé pour nous dire qui est Apollinaire avec toute l’admiration qu’il lui voue mais sans concession, un vrai portrait pas une hagiographie.

La vie de bohème, est peut-être ce qu’il faut à un homme qui veut devenir poète pour se débarrasser des semelles de plomb de son enfance pour chausser celle de vent, qui siéent mieux au poète.

« Dans son voisinage immédiat, un ancien relais de poste est transformé en café et prend le nom de Closerie des Lilas. Il est aussitôt fréquenté par toute l’intelligentsia parisienne, et même de beaucoup plus loin. A l’instar des soirées organisées au Soleil d’or, le poète Paul Fort y tient des « causeries » prisées par les intellectuels les plus snob de la capitale, mais aussi d’authentiques poètes crève-la-faim. Entre les deux, on croise Apollinaire, Salmon, Picasso, Gide, Eluard, et quelques trublions. »

Cette bohème est truffée de mille anecdotes qui disent la vie, celle qui fourmille dans les veines. Elle dit aussi l’amitié, les amours, les espoirs et les désespoirs.

Le lecteur imagine l’amour d’Apollinaire pour de ce Paris.

C’est aussi une découverte de mille facettes peu connues et une furieuse envie de relire ses poèmes, car il n’y a pas que « Le pont Mirabeau ».

Je suis toujours admirative de ces formats qui tracent de beaux portraits et qui imposent de dire le maximum en un minimum.

J’imagine le travail de composition qu’il a fallu à Franck Balandier pour être fidèle à sa plume, et à satisfaire à ces exigences.

Le pari est totalement réussi. Bravo.

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 14 octobre 2018.

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Le silence des rails

Le lecteur est dans un premier temps cueilli à froid par la sécheresse de l'écriture. Les phrases courtes, elliptiques, donnent au texte un caractère abrupt, qui écorche...



Il comprend tout de suite que "Le silence des rails" ne livrera pas de longues descriptions des faits. Non, "Le silence des rails" est un texte taillé au cordeau, constitués de mots que l'auteur nous jette à la figure, avec l'intention consciente de frapper l'esprit.



On apprend en quelques lignes la naissance du narrateur sur le quai d'une gare, son abandon, aussitôt, par sa mère, au milieu de la liesse suscitée par le retour des soldats du front. Puis c'est l'orphelinat, et les premiers attouchements avec des hommes, et enfin la liberté, à dix-huit ans, et la révélation de ce qu'il nomme son "inversion" (comprenez son homosexualité) lorsqu'il rencontre le beau et viril Jules.



Voilà, pourrait-on dire, pour l'introduction. Car l'essentiel est après, et l'auteur s'y attardera davantage. Sa plume aussi, d'ailleurs. Elle conservera dans l'ensemble sa concision tranchante, ses mots qui percutent, mais se fera en même temps plus poignante, plus lyrique, empreinte d'amertume, puis d'une détresse de plus en plus forte, qui confine à la démence.



Étienne, parce qu'il est homosexuel, est déporté dans un camp en Alsace, le Struthof, où ceux de son espèce sont surnommés "les culs roses". Il ramasse les déjections et déblaie la neige, sous la garde d'Ernst, plutôt complaisante, trop sans doute, puisque Ernst n'y survivra pas. Au Struthof, Étienne découvre vite que l'on vous fusille pour un rien. Il apprend à faire profil bas, à ravaler sa révolte, à occulter la signification de la fumée nauséabonde qui sort des cheminées, à survivre au froid et à la faim, aux humiliations...



Si Franck Balandier choisit, pour nous faire part de cette portion d'histoire, d'utiliser la fiction, il étaie son récit de détails issus de témoignages bien réels, qui rendent significative l'horreur vécue par les prisonniers du Struthof. Par la voix de son narrateur, il rapporte notamment les nuits au cours desquelles on entend quasiment tout le dortoir claquer des dents, car, tenaillés par la faim, les prisonniers rêvent de nourriture, ou l'indécence macabre de ce commandant qui utilise les cendres des morts pour fertiliser son potager.



