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Critiques de François-Henri Désérable (601)
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Mon maître et mon vainqueur

Et bien voilà.



J’ai lu « Mon maître et mon vainqueur » et comme tout a déjà été très bien dit (par mes amis Verdure, LambertValerie, Wyoming, Annette55 et bien d’autres encore …) je me suis essayée à l’exercice de l’écriture d’un sonnet, pour témoigner de mon plaisir à l’écriture de François-Henri Désarable.

Si donc vous avez envie de savoir de quoi parle ce roman, lisez les billets de mes amis

Et si vous avez envie de belle poésie, j’espère vous convaincre de me lire vous aussi :









C’est un trio, deux hommes une femme, elle, Tina,

Vasco le poète avec sa terrible histoire

Et puis Edgar le mari qui la rencontra.

Tous deux amoureux, ils voulaient vraiment y croire.







Il y a Rimbaud et le fameux revolver

La prison, le ciel bleu, les remords pour Verlaine

Et pour les deux, l’échappée folle grâce aux vers

Voilà qui fait un livre, une belle antienne





Avec l’un se marier, l’autre vite enlacer.

Comme en deux découpée : la vie libre, un foyer ?

Edgar fiable, Vasco ivre, choisir ? Lequel ?





Pour finir en beauté, un mariage à la clef,

Un amant sur un âne et Tina enlever

Ou comment se tromper, s’enfuir à tire d’aile ?



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Un certain M. Piekielny

Nous nous trouvons ici en présence d'un « grand livre » et ma critique se gardera bien d'éventer les richesses qu'il recèle.

Sensibilité, gravité, tendresse, dérision s'insinuent tout au long de cette prose directe et parfois poétique jonglant entre réalité, imaginaire, mystification interpellante, grande et petite Histoire mais dont le coeur est la littérature nourrie par une passion documentée.

Faut-il avoir lu auparavant « La Promesse de l'aube » de Romain Gary? La question peut être posée.

Quant à moi, l'ayant lue, je penche pour le oui afin de goûter toutes les subtilités d' « Un certain M. Piekielny ».

François-Henri Désérable nous guide à travers les méandres des possibles et de l'impossible.

Il nous livre -je le paraphrase- un peu d'intime (et non de privé) qui nous permet de ressentir la genèse de cette Recherche : Gary, la Promesse, Pielkelny.

Le « roman » n'est en quelque sorte que le développement de la phrase de Romain Gary : « … au n°16 de la rue Grande Poluhanka, à Wilno, habitait M. Piekielny… » comme si une loupe avait été posée et que ces mots se fussent mis à grandir, grandir et devenir un univers.

L'habileté de l'auteur est de le créer, organique, rien n'est composé, ni agencé, ni rapporté.

La force de ce livre est en cela.

Nous sommes dans un monde clos avec sa propre vie.

Evoquée la barbarie nazie à Vilnius, une page de l'Histoire se dresse et le symbole (si tel est) de Piekielny rend l'existence à ces milliers (millions) de morts parce qu'un homme a eu la grandeur de simplement mentionner au chapitre VII d'un livre l'échange entre un petit garçon et une souris triste.

François-Henri Désérable a d'ailleurs dédié son livre à toutes les souris tristes.

Toutes les digressions illustrent un angle du livre, rien n'est gratuit, tout est ramené au « Centre », comme par évidence.

Ce livre est un grand livre, de la vraie littérature parce qu'au delà des mots surgit l'émotion.

Livre qui devrait marquer la rentrée littéraire 2017.



Merci à Babelio et aux Editions Gallimard pour m'avoir permis cette double découverte : un auteur et un livre.
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L'usure d'un monde : Une traversée de l'Iran

Je crois que je n'étais pas tout à fait préparé au choc qu'a constitué ce livre époustouflant et que j'ai lu d'une traite. J'avais entendu une interview un peu convenue sur France Inter, et puis j'ai acheté cet ouvrage dans un salon du livre des mains de l'auteur, modeste et sympathique au demeurant.

Et puis je me suis plongé dans la lecture de ce livre qui m'a scotché dès le début. Comment définir ce livre d'ailleurs ? On peut commencer par dire qu'il ne saurait pas du tout être réduit à un témoignage journalistique sur l'Iran actuel. Ce serait déjà d'ailleurs passionnant, car quoi de plus important que le combat de jeunes filles courageuses, immensément courageuses, contre un pouvoir particulièrement répressif.

Livre de voyage ? Alors dans le meilleur sens du terme, et le lien avec Bouvier se fait particulièrement net, non pas que François-Henri Dérérable imite son style. Mais parce que, comme Bouvier, tout ce qu'il écrit touche à l'essentiel. Des rencontres admirablement dessinées. Des portraits incroyables. Une image forte puissante du pays.

J'ai relevé des dizaines et des dizaines de phrases superbes, car le moins que l'on puisse dire c'est que le style de Désérable m'a vraiment impressionné. Faites l'expérience de lire les deux premières pages en librairie : vous finirez par acheter le livre.

Je retiendrai de ce livre les prénoms de jeunes iraniens incroyablement courageux, des images de villes subtilement évoquées, une traversée géographique et littéraire magnifique. Quatre écrivains sont nommés dans le livre : Stendhal, Loti, Kundera et Bouvier. C'est dire l'altitude à laquelle on se situe.

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Un certain M. Piekielny

Un certain M. Piekielny est un roman étonnant. Je ne dirai pas que c'est un coup de cœur... Ce n'est pas non plus l'affaire du siècle. Mais ce récit vaut par son air frais que sa prose vient apporter, cela va plus loin qu'un simple exercice de style, c'est drôle, léger, attachant, pétillant, déroutant, émouvant aussi.

Un certain Roman Kacew, qui deviendra plus tard un certain Romain Gary, nous fait connaître ce M. Piekielny au début de son autobiographie romanesque, La Promesse de l'Aube, précisément au chapitre VII.

M. Piekielny vivait dans l'immeuble où Romain Gary vécut durant son enfance avec sa mère à Wilno, ville lituanienne qui devait s'appeler plus tard Vilnius. Il était le seul voisin qui croyait à la gloire que la mère de Romain Gary prédisait à son fils. Au point de faire un jour à l'enfant cette demande : « Quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire... Promets-moi de leur dire : au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny... ».

Et d'ailleurs, c'est ce que fit Romain Gary si l'on en croit son propos dans La Promesse de l'aube, notamment devant un certain Général de Gaulle.

Un certain Francois-Henri Deserable, mais oui cela ne s'invente pas, j'ai bien dit François-Henri de son prénom, a eu l'excellente idée de redonner vie à ce M. Piekielny par cette fantaisie littéraire, par un immense amour voué à La Promesse de l'aube et à son auteur.

Oui ce M. Deserable se joue de la vérité, mais avec un exquis talent, tout comme sans doute Romain Gary qui fit de sa vie une oeuvre romanesque et littéraire.

Il redonne un nom, un corps, une âme à M. Piekielny, ce voisin de palier ordinaire, juif qui connut les camps de concentration et mourut là-bas. Dans La Promesse de l'aube, l'épisode est émouvant et ne s'oublie pas. Francois-Henri Deserable lui redonne vie, une autre perspective, une façon de ne jamais l'oublier, lui et les siens si nombreux. C'est en définitive très touchant.

