Cet été, je voyage dans le temps et l'espace avec la revue DADA.
Et, dans un autre style, je m'évade grâce aux témoignages recueillis par François Beaune.
Après des Vendéens, des Libanais et deux sympathisants du FN, je rencontre cette fois avec lui plusieurs générations d'une 'banlieue ordinaire' (sic), une ZUP de Chambéry.
Souvenirs d'enfance, d'exil, bonheur et reconnaissance d'avoir pu s'installer en France pour certains, amertume au contraire pour d'autres à qui on avait tant promis. Anecdotes, bons moments partagés, solidarité, foot...
Intéressant, touchant. Mais peut-être trop de noms pour s'y retrouver ? J'ai vite abandonné l'idée de repérer les personnages, me laissant porter par leurs petites histoires, et c'est finalement suffisant pour apprécier la lecture.
Un plus par rapport aux autres ouvrages de François Beaune lus avant celui-ci : il s'agit cette fois d'un album, et les dessins de Fabrice Turrier qui illustrent des temps forts du texte, sont bienvenus et méritent qu'on s'y attarde.
Je n'ai pas encore choisi mon prochain titre de François Beaune, je fais une pause 'polars' et 'rentrée littéraire' d'auteurs que j'aime (Camille Laurens & Carole Fives).
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J'ai adoré redécouvrir 'ma' Vendée sous la plume du portraitiste François Beaune, alors je suis rapidement repartie avec lui, mais loin cette fois, et en terre inconnue : au Liban.
Lors d'un séjour de six semaines en 2016, l'auteur a posé cette même question à des hommes et des femmes, libanais ou émigrés : « Quel serait, parmi le récit de votre vie, l'histoire vraie qui vous a marqué, vous est chère ? ».
Plus de sept fois sur dix, ses interlocuteurs lui ont parlé de leur famille.
Famille ancrage, cocon, étouffante, castratrice, comme partout ailleurs, voire plus qu'ailleurs. Car il existe « un esprit de famille propre au monde méditerranéen, et sans doute à toutes les sociétés oscillant, comme c'est le cas au Liban, entre un système politique démocratique et une société fonctionnant encore selon les modes communautaire et clanique » comme le souligne l'écrivain libanais Charif Majdalani en 4e de couv.
François Beaune nous livre ici 77 témoignages - de quelques lignes à une quinzaine de pages - insolites, drôles, tragiques, émouvants.
Outre les histoires familiales, il est évidemment beaucoup question de guerre, de géopolitique, de religion(s) et de communautarisme, d'amour et de sexualité...
Je poursuis ma découverte de cet auteur génial, dans un premier temps avec 'Dans ma ZUP' (album) et 'Omar et Greg'.
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Plein de chemins mènent au FN - je parle bien du FN de JM le Pen, et pas des nouveaux partis d'extrême droite issus des idées et conquêtes du "patriarche".
On le voit à travers les parcours respectifs d'Omar et Greg, tous deux issus de milieux modestes, ayant grandi dans des quartiers mixtes, l'un surtout beur, l'autre plutôt blanc (malgré des origines tunisiennes, côté paternel).
Guère motivés par l'école, ils se sont formés plus tard, en autodidactes, et ont suivi des trajectoires politiques différentes pour finalement se retrouver proches de 'Jean-Marie' (sic), et devenir amis.
L'ouvrage est aussi agréable à lire que les autres recueils de témoignages de François Beaune. Ce sont des vies de "gens du peuple", comme moi, donc je peux m'identifier (notamment parce que nous sommes de la même génération, celle de 'Touche pas à mon pote').
Riche d'anecdotes et de réflexions pertinentes, ce texte me semble avoir néanmoins deux défauts : trop hachuré, en raison d'une alternance trop fréquente entre les deux voix, et une fin confuse - peut-être parce que j'adhérais moins aux idées des deux narrateurs ?
Ce genre de témoignage est sain, il me renvoie à mes propres ambivalences politiques, tout comme certains personnages de Virginie Despentes (notamment dans sa trilogie 'Vernon Subutex').
Cela me rappelle aussi cet échange marquant entre Marco et un vieux pote qui bosse aux Chantiers navals dans 'Le Combat ordinaire, tome 2', de Manu Larcenet :
« Moi j'ai pas peur. Et, vu les dernières élections, je suis pas le seul !
