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Critiques de François-Henri Désérable (601)
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Tu montreras ma tête au peuple

Roman historique ou récit ou bien encore nouvelles chacun y trouvera son compte.

10 portraits de ceux qui en un temps donné, la Révolution ont fait l'Histoire . Connus ou inconnus ils ont en commun d'avoir: soit été les gardiens des prisonniers de la conciergerie, soit été guillotinés.



Les destins se croisent ,parfois se suivent dans les geôles de la terreur et chacun narre ses derniers jours ou ceux de celui dont il a la garde.



Je regrette qu'il n'y ai pas de bibliographie pour approfondir cette période historique.

je recommanderais

- Michel Folco avec : " Dieu et nous seuls pouvons " sur la lignée et le travail des bourreaux

- Stefan Zweig avec : "Adam Lux" guillotiné pour avoir écrit un éloge sur Charlotte Corday

Gwenaëlle Robert avec: "le dernier bain" sur l'assassinat de Marat et le destin de Charlotte Corday. (même si certaines critiques de babélio ne le considèrent pas comme roman historique).



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Mon maître et mon vainqueur

Il y a des auteurs dont on a hâte de retrouver l'écriture. François-Henri Désérable en fait partie. Je l'ai découvert avec "Un certain Mr Pikielny" et j'ai ri en lisant "Evariste". Ce dernier roman est à la fois touchant et cocasse. Et là est tout son art...

On suit l'aventure de Vasco et Tina. Un amour passionné, contraint, impossible, fou jusqu'au dénouement. On souffre avec les personnages, car l'auteur a l'art de nous emmener au plus profond de leurs sentiments.
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Évariste

Pépite ? Certainement oui

Quel style, quelle énergie ! C'est contemporain, rythmé et touchant. Une pseudo biographie déjanté en pleine révolution pour en savoir un peu plus sur ce Rimbaud des mathématiques, complètement incompris de son temps qui a révolutionné la théorie des groupes (et qui lui a donné son nom).

Bravo !
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Un certain M. Piekielny

La promesse de l’autre

Devant la maison natale de Romain Gary à Vilnius, un jeune écrivain va tenter de retrouver la trace d’un certain M. Piekielny, voisin mystérieux de l’auteur de La promesse de l’aube.



«En mai 2014, des hasards me jetèrent rue Jono Basanavičiaus, à Vilnius, en Lituanie.» La première ligne de ce délicieux roman sert de fil rouge à l’histoire que François-henri Désérable va dérouler comme une pelote de laine dans laquelle on va adorer s’emmitoufler. Car l’auteur d’Évariste fait une fois de plus la démonstration de son talent à tricoter – et à détricoter – les histoires les fabuleuses.

Si je vous dis d’emblée que le narrateur n’en apprendra guère plus sur ce voisin de Romain Gary qui lui fait promettre de dire à toutes les célébrités qu’il rencontrera qu’«au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Vilno, habitait M. Piekielny» ne soyez pas déçu. Car l’enquête est en elle-même un passionnant chassé-croisé entre le vécu du narrateur, le fruit de ses lectures, les quelques rares documents et témoignages qu’il peut recueillir et une imagination fertile. Cette joyeuse exploration historico-littéraire est un petit bijou fantaisiste tout autant qu’un brillant hommage à la littérature et à l’un de ses représentants les plus doués dans l’art du camouflage : Romain Gary / Émile Ajar. En prenant le pas de son illustre aîné et en faisant rebondir les repères biographiques avec sa propre histoire, celle d’un hockeyeur pris par une soif de littérature sous le regard ébahi de sa mère, l’auteur fait exploser les codes de la biographie et de l’autofiction pour un feu d’artifice que n’aurait sans doute pas renié Roger Grenier, qui est aussi célébré ici (le hasard voudra que les belles lignes sur l’auteur et éditeur chez Gallimard parurent quelques jours avant sa mort).

En revisitant La promesse de l’aube dont, par parenthèse, l’adaptation cinématographique proposée par Eric Barbier vaut le détour, il se permet toutes les audaces et roule en permanence son lecteur dans la farine. Qui en redemande! Après tout, peu importe si ce monsieur Piekielny n’a existé que dans l’imagination de Romain Gary – à moins que ce ne soit dans celle de François-Henri Désérable : « Ce qui existe, ce qui commencera à exister peut-être un jour, si j’ai beaucoup de chance, ce sont mes livres, quelques romans, une œuvre, si j’ose employer ce mot. Tout le reste n’est que littérature. »

L’essentiel est ici, par la magie du roman, de faire revivre un épisode historique dramatique, celui qui a vu disparaître quelques millions de Juifs d’Europe, dont le voisin de Romain Gary et d’offrir la plus belle des tribunes à notre devoir de mémoire.