Mais ce livre est aussi prétexte à entendre la voix d'un certain Romain Gary, sa vie, son œuvre, en quelques pages, brouillant les pistes, le cherchant, le perdant en cours de route. D'ailleurs Romain Gary n'a eu de cesse de perdre en chemin celles et ceux qui tentaient de le suivre, lui qui décrocha par deux fois le Prix Goncourt et la seconde fois en changeant d'identité ou plutôt en créant de toutes pièces le personnage d'un certain Émile Ajar sans jamais en révéler de son vivant l'identité réelle.

C'est un jeu de miroirs, c'est un jeu de double.

Un certain Bernard Pivot l'avait sans doute compris avant d'autres... Il en est question d'ailleurs dans ce récit.

Si Romain Gary était encore vivant, connaissant le talent de supercherie et l'art de brouiller les pistes de ce dernier, j'aurais juré qu'il avait écrit ce livre.

Ici l'auteur se délecte d'inventer, de réinventer, tout comme l'auteur de la Promesse de l'aube dans son roman autobiographique et aussi dans sa vie tout aussi romanesque.

C'est un récit où les mots musardent, cheminent, éveillent, attendrissent, digressent, émeuvent, parfois on dirait une enquête policière, c'est excitant. On se perd un peu parfois dans ce jeu de l'illusion et du mensonge.

On se perd et puis on revient, léger, ému, comme ce que nous attendons de la vie. C'est une sorte de recherche d'un temps perdu, celui d'un quartier de Wilno, celui d'un immeuble là-bas où la vie tendait ses bras par-dessus le quotidien, celui de la barbarie et des voix perdues de ceux qu'on amenait vers les camps de la mort, celui aussi de la promesse d'un enfant à son voisin de palier qui ne revint pas de ces camps et plus tard celle faite à sa mère. C'est donc une œuvre essentielle.

Comme toujours, je fais les choses à l'envers. J'ai lu ce roman avant de lire La Promesse de l'aube. L'idéal est de faire l'inverse, mais cependant je ne regrette pas car, lorsque j'ai lu le chapitre consacré à un certain M. Piekielny, je vous avoue que j'ai traversé ces quelques pages avec une certaine boule au ventre...
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Mon maître et mon vainqueur

Tout a été dit déjà …Je ne m'étendrai pas sur les détails :



Je connais l'auteur , rencontré lors de la remise d'un prix historique spécifique à mon département pour son roman «  Tu montreras ma tête au peuple » en 2013.



J'ai beaucoup aimé ce roman , un tourbillon du coeur , un débordement d’amour, de désamour de re- amour…..de passion , de fol amour , de baisers drus …..



Il conte une histoire enflammée entre deux êtres : Tina mariée à Edgar, mère de deux jumeaux , le fol adultère qui conduira Vasco , l'amant à Saint- Anne , après avoir tenté «  sans zèle excessif » de se supprimer , : «  souffrances morales intense avec idées suicidaires » chez lui on a trouvé un cahier où est racontée en poèmes cette histoire d’amour .



Une lecture enchanteresse pétrie d'humour , légère, délicate fleurant bon la poésie :

Baudelaire,, VERLAINE, Rimbaud ,Aragon, Stendhal , Apollinaire imprègnent et bercent l'histoire du coup de foudre des amants à travers la beauté des mots utilisés par l'auteur.



La construction ingénieuse , astucieuse , généreuse transforme cette lecture virevoltante , touchante, enivrante,tourbillonnante , en un intense moment de beauté, laissant percevoir, toucher du doigt avec grâce, sensibilité , une connaissance intime et sûre des tourments amoureux .



Magnifique !

je ne savais pas que l'auteur , ce jeune homme brillant connaissait si bien tous les bégaiements du coeur , les troubles et les affinités électives ….

Par amour toujours …..

Questions :

Est ce - l'amour ou le désamour ?

Est - ce le procès de l'amour fou qui y est fait ou son éloge ? .

«  Son souvenir est un soleil qui flambe en moi et ne veut pas s'éteindre »

Paul-Verlaine.

«  On peut être poète avec les cheveux courts »

JULES RENARD.

«  Tu verras, mon amour viendra le jour funeste ,

Où l'amour, mon amour , cet amour un peu fou ,

Qui mérite à lui seul une chanson de geste ,

Laissera mon amour, , un grand vide entre nous » .



A quand le prochain livre pour notre plus grand plaisir ?

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Un certain M. Piekielny

Tout commence à Vilnius, en Lituanie, où François-Henri Désérable, après diverses péripéties, passe devant le n°18 de la rue Jono Basanavičiaus où Romain Gary a vécu, de 1917 à 1923. Cette maison est évoquée dans La Promesse de l'aube et c'est là qu'une phrase évoque « un certain M. Piekielny. »

À partir de là, François-Henri Désérable, brillant hockeyeur à ses heures, lance sa quête, son enquête qui va lui permettre un superbe hommage à celui qui s'appelait Roman Kacew et dont la vie fut riche et mouvementée.

L'auteur, va, revient, fouille, abandonne, s'acharne, rappelle ou révèle des faits oubliés mais revient toujours à la Shoah, l'extermination des Juifs, abomination perpétrée au siècle dernier qu'il ne faudra jamais oublier.

Piekielny, en polonais, signifie « infernal », et ce voisin réel ou imaginaire aurait fait promettre au jeune Roman de rappeler son nom, ce que ne manquera pas de souligner François-Henri Désérable en affirmant que Romain Gary a parlé de M. Piekielny devant le général De Gaulle, la reine d'Angleterre, JF Kennedy… Tout cela au cours de scènes bien réelles !

La lecture est très agréable, agrémentée de touches personnelles, d'un vécu sur les lieux évoqués. On apprend que 60 000 Juifs vivaient à Vilnius avant la seconde guerre mondiale, qu'ils étaient moins de 2 000 à la fin et qu'ils sont 1 200 aujourd'hui. Il y avait 106 synagogues et une seule de nos jours : « La Jérusalem de Lituanie, elle, avait bel et bien disparu. »

Lorsque l'auteur évoque le violon de M. Piekielny, son imagination fait des merveilles avant de nous entraîner à Nice, en 1928, où la famille Kacew s'installe. Puis, en 1943, à Londres, Roman choisit de s'appeler Gary, « brûle » en russe.

Revenir à Vilnius est nécessaire pour peaufiner sa quête et constater qu'il y a erreur sur la maison. Elle se trouve dix mètres plus loin mais c'est la même cour. Dalija Esptein le guide et lui détaille l'histoire de Juifs de Vilnius, de ses deux ghettos, des pierres tombales utilisées pour paver les rues : « Mon Dieu, dis-je. Mon quoi ? Les nazis ont détruit le peuple juif et les Soviets le patrimoine. »

Aviateur très courageux, amoureux passionné, Romain Gary écrit et n'hésite pas à mentir, à s'inventer un passé, à espérer le Nobel après le Goncourt pour Les racines du ciel, le 3 décembre 1956, alors qu'il est diplomate, ambassadeur de France à La Paz, pour trois mois.