- ?!! C'est [JM] le Pen qui est arrivé en tête, ici, non ?
- Si. Et largement, en plus. Alors tu vois, rien n'est perdu.
- Mais... Qu'est-ce que tu racontes ?! Me dis pas que t'as viré facho ?!! Me dis pas que tu crois à leur baratin !
- J'ai pas viré facho... Je veux juste que ça change...
(...)
- Et tu crois quoi ?!! Qu'ils vont sauver le chantier en virant les étrangers SAUF tes potes ?! C'est n'importe quoi !!!
- TA GUEULE ! ME SORS PAS TON DISCOURS DE PARISIEN ! TU SAIS PLUS COMMENT ÇA SE PASSE ICI ! TU SAIS PLUS COMMENT ON VIT ! VIENS PAS ME DONNER DES LEÇONS CHEZ MOI !! (...) Tu veux pas parler, Marco. Tu veux juste me prouver que j'ai tort. Et le pire, c'est que t'as peut-être bien raison. Mais je m'en fous. »
Ces lectures m'aident à moins juger, à être plus tolérante. J'ai moins d'indulgence (voire zéro), en revanche, pour les nantis qui se tournent vers l'extrême-droite. Peut-être qu'un bon livre m'aiderait à comprendre ce qu'ils en attendent, de quoi ils ont peur...
J'ai poursuivi ma découverte de François Beaune avec 'Dans ma Zup'. Même esprit, mais plus léger, plus anecdotique.
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Le temps d'une soirée, en attendant une réception, Gérard raconte 'son' Occident à Aman, jeune réfugié érythréen.
Son Occident, c'est la Vendée et ses spécificités socio-économiques, en lien avec son Histoire.
Un monde à part, vraiment.
La Vendée de Gérard, ce n'est pas le littoral avec ses grandes plages pour bronzer ou surfer, ni les spectacles du Puy du Fou où on en prend plein la vue contre plein de ronds.
Mais celle du bocage, rurale, ouvrière, agricole, et sa 'capitale', la Roche-sur-Yon. La chasse, la pêche, la cave, la gnôle, l'alcoolisme, le suicide, la religion, les curés, l'école privée, les cathos, le culte des Chouans, Ph. De Villiers, son ex-poulain Retailleau, le Puy du Fou, les usines, les ouvriers & les patrons, le chômage, Fleury Michon, La Mie Câline, Bénéteau, la CAVAC, le Crédit agricole, les syndicalistes, les paysans, les artisans, les traditions, le patois et l'accent, le chauvinisme, la xénophobie, la magie noire, les guérisseurs & sourciers, le jambon/mogettes...
Formidable conteur, le narrateur nous immerge dans la Vendée des années 1970-2000, celle que j'ai connue pour y avoir passé une partie de mon enfance, que je n'ai jamais perdue de vue parce que je n'habite pas loin, que j'y retourne, et que des proches y vivent encore.
« 𝐽'𝑎𝑖𝑚𝑒 𝑐𝑒 𝑐𝑜𝑖𝑛, 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑠𝑒𝑠 𝑢𝑠𝑖𝑛𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑐𝑎𝑚𝑝𝑎𝑔𝑛𝑒 𝑎𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒𝑠 𝑖𝑛𝑡𝑟𝑎𝑛𝑡𝑠. »
Moi aussi, dans la vraie vie, et sous la plume de François Beaune, qui n'est pourtant pas natif de la Vendée, mais qui la décrit parfaitement, avec justesse, humour, et sans concessions. ♥
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• Merci au 'Canard enchaîné' (15/07/2020) pour l'idée - petit article élogieux consacré à la pièce adaptée de l'ouvrage.
A voir au théâtre de Belleville (Paris 11e), de juillet à septembre.
>> https://www.theatredebelleville.com/programmation/a-venir/une-vie-de-gerard-copie
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Je remercie énormément les éditions Points et Babelio pour l'envoi, via la masse critique de juin, de l'ouvrage : Omar et Greg de François Beaune.
Ce dernier fait le portrait croisé d'Omar et Greg. Ce sont deux enfants d'ouvriers. Deux jeunes qui sont nés et ont grandis dans des ZUP.
D'un coté, Omar : petit fils d'Algérien engagé dans l'armée française, chasseur de skins à l'adolescence, il est travailleur social Et de l'autre Greg, l'Italo-Tunisien, cheminot homo formé à la lecture de Jaurès et de Che Guevara, qui est devenu militant de carrière.