S’il est passé fort injustement à côté des Prix littéraires de l’automne, il serait regrettable que vous passiez à côté de cette petite merveille!
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Un certain M. Piekielny

Ou comment la force d’une phrase, au départ anodine, nous plonge avec une force incroyable dans tout ce qu’a été Romain Gary !



Si au départ cet étrange et mystérieux Monsieur Piekielny m’a décontenancée, il s’est bonifié au fur et à mesure des pages et j’ai pris un malin plaisir à savoir lire entre les lignes.



Des rencontres imaginaires, un ton ironique et humoristique totalement irrésistible, mais aussi un sublime éloge des mères…



En littérature, j’aime être surprise, bousculée et lire des livres qui sortent des sentiers battus.

Désérable devient donc mon héros avec cette enquête « littéraire », cette quête identitaire des plus minutieuses, méticuleuses.

C’est une délicieuse balade, certes cousue de fil blanc au final mais rondement menée que je vous recommande vivement !
Lien : https://arthemiss.com/un-cer..
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Un certain M. Piekielny

Après avoir découvert ce jeune auteur (il a quatre ans de moins que moi, donc il est jeune, et je suis jalouse de son talent !) avec Evariste, le sujet du nouveau roman de François-Henri Désérable m'a interpellé. Voilà qu'il s'intéresse à un personnage que Romain Gary évoque dans on autobiographie romancée, La promesse de l'aube. Seul roman de Romain Gary que j'ai lu à ce jour, La promesse de l'aube m'avait bouleversée, et je constate à travers Un certain M. Piekielny que je ne suis pas la seule à garder ce texte en mémoire.



A toi, futur lecteur de ce roman, songe d'abord à (re)lire le chapitre sept de la promesse. François-Henri Désérable n'est pas méchant, il te donnera toutes les clés pour comprendre son livre, et n'hésitera pas à citer les passages clés de ce chapitre essentiel pour la compréhension du roman. Ceci fait, il suffit de se laisser porter. Car François-Henri Désérable est un formidable raconteur d'histoire. de la sienne, de cette de monsieur Piekielny, de celle de Gary, et même de celle de Nicolas Gogol. Car à travers cette recherche, cette enquête sur les traces du voisin de celui qui s'appelait encore à l'époque Roman Kacew, François-Henri Désérable se raconte, évoque son rapport à l'écriture, à la littérature, le parcours qui l'a amené à devenir écrivain quand sa mère le voyait déjà docteur en droit... Et pour trouver et comprendre ce fameux monsieur Piekielny, le voilà également lancé sur les traces de Gary, de Vilnius à Paris, récit de l'homme entre faits avérés et fiction.



Peu à peu, se dessine un ouvrage où tout le talent de l'écrivain apparaît, qu'il s'agisse de l'écrivain nommé François-Henri Désérable, mais, aussi de manière générique, de l'ensemble de ces auteurs qui manient les mots pour se raconter entre fiction et réalité. Gary, on le sait, n'hésita pas à se créer une filiation avec un acteur russe, filiation plus glorieuse que ce père qui abandonna épouse et fils pour une jeunette. Il n'hésita pas non plus à relancer son souffle d'écrivain à travers son alter ego également lauréat du Goncourt, Emile Ajar. Alors on en vient à s'interroger : qu'est-ce qui relève du réel et qu'est-ce qui est fiction dans tout ce que Désérable nous raconte... de là à supposer que François-Henri Désérable aurait lui-même pu imaginer certains événements de sa vie ?...



Au final, il reste un roman extrêmement bien écrit qui interroge le pouvoir des mots et le pouvoir de l'écrivain, et met en valeur deux grands auteurs : Romain Gary, évidemment, mais également François-Henri Désérable lui-même qui confirme ici un réel talent littéraire.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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L'usure d'un monde : Une traversée de l'Iran

J’aime beaucoup l’écriture de F.-H. Désérable ; le mélange fluide de classicisme élégant et d’une langue accessible et intelligente.

En exergue de ce très beau récit de voyage, sous-titré « Une traversée de l’Iran », il y a cet hommage : « Aux Iraniennes, vent debout, cheveux au vent ».

Le clin d’œil à « L’Usage du monde » de Nicolas Bouvier, grand classique de la littérature de voyage, sert de fil rouge à ce périple dans l’Iran d’aujourd’hui, celle des mollahs, de l’islam intégriste et de la terreur.