Impossible de passer à côté d'Émile Ajar. Ce pseudonyme permet à Romain Gary de mystifier les critiques comme Matthieu Galey qui démolissait chacun de ses livres et encense Émile Ajar… Ajar, en russe, signifie « braises ».

Après Gros câlin, c'est La vie devant soi qui offre, pour la première fois, en 1975, le Prix Goncourt au même homme, ce qui est interdit, en principe. Mais, à ce moment-là, le secret est bien gardé !



Fiction ou réalité ? La question est magnifiquement traitée dans ce roman si bien écrit par François-Henri Désérable qui rappelle Les Onze, de Pierre Michon, à propos d'un tableau qui n'existe pas.



« Et si c'était un symbole ? Et si ce M. Piekielny incarnait les Juifs de Wilno, massacrés pendant la guerre ? » C'est pourquoi l'auteur salue « le triomphe indubitable, éclatant, de la littérature via la fiction. »




Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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L'usure d'un monde : Une traversée de l'Iran

En découvrant « L'usage du monde », de Nicolas Bouvier, François-Henri Désérable a juré qu'il irait marcher sur les traces de cet auteur qui l'a fasciné.

Son séjour a été reporté en raison de la pandémie, c'est donc fin 2022 qu'il part pour Téhéran.

Mais la jeune Mahsa Amini est morte après avoir été arrêtée pour ne pas avoir respecté le port du voile, les manifestations éclatent et la répression est violente.

C'est dans ce contexte que l'auteur va passer quarante jours en Iran.



Suivant l'itinéraire de Nicolas Bouvier, il va découvrir un pays plein de contrastes, des merveilles architecturales, mais aussi des femmes révoltées, des hommes le plus souvent résignés...

Des rencontres inédites ponctuent le récit, avec des Iraniens mais aussi avec des voyageurs comme l'auteur, qui cherchent en Iran des lieux loin des circuits touristiques.

Un livre qui se lit agréablement mais qu'il ne faut pas comparer avec son inspirateur...

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L'usure d'un monde : Une traversée de l'Iran

C’était en 2014, à Ispahan. Trois jeunes filles, arborant fièrement leurs fokols, m’interpelaient : « Mademoiselle, quel bonheur de vous voir ici ! Dites à vos amis de venir en Iran. Il ne faut pas nous stigmatiser. Nous, on ne condamne pas les Français sur la base de leur président. En plus, vous avez la chance de pouvoir le choisir alors que nous… ».

Je l’avoue, j’avais un a priori favorable. Ça n’enlève rien à la qualité du récit de François-Henri Désérable qui, sur les traces de Nicolas Bouvier, part à la rencontre des Iraniens, révoltés contre un régime vicié, irréformable (p33).

Il n’est pas allé en Iran avec l’intention de confirmer des idées préconçues du fond de sa chambre d’hôtel (comme beaucoup de journalistes) mais avec la conviction que « Rien n’est jamais ni tout blanc, ni tout noir » et que « Si l’on voyage, ça n’est pas tant pour s’émerveiller d’autres lieux : c’est pour en revenir avec des yeux différents ».

En suivant les pas de l’auteur, vous comprendrez un peu mieux ce qui se joue depuis l’assassinat de Mahsa Amini. Et vous découvrirez aussi les règles de politesse non écrites du Ta’ârof (p43), l’étonnant laxisme du mariage temporaire, le sigheh (p86) ou encore, le massacre oublié de Zahedan dans le Baloutchistan sunnite (p116).

J’ai également apprécié le questionnement de Dieu résumé par le jeune Amir (p127) ainsi que la critique assénée à une certaine catégorie de touristes (p76).

Je conseille vivement ce récit à ceux qui veulent mieux connaître l’Iran contemporain au côtés (outre les excellents auteurs cités par François-Henri Désérable) de Delphine Minoui, Terence Ward et Gabriel Malika.

Bilan : 🌹🌹🌹

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Mon maître et mon vainqueur

François-Henri Désérable, que je découvre avec ce roman, nous conte une histoire d’amour pour le moins curieuse.

Tout commence dans le cabinet d’un juge d’instruction où le narrateur doit témoigner dans une affaire concernant un couple d’amis. Vasco bibliothécaire à la BnF et Tina, jeune actrice, admiratrice inconditionnelle de Paul Verlaine. Tout aurait été plus simple si Tina n’avait pas été sur le point d’épouser Edgar, le père de ses enfants.



Dès les premières pages du roman, alors le narrateur qui est à l’origine de la rencontre des deux amants, raconte l’histoire, on comprend que l’affaire a mal tourné.

L’auteur signe un roman émouvant, drôle parfois et surtout très poétique.

J’ai aimé suivre cette folle passion qui unit Vasco et Tina, mais aussi celle de Paul Verlaine et d’Arthur Rimbaud.



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Mon maître et mon vainqueur

Il raconte devant le juge, la rencontre de Tina et d’Edgar, elle comédienne débutante qui survit en vendant des livres d’occasions sur les quais de Paris et lui qui l’aborde alors qu’il fait son jogging matinal car il aime s’entretenir. L’amour passe et plus tard naissent Paul et Arthur, des jumeaux. Déflagration dans sa vie à elle, bouleversement, elle résiste vent debout contre la fatalité jusqu’à ce que Vasco, ami du narrateur, la croise lors d’une soirée. Eperdument amoureux , il la séduit en lui dévoilant un exemplaire de la première Bible imprimée alors qu’il lui a donné rendez-vous à la bibliothèque nationale de France où il est conservateur. Une relation passionnément charnelle les noient dans l’adultère jusqu’à ce qu’un soir où elle s’est endormie, son compagnon officiel, Edgar, découvre les messages enflammés qu’ils se sont échangés et la relation coupable qu’ils entretiennent depuis des mois...

Au sortir de cette lecture on est partagé entre le sentiment d’avoir assisté à une énième histoire de cocu où l’évolution du pathétique trio s’enlise sans surprise dans un dénouement tragique, et d’avoir goûté à un savoureux moment de littérature, un texte persillé de mots peu courants dans un vaudeville ( Haïku, ataraxie, kaïros, prégnance, solipsisme, mimésis, élision, apophtegme, panégyrique, baise oxymorique (cette expression, il fallait la trouver !)…) , de nombreuses références aux poètes Rimbaud, Verlaine, Baudelaire…, à leurs œuvres et à la poésie en général (pour qui y est sensible). Le narrateur lui-même compose :

« Me voyant j’ai songé tu te dirais, Ma foi,

Ce qui devait être sera, voici mon maître

Et mon vainqueur qui m’attend là, moins de dix mètres

En contrebas. Tu dirais Monte, embrasse-moi. »

C’est une œuvre courte, récompensée par le grand prix du roman de l’académie française en 2021, qui est comme une récréation, fraîche, parfois facétieuse, parfois cruelle, qui fait la démonstration que l’amour est une drogue dure, une prise et on tombe dans une addiction qui peut se révéler mortelle en cas de manque.

Editions Gallimard, collection blanche, 188 pages.

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Un certain M. Piekielny

Comment faire lorsque l'on prévoit d'écrire une biographie sur une personne qui n'existe peut-être pas ?