Après mille expériences entre Reims et Vaulx- en-Velin, Bordeaux et Marseille, tous deux se retrouvent un jour à proposer au Front national un projet politique aberrant : faire entrer la communauté musulmane au FN.
Omar et Greg est donc un récit, nous découvrons deux hommes qui existent et qui font partie du FN.
Pourquoi ?
Comment en sont t il arrivés là ?
Au fur et à mesure, cela ne s'est pas fait tout de suite mais ils ont décidés de s'engager au fil des rencontres, des différentes mésaventures qui leur est arrivé.
J'ai apprécié ce témoignage, qui me tentait depuis sa sortie et que je n'avais pas encore eu l'occasion de lire. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai sauté de joie (oui... encore ;) en découvrant que j'allais le recevoir :)
C'est un ouvrage très pertinent, loin des clichés habituels sur les personnes militants ou votants pour le FN. Même des gens bien font partie de ce parti !
J'ai souhaité lire cet ouvrage par curiosité, et certains passages font réfléchir.
A un moment, Omar s’interroge sur le sens du racisme et cela m'a parlé. Il a du mal à comprendre pourquoi un blanc qui insulte un arabe c'est plus grave qu'un arabe qui insulte un blanc ! Pour beaucoup un blanc qui se fait traiter de « sale blanc » c'est normal, par contre si cette même personne insulte un arabe ça devient une affaire d'état ! Ce n'est pas logique, et j'ai apprécié cette réflexion très pertinente d'Omar. Le racisme reste du racisme, qu'il soit dirigé vers une personne de couleur ou une personne « blanche » ! Tout comme un con reste un con quelque soit sa couleur de peau ou sa religion...
Ces deux portraits sont très intéressants et montrent à quel point certains cherchent leur place avec une interrogation obsédante sur ce que c'est qu'être français.
Omar et Greg est une fresque sociale pertinente, et j'ai apprécié ma lecture.
Ma note : 4,5 étoiles
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Omar et Greg de François Beaune… Quand la réalité est bien plus fécondes que les croyances distillées par les discours!
Interpellant, l’histoire de cette rencontre véridique entre deux citoyens issus de l'immigration, algérienne pour le premier, tunisienne pour le second et ayant passé leur enfance dans des ZUP, ces zones à urbaniser en priorité.
Omar a un lourd passé de ‘fracasseur’ de Skins, de violent redresseur de torts. Il est devenu travailleur social dans des mouvements anti-racistes puis en religion. Greg, adolescent mal dans sa peau a brisé le carcan familial ? Fâché à tout jamais avec son père, il a trouvé un lieu où vivre sa révolte, les permanences politiques d'un Jean-Marie qui représente son idéal. Tous les deux ont reçus de la vie leurs lots de bosses, de coups donnés et rendus mais leur vraie souffrance, c'est de ne pas obtenir de réponses satisfaisantes à leur volonté idéaliste d'être citoyen français et reconnus comme tels.
Leurs parcours, leur rencontre ont été recueillis par François Baune, auteur à qui il faut reconnaître une énorme qualité d'écoute. Son récit nous déroule la prise de conscience progressive de la quête identitaire de Omar et de Greg, chacun, différemment, se glissant dans les interstices, les failles parfois, des institutions et systèmes politiques ou religieux qui régissent le Vivre ensemble ou s'y opposent.
Le style choisit par François Baune, s'il n'est pas toujours agréable à lire, ne déclenchant aucune joie, aucun sourire littéraire, est néanmoins d'un accès aisé et d'une efficacité sans faille. L'auteur, très clairement et de manière répétée durant tout le livre, procède par la juxtaposition croisée de flashs souvenirs permettant à Omar et Greg de se raconter, étape par étape, jusqu'à leur rencontre dont naîtra un combat commun... mais hors du commun ! Imaginez-vous un peu : Omar, devenu responsable des jeunes musulmans à la Mosquée de Marseille, propose à Greg, ancien cheminot devenu collaborateur professionnel du FN, de concrètement viser l'intégration des jeunes musulmans dans ce parti d'extrême droite.
Cette volonté de créer des liens entre ces pôles opposés est le fruit de leur croyance que ce n'est pas en diabolisant l'autre qu'on apprendra à le connaître mais que c'est, bien plus sûrement, en se rapprochant de l'autre, pourtant si différent, qu'on pourra le et se comprendre !