La culture millénaire de la Perse, et l’Iran des années cinquante sont bien loin. Car si le Shah est tombé, la dictature théocratique, qui lui a succédée depuis 1979, maintient sa population dans une soumission liberticide, inhumaine et sanguinaire. Pourtant depuis la mort atroce de # Mahsa Amini # la peur s’efface lentement mais sûrement, pour être remplacée par l’incroyable courage de ce peuple, et en particulier de ses femmes, qui sont les premières victimes de cette dictature.

L’actualité nous montre que le pire n’est pas qu’ailleurs ; alors vigilance et lucidité sont de mise. Sans doute, suis-je en colère, pardon ; en colère contre les haineux et leurs sbires qui ne s’attaquent qu’aux plus faibles, aux désarmés, aux innocents, à la vie, pour uniquement maintenir leur pouvoir inique et mortifère avec leur interprétation sans spiritualité, sans humanité, sans élévation, sans dialogue, de cette religion qui sans eux ne vaut pas moins qu’une autre ... pour la seule domination de barbus manipulateurs, arriérés, incapables ...

Je précise que ce livre vaut mieux que la colère ... il nous montre surtout le courage* du peuple iranien, et c’est aussi un soutien aux femmes de ce pays.

J’ai aimé aussi le discernement de l’auteur ; « Par goût de l'aventure, par goût de l'imprévu, par peur aussi de me retrouver un jour dans un Ehpad à me demander ce que j'ai foutu de ma vie, à songer qu'en fait de vie, je me suis seulement contenté d'exister, il m'arrive de faire preuve d'une audace imprudente. Si on est complaisant, on pourrait la qualifier de hardiesse ; sinon de connerie. Quoi qu’il en soit, ça n’est pas du courage* : mes réserves en la matière sont assez limitées ... »

Allez, salut.

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Mon maître et mon vainqueur

Il faut dire les choses clairement : j'ai souvent du mal avec les lauréats de prix littéraires français. La majorité lue ne m'a pas marquée outre mesure, voire ne m'a pas plu du tout. Alors pourquoi le choix de ce roman, me direz-vous ? D'abord pour valider une consigne d'un challenge, ensuite parce que j'ai l'esprit de contradiction - sur un malentendu, on peut être très heureusement surpris.



C'est donc dans cet état d'esprit que j'ai ouvert Mon maître et mon vainqueur, en espérant que ces quelques mots de Paul Verlaine en guise de titre me soient justement heureux... Raté !



Je me suis largement ennuyée à la découverte de l'histoire de Vasco, de ses poèmes qui racontent son histoire d'avec Tina, femme mariée et mère, et qui servent d'arguments à son procès, du moins à l'explicitation de son histoire, de ce qui l'a mené à faire face à un procès.



Et cette explicitation nous est fournie par le narrateur, un de leurs amis écrivains, à la double posture, celle du confident qui comble tous les blancs pour le lecteur, mais celle du témoin qui a la mémoire beaucoup plus courte pour le juge du procès, étant lui-même partie prenante de certaines mésaventures de Vasco.



Cette posture, somme toute intéressante, aurait pu donner lieu à un exceptionnel roman, sans une plume qui se regarde trop écrire, qui retombe souvent comme un soufflé, entre utilisation de clichés et caricatures soit-disant ironiques, qui passent largement à côté de l'ironie voulue, et citations gratuites de grands auteurs pour donner plus de cachet intellectuel à l'ensemble, à mon sens.



Pour conclure : je crois qu'il est vraiment temps que je laisse enfin de côté les prix littéraires français - et mon esprit de contradiction aussi, parfois.
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Mon maître et mon vainqueur

AMOUR & DÉRAISON. Coup de cœur 💖



"Mon maître et mon vainqueur". C'est le titre d'un carnet rempli d'alexandrins, d'haikus et de rimes. Un carnet rédigé par Vasco et qui se trouve aujourd'hui entre les mains d'un juge d'instruction accompagné d'un revolver. Le narrateur, convoqué suite à l'inculpation de son ami raconte. Vasco, les actes, les lieux, les anecdotes. Jusqu'au moment où...



Qu'on se le dise, il va être difficile de mettre les mots sur ce coup de coeur. De la première à la dernière page j'ai été charmée par la plume de François-Henri Déserable qui nous raconte l'histoire d'une passion débordante avec tant d'humour, de subtilité et de poésie.



