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Citations de François Beaune (135)


Les gens m’ignorent. Ils savent, mais ne disent rien. Je comprends bien pourquoi. Ce temps qui freine, la pulsation imposée. Le temps n’est pas venu. Ils ont reçu des consignes. Ils me laissent encore un peu tiquer. Ils font durer la chasse, ils ressassent l’événement, ils vendent leurs journaux, il faut bien que chacun en profite, tu comprends ? Il faut bien que tout le monde vive.
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Écrire est un acte de lâche, l’acte de ne pas agir, la reconnaissance de son incapacité à prendre ses responsabilités, l’aveu de cette peur panique face à la vie. La peur plus forte que le reste et l’écriture tel un bouclier de paille couvrant à peine nos cœurs.
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Je me regarde dans le miroir de cette salle de bains d’hôtel et je scrute ces traits de vieux que j’ai toujours eus. La lumière jaune fait ressortir la lâcheté de ce visage détestable. Quel est le nom du chirurgien obstétricien de la reine d’Angleterre ? Nous avons eu le même, cela semble certain. Ce visage atrophié, rafistolé au scalpel puis trempé dans le formol pour imiter l’éternité de notre espèce morte. Un visage qui ne s’use, ne se consomme, extérieur à toute expression.
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Les bébés sont des monstres prématurés dans lesquels rien ne fonctionne, des ni-faits-ni-à-faire, dont la totale absence de défense vis-à-vis de l’extérieur est effrayante. Un bébé n’a rien d’admirable, un bébé est une erreur que l’on veut bien corriger.
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La femme est un animal médiocre, que la bipédie n’a pas arrangé. La grossesse s’est allongée, à nos risques et périls, mais cela ne suffit pas, cela est trop court, vous comprenez, trop court, nous sommes tous des prématurés, prématurés de vieux, de vieilles, ou de reines d’Angleterre, peu importe.
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Nous n’étions pas intimes, mais est-il encore possible, dans cette société dépravée où tout est sexe et bêtise et argent, d’imaginer une amitié pure et désintéressée ? Je laisse le soin aux autres de colporter les rumeurs qui leur provoquent le plus de plaisir ou de sensations.
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Quand il n’y a plus victime que soi-même, on passe son temps à se défendre, à se cacher, à vivre dans les méandres des tranchées, comme les poilus de la Grande Guerre (ils disent Grande ! Grande mare de boue et de Teutons rampant sous terre !), aveugle comme une taupe et craint comme un rat.
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Il ne faut pas abuser des jeux, si innocents soient-ils, et surtout de l’ordinateur, qui ramène toutes les plaies et tous les vices du monde au foyer. Je ne dis pas qu’il faille tourner le dos au monde. Je crois qu’il est de notre devoir de vivre dans notre temps, sans pour autant renier les traditions.
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Le sort opère moins fortement si je ne suis pas physiquement présent. Car le dégoût que les gens éprouvent pour moi a quelque chose de physique, de pulsionnel, d’irréfléchi. Je ne suis pas un être pulsionnel et les gens me détestent pour cela dans leurs tripes.
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Il est des gens que l’on trouve attachants, ou touchants. Des gens qui savent séduire, autour desquels la foule fait cercle. Moi je suis le contraire. Je crois sincère de dire que je ne génère que peu de sentiments agréables à mon égard. J’ai beau tenter, le rejet est instinctif.
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Elle avait un sourire inabordable, exorbitant, que les scientifiques appellent le sourire de Duchenne. Elsa était une des rares femmes sur terre à avoir ce sourire, qui est le seul capable de traduire le vrai bonheur. Il se voit dans le regard, car en plus de remonter les commissures des lèvres, il resserre le muscle des paupières. Elle possédait ce sourire franc, idéal : un sourire d’innocence.