En effet, tel est le problème qu'a rencontré François-Henri Désérable qui, de passage à Vilnius, en Lituanie, rue Jono Basanavičiaus, tombe par hasard sur la plaque suivante : « L'écrivain et diplomate français ROMAIN GARY (Vilnius, 1914 - Paris, 1980) a vécu de 1917 à 1923 dans cette maison qu'il évoque dans son roman « La promesse de l'aube ». Vous souvenez-vous d'un personnage nommé M. Piekielny dans ce même livre  ? (J'avoue ne pas pouvoir témoigner à ce sujet car je N'AI PAS LU La promesse de l'aube et ce malgré les « harcèlements » quasi quotidiens dont je suis l'infortunée victime… Mon « bourreau » ? (en inclusive, on dit comment ?) Ma collègue de boulot et néanmoins amie - une inconditionnelle de Gary - qui me coince régulièrement et m'interroge sur un ton accusateur : alors, t'en es où de La promesse de l'aube ? Oui oui, reconnais-toi chère D……, dont les agissements sont dorénavant connus sur la place publique.

Alors NON, je n'ai pas lu ce livre et voilà ti pas que le gars Désérable s'amuse à jouer les D……. présentant l'oeuvre comme essentielle, pour ne pas dire vitale, lui qui l'a lue cent mille fois dans tous les lieux et dans toutes les positions. THE perfection. Est-ce un complot ? Je vais finir par le croire et par ne jamais lire ce texte !

Donc, paraît-il que dans ce roman autobiographique et INCONTOURNABLE, je l'ai bien compris, il est question, l'espace de deux trois pages dans le chapitre VII, d'un voisin de palier de la famille Gary (mère et fils) qui a fait promettre audit Gary enfant de dire, plus tard, lorsqu'il serait adulte, aux grands de ce monde (car dans l'esprit de la mère, il ne faisait aucun doute que son génialissime fils adoré fréquenterait les grands de ce monde), de leur dire donc qu'« au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny. »

Et notre F-H Désérable de se demander qui était ce fameux Piekielny et de se lancer dans une enquête serrée pour savoir ce qu'il a fait de ses derniers jours avant que l'Histoire avec sa grande hache ne s'abatte violemment sur lui et sur tant d'autres.

Et l'enquête commence avec des allers-retours à Vilnius, des recherches incessantes sur Internet, des lectures attentives et minutieuses d'archives, de journaux, de romans, de nombreux visionnements d'émissions, des observations à la loupe de photos et moult discussions avec ceux qui ont connu Gary.

Rien.

Absolument RIEN sur « la souris triste », ce petit homme juif si discret.

Rien du tout.

Il n'est nulle part, sur aucun registre.

Aucune trace.

« Jour après jour j'ajournais l'écriture de ce livre, mon enquête patinait, piétinait, elle était au point mort et Piekielny introuvable. »

Bon, c'est bien gentil tout ça mais alors, allez-vous me dire, de quoi parle un livre de 259 pages dont le personnage principal, enfin celui sur lequel on mène l'enquête, est introuvable, ne serait-ce que sous la forme d'un nom qui traînerait sur Google ou ailleurs ?

Alors là, mes amis, croyez-moi, ce n'est pas un problème car notre Désérable a un tas de choses à raconter, des tonnes de digressions, d'apartés, d'anecdotes que l'on croit à côté mais qui sont en réalité au coeur du sujet : sur son bac, sa mère, ses études de droit, son hockey sur glace et sur Gary, un homme qui visiblement le fascine, et là, pour tout vous dire, je me suis RÉGALÉE. Car, disons-le, il a tout pour lui, cet auteur-là (Désérable, Gary, je ne l'ai pas lu, je vous le rappelle) : il est drôle, très drôle, bourré de talent (quelle écriture magnifique!), hyper cultivé. Il te manie la langue comme un vrai dieu, jonglant avec les subjonctifs comme s'il était tombé dedans petit et toi, toi lecteur, je te jure, tu bois DU PETIT LAIT et t'en redemandes !!! Il pourrait me raconter n'importe quoi l'animal, je suis scotchée, j'adhère, je me marre. Il me manipule, je tombe dans tous ses panneaux car je suppose, comme Gary, qu'il a dû m'en raconter des craques, des bobards, des vertes et des pas mûres. Tant pis, je suis dans le grand huit Désérable, lancée dans quelque chose que je ne contrôle pas. Il s'en amuse : tiens, nous dit-il, j'ai lu plein de choses sur la soirée de Gary chez Lipkowski après son Goncourt, je sais tout dans les moindres détails et nous, on bave, on attend et lui de balancer : «...  je pourrais vous y emmener, à ce dîner, mais bon, ces soirées m'ont toujours un peu ennuyé et je suis déjà dans mon lit. » Envie de se ruer sur lui et de l'obliger à écrire sous la torture…

Il te balade, lecteur, pour ton immense plaisir. Il joue de la littérature comme Piekielny jouait (peut-être) du violon. Évidemment, il sait très bien où il va et toi, tu ne vois que du feu. T'as l'impression qu'après son triple salto arrière, il va se vautrer ferme. Il n'en est rien, il retombe parfaitement sur ses pieds. Et c'est grandiose, plein de beauté. Bref, c'est mon premier Désérable et comme vous l'aurez compris, j'ai plus qu'adoré et ce parce qu'au fond, son propos sur les pouvoirs de la littérature m'a beaucoup touchée.

J'ai eu le sentiment que chez lui lire et écrire, ce n'était pas de la rigolade mais une chose sérieuse qui a à voir avec la vie et la mort, une chose un peu magique qui ferait qu'on existerait ou pas, qu'on aurait vécu certaines choses ou pas, qu'on serait mort ou pas.

C'est elle qui décide, qui a le dernier mot, celle qui est capable de « tenir le monde en vingt-six lettres et le faire ployer sous sa loi. »

La littérature vous a rendu immortel, Monsieur Piekielny. Votre vœu est exaucé et nous penserons souvent à vous, même les jours où nous ne passerons pas par le 16 de la rue Grande-Pohulanka…
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Un certain M. Piekielny

Livre marquant de cette rentrée littéraire automne 2017, « Un certain Monsieur Piekielny » de François-Henri DESIRABLE est, à plus d’un titre, un roman étonnant ! L’idée de départ est plaisante, assez originale et en parfaite adéquation avec notre époque qui veut tout comprendre et qui, quand elle ne peut prouver, invente ; le public étant moins frustré d’un mensonge que d’une question sans réponse !

Les thématiques abordées relèvent d’un mécanisme à tiroirs qui donne à croire aux lecteurs que le sujet de l’enquête est celui annoncé alors qu’en fait, le moteur de recherche est ailleurs.

« Quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire : au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilmo, habitait un certain Piekielny … »

Voilà le point zéro de l’enquête dans laquelle F-H DESIRABLE va se lancer. Cette phrase tirée de «La promesse de l’aube» signée Romain Gary est une énigme pour l’auteur. Gary a-t-il vraiment connu cet ‘homme - triste souris ‘ alors qu’il vivait sa vie de gamin sous son vrai nom, Roman Kacew ? Pour le savoir, il doit partir à sa recherche. Mais, si Piekielny a existé, a-t-il vraiment formulé cette demande ? Il faut donc soulever l’épais voile psychologique qui recouvre toute vie. S’il l’a formulée, Romain Gary s’est-il, comme il le dit, acquitté de sa promesse auprès des Kennedy, De Gaule, Churchill et autres grands de ce monde ? La recherche bascule, le sujet n’est plus Piekielny, ni même l’œuvre de R. GARY, c’est la vie de ce dernier, son époque, les jeux de pouvoirs et de relations qui tressaient alors les commandes de la société en place. Et si oui, R. GARY s’est bien ouvert auprès des grands quant à l’existence de ce Monsieur Piekielny habitant au 16 de la rue …, quel sens faut-il donner à cette demande d’une souris triste et à la promesse tenue par Romain GARY ? L’auteur doit quitter le fait divers et se plonger dans les moteurs fondamentaux qui édictent les conduites universelles à tenir dans nos vies personnelles en recherche d'équilibre.

Sous le prétexte d’une enquête d’identité (Mais qui est donc ce Monsieur Piekielny ?), F-H DESIRABLE mène une véritable enquête littéraire et relit pour nous une part de ‘La promesse de l’aube’. Il revisite, et nous rend accessible, l’œuvre et la vie de Romain Gary, écrivain, pilote de chasse, diplomate, lauréat du Goncourt et ‘fumiste’ pour l’acquisition d’un second prestigieux titre. Le lecteur suit, pas à pas, les questions de l’enquêteur, les éléments de réponse qui infirment ou confirment l’existence de ‘l’homme’. L’auteur devient lui-même un de ses personnages, Le lecteur se prend à le considérer comme un de ces commissaires qui font le bonheur des polars de notre temps.

Mais, même si son humour, parfois décalé, nous rend le personnage sympathique, le sujet du roman n’est pas là. Pas plus, selon moi, que dans l’évocation de la vie tumultueuse de Romain Gary, de son époque et de son œuvre littéraire. Le sujet serait plutôt, de mon point de vue, l’interrogation à propos des fondements même d’une écriture littéraire, la part de hasard dans ce qui est traité comme sujet et, surtout, la question du droit au mensonge que tout écrivain se donne lorsqu’il prétend relater la vérité.



Avec finesse, puissance de persuasion et puissance égale de perversion, F-H DESIRABLE nous donne de découvrir la vérité, toute la vérité, rien que la vérité … et le doute qui ne peut que l’accompagner !

Renvoyant au lecteur la responsabilité de trancher sur le fond, il propose une forme de ce que peut être une création littéraire, une enveloppe aussi bel écrin qu’écran !



Une joyeuse découverte de cette rentrée littéraire automnale. A lire !
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L'usure d'un monde : Une traversée de l'Iran

Pessimistes enthousiastes ou Optimistes désenchantés ?



Voilà comment on pourrait résumer les iraniens qui ont jalonné le voyage de François Henri Désérable sur le trace de Nicolas Bouvier.

En 1963 ce dernier fait paraître "l'usage du monde" , livre qui raconte son périple qui commence en juin 1953, à l'âge de 24 ans, et qui pendant un an et demi, le mènera dans un voyage à travers la Yougoslavie, la Turquie, l'Iran et jusqu'en Afghanistan en Fiat Topolino avec son ami Thierry Vernet.

Dix ans plus tard, il publie ce livre à compte d'auteur, sans beaucoup d'audience. Elle arrive vers la fin de sa vie - il meurt en 1998. Aujourd'hui, cet ouvrage est considéré comme un des grands classiques du récit de voyage.



Le second publie "l'usure d'un monde"

Une syllabe qui change tout, une locution qui change tout.

L'usure d'un monde : l'usure du monde de la République islamique, de ce régime des mollahs et des gardiens de la révolution

Chaque livre à une histoire, une anecdote, un élément déclencheur, pour François-Henri Désérable :

"L’Usage du monde était devenu ma Bible. L’Évangile de la route selon saint Nicolas. Un après-midi de printemps, à Cologny, en banlieue de Genève, dans une maison blanche aux volets verts, je rencontrai Manuel, son fils cadet. Il me dit comment Nicolas écrivait de la main gauche au feutre noir en écoutant Debussy ; il me montra ses globes, sa bibliothèque, l’exemplaire de L’Usage du monde, « cette vieille histoire triste et gaie », dédicacé par la main de son père. Puis nous étions allés sur sa tombe, la tombe de saint Nicolas : pas de dalle, une plaque minuscule (Nicolas Bouvier, 1929-1998), quatre lattes en bois qui formaient un rectangle recouvert de graviers, une Fiat Topolino miniature en fer-blanc laissée par une main anonyme, en même temps qu’un galet sur lequel on pouvait lire : « Et maintenant, Nicolas, enseigne-nous l’usage du ciel. » C’était le 16 mai 2019, et je m’étais juré qu’un an plus tard je partirais sur ses traces. J’irais en Iran."



Et au gré des aléas de ces dernières années, c'est décidé ce sera fin 2022....sauf que entre temps

" une jeune fille iranienne originaire du Kurdistan rend visite à son frère, qui vit à Téhéran. Son voile ne couvre pas assez bien ses cheveux, en tout cas aux yeux des deux agents de la police des mœurs qui patrouillaient dans le coin, et qui la font monter à l’arrière d’un fourgon. Motif : « port de vêtement inapproprié ». Son frère et son cousin protestent, mais les agents les rassurent : c’est l’affaire d’une heure tout au plus, le temps de lui rappeler le code vestimentaire en vigueur. Un peu plus tard, on retrouve la jeune fille à l’hôpital, dans le coma. Les autorités prétendent qu’on ne lui a rien fait, qu’on ne l’a pas touchée, qu’elle s’est effondrée d’elle-même comme se fane une rose, c’est si courant chez les jeunes filles de vingt-deux ans. Un scanner cérébral montre une fracture osseuse, une hémorragie et un œdème – tout laisse à penser qu’on lui a porté des coups répétés à la tête. Et puis ses codétenues sont formelles : à bord du fourgon, les agents l’insultaient, et en garde à vue ils l’ont si bien tabassée qu’elle a perdu connaissance. Quelques jours plus tard, à Saqqez, au Kurdistan iranien, les funérailles de la jeune fille donnent lieu à une manifestation que disperse la police. Mais le nom de Mahsa Amini passe de lèvres en lèvres et bientôt tout le pays le murmure, puis le gueule à pleins poumons dans les rues, sur les places, dans les universités de Téhéran, d’Ispahan, de Mahabad ou de Tabriz"



Et l'auteur decide de partir quand même, et nous livre "son récit de voyage".