Que j'ai aimé la fougue de l'intrépide Vasco, prêt à se changer en poète pour charmer l'élue de son cœur. L'audace qu'il a fallu pour l'arracher à sa vie familiale, elle, Tina, l'admiratrice de Verlaine.

Que j'ai aimé l'étonnante narration, cette façon de faire relater les faits par un tiers, devant un juge d'instruction.



Mon maître et mon vainqueur c'est une histoire d'amour avec un grand A. Celui qui est fusionnel et déraisonné, dont la passion fait des ravages et pousse à prendre les armes.



De Vasco à Tina, de Beaudelaire à Rimbaud, de l'amour à la tragédie. J'ai vécu cette lecture comme moment intense de beauté suspendue, complètement hors du temps.

A la fois riche & léger, enivrant & sublime, je recommande absolument ! ✨️



Ceux qui l'ont lu, faites-moi part de votre ressenti ! D'autres recommandations de cet auteur de talent? Tenté.e.s?



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Mon maître et mon vainqueur

Pourquoi lire absolument « mon maître et mon vainqueur » ?



1/ Pour l’histoire d’abord. Pour ce triangle amoureux un peu classique (le mari trompé, la femme adultère et l’amant transi) raconté par un ami proche, à un juge d’instruction.

Avouez que ça ne manque pas de saveur.



2/ Pour la plume ensuite. FH Deserable est agréable à lire. Les phrases sonnent justes, certaines sont extrêmement longues et traduisent bien l’état émotionnel des personnages, qui sont tour à tour euphoriques, joyeux, fous fous fous d’amour puis nostalgiques, tourmentés, désespérés.



3/ Pour l’humour, évidemment. Certains passages sont vraiment drôle, certaines situations totalement ubuesques.



4/ Pour la poésie, enfin. L’auteur rend hommage aux poètes, et notamment Verlaine et Rimbaud. On retrouve également Apollinaire et Aragon. Et enfin, on découvre Vasco qui, à travers ses alexandrins, ses quatrains et ses haikus, racontera la plus grande de ses histoires d’amour.



Dernière chose : 187 pages (pour l’édition Gallimard) et à ce jour 147 citations sur babelio …
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Mon maître et mon vainqueur

Désérable François-Henri – "Mon maître et mon vainqueur" – Gallimard-NRF, 2021 (ISBN 978-2-07-290094-5) – format 21x14cm, 190p. – quelques illustrations.



Ce roman peut se lire sous deux angles fort différents.

Le premier consisterait à recenser ses indéniables atouts littéraires : l'auteur est un malin aguerri, détenteur d'un certain savoir, tous avantages qu'il sait mettre en avant. Ainsi, il mêle habilement quelques poèmes, quelques illustrations, des connaissances (très) académiques sur Verlaine et Rimbaud (sans dépasser les sempiternelles rengaines), une technique d'écriture consistant à imbriquer plusieurs strates de récits (le narrateur raconte au juge et au greffier, mais en conservant certains apartés pour le lecteur, il raconte ce que l'un des protagonistes lui a raconté etc etc), des descriptions quasi documentaires (comme celles de la BnF, dont il ignore qu'il s'agit incontestablement d'un gigantesque raté architectural, urbanistique et bibliothéconomique). Le final est amené comme une apothéose, qu'il n'est pas interdit de trouver fort drôle. Tout ceci relève du "métier", de la technique.



Malheureusement, l'autre angle de lecture consiste à s'intéresser à l'intrigue elle-même, à ce qu'elle reflète de l'air du temps, qui demeure l'une des caractéristiques fondamentales du genre romanesque.



Et là, patatras, l'édifice s'effondre car il ne s'agit que d'un tissu de lieux communs chers à certains auteurs mâles, qui inventent l'héroïne de leurs rêves.

Soit une Tina, qui

"était avec son amant dans une chambre d'hôtel, où elle se faisait baiser comme la petite putain qu'elle était" (p. 116),

qui profite de son bain pour – bien évidemment – user de son "canard vibrant... acheté dans un sex-shop à Pigalle" (p. 150). Non moins évidemment, elle boit et se saoule le plus souvent possible tout au long des pages, chante divinement faux (p. 31), se fait sauter dans la salle de la réserve de la BnF (p. 52-55), fréquente "youporn" (p.57).

C'est une "baiseuse" d'élite (pp. 101-103) telle qu'un pôvre écrivain mâle peut la rêver et se complaire à la décrire à grands renforts de lieux communs (probablement puisés sur youporn).



