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Citations de François-Henri Désérable (577)


L’instabilité du rial, ses fluctuations incessantes, l’inflation qui vient rogner le porte-monnaie… Pas de révolution possible sans crise économique. Si l’on avait trouvé du pain à Paris le 5 octobre 1789, les femmes n’auraient jamais marché sur Versailles. Avec le plein emploi, une monnaie forte et une économie florissante ils ne seraient pas si nombreux, les Iraniens dans la rue. La question du voile est aussi le cache-misère d’un rial qui déjà ne valait pas grand-chose, et qui chaque jour vaut un peu moins que la veille.
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Mais « derrière chaque personne qui meurt battent mille autres cœurs ». La phrase n’est pas de moi : c’est un slogan.
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La peur est l’arme la plus sûre du pouvoir. Mais depuis peu la peur, on l’a dit, se voyait damer le pion par le courage. De plus en plus souvent, au petit groupe qui se mettait à crier des slogans s’agrégeait un autre petit groupe, puis un autre, et encore un autre, et c’était déjà un attroupement. L’attroupement agglomérait d’autres hommes, d’autres femmes qui venaient scander leur colère, et bientôt ça n’était plus un attroupement : c’était une foule. Quand le phénomène se reproduit de ville en ville, la foule devient peuple. Ainsi se font les révolutions quand on n’a que sa voix.
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Courage de faire la guerre à un régime qu’ils vomissaient. Car c’était bien d’une guerre qu’il s’agissait. Une guerre d’usure, asymétrique, avec d’un côté ceux qui avaient des matraques, des gaz lacrymogènes, des boucliers, des fusils-mitrailleurs, ceux qui pratiquaient les détentions arbitraires, les jugements expéditifs et les pendaisons à l’aube, et de l’autre, ceux qui n’avaient que leur voix. Comment fait-on la révolution quand on n’a que sa voix ? On descend dans la rue.
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Depuis quarante-trois ans, et même bien davantage, la peur était pour le peuple iranien une compagne de chaque instant, la moitié fidèle d’une vie. Les Iraniens vivaient avec dans la bouche le goût sablonneux de la peur. Seulement, depuis la mort de Mahsa Amini, la peur était mise en sourdine : elle s’effaçait au profit du courage.
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Chaque fois que j'écris un roman, c'est pour vivre d'autres vies que la mienne.
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Visiter Ispahan, c'est faire provision de bleu pour le restant de ses jours. (p. 63)
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je songeais qu'il faudrait établir une typologie du silence, les décrire puis les classer, du silence suggestif au silence oppressant, du silence solennel au silence désolé, du silence monotone d'un coin de campagne en hiver au silence pieux des fidèles à l'église, du silence éploré des chambres funéraires au silence contemplatif des amants au clair de lune, tous, il faudrait les décrire
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Sur les dômes des mosquées
Sur les turbans des mollahs
Sur les barreaux des prisons
Sur le drapeau de l'Iran
Sur les cyprès millénaires
Sur les tombes des poètes
Sur les portes des bazars
Sur les dunes du désert
Sur les voiles embrasées
Sur la peur abandonnée
Sur la lutte retrouvée
Et sur l'espoir revenu

