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Critiques de Franck Ferric (136)
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Le chant mortel du soleil

Un peuple guerrier dont l’objectif est de parvenir à la Toute Fin, là où tous les dieux seront exterminés…



Je tiens à remercier les éditions Albin Michel Imaginaire pour l’envoi de ce roman. Cette publication d’un auteur français donne fortement envie. La quatrième de couverture ouvre un univers où presque tous les dieux ont été décimés, mais il n’en demeure qu’un dernier, un ultime survivant que le Grand Qsar va devoir combattre. Le mystère plane, surtout lorsque Kosum fait son entrée en scène, simple esclave qui ne connaît encore rien de ce qui l’attend…
Lien : https://www.acaniel.fr/le-ch..
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Le chant mortel du soleil

A la fois mieux que ce à quoi je m'attendais, tout en étant décevant.





Mieux que ce à quoi je m'attendais, parce que rapidement, j'ai eu peur de l'écriture. J'avoue, j'achète la Fantasy francophone sans trop regarder plus en avant que la quatrième de couverture ; sinon, je crois que je n'en achèterais jamais. Je veux vraiment laisser leur chance à nos auteurs francophones. Donc quand j'ai ouvert le chant mortel du soleil, et que j'ai trouvé un style à la limite du pompeux, j'ai eu peur que ce ne soit encore un livre que j'abandonne au bout de 50 pages.



Voilà ce que donnent les premières lignes :



"Nud retroussa les manches de sa souquenille de toile couleur pisse et sangla le ventre de la jument agitée.

Morve au groin, sa langue étalée sur sa lippe, la jeune esclave tendait les bras et s'efforçait de demeurer le plus à l'écart possible des flancs du cheval".



Euh, souquenille ? Lippe ? Qui utilise ces mots, à par pour une mauvaise traduction médiéviste de GRRM ?



Mais, alors que vraiment je suis difficile sur le style, j'ai réussi à m'habituer, voire même à finir par apprécier. Bien que l'écriture soit différente des textes anglosaxons, avec notamment des dialogues qui sont des échanges de longs monologues, finalement, et étrangement, ça fonctionne, car ce n'est pas au détriment de l'histoire. Ok, les mecs s'échangent de longs pavés, mais finalement, il se passe quelque chose dans ces pavés, ça avance le conflit. Ce n'est pas juste l'auteur qui se fait kiffer.



Et même, cela sert la création d'un monde détaillé, peut-être pas à la hauteur d'un Tolkien, mais qui a une originalité suffisante pour se démarquer. J'ai assez apprécié les personnages principaux, qui ont chacun une voix différente et interagissent de manière cohérente.



Aussi, j'ai trouvé l'histoire intéressante. En gros, trois grandes questions narratives se posent rapidement : les montagnards vont-ils tuer le dernier Dieu ? Que trouveront les cavaliers à la fin de leur quête ? Et que veux réellement le sorcier ?



Ces trois intrigues ont apporté une tension suffisante pour me faire avancer rapidement dans ma lecture, et me donner envie de savoir la suite.



Par contre, ma déception vient de la manière dont Franck Ferric a clôturé ces intrigues. Ce n'est pas que je n'aime pas la réponse apportée, c'est que, pour moi, deux d'entre elles n'ont pas vraiment de réponse. En gros, sans spoiler, l'une se termine classiquement, on a notre réponse complète, avec ses conséquences. Rien à dire là dessus. Une autre voit une espèce de réponse apportée, mais vraiment décevante quant à ce à quoi je m'attendais, et manquant à mon goût de logique. Et la dernière euh.... j'ai rien compris.



Tout cela faisant que malgré une bonne surprise initiale, j'ai tourné la dernière page avec un certain sentiment d'insatisfaction. Que n'auront peut-être pas les lecteurs sachant se contenter de ce que donne un livre, et appréciant en elle-même l'immersion dans un autre monde. C'est juste que je suis difficile, et qu'il me faut plus.
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Trois Oboles pour Charon

Les premières traces qui attestent de légendes concernant le personnage de Sisyphe datent de l'Antiquité grecque. Bien plus tard, Camus s'en est inspiré pour écrire son mythe de Sisyphe. L'une d'elles présente Sisyphe comme un soleil qui s'élèverait chaque jour avant de replonger chaque soir dans l'horizon, comme un cycle d'éternel recommencement. D'autres se le figurent comme une personnification des marées ou des vagues qui montent et redescendent inlassablement. Dans les deux cas, on sent le tourment du personnage (qualifié par Camus d' « héros absurde ») : l'homme ne peut échapper à une mort fatidique et son désespoir est vain ; il est condamné à ne jamais terminer ce qu'il recommence sans cesse.



Toujours est-il que c'est sur cette légende que l'auteur a bâti l'intrigue de son roman. A travers plusieurs grandes périodes de l'Histoire, un homme se voit contraint de rescusiter après chacune de ses morts, en se remémorant peu à peu sa vie antérieure, un peu plus à chaque éveil. Charon lui refuse le passage vers le repos éternel faute de présenter trois oboles pour la traversée. Rarement une idée de départ m'aura autant intriguée à elle-seule. Malheuresement, la figure de Sisyphe en quête permanente de son identité n'est pas parvenue à retenir mon intérêt. Cet homme égaré, cherchant aussi bien son passé que son chemin, dans une atmosphère emprunte du spectre de la mort m'a paru tellement confus et déroutant que je n'ai pas su quoi en faire. Je suis restée extérieure à l'intrigue pendant une bonne partie du roman, lisant pour lire, avançant pour terminer, comme le personnage cherche à mettre un terme à sa propre histoire.





Pourtant, les premières pages avaient fait écho à ma lecture de La route de Cormac Mac Carthy. L'ambiance et les thèmes m'ont semblé assez similaires: la mort omniprésente, la perte d'identité, le voyage interminable,... Il y avait un grand potentiel mais certainement que l'intrigue était trop diffuse pour moi. C'est dommage, ça partait bien.
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Les Héritiers d'Homère

J'aime vraiment les anthologies que propose Nathalie Dau et celle-ci n'y échappe pas, qui regroupe 18 plumes pour revisiter la mythologie grecque, et quelles plumes et quels mythes !!! J'ai aimé à leur lecture, me souvenir des cours d'histoire de 6è, repris en français en 4è avec l'étude des pièces du répertoire classique.