Ingénument, l'auteur révèle ainsi au passage comment les bobos cultureux surtout de "gauche" mais pas que, fervents partisans de la "libération de la femme" à la mode mini-jupe et string, se retrouvent aujourd'hui cloués au pilori par des accusatrices "féministes" ayant mis plusieurs décennies à comprendre qu'elles s'étaient fait violer par ceux-là mêmes qu'elles adoraient et dont elles prennent dorénavant la place.

Il fallut l’assassinat de Marie Trintignant et le traitement judiciaire extra-ordinaire réservé au Cantat... Il fut un temps où cette caste vivait en se contemplant le nombril, aujourd'hui elles et ils ne survivent qu'en expertisant continuellement leur entre-cuisses. Comment ne pas frémir d'indignation, d'horreur, à l'évocation d'un minable zozo comme Hulot, ministré par un Macron, se permettant d'effleurer le précieux fondement d'une "petite fille de François Mitterrand" – incontestable crime de lèse-majesté ?



Mais attention, comme il convient d'installer une tension dans le récit, la Tina est déchirée (séquelles de "Jules et Jim" ?), car elle aime aussi un autre homme, le "père de ses deux enfants" (comme ça se dit aujourd'hui, une véritable horreur), fort gentil, mais bien incapable de satisfaire aux immenses besoins de luxure innés chez sa compagne : il dort et ronfle (p. 57), se laisse berner, s'occupe bien des enfants.

Il va même jusqu'à organiser un mariage "à l'ancienne" et "en province" (zone peuplée d'arriérés, bien évidemment, tout le reste du roman se situe à Paris) où il faudra même aller à l'église, bref, l'auteur campe l'archétype du mari benêt.



Ce ne sont là que les principaux lieux communs, tout le reste est à l'avenant – l'auteur nous inflige même la tirade sur les amours multiples

"quand le désir s'émousse au sein du couple, il faudrait pouvoir sous-traiter" (p.109).



Lamentable. Consternant. D'autant plus consternant que j'ai lu ce torchon juste après la lecture de "L'eau rouge" de l'écrivain croate Jurica Pavičić. Il est presque cruel de faire ainsi l'expérience de ce qui sépare un écrivain qui a réellement quelque chose à raconter, d'un auteur n'usant de sa plume que pour se vautrer dans un récit érotico-porno-rigolo ne présentant au final que fort peu d'intérêt...

Poubelle.

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Un certain M. Piekielny

Au chapitre VII de "La promesse de l'aube" Romain Gary indique que lorsqu'il vivait à Vilnius avec sa mère, habitait dans le même immeuble qu'eux un certain Monsieur Piekelny. On est là entre les années 1921 et 1925. Romain ne s'appelle pas encore Romain, mais il fait la promesse de dire aux grands de ce monde que "au numéro 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilmo, habitait M. Piekelny".



Partant d'une phrase, le narrateur-auteur-enquêteur, part à la recherche de ce mystérieux M. Piekelny.



Ce roman est le prétexte à courir trois lièvres tous aussi passionnants les uns que les autres. D'abord il y a la vie de Gary, l'homme au destin extraordinaire, écrivain, aviateur, ambassadeur, grand mystificateur ... Ensuite il y a, à travers Piekelny, la vie et le sort de tous les juifs de Lituanie dans la période allant de 1921 à 1941 et au-delà. Enfin, il y a la littérature, les personnages, et le rapport qu'ils entretiennent avec la réalité.



Mené de main de maître, le récit est structuré en trois parties, et 147 chapitres, dont certains de quelques mots seulement. C'est vivant, c'est souvent drôle, c'est fouillé et de surcroît fort bien écrit. Tous les faits se croisent, s'interpellent, s'entrechoquent entre la vie réelle de Gary, ses rencontres, son travail d'écrivain, et l'enquête qui nous mène à la fois sur le terrain et dans l'analyse exégétique des écrits et des sources du romancier.



C'est un voyage dans la littérature qui nous est proposé, un voyage rempli de réflexions sur le mensonge, la vérité, la fiction, le témoignage. Comme si, à travers M.Piekelny, comme à travers la contre-enquête de Kamel Daoud, le personnage de roman détenait une part de la vérité de l'existence humaine et nous la révélait.
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L'usure d'un monde : Une traversée de l'Iran