On s'en doute, cette vision révolutionnaire d'une telle réponse à apporter à la crise identitaire que traverse la France actuelle, comme tant d'autres pays, n'est pas du goût de tous ceux qui doivent leur place aux appareils politiques ou religieux. François Baune, à travers le récit du combat de Omar et Greg, va démonter les mécanismes d'écartement, de rejet, d'anéantissement de tout qui, au sein d'un parti, se met à penser, réfléchir et passer à l'acte concret, poussé par son idéal. La politique, tous partis confondus est une histoire de discours creux, de maintien de la situation et de la gestion du peuple par les oligarques sans la conscience et l'assentiment de la base... La critique est dure, étonnante mais vivifiante. On ne peut faire l’impasse sur les questions qu’elle pose. Car, c'est certain, après avoir lu ‘Omar et Greg’, on n'écoute plus les interviews des hommes politiques de la même façon. On cherche à disséquer les slogans creux et, avant de donner sa voix, on cherche des engagements concrets et durables en lien logique avec le déclaré !
‘Omar et Greg’, un livre qui décille, une leçon d'histoire, de démocratie, une œuvre d'ouverture intelligente. A lire, sans retenue.
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L'auteur a recueilli les histoires (vraies, fausses, invraisemblables mais réelles ?) de méditerranéen-e-s en y intégrant des digressions personnelles (les passages que j'ai le moins appréciés).
La chronologie de la vie est respectée, de la naissance à la mort.
J'ai eu souvent les larmes aux yeux lors de ma lecture, tant ces récits sont émouvants.
Pourquoi les femmes et les hommes ne peuvent-ils vivre en Paix dans cette région du monde, dans ce coin de la terre si beau, si riche d'Histoire et d'histoires ?
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Gérard Airaudeau, le narrateur, prépare la venue de la députée Marianne, qui semble vouloir s'intéresser aux gens de sa circonscription. Comprenez ici : les « vrais gens », ceux du peuple qu'elle est censé représenter. Gérard n'est pas dupe, il sait cette démarche de l'élue non désintéressée ; il pense cependant en tirer parti pour passer quelques messages. Gérard prépare aussi son ami Aman à cette visite, et en profite pour s'épancher auprès de lui, sur sa vie et celle de ses compatriotes vendéens, pour le plus grand plaisir du lecteur. Il n'est pas sûr qu'Aman, l'un des rares immigrés du coin (qui a fui la guerre d'Erythrée), apprécie autant.
Il faut dire qu'il est bavard, Gérard…
Malgré de multiples détours, au gré de ses pensées sinueuses, son monologue comporte un fil conducteur (évitons de parler de fil rouge dans cette Vendée rurale conservatrice qui honnit cette couleur associée en politique). Ce fil conducteur, c'est sa vie, et celle d'autres Vendéens.
Ce roman est l'occasion d'une galerie de portraits de personnages hauts en couleur, même s'il s'agit souvent de Madame ou de Monsieur 'tout le monde' ainsi que se définit lui-même Gérard.
Ces vies, Gérard les décrit simplement, sans langue de bois, et avec justesse : même si l'on sent poindre quelques jugements de valeurs dans son récit (notamment quand il compare son occident à l'Afrique d'Aman), celui-ci est souvent descriptif.
Cela donne une note humoristique à des anecdotes parfois tragiques. J'ai beaucoup aimé ce ton, même si j'ai parfois ri jaune de la noirceur de certains évènements.
François Beaune sait raconter, et a le sens des bons mots. Au-delà de son talent narratif, il a observé et fidèlement restitué de nombreuses spécificités vendéennes ; spécificités que je connaissais sans toutefois les identifier comme telles, tant elles m'apparaissaient 'naturelles' - en tant que frontalier de ce département durant mes 20 premières années (j'en ai conservé une appétence pour les choux, qu'ils soient verts, fleurs, rouges, ou pommes… et une forte aversion à l'égard de la bigoterie).
En matière de gastronomie, les mogettes sont à l'honneur. François Beaune évoque la présence dans chaque maison vendéenne, d'une cave pour boire - au garage, ou en sous-sol - et de deux cuisines - l'une pour le quotidien, et la plus classique cependant moins utilisée.