S'il m'est bien difficile de classer les 18 textes, tant ils ont tous leur charme et leurs qualités, je dirais tout de même que :



*La mort d'Héraclès de Claire Jacquet écrite sous forme d'un drame en 5 actes m'a absolument bluffée, tant par la forme que par le culot qu'a eu l'auteur de mélanger allègrement "le choryphée" et Nessus en bonimenteur ou "chlamyde" et "enzymes gloutons". Je dis chapeau bas !



*Aube d'Eliane Aberdam est une nouvelle touchante, puissante qui m'a laissée mélancolique, en suspens dans l'aube naissante, le refrain de Stand by me en tête.



*Le chêne et le tilleul de Charlotte Bousquet est une réécriture classique, mais infiniment plaisante de l'amour éternel de Philémon et Baucis que j'ai aimée.



Ensuite le recueil atteint à mon sens des sommets avec les cinq nouvelles suivantes, que ce soit par le choix des mythes, la transposition faite à l'époque contemporaine pour certaines ou simplement la belle écriture : L'hospitalier de Yan Marchand - La descente aux Enfers d'Orphée et Eurydice d'Anthony Boulanger - Pierce's track : the maid and the highway de Nicholas Eustache (ma préférée ?) - Les 7 derniers païens de Romain Lucazeau et Sémélé de Philippe Guillaut.



Cela dit, en écrivant ces mots, j'aurais aussi envie de parler de Nyctalê de Samothrace de Fabrice Chotin ou de La caverne des centaures mâles de Marie-Catherine Daniel...



Vous l'aurez compris devant ma difficulté à en parler succintement, cette anthologie, qui est complétée d'un petit glossaire mythologique, est une vraie réussite et je vous engage vivement à en déguster chaque page !
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Les tangences divines

En Résumé : J'ai passé un sympathique moment avec ce roman qui nous offre une histoire qui ne manque pas d'originalité, d'imagination et de charme qui nous plonge dans des anciens dieux en fin de vie qui lutte pour essayer de survivre face à un monde qui change et évolue. Mais voilà autant l'auteur sait nous offrir des descriptions passionnantes et poétiques autant des fois elles paraissent un peu inutiles et lourdes, de plus l'auteur nous offre une conclusion vraiment abrupte ce qui est dommage. Concernant les personnages j'ai eu du mal à m'attacher à Théodule, surtout au début, l'auteur cherchant à nous présenter un héros normal mais qui se révèle un peu trop fataliste, subissant trop les évènements sans jamais remettre en cause ou se plaindre. Par contres les autres personnages offrent un panel de personnalités intéressantes. Le style de l'auteur est intéressant et possède une certaine poésie et comme d'habitude avec l'auteur le chemin compte plus que la finalité, mais dommage finalement que ce chemin soit parfois laborieux et que la fin soit trop abrupte. Une lecture agréable.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Dernière semaine d'un Reptile

Dernière semaine d'un Reptile, ou le livre qui me réconcilie avec (malheureusement) feues les éditions du Riez, après l'immense flop des Runes de Feu de Cyril Carau où le travail du texte était complètement absent.



Ici, l'on a affaire à un travail soigné, à l'intérieur comme à l'extérieur du livre. La couverture est sublime et le format poche, légèrement différent des standards habituels, est très agréable. De plus, ce qui s'avère être un recueil de nouvelles les lie toutes entre elles par une neuvième aux fragments intercalés entre chacune.

S'il serait fastidieux de les passer une par une ici, elles s'avèrent toutes d'un bon niveau, sans vrai coup de cœur mais sans une seule fausse note non plus, mes préférences allant tout de même vers "Eux plutôt que moi", peut-être la plus percutante et forte émotionnellement, et "Has-been blues" très réussie également.

En tout cas, Franck Ferric se montre clairement à l'aise dans tous les genres proposés. Les nouvelles ne sont peut-être pas assez intégrées de manière organique à mon goût par rapport à l'histoire de Julius, mais le tout est toujours bien pensé et réussi, avec des nouvelles de qualité.

Qualité également due à la plume de l'auteur, à son sens de la formule, du mot juste, traversé de belles fulgurances dans un style a priori simple mais extrêmement immersif à chaque fois, c'est soigné et travaillé tout en restant fluide, de quoi rassurer sur les écrits de l'auteur dont j'ai encore deux romans à lire.



Autant dire que La Loi du Désert et Retour à Silence ne traîneront pas longtemps dans ma PAL, j'ai extrêmement hâte de plonger dans ce nouvel univers !
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Les tangences divines

J'ai lu ce livre il y a plusieurs mois et mon sentiment est toujours très étrange, je ne sais toujours pas si j'ai aimé ou pas et je crois que c'est la première fois qu'un roman me fait cet effet là. J'ai mis très longtemps à me décider pour commencer la lecture de ce roman. Lors de mon achat, j'étais très enthousiaste mais quand je l'ai reçu, j'ai eu comme un sentiment étrange et je l'ai laissé de côté, merci le challenge ABC qui m'a permis de le sortir de ma PAL!



L'histoire et le thème sont très intéressants. L'auteur mêle les mythologies à notre monde moderne, il fait se côtoyer les dieux "classiques" avec les nouveaux dieux comme celui de l'argent ou de la publicité. Ils partagent le même monde mais ont chacun leur espace vital qui ne doit pas empiéter sur les autres pour ne pas faire disparaître certains dieux. Malheureusement, c'est la foi des humains qui permet à ces espaces d'évoluer et lorsque les humains cessent de croire en un dieu, ce dernier disparaît peu à peu...

Théodule est un égoutier qui ne demande rien à personne. Il a une vie tranquille, et bien qu'en froid avec sa femme, il ne se plaint pas. Mais voilà que du jour au lendemain, il se voit confier une mission par deux dieux, qui au final se servent plus de lui qu'autre chose...