C’est au Téléjournal de Radio-Canada que j’ai entendu parler de L’Usure d’un monde: Une traversée de l’Iran, alors que François-Henri Désérable y était interviewé par Patrice Roy; le livre, décrit comme éclairant sur le plan des troubles qui agitent actuellement le pays en lien avec la mort de Mahsa Amini et le mouvement de révolte qui s’en est suivi, y était chaudement recommandé, ce qui m’a donné envie de le lire. Au-delà des rencontres que l’auteur va faire, marchant dans les pas de Nicolas Bouvier, et des situations parfois cocasses qu’il raconte, c’est la beauté de l’Iran qui m’a le plus touchée, pour avoir accompagné ma lecture de recherches internet. Un récit de voyage qui donne envie de visiter l’Iran, alors que paradoxalement ses habitant(e)s n’ont jamais été autant coupés du monde.
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Un certain M. Piekielny

Romain Gary est un de mes auteurs préférés (je suis loin d'avoir tout lu …pour savoir qu'il m'en reste à lire)

C'est pourquoi j'ai été attirée par ce roman « biographique » de François-Henri Désérable.

L'angle de départ est une phrase de la promesse de l'aube « Au numéro 16 de la rue Grande–Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Pikielny»



FH Désérable (quel nom ! j'ai cru à un pseudo) nous raconte son enquête à Vilnius en Lituanie et en France. En parallèle de l'enquête (Mr Pikielny a-t-il existé ? Ou est-il le fruit de l'imagination de Gary ? Est il mort dans la Shoah par balle ou dans un camp de concentration ? ), il évoque des parallèles entre sa vie et celle de Roman Kacew (sa mère, ses études de droit, son grand père exilé italien) ; il nous dit pourquoi La promesse de l'aube, lu lorsqu'il avait 16 ans, l'a tant marqué.

Le ton est plein d'humour et si je n'ai pas appris grand chose sur la vie de R Gary, j'ai maintenant l'impression d'en savoir un peu plus sur FH (qui me pardonnera cette familiarité)



Un excellent moment de lecture, qui m'a donné envie de sortir de ma pile deux romans de Romain Gary, qui sommeillent chez moi.
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Mon maître et mon vainqueur

Oh! Que j’ai aimé ce livre!

Je ne l’ai pas quitté.

Je l’ai bu, dévoré!



Voici un petit diamant de littérature qui se révèle au fil de ses pages.

Vif, aiguisé, dur, puissant, précieux : je ne peux que vous le conseiller.



Parallèlement à l’histoire de Vasco, j’ai également beaucoup aimé les moments durant lesquels le narrateur se trouve dans le bureau du juge. Quelles réparties!



Un roman qui fait un bien fou!
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Mon maître et mon vainqueur

La littérature est un jeu. J'adore ceux qui me le rappellent et François-Henri Désérable est un maître en la matière. Son regard moqueur, un poil provocateur renouvelle avec brio le récit des tourments de l'amour, et dieu sait ce qui a déjà pu être écrit là-dessus. Preuve s'il en est que c'est bien l'écrivain qui fait le livre, et pas le sujet. Car le pitch est des plus communs : Tina vit avec Edgar mais a une liaison avec Vasco et se révèle incapable de choisir entre les deux hommes à quelques semaines de son mariage. Le drame est donc inévitable. Banal, pensez-vous. Pas sous la houlette de cet auteur qui semble se lancer pour défi de réinventer le vaudeville en n'oubliant rien de l'histoire du genre ni du piquant apporté par le 21ème siècle. Sa partition emprunte à ses illustres aînés - il maîtrise ses classiques et ses poètes - et n'hésite pas à souligner crûment les situations impossibles dans lesquelles se trouvent les protagonistes de ce triangle amoureux. C'est virevoltant, assez féroce et très savoureux.



Le narrateur est l'ami de Vasco et le récit est celui qu'il fait au juge d'instruction qui l'interroge en tant que témoin. Ce juge, François-Henri Désérable décidément très joueur l'a emprunté à Tanguy Viel et son Article 353 du code pénal. Vasco a été arrêté, et le juge tente de remonter l'histoire afin de comprendre les motivations du jeune homme. Pour cela, il dispose d'un cahier rempli des poèmes de Vasco (mais peut-on faire confiance à la littérature pour dire le vrai ?), et de ce que veut bien lui révéler le narrateur dont l'instinct lui suggère néanmoins de ne pas tout raconter, et dont l'imagination fertile se charge de combler les trous. Ce qui est tu au juge, le lecteur, lui peut en profiter. Et c'est croustillant. Car le narrateur a été témoin privilégié, c'est lui qui a présenté Vasco à Tina. La volcanique Tina, comédienne de métier que l'on soupçonne de s'ennuyer un peu avec le sérieux Edgar en poste au ministère des Finances, et que l'on voit s'enflammer pour le facétieux Vasco, authentique romantique à l'ancienne, amoureux des poètes et de la littérature au point de franchir parfois les limites de la réalité et de la légalité. Le cœur (et le corps, très important le corps) a (ont) ses (leurs) raisons que la raison ne connaît point. Sinon, point de littérature.