Car ce livre va bien plus loin

Ce livre c'est un son,

ou plutôt un cri qui devient un écho



repris par tout un pays

"Elle a pris une grande inspiration, a mis ses mains en cornet, et, aussi fort qu’elle le pouvait, elle a crié : Marg bar dictator ! – « Mort au dictateur ! » Pendant une seconde, pas plus – mais c’était l’une de ces secondes qui s’étirent, une seconde élastique –, je suis resté interdit, stupéfait par son audace, et, plutôt que de joindre ma voix à la sienne, de passer un bras fraternel autour d’elle, de mettre un poing en l’air et de crier à mon tour, instinctivement, presque sans réfléchir, j’ai fait un pas de côté. Je me suis tu, et j’ai fait comme si je n’étais pas avec elle. La rue était presque vide, il n’y avait que deux hommes un peu plus loin devant la porte d’un immeuble, pourtant j’ai pris peur. J’ai eu peur que ces deux hommes ne soient des agents du régime, ou que des agents du régime n’arrivent en trombe sur leur moto, peur de me faire tabasser, et de me faire arrêter, et de finir en prison, et d’y rester pour longtemps. Cela n’a duré qu’un instant, je ne suis même pas sûr que Niloofar s’en soit aperçue, mais moi, cette petite lâcheté, cette démission du courage m’a fait honte, oui, j’ai éprouvé de la honte à m’être écarté de cette fille à côté de qui un instant plus tôt je marchais, avec qui je parlais, et qui, de la manière la plus éclatante, venait de me démontrer ce que c’était vraiment, en avoir.Au troisième étage d’un immeuble, quelqu’un a ouvert sa fenêtre et a crié : « Mort au dictateur ! » Puis les deux hommes un peu plus loin dans la rue ont crié : « Mort au dictateur ! » Puis une voiture qui passait a klaxonné, et son chauffeur a baissé la vitre pour crier : « Mort au dictateur ! » Puis on a entendu des « Mort au dictateur ! » qui venaient d’une rue parallèle : c’était l’écho amplifié, prolongé, répété du cri de Niloofar, qui se propageait dans les rues de la ville. C’était le merveilleux écho de Téhéran. C’était la nuit, traversée d’un éclair."



Il y fait des rencontres marquantes, au delà d'une cartographie du pays c'est une cartographie de son peuple, il tord le coup un un certain nombre d'idées reçues. On a pu entendre dire que la peur avait changé de camp, mais l'on s'en faut, elle s'est peut-être juste instilée à minima dans le camp des dirigeants. Mais la peur reste présente au point que les filles de vingt ans ont moins peur de la mort que de la prison.

42 jours de périple qui nous livrent un témoignage fort, vivant empreint du courage de la population, qui inscrit « Zan, Zendegui, Azadi » (Femme, Vie, Liberté) sur les murs de la ville

La force de l'écriture de l'auteur c'est de nous livrer des scènes décrites avec beaucoup de simplicité, et qui se révèlent des situations graves et émouvantes, et qui font sentir et ressentir au lecteur toute la souffrance de ce peuple auquel rien n’est épargné depuis plus de quarante ans. Mais la force de ce récit, c’est l’alternance entre ces passages éprouvants, et d’autres bien plus légers, voire pour certains drôles.



L'auteur en profite également pour y glisser une pointe de cynisme

" Chez nous, en Europe, on voyait des influenceuses lifestyle apporter leur soutien au peuple iranien dans des stories Instagram, pour nous vanter, dans les suivantes, les mérites d’un rouge à lèvres ou d’une crème hydratante, code promotionnel à l’appui. Celles-là, Firouzeh et moi étions d’accord : on les conchiait. Et puis il y avait celles qui se coupaient une mèche de cheveux en solidarité avec les femmes iraniennes. Investissement minimal, pensait Firouzeh, pour rendement maximal : ça demandait peu de temps, ça ne présentait aucun risque, ça rapportait des likes et ça donnait bonne conscience. Elle, tout ceci l’écœurait ; moi, je ne savais qu’en penser. Un jour, j’étais de ceux qui croyaient possible – et pas seulement possible : préférable – d’être révolté par les malheurs du monde sans en faire l’étalage, et je me disais qu’il y avait quelque chose de vulgaire et d’indécent à se parer publiquement d’indignation vertueuse"



Un image peut tout résumer celle qui s'intitule" Ispahan, sortie de métro. Le passé de l’Iran, deux pas derrière son futur.". A défaut de lire ce livre ce qui serait à mon sens erreur, feuilletez-le et cherchez cette photo vous aurez sous les yeux l'Iran.

Et cette phrase qui revient comme un leitmotiv : " derrière chaque personne qui meurt battent mille autres cœurs."
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L'usure d'un monde : Une traversée de l'Iran





Femme - Vie - Liberté



Être français, se rendre en Iran pour faire du tourisme (ou écrire un livre), tout en connaissant la tension permanente qui règne dans le pays : c’est fou ou courageux, je ne sais pas. En tout les cas, à ce français, on ne lui souhaite pas de se retrouver nez à nez avec un Pasdaran, un gardien de la révolution islamique qui potentiellement ressemble à un banquier de la BNP.



FH Deserable l’a fait : parcourir l’Iran, motivé par une forme d’hommage à sa « Bible » qui a pour titre « l’usage du monde » de Nicolas Bouvier dont il nous offre des extraits régulièrement dans l’usure d’un monde. Et il l’a fait après la mort de Masha Amini dont le voile ne couvrait pas correctement ses cheveux, les autorités ont jugé nécessaire de lui donner une correction mortelle pour « port de vêtement non inapproprié ». Ça donne le ton, d’emblée, à se demander comment FH Deserable va faire honneur à l’épigraphie de son livre « Ici, où tout va de travers, nous avons trouvé plus d'hospitalité, de bienveillance, de délicatesse et de concours que deux Persans en voyage n'en pourraient attendre de ma ville où pourtant tout marche bien. » (Nicolas Bouvier, of course).



Mais il l’a fait, rendre hommage à cette épigraphe en nous immergeant dans ses rencontres non pas chaleureuses mais plutôt accueillantes avec un sens du service pour certains. L’auteur nous dépeint les nuits et les paysages de Chiraz, Yazd, Teheran ou Kerman avec poésie et envie.



Alors oui cette épigraphe est prouvée néanmoins la « Mollahrchie absolue » qui déprécie la femme violemment a coup de mots et de coup tout court, un régime politique qui fait dominer la peur mais n’enlève en rien le courage au peuple d’élever la voix et de crier, au risque d’une vie, « mort au dictateur », sont affligeants et alarmants.



Courage et audace sont réunis dans l’usure d’un monde où j’ai tant appris sur l’Iran, où j’ai aussi ris puissamment grâce à l’humour connu de FH Deserable, une arme infaillible. A lire.



Femme - Vie - Liberté

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Un certain M. Piekielny

Il est des livres qu'on emporterait bien volontiers sur l'île déserte, et Babelio en a recensé une riche collection. François-Henri Désérable, lorsqu'il voyage, que ce soit dans les Pouilles, dans la « république autonome d'Uzupis à Vilnius », en Lettonie , au Népal… ne se sépare pas de son livre fétiche « La Promesse de l'aube ». Aussi, quand à la suite d'un fâcheux incident, il se retrouve à errer dans les rues de Vilnius, qu'il tombe, par le plus grand des hasards sur la fameuse rue Grande-Pohulanka renommée Jono Basanaviciaus, qu'il trouve apposée sur la maison du N° 18 un plaque commémorative indiquant qu'à cet endroit vécu Romain Gary, il reste ébaubi , cette découverte inattendue est un cadeau appréciable , je peux le comprendre, j'avais eu une réaction similaire en voyant la maison natale de Saint-Exupéry à Lyon, entre Rhône et Saône, découverte à la fois jubilatoire et émouvante.