Le style est très bon, Franck Ferric a un plume qui vous happe et on tourne les pages à une vitesse folle. Ses idées sont originales et j'ai vraiment aimé l'univers qu'il a créé dans ce roman ainsi que son ambiance. Cette ambiance, je ne sais pas trop comment la décrire justement, on voyage dans les enfers, on côtoie les plus grandes divinités et la minute d'après, on est dans Paris, dans un hôtel miteux. J'ai presque eu l'impression d'être dans un de ces films indépendants qui n'ont parfois ni queue ni tête...

L'univers est dense et m'a vraiment passionné. Comme je l'ai déjà dit dans d'autres critiques, les religions me fascinent et les divinités me passionnent. J'ai apprécié les idées de l'auteur qui crée des liens entre chaque dieu, qui ne les différencie pas par religion et les regroupe dans un même monde. J'ai également apprécié cette idée que les Hommes créent de nouveaux dieux en vénérant de nouvelles choses, comme par exemple dit plus haut, le dieu de l'argent...Vraiment, cet univers est passionnant et c'est vraiment le point fort de ce roman.

Mais je crois que ce qui m'a finalement gênée durant cette lecture, c'est que je n'en ai pas vraiment compris le but, la quête, vu qu'au final, Théo fuit mais fini tout de même par trouver ce qu'il cherchait. On ne sait pas vraiment ce que deviennent Orcus et Silène, j'avoue que le "combat final" est plutôt fouillis et j'ai eu du mal à comprendre son dénouement...Est-ce une critique de notre société qui vénère des choses futiles et délaisse les anciennes croyances? Est-ce autre chose ? Je ne sais pas trop et c'est ce qui me dérange un peu dans ce roman, ne pas comprendre.



Mes souvenirs commencent à être un peu flous mais je sais que j'ai apprécié les personnages. Théo est un type gentil mais qu'il ne faut pas pousser trop loin, il a d'énormes ressources insoupçonnées et se révèle être plus qu'un simple mortel. Orcus semble sympa au départ mais cache bien son jeu...Je crois que niveau humour, j'ai préféré Silène, ce dieu alcoolique qui ne peut rien faire tant qu'il n'a pas bu une bouteille d'alcool minimum et qui crée les pires situations.



Pour faire bref, c'est un roman vraiment intéressant à découvrir avec un style agréable et des idées originales mais qui laisse un sentiment étrange, un goût d'inachevé...Je me suis procurée dernièrement le recueil de nouvelles Dernière semaine d'un reptile et j'ai hâte de retrouver la plume et l'univers de cet auteur fascinant.



Challenge ABC 2016/2017

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Trois Oboles pour Charon

Dans trois Oboles pour Charon, Franck Ferric reprend le thème de Sisyphe. D'après ce que nous disait Homère, Sisyphe avait été condamné par les dieux à faire rouler un rocher jusqu'en haut d'une montagne et inévitablement, celui-ci en redescendait la pente avant même d'atteindre le sommet. Comme Sisyphe, le héros de Franck Ferric a défié les dieux, ils les a même dupés, échappant à la mort et aux Enfers, et de ce fait est devenu presque leur égal. Cela, les dieux ne peuvent pas le pardonner. Il est condamné à renaître éternellement dans le monde des vivants et toujours au milieu d'un combat. Quelquefois juste un instant, le temps de se faire piétiner par des chevaux, ou blesser mortellement. En effet il lui est impossible de payer les trois oboles que lui demande Charon le gardien des Enfers pour traverser le Styx et ainsi connaître la paix des morts. Entre chacune de ses vies terrestres il se retrouve confronté à ce dilemme et en définitive doit boire l'eau du Léthé qui lui fait tout oublier. Tout, même son nom. Ses seuls repaires sont les tatouages, mutilations et cicatrices qui marquent son corps. A force de questionner Charon il arrivera à en apprendre plus sur lui-même, à commencer par son nom. Celui qu'on appellaitjusqu'alors l'Ours d'Homme ou l'Homme-dans-l'Arbre, pourra enfin dire : Mon nom est Sisyphe.



Dès les premières pages j'ai été saisie par la beauté de l'écriture : riche tant par le vocabulaire que par le style tout en restant fluide. La plume de l'auteur magnifie un récit très documenté sur le plan mythologique et historique. Les descriptions des scènes de batailles sont époustouflantes. Le rythme est soutenu, haletant, ne laissant aucun répit au lecteur pendant les résurrections du héros, il le laisse un peu souffler lors de ses rencontres avec le passeur Charon le deuxième personnage principal du récit. Les dialogues sont percutants, parfois même savoureux de par le vocabulaire employé. La description des personnages est particulièrement bien soignée ainsi que les ambiances. On pourrait presque se croire au milieu de ces combats, entendre le bruit des armes, le cris des hommes, sentir l'odeur de la terre retournée par les sabots des chevaux et celle du sang et des tripes des blessés et des morts.



Certains lecteurs ont pu être lassés par le côté répétitif des résurrections du héros, chacune de ses vies alternant avec une visite au passeur sur les bords du Styx. J'ai trouvé au contraire que cela renforçait bien l'idée que la malédiction était éternelle et que Sisyphe ne pourrait pas y échapper. De même en suivant Sisyphe à travers des siècles d'Histoire nous ne pouvons que constater que l'homme refait toujours les mêmes erreurs, et le résultat est toujours le même....



"Assis dans la vase du Léthé, Charon avait parlé : mon supplice était d'endurer le rabâchage de l'univers à l'échelle de cette humanité au-dessus de laquelle j'avais autrefois essayé de m'élever. Et ce vers quoi revenait toujours l'humanité, c'était la guerre. Ce qui, à mon jugement me semble être la plus évidente manifestation de la vivacité de l'espèce humaine, ainsi que sa principale motivation à perdurer toujours et encore, c'est le conflit qui oppose et contraint à surmonter l'autre - et soi-même - pour tout, pour rien."



Cette lecture a été pour moi plus qu'un coup de coeur : une véritable claque.
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Les tangences divines

Introduire la mythologie dans le monde moderne ? Cela peut sembler surprenant aux premiers abords mais la fantasy urbaine a gagné ses lettres de noblesse depuis quelques années et elle a surtout gagné mon cœur. L’idée de mêler des époques, des religions m’a tout de suite plu et c’est donc avec un réel plaisir que j’ai pu ouvrir Tangences Divines.