Question anthroponymie, le nom de famille de Gérard est typiquement vendéen, avec son "-deau" final. L'auteur a évité les noms locaux plus courants de 'Perrodeau' et de 'Couillandeau'… (moins faciles à porter*).
François Beaune dénonce aussi la manière dont le parc d'attraction du Puy du Fou est gérée (bénévolat forcé, idéologie), ainsi que la collusion entre les gouvernements de droite (celle du RPR et de ses héritiers) et la FDSEA, illustrée par le nombre de responsables de ce syndicat nommés Ministre de l'Agriculture.
Et malgré leurs réputations de culs-bénits, vendéens et vendéennes savent s'y adonner sans religiosité, mais ça, je l'avais déjà remarqué…
Je recommande très vivement ce savant mélange entre essai sociologique et Almanach Vermot ! Ceux qui connaissent la Vendée l'y reconnaîtront, les autres n'auront qu'à croire Gérard sur parole…
* à cet endroit…
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Extrait de la 4ème de couverture : « histoire vraie de deux citoyens engagés et enragés qui, par leurs contradictions, incarnent un destin français ».
L’auteur donnent la parole à deux hommes que tout semble opposer sauf peut-être leur adolescence délinquante, appartenant chacun à un groupe luttant contre l’autre.
Il est difficile d’entrer dans les détails sans faire de politique mais il faut savoir que l’entretien porte sur les engagements politiques et que ces deux hommes, à des moments différents de leur vie et pour des raisons diamétralement opposées, ce sont rapprochés du FN.
Par des juxtapositions de l’histoire de chacun, l’auteur apporte un éclairage sur leurs motivations, met en exergue les circonstances de leur prise de conscience politique.
Loin de toute idéologie, ces deux hommes défendent des valeurs semblables qui par leur évidence, leur simplicité et sans doute par leur nature optimiste voire utopique, ne trouvent aucun écho dans les structures existantes, ce que l’on appellera « le système ».
C’est très intéressant car l’expérience et l’engagement de ces hommes mettent à mal beaucoup de clichés qui alimentent la polémique identitaire.
A lire
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Omar et Greg François Beaune Le Nouvel Attila 14 septembre 2018.
Résumé de l'éditeur:
Omar et Greg sont deux enfants de la ZUP. Le premier, né à Orgeval, un quartier de Reims, est chasseur de skins, avant de s'impliquer dans l'anti-racisme, puis d'entrer en religion. Le second grandit à Vaulx-en-Velin, trouve à 15 ans sa famille de substitution dans un parti nationaliste, et finit par en devenir salarié.
C'est à Marseille qu'ils se croisent. Deux types inconciliables en apparence. Deux idéalistes cabossés, deux redresseurs de torts jamais vainqueurs, jamais vaincus. Entre eux naît une amitié hors norme. Et une alliance politique pour le moins inédite. Avec, au coeur de leur projet, une obsession : qu'est-ce qu'être français ?
Un jour, ils rencontrent l'écrivain François Beaune. Lui, écoute les gens, se met à leur place, restitue leur voix, au plus près de ce qu'elles peuvent dire du monde. Omar et Greg est l'histoire vraie de deux citoyens engagés et enragés qui, par leurs contradictions, incarnent un destin français.
François Beaune est né en 1978 à Clermont-Ferrand, a grandi à Lyon et vit à Marseille. Depuis son premier livre, Un homme louche, suivi par Un ange noir, Une vie de Gérard en Occident et La Lune dans le puits (www. histoiresvraies.org), et jusqu'à son dernier, L'Esprit de famille, il oeuvre à la création de l'Entresort, une galerie de portraits et de personnages attachants capables d'incarner le monde actuel, dont Omar et Greg sont les nouvelles recrues. Il a aussi travaillé pour plusieurs metteurs en scène et réalisé des reportages radio.
Ajoutez la citation de Milena Agus en exergue:"Je crois que si l’on veut qu’une personne nous reste antipathique, il nous faut absolument refuser de la connaître. "
Vous connaissez maintenant le contexte de ce récit à deux voix. Je ne peux que saluer François Beaune pour aller au devant d'autres personnes, d'autres idées et de nous faire découvrir leur cheminement personnel. Une lecture qui apporte un éclairage différent sur ce parti extrême. A lire pour savoir de quoi et de qui l'on parle. Intéressant.