Mais c'est aussi dans cet immeuble que résidait un voisin un certain M. Piekielny. Homme de chair ou personnage de rêve, être fermenté par l'imagination fantasque et la géniale mythomanie de Romain Gary ? En tout cas une personne ayant comptée pour la mère de celui qui n'était alors que Roman Kacew puisqu'elle lui lance cette injonction « Quand tu rencontreras de grands personnages (…) promets moi de leur dire : au n° 16 de la rue Grande Pohulanka à Wilno, habitait M. Piekielny… »

François-Henri Désérable est à bonne école en compagnie de Gary, par son assiduité à le fréquenter il a été, lui aussi contaminé par le virus de la mythomanie, souche "Romain Gary "» ! Mais quand cette pathologie devient don et se décline en originalité, humour, elle se mue en vérité sublimée.

Désérable va partir sur les traces de cet homme nébuleux, mener son enquête, avec peu, bien peu, il va, comme un paléontologiste ne disposant que de quelques débris osseux, tenter de reconstituer un dinosaure , lui, donner, redonner vie à un homme. Cela m'évoque la démarche de Cuvier, célèbre savant du XIXe, qui à partir d'un fémur d'un paléotherium découvert dans les gypses de Montmartre, réussit à reconstituer entièrement son squelette. Or, bien des années après dans les couches du site Pérréal, à Saint-Saturnin -lès Apt, en Vaucluse, on a découvert des squelettes entiers qui ont révélé que l'étude de Cuvier était conforme à la réalité.

Alors on peut bien croire à cette quête, en tout cas, elle fait rêver et elle est pleine de promesses !

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Mon maître et mon vainqueur

D’emblée, on plonge dans une narration a plusieurs niveaux qui réussit à ne pas être complexe. Ainsi, le narrateur à la première personne raconte au juge ce que Vasco lui a raconté : si Vasco s’est procuré une matraque, c’est parce qu’Édouard avait menacé de le « défoncer à coups de batte ». Puis, le narrateur explique ce qu’est un haïku, un des brefs poèmes que le juge a lus dans le cahier de Vasco qu’il a entre les mains. Le magistrat fait ensuite apporter le Faucheux à six coups « qui a tant affolé l’histoire de la littérature » (p. 19), celui que l’on a trouvé sur Vasco en même temps que le cahier. Et enfin, il veut que le narrateur lui parle de Tina….

***

Comme dans Un certain M. Piekielny, François-Henri Désérable fait évoluer ses personnages parmi de grandes figures de la littérature française. On le suppose dès le titre et les phrases en exergue, dans Mon maître et mon vainqueur, la poésie tiendra une grande place, celle de Verlaine et de Rimbaud en particulier. On comprend vite aussi que l’amour sous diverses formes aura la vedette. Tina est sur le point d’épouser Édouard qu’elle aime sincèrement mais tranquillement, dirais-je, et avec qui elle a eu des jumeaux. Mais Tina rencontre Vasco, l’ami du narrateur, et ils vont développer une vraie passion amoureuse. On sait dès la première page que cela ne finira pas bien, ce qui pour moi n’a en rien gâché le plaisir de la lecture. De ce roman j’ai aimé la construction et le ton, les multiples références littéraires, l’humour, la dérision et les variations de style. J’ai aimé le passage du style indirect au style direct dans la même phrase, un peu comme chez Yves Ravey. Je suis un peu vexée de ne pas avoir reconnu le juge de Tanguy Viel, clin d’œil révélé par l’auteur à la dernière page… Ce n’est évidemment pas pour ça que mon appréciation n’est que moyenne. L’absence totale de vraisemblance des tribulations de Vasco jusqu’au délire de la vidéo finale tire le roman vers la fable, je crois, et j’ai été profondément dérangée, et d’autant plus déçue, par l’image souvent sexiste de la femme incarnée dans le personnage de Tina…

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Mon maître et mon vainqueur

Cela se passe chez un juge humain qui cherche à comprendre.

Un homme est interrogé sur Vasco, son ami.

Avec loyauté, en ne dévoilant pas tout, il raconte une passion, un tourbillon.

Comment l'amour de Vasco et Tina va naître, tout emporter ; comment cela s'est terminé.

C'est le fils conducteur de cette histoire parsemée ça et là de vers, de petits poèmes.

Les personnages sont attachants même le mari, même le narrateur qui se dévoile peu.

C'est émouvant, charmant et ironique.

L'écriture est élégante mais mordante.

Je me suis laissée emporter de la première à la dernière page.
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Mon maître et mon vainqueur



Ah ! Après l’immense plaisir à lire Un certain M. Piekielny, je ne pouvais passer à côté du nouveau titre de François-Henri Désérable.

C’est dans un tout autre domaine que se déploie ce roman.

Nous sommes dans le bureau d’un juge (un air de Article 353 du Code pénal de Tanguy Viel) et si le narrateur tremble, le lecteur s’amuse et s’instruit.

Au cœur du récit, un amour passionné voire passionnel entre deux amis du narrateur, une irrésistible attirance au goût sulfureux de l’adultère, du sexe donc mais aussi une arme et surtout un hommage à deux poètes : Rimbaud et Verlaine dont les amateurs auront deviné la grande place dans ce texte avec le titre évocateur.

C’est rythmé, amusant, tragique, bien écrit, une bulle de légèreté qui ne fait pas de concessions à la littérature.

Bref, une pépite !

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Évariste

« Cette histoire est celle d’Évariste Galois, mathématicien de génie qui mourut en duel à vingt ans. » (p. 6) Parfois, il n’en faut pas beaucoup pour résumer la vie d’un homme tout en annonçant une infinité d’évènements. En 1811, Évariste Galois voit le jour. En 1827, il rencontre les mathématiques. Dès lors, il n’a plus qu’une obsession : gravir la Montagne de savoir et de pensée que cette discipline représente. « Lui qui n’avait jamais cru en rien, pas même à la poésie, voilà qu’il croyait aux mathématiques, qu’il y voyait l’alphabet grâce auquel, après le claquement de doigt originel, l’univers fut écrit. » (p. 27) Évariste est brillant, mais il est incontrôlable et pressé : il échoue deux fois au concours d’entrée à Polytechnique. Par défaut, il entre à Normale et présente un mémoire sur sa théorie à l’Académie des sciences. Hélas, le sort s’acharne : le mémoire est perdu deux fois, jamais présenté et ceux qui le lisent ne le comprennent pas vraiment. Sa grande idée, c’est la théorie des groupes. Même le narrateur n’y entend rien. « Pendant longtemps, j’ai essayé de comprendre les travaux d’Évariste ; sa théorie, en vain. […] Il me faudrait la vulgarisation de la vulgarisation pour y piger quelque chose. » (p. 42)



Évariste est un génie des sciences, mais aussi un esprit passionné, fervent républicain, ce qui lui vaudra procès et emprisonnement. « Évariste était farouchement républicain, de ceux que le mot régicide ne faisait pas frémir. Alors certes, on le disait aussi mathématicien et mathématicien plein de promesses, mais la monarchie en ce temps était comme la République en d’autres : elle n’avait pas besoin de savants. » (p. 117 & 118) À bas Charles X, à bas Louis XVIII ! Derrière les barreaux, pour échapper à sa geôle, Évariste fait des mathématiques. Et c’est dans une lettre-testament, rédigée la veille du duel qui lui a coûté la vie, qu’il a résumé sa théorie et lui a permis de traverser l’histoire.