Théodule Emporos. N’ayant jamais fait de grec, je hausse les épaules en me disant « soit ». Ce personnage qui se révèle être un véritable héros remplit tous les critères nécessaires pour obtenir mon respect, mon amour et ma passion. Il est apathique, cynique, froid, distant, perdu dans une vie qu’il ne s’était jamais imaginé vivre, marié à une femme qu’il ne reconnait plus, as-social. Connaissant les égouts comme sa poche, il les arpente pour réparer ce que les gens du haut détruisent sans vraiment le savoir. Sur ce point, je tiens à souligner les connaissances expertes de l’auteur. J’imagine que Frank Ferric a dû faire de nombreuses recherches sur les souterrains de Paris afin de connaitre le vocabulaire adéquat mais surtout afin de décrire ce qu’il s’y cache.

Nous entrons donc dans la vie de ce banal égoutier Parisien. Une vie routinière. Rien ne sort de l’ordinaire hormis cette rencontre avec ce vieillard alcoolique répondant au doux prénom de Silène. Une rencontre pas si fortuite que ça qui le mènera tout droit dans une aventure digne des épopées antiques.



Cette épopée est simple. Du moins, en principe. Il faut dire que Théodule doit retrouver un Dieu supposé Mort. Des dieux ? Difficile d’admettre pour un Athée ou Agnostique que Dieu existe, que des Dieux existent. Imaginez-vous deux secondes à la place de ce cher Théodule ? Est-ce que vous y auriez cru ? Sa vie morose l’a poussé à y croire, à vouloir y croire. Après tout, il n’avait rien à perdre ; à part du temps. Nous suivons donc les pas de Théodule, découvrant la mythologie antique et moderne. Aux côtés de Pan, nous découvrons de nouveaux Dieux comme Publicité (anciennement Echo) ou encore Dollar (un Dieu quasiment invincible digne de notre société capitaliste). J’ai trouvé vraiment amusant – voire ironique – d’ajouter de tels Dieux à ce roman. Après tout, il est vrai que désormais peu de personnes se disent croyantes. Les mortels perdent la Foi ou du moins, ils n’ont plus foi en Dieu. Ils s’en sont crée d’autres : comme l’argent, Dollar. Tout passe par l’argent désormais. Triste portrait de nos sociétés modernes …



Comme si cela ne suffisait pas, il faut que l’auteur nous aide à prendre conscience que la vie des mortels n’a aucun sens. « La poussière seule résume l’homme ». Joli portrait de nos existences. Nous ne sommes que les pantins des Dieux ? Cela me rappelle quelques nouvelles que j’ai pu lire il y a quelques années, quelques films également (Constantine par exemple) au cours desquels nous voyons Dieu et Lucifer se battre pour les âmes des mortels : savoir qui aura le plus « d’influence » sur l’homme. En résumé, nous ne sommes que les misérables moutons des Divinités.

Mais rassurez-vous, les Divinités aussi rencontrent un tas de problèmes. Elles risquent de s’endormir si on ne croit plus en elles. Elles risquent de disparaitre et se battent à travers les différents lieux qui leur sont accessibles dont les fameuses Tangences Divines (concept que j’ai particulièrement apprécié et qui m’a semblé … logique ?!).



En résumé, j’ai beaucoup apprécié ce roman. Je pense que la plume de l’auteur m’a beaucoup aidé sur ce point. Les descriptions sont la plupart sublimes grâce aux vocabulaires, aux lexiques, à la syntaxe. Il y a une certaine fluidité dans la plume de l’auteur qui permet de tourner les pages sans vraiment se fatiguer… Nous suivons réellement les pas de Théodule comme si nous vivions nous même l’aventure. Inventif, ce roman m’a fait découvrir une fantasy urbaine parisienne que je ne connaissais pas : le Panthéon Parisien qui devient un champ de bataille, de nouveaux dieux jusque là méconnus, une humanité poignante qui ne sombre (heureusement) pas dans le mélodrame. Et, surtout, une fin qui n’est pas attendue. Une fin qui me surprend, qui est libre d’interprétation. Une fin poétique qui m’a laissé une lueur d’espoir : suis-je utopiste ? …



Je remercie par conséquent Accros et Mordus de m’avoir fait découvrir ce roman mais également les Editions du Riez qui m’ont permise de parcourir avec gourmandise ce roman que je conseille à tous les curieux et aux amoureux de la Mythologie.




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La loi du désert

En Résumé : Voilà un livre qui m'a offert un excellent moment de lecture, nous offrant surtout un magnifique voyage dans ce désert énigmatique à la fois accueillant mais aussi mortel. Les personnages sont proches de nous, complexes et complètement attachants, la richesse de l'univers rend ce monde crédible malgré le fait que l'auteur ne nous dévoile pas tout et le tout est porté par une plume vraiment prenante, visuelle et immersive. Mais voilà le fait que l'auteur ne dévoile pas tout, laissant l'imagination travaillée, fait que par moment on peut se sentir frustré.



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Trois Oboles pour Charon

Le colosse se réveille en plein milieu d'un champ de bataille et tout n'est que mort est désolation autour de lui. Il cherche à comprendre ce qu'il fait là, mais très vite doit fuir pour espérer survivre… Son destin finira pourtant par le rattraper il s'écroule après avoir durement combattu pour sa vie. Arrivé aux Enfers, le passeur refuse de le laisser entrer et le renvoi dans le monde des vivants pour un nouveau cycle de violence…



Cette histoire est celle d'un homme condamné à la damnation pour avoir commis les crimes les plus atroces. Il ne peut trouver le repos éternel et est bloquer dans un cycle de mort et de renaissance lui faisant toujours vivre des expériences violentes et traumatisantes. Il traversera ainsi les âges du Monde en en apercevant que le côté le plus sombre : la guerre. Si le personnage principal est clairement un anti-héros, son sort ne laissera pourtant pas insensible.



Ce roman fantastique inspiré de la mythologie grecque nous entraîne à travers les brumes sanglantes de l'Histoire. Véritable conte philosophique, il nous interroge sur la place de la guerre dans l'histoire de l'humanité, sur la destiné et sur la fatalité.
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Le chant mortel du soleil

Lu et j'en ressort avec des sentiments très mitigés.



Parlons déjà du style d'écriture, qui est un point à la fois positif et négatif pour moi.