Un grand merci aux éditions Le Nouvel Attila via NetGalley pour ce partage.
#OmarEtGreg #NetGalleyFrance
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ALLÔ PARIS
J’ai aimé passer ces heures au côté de Gwenn, actrice désenchantée montée à Paris pour suivre le chemin de son idole Isabelle Huppert, mais qui termine au comptoir d’un sex-shop de Pigalle.
On découvre Gwenn et ses acolytes aussi titubants qu’elle par le biais de son journal intime dans lequel elle crache ses pensées emberlificotées, ses états d’âme froissée et ses colères volcaniques.
Elle y parle de ses amants, qu’elle consomme comme les rails de coke et les apéros.
Elle y parle de ses valeurs, du féminisme, de sa fureur envers tout ce qu’en tant que femme on subit dans la rue, dans le couple, dans la vie.
Gwenn est parfois énervante, souvent touchante, toujours utopique. Elle tombe mais se relève sans cesse, un peu plus boiteuse après chaque chute. Mais un peu plus consciente de la spirale auto-destructice dans laquelle elle semble irrémédiablement bloquée.
Elle crame la vie et ses amours par les deux bouts, éternelle amoureuse, éternelle rêveuse. Qui avale les films des années 80 et 90, adule Coluche, Rosalie, Marina Foïs.
Une héroïne paumée au grand coeur entourée de personnages claudiquants.
Paris la nuit, qui m’a rappelé le Paris de Mano Solo, Pigalle déglinguée, carrefour névralgique des soirées alternatives.
La plume est crue, sans concession, rappelle Virginie Despentes.
Une belle rencontre.
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Reçu dans le cadre de la dernière masse critique, un grand merci à Babelio et à Nouvel Attila, j'ai eu la chance de lire Omar et Greg.
Ce récit contemporain est très marquant. Pourquoi? Car il nous montre "la vraie vie", et non celle conté par les politiques ou les journalistes.
En alternant les histoires chapitre après chapitre, François Beaune nous fait toucher du doigt le quotidien de ces deux citoyens immigrés (Algérien pour l'un, Tunisien poiur l'autre). Enfance en ZUP, déménagement en banlieue en fonction des événements, ils se retrouvent à Marseille.
C'est un roman engagé, réel, dont les mots frappent. La critique est souvent dure.
La politique est partie prenante du roman, tout comme la violence.
J'ai pris plaisir à voir l'évolution des personnages... Peu étonné finalement qu'ils se retrouvent les deux au Front National.
C'est surtout un roman qui ouvre de nombreuses pistes de questionnement . C'est très intelligemment fait. Belle leçon de vie, de démocratie et quelque part d'histoire car Omar et Greg ont "bataillé" pour s'intégrer...
Je le conseille même si je sais qu'il ne plaira pas à tout le monde.
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La ville "fausse et haine" se livre ici sous toutes ses coutures : de l’Estaque au Vieux-Port, de la Joliette à la Plaine, de la Belle de Mai au stade Vélodrome, en passant par le Panier ou encore le Frioul…
Ce bouquin fait le récit d’une interaction entre un personnage et son environnement, les conséquences terribles d’une société criminogène. Exemple type dans la nouvelle de Patrick Coulomb, Le Panier – Le silence est ton meilleur ami : un mec, soi-disant très calme, va finir par tuer son voisin pour tapage nocturne.
Un bon écrivain serait un homme qui observe son environnement pour livrer une sorte de diagnostic sur ce qu’il découvre. Un chercheur, donc, ou un archéologue des bas-fonds de la ville. Dans le présent ouvrage, le point de départ est toujours le lieu, et Marseille se prête particulièrement bien au jeu. Ici, il est pratiquement impossible de faire abstraction du lieu où l’on se trouve. La ville nous rattrape sans cesse avec un cri, un coup (de vent), une odeur. Marseille est un parfait matériau d’écriture avec ses mythes, son folklore et les fantasmes qu’elle génère. Elle est le personnage principal de chaque histoire et se donne en spectacle, à mi-chemin entre tragique et comique. Comme le rappelle l’anthologiste en citant Stevenson : « Certains lieux parlent distinctement. »
A l’heure où les écritures du réel la gagnent, la fiction montre patte noire. Elle est surréelle, à l’image d’une ville ô combien excessive. Dans Marseille Noir, la subjectivité est assumée : ici, on ne fait que raconter des histoires.
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