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Grâce à mes superpouvoirs, j’entre à nouveau dans le cerveau de ma sœur et m’installe au fond d’un œil. Soudain Emma voit la terre entière. De loin. Elle est dans l’espace inconnu. Elle regarde la Terre, éclairée. Que peut-elle faire là ? se dit-elle. […]
Elle se demande comment le tout-puissant a pu lui choisir pareil bled, sous quel prétexte il a décrété que ce serait ce chalet, pas un autre, et qu’il lui faudrait partager son espace vital avec cette famille de cons ! Elle se sent défaillir sous le poids de son sort.
Dehors la pluie, les autres chalets. La joue plaquée sur la vitre froide de l’aquarium, elle regarde dans le vide. Ou bien plutôt nulle part, vers un endroit parfaitement sans terre et sans vague. Et enfin elle s’endort.
[…]
Nous sommes encore plongés dans le noir, par ma divine volonté. Je fais le jour et la nuit. Je fais sauter les plombs du monde.
[…]
J’ai allumé mes bougies et je regarde par la fenêtre. Il fait tout à fait nuit. Les voisins eux aussi ont allumé leurs bougies. Un maigre croissant de lune. Ce nouvel éclairage me remplit de paix. La douceur, l’intimité d’une flamme près du bois. Un moment de repos, de bien-être. Emma a cessé de geindre. Les gens attendent, couchés, les yeux au plafond. Ils observent les ombres. Je me dis que je devrais faire sauter les plombs plus souvent. Et pas seulement quand je n’en peux plus de sentir le monde s’agiter autour de moi, gesticuler dans le vide, vendre, acheter, se nourrir, se loger. Tout le monde devrait avoir droit à une pause, de temps en temps. S’allonger sur son lit et regarder les ombres de la bougie.
[…]
Le jour et la nuit. La lumière électrique a faussé l’alternance. Ne plus jamais disparaître. Même endormi refléter sa propre image quelque part. Vivre sa vie d’esclave du temps omniprésent.
J’entends Emma ronger sa couette. Elle n’est pas bien. Elle pagaye elle aussi dans la sève du monde. Une mer rouge harissa.
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Maman, dit Emma, sortant de sa chambre comme une furie, en soutien-gorge et culotte, les mains chargées d’habits, je ne vais quand même pas rester nue toute ma vie ?
[…]
Il m’a fallu du temps pour comprendre. Ma sœur se sert de ses habits comme de fétiches protecteurs. A mesure qu’ils sont lavés, les vêtements perdent leur pouvoir magique. Leur aura s’use. Depuis bientôt dix jours elle ne s’est rien acheté de neuf, et elle sent sa magie faiblir. Il faut qu’elle trouve un moyen de se faire financer une nouvelle jupe au plus vite, sinon elle va se faire marabouter.
[…)
« Rester branché ». Cette expression m’a mis la puce à l’oreille. Pour ma sœur il est vital de ne pas perdre le contact avec ce que j’appellerai un système d’échanges électriques complexes qui procurent à l’individu les stimuli nécessaires à son fonctionnement social.
[…]
Note : J’espère arriver à une description plus précise de ces interactions dans les années à venir, quand mon âge me permettra de m’aventurer plus au fond de la machine à broyer les êtres que la société a mise en place. Mon peu d’expérience dans la vie implique quelques erreurs d’appréciation.
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Ma mère Marise ferme les yeux. Ses paupières parfaites portent encore d’infimes traces de maquillage. Les cils entrecroisés tels les cils d’une plante carnivore après la capture. Ses souvenirs remontent. La nuit un long souvenir pour elle. Elle s’endort car demain elle sait qu’il y a tant de choses à faire, et si peu de temps pour regarder à l’envers.
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Essais de synthèse: L'homme louche est celui qui sait arrêter son regard sur l'essentiel, qui s'intéresse plus à la merde qu'au chien.
L'homme louche est celui qui regarde de si près les publicités que la trame d'impression sur le papier s'impose à lui en deçà de l'image. Il est devant un slip Dim, mais il voit des étoiles de neige, des boules de couleur mélangées dans l'espace, des atomes en désordre.
p.276
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