L'auteur écrit vraiment très bien, il abuse parfois de certaines figures de style mais vraiment nous sommes dans un contexte très soutenu.

En le lisant, je me suis demandé souvent, mais combien de temps a t'il passé sur cette phrase ?!?! Certaines sont vraiment très bien écrites.

L'auteur utilise un vocabulaire médiéval poussé, c'est immergeant, mais là à tel point que j'ai du chercher dans mon dico plus d'une vingtaine de fois le sens d'un mot, ce qui est trop selon moi.

Point négatif, le style a eu 2 impacts sur ma lecture. Tout d'abord une distanciation vis à vis des personnages, lié sans doute aussi à la manière dont ils sont mis en avant (ou plutôt pas d'ailleurs). J'avais un peu l'impression de lire un livre d'histoire (ou de conte, au vu de certains chapitres) et pas de l'Héroic fantasy. Après je pense que l'auteur voulait aussi faire passer certains messages et montrer la futilité des humains face à l'Histoire.

Le style m'a aussi ralenti dans ma lecture. La construction complexe (voire alambiquée) de certaines phrases m'a obligé à relire régulièrement ce que je venais de lire, pour être sur de n'avoir rien loupé. Un peu trop souvent là aussi à mon goût.

Et puis quand même, j'ai du mal à penser que nos gros barbares, qui rejetent même l'écriture, puissent s'exprimer aussi bien dans un langage aussi soutenu.

Sur le style, personnellement, je préfère un Jaworski.



Sur l'histoire en soi, nous suivons l'Avalanche, raid mené par de costauds montagnards ayant pour but de tuer tous les dieux vivants sur Terre. Mais elle est surtout là pour nous faire découvrir un monde en déliquescence, très dur et très clivant entre les différents peuples qui le composent et enfin à réfléchir sur la religion et la place des dieux chez l'être humain.



Il y avait pour moi certaines longueurs (en particulier sur un des personnages du groupe de cavaliers), après la fin est intéressante et inattendue.

Je ne regrette quand même pas ma lecture, mais une fois le roman terminé, j'ai eu un ressenti de "tout ça pour ça ?", que j'avais eu par exemple aussi en lisant "Des milliards de tapis de cheveux", qui m'avait bien plus déçu.



Si vous aimez les textes bien écrits, dans un langage très soutenu, avec un style médiéval, et une réflexion sur certains sujets touchant à la nature de l'être humain, allez-y, vous allez vous faire plaisir.

Si vous aimez reprendre des extraits bien écrits, cherchant la belle phrase, allez y aussi, le roman n'en manque pas.

Si, en voyant la couverture (et en lisant la 4ème de couv aussi d'ailleurs), vous vous attendez à un livre d'Heroic Fantasy "classique", avec des batailles et des sièges, et des héros, et des enjeux qui dépassent les personnages (un Gemmel pour bien exagérer ;-) ), passez votre chemin, pour moi vous serez déçus...
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Le chant mortel du soleil

Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour cette découverte via Masse Critique.



A l'ouverture j'avoue avoir été un peu déçue de ne recevoir que les épreuves non corrigées, pas de belle couverture pour moi, et quelques fautes en prime. Rien de gênant.

Le début était plutôt prometteur. Différents éléments avec la guerre, l'esclavage, la remise en doute des religions, et des personnages variés et pas dénoués d'intérêts entre une esclave tout juste libérée, un tyran, un sorcier, un ancien roi et une troupe de cavaliers. Tout ça dans un univers qui avait de quoi plaire. C'était intriguant et prenant.

Et puis assez vite le soufflé est retombé. L'histoire s'est enlisée, elle se révèle au final très creuse. Un enchainement d'actions mais qui paraissent vaine. La guerre ne sert pas à grand-chose, la mission des cavaliers-flèches qui arrivent tardivement semble là uniquement pour occuper ce qui était le personnage principal, pas de réel réflexion sur les thèmes de la religion ou de l'esclavage.

La fin est carrément décevante et nous donne encore plus cette impression que tout était vain. On se demande ce qu'a voulu raconter l'auteur.

Les personnages, bien qu'intéressants avec une histoire, ne sont pas exploités. Kosum, l'ancienne esclave, se laisse bêtement entrainer dans une mission avec les cavaliers qui eux-mêmes obéissent. On n'en sait pas plus sur le sorcier. On se demande même ce qu'il vient faire là, quel est son intérêt dans cette guerre, qui est-il vraiment... Que de questions sans réponse ! Leurs passés ne sont pas du tout utilisés alors qu'il y avait de quoi. Même les interactions entre personnages sont pauvres et semblent menées nulle part.

J'ai fini par m'ennuyer et avoir du mal à terminer le livre. C'est dommage car j'étais plutôt enthousiasme au départ.
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Retour à silence

Après avoir passé un bon moment avec La Loi du Désert, c'était un plaisir de replonger dans cet univers désertique et sans pitié, de retrouver ses particularités (les blafards, les relais et grandes villes éparses, ce vocabulaire espagnol...).

Et si le précédent roman avait quelque chose de très mad maxien, ici l'ambiance tourne clairement du côté du western crépusculaire (les flingues, le désert, le cowboy solitaire jusqu'à la couverture, les blafards en guise d'indiens, et les pisteurs en chasseurs de prime).

Le récit alterne différents points de vue (bien que le premier soit le principal et majoritaire), entre un Alej au « je », ses voix intérieurs (celle de ses armes) qui lui parlent en italique, Trampero le vieux pisteur ou des habitants des bords du monde.

Dans ce monde sans pitié, Alej est attachant, creusé dans son passé et son intériorité, on l'apprécie et on s'attache à lui. Les autres personnages aussi sont bien croqués.

Parcourir le désert est toujours l'occasion d'effectuer un voyage intérieur, dans son passé. Ainsi, par flashbacks, on en apprend plus sur les personnages, on les explore, on les habite.

L'histoire est servie par un style immersif, au ton désabusé, parfois presque poétique. La poésie aride et désespérée du désert.

Les illustrations à chaque début de chapitre en noir et blanc collent parfaitement au côté post-apo. Sans être parfaitement indispensables, elles apportent un cachet supplémentaire en sachant capter les scènes essentielles et l'atmosphère globale du récit.