L'auteur convoque Verlaine et Rimbaud, ainsi que l'arme dont s'est servi l'un pour tirer sur l'autre. Ça rimaille dans le bureau du juge, ça formique dans les réserves de la Bibliothèque de France, il est question de folles enchères et du cœur de Voltaire. La passion ne connaît aucune limite, suffit de lire ce qu'elle a fait produire aux écrivains au fil des siècles. Un auteur qui se respecte n'aura de cesse de perpétuer la tradition, et celui-ci s'y emploie avec la jubilation la plus communicative. Savoir quels individus lui ont servi d'inspiration (de modèles ?) ajoute un sacré piment à la lecture, je ne vous le cache pas. Quoi qu'il en soit, ce livre et son auteur viennent de recevoir le Prix du Roman de l'Académie Française et rarement bandeau rouge n'aura été si bien accordé avec celui qu'il habille.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Mon maître et mon vainqueur

Dans un mouvement de va-et-vient perpétuel, ce roman s’insère dans une double temporalité où ,le temps du présent correspond à celui d’un procès, et, le temps du passé à la relation tumultueuse entre Tina et Vasco. La première est une comédienne, mère de deux enfants et fiancée à Edgar. Vasco est un conservateur à la BNF. Tous les deux sont épris de poésie. Le narrateur, ami des deux protagonistes, permet leur rencontre. Très vite leur relation se transforme en passion amoureuse. Une passion amoureuse digne de celle de Rimbaud et Verlaine. Rapidement se forme un triangle amoureux entre Tina, Vasco et Edgar. Toute l’histoire du livre s’articule grâce au narrateur et aux haïkus qui ont été écrit par Vasco.



Il s’agit là d’une histoire délicate et intense qui permet à l’auteur de questionner l’amour, l’amitié, les relation mère-enfants et épouse-mari-amant. Toutes la diversité et les différents degrés de la notion du sentiment amoureux jusqu’à la destruction de celui-ci sont dépeints ici.
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Un certain M. Piekielny

Alors qu’il se retrouve par un concours de circonstances à Vilnius, l’auteur tombe par hasard dans le quartier d’enfance de Romain Gary et lui revient en mémoire une phrase de « La Promesse de l’Aube » qui cite « un certain M. Piekielny ». Il va se lancer sur les traces de ce Piekielny, ce qui lui permet d'évoquer les grandes périodes de la vie de Romain Gary.

Érudit avec légèreté, souvent drôle et parfois poignant quand il rappelle le sort terrible des Juifs polonais pendant la seconde guerre, ce livre interroge l’existence du personnage de roman. Il donne en outre envie de (re)lire Gary ou Ajar. Une jolie surprise.
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Un certain M. Piekielny

J'ai fait quelque chose de pas bien. Beaucoup d'entre vous vont hurler ou esquisser une moue méprisante, voilà : j'ai bâclé La promesse de l'Aube pour lire le roman de François-Henri Désérable. Nommons-le FHD, ça lui donne un côté BHL.

J'ai ainsi sélectionné les chapitres essentiels me permettant d'appréhender « Un certain M. Piekielny » sans passer pour une ignare attardée. Oui, j'ai donné l'avantage à mon contemporain plutôt qu'à son prédécesseur —pourtant très moderne pour son époque— parce que le premier n'est pas encore mort et mérite d'entendre des éloges avant de décéder.

Lire Francois-Henri Désérable. J'avais des a priori, un nom pareil, un ancien livre titré pompeusement « Evariste », un grand père vénitien -la chance- quand même tout cela faisait prétentieux, ou alors j'étais impressionnée, ou jalouse, je craignais une lecture hermétique et un étalage de connaissances, j'avais des a priori donc, mais une certaine curiosité de découvrir la plume de cet auteur qui a le même âge que moi, car oui ça y est, je suis arrivée à cet âge-là, celui où l'on peut connaître des écrivains du même âge que soi et qui ont une page Wikipedia. Ce qui m'a décidé c'est d'avoir fait un selfie boomerang avec FHD. Tous les auteurs ne sont pas forcément adeptes du selfie boomerang et soudain FHD et son roman m'ont paru tout à fait accessibles.