L'écriture de l'auteur, puissante, bouillonnante, rend son héros palpable. Franck Balandier met son imagination d'écrivain au service d'une réalité indicible, et parvient ainsi à toucher le lecteur, en dénonçant l'intolérance et la barbarie des hommes avec autant de force que s'il nous avait livré une réalité brute. C'est d'ailleurs grâce à ses facultés imaginatives que son héros survit, en transcendant l'horreur par la poésie et la dérision, se détachant ainsi de l'état d'animal auquel ses geôliers voudraient le ravaler.



"Le silence des rails" est un texte à la fois beau et violent, court mais intense.
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Le Paris d'Apollinaire

Quand on aime à la fois Paris et Guillaume Apollinaire, ce livre est un must ! Il nous fait redécouvrir l'un et l'autre au gré des rencontres et des péripéties du célèbre poète.

Le livre raconte la vie du poète dans la capitale, de son arrivée en 1899 à sa mort en 1918. En 7 chapitres, l'auteur revient sur les 7 périodes de la vie d'Apollinaire illustrés par des extraits de ses poèmes.

J'ai beaucoup aimé ce livre, et je le conseille aux fans du célèbre poète.
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L'heure tiède

L’artiste à plus d’une corde à son arc…

Je vous remercie pour cet envoi, chroniquer des textes c’est passer des mots pour faire découvrir des romans de toutes les couleurs et des essais. Oui mais la poésie c’est particulier, tellement intime, l’auteur se livre et Franck y est tour à tour lumineux et sombre, intense et léger, qualités que l’on retrouve dans ses romans.

Mais chroniquer des poèmes c’est se dévoiler, se mettre à nue, alors j’ai choisi de noter un seul vers de chaque poésie, celui qui restait en mémoire, au bout, au bord et voici ce que cela donne, je me sens toute nue car finalement c’est une dédicace à celui qui me manque.

Finalement Franck dois-je te remercier ?

« De nos rêves à bout de souffle

Il nous faut inventer la beauté

En fraude

Rescapée

Ma voix tu l’entends

Je me fiche des regrets

L’espace d’un sanglot

Un tour de manège

Des secrets sans escorte

Pas le temps

On ne sait plus le temps

J’attends la vague

D’un sauveur

Un mouchoir à la main

Le souffle

Ses moues de comptoir

Cette posture

A un jet de pierre de la mort

Pauvre misère

L’impossibilité d’un quelconque horizon

Dans vos sommeils de cathédrales

Les belles espérances

En devanture

Le sang des blessures

Bouche bée

Je n’ai plus l’âge de mes rêves

Et tout ce qui s’ensuit

Mon amour

Je ne sais plus les mots

J’appelle le chant de nos nuits passées

Quelque chose de toi qui ne veut pas finir

Je t’aime tout court

Cette vague qui bouge et nous éparpille »



©Chantal Lafon-Litteratum Amor 8 mars 2019.



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Le corps parfait des araignées

L'été 2003 est resté dans les mémoires comme l'été de la canicule. Les pouvoirs publics ont mis longtemps à le comprendre, les familles aussi sans doute, et les personnes âgées sont tombées, touchées par la déshydratation, et certainement aussi par la solitude extrême. On se souvient aussi qu'il a fallu louer les entrepôts frigorifiques de Rungis pour entreposer les corps…

Dans « le corps parfait des araignées », Franck Balandier nous fait vivre au contact de ses deux personnages, lui, elle, face à face, de chaque côté de la rue, chacun ressent apparemment quelque chose pour l'autre, mais attend pour se déclarer, pour faire un pas…

De ces deux vies, de ces morts qui partent dans l'indifférence générale, l'auteur écrit un étrange roman qui met les choses à leur place, celle du temps qui passe et de l'idée que l'on a de la vie et de la mort ….


Lien : https://domiclire.wordpress...
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