Si au final on a affaire à une quête classique de vengeance pour un western, jusque dans sa conclusion, elle est en revanche sublimée par une belle plume et un univers fascinant et addictif.

Il est dommage que les éditions du Riez aient fermé leurs portes tant cet univers et son auteur sont de qualité et que j'aurais aimé les retrouver encore.
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La loi du désert

La Loi du désert fut donc mon achat choisi dans la boutique des Editions du Riez. Une boutique qui est un peu l'antre du Malin, tant elle regorge de titres tous plus tentants les uns que les autres, et dont les couvertures sont absolument magnifiques.



Quelques jours plus tard, j'ai eu le plaisir de voir arriver mon petit colis, parfaitement emballé, et grouillant de petits cadeaux à l'intérieur. Pour ça, car j'ai pu constater que ce n'est pas forcément mon charme unique et légendaire qui a agi, Alexis, notre interlocuteur aux Editions du Riez, est plein d'adorables attentions, c'est un vrai bonheur. Marques-pages, ex-libris, cartes promotionnelles, et même carrément un livre en cadeau ! Il faut admettre qu'Amazon ne nous chouchoute pas comme ça ! (pour le même prix) (sérieux)



Donc bref, boutique alléchante, livraison rapide, emballage parfait, surprises dans le paquet. Moi j'dis, manquerait plus qu'on kiffe le contenu, quoi !



Eh ben OUI ! (Tu le crois, ça ?!)



La loi du désert m'a vraiment formidablement surprise ! D'abord, l'écriture de Franck Ferric est parfaite. Parfaite pour ce genre, parfaite pour nous transmettre des sensations, des émotions, des descriptions. Je n'ai même pas fait la grimace en me rendant compte que c'était écrit au présent de narration, tellement il est bien maîtrisé dès les premières lignes.



Ce roman est doté d'une couverture superbe, magnifiquement réalisée et à l'ésthétique parfaite (en tout cas pour mes goûts.) Tiens d'ailleurs, je n'ai pas pensé à préciser l'illustrateur, je vais aller vérifier ça tout de suite. Il s'agit de Bastien Lecouffe Deharme (bravo Monsieur !). Je la trouve parfaitement en adéquation avec le roman. Elle représente bien le contenu, les évènements, l'ambiance générale. Bref, je l'adore !



La loi du désert n'est pas un livre ciblé "jeunesse" (ce qui me change passablement d'un bon nombre de lectures de ces derniers mois, et ça fait du bien, il faut l'admettre). C'est un livre fantasy d'anticipation, dans un univers rude, ou la vie est dure, et la survie encore plus, et où on ressent physiquement la soif et l'épuisement des protagonistes tant tout y est parfaitement décrit. Les mots coulent tout seuls, la lecture est facile, et pourtant, le style et le rythme sont particulièrement travaillés.



Si je n'ai pas été particulièrement touchée par les deux personnages principaux, Raul et Mathian, je les trouve néanmoins "marquants". Ils ne vont pas s'évaporer de ma mémoire comme tant d'autres au bout d'une journée, car ils soint loin d'être insipides, ils sont tout bonnement très intéressants, à suivre, à apprendre à connaître, à découvrir.



Je dirais que la seule chose qui m'a empêchée d'aller jusqu'au coup de coeur, c'est le côté uniquement "road trip" ou presque. En effet, on suit les deux frères, séparément, pendant que l'un recherche l'autre, dans une épopée au coeur du désert brûlant et étouffant. Il se passe des choses au cours de ce périple, évidemment, mais l'idée générale reste tout de même la quête personnelle de quelque chose d'important, l'aventure initiatique, la découverte de choses profondes, et l'instinct de survie. C'est loin de m'avoir déplu, bien au contraire, mais il aura manqué un tout petit quelque chose, à côté, en plus, en bonus à cette histoire pour me la rendre définitivement irrésistible. Mais bon, c'est pas passé loin quand même, hé !
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Trois Oboles pour Charon

L'humain et ses luttes intrinsèques est mis en lumière au fil des temps et des pages de ce roman en la figure d'un personnage emblématique. Formant un drôle de duo avec son gardien, Charon, toute la question est de savoir qui est le tortionnaire de l'autre...



L'humanité peut-elle évoluer asses vite pour se prémunir de l'auto-destruction ?





Un roman au projet ambitieux, qui remplit son contrat avec brio mais qui ne m'a pas touchée. Malgré les thèmes majeurs abordés par ce texte ainsi que la qualité indéniable de la plume de l'auteur, je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire... Peut-être est-ce normal vu l'immensité de son personnage principal et des temps couverts au fil des pages ?
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Lancelot

La légende arthurienne me passionne. C’est donc les yeux fermés que je me suis jetée sur cette nouvelle anthologie portant sur le thème, parue cette année aux éditions ActuSF à l’occasion du festival Zone Franche. Cette fois, et comme le titre l’indique, l’anthologie se concentre sur un personnage particulier : Lancelot.



Lancelot, l’ambivalent : meilleur chevalier de la Table Ronde, beau comme un astre mais qui trahit son roi, pour l’amour d’une femme inacessible. Un paradoxe, un amour interdit, un déchirement entre la fidélité due à son seigneur et ses sentiments. Une chute, une tragédie qui ne pouvait qu’inspirer. La série télévisée Kaamelott avait d’ailleurs bien rendu, à mes yeux, cette dualité propre au personnage : parfait d’un côté mais qui, aveuglé par sa passion, fini par commettre l’irréparable, contribuant ainsi à la chute de Camelot.



Mais voyons ce que les auteurs au sommaire de cette anthologie pensent de Lancelot du Lac ! :)

Le Donjon noir de Nathalie Dau : on démarre l’ouvrage avec un texte féerique, dans tous les sens du terme. Nathalie Dau, au fil de sa plume toujours aussi envoûtante, exploite l’ascendance féerique de Lancelot, élevé par la Dame du Lac. Elle puise notamment en cette éducation particulière un motif tissé tant de magie que de drame, car c’est là que se trouvera l’origine des tourments du chevalier. Je n’en dis pas plus pour ne pas trop en dévoiler, mais ce premier texte m’a littéralement enchantée et j’ai été ravie de voir la facette féerique de certains éléments de la légende arthurienne retranscrite de façon si émouvante, si belle.