Le ton est volontiers primesautier et familier : le narrateur s’adresse à une jeune fille. Qui est-t-elle ? Vous le comprendrez dans les toutes dernières pages du livre. La biographie de ce génie est parsemée de trous que le narrateur comble allègrement avec une imagination bienveillante et souvent épique. Que diable, pourquoi ne pas imaginer de folles anecdotes ? Elles siéront à la personnalité bouillante du héros ! Ce texte se lit sans reprendre haleine : c’est un livre éclair à l’image d’Évariste, météore de la science. Finalement, il m’a tout de même manqué un peu de mathématiques. Oui, j’aurais apprécié quelques équations (avec la solution) ou un exposé plus long de la théorie des groupes. Bah, me direz-vous, le sujet, c’est Évariste Galois : le reste n’est que littérature.

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Tu montreras ma tête au peuple

Le titre de ce livre, qui reprend en partie la fameuse phase de Danton à l'adresse de son bourreau : « Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine. », résume bien le propos de ce roman.



Dix courts récits

Retour en arrière, au temps de la Révolution française, plus précisément au moment de la Terreur : « Il [le bourreau Sanson] savait exactement le nombre et le nom de ses victimes pendant la période qui s'étend du 21 janvier 1793 au 9 septembre 1795 : deux mille neuf cent dix-huit, dont mille trois cent soixante-seize en l'espace d'un mois et demi, entre le Loi de prairial et le 9 thermidor, pendant ce qu'on appelle aujourd'hui la grande Terreur. »

Sous la forme de dix courts récits, François-Henri Désérable, doctorant en droit et joueur de hockey professionnel, nous fait partager les derniers instants de condamnés à mort célèbres, de Charlotte Corday à Maximilien Robespierre, en passant par Marie-Antoinette, Georges Jacques Danton ou bien encore Antoine Lavoisier (que j'ai bien eu du mal à identifier au début !). Et en ces temps-là, c'était la guillotine et le fameux bourreau Sanson, qui fait d'ailleurs l'objet d'une des nouvelles. Cette structure permet au lecteur d'interrompre facilement sa lecture entre chaque nouvelle.





Le choix des personnages

Pourquoi ces personnages et pas d'autres, comme Olympe de Gouges, Louis-Philippe d'Orléans, Richard Mique, Charles Henri d'Estaing, Georges Couthon par exemple ? Tous les personnages de ce récit ont exprimé des émotions ou fait preuve de courage, de dignité ou de reparties mémorables, bref il s'est passé quelque chose de fort avec eux, ce qui est narrativement très intéressant. Par exemple, avant d'avoir la tête tranchée, Charlotte Corday récita des vers de son ancêtre Corneille, Marie-Antoinette s'excusa d'avoir écrasé le pied du bourreau Sanson, André Chénier déclama des vers d'Andromaque (Racine), Antoine Lavoisier prit soin de mettre un signet à la page de l'ouvrage qu'il était en train de lire, les députés girondins chantèrent jusqu'au bout La Marseillaise… Tous ces personnages historiques redeviennent, sous la plume de l'auteur, de simples humains face à la mort. Certains ont reproché à l'auteur sa trop forte empathie pour ses personnages. Mais comment pourrait-il en être autrement ? N'oublions pas que derrière ces noms illustres il y avait des êtres humains, et ce quels que soient leurs actes, avec leurs souffrances, leurs forces, leurs faiblesses, leurs sentiments.





Une narration variée

Dix courts récits donc, mais rédigés selon des angles d'approche différents. En effet, à chaque nouveau récit, l'auteur se glisse dans la peau d'un observateur différent, ce qui change la forme narrative. Un livre protéiforme, à la fois roman, récit, recueil de nouvelles, œuvre épistolaire, témoignage, journal intime.

Parfois, c'est l'héroïne elle-même qui s'exprime. C'est le cas avec Charlotte Corday qui, posant en prison pour un peintre, lui raconte son histoire et confie les raisons de son geste. Mais, le plus souvent, ce sont des témoins qui se font l'écho des derniers instants des personnages. Ainsi, les ultimes moments de Marie-Antoinette à la Conciergerie sont relatés par un de ses geôliers dans son journal, un gardien raconte le courage des députés girondins qui ont chanté jusqu'au bout La Marseillaise, un condamné évoque la bravoure de Danton, Adam Lux relate l'exécution de Charlotte Corday, le frère d'André Chénier lui écrit une lettre après sa mort pour tenter de se libérer de sa culpabilité. Sans oublier l'agonie de Robespierre, relatée par le gendarme Merda. À part, le récit concernant Sanson, qui retrace l'histoire de sa famille, les différentes exécutions qui l'ont marqué et sa vie (il finira ruiné). Mais aussi le récit concernant le fictif marquis de Lantenac, le héros du roman Quatrevingt-Treize.



Une érudition mâtinée d'anecdotes et un style classique mais accessible

Jonglant habilement entre la fiction et la réalité des faits, l'auteur s'est basé sur des faits historiques pour construire ses différentes nouvelles, mais s'est laissé la liberté de se glisser dans la tête de ses personnages pour imaginer leurs sensations, leurs émotions, leurs pensées, leurs paroles…

Par ailleurs, l'auteur a réussi à donner un cadre historique précis sans nous assommer de détails rébarbatifs. Il a également pris soin de nourrir son texte d'anecdotes jamais futiles, toujours intéressantes.

En guise d'exemple en matière d'érudition, la nouvelle « Lantenac à la Conciergerie » mixe des personnages de Quatrevingt-Treize (Victor Hugo), des Dieux ont soif d'Anatole France, du Comte de Monte-Cristo (Alexandre Dumas) et des Onze (Pierre Michon).

Une érudition servie par un style élégant, subtil et affûté. On sent que l'auteur a finement ciselé ses phrases pour bien rythmer son texte et ne pas créer de longueurs, d'où la pagination relativement peu importante et c'est tant mieux ! L'alternance des points de vue, des formes narratives, des personnages, des descriptions et des dialogues rendent l'ensemble du récit dynamique, alerte et percutant. Et l'on retrouve ou découvre avec plaisir toutes ces phrases mémorables :

– Le savant Louis Lagrange à propos d'André Lavoisier : « Il ne leur a fallu qu'un moment pour faire tomber cette tête. Cent années, peut-être, ne suffiront pas pour en reproduire une semblable ».

– Madame du Barry au bourreau Sanson : « Pas tout de suite, encore un instant, monsieur le bourreau, je vous en prie. »

– Danton au bourreau Sanson : « Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine. »

– Charlotte Corday au bourreau Sanson alors qu'il lui demandait si le trajet en charrette lui semblait long : « Bah ! Nous sommes toujours sûrs d'arriver... »



Un roman facile à lire, idéal pour celles et ceux qui veulent découvrir la Révolution sous un angle original ou qui souhaitent découvrir cette période sans se prendre la tête !
Lien : http://romans-historiques.bl..
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