Femme
Vie
Liberté
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Si l'on voyage, c'est pas tant pour s'émerveiller d'autres lieux : c'est pour revenir avec des yeux différents.
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— Ça vous amuse, Gary ?
— Beaucoup. Pas vous ?
Ce vous, imperceptible en anglais, s’adresse à l’officier britannique du MI5 que visiblement, non, ça n’a pas l’air d’amuser.
— L’affaire est grave. Très grave. Vous en avez conscience ?
La scène a lieu dans un endroit tenu secret, une pièce humide, en sous-sol, avec pour tout mobilier un bureau, deux chaises, un miroir sans tain, et pour seul éclairage une lampe braquée sur le visage du Français pour le moment pas si libre.
— Pas vraiment, non.
— Reprenons. Nous avons donc intercepté un courrier qui vous est personnellement adressé, sur lequel une main anonyme a écrit : « Inutile de venir : les Américains vont débarquer. » Vous voyez le nom sur l’enveloppe ?
— Oui.
— Vous confirmez en être le destinataire ?
— Je confirme.
— Et vous confirmez qu’il s’agit là d’une correspondance codée ?
— Tout à fait.
— Vous savez comment on appelle cela, en temps de guerre ? De la haute trahison.
— De la haute trahison !
— Parfaitement. Et vous savez ce qui attend les coupables de haute trahison ?
— Pas la moindre idée.
— La cour martiale.
— La cour martiale !
— Oui, et le peloton d’exécution.
— Le peloton d’exécution ! Pour si peu !
— Comment ça, pour si peu ! Quelqu’un vous informe des mouvements des troupes –nous savons tous deux qu’un débarquement est imminent-, vous donne des instructions –ce mystérieux « inutile de venir » - et vous croyez vous en tirez ? Pour qui travaillez-vous, Gary ? Les Fritz ? Les Soviets ? Vichy ?
— Je travaille pour moi-même, ou du moins une jeune fille, vous devriez la voir, une brune aux yeux verts que je devais retrouver dans trois jours. Nous avons nos habitudes dans un petit hôtel à deux pas d’ici. Or elle est, comment dire, indisposée. « Les Américains vont débarquer », c’est un code, en effet. Elle aurait dû écrire « l’Armée rouge est en marche », vous auriez peut-être compris.
— Vous vous foutez de ma gueule, Gary ?
— Absolument pas. Tenez, voici son nom et son adresse, vous pourrez vérifier.
Vérification faite, Gary est relâché.
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Révolution ou révolte ? Le débat sémantique agitait les experts. Il était encore trop tôt pour le dire : l’insurrection qui échoue est une révolte ; celle qui réussit, une révolution. C’était une vague de soulèvements épars, spontanés, désordonnés, qui aspiraient à devenir révolution, c’est-à-dire à faire tomber le régime. 
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Et puis tout cela manquait de coeur, or le bon romancier doit avoir à l'égard de ses personnages le cœur tendre et l'oeil dur ; Adrien avait le coeur sec et leur faisait les yeux doux.
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Même si l'abri de ta nuit est peu sûr
et ton but encore lointain
sache qu'il n'existe pas
de chemin sans terme
Ne sois pas triste
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J’ai su que cette histoire allait trop loin quand je suis entré dans une armurerie.
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Il n'avait pas l'air d'aller fort, mais son voisin de chambre, un Japonais, n'avait pas l'air d'aller mieux. Syndrome de Paris, m'a dit Vasco. Et il m'a expliqué qu'on recensait une dizaine de cas chaque année, essentiellement des Japonais : l'écart entre la réalité et la vision idéalisée qu'ils se faisaient de la ville - rues proprettes, moustachus à béret avec baguette sous le bras, grandes femmes filiformes juchées sur des talons de dix centimètres et vêtues de la tête aux pieds en Chanel -, ajouté à la fatigue du décalage horaire et d'un long voyage en avion, provoquait chez certains d'entre eux des troubles divers : le voisin de Vasco avait perdu connaissance à Châtelet, il s'était réveillé à Sainte-Anne et depuis, il se prenait pour Napoléon.
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(je ne prétends pas qu'au début je n'avais pas eu envie de coucher avec elle, elle aussi y avait songé quelque temps [...] Et puis l'envie nous était passée, nous étions parvenus à sublimer ce désir, à fragmenter l'éros pour n'en garder que sa dimension spirituelle - tant mieux : notre amitié valait mieux qu'un corps à corps éphémère, et d'une certaine façon elle était déjà de l'amour, et c'est peut être ça l'amitié : une forme inachevée de l'amour).
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D'emblée, il m'a mis mal à l'aise, Adrien — à cause de son air hautain, de ses manières affectées, de l'ombrageux frémissement de ses lèvres, ou de la façon peut-être qu'il avait d'entrecouper ses phrases de silences sentencieux : on ne savait pas s'ils exprimaient un vertige métaphysique ou des aigreurs d'estomac.
(p. 91)
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Le ravissement à deux acceptations: celle d’enchantement, de plaisir vif, mais celle aussi d’enlèvement, de rapt. Et c’est précisément cela que depuis quelque temps Tina éprouvait, le sentiment d’être enlevée à sa propre vie : celle d’une femme qui aimait un homme, qui lui était fidèle, et qu’elle allait épouser. Elle avait vu Vasco trop souvent, à des intervalles trop rapprochés, elle était maintenant sur le point d’être foutue, c’est elle qui disait ça, je suis à ça, disait-elle en rapprochant son pouce de son index, d’être foutue - sa manière de lui dire sans le dire qu’elle commençait a l’aimer. Elle s’en voulait, mais moi je crois qu’elle n’aurait pas dû s’en vouloir: on ne choisit pas de tomber amoureux, on le fait toujours malgré soi.
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...mais les larmes ont l'éloquence que les lèvres n'ont pas : ce que les lèvres taisent, les yeux le disent...

page 41
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