Lancelot-Dragon de Fabien Clavel : Lancelot part en quête du Graal et se retrouve perdu, confronté à d’étranges visites et visions. Un texte hypnotique, qui rend à merveille la situation de Lancelot qui tourne en rond au milieu de divers sortilèges. Un texte qui interroge, aussi, comment le meilleur des chevaliers a bien pu chuter si bas. S’il ne m’a pas marquée véritablement, je me suis laissée prendre par l’atmosphère de ce récit, comme Lancelot est pris au piège de son échec.



Le meilleur d’entre eux de Lionel Davoust : Lancelot s’en retourne dans un royaume en pleine déliquescence, rapporter à Arthur le résultat de sa quête. Une nouvelle très forte, qui prend aux tripes autant qu’elle fait réfléchir. Le sacrifice prend ici tout son sens, dans ce qu’il a de plus noble comme de plus déchirant. L’une de mes favorites du recueil !



Le voeu d’oubli d’Armand Cabasson : un mystérieux guerrier, redoutablement doué, prête son épée à divers meneurs d’homme… où l’on découvre un Lancelot amnésique, guerroyant à l’étranger. Las ! Le mythe, toujours, le rattrape. Comme toujours, Armand Cabasson sait nous emmener dans une Europe et un Moyen-Orient médiéval avec brio, tout comme il retrace le fracas des armes mieux que ne le ferait un cinéaste. S’ajoute la réflexion sur la légende, plus forte que le destin individuel, ce qui donne un texte plaisant à lire et un Lancelot qui tente désespérément de fuit sa chute, ce qui n’est pas sans rappeler un certain Oedipe…



Je crois que chevalerie y sera d’Anne Fakhouri : partis à la recherche de Lancelot, disparu, quatre chevaliers – Gauvain, Lionel, Bohort et Hector – vont durant un étrange voyage découvrir différentes images du chevalier… Un conte surprenant, envoûtant, où l’auteur se saisit de l’image archétypale liée au personnage de Lancelot pour nous offrir un joli jeu de miroirs avec ces Lancelots projetés par les perceptions qu’en a son entourage. Un texte qui m’a bien plu par son côté "conte" et par cette approche multiple.



[Lire la suite de la critique sur le blog]
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Lancelot

Lancelot est un mythe bien ancré dans les légendes d’Europe. Pourtant, je ne me suis jamais penchée sur les légendes arthuriennes. Je n’en connais que les grandes lignes et le dessin animé « Merlin l’enchanteur ». C’est dire si ma connaissance du sujet est au top…

Cette anthologie m’a permise de côtoyer ce personnage légendaire à travers différents lieux et époques. Les auteurs ont réussi le pari de conter Lancelot de neuf façons différentes tout en gardant le personnage tel qu’il est présenté à travers les légendes arthuriennes que nous connaissons. Car Lancelot a beau être ici transposé sur différents tableaux, il reste (presque) toujours physiquement ce beau blond musclé, charismatique et au langage relevé d’un autre temps. C’est peut-être cette façon commune à toutes les nouvelles de lui faire prendre la parole qui m’a le plus marquée. Finalement, personne n’a pensé à le faire parler comme vous et moi. Mais peut-être est-ce cela aussi, le mythe de Lancelot ?

Parmi ces 9 nouvelles, toutes d’un excellent niveau, ce sont les trois dernières qui m’ont le plus accroché. La plupart des textes relatent tantôt la trahison de Lancelot envers son Roi, tantôt son interminable quête (que ça soit du Graal, du pardon ou de l’oubli). Bien que différents, ces récits se ressemblent là où les trois derniers traitent le sujet d’une façon toute autre.

Franck Ferric est parvenu à narrer deux histoires en une avec « Les gens des pierres ». Lorsque Lancelot rencontre Lady of Shalott, ça donne un texte tout en poésie.

Jeanne-A Debats a utilisé son personnage vampirique Raphaël, chargé d’une étrange mission qu’il ne peut accomplir qu’avec l’aide de Lancelot. J’ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle, et le personnage Raphaël, que je compte bien croiser à nouveau dans un futur plus ou moins proche.

Quant à Karim Berrouka, que dire ? Là, c’est surtout sa plume qui m’a conquise. Il est parvenu à mélanger un langage oublié, de vielles légendes, une affaire de meurtre et …. des écureuils, tout cela à notre époque. Encore un auteur que je ne connaissais pas mais que je suivrai volontiers.

En bref, que des auteurs que je n’avais jamais lu, mais qu’il me tarde de rencontrer à nouveau. De très belles découvertes.
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Dernière semaine d'un Reptile

Dernière semaine d’un reptile… mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?! Recueil de nouvelles édité au format poche par les sympathiques Editions du Riez, ce petit livre vaut le détour. A vrai dire, si je l’ai acheté aux Imaginales 2013 (oui oui, 2013 !), c’est parce que, dernier jour de salon oblige, je n’avais plus beaucoup d’argent (en fait plus du tout !) mais je souhaitais absolument découvrir l’écriture de Franck Ferric. Ne pouvant me permettre de repartir avec La Loi du désert ou Les Tangences divines (les deux autres romans de l’auteur publiés au Riez), je me suis tournée vers ce recueil, à 8€, et je ne regrette pas !



L’illustration de couverture signée Bastien Lecouffe-Deharme (auteur et illustrateur du magnifique Memories of Retrocity) attire l’œil. Le petit format agréable à prendre en main, la souplesse de la reliure et le petit prix font le reste. Nous voilà propriétaires d’un recueil qui promet de nous surprendre !

La quatrième de couverture annonce huit petites nouvelles, j’en compterais neuf avec celle qui sert de fil conducteur et enlace toutes les autres, de la première à la toute dernière page : Julius, humain lambda un peu (beaucoup) paumé et un peu (beaucoup) désœuvré oublie son quotidien dans l’écriture qu’il pratique chaque jour de la semaine. Les huit courts textes que l’on parcoure ici sont de son fait et apportent un nouvel éclairage sur la personnalité de leur auteur. Autant le dire tout de suite, c’est quand même pas très gai voire même un peu déprimant. Mais je trouve que le héros principal est un assez bon représentant de notre société contemporaine faite de consommation de masse, de routine sans réelle signification…



Le mythe est le fil rouge du recueil. Quand je dis « mythe », c’est au sens large. Il s’agit de ces thèmes qui font partie de notre imaginaire collectif, lieu commun de nos sociétés, ces thèmes qui parlent à tous et font plus ou moins partie de notre inconscient.