C'est ainsi que dès le début, ce roman m'a paru tellement familier de mon époque, de mon quotidien, que lire la biographie, autobiographie de Gary/Désérable, y trouver tant d'anecdotes, sentiments ou lieux géographiques communs, c'était un peu comme si j'étais le maillon suivant de la chaîne, d'où cette chronique où je parle de moi en parlant de FHD qui parle de lui en parlant de Romain Gary.

FHD commence son roman par une scène que j'ai bien connue, celle où un jeune homme part en voyage dans les pays de l'Est pour un enterrement de vie de garçon. Comme FHD, il y a deux ans, mon cher et tendre non plus n'avait pas eu le choix, « parce que vois-tu mon amour, qu'y pouvons nous si le futur marié est amateur de patins et de crosses, s'il rêve d'assister aux championnats du monde, et s'ils ont lieu cette année en Biélorussie où les filles sont si belles et si blondes et si promptes à se dévêtir ? » bon, tout le monde ne finit pas à Vilnius devant la maison de Gary. C'est pourtant ce qui arrive au narrateur qui se remémore alors une phrase de la promesse de l'aube : « Au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M.Piekielny ». C'est à ce moment précis qu'il lance à la recherche de cette petite souris triste.

Parce qu'il a pressenti que je n'aurais pas lu La promesse de l'aube à temps, ou pour éviter tout handicap à son lectorat, FHD a pris un soin particulier à retranscrire tout ce que Gary a écrit sur Piekielny. Puis laissant ses pensées dériver et opérer des analogies logiques entre sa vie et celle de Gary, il entreprend de rassembler les rares pièces du puzzle Piekielny. Nous voici donc plongés entre Vilnius et Paris, entre Gary et Désérable.

FHD nous parle des études de Gary, celui-ci avait choisi droit, parce qu'il ne savait pas, pour faire plaisir à sa mère, alors qu'il va devenir un grand écrivain; cela nous renvoie à l'auteur, qui s'est également inscrit en fac, pour faire plaisir à sa mère, alors qu'il va devenir un grand écrivain; alors cela me renvoie à moi-même, qui me suis inscrite en fac, suis devenue dentiste, pour faire plaisir à ma mère, alors que je voudrais devenir une grande écrivaine. Gary n'a pas connu le succès tout de suite, comme FHD a essuyé vingt lettres de refus pour son premier manuscrit, comme j'en ai moi-même essuyé dix pour un premier roman que je viens d'envoyer (oui c'est un aveu, à prendre ou à laisser).

On a tous un Clément dans sa vie -comment ça pas vous?- on a tous été profondément marqué par le CPE, on a tous, à dix sept ans, détourné la phrase de Rimbaud, car oui on est trop sérieux quand on a 17 ans, et puis oui, on a tous trouvé que le titre du dernier FHD faisait penser à un certain monsieur Bikini.

Ce roman donc, en plus de nous faire partager la passion Gary, est un excellent jeu de miroirs entre l'auteur et son lecteur, une mise en abyme réjouissante, tout ça dans un style narratif drôlissime et aéré.

J'ai appris souvent, j'ai ri aux éclats parfois, mais j'ai vraiment lu. C'est bien moi qui ai lu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon imagination.


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Un certain M. Piekielny

un-certain-M-PiekielnyUn gros coup de cœur de cette rentrée littéraire. J’ai adoré ce texte, qui est un hommage drôlissime à Romain Gary. C’est un livre farfelu – comme l’était Gary d’ailleurs – qui nous interpelle sur la notion de vérité, sur la distinction entre fiction et réel, et sur le pouvoir de la littérature. J’ai rarement ri autant en lisant. Je vous le conseille vivement.



Le point de départ est un passage de mon livre de chevet « La promesse de l’aube ». Dans cette autobiographie romancée, Gary – alors enfant vivant à Vilnuis – croise un vieux monsieur qui croit en la destinée que lui prédit sa mère et qui lui dit : « Quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire : au no 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny… ».



En partant de ces quelques pages, F-H Désérable mène une enquête sur ce mystérieux et insignifiant Monsieur Piekielny. Mais sa démarche est faite de détours et de flâneries : un voyage à travers la vie de Romain Gary, la sienne et celles – beaucoup moins drôles – des Juifs de Vilnuis. Des passages plus légers se mêlent à des passages plus graves, le tout dans un très bon équilibre.



Ce qui est génial dans ce livre, c’est la capacité de l’auteur à prolonger l’existence et les mensonges de Romain Gary – et à jongler avec – pour en faire une œuvre intelligente, touchante et extrêmement drôle. Le style est fluide, mais très travaillé. J’ai été porté par le courant et par le rythme. J’ai eu du mal à le lâcher.
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