Franck Ferric rassemble ici un peu de tout et traite tout ça de diverses manières. Fantastique, fantasy et science-fiction, il y en a vraiment pour tous les goûts ! C’est cette diversité qui peut être le gros point positif de ce recueil car peut toucher un panel de lecteurs assez large. Malgré les différences des textes, ne vous y trompez pas, un vrai lien courre entre chacun d’entre eux, lien matérialisé par l’histoire de Julius.



Toutes les nouvelles ne m’ont pas forcément embarquée, mais globalement, j’ai adhéré. Certaines sont plus marquantes et percutantes que d’autres, à mon avis, mais encore une fois, il y en a pour tous les goûts. Je ne vous parlerai pas des huit textes en détail mais me contenterai de citer ceux que je retiendrai, deux semaines après ma lecture.

Eux plutôt que moi. Première nouvelle du recueil. Outch. Voilà qui commence fort et qui annonce la couleur. Franck Ferric revient ici sur les camps de concentration et assaisonne le thème d’une pincée de mythologie slave. C’est court mais vraiment percutant. Pas besoin d’en écrire des tartines, le message passe et il est très fort.

Révolutions. Le lecteur est ici propulsé dans un monde futuriste, dans un vaisseau. Un groupe d’explorateurs de l’espace est envoyé en mission pour peupler une planète semblant avoir les mêmes propriétés que la Terre… mais évidemment, en huis clos, les personnalités s’affrontent, chacun voit son intérêt personnel et la tension monte alors que les toilettes ne cessent de se boucher ! Un poil d’humour accompagne le thème de la conquête spatiale qui m’a rappelé ma lecture du Papillon des étoiles de Bernard Werber (sur le même sujet, sans les problèmes de tuyauterie !).

Terminus. En mettant en scène une créature du folklore irlandais (le cluricaune), l’auteur revient sur l’exil de ce peuple aux Etats-Unis… et nous plonge directement dans le métro New-Yorkais !

Les Pas du Golem. C’est une ambiance et des images nettes qu’il me reste de la lecture de cette petite nouvelle. Le lecteur est à nouveau embarqué dans un futur plus ou moins proche. Une épidémie étrange s’est déclarée, touchant la grande majorité de la population et faisant des dégâts assez… dégueu ! Quand j’y repense, j’ai cette sensation de moiteur et de puanteur associées à une pluie diluvienne. Beurk mais efficace !



Quatre nouvelles très différentes, comme vous pouvez le constater. Les quatre autres ne le sont pas moins et ne sont pas inintéressantes, les thèmes et leur traitement m’ont simplement moins marquée mais vous apprécierez certainement de retrouver un vampire SDF, une ambiance western avec les indiens d’Amérique ou encore le côté conte de fées d’une forêt et de son vieillard chasseur de dragons…



La descente dans la folie de ce Julius s’accélère au fil des jours, entre chaque histoire et cette neuvième nouvelle m’a plu. La conclusion, à travers le texte baptisé La Bouteille, le barbu et le sens du monde, n’est pas très claire et reste ouverte mais pour une fois, ça ne m’a pas gênée.



Je pense que je suis passée à côté de pas mal de références mais, en ayant capté un bon paquet (comme quoi, les mythes font vraiment partie de notre inconscient et un simple mot nous ouvre tout un tas d’informations et d’images stockées dans un coin de notre tête), j’ai vraiment apprécié. On sent que Franck Ferric a lui aussi emmagasiné tout un tas de choses et nous les restitue à sa façon, un peu sombre certes, mais vraiment intéressante et enrichissante.



La plume légèrement incisive et qui n’épargne pas grand-chose m’a séduite. Difficile de dire beaucoup en peu de mots mais l’auteur maîtrise l’exercice. Je suis maintenant très curieuse de le découvrir dans un format plus long, avec l’un de ses romans. Un auteur français à découvrir et à suivre, je pense !
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Le chant mortel du soleil

Nous sommes l'avalanche.



Un géant descendu de ses montagnes, apportant l'avalanche venue éteindre la flamme du tout dernier dieu.

Une esclave sans mémoire, propulsée parmi les cavaliers-flèches pour retrouver à l'autre bout du monde le berceau des dieux.

La poursuite d'une Toute Fin pour l'un, la Quête d'un Tout début pour l'autre.



Et une fantasy poisseuse, âpre, et crépusculaire pour nous, dans cette ambiance de fin d'un monde, laissant un goût de pierre et de cendre en bouche.

C'est une fantasy des steppes, grêlée de montagnes et trouée de plaines, parcourue de vents et enlisée de boue, à l'inspiration mongole avec un goût de Conan en fin de palais. Des barbares et du sang, des chevaux qui fendent l'air et d'obscurs sorciers craints.

Mi-roman initiatique, mi-dark fantasy sur fond de choc des civilisations et de guerre idéologique. Entre épique et quête spirituelle, presque existentielle.

Deux trames narratives qui s'entrecroisent et se séparent, mais forment un tout cohérent où chaque partie s'entremêle, se complète, apporte des informations sur l'autre côté de façon intelligente.



Le style est ciselé, évocateur et visuel. Inventif et exigeant aussi, avec et argot et ces néologismes faisant penser à du Jaworski.

Bien qu'on puisse noter un manque d'empathie et d'attachement envers eux, les personnages sont charismatiques, intrigants, nuancés, emplis de questionnements.

Des questionnement philosophiques, théologiques, qui soutiennent l'univers et les personnages, parfois de façon désabusée ou diablement ironique, introspective mais toujours traitée avec intelligence.



Je n'ai encore jamais été déçu par un Franck Ferric, et celui-ci ne fait pas exception. Quel dommage qu'il ne soit pas plus connu.



Un monde se termine. Un autre renaît.

Rien ne dure. Mais rien ne meurt vraiment non plus.
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